Archives quotidiennes : 18 décembre 2011

Des « primaires » au Centre en France

On parle beaucoup de politique, on en parle tout le temps. Le moment est venu de parler de stratégie: la façon de s’assurer que le pays aura bien la politique qu’il voudra, considérant le contexte, les circonstances et le sérieux qu’on mettra à faire qu’elle puisse s’appliquer.  Parlons stratégie. Pour les fins de cet article, je n’ai pas d’opinions politiques.

Le contexte, c’est la France de 2012, en crise profonde, qui va se choisir un président puis des législateurs, en application des règles de ce que nous appelons « notre démocratie ». On pose comme prémisses que les électeurs ont une opinion que peut modifier l’information dont ils disposeront et que le vote des électeurs sera honnêtement pris en compte. On pourrait discuter ces prémisses, mais ce serait un autre débat.

L’enjeu devenant de convaincre une majorité des votants, les circonstances spécifiques à la course qui s’engage tiennent au contrôle de l’information – et nous y reviendrons – mais aussi d’abord à cette évidence que les candidats vont entrer sur la piste avec des handicaps divers. En fait, ils vont se départager dès le départ en trois (3) pelotons.

1)  Le premier peloton se compose des deux (2) partis – le PS et l’UMP – disposant de ressources humaines et organisationnelles beaucoup plus considérables que les autres… et jouissant par surcroit du préjugé qu’eux seuls peuvent gagner. Ce sont les partis « grand-frères », qu’on peut appeler les « partis de gouvernance »

2) Le second groupe est celui des évangélistes, des « porteurs de message« . Ils ne peuvent pas raisonnablement gagner, mais on croit savoir vers lequel du candidat PS ou UMP leurs électorats respectifs iront au deuxième tour. Voter pour les candidats de ces partis, c’est donc seulement ajouter une petite remarque à ce qui deviendra le choix final et qu’on annonce déjà au premier tour

Ainsi, il est présumé qu’on ira de Melenchon ou de Joly vers le PS, mais seulement après avoir dit qu’on souhaiterait que ce parti évolue vers la gauche… ou mette davantage l’accent sur l’écologie. On passera de même de Marine vers l’UMP, mais en ayant souligné que c’est bien faute de mieux… ! Les partis porteurs d’un message ont coutume d’assortir celui-ci de la menace implicite, plus ou moins sérieuse, de ne PAS accorder leur soutien au parti grand-frère si celui-ci ne leur prête pas attention et respect.

3) il y a enfin la mêlée des candidats du troisième type qu’on peut dire « indépendants », dont on ne peut vraiment savoir si leurs troupes iront vers la gauche ou la droite au second tour.  Ces candidats ont en commun d’offrir des projets qui n’obéissent pas PRIMORDIALEMENT à la dichotomie gauche-droite. Ils peuvent proposer des mesures tout aussi à gauche ou a droite que les autres, mais ce n’est pas sur ces mesures qu’ils jouent leur va-tout. On peut dire ces candidats « centristes », mais c’est une appellation de commodité. En réalité, ils sont « ailleurs » car ils suggèrent un clivage des opinions selon un autre ordonnancement des valeurs.

Il y a de ces clivages qui pour un temps transcendent celui historique entre la gauche et la droite. On en a eu un exemple concret au Québec, où toute une génération, en se définissant d’abord comme « fédéraliste » ou « souverainiste », a pratiquement relégué au second plan le débat social.

En France aussi on le fait. On a déjà été royaliste ou républicain, puis, bien sûr, pétainiste ou gaulliste, sans  que ce choix de base n’implique nécessairement une opinion quant à la question sociale ou au partage des richesses.  Beaucoup en France, aujourd’hui, semblent voir l’appartenance à l’Europe comme une de ces questions qui priment sur les autres et plusieurs candidats indépendants – mais pas tous – reflètent ce nouveau clivage.

Autre caractéristique des candidats indépendants, ils sont d’abord des INDIVIDUS, dont chacun a son projet. Ils ne sont pas l’émanation d’un parti, c’est le parti qui est l’incarnation de leur projet.  Les projets peuvent être uniques, originaux, sans apparentement logique évident avec ceux des autres candidats de ce groupe.  Les ralliements sont donc difficiles, entre indépendants, car on peut se rejoindre sur un point et être en désaccord total sur un autre.

On comprend facilement que la stratégie qui sied à un candidat va varier du tout au tout, selon qu’il est du premier du second ou du troisième groupe.

Un candidat du premier groupe, même s’il parle de changements, incarne la continuité. Il demande à gouverner. L’aspirant Président du premier groupe, avec SES députés à élire aux législatives, veut le mandat de réaliser leur politique qui est celle du programme du parti…   Il demande à l’électeur de choisir entre cette politique et celle de l’autre candidat du premier groupe. Il doit donc avoir pour stratégie de s’identifier clairement à son parti et a son programme.

Le candidat du deuxième groupe, au contraire, sait qu’il ne gouvernera pas. Il doit obtenir des avantages immédiats pour les idées qu’il défend – et pour les gens de sa faction ! – sans négliger aussi de préparer l’avenir. Sa stratégie doit donc être de se rendre intéressant. Idéalement, il doit faire regretter que ce ne soit pas lui cette fois qui soit premier de cordée pour la Gauche ou la Droite.

La stratégie du candidat du troisième groupe est plus complexe. Il est seul contre tous, et ses plus dangereux  rivaux sont les autres candidats indépendants. Aux élections de 2012 plus que jamais, car un sondage a affirmé la semaine dernière que 53 % de la population préfèrerait AUTRE CHOSE que Sarkozy ou Hollande !  Ça donne des idées..

Le Centre – on parle d’un centre large, incluant (par ordre alphabetique) Asselineau, Bayrou, Borloo, Chevenement, Dupont-Aignan, Villepin et tous ceux qui voudraient s’en réclamer, a le vent dans les voiles.

On sait que c’est la division des suffrages entre plusieurs qui seule va sonner le glas pour les indépendants. On sait qu’elle le fera au premier tour,  car si l’un d’eux miraculeusement accédait au second tour, il pourrait compter sur les suffrages des 53 % qui ne veulent ni de l’un ni de l’autre des candidats du premier groupe… plus ceux du candidat du premier groupe évincé au premier tour et de ses alliés! il serait sans doute plébiscité par une très large majorité.

Face à cette situation, la réaction viscérale des candidats indépendants est de se taper dessus les uns les autres, ce qui est absurde. On va faire chavirer cette barque. La seule stratégie de TOUS les candidats « centristes » devrait bien  être de viser à ce que toutes les voix du « Centre » se portent vers UN SEUL CANDIDAT .. mais sans aller chercher ces voix par la bagarre.

On pourrait s’entendre. On pourrait convier tous les volontaires à une grande « primaire » du Centre, à la seule condition de retirer leur candidature s’ils ne sortent pas vainqueur de cette primaire. Considérant la visibilité liée a cet exercice, ne pas y participer serait une grosse erreur…

Attention ! Il ne s’agit pas de fusion idéologique, mais d’une manœuvre stratégique. On ne demande pas aux perdants d’appeler à voter pour le vainqueur – les idées de ce dernier et les leurs pourraient rendre ce soutien inacceptable – seulement de retirer leur candidature.

En retirant leurs candidatures qui, s’ils n’ont pas gagné cette primaire, deviendrait sans espoir et de pur égo, il renonceraient simplement à contribuer au stratagème de diviser pour régner qui est celui des « partis de gouvernance » et choisiraient de laisser le peuple français  choisir  celui qu’il rendra lui-même  « providentiel » en en faisant l’arbitre des grandes décisions, ce qui doit être le rôle d’un Président. Au-dessus des partis.

On ne demanderait pas un programme au candidat indépendant ainsi choisi par une primaire au Centre, seulement de jouer, s’il est élu à la présidence, son rôle d’arbitre au dessus des partis;  en nommant impartialement Premier ministre quiconque obtiendra le soutien d’une majorité des députés élus aux législatives.

Si un Président indépendant est élu, il se passera des choses aux législatives.  Il est probable que de nombreux candidats y seront élus en s’identifiant désormais aux divers partis ayant participé à la primaire du Centre. Probable, aussi, que se constitueront des alliances entre certains de ces petits partis qui auront alors un autre avenir possible que d’être des clubs à sensibilités orphelines.

Cette opération « primaire au Centre » est souhaitable, car elle offre une alternative à l’alternance  PS-UMP  que refuse aujourd’hui une majorité des Français. Elle est possible, à cause de l’émergence de l’internet et des blogues, qui ouvre un deuxième front dans la guerre de l’information.

Les deux partis dits de « gouvernance » n’ont plus, en effet, le monopole de l’information. Ils ont encore le contrôle de médias, mais le traitement que ceux-ci ont donné aux innombrables « affaires » des dernières années – et surtout les mensonges incroyables qu’ils ont débités durant l’agression de la Libye ! – se sont soldé par une perte de crédibilité.

Une perte de crédibilité dont on verra les conséquences, justement, lors des présentes élections présidentielles. N’oublions pas que 50% des électeurs peuvent modifier leur intention de vote en deus semaines.

L’organisation de cette primaire du Centre doit être la priorité des candidats indépendants… Comme ce sera la priorité de la Gauche comme de la Droite partisanes de l’empêcher.   Il ne faudra pas s’étonner, si une campagne vigoureuse de diffamation et de corruption est mise en marche pour empêcher cette primaire qui pourrait vraiment changer les choses.

Il serait donc habile, pour ceux qui souhaitent que cette primaire ait lieu, d’en discuter entre eux très discrètement …. et de ne l’annoncer que lorsque la décision de la tenir aura été prise irrévocablement. A chacun d »établir sa stratégie et d’agir selon sa conscience

Piere JC Allard

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Le Noël de la culture et celui de la foi

 

Il ne fait aucun doute que le NOËL de la culture a le vent dans les voiles et domine toutes les célébrations  tant religieuses que commerciales qui s’y rattachent.  C’est le temps des cadeaux, des célébrations entre parents, amis (es), compagnons et compagnes de travail. C’est le temps du sapin qui règne au plus bel endroit de la maison, brillant de toutes ses lumières, arborant ses boules et ses glaçons aux multiples couleurs, couvrant de tout son éclat cette crèche avec ses personnages mythiques et les nombreux cadeaux que le Père Noël a commencé à y déposer. 

Tout cela se passe dans l’ambiance de ces chants qui résonnaient dans nos églises et dans nos soirées familiales de l’époque. Qu’il suffise de penser, entre autres, au Noël blanc, à Douce nuit, à Mon beau sapin, à ce mémorable Minuit chrétien que les plus belles voix paroissiales faisaient résonner dans les églises, au Petit papa noël, ou encore, aux Anges dans nos campagne, au Gloire à Dieu au plus haut des cieux et à combien d’autres. 

C’est évidemment la grande fête pour les enfants. Pour eux, c’est la fête annuelle des cadeaux. Pour une fois, ils peuvent écrire, avec l’aide de maman et de papa, une carte au grand bienfaiteur qu’est le Père Noël, lui signalant les cadeaux de leurs rêves. La tâche lui sera d’autant plus facile que papa et maman entreprendront la grande course de magasinage du temps des fêtes, faisant sonner, au grand plaisir des commerçants,  le tiroir caisse qui marquera chacun de ces cadeaux du sceau de l’argent requis pour tous ces achats surprises. 

Le tableau ne serait pas complet si nous n’y ajoutions ces repas,  préparés avec toutes les attentions du monde : tourtières, dindes, pâtés à la viande, pâtisseries aux multiple crémages etc. Les familles se rencontreront, les amis se feront des surprises. Le vin et quelques spiritueux couleront à plein, donnant ainsi, l’espace d’un instant,  l’euphorie d’un bonheur parfait. 

Un héritage de chrétienté, passablement marquée par des cultures anciennes et maintenant assaisonnée à la modernité de sociétés de consommation, couvre, comme un écran de fumée, le véritable message du Noël de la foi. 

QU’EN EST-IL DONC DU NOËL DE LA FOI?

Il s’agit d’un changement radical de paradigme qui apporte au monde une manière toute différente de voir et de comprendre non seulement la relation de l’humanité avec Dieu et de Dieu avec l’humanité,  mais également les relations des humains entre eux.  Le Noël de la foi sonne le glas des croyances religieuses qui portent sur l’existence de divinités que les traditions et les cultures ont façonnées de manière à cautionner des lois et des morales servant bien les forces dominantes des sociétés. Il marque également la fin des relations fondées sur la puissance et la domination.

Cette image du Dieu lointain, trônant de toute sa puissance sur le monde comme le sont les rois et les maitres du monde est à jamais renverser par celle d’un Dieu, n’ayant rien de royal et encore moins de cette puissance que lui attribuent les diverses croyances. Le Noël de la foi nous révèle une divinité qui s’identifie à ce qu’il y a de plus humble sur la terre. Une divinité qui n’a rien du lustre des grands et des puissants. Le Dieu de la foi est celui qui entre dans notre humanité par la porte des humbles, des oubliés et laissés pour compte. Il devient un de nous, tout ce qu’il y a de plus proche. La divinité devient véritablement humanité, Emmanuel, Dieu avec nous. 

Ce n’est pas pour rien que le roi Hérode, ce symbole de la puissance des grands et des puissants, n’a pas vu d’un bon œil que le messie promis par les prophètes pour faire régner Israël sur tous les peuples de la terre se présente dans des conditions aussi pitoyables et étrangères au paradigme du monde auquel il s’identifie. Deux paradigmes de la compréhension du monde qui sont tout à l’opposés l’un de l’autre. 

QU’EN EST-IL AUJOURD’HUI? 

Celui qui s’est fait l’un de nous a été renvoyé au « plus haut des cieux », permettant ainsi aux religions et aux  royautés  de retrouver leur place et leurs fonctions de choix. Les premières continuent de nous parler d’un Dieu tout puissant, modelé aux besoins des forces dominantes de nos sociétés et les seconds continuent de consolider l’ordre sur lequel ils font régner leurs propres lois. Dans leur bouche, les mots « liberté », « justice », « vérité », « amour », « fraternité », « droits humains » sont, plus souvent que moins, de véritables coquilles vides. 

Toutefois, au delà des institutions et des doctrines qui les inspirent, il y a les peuples et tout ce qui s’en dégagent dans les confrontations auxquelles ils sont soumis par les pouvoirs de domination et de conquête. Ces peuples, par la voix de leurs pauvres et de ceux et celles qui s’en solidarisent font entendre l’espérance incontournable du paradigme nouveau, celui-là même inauguré en la personne de Jésus de Nazareth, il y a de cela un peu plus de 2000 ans. Voilà la bonne nouvelle de libération, annoncées aux peuples   soumis aux lois des plus forts et des plus opprimants. 

Ce paradigme rappelle aux autorités des églises et à celles des grands et puissants de ce monde que l’humanité, celle en qui peut se reconnaître l’image de son auteur, n’a rien à voir avec le paradigme de l’autorité dont elles s’enveloppent et des pouvoirs dont elles usent. Ce nouveau paradigme fait du plus grand le plus petit et du plus petit le plus grand. Le maitre n’est plus celui qui domine et commande, mais celui qui sert et écoute. Les pauvres et laissés pour compte seront élevés et les riches et puissants seront abaissés. Dieu n’est plus un inconnu, mais un Père que l’on peut voir et reconnaître dans la figure emblématique de Jésus de Nazareth et en tous ceux et celles qui vivent de son Esprit. Ce dernier n’a rien à voir avec les conglomérats industriels militaires, avec l’hypocrisie et les mensonges  qui couvrent la cupidité et les ambitions de domination. Son Israël est l’humanité entière, laquelle est complètement étrangère au sionisme ainsi qu’à tous ceux et celles qui s’en font les promoteurs et promotrices. 

Le Noël de la foi est une espérance pour les humbles de la terre et pour toutes les personnes de bonne volonté. Il est un appel à poursuivre les voies qui consolident les œuvres de justice, de vérité, de compassion, de liberté, de solidarité et d’amour. Son horizon est l’humanité entière, non pas pour se l’assujettir, mais pour la libérer et la combler de plénitude. 

Les Hérode d’aujourd’hui, tout comme ceux d’hier et d’avant hier, poursuivent ce Jésus de Nazareth qui ne cesse de se manifester au travers de ces millions d’hommes et de femmes qui refusent le paradigme des rois et  des oligarchies, croyant plutôt à celui en qui toute personne humaine a non seulement tous les droits à l’existence et au bonheur, mais en disposent véritablement. 

Si le Noël de la culture nous fait vivre, l’espace d’un instant, l’euphorie de la joie et du bonheur retrouvés entre nous,  il ne saurait, toutefois, nous faire oublier le Noël de la foi qui nous rappelle le paradigme qui conduit inévitablement au véritable bonheur. 

«Celui qui est le plus petit parmi vous tous, c’est celui-là qui est grand. » Lc. 9, 46

« Ce que vous faites au plus petit des miens c’est à moi que vous le faites. » Mt. 25, 40  

 «  Qui me voit, voit le Père. » (Jn. 14,9)

 

Oscar Fortin

Québec, le 17 décembre 2011

http://humanisme.blogspot.com 


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