Archives quotidiennes : 23 décembre 2011

Un Noël de lumière et de service

Le temps de Noël est l’occasion pour chacun de prendre contact avec l’Enfant qui se trouve en nous. Lorsqu’on prend conscience de ce fait – ce n’est pas donné à tout le monde – Noël n’est plus un fardeau, un remède contre la peur, une fuite en avant par les plaisirs de la consommation. C’est la joie de constater que la naissance, la renaissance ce n’est pas que pour « les autres ». C’’est pour soi et cela a des conséquences sociales!

Ceci dit ce grand symbole de l’Étoile qui veille à la venue de l’enfant dans l’Étable doit bien vouloir dire quelque chose de concret pour ce qui concerne la vie ordinaire. Cette grande image doit bien vouloir nous aider à corriger le tir, à enrichir la vie dans la mesure de ce qui est possible?

C’est en m’interrogeant sur cette question que je me suis arrêté à une phrase surprenante de l’Évangéliste Mathieu. (La chrétienté en son entier, il est bon de s’en rappeler, est fondée sur les trois Évangélistes synoptiques Mathieu, Marc et Luc et sur cet autre, Jean, qui écrit d’une manière plus personnelle; cela devrait donner un certain poids à leurs propos!). En me posant la question, donc, j’ai lu ceci au chapitre 23 Verset 10 : « Refusez le titre de guide, vous n’avez qu’un seul guide, c’est le Christ! », nous enjoint Mathieu. (nouvelle traduction Bayard).

Je me disais que naître au monde à l’occasion de Noël , soit prendre contact avec mes forces nouvelles, toutes pimpantes, ce serait me transformer en « super guide » de l’humanité et amener ainsi tout le monde au paradis de la perfection. Il parait donc que j’avais tort.

Le témoin de l’existence de Jésus nous exhorte plutôt à devenir des serviteurs de l’humanité. Il nous recommande de ne pas nous mettre à la place de Dieu – dont les stratégies nous sont inconnues – et de nous mettre à l’écoute des besoins de chacun.

C’est une perspective différente de celle d’un général Pinochet, « catholique » affiché, qui se permettait, en guide absolu, de déterminer ce qui était « bon pour le peuple » même s’il fallait torturer 30,000 dissidents et en jeter autant à la mer.

Les personnes qui ont beaucoup souffert  résistent souvent à l’idée de devenir « serviteurs »; ils ont été parfois blessés par des « maîtres » et ils veulent devenir « leaders » à leur tour, peut-être pour mieux se protéger contre « les Grands ». L’Évangéliste semble nous dire que cette attitude n’est pas pratique. Elle mènerait plutôt à l’impasse. Il conseille la modestie comme règle de conduite. Et ce n’est pas facile à accepter. Pas plus que le message précédent un peu plus haut dans la page,  qui conseille d’aimer son prochain : il n’est pas facile d’aimer ceux qui nous méprisent!

Je me souviens que les Chinois, ces vieux sages, vont dans le même sens. « Allez à la réunion, nous disent-ils, exprimez votre message, et si ledit message n’est pas entendu, retournez sur vos terres ». Il est bon de se rappeler cette expérience ancienne : imposer les idées mène à la guerre; on en a des exemples par les temps qui courent…

Ceci dit Mathieu cite des paroles de Jésus selon lesquelles la modestie, l’absence d’orgueil ne signifie pas la pauvreté de la culture. « Vous êtes la lumière du monde! », nous rappelle-t-il. La lumière, justement, c’est ce que nous célébrons à Noël :la lumière « qui éclaire vos semblables ». Ainsi donc, il nous faudrait songer, à Noël, à devenir de meilleurs « éclaireurs », pas des despotes qui s’imposent, qui imposent des idées.

Je deviens un meilleur luminaire, justement, si je me nourris de connaissances et si je prends contact avec l’ « Enfant en soi » – celui de Noël – qui représente l’amour. Dans la vie pratique cela peut consister, pour commencer, à bien se renseigner, à bien se former. L’étude c’est l’huile qui nourrit la mèche!

Le rayonnement qui s’ensuit montrera les choses. Il montrera qu’il y a des laideurs dans les coins de notre vie et dans notre ville; l’ignorance empêche de voir! La connaissance montrera à tous quelles sont les choses à changer.

Dans notre quartier, par exemple, ce serait de montrer à chacun que les stationnements de Radio-Canada, exagérément expropriés, devraient servir à loger des gens. Cela permettrait d’enrichir le quartier par la construction d’immeubles nouveaux destinés aux classes moyennes ordinaires tout en aidant certaines familles moins riches à y avoir accès. Mais un accès à un beau quartier; pas à un quartier tout croche. Les concours d’architecture aident ainsi à améliorer les choses. La beauté, il faut le redire,  fait du bien et la beauté… c’est pour tout le monde!

Ce serait, autre exemple, de montrer que les fils (électrique et téléphoniques),  suspendus un peu partout dans le quartier doivent être enlevés. On se rappellera que, lors de la fameuse crise de verglas, le ministre Chevrette avait annoncé que « les fils seraient dorénavant enfouis ». Ils ne le sont pas encore! C’est dangereux d’une part, et cette laideur, d’autre part, diminue la valeur des propriétés.

C’est ça,  à mon humble avis, être chrétien : montrer les choses qui ne vont pas, en soi et dans la ville; faire la lumière par amour.

Jean-Pierre Bonhomme

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