Archives quotidiennes : 13 janvier 2012

La poussée NPD : un réflexe illusoire

 

 

 

 

Pierre Drouilly, le sociologue et sondeur bien connu a donné cette semaine  une explication raisonnable au phénomène de la spectaculaire poussée NPD québécoise lors de la dernière élection fédérale. L’expert a fait son commentaire lors d’une réunion du Mouvement démocratie souveraineté dans un restaurant d’Outremont.

C’est une hypothèse, a reconnu l’expert… mais une hypothèse fondée sur des faits, sur des sondages. L’intérêt des Québécois pour le NPD et pour son chef, M. Jack Layton, ce fameux  «décollage», a commencé à surgir au Québec après le débat des chefs fédéraux tenu le 14 avril 2011.  Lors de ce débat, a rappelé M. Drouilly, le chef NPD a promis aux Québécois de transformer la constitution canadienne dans un esprit de «fédéralisme asymétrique»; c’est-à-dire de réaliser une sorte de réforme du fédéralisme, de renégocier la constitution pour répondre aux besoins spécifiques des Québécois.  Cette dernière option aurait tout emporté car celle-ci est centrée sur une «réforme» constitutionnelle laquelle est effectivement l’option la plus populaire au Québec par les temps qui courent; les propos de M. Layton auraient ainsi fait réagir les citoyens qui souhaitent régler le différend anglo-francais du pays.

Justement, a-t-il expliqué, le décollage s’est produit juste après ce mémorable  débat des chefs,  donc juste après ce qui aurait été perçu comme une ouverture au Québec, par un personnage perçu comme bon enfant et «respectueux» de la nation québécoise.  Après ce débat, a-t-il précisé, trois sondages ont montré que le NPD commençait à progresser dans l’opinion. On connait la suite.

Un virage électoral aussi brusque est unique dans l’histoire des sondages a-t-il signalé. L’explication de ce phénomène très particulier ne se trouve pas dans les idées reçues. La conversion radicale ne résulte pas d’une intention «fédéraliste», ni d’une intention de virer à gauche, pas plus que d’une valorisation de la qualité des candidats… La bonhomie de M. Layton, elle, est un second facteur qui a pu charmer l’électorat, il est vrai. Quoi qu’il en soit l’aventure, selon lui, n’est pas idéologique et n’est pas politisée.

En tout cas M. Drouilly  a souligné fortement que le NPD est et restera le parti le plus centralisateur de tous, et que le Québec ne peut attendre son salut de l’intervention du Nouveau parti démocratique. Le malheur, en tout cela, si j’ai bien compris, c’est que le Canada anglais n’engagera pas de dialogue et que les Québécois s’illusionnent s’ils croient que le NPD les protégera. C’est à eux d’agir!

Le conférencier a regretté que le Bloc québécois ait été rejeté de la manière que l’on sait car, dit-il, ce parti et son chef M. Duceppe ont rendu de bons services à la nation et ne méritent pas le sort qui leur a été réservé. Ce serait, croit-il, un «exemple d’automutilation» caractéristique et le Québec «s’en sort plus faible que jamais».

Dans tout ce contexte M. Drouilly se dit «modérément optimiste» car «tout réside dans la capacité du Parti québécois de rallier des forces. Il note que le PQ, vues les dissensions, «risque d’imploser» et dans ce cas il indique que les choses seraient gravissimes pour le destin national des Québécois. Il note que les Québécois sont «trop mous» en matière d’identité ethnique… le nationalisme d’ici est «réactif»;  Il indique que ceux-ci cherchent (trop) à ce que les choses se fassent dans le calme.

Fait intéressant le conférencier dit savoir que parmi les 150 référendums relatifs à la souveraineté nationale (tenus en Occident) il n’y en a que trois qui ont été perdus par les gouvernements. L’un des trois a été tenu à Chypre, mais dans des circonstances particulières et les deux autres… au Québec!

M. Drouilly, enfin, rappelle que certains gouvernements (occidentaux) ont proclamé leur indépendance sans tenir de référendums et que d’autres ont fait suivre leur action par des référendums subséquents. Il indique que, dans les circonstances présentes du blocage politique, le Québec pourrait oser poser des gestes d’affranchissement politique (de son propre chef).

Ce compte rendu, j’en suis conscient, ne donne pas le portrait complet des chiffres présentés par M. Drouilly. Les impondérables en matière politique, du reste, sont nombreux. Et la capacité de compréhension du journaliste a ses limites; les nuances ne peuvent être toutes décrites. Mais j’ai pour ma part entendu, dans ces propos, que les Québécois se trouvent dans une sorte d’impasse politique et que sans un brin de sagesse et d’habileté rationnelle l’État du Québec risque de devenir bien plus provincial qu’il ne l’était dans sa période de réforme dite de révolution tranquille. A bon entendeur salut!

Jean-Pierre Bonhomme

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