Archives quotidiennes : 19 janvier 2012

La psychiatre Dominique Bourget dans l’affaire Turcotte

 

 Je ne cherche pas, dans cet article, à être objective. Je réagis simplement subjectivement à une personne qui me semble manquer d’objectivité dans son jugement.

Vous avez, j’imagine, entendu parler des propos ahurissants de la psychiatre Dominique Bourget en réponse aux questions des commissaires à la troisième journée d’audition de la Commission d’examen des troubles mentaux de Guy Turcotte, le 12 janvier dernier. Elle a expliqué que Guy Turcotte ne pouvait se réhabiliter s’il demeurait enfermé. Sans condition, il devait être libéré!

Mais d’où sort-elle? Que fait-on de TOUS les autres prisonniers ou malades qui auraient eux aussi bien besoin d’être réhabilités par la libération!

Un trouble d’adaptation avec humeur dépressive

Il faut se rappeler qu’au moment du procès, la défense a soutenu qu’un trouble d’adaptation avec humeur dépressive expliquait que l’homme soit passé à l’acte qu’il a posé sur ses enfants le 20 février 2009. Car déprimé après sa rupture avec Isabelle Gaston, il a poignardé à 46 reprises ses deux enfants, Anne-Sophie, 3 ans et Olivier, 5 ans.

Depuis juillet dernier, suite au verdict du jury qui l’a déclaré non responsable des meurtres commis pour cause de troubles mentaux, il est interné à l’Institut Philippe-Pinel. Le Dr Bourget est l’un des psychiatres embauchés par Guy Turcotte.

Qu’est exactement un trouble d’adaptation? D’après un psychiatre invité la semaine dernière à l’émission de Denis Lévesque, un trouble d’adaptation se produit lorsque nous ne sommes plus capables de nous adapter à une situation qui nous dérange, nous déprime. C’est ce qu’a vécu Monsieur Turcotte suite à l’annonce de la séparation avec sa femme. Mais qui d’entre nous n’a jamais vécu de crise d’adaptation, de séparation, de pertes financières, de deuils, etc.? Nous avons passé à travers. Nous n’avons pas pour autant poignardé ceux qui nous faisaient souffrir – même si parfois l’envie de se venger a pu nous traverser momentanément la tête, mais nous avons fait face, nous nous sommes maîtrisés, comme cela doit être.

Le Dr Bourget a déclaré aussi que Monsieur Turcotte, une fois libéré, ne serait pas plus dangereux ou menaçant pour la société que la plupart d’entre nous, puisqu’il serait fort peu probable que les mêmes conditions qui ont incité Turcotte à sombrer dans un moment de folie se reproduisent. Non, les mêmes conditions, bien sûr que non – les enfants sont déjà morts! Pourtant, le trouble d’adaptation dont souffrait Turcotte – et dont il serait guéri d’après le Dr Bourget puisque la situation qui créait le trouble a disparu – est directement relié à la notion de séparation avec sa femme. Cette dernière est toujours vivante.

Et si un jour son ex-conjointe, Madame Isabelle Gaston, se remariait et avait d’autres enfants? Seraient-ils en danger? Et si lui-même se remariait et avait d’autres enfants, et qu’une fois de plus sa partenaire voulait le quitter, est-ce que les mêmes conditions du drame ne seraient pas recréées?

Peut-être Monsieur Turcotte souffre-t-il d’un problème plus grave qu’un trouble d’adaptation?

Le chaînon manquant

D’ailleurs, selon le psychiatre traitant de Guy Turcotte à Pinel, le Dr Pierre Rochette, le trouble d’adaptation ne suffit pas à expliquer le crime. Il parle plutôt d’un «chaînant manquant» que l’on doit identifier. Évidemment, le Dr Dominique Bourget n’est pas d’accord pour qui le trouble d’adaptation, à lui seul, explique tout.

Elle dit : «Il n’y a pas de chaînon manquant. Pour moi, on comprend que la maladie a porté M. Turcotte à poser ces gestes. Il ne faut pas chercher à comprendre quelque chose qui a déjà été compris.»

Une attitude qui manque de compassion envers l’ex-conjointe, Isabelle Gaston

Isabelle Gaston n’est pas la coupable dans ce débat. Les événements tragiques qu’elle a vécus méritent notre respect et notre compassion.

L’étiquette de «personne extrêmement fragile sur le plan psychologique» attribuée par la psychiatre Bourget à Isabelle Gaston m’apparaît grotesque. Si j’étais à la place de Madame Gaston, oui, je me sentirais fragile. Et sans doute les cauchements doivent être récurrents pour elle! Il ne doit pas être facile d’oublier que ses enfants ont été poignardés à 46 reprises!

Le Dr Bourget dit aussi au sujet de Mme Gaston qui a déjà révélé ses craintes pour sa vie et celle des enfants qu’elle pourrait avoir dans le futur que ce sont des craintes IRRÉALISTES, car, dit-elle «nous n’avons aucune information comme quoi Guy Turcotte lui en voudrait.»

«Comme elle n’avait pas à craindre qu’il fasse du mal à leurs enfants en 2009», a rétorqué Me Claudia Carbonneau, procureur aux poursuites criminelles et pénales, qui s’oppose vigoureusement à la libération de Guy Turcotte.

Ce à quoi répondit le Dr Bourget qui a réponse à tout : «C’était imprévisible, mais ça ne l’est plus.»

Conclusion

Je fais confiance au bon sens de l’ensemble des commissaires, avocats, juges, psychiatres, professionnels divers pour ne pas suivre la psychiatre dans sa …. vision.

Carolle Anne Dessureault

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