Le héros sali par l’histoire!!!
(Merde! Y’a un sauvage pas de pagne au centre, à gauche du tableau. Non mais quel cul-ot!!!)
Aussi étonnant que cela puisse nous paraître, au Musée McCord, on ne sait pas que ce tableau représente Dollard des Ormeaux lors de la bataille du Long Sault. Comme quoi notre histoire réelle est bien occultée par les autorités.
Si encore, ces autorités se limitaient aux autorités anglo-saxonnes du pays, on pourrait le comprendre (et encore); mais nos propres historiens n’ont pas hésité à salir la réputation de ce héros qui a retardé l’attaque sur Montréal appelée, à l’époque : Ville-Marie, prévue par les Iroquois pour 1660.
Certains en on fait un aventurier qui voulaient simplement voler les fourrures des « pauvres » Iroquois, pour son propre compte. Mais comme cela n’est pas tellement crédible, étant donné que les Iroquois et les Canayens sont alors en guerre, ils ont embellit le récit en ajoutant que lorsque Dollard des Ormeaux lance son baril de poudre, « greillée » d’une mèche pour le transformer en bombe, sur les attaquants, il est complètement saoul. De sorte que le baril « accroche » une branche pour ensuite, retomber dans le fortin. Pas tellement « intelligente » cette foutue bombe. Normal, vous me direz, puisque Dollard n’est pas américain. Qu’à cela ne tienne, il est évident que les historiens qui défendent ce point de vue, sont des hommes ayant l’expérience des combats qui ne ressentent jamais aucune peur; au point de convenir qu’il est tout à fait normal de se saouler la gueule, le septième jour d’un combat contre 800 Iroquois. Que voulez-vous? On est truand ou on ne l’est pas; non?
Et pourtant, ce n’est pas que nous n’ayons aucun compte rendu valable de cette bataille; au contraire. Nous avons le rapport de Radisson, gardé par des Anglais jusqu’au XIXe siècle et, de plus, celui de l’un des survivants de ce combat qui parvient jusqu’à Montréal pour raconter les faits. Malheureusement pour notre histoire, l’un est, aux yeux des historiens, un « vendu » et un « traitre», et l’autre est Amérindiens. Comme, pour nos autorités passées et actuelles, les rapports d’Amérindiens ne sont valables que lorsqu’ils servent à agrandir le territoire dont on veut prendre possession, le rapport d’un Amérindien, de cette bataille du Long Sault n’est pas crédible. Tout comme les objections des Innus au sujet du Plan Nord, ne le sont pas non plus, aujourd’hui.
Revoyons donc cette histoire de la bataille du Long Sault :
Adam Dollard des Ormeaux est originaire du même patelin que mes propres ancêtres : l’Ile-de-France. En 1657 il signe un contrat et arrive en Nouvelle France à l’âge de 22 ans. Il reçoit un commandement au fort Ville-Marie de la part du Chevalier de Maisonneuve. Il reçoit également une terre de 30 arpents qui se trouve aujourd’hui, près du fleuve St-Laurent, entre la rue Parthenais et la rue Fullum. Dollard s’associe à Picote de Bellestre en 1659, pour défricher sa terre plus rapidement.
En fait, on doit l’avouer, l’agriculture ne l’intéresse pas tellement. Il était soldat en France et suite à un duel alors défendu, il vient au Canada pour se refaire une vie. On peut comprendre que pour ce soldat, la guerre contre les Iroquois l’intéresse beaucoup plus que la récolte des carottes et des rutabagas même si ceux-ci ne sont pas les derniers navets venus. Cette guerre indienne a repris depuis 1657 et les Iroquois tournent constamment autour de Ville Marie et de toutes les autres régions de la colonie. De sorte que la traite des fourrures est de beaucoup diminuée et les profits, à Montréal et ailleurs, sont très minces. « Une crise économique se pointe à l’horizon » dirait notre éminent ministre Jim Flaherty. Malheureusement, ni lui, ni « the Premier » are not there yet.
Dollard, en octobre 1658, devient parrain de la petite fille de Lambert Closse marchand de fourrures; on peut comprendre ici : « coureur de bois », même s’il est aussi, notaire et sergent de la garnison de Montréal. Quant à Picote de Bellestre, commandant à Montréal et rencontré plus haut, n’allez pas croire qu’il ne s’occupait pas de traite des fourrures; il est, lui aussi, un « coureur de bois ». Durant les années qui suivirent la bataille du Long Sault, Bellestre se « colletaille » plusieurs fois avec les Iroquois, toujours avec succès. Sa famille deviendra très populaire chez les Canayens.
Selon des déclarations arrachées à un prisonnier Iroquois, ceux-ci préparent une invasion générale de la colonie en commençant par Ville-Marie, suivit de Trois-Rivières pour se terminer par la destruction de Québec. On est en 1660 et cette attaque est supposée planifiée par les Iroquois depuis 1659. Mais, comme je le disais, cela n’est pas très crédible pour les autorités. Ce n’est donc pas la raison principale de l’expédition de Dollard des Ormeaux aux Long Sault.
En fait, la colonie est presqu’en faillite parce que les Iroquois contrôlent la route du Long Sault qu’ils empruntent pour aller vendre leurs fourrures en Nouvelle Angleterre. Ils bloquent, par le fait même, la venue des autres tribus par la rivière Outaouais qui voudraient trafiquer avec les Français. Dollard planifie d’attaquer les groupes d’Iroquois qui passent au Long Sault, pour se saisir de leurs fourrures tout en dégageant la route de Montréal. L’expédition fera un profit et libérera le commerce des fourrures. Après hésitation, son plan est finalement accepté par Montcalm.
Ce que Dollard ne sait pas, c’est qu’il est parfaitement exact que les Iroquois préparent l’invasion de la colonie; et que 300 d’entre eux sont déjà en route vers Montréal. Ce n’est donc pas à des petits groupes d’Iroquois chargés de fourrures que la troupe de Dollard devra s’attaquer mais plutôt à ces Iroquois qui se préparent à descendent la rivière Outaouais pour faire jonction avec les autres « sauvages » qui viennent de partout. Le 15 avril 1660 Dollard emprunte 45 livres portant à 3 livres d’intérêt, qui lui permettent de payer les balles, la poudre et les vivres pour son expédition. Il promet de rembourser à son retour.
Lui et ses 16 compagnons, assistent à la messe et font leur testament avant de partir le 19 avril. À l’île des Sœurs, ils rencontrent une quinzaine de sauvages trainant 3 prisonniers français. Ils tuent quelques Iroquois et les autres prennent la fuite sans toutefois oublier de tuer leurs trois prisonniers avant de s’enfuir. On revient porter les corps à Montréal et on repart le 22 avril pour le fort du Long Sault où Dollard pense installer sa base d’opération de guérillas.
Ce fort est un vestige d’avant poste Algonquin abandonné depuis longtemps. Dollard et sa troupe réparent et préparent le fortin du mieux qu’ils le peuvent. Ils sont rejoints par 40 Hurons et 4 Algonquins envoyés par de Maisonneuve pour les seconder.
Le 2 mai, Dollard voit s’approcher deux canots Iroquois. Il organise une embuscade au portage de la rivière. L’embuscade est un succès sauf…qu’il ne trouve pas de fourrures; et qu’il ne peut empêcher quelques Iroquois de s’échapper. Ces deux canots portaient des éclaireurs envoyés pour vérifier la sécurité du passage pour le gros de la troupe. Celle-ci compte 50 canots, soit plus de 300 Iroquois.
Je ne sais pas si Des Ormeaux comprend le danger qui approche. Probablement pas puisqu’il n’envoie aucun messager à Ville Marie pour réclamer de l’aide. D’un autre côté, sa troupe est composée de 61 combattants; ce qui n’est pas tellement moins que les combattants disponibles à Montréal. Donc, il est possible qu’en bon soldat, il n’ait pas voulu dégarnir Ville Marie de ses défenseurs. Le fait reste qu’il retourne se réfugier dans son fortin délabré.
Lors de l’attaque des Iroquois, les assiégés tuent le chef des Tsonontouan (tribu Iroquoise), lui coupe la tête et l’installe sur une pique attachée à la palissade, attisant les attaques contre le fortin. Parce que lorsqu’on est un truand et qu’on veut un bon combat, on se doit de motiver l’assaillant; non?
Les assiégés repoussent toutes les tentatives Iroquoises. Ceux-ci décident alors d’envoyer chercher les 500 Iroquois qui se trouvent aux iles Richelieu. Woops! Cela n’était pas prévu. Vite! Enlevez-moi cette tête hirsute de la pique!!!
Lorsque les 500 s’ajoutent aux attaquants déjà présent, une trentaine de hurons se laissent convaincre de déserter et se joignent aux Iroquois. Il faut les comprendre puisque les Français de l’époque refusent les armes à feu aux « sauvages »; et devant 800 Iroquois qui, eux, ont des armes à feu fournies par les Anglais, les fléchettes et les grimaces… ça vaut ce que ça vaut.
La troupe de Dollard est maintenant réduite de moitié; mais il n’est pas question de se rendre et le combat reprend de plus belle. Les combats durent 7 jours.
Par la suite, Dollard est tué lorsqu’il veut lancer une grenade artisanale chez les Iroquois. Celle-ci semble avoir explosé dans ses mains ou près de lui. Tous les jeunes combattants périssent au combat, sauf 5 français et 4 Hurons qui sont fait prisonniers. On se penche tout de suite sur le cas d’un des canayens, trop blessé pour être transportable. Il est donc torturé sur place. Les autres sont « distribués » parmi les tribus participantes qui retournent chez eux, afin de « faire la fête ». Les « invités » canayens et Amérindiens serviront le bûcher et feront partie des « hors d’œuvres ». Par contre 80 Iroquois avaient, eut aussi, péri durant les combats; et cela impressionne assez les « sauvages » pour qu’ils remettent à plus tard, la destruction de la nouvelle France. Pas fous ces Iroquois; de plus, ils sont alliés des Anglais qui, pas fous eux n’ont plus, ne traversent jamais les Appalaches. Bon d’accord, les Anglais attaquent bien l’Acadie de temps à autre, mais par mer, où on peut voir venir; jamais à travers les bois.
Les noms des autres « truands alcooliques » du groupe de Dollard sont : Jacques Brassier, Jean Tavemier, Nicolas Tiblemont, Laurent Hébert, Alonié de Lestre, Nicolas Josselin, Robert Jurie, Jacques Boisseau, Louis Martin, Christophe Augier, Anahonatha (chef Huron), Etienne Robin, Jean Valets, René Doussin, Jean Lecompte, Simon Grenet, François Crusson, Nicolas Duval, Biaise Juillet, Mathurin Soulard, Witiwiweg (chef Algonquin). Moi j’en compte dix-neuf; il doit y avoir trois « sauvages » baptisés de noms français dans le groupe; ou alors, on ne met pas assez d’emphase au récit.
Huit jours après la fin du combat, Radisson arrive au Long Sault et constate l’intensité du combat qu’on y a livré. La palissade et les arbres aux alentours sont criblés de balles. Lui et Desgroseillers arrivent à Ville Marie avec une valeur de 200,000 livres en fourrures, ce qui sauve la colonie de la faillite. D’autant plus qu’on saisit toutes les pelleteries des deux beaux-frères et, en plus, on leur charge une amende. La comptabilité demande de boucler le budget; c’est connu. Demandez au ministre Bachand; vous verrez.
Il y eut un survivant à ces combats du Long Sault, comme je l’ai dit plus haut. C’est lui qui raconte les combats aux autorités. On peut lire ce compte rendu dans la relation des Jésuites. Mais, de nos jours, les Jésuites ne sont plus crédibles non plus, évidemment. J’en arrive même à douter de ce que j’écris actuellement; mais je vous promets de revérifier avant de publier.
L’invasion renoncée par les Iroquois, permet au Montréalais (Ville-Mariens) de faire leur récolte et d’éviter la famine cette année-là. L’année suivante, les Iroquois reviendront et parviendront à tuer une centaine de Français. Ce ne sera que quatre ans plus tard que la France se décidera à envoyer le régiment de Carignan. Alors là, eux, ce ne sont pas des « truands alcooliques »; ce sont de vrais soldats comme, d’ailleurs, l’était… Dollard Des Ormeaux.
Des Ormeaux n’est pas né « héros »; car on ne naît jamais « héros ». Ce sont les circonstances qui fabriquent les héros; et c’est exactement ce qui s’est produit avec Adam Dollard des Ormeaux, né Français, mais mort « Canayens » qu’on le veuille ou non.
Jusqu’à il y a quelques années, on fêtait la mémoire de ces « Canayens » mort pour leur pays, le lundi précédant le 25 mai; mais on a effacé leur histoire pour la remplacer par la fête des patriotes qui, auparavant, était fêtée le dimanche le plus près du 23 novembre. Pourquoi avoir annulé la fête de Dollard? Il ne peut y avoir que deux raisons possibles : Soit qu’on manquait de « jours disponibles » sur le calendrier, ou qu’on acceptait les élucubrations de certains historiens voués à salir l’histoire des Canayens. Il faut dire que la fête de Dollard des Ormeaux fut instaurée pour concurrencer « la fête de la Reine » Victoria. Donc, en fêtant les patriotes de 1837/38, au lieu de fêter des Canayens vaincus par des Iroquois, on fêtait des Canayens vaincus par des Anglais. On ne peut pas dire que les Canadiens-Français ne sont pas fervents d’accommodements raisonnables!!! Je ne vois pas pourquoi on ne fête pas la bataille des Plaines d’Abraham; il faudrait être constant dans notre fierté nationale!!!
Je vous l’ai démontré dans mon avant dernier article : nous somme beaucoup plus anglo-saxon qu’on veuille bien l’admettre. On ne veut pas garder une fête « fériée » de Dollard des Ormeaux puisque cela diminue les jours de travail, consacrés à assurer l’esprit financier anglo-saxon qui, on le sait, est pour eux et maintenant tout autant pour nous, le summum de ce que peut être la philosophie d’un peuple « civilisé ». Il faut balancer le budget même si on augmente la dette à chaque année. L’important est de « balancer ». C’est à se demander de quoi on se « balance » en réalité.
L’économie passe avant nos héros canayens. Ce ne serait pas tellement grave si elle ne passait pas, tout autant, avant les services dans les hôpitaux, les services aux aînés, la nourriture des enfants, et la sécurité dans les écoles et dans les rues. La fierté canadienne n’est pas garantie par les ressources données à sa société; elle est garantie expressément par les photos de la Reine Élisabeth qu’on vient d’installer dans tous les bureaux gouverne-mentaux du pays. On a bien voulu faire une loi qui aurait mis en prison tout citoyen refusant d’accepter l’unifolié sur sa propriété placé sans son consentement; mais 40% de « majorité totale » n’est pas assez rassurant pour le pouvoir actuel.
Soyons fiers d’être Canadiens! On ne peut pas être autre chose…pour l’instant; mais Stephen Harper y travaille
et fait des merveilles; ayons confiance.
Amicalement
André Lefebvre