Archives quotidiennes : 28 février 2012

L’origine de nos politiciens du Québec!!!

 

L’origine de nos politiciens du Québec!!!

Pour faire un peu différent de mon habitude, je ne parlerai pas de nos héros « canayens » (ou très peu), mais plutôt de nos politiciens canadiens-français (Je reviendrai aux Héros dans les prochains articles).

En fait, tout en sachant comme vous tous, « qui ils sont », nous ne savons pas exactement « d’où ils viennent ». Et pour le trouver, nous devons continuer à faire de l’histoire. Ce qui n’est pas pour me déplaire, vous le comprendrez.

À l’époque de la Nouvelle-France, il n’y a pas encore de « politiciens » au Canada; il n’y a que quelques « dépendants des autorités » et énormément  plus de héros « coureurs de bois »; hommes indépendants, sans autres attaches qu’à celle de leur identité « canayenne », celle de leur famille et celle de leurs amis. Ils vivent comme ils l’entendent grâce à leur autonomie et subissent très peu de contrôle grâce à leur dispersion.

Lors de la conquête, jusqu’en 1792, il n’y a pas, non plus, de « politiciens » dans notre pays. Tout est réglementé par des représentants envoyés par l’Angleterre pour administrer le Canada. Par contre, la conquête change quelque peu la structure sociale canadienne. Les seigneurs propriétaires terriens qui restent ici, sont maintenant pauvres parce qu’ils ne vivent que de l’apport de leurs censitaires; ce qui, auparavant, n’était qu’une petite portion de leurs revenus. Le clergé, très peu nombreux, mais qui, lui aussi, est propriétaire foncier, risque d’être éliminé de la société parce qu’il est Catholique. De sorte que ces deux classes sociales de la Nouvelle-France décideront de collaborer avec les autorités anglaises pour assurer leurs assises économiques et leur survie.

Le pouvoir qu’ils disent posséder sur le peuple n’est que superficiel et n’apparaît qu’aux yeux des autorités anglaises. Dans la réalité, les Canayens, qui se qualifient « d’habitants », portent ce nom parce qu’il représente leur indépendance face au système seigneurial tout autant qu’au système religieux de l’époque.  Leur position indépendante est prouvée historiquement.

Depuis l’apparition des « coureurs de bois » au Canada, chacune des revendications des seigneurs ou du clergé soulèvent, à chaque fois, une riposte négative de la part des « Canayens ». Ils n’acceptent jamais de laisser tomber quoi que ce soit de leur indépendance qu’ils appellent leur « liberté ». Ce qu’ils concèdent de temps à autre, devient presque un geste de bonté de la part de la population envers ces classes sociales. Les seigneurs et le clergé se doivent, depuis toujours, d’être très « tempérants » pour leurs « ouailles ». Ils n’ont pas le choix.

Aussi longtemps que la traite des fourrures reste le principal moteur économique du pays, la liberté des « Canayens » n’est pas du tout touchée. Ceux-ci gardent leur autonomie et n’acceptent de « travailler » pour les Anglais que comme « contractants » autonomes, n’acceptant que des durées de contrats aux travaux bien spécifiées et relativement courts. Le prolétariat, c’est-à-dire, celui qui est continuellement soumis à la volonté d’un « employeur » pour survivre, n’existe pas encore au Canada de cette époque.

Lorsque la fourrure perd de son importance économique, au début du XIXe siècle, c’est l’industrie forestière qui prend la relève. Et c’est à ce moment- là que disparaît rapidement  « l’indépendance des Canayens ». Ils sont toujours les mêmes « courageux aventuriers » mais deviennent, dorénavant, dépendants d’emplois fournis par les patrons anglais de compagnies forestières, pour assurer leur subsistance. Au lieu de « coureurs de bois » sous contrats, ils deviennent des « coupeurs de bois » salariés. Nouveau travail qui ne demande pas moins de courage que l’ancien, mais qui élimine complètement l’autonomie individuelle.

La perte de l’importance de la fourrure installe rapidement la pauvreté chez les « habitants ». Cependant, cela ne fait pas encore disparaître cet « esprit de liberté » de chez nos Canayens; ils continueront toujours de s’opposer à ce qui ne leur plaît pas. Seule leur « indépendance » en prend un coup. Ils adoptent alors de vivre dans un état permanent de résistance passive.  Ils résistent aux autorités anglaises et aux seigneurs propriétaires tout autant qu’au clergé. En fait, cette résistance aux deux classes sociales en question provient qu’ils ne les respectent pas tellement, parce qu’elles collaborent avec les autorités sous-jacentes des marchands anglais à leur propre fin et souvent, au dépends des « habitants ».

L’industrie forestière prend maintenant 74% de l’économie qui, auparavant appartenait à la traite des fourrures. Celle-ci, en 1810 ne vaut plus que 9% de l’économie du pays. Évidemment, les frais d’exploitation forestière sont beaucoup plus importants que ceux de la traite des fourrures et les salaires des employés sont beaucoup inférieurs aux contrats des « voyageurs ».

Les autorités anglaises refusent, ensuite, de créer de nouvelles seigneuries même si les Canayens ne peuvent pas aller s’installer dans les « townships » qui sont réservés à la colonisation britannique à très peu d’exceptions faites.

Résultat : la population du territoire seigneurial s’accroit de 234% sur un territoire dont l’espace augmente seulement de 138%.  Les jeunes Canayens doivent alors émigrer vers les villes pour devenir d’autres  « employés ». Plusieurs émigrent plutôt aux USA où ils ont plus de chance de devenir des « employeurs » au lieu de rester des «employés ».

Au Canada, les « Canayens » voulant garder leur autonomie, sont maintenant circonscrits à œuvrer dans la très petite entreprise commerciale comme : magasin général, débit de boisson, laitier, boulanger, marchand de viande etc.

Ce sont ces petites entreprises commerciales qui donnent de l’ampleur à la petite bourgeoisie canadienne.

Les enfants de celle-ci deviendront  la petite bourgeoisie « professionnelle »; une nouvelle venue sur la scène historique « canayenne ».

Cette petite bourgeoisie « professionnelle » canadienne est constituée des enfants des petits bourgeois, qui ont pu recevoir l’instruction dans les écoles et les collèges de la ville. Par contre, ils sont quand même d’origine rurale et donc issus du peuple « canayen ». Cela leur servira à installer leur domination sur notre société.

Parce que les autres secteurs d’activité leur sont fermés, ces citoyens sortis des collèges n’ont pas d’autres débouchés pour survivre que les professions libérales; c’est à dire le droit, le notariat, la médecine et l’éducation. Mais l’augmentation de cette classe sociale professionnelle devient  trop importante pour la demande de la société. Ils comprennent rapidement qu’il leur faut se battre pour assurer leur survie. C’est alors qu’ils s’orientent vers la politique  où ils peuvent exercer leurs talents et imposer leur leadership et leur vision du monde qui, à l’époque, correspond parfaitement aux intérêts des « habitants ».  Leurs professions libérales deviennent des tremplins pour se lancer en politique.

Ils s’opposent au régime existant tout autant qu’à l’aristocratie cléricale. Ce mouvement est tellement « dans les cordes » des « Canayens » que cette petite bourgeoisie professionnelle devient rapidement la classe sociale dominante du Bas-Canada. Elle s’opposera à la grosse bourgeoisie marchande anglaise, sera démocrate et parviendra à prendre le pouvoir politique au Bas Canada.  Plusieurs anglophones se joindront à cette nouvelle bourgeoisie professionnelle et politique. En particulier les Irlandais qui sont foncièrement antibritanniques sans être aucunement anti-Canadiens.

Jusqu’en 1837, ces politiciens sont conscients de l’identité « Canayenne » des « habitants » du Bas-Canada;  et leur combat est pour donner un « pays » à cette identité nationale. Le combat des anglophones du Haut-Canada est identique. Le but visé par les deux partis nationaux est d’instaurer deux républiques confédérées, l’une francophone et l’autre anglophone.  Les autorités d’Angleterre qui veut garder sa colonie, aidées par le clergé et les seigneurs, leurs alliés depuis la conquête, parviennent à tuer dans l’œuf ce combat pour l’autonomie des Canayens/Canadians.

Par la suite, la classe politique de la petite bourgeoisie « professionnelle » adoptera, pour sa survie et pour garder son pouvoir, la notion de l’identité « Canadienne-Française ». Cette notion identitaire qui décrète que les « Canayens » sont toujours rattachés à la nationalité française plutôt que d’accepter d’être des Canadiens à part entière. Ce qualificatif de « Canadiens-Français-anti-Anglais » , laissant entendre la notion de « traître à son pays : le Canada », est celui qui nous fut affublé par la classe sociale des marchands Anglais, pour ne pas laisser le moindre pouvoir administratif aux « Canayens ». Ils clamaient que les « Canayens » étaient foncièrement Français et détestaient l’Angleterre. Ce que l’histoire prouve être complètement faux. C’est là l’origine du terme : Canadien-Français; et c’est ce refus à l’administration du pays aux Canayens, qui fut la cause de la rébellion de 1837/38.

D’une certaine façon, ou plutôt, d’une façon certaine, les deux classes sociales « canadiennes-françaises » : les seigneurs et le clergé, obligent la nouvelle classe sociale de la petite bourgeoisie professionnelle à laisser tomber son patriotisme,  sous peine de perdre son pouvoir sur notre société. Les professionnels se coupent alors du peuple, se donnent un statu « d’élite » et rejoignent les deux classes sociales privilégiée alliées à l’Angleterre, pour le contrôle du pays. Éventuellement, ils remplacent la classe sociale des seigneurs. Le supposé « patriotisme » de certain d’entre eux, adopte ensuite la couleur « anti-canadienne-pro-française » qu’ils disent plutôt « anti-anglaise », dont les avaient peint les « Tories » d’avant la rébellion.

Avec l’appui du Clergé et des professionnels (les seigneurs étant disparus dans la masse), la mainmise de l’autorité anglaise s’installe finalement au Canada. Notre arène politique est essentiellement, aujourd’hui, composée d’un parti « Tory » appelé chez nous : « parti conservateur » et d’un parti « Whig » qu’on appelle « Libéral » et qui, en Angleterre, a changé du nom de « Libéral » pour s’appeler : le parti « Travailliste ». La politique « Tory » n’a pas changé; elle veut toujours installer le Canada aux pieds de l’Angleterre.

Au Québec, nous avons un parti provincial qui se dit absolument « patriotique », appuyé par le peuple puisque c’est lui qui fournit les fonds nécessaires à la subsistance du parti politique en question. En fait, leur position est la même que celle de la petite bourgeoisie professionnelle du XIXe siècle qui dépendait des fonds du peuple fournis en échange du service de leur profession; sauf qu’ici, ces politiciens ne sont pas obligés de donner de service. Ils reçoivent du peuple « en gracieuseté ».

Mais comme l’idéal, pour un politicien même « patriote », est de ne pas dépendre de la population pour en avoir le plein contrôle, ce parti politique s’applique à instaurer le plus possible, des « services sociaux gratuits » qui demandent une hausse constante  de taxes et d’impôts. Dans le même élan, tous les autres partis politiques, comprenant l’enjeu important de ne pas dépendre du peuple, endossent la même politique « d’état providence ». On n’oublie pas, cependant, de se donner des revenus supérieurs à l’ensemble et d’assurer le financement des partis à même les taxes et impôts levés sur la population ce qui les délivre de toute attache avec le peuple. Celui-ci perd alors tout pouvoir sur les politiciens, sauf celui d’élire officiellement  l’une des deux facettes de cette unique « médaille » de philosophie sociale. Pour sauver la face, les politiciens se plaignent ensuite du peu d’intérêt porté à la politique par la population et lui reproche de ne pas prendre ses « responsabilités sociales ». Et c’est ce qu’ils appellent le « cynisme » de la population. Il faudrait peut-être revoir la définition du mot « cynisme ». la vérité est que les politiciens ne parviennent pas à provoquer le respect de la population; simplement parce que le respect, ça se « mérite ». Il ne peuvent que tenter de « l’imposer »; et cela ne fonctionnera pas. Ça ne fonctionnera pas au Fédéral et ça ne fonctionnera pas au Provincial non plus.

En réalité, le peuple d’aujourd’hui emploie le même moyen de défense que ses ancêtres: la résistance passive. C’est ce qui explique son peu d’intérêt à la politique et sa pauvre participation aux élections. L’histoire nous indique que cette « résistance passive » n’est jamais éternelle; mais quelle sera la raison de la prochaine rébellion? Probablement la même que la précédente. Par contre, elle risque de s’étendre beaucoup plus loin que les frontières du Québec; car on vit le joug d’une oligarchie partout sur la planète.

Je ne perdrai pas de temps à vous décrire cette fameuse « médaille » de la philosophie sociale actuelle chez nos politiciens; mais je me contenterai de souligner ses résultats, qui sont le Plan nord, l’exploitation du gaz de schiste, la stagnation dans les hôpitaux provoquée par les médecins (qui ne font plus de serment d’hippocrate) pour alimenter leurs cliniques privées, les scandales de l’industrie pharmaceutique,  et l’enquête Charbonneau qui, je l’espère, ne finira pas en queue de poisson; mais je commence à en douter.

Je prend quelques secondes de plus pour faire remarquer que l’intérêt qui ressort de l’histoire que je présente depuis plusieurs articles démontrent toujours certains faits incontournables. Celui de cet article est assez facile à percevoir. C’est qu’à aucun moment de notre histoire, la démocratie « représentative » ne fut Démocratique dans son essence. Elle ne le fut que dans son « apparence »; c’est probablement la seule vérité dans le qualificatif de « représentative »; ce n’est qu’une démocratie apparente. La réalité est qu’elle est oligrachique. Dans notre histoire elle fut toujours « contrôlée » par une ou deux classes de la société qui oeuvraient pour ses propres intérêts. Ce n’est que « par coïncidence » que durant une vingtaine d’année (1815 @ 1837) elle « représentait » l’intérêt de l’ensemble de notre population. La vraie raison de cette période « démocratique » fut la survie de cette nouvelle classe  sociale de petite bourgeoisie « professionnelle ». De nos jours, il est indiscutable que c’est la classe sociale des finances qui en a le contrôle. Sa force est qu’elle a convaincu une majorité de la population qu’elle représente la « garantie du bien-être de chacun ». Cette majorité convaincue fond comme neige au Soleil depuis quelques années.

Ajoutons, comme on nous le propose actuellement, un bloc Lego à toute cette pyramide élitiste écrasante pour le peuple et, il va sans dire que tout ira pour le mieux. D’ailleurs, c’est certainement vrai; il vaut mieux ne pas le dire, en effet.

André Lefebvre

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