Il y a 15 ans que j’écris sur la Toile; je le faisais bien avant que le mot «blog» n’existe. Parfois je me répète. Je crois qu’il y a des choses qui méritent d’être redites et je sais qu’une redondance obstinée est la seule pédagogie qui vaille avec ceux qui ont remplacé toute reflexion par la culture en serres de leurs préjugés et leur total dévouement à leurs intérêts personnels. Je vais donc répéter ici des choses que j’ai déja dites. Dites il y a des années et redites il y a quelques semaines.
Je vais résumer beaucoup, ici, parce qu’il y a une crise à régler. Pour les détails, voir ce que j’en écrivais quand il n’y avait encore qu’une solution à apporter calmement à une crise évidente et incontournable qui se préparait, mais que personne ne voulait voir.
Voici.
1, Il faut, dans une société, une éducation générale commune qui serve de socle aux valeurs et à la culture. Une éducation générale commune qui transmette ce qui est prérequis à toute formation spécifique au travail. Ce tronc commun va jusqu’au point où il se scinde et apparaissent des options. La société doit donner gratuitement cette éducation générale à tous et agrandir ce tronc commun pour donner autant que sa richesse le lui permet. C’est ainsi qu’elle s’enrichira davantage et ses citoyens avec elle.
2. Cette éducation générale doit être complétés, cependant, par DES FORMATIONS SPÉCIFIQUES qui sont toutes nécessairementt différentes, puisqu’elles doivent être complémentaires. Ces formations distinctes exigent des aptitudes différentes et confèrent des avantages inégaux. Si la société paye le coût de ces formations, elle donne à certains plus qu’a d’autres, ce qui est fondamentalement INJUSTE. En fait, elle fait payer par le citoyen à revenu moyen ce qui deviendra le fond de commerce de privilégiés qui gagneront parfois plusieurs fois son revenu. Si elle investit dans ces formations au seul vu de ce que réclament ceux qui veulent y avoir accès, elle risque aussi que les compétences acquises ne correspondent pas aux besoins de la population et que les plus importants de ceux-ci demeurent insatisfaits
3. Une solution est que les besoins soient estimés, les capacités de formation ajustées à ces besoins et les admissions déterminées par concours. Mais c’est un processus lourd et il n’est pas certain qu’en l’état actuel de la science nous puissions le conduire parfaitement. Une solution efficace plus facile est que les formations spécifiques soient payées entièrement, chacune au prix qu’elle coûte, par ceux qui en profitent et que l’on fournisse à ceux-ci les prévisions sur les besoins qui leur permettront de prendre des décisions raisonnables, tenant compte de la situation réelle comme de leurs motivations.
4. Cette solution efficace n’est juste, toutefois, que si ceux qui ont le goût et le talent de poursuivre des études n’en sont pas empèchés par un manque d’argent. Il faut donc que quiconque veut poursuivre des études puisse disposer d’un revenu qui lui permette de vivre au-dessus du seuil de la pauvreté tout en assumant le coût de sa formation.
5. Tous les citoyens et les jeunes en particulier ne disposant pas de ce revenu, il faut donc qu’il soit prèté par l’État à l’étudiant. Immediatement. Sans discussions, sans autre condition que de RÉUSSIR les test d’admission puis les examens périodiques qui indiquent sa perséverance dans son projet.
6. Un prêt doit être remboursé. Le prêt consenti pour l’éducation professionnelle et universitaire devrait être remboursé, par celui qui en a profité, en versant un pourcentage de son revenu entre l’âge de 45 et 55 ans. C’est la période de sa vie où sa formation aura produit son plein impact sur son revenu et où ce remboursement aura le moins d’effets négatifs sur ses autres objectifs de vie. Ceux qui auront choisi les professions les plus rémunératrices payeront ainsi davantage… et c’est bien ainsi que les choses devraient être.
7. Il y des détails a régler, dont les pourcentages de remboursement, l’exclusion de cette dette de toute faillite, la participation possible du gouvernement fédéral, les intérêts, qui doivent se limiter à une indexation de la dette (car le but n’est pas d’enrichir les banquiers !), les conditions pour celui qui, apres un échec, voudrait bénéficier à nouveau d’un prêt, etc, etc. Tout ça est négociable… le principe ne l’est pas.
Le principe, c’est que le premier bénéficiaire d’une formation doit en assumer le coût, mais que la collectivité en bénéficie aussi et que la société a donc la responsabilité de rendre effective la demande de ceux qui veulent s’instruire, en leur prêtant ce dont ils ont besoin pour vivre et étudier.
(Notons, en passant, qu’en traitant ainsi la formation comme un investissement, on supprime une dépense énorme et que le budget du Québec se retrouve miraculeusement équilibré… La société y gagne beaucoup)
Ne serait-il pas opportun que les parties en présence nous disent comment elles réagissent à cette proposition, laquelle règlerait cette crise pour laquelle il n’existe présentement aucun terrain d‘entente ?
Pierre JC Allard