Par les temps qui courent, les nouvelles ne manquent pas au Québec. Le mouvement étudiant poursuit, depuis près de trois mois, sa lutte contre l’augmentation des frais de scolarité. À ce jour, il a su résister aux multiples efforts déployés par le gouvernement et la presse pour le démobiliser et le diviser. L’usage de la force policière, celui des injonctions sans oublier les prises de position des analystes, des commentateurs et commentatrices de la presse officielle ne sont pas parvenus à éteindre la flamme de ce mouvement. La vieille consigne « diviser pour régner » est toujours à l’oeuvre.
Il y a quelque chose de bien particulier qui attire mon attention. Pendant que nos médias y vont à pleine page contre le mouvement étudiant et se font les promoteurs d’une intervention autoritaire du gouvernement pour mettre fin à ces manifestations, souvent présentées comme des manifestations anarchistes, ils se révèlent solidaires et complices, sur leurs pages internationales, des groupes de l’opposition armée syrienne qui font exploser des bombes, tuent d’innocentes victimes et s’attaquent aux institutions gouvernementales. Leurs sources d’information sont rarement remises en question alors qu’elles sont souvent parties intégrantes des forces de l’opposition.
Pour ceux et celles qui l’ignoreraient, le président actuel Bashar Al-Assad a été confirmé, en juillet 2000, comme président de la Syrie par un référendum national auquel a participé la grande majorité des Syriens. Il a donc une légitimité démocratique. De plus, en février dernier, un projet de nouvelle constitution a été soumis au peuple qui l’a accepté avec une forte majorité. Tout récemment, le 7 mai dernier, des élections législatives ont permis à 9 partis politiques de faire leur entrée au Parlement. En Syrie, existe donc un régime de droit, si imparfait soit-il, qui doit être respecté. La presse qui n’est pas soumise aux diktats de l’Occident nous livre une version des faits qui ne se retrouve pas dans nos journaux et encore moins sous la plume de nos éditorialistes et analystes. Cette fin de semaine-ci,plus de 100 personnes, d’innocentes victimes, au nombre desquelles de nombreux enfants, ont été tuées, massacrée. Selon nos médias et les sources qui les alimentent ce serait le gouvernement lui-même qui aurait commis ces crimes, ce que dément, évidemment, le gouvernement qui a ordonné une enquête indépendante pour que lumière soit faite.
Ce qui s’est passé en Libye nous en a appris beaucoup sur les mises en scène servant à conditionner l’opinion publique internationale. La Syrie n’y échappe pas. Voici un très bon article sur les derniers évènements : Carnage à Houla: entre vérité et arnaque. Le président de la mission de paix des Nations Unies, Kofi Annan, à son arrivée à Damas, a rencontré le Président et a fait un appel à toutes les parties qui ont des armes à les abandonner. Sa requête ne s’adresse pas uniquement aux forces gouvernementales qui ont toujours la responsabilité d’assurer la sécurité des citoyens, mais aussi aux forces armées d’oppositions et aux terroristes qui sèment terreur et désolation dans le pays. Encore faudrait-il que son appel arrive aux pays qui alimentent en armes et en propagande les insurgés. Plusieurs membres du Conseil de sécurité en font partie.
En supplément, quelques articles dont nos médias officiels ne nous parlent pas.
- Gregorios III : « une dictature de la presse sur la crise syrienne »
- Sheik Imran Hosein considère les opposants au régime syrien de Bachar el-Assad comme des terroristes payés
- Une situation bien plus nuancée que celle présentée en Occident
- Historien: Le peuple syrien est à la merci d’escadrons de la mort soutenus par l’OTAN
- La « touche » AFP : hypocrisie & désinformation
- Les facteurs géopolitiques de la guerre impérialiste contre la Syrie
- Vastes exercices militaires US à la frontière jordano-syrienne (12 mille soldats issus de 17 pays) sous la direction d’un général de l’armée états-unienne)
- Damas vue par une Tunisienne
- Témoignage d,un religieux français
- Camp d’entraînement au Kosovo pour des terroristes syriens
Qu’en pensent Harper, Charest, Obama, nos éditorialistes et nos fameux analystes à la radio et à la télévision et tous les autres ? Que pensent-ils du respect du droit international et de la loi en Syrie? Que disent-ils de ces terroristes que financent nos plus proches alliés?
La vérité, c’est que le droit et la loi leur importent peu. Ce qui compte, ce sont les intérêts pour lesquels ils oeuvrent. Le double langage et la double morale font partie des moeurs politiques et éditorialistes de nos sociétés occidentales. En prendre conscience est déjà faire un grand pas en avant.
Oscar Fortin
Québec, 29 mai 2012