Archives mensuelles : juin 2012

Prostitution: pour ou contre la légalisation?

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Les enjeux de la prostitution

Dans le Journal de Montréal, Lise Ravary signe un texte sur les enjeux touchant la prostitution. Un débat qui ne cesse de revenir dans l’actualité depuis des décennies mais dont nous devrons éventuellement trancher.

Raymond Viger Dossiers Prostitution, Sexualité

prostitution-escorte-prostituee-bordel-sexualite-légalisation-prostitutionSuite à l’essai de Réal Ménard de parker les prostituées d’Hochelaga-Maisonneuve sur un terrain vague pour y tolérer la prostitution, le 21 juin dernier, Lise Ravary, dans son blogue du Journal de Montréal, se positionne sur la légalisation de la prostitution.

Lise Ravary fait un excellent résumé de l’état de la situation. Des positions que nous décrions depuis des décennies. Les points soulevé par Lise Ravary ont déjà fait parti de nos écrits depuis longtemps. Il est intéressant qu’ils soient maintenant accessibles à un plus grand nombre. Mais je m’attriste que nous ayons à répéter si souvent et si longtemps les argumentaires pour en arriver à faire le débat social sur la prostitution.

Légaliser la prostitution?

Je suis toujours sidéré de lire des commentaires de gens qui pense régler facilement les conséquences désastreuses de la prostitution par la simple légalisation de la prostitution. Comme la légalisation de  l’alcool en 1919 ou encore du jeu en 1969, certains diront. Cependant, l’alcool et le jeu sont des produits et non pas des êtres humains. On ne peut pas mettre une personne qui se prostitue sur le même pied d’égalité qu’une bouteille de bière!

Les gens qui sont en faveur de la légalisation de la prostitution ne semblent pas lire les rapports provenant des pays qui l’ont fait. En Allemagne, seulement 1% des prostituées s’étaient enregistrées auprès de l’état! Mme Ravary souligne aussi très bien les augmentations du nombre de prostituées de rue provenant de la légalisation de la prostitution.

Témoignages de prostituées

En tant que travailleur de rue et intervenant, j’ai accompagné plusieurs prostituées dans leur cheminement. Si on légalise la prostitution, qu’est-ce qu’on fait avec la prostituée qui est malade physiquement ou psychologiquement? Aucune institution qui louerait les services de prostituées vont n’en vouloir. Ni le privé, ni l’état. Elles demeureraient encore une fois à la rue mais en devant se cacher et s’isoler encore plus.

Je suis aussi navré d’entendre quelques prostituées parler du ”travail du sexe” et de vouloir en faire un travail comme les autres. Ces quelques prostituées, qui disent parler au nom de toutes les prostituées, n’ont même pas le soutien de la majorité des prostituées de rue. Quelles sont leurs réelles motivation dans ce débat politique?

Illustration Mabi. Blogue de Lise Ravary.

Autres textes sur la légalisation de la prostitution.

Témoignages de Prostituées.

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Classé dans Actualité, Élections, économie, environnement, Raymond Viger, santé

L’athéisme doit-il militer?

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Disons la chose sans mettre de gants: Dieu, être spirituel engendrant et assurant la cohésion du monde matériel, n’existe pas. C’est une catégorie philosophique erronée, une légende populaire montée en graine, une vue hyperbolique de l’esprit bonifiant et magnifiant un ensemble de caractéristiques abstraites fondamentalement incompatibles et incohérentes. La persistance faussement universelle de ce mythe vieillot s’explique assez simplement par le fait qu’il est une projection intellectuelle magnifiante de l’être humain ou du monde (et l’être humain et le monde sont partout dans le monde humain), un peu comme le serait, par exemple, un fantôme ectoplasmique ou un mirage visuel au bout d’une longue route par temps sec. Toute culture où il y a des hommes et des femmes de tailles différentes, des enfants et des adultes, des malingres et des balèzes, produira inévitablement des légendes de géants et de nains sans se consulter entre elles, de par un jeu de projections logiques constantes et similaires du plus petit et du plus grand. L’universalité de ces propensions mythifiantes ne garantit en rien l’existence objective des titans, des lutins et de leurs semblables de tous barils ethnoculturels.

Le dieu (vaguement masculin et débonnaire ou intégralement inerte, neutre et inactif) n’existe pas. Aussi, privée de cette catégorie fondamentale irrecevable, la légitimité tant descriptive que morale des religions s’effondre comme un château de carte. Ne disposant pas réellement des fondements effectifs autoproclamés qu’elles se sont attribuées au fil de l’Histoire sans débat ni critique, les religions et leur perpétuation n’en reposent pas moins sur d’autres fondements qui, eux, n’ont absolument rien de divin. J’en dénombre quatre:

Peur: la panique, l’épouvante face à la maladie, la mort, le danger de perdre un enfant, l’instabilité politique, les cataclysmes naturels, l’incertitude face à l’avenir d’une vie douloureuse sont des carburants puissants de la religiosité. Il est connu qu’une personne en situation terrorisante, dans un accident ou dans des circonstances climatiques compromettant la survie, régresse mentalement et appelle son dieu comme un enfant appellant un adulte à l’aide. Loin de garantir quelque caractère fondamental ou universel à ce dernier, ce fait démontre plutôt à quel point croyance religieuse et déséquilibre ou délabrement mental sont proches l’un de l’autre.

Ignorance: un lourd et archaïque relent de cosmologie simpliste et d’anthropologie délirante gorge les religions, tant dans leur élévation dogmatique que dans leurs recommandations pratiques. Ignorant les causes du tonnerre, des éclairs, de la guerre et de la maladie, l’enfant humain imagine des colères, des illuminations, des déterminations politiques issues d’un cosmos anthropomorphisé. Le recul de l’ignorance et une meilleure connaissance du fonctionnement effectif du monde et des sociétés éloignent la religiosité comme représentation descriptive et explicative du monde. Tout progrès social entraîne de facto une révolution des savoirs qui fait reculer l’esprit religieux

Conformisme: la résorption des peurs irrationnelles et de l’ignorance face au monde ne suffit pas pour terrasser les religions institutionnalisées. Celles-ci s’appuient sur un autre ressort particulièrement insidieux et puissant: le conformisme social et familial. Combien de gens perpétuent des croyances qu’ils n’endossent plus chez leurs enfants, simplement pour ne pas contrarier leurs parents ou leurs ancêtres? Ce genre de soumission de masse, reposant sur des critères émotionnels peut perpétuer des pratiques dévidées des ferveurs censées les fonder pendant des générations. La tradition est une forte d’inertie mécanique dont il ne faut pas négliger la pesante portée réactionnaire.

Pouvoir social d’un clergé: si, en plus de ce lot de plaies, une des castes de votre société se spécialise dans l’intendance de la choses religieuse, là vous avez un puissant facteur de perpétuation sur les bras. Les clergés oeuvrent exclusivement à leur propre perpétuation et, pour ce faire, ils se doivent de voir au maintient en circulation de la camelote qu’ils fourguent. Ils analysent donc très finement la peur, l’ignorance et le conformisme qui mettent le beurre sur leurs tartines malodorantes et déploient de formidables énergies à les perpétuer, les maintenir, les solidifier. Tous les clergés dans tous les cultes sont des agents de freinage des progrès sociaux et mentaux. Les cléricaux sont des ennemis pugnaces et acharnés de la connaissance objective et informée du monde et de la vie sociale.

La religion est une nuisance intellectuelle et morale. C’est une force sociale rétrograde misant sur des pulsions individuelles régressantes. Tout progrès social significatif se complète d’une rétraction et d’une rétractation des religions. Ce long mouvement historique ne se terminera qu’avec la décomposition définitive de toute religion institutionnalisée ou spontanée. Ce jour viendra. Voilà.

Le voilà notre bon et beau manifeste athée. Il est clair, net, balèze, béton, superbe. Je l’endosse avec la plus intense des passions et la plus sereine des certitudes. J’éduque mes enfants en m’appuyant solidement sur ses fondements. Je vis par son esprit et dans la constance de sa rationalité supérieure. Banco. Bravo. On fait quoi maintenant? On l’imprime en rouge sang sur des feuillets grisâtres et on le distribue au tout venant? On en fait un beau paquet de tracts incendiaires que l’on met en circulation dans tous nos réseaux de solidarité? On fait pression sur un parti de gauche ou un autre pour qu’il en fasse une composante intégrante de son programme politique? Mieux, on crée la Ligue Athée du [épinglez le nom de votre contrée favorite ici]. Ce ne serait pas la première formation politique à plate-forme étroite et hyper-pointue. Il y a bien des Partis Verts  et des Parti Marihuanas pourquoi pas des Partis Athées? Bon sang que c’est tentant, surtout dans la conjoncture lancinante et interminable de pollution d’intégrisme religieux actuelle. Je vois d’ici notre premier slogan:

LA RELIGION N’EST PLUS L’OPIUM DU PEUPLE,

ELLE EST LA COCAÏNE DES EXTRÉMISMES

Ce serait pétant. Sauf que… La Commune de Paris et le bolchevisme léninien n’ont pas cédé à cette tentation miroitante de l’athéisme militant. Lucides, ces projets politiques se sont contentés de fermement restreindre la pratique des religions à la sphère privée et de forclore toute propension théocratique dans l’administration publique de leur république. C’est certainement une chose à faire et bien faire. Sauf que pourquoi donc, mais pourquoi donc en rester là?

Tout simplement parce que le déclin de la religion, la déréliction, ne se décrète pas, elle émerge. On ne proclame pas plus la fin de la religion qu’on ne proclame la fin de l’enfance. Il faut éradiquer la peur, l’ignorance, le conformisme et bien circonscrire la vermine cléricale dans ses tanières (qui deviennent lentement ses musées). La religion tombera alors, inerte et inutile, comme une feuille d’automne. L’athéisme ne doit pas militer, il doit laisser l’effet des progrès sociaux échancrer la religiosité comme une vieille étoffe devenue inutile. Militons directement et sans transition pour les progrès sociaux à la ville et l’athéisme militera bien pour lui-même dans les chaumières.

Frapper la religion au tronc plutôt qu’à la racine c’est la faire bénéficier d’une intensité d’attention qu’elle ne mérite plus. Cela l’alimente en jetant de l’huile dans le feu de son bûcher. Fabriquer des combattants de dieu en creux c’est alimenter le fanatisme et l’intégrisme des martyrs en plein. Laissons aux cagoules leurs procédés de cagoules et limitons le débat théologique à la ferme intendance de la tolérance multiculturelle et à la circonscriptions de la rigueur doctrinale à la sphère privée. Les enfants des croyants se débarrasseront à leur rythme et selon leur logique et leur modus operandi des croyances éculées qui leur nuisent. Ils les convertiront en ce qu’ils voudront. Nous ne sommes pas ici pour éradiquer la religion mais pour empêcher son héritage mourant de continuer de nuire à la société civile. À chaque culte de construire le mausolée, le sarcophage ou le cénotaphe de sa doctrine à sa manière.

Souvenons-nous et méditons sereinement la profonde sagesse de L’Encyclopédiste Inconnu qui disait: la vérité n’engendre jamais le fanatisme.

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Classé dans Actualité, Paul Laurendeau

Ne me faites pas pleurer …

Luka Rocco Magnotta, accusé d’avoir assassiné et démembré son présumé amant, Jun Lin, – dont la tête est toujours manquante, le torse retrouvé dans une valise aux ordures dans le quartier Côte-des-Neiges, des membres expédiés à Ottawa et dans la région de Vancouver – ferait confiance, aux dires de l’avocat ontarien Luc Leclair, au système judiciaire canadien. Et il serait revenu volontairement au Canada ayant renoncé à ses droits (de contester) l’extradition, parce qu’il VOULAIT faire face à ses accusations.

 

Je crains que ces trois commentaires ne constituent des voies d’attendrissement pour cet individu qui a plaidé non coupable et choisi de subir ultérieurement un procès devant juge et jury.

De l’attendrissement pour la famille de la victime

Réservons notre attendrissement pour les parents de Jun Lin dont l’épreuve dépasse tout entendement. Retrouver le corps de leur enfant en pièces détachées me semble inconcevable.

La justice va faire son chemin

Faisons tout de même confiance à nos pairs dans le règlement de cette affaire.

Carolle Anne Dessureault

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Classé dans Actualité, Carolle-Anne Dessureault

La question canadienne et québécoise

LE CONTEXTE GÉNÉRAL


Nous vivons à l’ère de l’impérialisme stade suprême du capitalisme. L’impérialisme connait des crises économique, financière, monétaire, politique et militaire et, pour survivre, les puissances impérialistes guerroient entre elles et agressent les peuples du monde ainsi que le prolétariat international dans chaque pays impérialiste ou néo-colonisé (1).

Quatre alliances internationales majeures se disputent l’hégémonie sur les marchés, sur les sources de matières premières et les zones d’exportation des capitaux en vue de  spolier la plus-value ouvrière, unique source de profits.  L’Alliance de coopération de Shanghai dirigée par la Chine et son alliée l’Alliance de coopération Eurasiatique (Russie) sont les alliances montantes; l’ALENA, cœur de l’Alliance atlantique, dirigée par les États-Unis d’Amérique est en déclin tout comme l’Union européenne, en cours de restructuration dirigée par l’Allemagne et la France (2).

L’ère des révolutions nationales démocratiques bourgeoises, amorcée avec la révolution anglaise (1649) et poursuivie par la révolution française (1789), puis la révolution chinoise (1949) a décliné avec la révolution bolchévique (1917) qui a marqué le début des révolutions socialistes prolétariennes et le commencement de la fin des révolutions nationales démocratiques bourgeoises et le déclin de l’impérialisme.

Depuis la victoire de la révolution iranienne environ (1979), les luttes de libération nationale ne sont plus que l’exception dans quelques pays néocoloniaux, semi-féodaux et semi-agraires d’Orient et d’Afrique. Ailleurs dans le monde, là où les rapports de production capitalistes prédominent, aucun préalable démocratique bourgeois, nationaliste ou populaire ne s’interpose dans la lutte titanesque qui oppose le prolétariat et les grands capitalistes;  le travail et le capital;  le socialisme et le capitalisme. Les deux classes sont face à face et, pour le moment, le prolétariat semble  désorganisé et bien démuni face à son ennemi apparemment tout puissant…mais attention…

Le Canada, comprenant l’État-nation du Québec, est un pays impérialiste de puissance moyenne totalement intégré à l’ALENA, à l’OTAN et à l’Alliance atlantique en déclin sous l’hégémonie étatsunienne. C’est dans ce contexte économique, politique, idéologique et militaire mondial que le nationalisme en général et que la question nationale canadienne – comprenant la question québécoise – doivent être analysées, expliquées et comprises.

LA QUESTION NATIONALE CANADIENNE ET QUÉBÉCOISE

Que ce soit au Canada ou dans tout autre pays à travers le monde, chaque classe sociale a ses propres intérêts à défendre, son propre point de vue à promouvoir et sa propre praxis à développer en ce qui a trait au nationalisme et la question nationale.
L’Acte de l’Amérique du Nord Britannique (AANB), qui tient lieu de constitution canadienne depuis 1867, a scellé l’alliance de la bourgeoisie canadienne d’origine britannique et de la bourgeoisie canadienne d’origine française et elle a mis un terme à l’oppression nationale de la nation québécoise. Dans le cadre de l’AANB, les tâches nationales démocratiques bourgeoises furent satisfaites aussi bien pour le Canada que pour l’État-nation du Québec et dès lors la bourgeoisie québécoise s’arrogea le droit à l’autodétermination jusqu’à et y compris la sécession. Le fait qu’elle n’invoqua ce droit qu’un siècle plus tard ne change rien à ce constat. Cette classe dominante s’empara de l’administration de son État-nation et conquit peu à peu le contrôle de son économie nationale capitaliste marchande, puis capitaliste industrielle, puis capitaliste financière. Aujourd’hui, cette bourgeoisie francophone impérialiste brade les ressources naturelles du sol du Québec, pressure les nations autochtones, exploite le prolétariat québécois francophone et anglophone et soutien l’armée canadienne dans ses tâches de soutien aux agresseurs européens et américains, en Libye notamment (3).

À partir de 1945 environ, la bourgeoisie québécoise a remis en cause le partage des dividendes tirés de l’exploitation des ressources, de la force de travail et des revenus fiscaux glanés au peuple québécois. La moyenne bourgeoisie d’affaires et d’industrie (PME), alliée à la petite bourgeoisie cléricale et intellectuelle, imagina la tactique du « chantage à la souveraineté » afin d’obtenir un nouveau partage des revenus fiscaux et des compétences gouvernementales de la part du gouvernement fédéral et en faveur de sa grande bourgeoisie impérialiste francophone et anglophone.

Au cours de la période 1945-1976, la phase de la « Révolution  Tranquille », la moyenne et la petite-bourgeoise québécoise, au service du grand capital impérialiste québécois, utilisèrent l’appareil d’État pour doter le « pays du Québec » d’infrastructures économiques, industrielles, de transport et de services sociaux visant à assurer l’exploitation des ressources et surtout de la force de travail dans les meilleures conditions pour son expansion et pour accueillir les investissements impérialistes, particulièrement ceux d’origine américaine.

Au cours de la période 1976-1995, les mêmes classes au service de la même classe capitaliste monopoliste francophone ont utilisé l’appareil d’État pour recueillir et administrer le crédit, l’épargne et le capital financier en circulation au Québec afin d’assurer leur intégration de classe dans l’ensemble économique et financier continental nord-américain (l’ALENA). Aujourd’hui, leurs dirigeants (politiques, industriels et financiers) négocient un traité de libre-échange avec l’Union européenne et visitent la Chine pour s’aboucher avec cette nouvelle  puissance impérialiste montante.

Après avoir cédé pendant cinquante années au « chantage à la souveraineté », suite à trois référendums ayant mené au rejet populaire des projets manigancés d’accords   constitutionnels pour le repartage des bijoux de familles entre cliques de voleurs, les capitalistes monopolistes québécois ont dû se résigner au statu quo constitutionnel.  Présentement les capitalistes monopolistes canadiens – comprenant leur section québécoise francophone – stimulent le chauvinisme national afin d’accaparer les ressources du grand Nord canadien jusqu’au-delà de la terre de Baffin, arrachées aux Premières Nations autochtones et inuit. Ils confrontent leurs amis impérialistes étrangers pour le contrôle du passage du Nord-Ouest qu’il présente comme une lutte populaire.

La classe capitaliste monopoliste canadienne – comprenant sa section québécoise francophone – est fortement préoccupée par les crises économiques, financières, industrielles et militaires qui secouent l’Alliance atlantique face à ses concurrents d’Europe et d’Asie (4). La classe capitaliste monopoliste canadienne et québécoise n’a que faire des querelles à propos du partage des oripeaux nationaux québécois. Aussi, le mouvement nationaliste québécois s’étiole et se fragmente en de multiples sectes et clans plus ou moins pratiquants et orthodoxes abandonnés par leur classe de tutelle.

La classe ouvrière canadienne – comprenant sa section québécoise laissée à elle-même par la trahison des clercs gauchistes, opportunistes et révisionnistes – a cependant été peu contaminée par l’idéologie nationaliste chauvine des aristocrates ouvriers, de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoise en faveur d’un Québec fort ou indépendant dans un Canada uni ou fractionné.
La classe ouvrière canadienne comprenant sa section québécois se tient à distance de ces arguties et de cet activisme nationaliste qui ne s’attaquent nullement à la contradiction fondamentale de notre époque, celle qui oppose le travail salarié, socialisé et organisé et le capital privé et anarchique; la contradiction entre les forces productives disponibles mais sous-utilisées et gaspillées, dont le développement demeure entravé par la propriété capitaliste privée des moyens de production dilapidés.

Aucune étape ne se pose en préalable à l’insurrection de la classe prolétarienne, ni « libération » nationaliste bourgeoise, ni réforme démocratique bourgeoise, ni démocratie populaire, ni alter-mondialisme libertaire; que la libération du prolétariat et avec lui du peuple tout entier. Oui, un autre monde est possible, le monde du socialisme. Le parti de la classe ouvrière a pour unique tâche et pour unique programme politique d’organiser la classe ouvrière sous tous les aspects de la lutte des classes afin de renverser le pouvoir de la classe capitaliste monopoliste et son système économique, politique et idéologique impérialiste décadent, quel que soit l’ethnie ou la langue d’usage de ces impérialistes (5).


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(1)   Le lecteur pourra consulter les parties un et deux du document aux adresses suivantes : Partie 1  http://les7duquebec.com/2012/06/13/le-nationalisme-a-t-il-un-avenir-international/   et  Partie 2 http://les7duquebec.com/2012/06/20/le-nationalisme-a-t-il-un-avenir-international-2em-partie/

(2)   L’Union Européenne, est constituée de 27 pays européens soumis à l’hégémonie de l’Allemagne et de la France partenaires prépondérants.  L’ALENA ou Accord de libre-échange nord-américain regroupent les États-Unis, le Canada et le Mexique. La Communauté économique eurasiatique regroupe quelques pays de l’ancienne URSS sous l’hégémonie de la Russie (Kazakhstan, Biélorussie et autres ex-républiques). L’Alliance de coopération économique de Shanghai regroupe sous l’hégémonie de la Chine, non seulement la Russie mais aussi le Kazakhstan, l’Iran et quelques pays aspirants comme le Brésil et l’Inde. etc. que l’on identifie souvent comme le BRIC. http://fr.wikipedia.org/wiki/Union_europ%C3%A9enne

(3)   Canada et Québec en Libye http://www.lapresse.ca/international/dossiers/crise-dans-le-monde-arabe/201109/25/01-4451274-mission-canadienne-en-libye-une-facture-de-60-millions-depuis-six-mois.php et Le gouvernement du Québec brade les ressources naturelles et l’électricité à vil prix :  http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/352982/le-plus-important-projet-ferrifere-au-quebec-progresse-a-grands-pas?utm_source=infolettre-2012-06-21&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

(4)   Raul Zibechi (2012). La nouvelle alliance militaro-industrielle entre l’Inde et le Brésil. http://www.pressegauche.org/spip.php?article10054

(5)   Vincent Gouysse. (2010). Le réveil du dragon. 459 pages. http://www.marxisme.fr Vincent Gouysse. (2009). Crise du système impérialiste mondial. 230 pages. http://www.marxisme.fr

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Classé dans Actualité, Robert Bibeau

Commission Charbonneau, c’est mal parti!!!


Mercredi 20 juin 2012 :

Décrivons la situation globale :

1)      Le rapport Duchesneau est le grand responsable de l’existence de la commission d’enquête publique Charbonneau.

2)      La commission Charbonneau est en à ses premiers jours « publics ».

3)      La déposition de M. Duchesneau consiste en une simple mise en place des « pistes » que traitera la commission d’enquête au départ.

4)      Personne ne prend conscience que M. Duchesneau n’est pas convoqué   comme « témoin à charge » sur la collusion/corruption mais bien comme témoin nécessaire pour « expliquer » et donner certaines « précisions » pour la bonne compréhension de son rapport fourni par son équipe de l’UAC. Le rapport lui-même, résultat d’un travail d’équipe, est le « témoin à charge ».

5)      Certains avocats, en contre interrogatoire, ne posent pas de questions pour mieux comprendre le rapport, mais visent très clairement à discréditer M. Duchesneau. Entre autre maître Denis Houle, qui s’embourbe continuellement dans ses références et ses questions, qu’il parsème continuellement de commentaires discriminatoires, agrémentés de « grimaces ». Lors de son premier contre-interrogatoire, il fut mis à l’ordre au moins trois fois par la juge Charbonneau. Sa présentation n’est pas très convaincante sauf qu’elle pourrait démontrer qu’il est coincé dans un enchevêtrement de magouilles à travers lequel il doit naviguer sans laisser de possibilité d’ouverture sur quelque magouille que ce soit. Ce qui n’est certainement pas facile, on en convient. Voici un exemple de ses interventions :

-«Vous arrivez dans presque tous les cas avec un seul exemple, une citation. Des fois, on ne sait pas d’où ça vient. Mais de là à généraliser pour parler de corruption, je trouve que vous y allez fort.»

«Et moi, de vous entendre banaliser une situation, je pourrais aussi vous répondre que vous y allez fort», a répliqué Jacques Duchesneau du tac au tac.

6)      L’avocate Me Tremblay, du Parti Québécois, s’est extrêmement bien préparée pour son contre interrogatoire. Elle pose des questions pour faire ressortir des points qu’elle juge ne pas être assez précis et fait, au départ, un très bon travail. On ne sait pas encore où elle ira avec ce contre interrogatoire. Pour l’instant, elle ne s’attaque pas à la crédibilité du rapport. En fait s’attaquer à la crédibilité du rapport est inutile puisque si le rapport perd sa crédibilité, la commission d’enquête Charbonneau devient obsolète. C’est peut-être le but visé par ceux qui s’attaque à la crédibilité du rapport en question.

La fin de son contre-interrogatoire est comme une explosion de fiel qui vise un but très précis : Discréditer M. Duchesneau et mettre la main sur les informations au sujet du 70% d’argent sale dans le financement des partis politiques. Houle et Tremblay l’appuient dans sa démarche et visent le même but.

7)      L’avocat du Ministère des transports est arrivé, quant à lui, « enragé bin noir » pour poser des questions à M. Morin, lui demandant s’il avait vérifié lui-même, personnellement, une affirmation contenue dans un des tableaux « explicatifs » du rapport. M. Morin lui a répondu qu’il était là pour représenter la quinzaine d’enquêteurs de l’UAC et qu’on ne pouvait pas lui demander d’avoir vérifié toutes les données fournies par ces enquêteurs. Lorsqu’il a répondu, M.Morin a dit : « Je présume que la vérification a été faite. ». L’avocat à tout de suite  rétorqué : « Vous présumez. Donc est-ce que tout ce qui est dit dans le rapport sont des présomptions et dois-je comprendre que rien n’a été vérifié? » Sans le vouloir, il venait de démontrer qu’il sait très bien qu’il existe des « collusions » au MTQ.

Sa question-piège portait sur un total de factures payées par le MTQ. Il informa M. Morin : « Savez-vous que ces paiements furent fait pour payer la fourniture de…( matériaux), factures acceptées par une municipalité? » M. Morin a alors manqué une belle occasion de lui remémorer que la nature de ce qui se trouve sur la facturation n’a aucune importance puisqu’il peut très bien être question de « fausse facturation » et que dans ce cas, le MTQ n’est pas en cause d’avoir payé ces factures. L’avocat aurait peut-être « pris son trou ». De toute façon il doit revenir questionner M. Duchesneau duquel il a exigé, sur le moment, qu’il ne réponde pas à la place de M.Morin. Ce contre-interrogatoire sera certainement intéressant. Cet avocat du MTQ s’installe dans le même panier de crabe que l’avocat des grandes entreprises M. Houle et celui du Parti Québécois Me Tremblay.

Ajoutons que la commissaire en chef, la juge Charbonneau, a averti tout le monde qu’elle ne permettrait pas que les contre-interrogatoires suivants soient fait avec autant d’agressivité qu’avait démontré maître Boucher. Sans s’imposer de façon péremptoire, on sent que la juge Charbonneau est en maîtrise de sa commission; mais elle laisse la corde nécessaire aux intervenants pour qu’ils puissent se pendre, s’ils le désirent. Cela est très « démocratique », sinon très intelligent de sa part. Il est clair que si elle le veut, elle parviendra à démolir ce système « mafieu » qui contrôle notre société.

La question est : Est-ce que les autorités lui mettront des bâtons dans les roues seulement en envoyant l’UPAC faire des arrestations pour placer les coupables sous le « parapluie » des « enquête en cours » pour bloquer les enquête à ce niveau, ou vont-elles agir avec plus de détermination?

Pour revenir à l’avocate du Parti Québécois, sa dernière demande regardait les informations que M. Duchesneau avait reçu après avoir quitté l’UPAC. Elle voulait mettre la main sur ces infos qui avait de grandes chances d’impliquer le PQ.  Elle a donc tenté d’annuler la validité de M. Duchesneau au niveau de sa direction de l’UAC ainsi qu’à la valeur recevable de son dernier rapport « bénévole » en essayant de le rendre « illégal ». Par contre, ce rapport ne contient que ce qui a été mentionné à M. Duchesneau par des personnes qui ont demandé à le rencontrer et non des dossiers de résultats d’enquêtes sur des gens désignés par les 13 personnes qui l’ont approché. Ce rapport « bénévole » devient donc partie de ce que la juge Charbonneau appelle des « ouïe-dires » et peut être parfaitement remis à ses enquêteurs pour qu’ils enquêtent sur ces informations.

D’un autre côté, ce « rapport bénévole» sur le financement des partis politiques a énormément d’importance aux yeux des gens « impliqués ». Pourquoi? Tout simplement parce que M. Duchesneau, lorsqu’il l’a commenté, a affirmé que suite aux travaux de l’UAC, tous étaient sous l’impression de l’existence d’un empire dirigé par certains mafiosi de la construction, mais que ce dernier rapport « bénévole » démontrait que l’empire mafieu en question était sous la coupe du financement des partis politiques. Ses paroles exactes sont : « «Dans notre premier rapport, on a parlé d’un empire insoupçonné. Mais en fait, l’ampleur insoupçonnée, c’est le financement illégal des partis politiques». Il a ensuite complété son affirmation en expliquant que le financement des partis politiques ne viennent pas du « système de contrôle » des entreprises de construction et des firmes de génie civil, ce qui serait un mouvement de « push »; mais est plutôt « exigé » par les financiers de partis politiques; ce qui devient un mouvement de « Pull » de leur part. Résultat : Les vrais chefs « mafieux » sont dans la politique. On comprend mieux, alors, la réaction agressive des différents avocats en contre-interrogatoire. Une autre assertion de M. Duchesneau qui n’est pas vraiment mise en valeur, est que ce 70% d’argent « sale » sert à « enrichir certains « élus« . Ce qui semble en inquiéter plusieurs d’après les réactions.

Si jamais ce « rapport bénévole » avait été reconnu comme « non valide » en tant que source d’information à la commission, ce que voulait Me Tremblay appuyée par les autres avocats présents, il devenait impossible à la juge Charbonneau, d’accepter toute « dénonciation » faite par M.Tout-le-monde pour justifier une enquête. Le but visé par l’avocate Tremblay semble d’avoir voulu « édenter » la commission Charbonneau et lui enlever toute sa raison d’être. Son attaque sur la crédibilité de M. Duchesneau s’avérait d’une ampleur encore plus « large » que ce qui avait été tenté jusqu’à ce moment-là. Mais peut-être ne l’avait-elle pas perçu elle-même? Il est permis d’en douter.

Après délibération en privé, la juge Charbonneau est revenu pour expliquer les raisons qui justifiaient sa décision de ne pas donner l’accès aux informations aussi longtemps que la commission n’aura pas enquêté et décidé de la pertinence de l’information fournie par M. Duchesneau. Par la suite, les avocats pourront contre-interroger les témoins qui se présenteront à ce sujet. Décision, de la juge commissaire en chef, qui était parfaitement facile à prévoir.

La juge Charbonneau semble vouloir laisser les avocats tenter de discréditer M. Duchesneau autant qu’il le veulent (c’est d’ailleurs leur droit); car cela lui démontre (à la juge) à quel point le rapport touche des points très sensibles à chacun; et l’action des avocats ne font qu’identifier ces points sensibles. Ce qui est un avantage pour les travaux de la commission.

D’un autre côté, chez les médias, on veut absolument atténuer l’importance de cette commission d’enquête. À LCN on ne donne plus que quelques reportages assez bien commentés cependant, et on y a éliminé la commission « en direct ». Ce qui leur laisse un certain « contrôle » sur la diffusion de l’information. Chez RDI on a engagé une ex-juge qui semble écouter ce qui se dit à la commission que d’une oreille peu attentive parce que lorsqu’elle commente, elle laisse de côté le fond argumentaire des témoins, tout autant que le fond argumentaire des commentaires de la juge Charbonneau. Je plains les gens qui se sont expliqués devant cette personne à l’époque où elle était juge; mais peut-être qu’à l’époque, son « écoute » n’était pas encore à la retraite. Il est également possible que ses « convictions » la fasse pencher vers le gouvernement et sa « démocratie » qui devient, de plus en plus, la cible à identifier. Heureusement que l’avocate-journaliste Isabelle Richer est souvent présente pour « rectifier le tir » de l’information.

Jeudi le 21 juin :

Dernière session publique de la commission d’enquête Charbonneau.

Il débute avec me Chartrand qui dépose les items demandés lors des contre-interrogatoires. Un seul item est refusé d’être déposé parce que l’UPAC s’y oppose formellement. C’est la liste des 200 entreprises qui sont actuellement sous enquête.

Ensuite vient le contre-interrogatoire de me Boucher qui, la veille, s’était présenté comme un « pitbull déchaîné ». Aujourd’hui, suite à l’avertissement d’hier donné par la commissaire-chef,  la juge Charbonneau, on a plutôt eu droit à un contre-interrogatoire du type « chihuahua  offusqué ». Autant hier, me Boucher avait l’air sûr de lui, autant, aujourd’hui, il s’est trouvé embarrassé dans certaines de ses questions desquelles il croyait connaître la réponse mais sur les quelles il était mal informé. Notamment sur le contrat de M. Duchesneau, base de tout son argumentaire, qui contenait un « avenant » qu’il ne connaissait pas. À noter que le MTQ lui a fournit cet avenant officiel après son contre-interrogatoire (efficacité ministérielle). Finalement, c’est M. Duchesneau qui a eu le dernier mot lorsqu’il a qualifié que l’interrogatoire de me Boucher ne portait que sur des « peccadilles ». Après avoir demandé à M. Duchesneau :

«  –Des peccadilles, vous trouvez? ». M. Duchesneau a répondu : « –Oui! » et le chihuahua s’est retiré complètement débouté, mais satisfait d’avoir montré que les entraves au travail de l’UAC, du début, n’étaient que des « peccadilles ».  On a quand même compris pourquoi, la veille, me Boucher ne voulait pas que ce soit M. Duchesneau qui réponde à la place de M.Morin. Il savait que M. Duchesneau n’était pas un débutant dans un contre-interrogatoire.

La position actuelle de la commission d’enquête est, dorénavant, très bien établie au niveau du public. On doit se rappeler que les pouvoirs de M. Duchesneau étaient extrêmement limités, sinon inexistants. Comparativement aux pouvoirs de cette commission d’enquête qui détient tous les pouvoirs possibles, incluant les informations venues de la GRC comprenant des résultats de système d’écoute.

Nous verrons le 17 septembre prochain l’ampleur de la détermination de la juge Charbonneau à démolir le système de collusion et de corruption qui semble exister dans notre société selon ce que laisse voir le rapport Duchesneau. C’était quelque peu « mal parti » au niveau de la compréhension des intervenants; mais « l’enchaînement » des travaux de la commission se démontre extrêmement bien supervisé par la juge Charbonneau qui est maintenant en position de réussir sa mission, si elle le désire réellement.

Voici une entrevue de M. Duchesneau par Isabelle Richer faite après la fin de session de la commission:

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2012/06/22/004-charbonneau-richer-duchesneau.shtml

Amicalement

André Lefebvre

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CHAREST: LE GAMBIT DU QUI PERD GAGNE.

  
 

On pourrait se demander parfois à quoi diable peut bien jouer Jean Charest.  Au départ, un climat de favoritisme, de corruption et de gabégie dont il est tenu pour le principal responsable fait que les ¾ des Québécois souhaiteraient qu’il disparaisse.  Dans ce contexte,  il pourrait coucher le roi ou, sinon, tout faire pour se faire des amis et se rendre sympathique…

Mais surprise ! Au lieu de faire patte de velours, voici  le vieux matou qui engage une lutte à finir avec les étudiants, sans doute le seul segment de la population qui semble avoir encore un peu d’intérêt pour les pirouettes du cirque politique !  Pourquoi  cette approche qui semble suicidaire ?  Pourquoi, surtout, avoir mené cette lutte de façon si ostensiblement provocatrice ?

L’explication  que favorisent la plupart des gens  est que cette provocation, qui a créé la violence et le chaos, n’a eu d’autre but  que de donner au PLQ, tant discrédité et si mal-aimé,  le rôle du défenseur de l’Ordre qui le fera aimer…. et réélire.  Prenez ce pion que vous ne pouvez pas ne pas voir… Mais peut-on sérieusement croire qu’un piège aussi grossier suffirait à redonner au Gouvernement Charest l’amour du peuple… ?  Peut-on croire que le vieux matou tenterait ce « coup du berger » ?

N’y croyez pas un instant. Voyez plutôt qu’il est évident que le gouvernement libéral n’a pas du tout à se faire aimer pour être réélu … Et donc ne le fera pas.  Voyez que, paradoxalement, c’est au contraire quand on le déteste le plus  passionnément que le Parti Libéral peut jouir de la position électorale la plus favorable .  Si on le déteste LÀ OÙ ÇA COMPTE, bien sûr.   Ca compte dans les circonscriptions où le vote francophone est dominant.

Là où la minorité anglophone a la balance du pouvoir, en effet, le PLQ est gagnant par défaut. C’est son fief  traditionnel… et on remarquera que la crise étudiante n’a pas touché significativement la minorité anglophone. Charest y est plus que jamais en pays conquis.

L’arithmétique d’une victoire du PLQ aux prochaines élections repose donc essentiellement sur un partage équilibré des circonscriptions à dominante francophone entre la CAQ de Legault et le PQ de Marois, sans oublier que, dans une triangulaire, ce partage égal du vote entre CAQ et PQ augmente le nombre des comtés où ce sont les Anglophones qui peuvent devenir dominants !

Rien ne peut mieux « equilibrer » les soutiens à la CAQ et au PQ qu’une haine profonde pour Jean Charest.  À défaut de se faire aimer – ce qui serait bien malaisé –  Charest peut se faire haïr, s’excluant de facto de la triangulaire et permettant ainsi à la CAQ de battre le PQ dans une majorité des circonscriptions francophones. VOYEZ OÙ GAGNAIT L’ADQ !  Là peut gagner la CAQ.

Que se passe-t-il, en effet, si Charest se rend exécrable ?  Un nombre suffisant des Libéraux  – que rien ne pourrait rendre majoritaires – peuvent aller vers la CAQ pour que ce dernier monte dans les sondages et devienne une alternative crédible.  Quand elle est crédible dans les sondages – on l’a vu il y a quelques mois – la CAQ grimpe en flèche et arrache de grands lambeaux de l’électorat è Madame Marois, dont on  ne trahit pas ici de secret en soulignant qu’elle ne suscite pas un enthousiasme populaire délirant.

Il suffit donc à Charest de se faire détester des Francophones, – ce dont il s’acquitte fort bien – et, la clientèle anglophone lui restant totalement acquise, il peut tirer profit d’un split entre CAQ et PQ pour sortir en tête au décompte des circonscriptions.  Prenez ma Reine…. puis vous êtes mat.

N’y a-t-il pas un risque d’emballement ? Supposons que TROP de votes aillent vers Legault ?   D’abord, quand on contrôle les médias et donc les sondages comme les contrôlent  Gesca et Quebecor, un déplacement  bien manipulé du vote du PQ vers la CAQ apparaît sans danger. Mais, supposons néanmoins une bavure… La soupape de sécurité est là.  Il serait facile pour le PLQ de réajuster alors la situation, en prenant quelques mesures  de total aplaventrisme envers la minorité anglophone ou le gouvernement fédéral.

Ces mesures – les plus honteuses le mieux – suffiraient à renvoyer ce qu’il faudrait de nationalistes inquiets vers le PQ, ramenant le soutien de la CAQ sagement en-dessous de celui du Parti Liberal et gardant ce dernier en tête.   Une mesure facile et suffisante,  mais  pourquoi viser si peu ? Avec un peu de travail on aura peut être le temps de faire beaucoup mieux. …

En arrosant la zizanie qui ne manquera pas de naître entre les étudiants et un PQ qui trahit maintenant le Carré Rouge par pur électoralisme, on pourra peut-être faire en sorte que – advenant ce besoin de créer un reflux nationaliste pour contrer Legault – on puisse faire passer les électeurs  les plus férocement anti-Charest directement du CAQ à Québec Solidaire, en sautant l’étapisme mou du PQ de Madame Marois.  If suffit qu’on deteste assez Jean Charest. Si un ou l’autre des leaders étudiants se retrouve en campagne électorale bras dessus, bras dessous avec les deux chefs de QS pour former un triumvirat,  vous saurez qu’ON y aura pensé….

La beauté de cette stratégie de diviser le vote francophone entre CAQ et PQ  – tout en moussant une progression de QS qui à court terme est sans danger pour le Systeme – c’est qu’en aucun moment Charest n’a à se rendre sympathique,  à justifier ses actions passées, à s’engager pour l’avenir ou à quémander des votes, toutes choses qu’il ferait mal. Il n’a qu’à être lui-même, à distribuer des embûches là où elles feront le plus de mal à ses adversaires les plus menaçants … et  à jouer son rôle de politicien astucieux. Ce qu’il fera bien.

Ce faisant, il pourra entrer dans l’Histoire comme encore plus retors que Bourassa, comme le  vainqueur d’une corrida à plusieurs, où il n’aura eu qu’à rendre le peuple fou de rage et à esquiver les charges de la grosse bête. ¡Ole toro!

Et je ne vois même pas une façon efficace et réaliste de contrer cette stratégie….

Pierre JC Allard

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POUR UN ÉTAT HUMANITAIRE

Je n’ai pas d’autres mots pour décrire l’État démocratique dont le mandat principal des élus (es) serait de gérer au mieux les richesses et le patrimoine d’un pays en fonction du bien commun de toute une société. Un État qui respecterait les initiatives privées dans tous les secteurs tant et aussi longtemps qu’elles s’assujettissent aux impératifs et priorités du bien commun. Un État qui ferait sien cet adage : L’État autant que nécessaire, le privé autant que possible.

Les États, sous régime néolibéral, tels ceux qui nous nous gouvernent, se caractérisent, entre autres, par le contrôle oligarchique de leurs divers pouvoirs, mis au service prioritaire des oligarchies dominantes. Les préoccupations du bien commun sont reléguées au second plan. L’exercice de la démocratie, sous ce régime, se ramène à un montage où figurent des partis politiques aux multiples orientations, mais où prédominent, en général, deux grands partis aux orientations semblables. Ces derniers, hautement financés par ceux qui détiennent les pouvoirs économiques et financiers, sont garants d’une servilité à toute épreuve.

La crise économique que vivent actuellement les sociétés néolibérales n’est pas étrangère au dévoilement de ces dessous qui contaminent tout autant la démocratie que ceux qui en sont les principaux acteurs. Les peuples prennent toujours plus conscience qu’ils se font rouler par des prédateurs à cravate et au discours convaincant. Ils réalisent qu’ils sont de plus en plus les bouffons d’une mise en scène qui n’a d’autres objectifs que ceux de prendre leurs richesses et de leur faire payer les factures. Qu’il suffise de regarder ce qui se passe en Grèce, en Espagne, en Italie, en France et dans de nombreux autres pays.

Cette mise en scène a connu des heures de gloire dans plusieurs pays d’Afrique et d’Amérique latine. Mais voilà qu’il y a un réveil, une prise de conscience de ce grand jeu de cette démocratie, placée sous les ordres d’oligarchies. Les peuples se questionnent sur la démocratie qu’on leur présente, sur les dirigeants qui s’en font les porte-parole, sur les mains obscures qui y tirent les ficelles. Ils se demandent pourquoi les impératifs du bien commun ne s’imposent pas, comme priorité, aux élus dont c’est pourtant le mandat. Ils ne comprennent pas que la police ou l’armée s’interpose avec agressivité et violence chaque fois qu’ils manifestent pour faire entendre leur mécontentement ou faire connaître leurs revendications. Ils s’interrogent sur l’usage qui est fait des richesses que renferme leur territoire. Ils ne sont pas sans se demander comment il se fait que leurs principaux dirigeants trouvent si vite fortune et que la justice penche toujours du même bord.

Cette prise de conscience, particulièrement en Amérique latine,  a fait émerger des leaders qui ont approfondi ces questionnements et mobilisé les populations dans le sens d’une action politique pour changer ce type de régime. C’est le cas d’Évo Morales, ex-leadeur syndical, devenu, en 2005, Président de la Bolivie. C’est également le cas d’Hugo Chavez, militaire de formation, devenu Président du Venezuela, en 1999. Il en va de même pour Rafael Correa, économiste, devenu Président de l’Équateur, en 2006.

Ces trois leaders ont en commun le fait de fonder leur action sur ce constat des contradictions du régime politique et économique en place. Ils sont conscients du haut niveau de corruption qui existe parmi les représentants politiques et de l’influence prédominante de Washington, à travers ses ambassades et ses agences gouvernementales, sur les politiques du pays. Ils sont également conscients des grandes inégalités sociales qui existent entre les travailleurs et les classes dirigeantes. Ils se demandent pourquoi autant de pauvreté et de discrimination, alors que leur pays respectif regorge de grandes richesses.

Chacun, à sa manière, a procédé à la mise en place d’une nouvelle constitution, écrite par et pour le peuple. Cette loi fondamentale, à l’image du peuple, sert de base et de référence aux  changements fondamentaux qui s’imposent dans l’organisation politique et la participation du peuple à la gestion des biens publics. Des procédures « anticorruption » ont été mises en place et une plus grande transparence de l’administration publique s’impose pour que les citoyens et citoyennes sachent. Les redevances des minières ont été augmentées. Les entreprises exploitant des secteurs jugés névralgiques pour le développement du pays ont été nationalisées. Les revenus générés, à la suite de ces changements, ont été investis, entre autres, dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’habitation et de la participation citoyenne.

Ces trois pays sont la référence première des pays émergents de l’Amérique latine. Ils sont également la cible de tous les coups bas, portés par Washington et les oligarchies nationales. Chavez a connu son coup d’État militaire en avril 2002, Correa, en 2010 et Évo Morales, en 2008. Ces trois grands leaders, inspiration des peuples de l’Amérique latine, mais aussi de plusieurs autres pays du monde, sont devenus des cibles à abattre. Washington, les oligarchies et l’argent de la corruption agissent pour éliminer ce régime qui place en tête de liste de ses priorités le bien commun du peuple et qui place, à l’endroit où ils doivent être, les oligarchies nationales et les représentations diplomatiques. Ces derniers, peu habitués d’occuper le second rang, ils n’ont plus qu’un seul rêve, reprendre le contrôle de tout.

Nos médias officiels se prêtent plus facilement pour diaboliser ces dirigeants qu’à mettre en valeur les grandes réformes apportées par ces derniers pour mieux répondre aux besoins de leurs peuples. Ils en arriveront même à dénigrer la démocratie participative, celle-là même qui répond le plus adéquatement à ce qu’est vraiment la démocratie : le pouvoir du peuple, pour le peuple. Ils se portent plutôt à la défense de la démocratie, dite représentative, laquelle permet à des élus de diriger, en maitres absolus, avec moins de 25 % de leur électorat. Cette démocratie est évidemment plus commode pour les oligarchies minoritaires qui peuvent ainsi disposer de l’ensemble des pouvoirs de l’État. C’est le cas au Canada, avec M. Harper et au Québec, avec M. Charest. Le peuple n’a absolument rien à dire sur les aventures guerrières du premier, pas plus que sur les transactions de dépossession du Québec du second.

Nouvelle de dernière heure : le président du Paraguay, Fernando Lugo vient d’être destitué de ses fonctions présidentielles par le sénat du Paraguay. Un procès politique qui ne dura que 30 heures tant pour faire connaître les accusations que pour permettre à l’intimé de faire valoir sa défense. Ce temps aura été suffisant à ce Sénat, majoritairement oligarchique, pour condamner ce Président, et le remplacer aussitôt par l’un des leurs.

On se souviendra que Fernando Lugo est cet évêque qui laissa ses fonctions épiscopales pour se consacrer à celles d’un pouvoir, destiné aux classes les moins favorisées et à l’instauration d’une plus grande justice sociale. Son gouvernement s’est inspiré d’une démocratie participative ouverte à l’ensemble de la population. Son malheur a été qu’il ne contrôlait ni le Sénat ni l’Assemblée parlementaire.

Les artistes de la légalité, sous la gouverne de leur tuteur  étasunien, sont parvenus à mettre au point une procédure leur permettant de transformer l’illégitimité d’une intervention en légalité. Nouvelle manière de procéder à un coup d’État en toute légalité. Quelque chose de plus discret de ce qui s’était passé au Honduras, en 2009, lorsque les militaires, sous ordre du sénat, destituèrent le président Manuel Zalaya et l’expédièrent, manu militari, au Costa Rica. Dans un cas comme dans l’autre il s’agit bien d’un coup d’État. Reste à voir ce que le peuple paraguayen fera et comment réagiront les pays de la région. Déjà la Bolivie, l’Équateur et le Venezuela firent savoir que le seul président du Paraguay est celui qui a été élu par le peuple, à savoir Fernando Lugo. Pas question d’en reconnaître un autre. Fernando Lugo est le seul président légitime du  Paraguay. Seul le peuple a le pouvoir de le destituer.

http://www.alterinfo.net/notes/Destitution-du-president-du-Paraguay-reprobation-en-Amerique-latine_b4444014.html

Il ne faudrait pas se surprendre que le réveil arrive jusqu’à nous et que le peuple dise «assez c’est assez». Déjà, le mouvement étudiant a sonné la cloche de la fin de la récréation de ces élus (es), véritables marionnettes au service, non pas du bien commun, mais des intérêts de ceux qu’ils servent. Le régime d’un État humanitaire sera, à n’en pas douter, l’héritage de l’ère nouvelle dans laquelle nous entrons. D’ici là les prédateurs d’hier se feront persistants pour garder leurs privilèges. Tous les moyens, pour eux, seront bons.

Bonne fête nationale aux Québécois et aux Québécoises

Oscar Fortin

Québec, le 23 juin, 2012

http://humanisme.blogspot.com

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La publicité de Jean Charest et du Parti Libéral

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Corruption sociale

Corruption, détournement de fonds, conflit d’intérêt… voici un court résumé de ce que je pense de la publicité pré-électorale du Premier ministre Jean Charest.

Raymond Viger Dossiers Politique, Jean Charest

jean charest premier ministre publicité télévisionTout le monde doit avoir vu cette publicité du Premier ministre Jean Charest nous expliquant sa vision du rôle de premier ministre. Tout le monde doit l’avoir vu parce qu’elle passe et repasse à la télévision comme si le budget publicitaire de Jean Charest n’avait pas de limite.

Mais d’où provient cet argent qui sert à promouvoir Jean Charest? Une annonce payé par le parti Libéral dit-on à la fin de ce commercial. Cette caisse du parti Libéral qui se nourrit des dons fait par les petits amis du pouvoir. Des dons que certaines entreprises font pour avoir un lien indirect sur le pouvoir. Une sorte de dette morale que des entrepreneurs tentent de créer sur le parti Libéral et son chef Jean Charest.

Mettons que Jean Charest n’a pas pigé dans l’argent de nos taxes pour faire cette publicité qui ne cesse de nous envahir à la télévision. Le temps et l’énergie qu’il met à nous vendre l’idée qu’il serait le meilleur premier ministre pour le Québec, pendant ce temps-là, il ne gère pas les affaires de l’État. Il pense à sa réélection. Conflit d’intérêt sur l’utilisation du temps du Premier ministre.

La question qui tue

jean-charest-publicite-tele-premier-ministre-parti-liberalGardons en tête l’hypothèse que les tonnes et les tonnes de commerciaux de Jean Charest n’ont pas été payé par nos taxes. Qui a payé pour la conception et la réalisation, qui paye les relationnistes qui tentent de vendre l’image de Jean Charest pour les prochaines élections? Des salariés de l’État avec nos taxes ou à partir des enveloppes bien garni des amis du pouvoir?

Ce n’est pas la première fois que les publicités de Jean Charest et du parti libéral font parler d’elles. Il y avait eu l’histoire rendu publique d’un don de Jean Charest à une famille éprouvée. Sans compter les tonnes et les tonnes de publicité radio que Jean Charest nous a déjà servi. Ou encore des demandes de publicité gratuite pour Jean Charest en échange de subventions… qui elles sont payées à même nos taxes!

Un, deux, trois… je suis déjà parti

Même si toutes les dépenses reliées aux tonnes de publicité télévisée que nous sert le Premier ministre Jean Charest soit effectivement payé par le Parti Libéral du Québec, ce sont des publicités électorales. Pourquoi le parti au pouvoir, qui décide de la date des prochaines élections, se permet de lancer sa campagne avant les autres? Pourquoi les dépenses reliées à ces publicités ne sont pas comptabilisées dans les montants alloués par le directeur général des élections?

Autant de questions qui soutiennent ma théorie que notre système politique a besoin d’une réforme complète et majeure pour éviter les abus de toutes sortes qui y règnent. Une réforme pour rendre la politique juste et équitable? Est-ce possible dans ce monde de décideurs et de gérants de gros porte-feuilles?

Et pendant ce temps, j’entends encore la publicité de Jean Charest à la télévision. Il termine en disant qu’il a fait le choix de la responsabilité. Reste à voir comment on définit la responsabilité!

Caricature de Jean Charest par Renart L’Éveillé

Photo de Jean Charest provenant de sa page Facebook

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Le paradoxe de l’étalement urbain circum-montréalais

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Le fameux Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD), proposé par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), ce regroupement des quatre-vingt-deux municipalités du territoire métropolitain, rencontre des résistances dans un certain nombre de villages d’Astérix spécifiques, comme Terrebonne et Saint-Eustache. Il est important de noter que ces résistances sont les plus vives dans le beau pays d’Ysengrimus, les Basses-Laurentides. On va essayer un peu de comprendre pourquoi. Le chef d’orchestre de la ci-devant Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), l’administration municipale montréalaise elle-même, telle qu’en elle-même, excelle dans l’art fin et pervers de se poser en dépositaire exclusif de l’angélisme planificateur, laissant les petites cornes cyniques et marchandes sur la tête des autres. L’argument angélique est donc ici le suivant, simplet et fatal. Le développement domiciliaire des villes de ceinture est un étalement urbain qui gruge et bouffe nos bonnes terres agricoles (il est hurlant d’ironie de voir le maire de Montréal se poser en champion protecteur du champ de patates fondamental de nos ancêtres, comme s’il ne voyait subitement que lui jour et nuit dans sa soupe). Les villes de ceinture, dicte toujours Montréal, doivent faire comme nous et se densifier. Le Sort de la Terre en dépend. Ah, cette bonne vieille uniformisation coloniale par alignement docile sur la “métropole”… Et pourtant Saint-Eustache n’est pas Saint-Henri, il s’en faut de beaucoup. Il y a des différences qualitatives majeures entre ces deux espaces. La densification urbaine proposée des Basses-Laurentides, c’est en fait la montréalisation d’un environnement encore en grande partie villageois, beaucoup plus intime avec la vie sauvage, et dont on détruit irrémédiablement la proximité à la nature sous prétexte de protéger des terres “agricoles” largement mythologiques… Ce qui marche pour l’île de Montréal ne vaut plus pour l’île Bigras (dont la condoisation serait une absurdité cynique totalement non écologique, bétonneuse et désastreuse).

Les citoyens des Basses-Laurentides deviennent de plus en plus remuants, sur cette question. Pas de condos dans mon microclimat fragile, disent-ils… Cessez, montréalais uniformisateurs, de prendre Deux-Montagnes, Pointe-Calumet et Saint-Eustache pour Montréal-Nord, Montréal-Est ou Repentigny… L’ignorance myope et condescendante du patrimoine historique et naturel de la ceinture nord (nord de l’île de Laval inclusivement) ne peut aucunement tenir lieu d’analyse d’urbanistique pour yuppies urbain mal renseignés sur ce qui n’est pas leur fond de cours et leur living chic. Il y a, dans cette petite résistance nordiste, l’introduction de nuances qui ne sont pas sans mérites au sein de toute cette réflexion, encore largement unilatérale. Bon, alors, allons-y, causons densification des villes de ceinture. Voyez Pointe-Calumet, petit bled lacustre de la ceinture nord, de 7,000 âmes. Le bord de l’eau, inexploitable agricolement, était constitué de semi-cloaques, viviers et frayères pour toutes sortes d’espèces d’oiseaux et de poissons inusités, le tout, proche de vieilles résidences aux terrains en semi-jachère, datant de deux générations, dans un dégradé parfaitement intégré, vernaculaire, semi-sauvage, harmonieux. Il y avait de la place entre la berge et les premières maisons, surtout après qu’on ait démoli stratégiquement les plus vieilles au bord de l’eau, graduellement, en hypocrite. Alors on a densifié, hein, on a construit intra-muros, au cœur de Pointe-Calumet, sur la bande de terre qui restait entre le vieux bled et la rive. On a tout remblayé solide et on a érigé une ligne de manoirs tocs, colossaux et affreux, aux terrains immenses, gazonnés, solidement clôturés. Vue sur la rive pour grands bourgeois ostensibles, micro-dispositif écologique désormais pulvérisé et/ou inaccessible, McManoirs comme ceux que dénoncent les montréalistes à la périphérie para-rurale des villes de ceinture, le tout défigurant désormais durablement le point de raccord d’un de nos petits villages patrimoniaux avec sa berge fragile de jadis. Adieu parc naturel et accès citadin aux berges. Bonjour villégiature privée pour néo-rupins socialement insensibles.

C’est à ce genre de densification absurde et destructrice que les maires et les mairesses de la ceinture nord, sous la pression de plus en plus militante de leurs citadins et citadines, s’objectent, attendu les particularités historiques et naturelles des Basses-Laurentides. Écoutez un peu leurs arguments. Au moins, quand la même hideur est construite à la périphérie de la ville (comme c’est partiellement le cas à Deux-Montagnes, justement, par exemple) sur du terrain vide, le patrimoine villageois du «vieux» Deux-Montagnes ou du «vieux» Pointe-Calumet, intimement implanté dans la nature et harmonisé avec ladite nature par l’histoire, est préservé. On n’écrapoutit alors que les patates hypothétiques et les carottes théoriques de l’UPA qui, d’ailleurs, notons le au passage, n’y poussent même pas, dans ce territoire périphérique… Or le fait est qu’on ne reconnaît pas et ne prend pas en compte le souci des citadins des Basses-Laurentides de protéger un patrimoine villageois. On les présente simplement, unilatéralement, comme des cyniques qui veulent servir la soupe à leurs promoteurs immobiliers locaux, en étalant sans contrôle. On leur demande alors, la bouche en cœur, en faisant bien scintiller l’auréole de son petit angélisme planificateur: «Mais si les couronnes n’acceptent pas de s’urbaniser un minimum à leur tour, où se fera le développement?». Réponse: sur l’île de Montréal de mes rêves, pardi. Une île bien gérée, avec un transport collectif efficace et du logement durablement abordable. Il reste immensément de place sur l’île de Montréal et la portion sud de l’île de Laval. Transformer Saint-Eustache, le site historique des Patriotes, avec certaines de ses maisons datant de 1780, en Ville-Legardeur-bungalow-boites-à-beurre, C’EST DÉJÀ basculer dans l’étalement pavillonnaire excessif que dénonce, ou affecte de dénoncer, la planification montréaliste qui prétend tant vouloir préserver nos belles campagnes. Il n’y a pas que des campions à parquer, il y a aussi un patrimoine historique et naturel à gérer. Alors, bon, une île densifiée, une ville densifiée, si je puis dire… Surtout que, quand elles le peuvent, Les bourgades de la ceinture nord font terriblement et implacablement leur part. Sainte-Marthes-sur-le Lac est un ancien village des Basses-Laurentides devenu, et ce, strictement de par sa densification, la ville canadienne ayant connu la plus forte croissance de sa populations dans les cinq dernières années. Ils se sont enlaidis en masse mais on peut pas leur reprocher de ne pas avoir docilement obéi aux consignes densifieuses de la CMM. Il est cependant capital de noter que, comme ce village spécifique n’engage pas des frais de démolition ruineux et garde ses taxes foncières rigoureusement basses, il se trouvera bien des montréalistes pour qualifier cette densification non destructrice et bon marché d’étalement. Comme dans tout paradoxe, ces notions sont fort élastiques.

C’est que, derrière le territorial angélique se profile le commercial cornu. Voyons la bien, la charpente du paradoxe que la CMM dicte ouvertement au bled nordiste construisant des condos. Si tu fais monter les frais domiciliaires, bravo, tu densifies. Si tu les maitiens bas, haro, tu étales! Les montréalistes disent à la ceinture nord qu’elle est un facteur d’étalement et lui impose de cerner ses limites et de se densifier. En se densifiant, la ceinture construit des gros manoirs roses aussi nombreux, aussi ruineux, inabordables et affreux qu’en sa périphérie mais, de surcroît, elle détruit sciemment du patrimoine écolo-ethnographique dans le processus et en paie les frais (refilés ensuite aux citadins). Les montréalistes mondains, avec leur sens chronique de l’écologie ajustable, se fichent bien de cela. Le but fondamental de l’administration montréalaise est de freiner la fuite vers les banlieues, pour forcer les familles à se ruiner dans des logements insulaires archi-coûteux ou exigus (à partir de deux enfants, vivre sur Montréal, soyez Crésus ou faites une croix dessus – c’est principalement des trois pièces pour yuppies sans enfants ou, plus grand, ça coûte un million). La densification que Montréal n’arrive pas à assurer adéquatement chez elle, elle l’impose aux autres pour que le cheptel (et le cheptel ici, c’est nous) refoule et cesse de fuir en direction du logement plus abordable des ceintures. Plus on y regarde avec l’attention requise et plus on constate que ce n’est pas de l’organisation urbaine qu’on exige mais bien des parts du marché immobilier domiciliaire qu’on s’arrache. Densifier dans les Basses-Laurentides, c’est obligatoirement détruire un cottage unifamilial de 1929 et le remplacer, plus à l’étroit sur son lopin, par un condominium à quatre familles où chaque famille paie plus que ne payerait l‘acheteur du cottage déglingué initial, avant de le rénover à son rythme. Il faut obligatoirement démolir des résidences encore habitables pour densifier, quand on le fait dans la ceinture nord, parce que ce sont des anciens espaces villageois qui sont investis ici, pas des parcs de stationnements défoncés, des bretelles abandonnées, des terrains vagues d’usines démolies ou des centre commerciaux en faillite. C’est pour ça que c’est surtout dans la ceinture nord qu’on crie contre le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD)…

Si Montréal voulait vraiment faire revenir la petite populace en son sein, elle subventionnerait le prix du logement non-locatif, y compris celui des condos neufs, comme dans certains pays, on subventionne le prix du pain. La ville, alors, cesserait de se vider, d’un seul coup d’un seul. Le défaut que Montréal reproche aux cabanes des municipalités de ceinture, ce n’est pas de gruger la terre agricole, c’est plutôt de coûter moins cher. Coûtant moins cher, ces cahutes de l’entre-deux-guerres grugent le marché de la consommation domiciliaire de la susdite CMM. Montréal veut que les condos neufs poussent partout et coûtent cher partout, uniformément, point final. La seule façon d’y arriver, c’est d’étrangler la fragile et délicate stratégie d’urbanisme des anciens villages des ceintures, en les accusant démagogiquement de faire de l’étalement et de menacer nos bonnes terres. L’ange montréaliste est un démon, dans cette affaire. Bien cernées dans leurs magouilles et combines d’un autre âge, les mairies des municipalités de ceinture, pour leur part, ne valent pas mieux, qui encouragent le construction condoistes coûteuse et grand-bourgeoise manoireuse sur les sites qu’elles détruisent hypocritement, intra-muros. Le démon foncier n’est pas un ange écolo, dans cette affaire. Le paradoxe de l’étalement urbain circum-montréalais, c’est celui, tout simple, de l’inversion téléologique du capitalisme commercial, devenu usuraire. Tant que le logement devra prioritairement enrichir les promoteurs et les villes plutôt que de servir de cadre pour la vie civique, on continuera de tourner en rond dans le susdit paradoxe, en bizounant durablement notre cadre de vie urbain et suburbain et en se renvoyant la balle en pleurnichant comme des tartuffes.

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Pensées poétiques et élevées sur le véritable amour


À tant entendre parler de violence, d’injustice, de haine politique, de crimes sordides, de corruption, de sentences contestées, d’économie mondiale précaire, mon moral tangue dangereusement vers la dérive.

J’ai eu le goût de me ressourcer dans la pensée de deux mystiques qui ont marqué la spiritualité au treizième siècle.

Le poète Rumi (Djalal ad-Din Muhammad) est un mystique perse qui a profondément influencé le soufisme. Son nom est intimement lié à l’ordre des «derviches tourneurs» ou mevlevis, une des principales confréries soufies de l’islam, qu’il fonda dans la ville de Konya en Turquie.

On appelait le poète Rumi le Maître tant ses écrits étaient vénérés.

Mais, la plupart de ses écrits lui furent inspirés par son grand ami, Shams ed Dîn Tabrîzî, dont le nom signifie «soleil de la religion.»

Entre eux, dès leur première rencontre, une grande histoire d’amour débuta. Jusqu’à cette rencontre, Rumi n’avait jamais connu l’amour qui fait battre le cœur et vous change. Ces deux hommes se comprenaient totalement, et s’aimaient d’un amour inconditionnel.

Voici quelques extraits des quarante règles du soufisme et quelques pensées poétiques et élevées sur le véritable amour.

La soie ressemble à l’amour. Les vers détruisent la soie qu’ils produisent en sortant de leur cocon. C’est pourquoi les éleveurs doivent choisir entre la soie et le ver à soie. Le plus souvent, ils tuent le ver quand il est encore dans le cocon afin de tirer intact le fil de soi.

Le philosophe Ibn Arabi a déjà dit de Rumi (en le voyant marcher derrière son père) : Gloire à Dieu! Un océan marche derrière un lac.

Sa coupe est pleine à ras bord, et pourtant il faut qu’il parvienne à ouvrir la porte de son âme afin que les eaux de l’amour puissent couler librement dans les deux sens.

Bienheureuse et riche est votre vie, pleine et complète – à ce que vous croyez. Jusqu’à ce que quelqu’un arrive et vous fasse comprendre ce que vous avez raté tout ce temps. Tel un miroir qui reflète plus ce qui manque que ce qui est là, il montre les vides de votre âme – les vides que vous avez refusés de voir. Ce qui compte c’est de trouver l’âme qui va compléter la vôtre. Trouvez celui qui est votre miroir!

Y a-t-il moyen de comprendre ce que signifie l’amour sans d’abord devenir celui qui aime?

Leur amour l’un pour l’autre est si visible et si intense, ce qu’ils partagent est si unique, qu’on ne peut s’empêcher d’être déprimé, en leur présence, frappé par la révélation qu’un lien d’une telle force manque dans votre propre vie.

Rumi dit que nous n’avons pas besoin de chercher l’amour en dehors de nous. Il suffit d’éliminer en nous les barrières qui nous tiennent éloignés de l’amour.

Le soufi dit : «Je dois m’occuper de ma rencontre intérieure avec Dieu plutôt que de juger les autres. Un érudit orthodoxe, cependant, est toujours à guetter les fautes des autres. Mais n’oubliez pas que la plupart du temps, celui qui se plaint des autres est en faute lui-même.»

Tout amour, toute amitié sincère, est une histoire de transformation inattendue. Si nous sommes la même personne avant et après avoir aimé, cela signifie que nous n’avons pas suffisamment aimé.

Il faut continuer à marcher bien qu’il n’y ait aucun lieu où arriver. L’univers tourne, constamment, sans relâche, ainsi que la terre et la lune, mais ce n’est rien d’autre qu’un secret enraciné en nous, êtres humains, qui fait tout bouger.

La voie de la vérité est un travail du cœur, pas de la tête. Faites de votre cœur votre principal guide! Pas votre mental. Affrontez, défiez et dépassez votre ego avec votre cœur.

L’intellect relie les gens par des nœuds et ne risque rien, mais l’amour dissout tous les enchevêtrements et risque tout. L’intellect est toujours précautionneux et conseille : Méfie-toi de trop d’extase! Alors que l’amour dit : Oh, peu importe, plonge!

Quoi qu’il arrive dans ta vie, si troublant que tout te semble, n’entre pas dans les faubourgs du désespoir. Même quand toutes les portes restent fermées, Dieu t’ouvrira une nouvelle voie. Sois reconnaissant. Il est facile d’être reconnaissant quand tout va bien. Un soufi est reconnaissant non pas pour ce qu’on lui a donné, mais aussi pour ce qu’on lui a refusé.

Est, Ouest, Nord ou Sud, il n’y a pas de différence. Peu importe votre destination, assurez-vous seulement de faire de chaque voyage un voyage intérieur. Si vous voyagez intérieurement, vous parcourrez le monde entier et au-delà.

La quête de l’amour nous change. Tous ceux qui sont partis à la recherche de l’amour ont mûri en chemin. Dès l’instant où vous commencez à chercher l’amour, vous commencez à changer intérieurement et extérieurement.

Il y a plus de faux gourous et de faux maîtres dans ce monde que d’étoiles dans l’univers. Ne confonds pas les gens animés par un désir de  pouvoir et égocentriste avec de vrais mentors. Un maître spirituel authentique n’attirera pas l’attention sur lui ou sur elle, et n’attendra de toi ni obéissance absolue ni admiration inconditionnelle, mais t’aidera à apprécier et à admirer ton moi intérieur. Les vrais mentors sont aussi transparents que le verre.

Ne tente pas de résister aux changements qui s’imposent à toi. Au contraire, laisse la vie continuer en toi. Et ne t’inquiète pas que ta vie soit sens dessus dessous. Comment sais-tu que le sens auquel tu es habitué est meilleur que celui à venir?

La seule vraie crasse est celle qui emplit nos cœurs. Les autres se lavent. Il n’y a qu’une chose qu’on ne peut laver à l’eau pure : les taches de la haine et du fanatisme qui contaminent notre âme. On peut tenter de purifier son corps par l’abstinence et le jeûne, mais seul l’amour purifiera le cœur.

Les opposés nous permettent d’avancer. Ce sont pas les similitudes ou les régularités qui nous font progresser dans la vie, mais les contraires. Tous les contraires de l’univers sont présents en chacun de nous. Le croyant doit donc rencontrer l’incroyant qui réside en lui. Et l’incroyant devrait apprendre à connaître le fidèle silencieux en lui. Jusqu’au jour où l’on atteint l’étape d’isan-i-Kamil, l’être humain parfait, la foi est un processus graduel qui nécessite son contraire apparent : l’incrédulité.

Il n’est jamais trop tard pour se demander : suis-je prêt à changer ma vie? Suis-je prêt à changer intérieurement? À chaque instant, à chaque nouvelle inspiration, on devrait se renouveler, se renouveler encore. Il n’y a qu’un moyen de naître à une nouvelle vie : mourir avant la mort.

Une vie sans amour ne compte pas. Ne vous demandez pas quel genre d’amour vous devriez rechercher, spirituel ou matériel, divin ou terrestre, oriental ou occidental … Les divisions ne conduisent qu’à plus de divisions. L’amour n’a pas d’étiquettes, pas de définitions. Il est ce qu’il est, pur et simple. L’amour est l’eau de la vie. Et un être aimé est une âme de feu! L’univers tourne différemment quand le feu aime l’eau.

À tous, une très belle journée épanouissante!

Carolle Anne Dessureault

 

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