Une histoire bien sordide
Pierre JC Allard nous transmettait le lundi 2 juillet un article signé par Gérard Amaté paru dans le «Monde Libertaire» sous le titre «Trois ans derrière des murs pour une simple gifle».
Une histoire bien triste que cette saga entre un maire et un citoyen, un berger qui élevait une soixantaine de moutons depuis quatorze ans à Malons, une commune située dans les Cévennes en France.
Un jour, le berger dut se rendre à l’hôpital pour un court séjour. Pendant ce temps, le maire fit abattre tous ses moutons sous le prétexte qu’ils étaient sans surveillance. Aucun avertissement n’avait été donné au pauvre berger.
Celui-ci, à son retour, plutôt de mauvaise humeur, se rendit chez le maire pour en discuter, mais voyant qu’il ne comprenait pas son point de vue, le gifla. Monsieur le maire n’apprécia pas du tout d’être giflé par lui. Il porta plainte. Le berger, de son nom Alain, se retrouva donc en prison. Lorsqu’on plaida sa cause au tribunal, on plaida sa nervosité, ce qui incita le juge à ordonner son hospitalisation dans un établissement ad hoc.
Pour faire une histoire courte (pour ceux qui voudront lire l’article au complet, voir la référence en première ligne ci-dessus), au bout de trois ans, le dossier n’est toujours pas réglé. Même si le berger n’a jamais été diagnostiqué malade mental par des experts, de vaporeuses conclusions par un nouveau psychiatre firent qu’on le garda finalement en institution même si on ne le jugeait pas déséquilibré, cet homme qui se sentait mal dans un milieu de maladie mentale, sait-on jamais, pourrait peut-être un jour porter atteinte de façon grave à l’ordre public.
Il semble clair qu’on se trouve ici en présence d’un cas de persécution, de racisme, de vengeance personnelle mesquine. D’abus de pouvoir parce qu’un petit berger inconnu et humble a osé gifler un élu important, un magistrat. Conséquence, trois ans d’enfermement pour une gifle …. Et l’homme n’est pas au bout de ses peines.
Les dangers d’un mental compartimenté
Je me demande comment Monsieur le maire des Cévennes parvient à dormir en paix le soir.
Se croit-il sincèrement dans son bon droit? Sans doute, à l’extérieur, devant tous, il représente un magistrat d’importance et il doit probablement représenter un modèle de père de famille, un bon mari, un bon citoyen, un bon ami pour ses pairs, un homme respectable qui a réussi dans sa ville.
Mais s’est-il interrogé sur les mobiles qui le poussent à s’acharner sur le sort de cet homme qui n’a fait que friper son orgueil?
J’aimerais aborder l’idée qu’il est facile de compartimenter notre mental. De subdiviser notre conscience. Comme si on ouvrait plein de petites cases dans notre tête, isolées les unes des autres, et sans aucun lien entre elles.
On croit agir par justice, on ouvre dans notre tête la case intitulée «Justice» et on élabore sur les beaux principes qu’elle doit représenter. On ses dit qu’on agit avec justice. Puis, on ferme la petite case, et on passe à un autre concept. L’amour, par exemple. On pense à la manière dont on aime, on défend de belles valeurs, on dit qu’on vit pour elles, puis on ferme la petite case, à coups de cadenas souvent. Vient le concept de la «Haine», on a aussi une opinion complète sur ce sentiment. On la condamne, car il ne sert à rien de haïr. On croit même qu’on ne déteste pas sérieusement.
Ces idées renfermées dans des cases ne se rencontrent pas souvent. Souvent, il n’y a aucun lien entre ces cases. On ne fait pas la connexion. Si bien qu’une personne peut véhiculer des idées fort nobles et élevées sur l’amour, et penser représenter cet amour dans sa vie, et en même temps, vivre dans une haine pernicieuse furieuse qui lui fait poser des actes ignobles et qu’elle justifiera à sa manière. L’attitude du maire de Cevennes laisse à penser qu’il y a beaucoup de haine en lui. Beaucoup. Il ne la conscientise pas, alors il la projette sur d’autres. Plus faibles socialement. Sans position.
Ouvrons les portes de nos cages mentales
Ouvrons donc les portes de nos cages mentales. Laissons se répandre en nous le parfum de ce que nous éprouvons, sentons, expérimentons, sans les séparer. Après, laisser notre réflexion se nuancer de plusieurs couleurs afin de voir les choses dans leur unité, et non pas divisées.
Carolle Anne Dessureault