D’abord, pour garder la forme, bien sûr. Voir si je pourrai, comme il y a huit ans, marcher du matin au soir en montant des escaliers et faire mes 500 km durant la campagne électorale. Aout, septembre, quelle jolie saison, pour faire des élections au Québec ! Il est sympa, notre Premier Ministre. Espérons que ce ne sera pas une fausse rumeur et qu’il ne nous renverra pas en février !
Février, avec les snowbirds en Floride, qui sait quel biais ça introduirait aux résultats… Pas que ça ait une quelconque importance, mais qui suivrait les « Soirées de Lutte » à la TV, si les lutteurs ne frappaient pas très fort en heurtant le matelas et ne faisaien pas des grimaces ? Il faut montrer une belle démocratie et donc ce sera une fin d’été. Bravo. ! Je vais pouvoir marcher et garder la forme.
Je vais même faire plus. Parizeau nous ayant déjà dit qu’« au Québec on pouvait faire plusieurs choses en même temps », je vais donc marcher, mais en profiter pour parler un peu, aussi … Pas parler à n’importe qui : parler aux Anglais. « «Anglais », ici au sens large, signifiant anglophones. Je vais profiter de cette campagne pour peaufiner un peu mon anglais. Pour m’assurer que, quoi qu’il arrive, je pourrai toujours prendre un café grec, manger des sushis, des tapas, des arepas, un spaghetti ou un chowmein sans avoir l’air d’un étranger.
Peaufiner mon anglais va orienter ma démarche électorale. Oh, je sais bien qu’on peut tout faire en anglais à Montréal, même à Hochelaga, mais pourquoi risquer une immersion contaminée par des idiotismes et truffée d’expressions québécoises ? Le choix réel Charest-Marois qui est le seul qui nous reste prouvant que nos yeux de Québécois « pure laine » sont parfaitement fermés, je vais aborder cette élection avec les yeux des autres. Je vais me dépayser.
J’hésite pour l’instant entre D’Arcy-Mcgee, NDG, Westmount… D’autres suggestions ? Puisque je ne traiterai pas de problématiques locales dans cette campagne, le seul facteur important pour le choix de la circonscription est que le résultat n’en soit pas en doute… Je ne voudrais pas risquer de faire pencher la balance dans un scrutin serré.
Je sais de bonne source qu’on ne me le pardonnerait pas car, en 1994, alors que catastrophé par la navrante campagne qui se profilait je m’étais présenté à la Mairie de Montreal, pour y insuffler un peu de vie, on a décidé de m’exclure SPÉCIFIQUEMENT des débats médiatisés. Un responsable m’avait expliqué, avec une grande franchise que, n’ayant pas un « parti » je n’étais pas un candidat sérieux, mais que la façon dont on m’avait vu débattre laissait craindre que je puisse faire mal paraître les « vrais » candidats…. Il est resté de cette aventure quelques propositions pas trop bêtes que j’ai léguées au domaine public et que les curieux peuvent voir.
Donc, soyons sérieux, il est TRES improbable que je sois élu. A quoi donc pourra bien alors servir ma candidature ? À attirer l’attention sur quelques vices et petits travers de notre « démocratie pour rire »… puis à donner aux électeurs l’occasion de dire NON au système. Non à ce choix d’alternance PLQ – PQ , dont on peut très bien ne PAS vouloir sans trouver amusant de jouer du QS ou de la CAQ pour enjoliver le tableau. Voter pour un indépendant, c’est une abstention, mais en plus appuyé
Quels sont ces vices et travers qu’il faut dénoncer ?
D’abord, la totale inutilité du député. L’électeur vote pour un parti et son programme. Il ne veut rien savoir du candidat, ne l’écoute pas et ne veut même pas le voir. Le sort des transfuges qui changent de partis et croient naïvement que leur popularité les fera réélire est l’expression pathétique de cette réalité. Je m’attends à être bien reçu par tous les électeurs. Je parie qu’ils me trouveront sympa… mais, normalement, ils ne voteront pas pour moi et ne se souviendront même pas de mon nom.
L’électeur SAIT que son député n’a aucun pouvoir et ne le représente pas, mais est un jeton entre les mains du chef de son parti. Si on n’aime aucun des programmes, la logique normale est de ne pas voter… ou, si on est vraiment furax, de voter pour un indépendant qui sera une épine au flanc du système. J’aimerais donner une occasion aux “furax” de se lever et d’être comptés.
Ensuite, autre travers, le désintérêt absolu des citoyens lambda pour toute idée un peu complexe et pour tous les MOYENS de réaliser les plans qu’on lui propose. Le citoyen veut répondre OUI ou NON à une idée simple et essentiellement émotive. Le « comment » des politiques l’ennuie. Priorité, donc, aux concepts comme Dieu, Patrie, Liberté, Justice ou n’importe quoi qui fait consensus parce que chacun le définit a sa façon. La cohérence importe peu. Ça gêne normalement peu l’électeur que tous les partis promettent d’augmenter les services, de diminuer les taxes et de réduire la dette et tout ca en même temps …! Sauf quand l’électeur est furax, bien sûr…
L’opinion de l’électeur québécois est normalement déjà faite quand la campagne électorale commence. Elle repose sur son choix viscéral pour ou contre l’idée de souveraineté, modulé par sa sympathie et sa confiance envers le leader qui défend celle de ces deux options qu’il préfère. Les seules variables pendant la campagne sont cette confiance et cette sympathie, lesquelles peuvent croître ou décroitre par l’action massive et bien coordonnées des médias, puisque le message médiatique est le seul intrant significatif que reçoit l’électeur.
Tout passe par les médias et c’est donc sur ce point que doit travailler quiconque veut apporter sa pierre et avoir au moins un tout petit impact sur l’évolution des choses. Au cours de cette campagne, j’enverrai quelques textes aux médias – avec copie sur http://nouvellesoc1ete.wordpress.com – suggérant des changements concrets, non pas à la structure même de la société, mais aux services qu’on peut rendre à la population, puisque c’est à ce palier qu’il est réaliste aujourd’hui d’intervenir à court terme.
Mais si tout se règle dans les médias, pourquoi être candidat, aller marcher et serrer des mains ? Parce que les médias chercheront à ignorer toute proposition nouvelle qui ne viendra pas du PQ ou du PLQ. Par apathie, mais aussi par crainte d’être ensuite accusés d’avoir, par inadvertance, diffusé des idées qui pourraient déranger. Or, il est juste un peu plus difficile d’ignorer complètement quelqu’un qui s’est porté candidat et qui est VISIBLE.
Les médias vont d’abord ignorer mes propositions. Mais si certaines de ces propositions sont reprises sur le web, le petit caillou dans la chaussure deviendra plus gênant. Le plus gênant n’étant pas les propositions elles-mêmes, mais l’évidence éblouissante du soin qu’on met à les occulter et à ne pas en débattre…
Le résultat le plus tangible de ma candidature sera alors que quelques-uns qui ne le voyaient pas encore puissent prendre conscience de la mauvaise foi du système et de l’acharnement de nos gouvernants à garder toute leur attention sur leur propre enrichissement sans PERDRE UNE MINUTE DE LEURS TEMPS à résoudre les problèmes de la population. Cette prise de conscience n’est pas sans valeur.
Quand vous verrez les Chefs de partis dans le débat télévisé, regardez leurs visages et leurs mimiques, puis fermez les yeux, écoutez le son et le timbre de leur voix puis suivez votre instinct et demandez vous : cette personne s’intéresse-t-elle VRAIMENT à moi, à ma vie et à mes problèmes ? Est-ce que je crois qu’elle veut VRAIMENT faire un effort pour m’aider ?
Ensuite, allez voter selon votre conscience
Pierre JC Allard