Archives quotidiennes : 21 août 2012

Une « SAGA » de l’épopée « Canayenne »!!!

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Je travaille actuellement sur une version de notre histoire que je veux vous soumettre . Certaines parties du début ont déjà été publiées ici. Ceux qui ont aimé ne me le reprocheront pas; pour les autres, j’espère parvenir à capter votre intérêt.

Avant Propos :

Tout le monde connait l’histoire des « Français » en Nouvelle France. On nous l’a raconté « ad nauseam » depuis notre enfance.  Par contre, très peu de personnes connaissent l’histoire des « Canayens » du Canada. Cette histoire n’a jamais été racontée; et pourtant, c’est elle qui a fait l’Amérique du Nord tel qu’elle est aujourd’hui. Il est alors très compréhensible que les « Québécois » ne puissent   faire autrement que de continuellement chercher leur « identité », puisque l’histoire officielle a tenté de l’effacer complètement depuis le tout début­.

L’histoire des « Canayens » est une épopée grandiose et extraordinaire rarement vécue par un peuple. C’est une époque de « Héros » quasi mythiques, passée sous silence et camouflée sous l’élitisme nationaliste de la France, de l’Angleterre et finalement des États-Unis d’Amérique. C’est une histoire digne des épopées celtiques ou de celles des Grecs, des Romains ou des Égyptiens qui marquèrent l’identité de ces nations.

Plusieurs SAGA composent l’épopée Canayenne; je ne peux que vous raconter celle de ma famille.

Le début de son histoire se déroule dans un merveilleux petit village situé sur le bord de notre majestueux fleuve St-Laurent.  Ce village porte le nom de « Batiscan ». Un nombre incroyable de « Héros » canayens sont nés dans ce petit village. Leur histoire n’est presque pas connue et très peu d’entre eux ont pu ressortir dans l’histoire officielle. Cet écrit remédiera que très partiellement à cette situation. Je ne peux qu’encourager chacune de nos familles à établir par écrit la réalité de sa propre histoire. Nous y découvrirons des trésors dignes d’une nation plus que respectable. Ceci représente ma contribution au tableau général et n’est qu’un survol partiel de mon travail.

Mais, pour l’instant, commençons par « découvrir » le Canada.

Les Canayens

Depuis sept ou huit ans que je fais de la recherche généalogique quotidiennement, j’ai pu me rendre compte que l’histoire de la Nouvelle France qui me fut enseignée, n’est pas du tout l’histoire, ni du Canada, ni des “Canayens”. Cette histoire est plutôt celle des Français qui viennent au pays pour s’enrichir, sans avoir aucun intérêt pour la colonisation. Leur intérêt exclusif est pour la traite des fourrures (à très peu d’exception près).

En réalité, à cette époque, tout comme aujourd’hui d’ailleurs, ce sont les “têtes d’affiches” qui affirment partout faire l’histoire, quand, dans la réalité, c’est la “masse silencieuse” qui la concrétise.

La vérité au départ de notre histoire, est que durant tout le régime français, les autorités tentent de contrôler le commerce des fourrures sans aucun succès. Malgré cela, il est évident que les “nobles” français réussissent quand même, à en tirer profit; mais ils doivent, assez souvent, tricher pour y arriver. La saisie, en 1660, du produit de la traite de Radisson et des Groseilliers (100 canots pleins de fourrures), est la première saisie “illégitime”, mais “légale”, connue. Ce « jugement impartial » serait, encore aujourd’hui, celui que rendrait la cour suprême canadienne. Pour eux, ce qui est « légal » peut ne pas être nécessairement « légitime ».  Comme exemple récent, le jugement de la cour suprême qui a décrété que la séparation du Québec est « illégale » mais « légitime ».

Une autre “tricherie” très importante est la saisie du résultat de quinze années du travail de La Vérendry (père) par le triumvirat formé de l’intendant Bigot, M. de St-Pierre et M. de La Jonquière (son second étant M. de Niverville). En trois petites années subséquentes, par intérêts personnels, ceux-ci détruisent le travail de quinze années d’exploration, après avoir annulé les droits des fils La Vérendry, lors du décès de Pierre Gaultier de Varennes et de la Vérendry. Les autorités font quand même l’histoire d’une certaine façon; incluant le fait que ce sont ces autorités de l’époque qui font perdre l’occasion aux « Canayens », pour la première fois, d’accéder à l’autonomie. Ce ne sera pas la dernière et toujours à cause d’intérêts personnels.

Par la suite, après 1760 et surtout après 1775, c’est au tour des marchands anglais de s’imposer dans ce commerce lucratif des pelleteries. Ils réussissent à le contrôler beaucoup mieux que les autorités précédentes. Tout simplement parce que, aussi curieux que cela puisse paraître, le commerce devenu libre, les « chercheurs de richesse » s’en emparent. Par contre, incapable d’opérer par eux-mêmes, ces « marchands » sont obligé d’engager des “Canayens” pour leur “ouvrir” le Nord-Ouest du continent. Dans leurs écrits, ils ne mentionnent que très rarement des noms « Canayens » même s’ils doivent, eux-mêmes, apprendre le français pour être des dirigeants efficaces. L’histoire américaine procèdera d’une manière encore plus censurée. Ceux-ci mentionneront parfois rencontrer des « French » mais ne parleront que rarement de « Canadians »; ils parleront plutôt de « Créoles ». Ce qui est un peu normal, vu qu’ils reçoivent des « taloches » sur la gueule, assez importantes, à chaque fois qu’ils se frottent aux « Canayens ». Il n’est donc pas question pour les Américains  de faire une place à ces « étrangers », qui se démontrent presqu’invincibles, dans l’histoire de leur nation.

Malgré ces faits indéniables, l’histoire de la Compagnie du Nord-Ouest a tellement marqué l’histoire officielle, qu’on a l’impression que ce sont les propriétaires de cette compagnie qui “découvrent “ tous les territoires au-delà des Grands Lacs. Autrement dit: ils auraient “ouvert” les territoires inconnus de l’Ouest canadien à la civilisation. Mais la réalité raconte tout autre chose. Tout ce qu’ils ont réussi à faire est d’abrutir les amérindiens avec des boissons enivrantes et faire du commerce déloyal pour se créer des profits faramineux. Peut-on douter que cette politique envers la population, ait  évolué depuis cette époque? Malheureusement pas; aujourd’hui, ce comportement s’appelle le capitalisme sauvage et il s’étend maintenant sur  toute surface de la planète. À « l’eau de feu », on a ajouté le jeux (Lotos) et le débridement de ce qui procure toutes « jouissances » faisant « perdre la carte ».

À vrai dire, pour parvenir à vraiment saisir notre réalité historique, il faut lire les comptes rendus de ces propriétaires commerçants de fourrures avec beaucoup d’attention. On découvre alors qu’à chacune de leurs “excursions” vers des contrées « inconnues », ces “découvreurs” embauchent des “Canayens” comme guides et comme “main d’œuvre”.

Tout le monde est conscient qu’un « guide », c’est quelqu’un qui t’amène à un endroit qu’il connait déjà. Conséquemment, la réalité est que ces “découvreurs” ne découvraient absolument rien « pour la première fois ». Les “Canayens” avaient déjà tout visité le territoire jusqu’aux Rocheuses. En 1775, cela faisait plus de cent ans qu’ils s’y promenaient partout. En 1807 on a découvert, sur place, une plaque de cuivre que Nicolas Perrot avait donné à un missionnaire installé au « pays des Illinois » en 1687. Perrot avait ensuite poursuivit son exploration encore plus loin.

Il y a peut-être l’exception, et le “peut-être” est à souligner, d’Alexander  Mackenzie qui “découvrit” la route jusqu’au Pacifique; mais, encore une fois, sans l’équipe de « Canayens” qui l’entourait, il ne serait pas allé très très loin. Il est à noter que les Amérindiens des montagnes Rocheuses qu’il a rencontré durant son parcours, connaissaient déjà les “blancs”.  Mais on a “déduit” que ces “blancs” étaient ceux qui venaient par bateau sur les côtes de l’océan Pacifique. Ce qui n’élimine pas, du tout, la possibilité que des “aventuriers” canayens aient fort probablement, déjà franchit les Rocheuses par voie de terre. D’ailleurs les La Vérendry s’étaient rendu aux pieds des Rocheuses 60 ans avant tout autre “découvreurs” officiels subséquents et ils n’étaient pas les premiers. À leur arrivée dans la région des Rocheuses, les frères La Vérendry rapportent qu’ils invitent un « canayen » qui habitait dans la région depuis longtemps, à venir les visiter. Celui-ci décline l’invitation et ne s’intéresse pas à eux.

Une autre “petite erreur”, qui se glisse dans l’histoire officielle, est l’affirmation que le commerce des fourrures  cesse à partir de la conquête pour ne reprendre que cinq ou six ans plus tard. C’est tout à fait faux. Si vous consultez les contrats signés de voyageurs pour les années de 1760 jusqu’à 1766, les mêmes traiteurs “canayens” de Trois Rivières, Batiscan et de Montréal, continuent leur commerce. Ces “Canayens” commerçants sont ceux que l’on qualifiait de “Coureurs de bois” quand ils n’avaient pas de permis de traite officiel et de « voyageurs » lorsqu’ils les avaient.

Les “Coureurs de bois” canayens n’ont jamais cessé de commercer avec les indiens depuis l’époque d’Étienne Brulé; c’est à dire l’époque de Champlain, jusqu’à la chute du commerce des fourrures; ce qui signifie: 300 ans de commerce. Les Grandes Compagnies les appelaient : les “free traders”. Et, tout au long de leur histoire officielle, ils les rencontrent sur leur chemin lors de leurs excursions commerciales. Lorsque ces « free traders » sont seuls, les commis de la Cie du Nord-Ouest leur volent leurs marchandises ou leurs pelleteries. Mais les cas sont assez rares parce que leurs amis indiens les accompagnent la plupart du temps. Souvent ces « free traders » font leur trafic aux mêmes endroits que ceux de la Cie du Nord-Ouest ou de la Baie d’Hudson. Ils sont toujours presqu’intouchables à cause de leur lien d’amitié avec les indiens. Aujourd’hui, seuls ces « free traders » continuent ce commerce des fourrures.

Durant la guerre de sept ans, les “Coureurs de bois” guerroient lorsque la traite est terminée et, la plupart du temps, commercent en rassemblant les “sauvages” pour aller combattre. Par contre, après les hostilités, les transactions reprennent. Ce qui explique pourquoi les indiens ne sont pas du tout heureux quand les autorités les empêchent de faire du pillage après la bataille.

On nous a fait croire généralement que les amérindiens sont de pures brutes sans foi ni loi. C’est ce que les “missionnaires” et les autorités civiles de l’époque leur ont donné comme image. C’est, encore une fois, complètement faux. Ces “supposés sauvages” respectent au plus haut point le courage, la parole donnée et l’endurance de l’individu. Tellement qu’ils permettent aux vaincus de manifester ces qualités grâce à ce que nous qualifions de “torture”. En comparaison, les blancs de l’époque appliquent les mêmes “tortures” pour soutirer des aveux  d’un individu (Aujourd’hui, en 2011, on se demande ce qui s’est vraiment passé à la prison de Guantanamo, où on tentait d’obtenir des renseignements des prisonniers). Les Amérindiens n’étaient donc pas plus de simples brutes que ne le sont et l’ont toujours été, les autres humains.

Lorsqu’une tribu  perd un guerrier dans une bataille, elle le remplace en adoptant un guerrier vaincu ayant démontré son courage, ou un enfant en parfait état de santé physique, qu’ils font prisonnier. L’adoption par la tribu donne la “liberté” automatique à l’individu choisi; un peu comme nous, lorsque nous adoptons un enfant du « tiers-monde ». Quant aux lois et libertés individuelles, elles sont respectées à un tel point qu’ils ne laissent, à leur chef de tribu, que la possibilité de convaincre chacun, qui ensuite, n’en fera qu’à sa tête en assumant ses responsabilités individuelles. Nous n’en sommes malheureusement  pas encore là dans notre évolution sociale démocratique; mais peut-on être étonné de l’attrait que tout cela représente aux jeunes “Canayens” de la Nouvelle France?

Ces explorateurs canayens, “passés sous silence officiellement”,  se répandent partout en Amérique du Nord jusqu’en Louisiane et même jusqu’au Mexique. À chacun des endroits où se pointent les “découvreurs” de la fameuse Compagnie du Nord-Ouest, ils sont accueillis par des “Canayens” établis là depuis longtemps, qui vivent avec les tribus indiennes. Souvent ils ont amélioré la technique agricole des amérindiens; mais toujours, ils ont adopté leurs règles, leur lois et leurs coutumes soit disant « primitives ».

Il est d’ailleurs clairement établi que les autorités de la Nouvelle France tenteront durant plus d’un siècle de bloquer l’hémorragie de la jeunesse canayenne vers les espaces “désertiques” de l’Ouest. Il est tout aussi bien établi qu’ils n’y sont jamais parvenus.   Et cette caractéristique canayenne, aujourd’hui refoulée, éclate en nous presqu’à chaque génération pour nous propulser vers un désir toujours plus grand de liberté.

Une autre erreur d’information de l’histoire officielle est la raison responsable du départ des jeunes “canayens” vers la forêt. On nous raconte qu’ils étaient engagés par la compagnie du Nord-Ouest, après avoir été “sollicités” lors de soirées bien arrosées et que le lendemain, plusieurs regrettaient de s’être “inscrits”. Cela est également tout à fait faux. On a transposé l’enrôlement des matelots sur les navires anglais vers l’enrôlement des « voyageurs » canayens. La vérité est que les jeunes canayens percevaient la liberté de “la vie des bois”, comme une alternative cent fois préférable à celle de la vie, plus ou moins soumise, de “censitaires”. De plus, c’était la seule façon efficace de “faire de l’argent” pour ensuite se “payer du luxe”. La majorité de ces jeunes « Canayens » ont déjà l’expérience de la traite lorsqu’ils sont engagés par les grandes compagnies.

Depuis l’époque d’Étienne Brulé, les “truchements”, nom donné aux interprètes de langues indiennes, existent en Nouvelle France. Certains, au début, comme Pierre Lefebvre ou Pierre Esprit Radisson, tous deux de Trois Rivières, furent enlevé par les Iroquois et deviennent “truchements” par la force des choses; mais assez rapidement, les jeunes “Canayens” partent vers la forêt après s’être liés d’amitié avec des Amérindiens. Ceux-ci les côtoient constamment puisqu’ils se promènent partout dans les emplacements de colons, tout le long du St-Laurent; que ce soit à Québec, à Batiscan, à Trois Rivières ou à Montréal.

Nos jeunes canayens se rendent vite compte des avantages indéniables à vivre en forêt, comparativement au labeur nécessaire, qui ne rapporte presque rien, pour vivre dans la “colonisation”. Ils ne “désertent” pas sous la menace; ils répondent à l’appel de la “liberté” totale. Ils se libèrent des obligations religieuses et sociales de cette société féodale restrictive. Ils font leur propre “révolution” individuellement, vers « la liberté, l’égalité et la fraternité” qu’ils retrouvent chez les supposés “sauvages”, plus de cent ans avant la révolution française.

Il est bien reconnu que les habitants de la ville de Québec ne sont pas des fervents adhérents de la traite de fourrure. Ils sont les seuls Canayens « soumis » à l’autorité française. La raison est assez simple à comprendre : ils vivent dans l’entourage de ces autorités françaises et s’y sentent en sécurité, parrainés par la “noblesse” au pouvoir (Ils déchantent éventuellement et ouvrent les portes de la ville aux Anglais, après l’échauffourée des Plaines d’Abraham). De sorte que, les esprits plus libres et plus “aventuriers” s’installent rapidement ailleurs qu’à Québec. La région autour de Trois Rivières est le principal habitat des “Coureurs de bois”; ces « insoumis » indépendants détermineront la vraie caractéristique « canayenne », tandis que Montréal est celle des “voyageurs”, qui sont ces mêmes « insoumis » mais « politically corrects »,  puisque c’est de là que partent les excursions de traite officielles. Par contre, même à Montréal, la majorité des « voyageurs » engagés est originaire de la région de Trois Rivières et Batiscan.

Il ne faut, cependant, pas croire l’histoire officielle qui affirme que les “départs” de traite se font exclusivement à partir de Lachine. Parce qu’il est bien évident que les “Coureurs de bois” qui traitent sans permis, ne partent jamais de Lachine étant donné qu’ils ne sont pas intéressés à se faire prendre. Ils partent donc directement de leur village et passent par la rivière St-Maurice, la rivière Batiscan, la rivière Richelieu, ou encore, la rivière des milles-Iles pour se rendre à la rivière des Outaouais, afin de faire leur traite. Ces deux dernières, plus le fleuve St-Laurent lui-même, sont les deux seules « portes » donnant sur le Nord-Ouest. De plus, ce sont surtout ces “hors la loi” occasionnels qui “ouvrent” l’Amérique du Nord à la civilisation. Ils sont “amis” des indiens et vivent avec eux en parfaite harmonie. Ils transigent principalement leur traite avec Albany ou Nouvelle York en Nouvelle Angleterre, qu’ils connaissent très bien. Albany est, en 1540, un établissement français. Ce n’est qu’en 1609 que les Anglais s’y installent définitivement. Cette situation économique parallèle reste stable jusqu’à l’arrivée de la Cie du Nord-Ouest vers 1784.

Lors de la conquête, on raconte qu’il y avait environ 60,000  “Canayens” en Nouvelle France. Pour arriver à ce chiffre, on en passe plusieurs sous silence. On ne compte pas près de la centaine de familles “canayennes” qui vivent autour de Détroit, ni une centaine d’autres autour de St-Louis Missouri, ainsi que celles installées sur le Mississipi, sans parler de celles qui habitent autour des Grands Lacs jusqu’à la Baie des Puants. Plusieurs autres familles sont disséminées un peu partout du Nord au Sud et vers l’ouest jusqu’aux montagnes Rocheuses. Ce chiffre de 60,000 est de beaucoup inférieur à la réalité ethnographique canayenne de l’époque. C’est aussi valable que de dire que seuls les Québécois d’aujourd’hui parlent français en Amérique du Nord. On parle français un peu partout en Amérique du Nord, même s’il y a concentration de cette langue au Québec. Pour ceux qui en doutent, seulement en Alberta, encore de nos jours, il y a au moins 225,000 personnes qui parlent Français.

L’histoire du Canada n’est donc pas du tout ce que les autorités officielles ont raconté et racontent toujours. Elle n’est pas tellement, non plus ce que le clergé “missionnaire” à prétendu. La preuve en est que les missionnaires qui se sont aventurés dans l’ouest, ont  toujours été reçus à bras ouverts par des “colons canayens” qui ne les avaient pas vus depuis des dizaines d’années.  Et ce, non seulement dans l’Ouest canadien, mais dans ce qui est aujourd’hui, l’Ouest américain.

Officiellement, les « Coureurs de bois » ne sont qu’une minorité « hors normes », surtout dissidents et « hors la loi ». On ne les « reconnait » socialement que lorsqu’on a besoin d’eux pour la guerre, pour les missionnaires, pour les expéditions de « découvertes » ou pour le commerce. Par la suite, on fait toujours en sorte que leurs actions d’éclats passent sous silence, ou soient attribuées à un membre de l’autorité officielle. En réalité, ce sont eux qui sont la force économique sous-jacente et très importante, qui permet au peuple de survivre et même de « mieux vivre que les habitants de France ».

On n’a qu’à considérer, par exemple, que le premier “traiteur” anglais, historiquement reconnus, fut Alexander Henry (né au Nouveau Brunswick, Canada). Lors de son premier voyage à Michilimakinac, il est sauvé de la torture par Charles de Langlade qui habite à la Baie des Puants depuis très longtemps avec sa famille et celles d’un groupe de « Coureurs de bois » canayens. Ce qui n’empêche pas Henry de tenter de salir la réputation du héros canayen Charles Mouet de Langlade, aujourd’hui baptisé « père du Wisconsin » par les Américains. Ce dernier était même né dans la région.

Alexander Henry passe 15 ans dans l’Ouest, toujours accroché aux chausses de Jean Baptiste Cadot, un « canayen », né à Batiscan (croyez-le ou non!!!), arrivé dans le Nord-Ouest dès l’âge de 18 ans, par la suite, reconnu comme l’un des chefs par la tribu des Sauteux.

Les “Coureurs de bois” n’ont pas fait l’histoire “officielle” tout simplement parce que,  pour la plupart, ils ne savent pas écrire; donc ils n’ont pas tenu de comptes rendus de leurs découvertes et de leurs expéditions de traite comme l’ont fait les “commis” de la Cie du Nord-Ouest. Et ceux qui savent écrire, n’ont pas intérêt à compiler leurs allés et venus, vu leur situation « illégale ». Mais cela n’efface pas le fait certifié et indéniable qu’ils furent les premiers à “découvrir” tout le territoire nord-américain. La totalité des rapports écrits par les “découvreurs officiels” le racontent et le prouvent. La liste des “hommes de l’Ouest” est incontournable: Ils sont tous Canayens. Les “Canayens” sont les fondateurs de la plupart des villes de l’Ouest nord-américaines; que celles-ci se situent actuellement au Canada ou aux USA.

La traite des fourrures reste libre même aux USA après 1804. On le découvre dans la relation de l’expédition de Lewis et Clark ( réussie grâce à Toussaint Charbonneau de Boucherville, Georges Drouillard, Charles Hébert, Jean-Baptiste Lajeunesse, LaLiberté, Étienne Malboeuf, Pierre Pinaut, Paul Primeau, François Rivet, Pierre Roy, Baptiste Deschamps, Pierre Cruzatte et François Labiche) qui affirment aux traiteurs canayens qu’ils rencontrent que le gouvernement américain n’entend pas du tout empêcher leur commerce, à la condition qu’ils ne « salissent » pas la renommée des américains. Cela se comprend assez bien puisque les Américains ont grand besoin des « Canayens » pour arriver à passer des traités de paix avec les indiens. Ceux-ci n’ont aucune confiance aux américains et sont loin, très loin, de les considérer comme des « hommes honorables ». Cette opinion refait surface encore aujourd’hui, mais à l’échelle mondiale, pour les mêmes raisons qu’à l’époque.

L’agriculture n’a jamais été la force motrice et la base économique du peuple « Canayens ». Elle n’est qu’un ajout  permettant à chacune des familles une autonomie de survie. L’argent et le « bien être », les Canayens le trouvent dans la traite des fourrures. Par la suite, l’économie se déplace vers le commerce du bois; et c’est encore des Canayens qui courent sur les billots descendants les rivières. Ce n’est qu’après ce moment-là que l’agriculture prend de l’ampleur économiquement et que, finalement, les Canayens commencent à fumer leur pipe assis sur le balcon de la maison.

C’est là, la vraie histoire et notre vraie identité de “Québécois”;  non pas celle strictement des habitants de la Province de Québec, mais bien celle de la nationalité « canayenne ». Les Québécois sont une création des autorités anglaises en 1763. Ce sont eux qui ont créé la réserve « The province of Québec ». Nous sommes, au départ, des « Canayens », premiers et principaux responsables de l’existence des deux plus importants pays de l’Amérique du Nord.

Aucune autre nationalité que la nationalité « Canayenne » ne peut s’abroger de ce titre. Je n’ai, en mémoire, aucun autre peuple qui parvient à s’intégrer sur un territoire, comme l’ont réussi les « Canayens ». S’intégrer eux-mêmes et non le contraire, seulement au moyen de l’amitié, le respect des différences et les avantages mutuels avec les autochtones.

Se dire exclusivement Québécois est de renier l’étendue de notre vraie identité. Ce sont les    « Canayens », nos ancêtres qui, de par la force de leur bras, de par leur courage, leur honnêteté morale, leur respect des différences entre les nations, leur soif de liberté et leur persévérance, ont créé ces deux pays remarquables d’Amérique du Nord. Les hommes socialement « importants » qui les ont suivi et qui se sont parés de cette prérogative, n’ont fait que de la “politique” intéressée et de la “manipulation” historique après avoir fait disparaître les Amérindiens tout autant que les Canayens, pour s’approprier du territoire.

En fait l’usurpation d’identité est le même processus qu’on retrouve partout ailleurs dans la vie. Dans une guerre, ce sont les soldats qui gagnent la guerre; et non les généraux; dans l’économie, ce sont les travailleurs qui produisent la richesse; et non les « administrateurs »; dans la société, ce sont les individus qui assurent l’équilibre et non le système.

Notre vraie histoire est celle de ces individus extraordinaires « passés sous le tapis », et non celle des “têtes d’affiche” qu’on nous a relaté.

(à suivre)

Amicalement

André Lefebvre

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