Médecin ami ou médecine ennemie

On parle ad nauseam dans cette election du médecin de famille, comme s’il y avait là matière à discussions. Il n’y en a pas. Nous savons tous très bien que le médecin de famille est la clef de voute du système de santé et je l’écrivais il y a plus de 20 ans… http://wp.me/p59O0-5V

Le débat actuel ne porte donc que sur les couts et les échéanciers. Un débat de totale mauvaise fois, puisque le noeud du probleme est la volonté des médecins de ne PAS ajuster les resources médicales aux besoins.

Ajuster les ressources médicales aux besoins, ce serait en avoir plus dont la rémunération unitaire diminue, parce que leur coût de formation est réduit et leur charge de travail réduite, ce qui est possible et opportun si les tâches qui constitent la maquelle des services à rendre à la population sont redistribuées.

C’est ce que les médecins en bon corporatistes ne veulent pas. L’ennemi public numéro 1, ici, c’est le corporatisme medical. Le drame, c’est l’hypocrise générale qui fait qu’on ne l’admet pas. On est encore dans la logique nefaste – CRIMINELLE – qui a conduit en1996 le Gouvernement du Québec à pousser vers la porte une partie non négligeable des médecins et infirmières en exercice.

J’ai dit à l’époque tout le mal que je pensais de cette décision (Le Prix Mengele). Le Québec ne s’est jamais remis de ce sabotage de l’excellent réseau de santé que l’on avait mis une génération à y bâtir à grands frais. Nous ne nous sommes jamais remis de ce renoncement à faire mieux pour accepter lâchement de devenir moins.

On a réduit alors le nombre des médecins au Québec, parce que les médecins, payés à l’acte, y coûtaient trop cher. Un médecin payé à l’acte fixe sa propre rémunération, puisqu’il peut compenser une baisse du nombre de ses patients par une augmentation des actes médicaux par client. L’État n’a donc pas de contrôle réel sur le revenu d’un médecin. Pour diminuer les coûts, au poste de la rémunération des médecins, l’État n’a pas d’autre solution que d’en diminuer le nombre.

Diminuer le nombre des médecins, alors que les progrès de la médecine exigeraient plus de ressources, signifie une détérioration progressive des services. Aujourd’hui, on console les Québécois du délabrement du système de santé en promettant une hausse prochaine des effectifs. Bravo, mais penser que l’on va régler ainsi le problème suppose qu’on a oublié pourquoi, jadis, on les avait réduits, Augmentez les effectifs et les coûts de la médecine vont augmenter et devenir intolérables. Après un intermède qui permettra aux gouvernants actuels de terminer leur mandat et de prendre leur retraite, on sera prêt pour le déluge. Le Québec pourra alors choisir, définitivement, cette fois, la voie de la privatisation

Un État qui veut maintenir la gratuité et l’universalité de la santé doit-il nécessairement choisir entre le sous-développement ou la ruine, ou y a-t-il une issu à ce dilemme? OUI ! Il y en a une. La solution passe par une rationalisation de la rémunération des ressources médicales et, si l’on veut un système de santé gratuit et universel de qualité, en n’y consacrant que les ressources qu’une société peut se permettre, il faut procéder à cette rationalisation, en deux (2) étapes.

Premièrement, pour les omnipraticiens et les spécialistes dont l’intervention auprès de leurs patients est récurrente ou de longue durée et devrait comporter une part de prévention, il faut remplacer le paiement à l’acte par un régime de capitation. Ce n’est pas une trouvaille, ce régime fonctionne un peu partout. Même aux USA, où ce sont les assureurs qui en tirent parti !

Pour mettre en place ce mode de paiement, chaque détenteur d’une carte de santé s’inscrit aux cabinets du généraliste et des spécialistes de son choix. Le montant de la capitation, pour chaque type de patient, est fixé par négociation et chaque médecin payé selon le nombre de ses clients inscrits. Puisque l’on connaît la population inscrite, le budget de l’État est sans surprises.

Il reste encore, bien sûr, des spécialistes dont l’intervention est ponctuelle et ils sont encore payés à l’acte; mais ce sont ceux dont les « actes » sont bien identifiables. Les statistiques permettent de fixer le coût des interventions pour assurer aussi à ces spécialistes le revenu moyen que l’on souhaite.

Ayant rationalisé ainsi avec équité la rémunération des médecins en place et respecté les droits acquis, on peut, dans une deuxième étape, se doter pour l’avenir des ressources médicales que va exiger une demande pour la santé que les progrès de la médecine et le vieillissement de la population vont faire exploser. Il ne faut pas tenter de répondre à cette demande en créant plus de spécialistes à salaires faramineux (On a parlé de 9 fois le salaire moyen, au Québec !)

Une société n’en a pas les moyens et, surtout, ce n’est pas nécessaire. Au lieu de spécialistes dont la rémunération exorbitante est au moins en partie justifiée par une formation prolongée – 6 à 10 ans, au Québec – il faut, dans une deuxième étape, créer une nouvelle classe d’intervenants qui recevront, DANS LE DOMAINE DE LEUR SPECIALITÉ, une formation identique à celle des spécialistes actuels, mais dont la formation de tronc-commun aura été réduite à un an.

On donnera à ces intervenants spécialisés le titre que l’on voudra, mais, dans l’avenir, ils pourront prendre en charge l’immense majorité des tâches des spécialistes actuels. Il est bien difficile de croire que psychiatres, ophtalmologues et obstétriciens doivent tous, pour être performants, passer 4 ou 5 ans à apprendre la même chose. Parmi ces nouveaus spécialistes, il doit y en avoir un dont la tâche est de suivre le citoyen. Chaque citoyen. Pour la prevention, le diagnostic et l’aiguillage vers les autres specialists, pour le réconfort. C’est LUI LE MÉDECIN DE FAMILLE

En allégeant ainsi les programmes, on ne réduit pas seulement les coûts de formation ; on ramène surtout les attentes de revenu des nouveaux spécialistes au niveau de celles des autres diplômés universitaires formés en 4 ans. Si ce nouvel intervenant touche le tiers ou la moitié de la rémunération d’un spécialiste actuel, on peut en avoir deux ou trois fois plus. On peut en avoir assez pour une médecine humaine, ouverte à l’innovation. Les délais d’intervention et les listes d’attentes disparaissent. La rareté disparaît. L’offre devient abondante: c’est une nouvelle dynamique.

On espère que, durant la présente période électorale, les partis en lice diront aux Québécois POURQUOI ils ne considèrent pas cette approche.

S’ils ne le font pas, on pourra penser que prévaudra bientôt au Québec la même situation qu’aux USA, où songer à réduire le revenu des médecins est une idée séditieuse, blasphématoire…. puisque l’American Medical Association est la PREMIÈRE source de financement des partis politiques ! Aux USA, ce qui devait être plus de services pour la population a été manipulé pour devenir plue d’OBLIGATIONS au profit des assureurs ! Le Québec doit faire plutôt le choix de la solidarité.

D’abord ce choix . Il y a des détails à régler, mais en discuter en période électorale rendrait le débat complexe et ingérable… ce qui est bien ce que veulent les défenseurs du corporatisme médical ! Basta, donc. ! Pour les esprits curieux, toutefois, je répondrai avec plaisir aux questions sur les 80 textes traitant de cette question dans la section “Santé” du projet Nouvelle Société. http://wp.me/P59O0-5N

Pierre JC Allard

6 Commentaires

Classé dans Actualité, Pierre JC Allard

6 réponses à “Médecin ami ou médecine ennemie

  1. J-FB

    Tout est dit et bien dit.

    « Premièrement, pour les omnipraticiens et les spécialistes dont l’intervention auprès de leurs patients est récurrente ou de longue durée et devrait comporter une part de prévention, il faut remplacer le paiement à l’acte par un régime de capitation. » PRÉVENTION.

    La RAMQ nous oblige à nous attacher. Il y a des dommages collatéraux comme les poumons percés, mais la vie est sauvée.

    Je n’arrive pas à comprendre (je fais semblant bien sur) comment il se fait qu’un organisme qui a la capacité de s’auto guérir, soigné par la médecine moderne tout au long de sa vie, dévienne de plus en plus malade…

    « Bitchage » : La semaine dernière, je me présente a l’urgence mineure de la cilinique médicale de ma ville à 07:00. J’ai besoin d’un billet de médecin. À 08:00, une réceptionniste collecte toutes les cartes « soleil » et cela ira à 11:00 avant qu’elle me fasse venir pour connaître la raison de ma visite :billet.

    Un vieux « client millionnaire » de + de 80 ans, que je connais, se présente à 11:10 et à 11:30 manifeste son insatisfaction d’attendre à jeun. 11:35, il est appelé dans l’autre petite salle d’attente. Son médecin de famille lui avait fixé un suivi d’une visite antérieure. Et ce manège se répète une dizaine de fois.

    Nous échangeons entre « patients ». Ils et elles ont tous un médecin de famille, mais la seule façon de le/la rencontrer c’est par cette « urgence ».

    Finalement, sans diner pour ne pas perdre mon tour, je passe dans la petite salle à 15:00. Je dois m’obstiner avec l’omni sur ma fragilité devant une situation de mycotoxine, fragilité due à la perte d’un rein. Il faut que je donne les arguments que 2 millions de néphrons donne 100 fois plus de résistance que 800,000 mille néphrons donc fragilité réelle. Cela m’a coûté 15.00$ « cash ». J’ai du refusé de me soumettre à une évaluation de ma fonction rénale. Mais la carte passée à la machine et la facture à la RAMQ suivra certainement…Pourquoi ?

    On pourra dire que le médecin a été prudent, puisqu’il ne me connaissait pas. J’avais même apporté une lettre de confirmation de la néphrectomie.

    J’ai fait MA PREVENTION depuis +40 ans, sans médecin de famille.

  2. @ J-FB , je viens d’écrire 2 heures et on a fluscher mon commentaire qui se résumait à : Qu’est-ce que vous êtes allé foutter à l’urgence de votre Hôpital ? L’Urgence , c’est pour les urgents est-ce que cela saignait quand vous y êtes allé ? Est-ce que en âge vous aviez plus de 80 ans ? L’urgence , ne devrait être là , que comme à L’Hôtel-Dieu d’Arthabaska , on t’évalue et attends si ce n’est pas urgent , il y en a d’autres qui y entrent en ambulance.

    Pour tes soins J-F , t’as pas de clinique Médicale dans ton coin ? Il est là le succès des soins de santé de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska et de la clinique Médicale de Warwick………….
    Comment il se fait que je ne suis pas capable de copier mon commentaire ?
    Si celui-ci ne s’affiche pas , je vais demander à  »PAPI ».
    Jean-Marie De Serre.

  3. @ J-FB , on vient de fluscher mon ajout , je pense que le mot tettons , queues et plottes fuckent l’affaire , peut-être aurais-je dû dire ; sein , pénis et nounne………? Je vais tenter sur la Page à Papi ou sur  »FACEBOOK ».
    Jean-Marie De Serre.

  4. J-FB

    @ J-MDS

    « l’urgence mineure de la CLINIQUE médicale de ma ville  »

    En plus des doigts, vos yeux vous jouent des tours ?

  5. J-FB

    Un autre « Bitchage » :

    Je fais une chute à bicyclette. Une infirmière voit la scène et vient constater mon état. J’ai une cheville cassée et le tibia lézardé. Ambulance, police et arrivée à l’URGENCE DE L’HOPITAL à 17:45.

    23:30 Un médecin fait faire des radios, constate les fractures, me fait un plâtre et me retourne chez moi à 01:00 avec des béquilles avec instructions de revenir à 08:00. J’habite un deuxième étage avec escalier extérieur.

    Opération sous anesthésie générale, vis et plaque. Anesthésie trop forte, les « sphincters » prennent trop de temps à se réveiller, douleur de la vessie trop pleine, pose d’une sonde urinaire par une belle infirmière…engramme d’impuissance sexuelle.

    Retour à la maison le lendemain.

    2 jours plus tard, retour à l’URGENCE DE L’HOPITAL en ambulance : embolie pulmonaire. Gardé sous observation pendant 5 jours, dose de coumadin trop forte, ordre de ne pas bouger ni sortir du lit, danger d’hémoragie je suis devenu comme un hémophile. « Pillule pour dormir » tellement forte que je délire pendant 3 jours. OUPS, « nous sommes désolés ».

    Retour à la maison en taxi.

    3 jours plus tard, Visite à l’urgence mineure de la CLINIQUE médicale, en béquiilles. Réaction allergique au coumadin. Changement de médicament. Puis c’est le suivi pour ajuster l’anticoagulant, les ponctions sanguines au CLSC et perte de vitalité.

    Et ils savaient tout de ma condition de fragilité rénale…

    J’ai une cheville bionique. L’orthopédiste était très compétent, lui.

  6. @ J-FB , je m’excuse sincèrement. Vous savez que c’est ce qui arrive à moi aussi quand je ne relis pas 2 fois , écrire de travers. C’était en résumé.

    Des erreurs il en arrive dans tous les Hôpitaux . Est-ce à cause que le personnel n’en peut plus ? 50% du Budjet du Québec va pourtant pour la Santé. Monsieur Allard du corporatisme Médical est-ce que c’est trop puissant ? De toute façon si le Médical voit son texte , il vont voir une manière de fonctionner qui améliorerait sûrement le système.

    Un grand Hôpital va être démoli pas très looin de chez moi , je ne sais si c’est ici que j’avais dit qu’au lieu de tout le démolir , pourquoi ne pas ce qui n’est plus utile et faire refonctionner le reste ? Les jeunes docteurs que Monsieur Allard parle pourrait aller faire leur stage là.

    Je ne vais pas être trop long cette fois , car mon commentaire flusché était très long ,
    Bonne journée ,
    Jean-Marie De Serre.

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