Archives quotidiennes : 11 septembre 2012

Les Canayens d’antan!!!

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L’année 1692 souligne un petit accroc dans la vie usuelle du couple Gabriel et Marie-Louise. Une fille leur est née à Québec. Est-ce qu’ils étaient en voyage ou est-ce que Marie-Louise a eut besoin de soins médicaux spéciaux, on ne le sait pas; mais leur fille Marie-Catherine fut baptisée à Québec.

Cette année-là, est celle où Madeleine de Verchère défend le fortin de son père contre des Iroquois qui veulent s’emparer de la place. Elle est seule avec un vieux soldat et des enfants. Quand je dis que les « Canayens » sont des héros, cela n’exclu pas du tout les « Canayennes ».  Ce fait d’arme passera à l’histoire officielle parce qu’il se rendit jusqu’aux oreilles du roi Louis XIV; mais il est loin d’être le seul de notre histoire.

L’année suivante Jacques-François de Bourgchemin; notre officier un peu- beaucoup « soupe au lait », participe à une attaque contre les Agniers, pendant laquelle plusieurs de leurs villages au nord d’Albany, sont rasés. Le 1er mars il est confirmé lieutenant réformé. Ce sera l’année suivante, en 1694, alors commandant au Fort St-François, qu’il deviendra le parrain de Jacques-François Lefebvre, premier fils de Gabriel-Nicolas et de Marie-Louise Duclos. La marraine choisie sera Catherine Rivard.

Ce sera également cette année-là que Bourgchemin s’attaque à Monseigneur de Saint-Vallier, Évêque de Nouvelle France. Un scandale à l’échelle du pays, au sujet de son ami Desjordy de Cabanac, l’oblige à prendre position contre l’évêque.

Le scandale:

Marguerite Disy dit Montplaisir, âgée de 14 ans, avait épousé Jean Desbroyeux en 1677. Celui-ci consacrait la plus grande partie de son temps à ses voyages de traite  vers les pays des Outaouais et des Népissingues. Il était donc assez rarement à la maison. Sa résidence servait également d’établissement où les gens allaient boire « un pot ». C’est d’ailleurs là où la femme de Bourgchemin, Élisabeth Disy,  aide de sa sœur pour le service aux clients, s’était confrontée à un habitant que Bourgchemin avait proprement châtié contre la modique somme de 200 livres.

Esseulée, Marguerite n’est pas insensible aux avances de François Desjordy de Cabanac, ami de son beau-frère, capitaine réformé d’un détachement de la marine, stationné près de Batiscan. Ils finissent bientôt par cohabiter, en l’absence de Desbroyeux. Le 9 février 1694, comme le scandale dure « depuis plusieurs années », les curés de Batiscan et de Champlain, sieurs Foucault et Bouquin, lisent en chaire un mandement de Mgr de Saint-Vallier interdisant l’entrée de ces deux églises aux amants Desjordy et Desbroyeux. À un certain moment la morgue des jeunes hommes envenime la situation lorsqu’ils pénètrent de force dans l’Église avec leurs hommes pour assister à la messe. L’affaire se complique rapidement lorsque Frontenac entre dans la mêlée pour défendre l’honneur de ses jeunes officiers. Notons que Frontenac et Mgr de Saint-Vallier sont, la plupart du temps, à couteaux tirés.

François Desjordy de Cabanac, de son mariage avec Anne Nolan, aura une fille appelée Catherine qui deviendra la tante d’Augustin Mouet de Langlade, dont le fils, Charles Michel de Langlade fut nommé : Le père du Wisconsin par les Américains.

Dès le mois de mars, Marguerite Dizy présente une première requête au Conseil souverain, exigeant l’annulation du mandement et réparation de l’offense qu’elle dit avoir été portée à sa réputation. Frontenac y voyant un empiétement possible de l’Église sur le domaine de l’État, auquel Mgr de Saint-Valier ne se gêne pas souvent d’éviter, le litige est porté devant le Conseil privé du roi et Mgr de Saint-Valier doit se rendre en France pour se justifier. L’interdit est alors levé et bientôt l’affaire est bientôt oubliée. La preuve en est que j’en parle encore aujourd’hui.

Par contre lorsque Marguerite devient veuve en 1699, elle règle les affaires de son mari décédé à Montréal et continue sagement son métier de chirurgienne dans la région de Batiscan. En quoi pouvait consister ce métier de « chirurgienne » à l’époque? Je n’en ai aucune idée; mais je suis convaincu que cette Canayenne devait avoir le cœur bien accroché pour pratiquer son métier. Notons qu’elle ne s’entend toujours pas mieux avec son curé l’abbé Foucault. Plus tard en 1704, Marguerite Disy dit Montplaisir est accusée d’avoir calomnié le curé Boy de Batiscan et l’intendant Beauharnois la juge coupable. Avouons que notre famille Lefebvre fréquente de vraies « grenouilles de bénitier », y’a pas à dire !

Pour ajouter un peu plus de piquant à l’histoire, cette même année de 1694, Jacques-François de Bourgchemin est accusé de vouloir empoisonner sa femme. Si l’accusation est prise au sérieux, c’est que la chose devait être soupçonnée de se faire de temps à autre, ailleurs; mais je ne crois pas que cela puisse signifier que c’est Bourgchemin qui préparait les repas à la maison; je n’oserais pas aller jusque là. Par contre, il est évident que les Canayennes possédaient énormément de connaissances sur les plantes médicinales. D’ailleurs, ma propre grand-mère, tous les printemps, allait faire sa tournée dans les bois pour cueillir ces plantes, que l’Apothicaire du village (pharmacien) venait lui acheter chaque année.

Le massacre:

En juillet se déroule un évènement, très loin de Batiscan, d’une importance capitale pour notre lignée des Lefebvre. Sans cet évènement, plusieurs lignées de cette famille Lefebvre issue de Louis-Alexis, n’aurait vu le jour à partir de 1734.

Le 18 juillet 1694, Claude-Sébastien de Villieu, aidé du missionnaire jésuite le père Thury, mènent 250 Abénakis à l’attaque du village de Oyster River au New Hampshire. Ils y tuent, sous la bénédiction de Thury, 104 villageois et font 27 prisonniers qu’ils ramènent avec eux après avoir tout brûlé. Parmi les prisonniers des indiens, se trouve une jeune femme de 22 ans nommée Mercy Adams. Arrivée à Montréal, elle est rachetée aux indiens par le commandant du fort St-François, Charles Antoine Plagnol qui l’adopte et la fait baptiser Ursule.

On se souvient, encore aujourd’hui, de cette attaque des Canayens aux USA.

Mercy Adams est née le 13 mars 1672. Elle est la fille de Charles Adams et Rébecca Smith. À l’âge de 32 ans, elle épouse Charles-René Dubois dit Brisebois le 3 août 1704 à St-François du Lac. Ils auront plusieurs enfants dont Marie Ursule Dubois dit Brisebois qui épousera Louis-Alexis Lefebvre fils de Gabriel-Nicolas et de Marie Louise Duclos le 4 mars 1733. Donc si nous sommes ici aujourd’hui, c’est grâce à un massacre de 104 personnes. Sans ce massacre, huit générations de plusieurs lignées de Lefebvre, jusqu’à mes enfants, n’existeraient pas. Je ferai donc comme le Pape et je demande pardon aux innocentes victimes; mais…

La vie continue:

L’année suivante notre ami Bourgchemin reçoit une concession de Frontenac plus une seigneurie sur la rivière Yamaska. Le tout sera ratifié le 19 mai 1696 par le roi de France. Le 20 juillet la famille Lefebvre-Duclos baptise, à Batiscan, une autre fille appelée cette fois-ci Marie Madeleine Lefebvre. Son parrain est François Desbroyeux, 16 ans, fils de la « chirurgienne » Marguerite Dizy (Comme quoi, les scandales d’alcôves n’impressionnent pas tellement Gabriel-Nicolas, ni Marie-Louise Duclos). Sa marraine est Marie Madeleine Duclos, 19 ans, future épouse de Jean-Baptiste Papilleau dit Perigny.

Durant tout ce temps, Gabriel-Nicolas travaille sur sa terre et traite avec les Amérindiens qui passent chez lui en route vers le village.  Il fait certainement quelques expéditions de traite avec son beau-frère Nicolas Duclos qui deviendra juge et notaire en 1725, mais rien, dans les données officielles ne les indique. Ce qui est compréhensible puisque la traite est strictement réglementée depuis 1681 et qu’on risque la pendaison ou les galères si on s’y fait prendre. Il n’attire donc pas l’attention sur lui d’aucune façon. C’est assez facile pour lui, puisqu’il n’a qu’à partir de chez lui « vers la gauche » sur la rivière Batiscan et personne n’est au courant de son départ (vous pouvez vérifier sur la carte des cadastres plus haut). Il peut se rendre ainsi jusqu’au Témiscamingue. Une chose est certaine; il affine ses aptitudes de « coureurs de bois » de plus en plus. Il est également assuré qu’il participe à certaines des expéditions punitives contre les Iroquois ennemis; mais s’il le fait, on n’en a aucune mention.

Frontenac, en 1696 est âgé de 74 ans. Ce qui n’empêche pas le bonhomme de mener 2000 combattants à une attaque contre les Iroquois Onontagés qui laissera impression. Les Iroquois signeront un traité de paix en 1701.

Antoine Lefebvre dit Du Sablon dit Despins, fils de Gabriel-Nicolas, voit le jour à Batiscan en 1697. Son parrain est Antoine Rousselet (ou Rousselot) et sa marraine, Marie Morand (17ans) épouse de Jean-Baptiste Papilleau dit Périgny.

On ne sait trop ce qui est advenu de Jacques-François Hamelin de Bourgchemin. Ce qui est assuré est qu’il meurt (peut-être empoisonné, qui sait?) durant l’année 1697. De sorte que le 26 janvier 1698, sa veuve, Élisabeth Disy dit Montplaisir, pas empoisonnée du tout, se remarie avec Alexis Guay dit Leguay. Elle décède le14 février 1703 et il semble que la seigneurie dont elle aurait dû hériter passe aux mains du Marquis de Vaudreuil par le biais de sa sœur Marie-Anne à Paris, pour le prix de 320 livres en 1724. Curieusement le document porte la signature de Louis de Buade, mais ne peut-être Frontenac puisque celui-ci est mort en 1698. Du moins, Vaudreuil vendit-il le domaine à Mgr l’Évêque de Samos P.H. Dosquet au plus tard en 1723? Voilà qui serait tout aussi curieux puisque Vaudreuil l’aurait officiellement acheté en 1724. Ce dossier doit se trouver dans les « cas non résolus » des archives canadiennes. Plusieurs familles de chez nous possèdent des archives de ce genre. dans leur histoire familiales

Chez les Lefebvre-Duclos le moïse ne chôme pas; le 13 octobre s’ajoute à la famille le petit Joseph Lefebvre qui adoptera le surnom « dit Villemure ». Son parrain est Noël-Joseph Trottier de la famille Trottier des Ruisseaux, autres « coureurs de bois » renommés et sa marraine est Marguerite Duclos. (Au sujet de ce Joseph Trottier, lisez le lien: http://historiquementlogique.com/category/nouvelle-france/

vous aurez une idée additionnelle de l’étendue des Canayens en Amérique du Nord).

Le 23 novembre Hertel de Rouville, l’un de nos plus efficace commandant pour la « petite guerre » qui passe pour le plus « cruel » en Nouvelle Angleterre, épouse Jeanne Dubois à Trois-Rivières. Cinq jours plus tard, le vieux soldat qu’est Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau rend l’âme âgé de 76 ans. Il a la décence de faire la paix avec son vieil ennemi l’Évêque de Saint-Vallier qui n’a que des louanges pour son administration après avoir passé sa vie à le confronter.

Et nous voilà rendu au tournant du siècle de 1700 qui se signale par la création de la « Compagnie de la Colonie » première compagnie créée avec des intérêts canadiens depuis la faillite de  la « Compagnie des Habitants » entre 1650 et 1660.

Les actions de cette compagnie se vendent à prix modique pour permettre aux Canadiens d’en acheter et participer ainsi aux profits. Ce fut le « Plan Nord » de l’époque.  C’est ainsi qu’est fondée la Compagnie de la Colonie. Selon le ministre, cette entreprise  permettrait au Canada d’obtenir l’autonomie d’un pays d’état, comme il en existait en France. L’affaire fut malheureusement vouée à l’échec, en raison des conditions économiques défavorables qui régnaient au début du xviiie siècle. En 1704, le gouverneur Rigaud de Vaudreuil et l’intendant François de Beauharnois  envoient le directeur principal de la compagnie Antoine  Pascaud, pour expliquer au ministre la situation dans laquelle se trouve la compagnie et tenter d’obtenir de l’aide. Celui-ci échoue et, en 1706, la Compagnie de la Colonie est mise en liquidation tandis que le monopole des peaux de castor est cédé à la maison Aubert, Néret et Gayot en France.

Cette histoire pue le « coup fourré » parce que Pascaud ne crée aucun lien au Canada à part ses commerces. Chaque jour, il est en position de pouvoir quitter le pays au moindre signal. Tout l’argent qu’il fait au Canada est constamment placé en France. . En 1710 il s’installe définitivement à Larochelle. Pierre de Lestage dirige ses affaires au pays. Pascaud fut accusé de vouloir « ruiner tous les commerçants de ce pays […] il veut réduire tous les négociants de ce pays a la nécessité de n’adresser a autres qu’a luy les Lettres de change pour avoir les marchandizes dont ils ont besoins pour leurs commerce ».

Pendant tout ce brouhaha, chez les Lefebvre-Duclos de Batiscan, on libère une fois de plus le berceau, pour y installer le nouveau venu nommé Charles-Gabriel. Son parrain est Charles Duclos et sa marraine Geneviève Trottier. Charles-Gabriel assistera au mariage de Louis de la Corne écuyer, aide-major des troupes, seigneur de Terrebonne (où j’habite actuellement) avec Élisabeth de Ramesay. Ce qui confirme encore plus le lien entre Gabriel-Nicolas, son père et Jean-Louis de Chapt de la Corne, père du marié, depuis leur arrivée au pays. Quant au Seigneur de Ramesay, père de la mariée, il avait été gouverneur de Trois-Rivières de 1690 à 1704. C’est lui qui fit bâtir, à Montréal, l’Hôtel du gouvernement qui est ensuite devenu l’École Normale Jacques Cartier. C’est également lui qui rendit la ville de Québec aux Anglais en 1760. Après la conquête il retourne en France et y finit ses jours.

Le moïse des Lefebvre-Duclos de Batiscan restera vide pendant les deux années suivantes. Gabriel-Nicolas doit probablement multiplier ses voyages de traite. Son fils Louis- Alexis verra le jour le 12 janvier 1703.  Le parrain sera Alexis Lemoyne de Monière, l’un des marchands importants de Montréal de l’époque. Il fournit continuellement les « coureurs de bois » pour leurs équipées de traite. La marraine est Marie-Louise Guillet. C’est ce fils de Gabriel et Louise Duclos qui épousera la fille de Mercy Adams dont nous avons parlé plus haut, Marie Ursule Dubois dit Brisebois.

L’année suivante naît celui qui deviendra le marchand voyageur de la famille, dans la traite des fourrures. Il engagera ses frères à chaque fois que ceux-ci voudront gagner des sous. C’est le 28 avril que  Jean Baptiste Lefebvre prend sa place dans le berceau familial. Son parrain est Jean Giasson et sa marraine Marie Madeleine Lepelé, épouse de François Rivard. Jean Baptiste épousera Marie-Josephe Papilleau dit Périgny le 2 mai 1730. Il décède âgé de 51 ans, le 1er décembre 1755 après une vie remplie d’aventures.

Ce n’est que 2 ans plus tard qu’il libère le moïse de la famille, pour le laisser à son nouveau frère Nicolas. Le parrain du bébé est Nicolas Rivard et la marraine, Madeleine Lafond dit Mongrain. Nicolas décède le 23 février 1728 à l’âge de 21 ans. Il est voyageur depuis 2 ans.

L’année suivante 1707, un procès-verbal du 15 mars établi la ligne et les bornes entre la terre de Gabriel-Nicolas  Lefebvre et celle de Mathurin Cadot, son voisin. Le lendemain, un autre procès-verbal établit la ligne entre lui et l’autre voisin, Jean Brouillet.  Vous me demanderez pourquoi ne pas faire ces procès-verbaux la même journée? Mais voyons -donc!!! C’est parce qu’à cette époque, les gens ne sont pas stressés. On prend le temps de « voir venir » et de « discuter » de ce que l’on va faire. On laboure même avec des bœufs au lieu des chevaux, tellement on n’est pas pressé. C’est tout dire!

Une fois les bornes de sa terre bien établies, Gabriel-Nicolas s’oblige à patienter jusqu’au 13 novembre, avant  d’accueillir un autre fils que Marie-Louise décide de nommer Pierre. Le parrain élu est Pierre Rivard dit Lanouette, époux de Catherine Trottier des Ruisseaux et la marraine choisie est Gertrude Perrot de la famille de Nicolas Perrot le « grand voyageur » qui s’est promené partout au pays des Illinois. Pierre épousera, en 1733, la veuve de Jean Coste, Geneviève Trépanier et en deuxièmes noces, Marie-Anne Papilleau dit Périgny, une autre veuve, cette fois de François Tiffault.  C’est d’ailleurs pourquoi je doute un peu que ses voyages dans l’Ouest lui firent découvrir de nouveaux territoires. Il décède le 6 août 1782 à Batiscan âgé de 75 ans.

Détroit:

Ce fils de Gabriel-Nicolas sera lui aussi un « coureur de bois » dès son tout jeune âge. Son premier contrat de « voyageur » est assez significatif. Âgé de 17 ans, il signe un engagement en 1724, pour se rendre au fort Pontchartrain, c’est-à-dire : Détroit. Mais chose curieuse, son contrat est un « aller seulement ». Lorsqu’il arrive à Détroit, son contrat se termine. Ce qui lui laisse le droit d’aller et venir à Détroit comme il le veut, pour faire ce qu’il veut. Il y a certainement quelqu’un de la famille qui l’attend là-bas. Je soupçonne que ce soit son frère Jean Baptiste âgé de 20 ans qui, on le découvrira plus tard, possède une terre à Détroit. On n’entendra plus parler de lui pendant neuf ans, où il reviendra se marier à Batiscan en 1733.

C’est Alphonse de Tonty qui est commandant du fort à cette époque et il a énormément de problèmes avec ce poste qu’il détient seul, depuis 1717. Son administration est très défaillante. Il est relevé de son poste en 1727 lorsque les hurons, venus s’installer dans les environs, demandent qu’il soit renvoyé. Il meurt quelques mois plus tard. Tonty et Lamothe-Cadillac sont les fondateurs du Fort Pontchartrain de Détroit. Ils tentent d’y établir une colonie qu’ils veulent importante. L’établissement ne dépassera jamais une centaine de familles installées sur la rivière Détroit, de chaque côté du fort.  Leurs épouses sont reconnues comme les deux premières européennes à avoir vécu dans l’Ouest. L’épouse de Tonty se nomme Marie-Anne Picote de Belestre. Elle est la fille de Pierre Picote de Belestre, commandant de Montréal, qui avait hérité de la terre de Dollard des Ormeaux. C’est là où Pierre, fils de Gabriel-Nicolas, vivra entre 1724 et 1733.

Le fils suivant de la famille Lefebvre-Duclos, Michel , verra le jour deux ans plus tard en 1709 le 14 décembre. Lorsque les naissances s’espacent de cette façon, chez les familles canayennes, ce n’est pas parce que l’intérêt du canayen envers son épouse diminue d’intensité, loin de là. C’est simplement parce qu’il passe plus de temps assis dans son canot, en voyages. Il est important de le mentionner. Le parrain de Michel sera François Duclos et la marraine, Marie Madeleine Gaillou. Lui aussi épousera, en 1733, une jeune fille de la famille Papilleau dit Périgny nommée Marie-Anne. L’un des témoins au mariage, sera Jean Baptiste Brunsard dit Langevin et un autre, Paul Bertrand dit St-Arnaud.  Ce dernier arrive au pays en 1687 avec la cie de Vaudreuil.  Beaucoup plus tard, lorsqu’il vendra sa terre à son fils Michel Bertrand dit St-Arnaud, Jean Baptiste Lefebvre, frère de Michel, sera témoin sur l’Acte de vente.

Mais là, nous nous retrouvons face à une situation qui déroge des habitudes de la famille Lefebvre. Il semble bien que Gabriel-Nicolas, âgé maintenant de 44 ans passe énormément de temps dans son canot. Car le fils suivant ne voit le jour que 4 1/2 ans plus tard, le 24 juillet 1714. On lui donne quand même un nom : Julien. Son parrain est Antoine Lefebvre, son frère âgé de 17 ans et sa marraine est sa sœur Marie Catherine  âgée de 22 ans. Encore là, une question fait surface : Pourquoi avoir choisi un frère et une sœur? Est-ce que Gabriel-Nicolas commençait à couper certains liens avec le voisinage? Difficile de répondre à cette question. De toute façon, au niveau « voisinage », Gabriel-Nicolas « dit Lataille » ne semble pas avoir créé trop de liens avec beaucoup d’amis hors de sa famille, sauf probablement, ses voisins de gauche et de droite, dont Mathurin Cadot coureurs de bois. Celui-ci accompagne Saint-Lusson et Nicolas perreault en 1671 lors de la prise du territoire des Grands Lacs au nom du roi de France. L’autre voisin, Jean Brouillet dit La Vigueur, je n’en sais qu’il est mort noyé âgé de 40 ans en 1718. Ce qui indique que Gabriel avait un caractère assez bien « défini » et ne se laissait pas contrôler par des « besoins irrésistibles» de socialiser. Ses amis étaient des hommes fiables tout comme lui; amitiés de frères d’armes, développées aux seins des périls traversés. Il ne semble pas s’être embarrassé d’amis  « superficiels ».

Julien Lefebvre épousera, assez jeune, Marie Suzanne Raux le 16 novembre 1734. Il fera un deuxième mariage avec Madeleine Cosset en 1780 et finalement, âgé de 77 ans, un troisième mariage avec Geneviève Carrier en 1791. Il décède le 12 décembre 1801 à Batiscan. Qui sait ce qui serait advenu sans cette « épreuve »?

Deux ans plus tard, François Duclos, 42 ans, beau-frère de Gabriel-Nicolas Lefebvre, 52 ans, est engagé le 2 juin pour l’Ouest, par Jean Baptiste Cuillerier, époux de Marie Trottier, pour la somme de 125 livres payable en peaux de castor. Par contre, on lit une drôle de condition sur son contrat.  Il ne doit pas rencontrer « ni rien donner » à Jacques Larchevesque lors de son passage à Détroit. Son retour est prévu en septembre. On sait qu’il s’agit ici, de Jacques Larchevesque dit Lapromenade né en 1684. Il est peut-être forgeron comme son père, mais il est surtout un marchand de fourrure; donc un concurrent de Jean Baptiste Cuillerier âgé de 46 ans. Une mésentente semble exister entre ces deux marchands; ce qui est assez rare à cette époque. Cette année-là Jacques Larchevesque est âgé de 33 ans. On ne sait où et quand Jacques décède.

L’année suivante François Duclos devient lieutenant de milice à Batiscan. La famille de Gabriel-Nicolas et Marie Louise Duclos est maintenant décrite. Son épopée peut alors commencer et, ainsi, nous pourrons vraiment goûter à la vie quotidienne de nos courageux ancêtres.

Amicalement

André Lefebvre

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