Archives quotidiennes : 20 septembre 2012

Des loups dans la bergerie?

Une histoire tragique, assez tordue, surtout que les versions s’opposent.

Le 28 août dernier, Dimitros, âgé de huit ans, est mordu par deux solides canidés sur le terrain d’une résidence privée, à Sainte-Brigide-d’Iberville.

La mère, Vanina Provost, atteste que son fils a été mordu par des loups. Le propriétaire dément ses dires, précisant que ce sont des bergers tchécoslovaques. Le Ministère des ressources naturelles et de la faune (MRNF), de son côté, ne se prononce pas, confirme seulement que l’enclos était bien sécurisé!

Bien sécurisé? Un point douteux étant donné que les chiens-loups-bergers tchécoslovaques se sont rués sur l’enfant avec la rapidité de l’éclair. On sait maintenant que le propriétaire avait oublié de refermer une des deux portes de l’enclos sécurisé!

Madame Provost avait amené son fils avec elle parce que cette journée-là son mari ne pouvait le garder. Son amie, la maître-chien Cindy Fournier  – une amie également de la femme du propriétaire des bergers-loups – l’accompagnait. Tous les trois, l’enfant, la mère et l’amie, assistaient gentiment à la séance de nourriture des bêtes par le propriétaire et se tenaient à une vingtaine de mètres  d’elles.

C’est d’abord la femelle qui s’échappa de l’enclos. Sauta sur Dimitros et l’agrippa de ses crocs à la tête et au bras. La mère s’agrippa à son tour à son fils, tirant de toutes ses forces pour le dégager. Mais le mâle surgit par derrière et prit dans sa gueule la jambe de Dimitros, tirant de son côté. Il paraît que l’enfant criait : «Jésus, aide-moi!»

Il aura fallu l’intervention du propriétaire qui abattit à plusieurs reprises un  2 x 4 sur la tête du mâle et procéda ensuite à une manœuvre de strangulation pour qu’il lâche prise, tellement il était enragé.

L’enfant fut transporté dans la maison, le corps recouvert de sang, et le visage aussi blanc qu’un linceul. Malgré tout, les deux propriétaires insistèrent auprès de la mère pour qu’elle n’appelle pas les services d’urgence. Ils craignaient d’être troublés par les conséquences. En dernier recours, ils demandèrent à la mère de dire que l’enfant avait été mordu par un chien errant! Que voulez-vous, il y a parfois des priorités qu’on ne saisit pas!

Bon, voilà que l’enfant est finalement transporté à l’hôpital de Cowansville et soigné, puis transféré le lendemain à l’hôpital de Montréal pour Enfants, en raison d’une sévère infection à la jambe. L’enfant a échappé de justesse à l’amputation.

Tout n’est pas fini pour lui, bien sûr. Sans compter le terrible traumatisme psychologique qu’il a subi, il doit continuer à se rendre à l’hôpital à tous les deux jours pour le changement de ses pansements. Il n’est pas question pour le moment qu’il retourne à l’école, sa peur de sortir et d’être attaqué étant trop grande.

En attendant, on ne sait toujours pas s’il s’agit de loups ou de bergers tchécoslovaques! Il paraît qu’un test d’ADN pourrait le préciser. Mais, qu’est-ce qu’on attend? Qu’est-ce qu’on attend pour éclaircir la situation?

De l’avis de Mme Fournier, la maître-chien amie de la mère de la victime, il s’agit bien de loups, puisqu’elle connaît la propriétaire depuis une quinzaine d’années. Elle a même déclaré à l’émission de Denis Lévesque que les propriétaires faisaient le commerce de petits loups qu’ils vendaient sur le marché noir à 2 500 $ chacun à l’étranger.

D’après les professionnels en la matière de reconnaissance de loups et de chiens, il est très difficile de faire la distinction entre un loup ou un hybride de loup.

D’après d’autres experts, les loups n’attaquent jamais sans raison, car la peur qu’ils ont de l’homme est inscrite en eux. Quand ils attaquent, ils s’en prennent aux enfants (un rappel des enfants-bergers autrefois enregistré dans leur mémoire) ou aux femmes. Rarement aux hommes.

Selon l’auteur de Indice Zéro, qui fut responsable pendant plusieurs années d’une fourrière d’animaux, il y aurait eu dans le cas de Dimitros, contentement de la part des bêtes; ainsi ces dernières présenteraient un  risque de récidive de l’ordre de 80 %!

Mais, rassurons-nous, la justice suit son cours. Pour le moment, un constat d’infraction pour nuisance a été donné par la Municipalité de Sainte-Brigide-d’Iberville. L’amende pourrait aller de 100 $ à 1 000 $. Je vous en supplie, ne riez pas, c’est sérieux!

Il y a, de toute évidence, des intérêts personnels divers en jeu.

Les loups dans la bergerie, ce sont aussi ceux qui, si vraiment il s’agit de loups et qu’ils continuent à le nier avec une belle hypocrisie, se comportent d’une façon méprisable, dans le seul but de protéger leurs intérêts personnels.

Quel est le débat au juste?

Interdire le marché au noir? Respecter la loi? Protéger l’enfant? Savoir qui a raison?

Il est facile de s’égarer dans tous ces dédales.

Un incident s’est produit. Malencontreusement peut-être. Mais il faudrait s’assurer qu’il ne se reproduise plus!

Voilà l’essentiel.

Carolle Anne Dessureault

*NOTE – la suite de LES CERF-VOLANTS DE KABOUL aura lieu la semaine pr

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