Archives d’Auteur: lartiste12

À propos de lartiste12

What about me?

Sous le règne de Jean-Paul II, la « Sancta Mafia »!!!


Mgr Paul Casimir Marcinkus était un prélat catholique et président de la Banque du Vatican, l’IOR.

Né à Cicéro, dans l’Illinois, il est le fils d’un immigrant lituanien, laveur de carreaux. Ordonné prêtre à Chicago en 1947, il devient l’ami de Mgr Montini, futur Paul VI, puis part en Bolivie et au Canada pour servir au secrétariat de la nonciature apostolique.

Interprète de Jean XXIII et garde du corps de Paul VI, il est consacré  archevêque  de Horta  en 1969 et nommé secrétaire de la curie romaine.

Nommé pro-président de la commission pontificale pour l’État de la Cité du Vatican  en 1981, il devient le troisième personnage le plus puissant après le Pape et le secrétaire d’État. Il conserve cette fonction jusqu’en 1984.

En 1982, alors qu’il préside l’Institut pour les Œuvres de Religion (IOR), la Banco Ambrosiano fait faillite et il fait la une des journaux. La loge P2 et Roberto Calvi sont identifiés comme étant au cœur de cette grande affaire politico-financière. Il a été établi que l’IOR, à l’époque dirigé par Marcinkus, a eu un rôle déterminant dans le krach de la Banco Ambrosiano de Roberto Calvi, dans une intrigue bancaire compliquée concernant entre autres Michele Sindona et le « Maître Vénérable » de la loge P2, Licio Gelli.

Paul Marcinkus, président de la Banque du Vatican, a été directeur d’Ambrosiano Overseas, basé dans le paradis fiscal de Nassau aux Bahamas.

« L’administration pour les œuvres de religion » fut mise en place par Léon XIII le 11 février 1887, pour gérer le peu de fonds à la disposition du Pape de l’époque.  Après les Accords de Latran,  une fortune y est ajoutée. C’est alors que cet organisme est muté, en 1942, pour devenir l’IOR (Institut pour les œuvres de religion) par le Pape Pie XII. Cet institut n’est pas un département de la Curie romaine. Il n’est pas, non plus, une Banque centrale chargée de la politique monétaire du Vatican. Mais il ne ressemble pas non plus à une banque normale puisqu’il n’a pas d’actionnaires et que les profits sont utilisés à des fins « religieuses » et « charitables ». On peu penser que Pie XII s’en est servi pour faire évacuer des juifs durant la guerre et des nazis après la guerre; ce qui est définitivement « charitable » au sens de l’Église.

L’IOR est appelé également la « Banque du Vatican ». Elle fut plusieurs fois au centre de scandales, entre autres, celle dont j’ai parlé plus haut : la faillite de la Banco Ambrosiano.

En 1968, les autorités du Vatican ont embauché Michele Sindona, en dépit de son passé douteux, en tant que conseiller financier. Sindona est le principal responsable de l’afflux massif d’argent (technique d’escroquerie de la cavalerie : achats de banques avec les dépouilles de la précédente) quand il a commencé le blanchiment de sommes d’argent issues du narcotraffic lié à la famille Gambino (en prenant une taxe de 50%) grâce à une société écran nommée « Mabusi ». Cet argent a été obtenu avec l’aide d’un autre banquier, Roberto Calvi, qui a géré la Banque Ambrosiano. Calvi et Sindona étaient membres de la Loge maçonnique P2.

Lorsque Jean-Paul 1er est devenu pape en 1978, nous avons vu qu’il a demandé à Jean-Marie Villot, cardinal Secrétaire d’État et chef de la Curie papale, de mener une enquête de fond. Jean-Paul Ier mourut 33 jours après son élection, ce qui laissa supposer qu’il avait été assassiné en raison de la découverte d’un scandale.

La Banque du Vatican était l’actionnaire principal de Banco Ambrosiano. Le père Paul Marcinkus, directeur de l’IOR de 1971 à 1989, a été inculpé en Italie, en 1982 comme complice dans l’effondrement de la Banco Ambrosiano estimé à 3,5 milliards de dollars, l’un des plus grands scandales financiers de l’après-guerre. Banco Ambrosiano a été accusé de blanchiment d’argent de la drogue pour la mafia sicilienne. Licio Gelli Vénérable Maître de la loge maçonnique P2 est également impliqué dans ce scandale de blanchiment d’argent ainsi que dans le financement de groupes d’extrême droite  terroristes des années 1970. Ni Gelli, ni Marcinkus n’auront à subir de procès en Italie.

Le président de la Banco Ambrosiano Roberto Calvi, sera moins heureux. On le retrouve à Londre, le 18 juin 1982, pendu sous le pont Blackfriars Bridge. On a conclu à un suicide; mais selon des informations récentes d’écoute électronique, la mort de Calvi a presque certainement été décrétée par la Commission Cupola, l’instance dirigeante de la mafia sicilienne. Le 5 juin 1982, deux semaines avant qu’on le retrouve pendu à Londres, Calvi écrit au Pape Jean-Paul II pour l’avertir que la faillite de la Banco Ambrosiano provoquera une catastrophe sur l’image de l’Église du Vatican.

D’abord simple employé à la Banco Ambrosiano, Roberto Calvi parvint à gravir tous les échelons jusqu’à la présidence, avec l’aide de Mgr Paul Marcinkus de la Banque du Vatican, actionnaire majoritaire de Banco Ambrosiano. Roberto Calvi était membre de la loge P2, dirigée par Licio Gelli.

La gestion de Roberto Calvi laissa un déficit de 1,4 milliard de dollars dans les caisses de Banco Ambrosiano. La destination des sommes disparues, dont une part importante appartenait à la Mafia, n’a jamais été élucidée.

Plusieurs pistes ont été citées dans le dossier (la loge maçonnique italienne dite « loge P2 », des comptes privés, un soutien au syndicat polonais Solidarnosc et aux Contras nicaraguayennes), sans que la lumière puisse être faite.  Nous voici maintenant rattachés à la papauté depuis l’époque de Pie XII sur son intérêt envers la Pologne et l’anti-communisme. À noter que les Contras étaient également opposés au communisme. Les Contras étaient appuyés par la CIA qui est, elle aussi, impliquée dans le réseau Italien Gladio lié à la loge P2. Le Vatican est pleinement impliqué dans la lutte du pouvoir au niveau international depuis la deuxième guerre mondiale, Il est maintenant facile de s’en rendre compte.

Les intrigues de la Banco Ambrosiano constituent une des zones les plus obscures de la récente histoire italienne. Aussi bien Roberto Calvi que Michele Sindona furent retrouvés morts. Le premier a été retrouvé pendu sous le Blackfriars Bridge ; le deuxième, emprisonné pour l’homicide de Giorgio Ambrosoli, a été empoisonné à l’aide d’un café au cyanure le 20 mars 1986. Il meurt deux jours plus tard.

Certains auteurs, émettent l’hypothèse que Monseigneur Marcinkus a joué un rôle avec le Cardinal Villot (à l’époque Secrétaire d’État), le Cardinal Cody, Licio Belli (Loge P2), et Roberto Calvi (Banco Ambrosiano) dans la mort du pape Jean-Paul 1er, qui eut un pontificat de seulement 33 jours et avec lequel ils avaient une forte hostilité sur la manière de conduire les finances vaticanes.

Cette théorie est corroborée par les déclarations du repenti Vincenzo Calcara au juge Paolo Borsellino. Calcara parle d’un entretien avec l’entrepreneur mafieux Michele Lucchese advenu quelques jours après la tentative d’assassinat de Jean-Paul II du 13 mai 1981. Lucchese révèle à Calcara que Jean-Paul II  suivait la même politique que Jean-Paul I qui voulait « rompre les équilibres à l’intérieur du Vatican » en redistribuant les biens de la banque vaticane et en changeant les dirigeants de l’IOR et du secrétariat d’État (Marcinkus et Villot).

Le fait qu’Albino Luciani, élu depuis trente-trois jours seulement, soit assassiné alors qu’il enquêtait sur la banque du Vatican, et prévoyait remplacer de nombreux postes importants au Vatican est troublant.  Un autre fait troublant est que le Pape avait été ausculté la veille et jugé en bonne santé, ou encore que le corps n’a pas été autopsié, et que la cause de sa mort n’a donc pas pu être pleinement déterminée.

Le 22 juin 1983, Emanuella Orlandi, fille d’un important fonctionnaire du Vatican et citoyenne vaticane, est enlevée. En juin 2008, Sabrina Minardi, témoin lors du procès contre la Banda delle Magliana, ex-compagne du chef de bande Enrico De Pedis, a déclaré qu’Emanuella Orlandi aurait été enlevée et tuée par l’organisation criminelle de De Pedis. De Pedis, qui était en contact avec Marcinkus à travers Roberto Calvi, aurait dit que l’enlèvement venait d’un ordre de Marcinkus, qui voulait envoyer un « message ». La publication des verbaux de Sabrina Minardi à la magistrature a suscité la protestation du Vatican.

Enrico De Pedis est l’un des créateur de la Banda della Magliana. Il est aussi appelé Renatino. Cette bande est liée aux œuvres du Gladio  et de sa « stratégie de tension » (CIA) coordonnées par l’OTAN. La bande est en relation avec la mafia, la loge P2 par Licio Gelli et l’IOR par Monseigneur Paul Marcinkus.

La banda della Magliana est lié en outre aux mystères italiens suivant:

  • Homicide de Carmine Pecorelli : Pecorelli travaillait sur l’organisation d’extrême droite Gladio et sur ses éventuels liens avec la Mafia et la CIA lorsqu’il fut assassiné à Rome. Il fut mortellement atteint de quatre projectiles. Il semble que Pecorelli ait été trahi par Licio Gelli de la Loge P2.
  • Attentat à Roberto Rosone :

En 1981, la police italienne mène une perquisition dans une villa de Licio Gelli, ce qui l’amène à découvrir une liste de noms des membres de la loge maçonnique P2 ainsi que des preuves concernant les activités illégales de Roberto Calvi. Celui-ci est condamné à quatre ans de prison, avant d’être relaxé en appel. Il conserve toutefois ses fonctions à la banque Ambrosiano. L’industriel Carlo de Benedetti, qui contrôlait Olivetti, investit alors dans la banque et en devint secrétaire adjoint, avant de démissionner deux mois plus tard suite à des menaces émanant de la mafia et au manque de coopération de la part de Calvi. Son remplaçant, Roberto Rosone, sera blessé par balles dans un incident impliquant la mafia. En 1982, on découvrit qu’il manquait 1,287 milliard de dollars à la banque. Roberto Calvi s’enfuit alors du pays grâce à un faux-passeport, tandis que Roberto Rosone s’arrangeait pour que la Banque d’Italie prenne contrôle de la banque Ambrosiano. Graziella Corrocher, la secrétaire personnelle de Calvi, laisse une note l’accusant avant de se jeter par une fenêtre. Il est pertinent de se demander : « seule ou grâce à d’autres? ». Quelques mois plus tard on trouve le corps de Giuseppe Dellacha, l’assistant de Roberto Calvi, au même endroit qu’on avait trouvé Graziella Corrocher; mais cette fois-ci, sans note de suicide. C’était probablement « grâce à d’autres ».

  • Affaire Roberto Calvi
  • Affaire de l’arsenal retrouvé dans les souterrains du Ministère de la Santé
  • Dépistage dans l’affaire de l’attentat de la gare de Bologne
  • Disparition de Emanuela Orlandi, lié à la tentative d’assassinat de Jean-Paul II

De Pedis fut assassiné dans sa voiture dans un guet-apens à Rome le 2 février 1990.

La sépulture de De Pedis se trouve dans la basilique di Sant’Apollinare, une telle sépulture est normalement réservée aux souveraine Pontifes, ou les Cardinaux et les Évêques diocésains émérites.

Le 6 mars 1990, 32 jours après la mort de Renatino (Enrico De Pedis), le recteur de la basilique, monsignor Piero Vergari attesta avec une lettre son statut de grand bienfaiteur : On atteste que le monsieur Enrico De Pedis né à Rome – Trastevere le 15/05/1954 et décédé à Rome le 2/2/1990 a été un grand bienfaiteur des pauvres qui fréquentent la basilique et qu’il a les a concrètement aidé. Le 24 avril le corps de De Pedis fut enterré et les clés de la grille furent remises à sa veuve, Carla De Pedis.

L’affaire Clearstream : (Clearstream est un organisme spécialisé en livraison d’Eurobonds et autres, créé en 1971, pour compétionner la banque JP MORGAN qui en détenait le monopole).

En juillet 1983, juste avant que l’affaire Ambrosiano soit rendue publique, Gérard Soisson, manager de la chambre de compensation Clearstream, fut retrouvé mort en Corse. Deux mois avant, Ernest Backes, numéro trois de Clearstream, était licencié (il écrira plus tard un livre avec le journaliste Denis Robert, Révélation$, dénonçant un système de comptes non-publiés chez Clearstream, qui en ferait une machine globale à blanchir l’argent). Ernest Backes affirme dans ce livre, publié en 2002, que son licenciement était lié au scandale Ambrosiano : « Lorsque Soisson fut tué, l’affaire Ambrosiano n’était pas encore devenue un scandale. [Une fois révélée], je réalisais que Soisson et moi avions été au croisement. On bougeait toutes ces transactions, dont on apprit plus tard l’existence, à Lima et dans d’autres succursales. Personne d’autre ne savait qu’il y avait des filiales de la Banque Ambrosiano à Lima et dans d’autres pays sud-américains »

Le juge italien enquêtant en 2006 sur la mort de Roberto Calvi en 1982 a demandé l’aide d’Ernest Backes, interrogeant par ailleurs le grand-maître de P2, Licio Gelli. Selon la journaliste Lucy Komisar, il enquêtera aussi sur la mort de Gérard Soisson. À part Licio Gelli, le mafieux Giuseppe Calo (alias « Pippo Calo », le « caissier de la Mafia ») est l’un des principaux accusés de la mort de Calvi.

Pippo Calò était aussi lié de très près avec plusieurs politiciens, des francs-maçons, des membres des services secrets, des évêques et des banquiers. On le soupçonna du meurtre du journaliste Carmine Pecorelli (tué le 20 mars 1979, peut-être en raison d’un conflit avec le président du Conseil Giulio Andreotti), des banquiers Michele Sindona (22 mars 1985) et Roberto Calvi (18 juin 1982), de l’avocat Giorgio Ambrosoli ( 12 juiin 1979), ainsi que des magistrats Chinnici, Giovani Falcone et Borsellino.

Et nous complétons le double salto arrière avec :

Roberto Calvi aurait été responsable de la mort d’Albino Luciani qui, en tant que pape Jean-Paul 1er, préparait une réforme des finances du Vatican. La famille de Calvi prétend que ce dernier était un honnête homme manipulé par d’autres. Selon les juges qui ont accusé Licio Gelli et Giuseppe Calo, le grand-maître de P2 aurait ordonné sa mort afin de le punir pour des détournements de fonds, effectués à son bénéfice personnel, qui appartenaient à Gelli lui-même et à la mafia. La mafia elle-même aurait voulu empêcher la justice de découvrir comment Calvi l’aidait à blanchir de l’argent.

En 2007, l’argent disparu est découvert dans les Bahamas. Il s’agit d’une importante découverte qui pourrait parvenir, éventuellement, à résoudre l’énigme Calvi.

Et moi qui croyais que l’époque des Borgia avec Alexandre VI, en 1492, étaient une époque d’intrigues extraordinaires dans l’histoire de l’Église. Comme vous voyez, je suis sujet à l’erreur parfois.

Par contre, je ne pense pas faire erreur en disant que l’Église est loin d’avoir la tête dans les nuages, obnubilée dans une pure contemplation. Elle a plutôt les pieds bien à terre, dans un combat pour le pouvoir au niveau international. La Banque du Vatican est encore une fois touché par un autre scandale de blanchiment d’argent datant de la semaine dernière; « Ite missa est »; ou plutôt : Alea jacta est!

André Lefebvre

5 Commentaires

Classé dans Actualité, André Lefebvre

Jean-Paul Ier Si lui est « saint », les autres sont foutus!!!

 

Jean-Paul Ier

Albino Luciani, né le 17 octobree 1912 à Canale d’Agordo, dans la province de Belluno, en Italie, et mort le 28 septembre 1978 à Rome, est un pape de l’Église catholique romaine, élu en 1978 sous le nom de Jean-Paul Ier. Son pontificat n’aura duré que 33 jours et 6 heures.

En Italie, il est surnommé il Papa del sorriso (« le Pape du sourire ») et il sorriso di Dio(« le sourire de Dieu »)

En août 1962, il est confronté à un scandale immobilier dans son diocèse : deux prêtres spéculent avec l’aumône des paroissiens. Il refuse de les couvrir, rembourse toutes les victimes en vendant un bâtiment et des trésors ecclésiastiques.

Il est élevé à la pourpre cardinalice en mars 1973, par Paul VI.

Jean-Paul 1er est élu pape le 26 août 1978, dès le premier jour du scrutin. Lors du scrutin, deux groupes sont en présence :

1)      celui du Cardinal Giuseppe Siri nommé Cardinal par Pie XII. Curieusement, ce Cardinal est une personnalité reconnue par les Camalli (les débardeurs du port de Gênes). Il fut le principal adversaire de Jean-Paul 1er, dans les résultats du scrutin. Après la mort prématurée de ce dernier, il était encore le principal candidat avec le cardinal Giovanni Benelli. Le choix de Jean-Paul II fut un choix de compromis. Ceux qui affirmaient la non validité de l’élection du Pape Jean XXIII, prônaient que c’était le cardinal Giuseppe Siri qui avait réellement gagné au scrutin de cette élection de Jean XXIII. Le cardinal Siri mourut le 2 mai 1989 à la Villa Campostano, à Albaro, et fut enterré à Gênes, dans la cathédrale métropolitaine San Lorenzo.

2)      Celui du cardinal Giovanni Benelli collaborateur de Paul VI qui l’avait fait Cardinal. En 1967, alors évêque, il fut substitut du cardinal secrétaire d’État pendant dix ans. En 1977 Paul VI le nomme Cardinal. Il s’était fait des ennemis durant sa période à la Secrétairerie de l’État. Il ne votera pas pour Jean-Paul 1er. Le cardinal Benelli assura sa charge d’archevêque de Florence jusqu’à sa mort, due à une attaque cardiaque, le 26 octobre 1982. Il avait 61 ans. La messe de funérailles fut célébrée par le cardinal Agostino Casaroli. Sa dépouille fut ensevelie dans la cathédrale de Florence, Santa Maria del Fiore.

Albino Luciani est élu au quatrième tour de scrutin.  Il n’était pas parmi les favoris et semble avoir été choisi à l’issue d’un vote de compromis entre les différentes tendances (Deuxième élection papale issu d’un compromis). Il prononce les mots « tempestas magna est super me » (« une grande tempête est sur moi ». (Il paraît évident qu’il est conscient des forces et des enjeux en présence. Il connaît ce qui se passe dans les « affaires » du Vatican. Il ne survivra pas à la tempête dont il parle).

Dès son avènement, Jean-Paul Ier s’efforce d’humaniser la charge pontificale : en s’exprimant à la première personne, en refusant de paraître sur la Sedia gestatoria (il y est cependant contraint par son entourage, afin de pouvoir être vu par la foule) et refusant, le jour de son intronisation, de coiffer la tiare, à laquelle il préfère une simple mitre d’évêque et la remise du pallium.

On peut revendiquer, ici, l’esprit d’humilité de ce Pape; mais cela me semble enfantin; et je pense que Jean-Paul 1er voulait livrer un message beaucoup plus important par ces prises de  décisions anormales. Je suis convaincu que ce Pape, connaissant ce qui se passait au Vatican, n’acceptait pas d’y être identifié avant d’avoir opéré un certain nettoyage. Son message est très clair : la « Sedia gestatoria » est le trône mobile pontifical qui sert à l’intronisation et autres occasions solennelles. Il ne s’en servira qu’une seule fois, sous la pression,  lors de sa dernière audience publique. La « Tiare » est la tripe couronne des papes; Jean-Paul 1er renoncera à la cérémonie du couronnement. Ceci peut très bien être considéré comme un refus d’accepter la situation qui prévalait alors dans les coulisses du  Vatican.

On nous dit : « Informé de suppositions d’actes répréhensibles à la Banque du Vatican, il demande à Jean-Marie Villot, le cardinal Secrétaire d’État et chef de la curie papale, de mener une enquête de fond. » Je crois plutôt qu’il était déjà au courant et qu’il commençait son « nettoyage ». Ce genre d’information (secret toujours le mieux gardé par les intéressés) ne se découvre pas durant les premiers 30 jours d’un Pontificat; c’est complètement risible. Je pense que Jean-Paul 1er connaissait le fait depuis longtemps et que la situation durait depuis beaucoup plus longtemps que « quelques années ». Pie XII est celui qui remit les finances du Vatican sur pied. Quels moyens adopta-t-il? Cela reste à être déterminé; mais la situation générale des finances du Vatican, au moment où Jean-Paul 1er fut élu Pape, est aujourd’hui publique.

Jean-Paul Ier meurt dans la nuit du 28 septembre 1978. La version officielle attribue sa mort à un infarctus ou une crise d’urémie. Jean-Paul Ier repose dans la crypte de Saint-Pierre de Rome.

Voici la description de cette mort :

Après dîner, le pape se couche avec, en mains, les documents sur les nouveaux changements qu’il voulait opérer (Certaines nominations à la Curie romaine et dans l’épiscopat italien) et la fameuse liste P2 (Loge de Francs-Maçons). Vers 23h le pape ne se sent pas bien, pris de nausée, il se lève et vomit dans les toilettes en maculant ses pantoufles. Il sonne, sans résultat. Il se recouche, reprends les documents, tombe inconscient puis finit par mourir vers 2h du matin. A 4h30, la soeur Vicenza le découvre.  Le secrétaire d’état Villot est prévenu. Villot rentre dans la chambre, constate le décès, (récupère, peut-être, la fiole de médicament, les documents que le pape avait dans les mains, ses pantoufles et ses lunettes maculées ainsi que le testament). On ne reverra jamais ces objets. Les employés des pompes funèbres sont prévenus pour un embaumement urgent. A 7h,  Dans la cour du Vatican, un garde croise Marcinkus qui habite hors du Vatican et a la réputation de se lever tard. A 7h30 Villot annonce officiellement la nouvelle.  Les appartements pontificaux sont méticuleusement nettoyés et tous les objets personnels du pape disparaissent. On se dépêche d’embaumer le défunt avec interdiction de prélever quoi que ce soit: la moindre goutte de sang ou autre chose sur le cadavre.

Une crise d’urémie est mortelle vers la huitième journée et provoque, durant ce laps de temps, une somnolence de plus en plus marquée chez le patient. Ce ne fut pas le cas chez Jean-Paul 1er; donc cette explication n’est pas acceptable.  L’infarctus est défini par la mort brutale et massive de cellules en rapport avec un manque d’oxygène à cause d’obturation d’une artère. Le cœur, le rein, le cerveau, l’intestin grêle et les poumons sont donc concernés. Mais il est difficile de penser que l’alimentation normale et Méditerranéenne d’un Cardinal ou d’un Pape puisse comporter des risques d’obturation d’artères. L’intestin grêle étant concerné, ceci se rapproche de la rumeur d’empoisonnement. La dépouille du Pape ne sera jamais autopsiée.

Par contre, si Jean-Paul 1er fut assassiné parce qu’il avait demandé au cardinal Villot une enquête de fond au sujet des finances, comment se fait-il que ce Cardinal garda son poste de secrétaire d’État jusqu’à sa mort et qu’il ne disparu pas « fortuitement » par accident ou maladie? Ce fut Jean-Paul II qui lui demanda, semble-t-il, de garder son poste. On doit cependant signaler qu’il mourra de l’aggravation brutale d’une double pneumonie, le 9mars 1979, six mois après le décès de Jean-Paul 1er. Celui qui avait nettoyé la chambre de Jean-Paul Ier venait de disparaître.

Certains ont émis l’hypothèse que le Cardinal Villot aurait joué un rôle avec Monseigneur Marcinkus, le Cardinal Cody, Licio Gelli (Loge P2), Roberto Calvi (Banco Ambrosiano) et Michele Sindona dans dans la mort du pape Jean-Paul 1er avec qui, semble-t-il,  il y avait une forte hostilité sur la manière de conduire les finances vaticanes. Cette « hostilité » ne devait pas être incontournable puisque Jean-Paul 1er avait donné l’enquête au Cardinal Villot. D’un autre côté, si la mission était de rectifier la situation sans ternir l’image du Vatican, ce qui est certainement ce qui fut demandé, Villot était le plus apte à réussir aux yeux du Pape. La contre-attaque fut décisive, mais peut-être pas tout à fait imprévue pour ce Pape.

Selon cette thèse, la mort du pape dans la nuit du 28 au 29 septembre 1978 aurait été causée par un empoisonnement. Cette théorie est corroborée par les déclarations du repenti Vincenzo Calcara au juge Paolo Borsellino. Calcara parle d’un entretien avec l’entrepreneur mafieux Michele Lucchese survenu quelques jours après la tentative d’assassinat de Jean-Paul II. Lucchese révèle à Calcara que Jean-Paul II était en train de suivre la même politique que Jean-Paul Ier qui voulait « rompre les équilibres à l’intérieur du Vatican » en redistribuant les biens de la banque vaticane, en changeant les dirigeants du IOR (institut des œuvres de religion créé par Pie XII qui devint la Banque du Vatican)) et du secrétariat d’État (Marcinkus et Villot).

Marcinkus était un ami de Mgr Montini (Paul VI), il fut l’interprète de Jean XXIII et garde du corps de Paul VI. Il aurait été victime d’une tentative d’enlèvement par les brigades rouges (anticommunistes de l’Italie, mais communistes combattants issus de l’antifascistes depuis Mussolini) en 1979.

Il est remarquable que la description de la Banque du Vatican insiste beaucoup pour affirmer qu’elle ne fait pas partie de la Curie romaine, et donc de l’Église catholique romaine; par contre, ses profits sont utilisés à des fins religieuses et charitables. Elle est toujours sous le contrôle du cardinal secrétaire d’État. Se rappeler que Pie XII était le secrétaire d’État lorsque les entrées financières arrivèrent au Vatican et avait créé la « stupeur » dans la curie.

À noter qu’en 1938, Pie XII rencontre aux USA, à titre privé, la famille Kennedy; autrement dit : Joseph Kennedy; de qui on dit qu’il fit fortune lors de la prohibition et était en relation avec la mafia de Chicago depuis les années 30. Ceux-ci l’aideront  dans la campagne présidentielle de son Fils John. Joseph Kennedy, en 1938, était ambassadeur des USA au Royaume-Uni; mais il sympathisait avec ceux qui ne souhaitaient pas de guerre avec l’Allemagne d’Adolph Hitler. Il appuyait la politique d’apaisement avec Hitler.

Au sujet des brigades rouges, dès les années 1970, on parle dans les milieux d’extrême gauche d’une mystérieuse organisation secrète, financée par la CIA, qui aurait manipulé, voire infiltré, le groupe de Mario Moretti. Alberto Franceschini, le fondateur des Brigades rouges, maintiendra cette thèse dans ses mémoires, publiés en 2005 à sa sortie de prison. Depuis les révélations du premier ministre Giulio Andreotti  le 24 octobre 1990, on sait alors qu’une telle organisation, appelée Gladio (Le Glaive), a réellement existé. Un rapport parlementaire de 2000 dénonça la « stratégie de tension » (américaine) qui visait alors, par le biais d’attentats sous faux pavillon false flags, mis sur le dos de l’extrême gauche, à « empêcher le PCI et, dans une moindre mesure, le Parti socialiste italien, d’accéder au pouvoir ».

La table est mise pour le buffet « Politique internationale du Vatican » servi dans une certaine transparence. Nous allons participer à cette « réception » au prochain article.

André Lefebvre

6 Commentaires

Classé dans Actualité, André Lefebvre

Deux autres « Saints »!!!

Jean XXIII

Le pontificat de Pie XII avait été très long (19 ans), et marqué par une centralisation progressive et un exercice solitaire du pouvoir. Le pontificat monarchique de Pie XII avait éclipsé la présence de personnalités fortes au sein du Sacré Collège.

Son successeur : Angelo Giuseppe Roncalli fut élu pape le 28 octobre 1958 sous le nom de Jean XXIII. il mourut le 3 juin 1963, deux mois après avoir achevé l’encyclique Pacem in Terris. Béatifié par Jean-Paul II à l’occasion du Jubilé de l’an 2000, il est désormais le « bienheureux pape Jean XXIII » pour l’Église catholique romaine. En Italie, on lui donne le surnom affectueux d’Il Papa Buono « Le Bon Pape ».

En 1915, il est, comme sergent de l’armée royale italienne, incorporé dans le service des santés des armées, avant de devenir aumônier militaire, dans les hôpitaux.

Le cardinal Willem Marinus van Rossum lui propose de travailler au Vatican, aux œuvres pontificales missionnaires (Qui est le siège d’une partie du pactole du Vatican). Il est nommé par Benoit XV et, en 1921, se trouve à la curie romaine. Il travaille en particulier au motu proprio de Pie XI (Romanorum Pontificum) sur la coopération des missions (où se trouve un autre pactole du Vatican).

En 1943, même s’il approuve le sauvetage des Juifs de Rome, il indique un « trouble spirituel » à ce que ce soit le Vatican qui les envoie en Palestine leur permettant de reconstituer une « espérance messianique« . Il possède donc, lui aussi, une opinion sur les Juifs, semblable à celle de Pie XII. Dans son témoignage écrit envoyé pour le procès de Nuremberg, Roncalli prend la défense d’un nazi et affirme par ailleurs que Von Papen (avec qui Pie XII avait négocié le concorda en 1933) aurait permis le sauvetage de 24 000 Juifs qu’il aurait pu dénoncer.

Il accueille la fin du pouvoir de Mussolini en 1943 : « Ce geste du Duce, je le crois un geste de sagesse, qui lui fait honneur. Non, je ne lui jetterai pas la pierre… Selon lui, le grand bien qu’il a fait à l’Italie reste.

Une chose est maintenant évidente depuis au moins 3 Papes : Aux yeux de la Papauté, la politique est plus importante de la vérité nue.

En 1953, il est nommé à 72 ans et créé cardinal. Il ne prend pas de position divergente par rapport à Pie XII. Il condamne ainsi, en 1957, « les cinq plaies crucifiant aujourd’hui : l’impérialisme, le marxisme, la démocratie progressiste, la franc-maçonnerie et la laïcité » qui, politiquement, sont des menaces pour l’Église.

Il est élu pape le28 octobre 1958; probablement parce qu’il ne risque pas de placer des entraves au système organisationnel placé par Pie XII, au Vatican.

Il désigne Domenico Tardini, un prélat d’expérience (mais qui est plutôt contestataire), à la secrétairie d’État et rétablit le travail en coordination avec les dicastères.

En septembre 1962, un cancer de l’estomac est diagnostiqué. Le 11 avril 1963, il promulgue une encyclique qui est perçue comme étant son testament spirituel : Pacem in terris. Au-delà du monde catholique elle est adressée « à tous les hommes de bonne volonté », fait l’apologie de la démocratie, affirme que la guerre ne peut être un instrument de justice et préconise que ce soit désormais la « loi morale » qui régisse la relation entre les états, prônant la solidarité, la justice et la liberté. Il meurt en effet le 3 juin 1963.

Une partie des courants intégristes lui reprochent toutefois, ainsi qu’à son successeur Paul VI, d’avoir été victime d’une influence moderniste, allant pour certains groupes de caveristes jusqu’à contester la validité de son élection; soit qu’un autre pape ait été élu pendant le conclave de 1958, soit qu’il ait été franc-maçon, rumeurs sans appuis documentés. Contestation très étonnante au niveau de son élection et de sa légitimité.

Son successeur Paul VI

Paul VI fut pape du 21 juin 1963 à sa mort, le 6 août 1978. Il est né près de Brescia, quatrième place-forte bancaire d’Italie, le 26 septembre 1897 sous le nom de Giovanni Battista Enrico Antonio Maria Montini. Il est décédé le 6 août 1978 à Castel Gandolfo.

Il a deux frères : l’aîné, Lodovico, devint sénateur, et le puîné, Francesco, médecin.

Giovanni Battista commence sa scolarité au collège Cesare Arici de Brescia, tenu par des jésuites.

Son état de santé demeurant fragile, le supérieur du séminaire et l’évêque de Brescia acceptent d’emblée que le jeune homme ne soit pas soumis à la vie d’internat. Assistant d’abord aux cours en habits civils, rapidement, il ne peut plus venir au séminaire. S’ensuit alors une formation solitaire, à la maison, où quelques prêtres viennent l’assister. Avouons que cela sent la « préparation » à plein nez.

Montini est ordonné prêtre le 29 mai 1920. Une dérogation avait dû lui être accordée du fait de son âge, le Code de droit canonique disposant alors que le candidat devait avoir vingt-quatre ans révolus. Remarquons des études discontinues et une ordination précoce. On appelle ça : « l’appel du Seigneur ».

Montini arrive à Rome le 10 novembre 1920. Il y étudie dans deux universités : à la Grégorienne (chez les jésuites) et à la Sapienza (Université d’État, laïque). Cette double formation lui ouvre la porte vers le monde laïc; autrement dit : la Politique et la finance.

Il aide en outre son père à mener sa campagne électorale pour la XXVIe législature du royaume d’Italie. Le PPI n’y obtient que 107 sièges. Pour la première fois, 35 fascistes (dont Mussolini) y sont élus.

En 1921, Montini est reçu au Vatican en compagnie de Longinotti par Mgr Giuseppe Pizzardo, substitut à la secrétairerie d’État. Il se voit proposer une inscription à l’Académie des nobles ecclésiastiques, institution de haut niveau pour former les clercs destinés au service diplomatique du Saint-Siège.

En mai 1923, Montini apprend qu’il est affecté à la nonciature de Varsovie. De la Pologne, il suit la politique italienne et dénonce dans ses lettres le rapprochement de certains membres du PPI avec le parti de Mussolini. Il s’occupe définitivement de politique, on ne peut le nier.

Alors qu’il n’a que vingt-sept ans, Montini reçoit une lettre de Mgr Pizzardo l’informant que le pape Pie XI l’autorise à le faire entrer à la secrétairerie d’État. Il semble que cette entrée importante est organisée par ceux qui le satellisent et le dirigent.

Après plusieurs mois d’apprentissage, on le nomme minutante à la section des Affaires ordinaires. Il est chargé de rédiger les brouillons, instructions et circulaires envoyés par la section. Il est alors au courant de tous les dossiers.

La montée du fascisme inquiète Montini, qui émet la plus grande réserve au moment de la conclusion des Accords du Latran.

Le 12 mar 1933, un article anonyme d’Azione fucina annonce la démission de Mgr Montini de sa charge d’aumônier national des associations universitaires catholiques. Beaucoup pensent qu’il s’agit là d’une démission forcée.

Lors du consistoire du 13 décembre 1937, le Pape Pie XI crée cardinal Mgr Pizzardo. Ce dernier est remplacé aux Affaires extraordinaires par Mgr Tardini, lui-même remplacé à sa charge de substitut aux Affaires ordinaires par Mgr Montini.

Montini quitte alors le Palais du Belvédère pour loger au Palais apostolique, sous les bureaux de la Secrétairerie d’État. En tant que substitut aux Affaires ordinaires, Montini devient un proche collaborateur du Pape et il a en charge les relations du Saint-Siège avec les grands organismes de l’Église ; il peut transmettre des recommandations et des directives de la part de l’autorité supérieure, en plus d’un rôle d’intermédiaire où il fait part notamment du point de vue du Saint-Siège à des personnalités venant le visiter. Sa journée-type commence par une étude des dossiers, puis une réception par le secrétaire d’État Pacelli, avant la réception de cardinaux, évêques ou diplomates lors des audiences qu’il accorde.

Le 10 février 1939, le pape Pie XI meurt ; son successeur, le cardinal Pacelli, est élu le 2 mars suivant et prend le nom de Pie XII. Une fois élu, Pie XII nomme le cardinal Luigi Maglione secrétaire d’État, mais il garde les deux substituts. Montini et le pape se voient tous les jours avant la guerre et pendant celle-ci, multipliant les audiences et les productions de documents.

Rapidement, Mgr Montini est au centre de deux incidents diplomatiques entre l’Italie fasciste et le Saint-Siège. D’une part, fin avril 1941, il est accusé par le ministre Galeazzo Ciano d’avoir diffusé un tract antifasciste à des étudiants romains, mais aucun tract n’est retrouvé ; d’autre part, une note envoyée au Saint-Siège l’accuse d’avoir organisé une réunion antifasciste dans les appartements du Vatican, avec des diplomates étrangers : l’information est vite démentie par le secrétaire d’État.

En novembre 1941, le substitut préside la nouvelle « Commission pour les secours », chargée d’envoyer des aides financières et des médicaments aux prisonniers, alliés ou non. On se rend compte ici que l’aide au nazi d’après guerre est dans la politique de Pie XII.  C’est également dans la philosophie chrétienne de secourir les éprouvés, évidemment.

Le 24 juin 1942, le nonce apostolique à Berlin Cesare Orsenigo informe Mgr Montini que les démarches tentées en faveur des Juifs « ne sont pas bien accueillies ; au contraire, elles finissent par indisposer les autorités ». À partir de ce moment, le Saint-Siège, et en particulier le pape Pie XII, réagit discrètement face aux atrocités nazies, de peur des représailles.

À partir de septembre 1942, Montini se trouve au cœur d’un complot visant à renverser Mussolini. La princesse Marie-José de Belgique, belle-fille du roi Victor-Emmanuel III, est reçue en audience le 3 septembre 1942 par Mgr Montini. Elle explique au substitut que le peuple italien est prêt à abandonner le régime fasciste, que des hommes sont prêts à assurer la relève et qu’une paix séparée peut être conclue avec les Alliés. Montini, que sa fonction lui permet de rencontrer les diplomates alliés, fait donc part de ce projet aux Alliés, qui font preuve de bonnes dispositions. Néanmoins, ils mettent en œuvre leur propre stratégie : ils commencent par débarquer en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, se rapprochant ainsi de l’Italie.

À l’issue du bombardement de Rome par les Alliés le 19 juillet 1943, Montini accompagne Pie XII dans les rues de la ville afin de prier et de secourir les pauvres. L’approche des Alliés ébranla le gouvernement fasciste ; le 24 juillet 1943, le Grand Conseil du fascisme vote les pleins pouvoirs au roi Victor-Emmanuel III. Le 25 juillet au matin, l’un des membres du Conseil qui vota les pleins pouvoirs, Alberto De Stefani, demande à Montini que le Saint-Siège serve d’intermédiaire entre les Alliés et le nouveau gouvernement à venir. Le lendemain, le roi demande au maréchal Badoglio de former un ministère et ce dernier fait arrêter Mussolini. Le 13 août 1943, un nouveau bombardement allié survient sur Rome : Montini accompagne à nouveau le pape Pie XII sur les lieux touchés afin de réconforter la population. Le lendemain, le gouvernement Badoglio proclame Rome « ville ouverte ».

Jusqu’à la fin de la guerre, Montini est témoin des différents événements qui touchent Rome, notamment l’occupation de la ville par les Allemands à partir du 10 septembre 1943, puis sa libération par les forces alliées le 4 juin 1944. Cette guerre fut aussi pour lui le temps des épreuves : ses parents meurent en 1943, et plusieurs de ses amis furent déportés dans des camps de concentration ; enfin, son ami Longinotti qui l’avait fait entrer à l’Académie des nobles ecclésiastiques, meurt dans un accident de voiture en 1944.

Le pape Paul VI meurt le 6 août 1978 d’une crise cardiaque. Le conclave à l’issue duquel sera désigné son successeur s’ouvre le 25 août 1978. Son successeur sera Jean-Paul 1er.

À suivre

André Lefebvre

9 Commentaires

Classé dans Actualité, André Lefebvre

À quel saint se vouer, mon Dieu!!!


L’histoire de la Papauté contemporaine est aussi « mystérieuse » et « politique » qu’à l’époque des Borgia. Mais j’adore faire des articles où c’est vous qui êtes obligés de trancher. 🙂

Pape Pie XII et la suite.

Eugenio Maria Giuseppe Giovanni Pacelli (Rome, 2 mars 1876 – Castel Gandolfo, 9 octobre 1958), élu pape le 2 mars 1939 sous le nom de Pie XII

Avant le règne de Pie XII

11 février 1915 : Vladimir Ledóchowski, jésuite de 49 ans, est élu 26e Supérieur général de la Compagnie de Jésus. Il sera très proche du Pape Pie XI et, plus tard, du Pape Pie XII. Durant son généralat, les Jésuites augmentent énormément leur pouvoir. Ce supérieur des Jésuites est un patriote polonais anti communiste très impliqué.

Il fut le principal responsable des mesures disciplinaires prises à l’encontre de Tailhard de Chardin qu’il  enjoint de renier son ouvrage théologique controversé sur le péché originel.

6 février 1922 : Décès de Benoit XV. Au quatorzième tour, le conclave élit Pie XI (Cardinal Ratti). Il garde avec lui son secrétaire le cardinal Mgr Carlo Confalonieri.

1929 : Accords de Latran qui crée l’État du Vatican sous le règne de Pie XI.

Les accords comprennent trois conventions distinctes :

  • un traité politique qui règle la « question romaine » ;
  • une convention financière qui dédommage le Saint-Siège ; Mussolini propose cette même somme augmentée de ses intérêts, portant le montant total à 4 milliards de lires. Cette somme n’est pas versée directement au Vatican. Le Saint-Siège reçoit en fait 750 millions de lires en argent comptant et des titres à 5 % d’une valeur nominale d’un milliard de lires, confiés par Pie XI à l’Administration spéciale des biens du Saint-Siège.
  • un concordat qui statue sur la position de l’Église en Italie. Les juridictions ecclésiastiques sont reconnues en matière spirituelle et disciplinaire, un prêtre apostat pouvant ainsi se voir refuser un emploi public.

1933 : Le parti Nazi arrive au pouvoir et un accord (le concorda du 20 juillet 1933) est rapidement signé entre le Saint-Siège, représenté par le futur Pie XII (Cardinal Pacelli), qui est secrétaire d’État et le Reich Allemand représenté par le vice-chancelier Franz Von Papen. Cet accord fut revalidé en 1957 et est toujours en vigueur. Par contre l’accord n’est pas respecté par les nazis.

10 mars 1937 : Pie XI publie l’encyclique Mit brennender Sorge (Avec une brulante quiétude) qui condamne le national-nazisme de Hitler. Cet encyclique fut le travail d’un groupe de cardinaux et d’évêques parrainés par le cardinal Eugenio Pacelli (futur Pie XII) alors secrétaire d’état.

19 mars 1937 : Préparé par Vladimir Ledóchowski, supérieur des Jésuites,  Pie XI publie l’encyclique Divini Redemptoris affirmant que le communisme athée est « intrinsèquement pervers » et qu’aucun Chrétien ne doit collaborer avec eux. Pie XII expliquera au Américains qu’il fallait distinguer entre « régime soviétique » et le « peuple russe » pour les justifier de collaborer pour battre les nazis.

Mai 1938 : Hitler visite Rome mais le Pape Pie XI et Eugenio Pacelli (futur Pie XII), s’absentent avant l’arrivée du Fuhrer pour ne pas le rencontrer. La même année, Il ordonne aux universités catholiques d’organiser un enseignement contre l’antisémitisme et le racisme. Il demande également au supérieur des Jésuites, Vladimir Ledóchowski, de lui préparer une autre encyclique (Humani generis unitas) contre le nazisme ainsi qu’un discours dénonçant les écoutes et les déformations des propos de l’église par les fascistes.

10 février 1939 : Pie XI décède. Il avait 82 ans. Le soir de son décès son encyclique était probablement sur son bureau.

Cette encyclique ne sera jamais publicisée. Était-ce parce qu’il prenait position contre les nazis de Hitler et les fascistes de Mussolini?

« En janvier 1972, le cardinal Eugène Tisserant, que Pie XI avait fait cardinal en 1936, affirma à la presse française que le Saint-Père aurait été assassiné à l’instigation de Mussolini. Le professeur Francesco Petacci, médecin du Vatican, qui était aussi le père de Clara Petacci, la maîtresse du Duce, lui aurait fait une injection mortelle débarrassant le régime d’un souverain pontife encombrant. »

Certain ont reproché à Pie XII de faire disparaître ce discours avant même d’être élu Pape. Après son élection, le Pape Pie XII prendra une position beaucoup plus « prudente » que celle de Pie XI. Une chose est certaine; c’est qu’Eugenio Pacelli, secrétaire d’État du Vatican et futur Pie XII, était très proche du supérieur des Jésuites Ledochowski. Ce dernier considérait le communisme beaucoup plus dangereux que le nazisme et ne voulait pas couper les ponts trop radicalement avec Hitler. D’autant plus que ce supérieur des Jésuites, quand il choisira un relecteur pour le texte  Humani generis unitas, ce sera Enrico Rosa auteur le plus violemment antisémite.

Des sources secondaires — comme le Cardinal Tisserant doyen du collège des cardinaux — rapportent que Humani Generis Unitas était littéralement sur le bureau de Pie XI quand il mourut d’une attaque cardiaque le 10 février 1939.

2 mars 1939 : Le cardinal Eugenio Pacelli est élu Pape et prend le nom de Pie XII.

Le règne de Pie XII

Depuis 1914, Eugenio Pacelli est l’un des diplomates du Saint Siège. Le 20 avril 1917 le Pape Benoit XV le nomme nonce apostolique, c’est-à-dire ambassadeur du Vatican. Lors de ses vacances d’été à Rorschach, au lac de Constance, il prend à son service l’allemande sœur Pasqualina, âgée de 23 ans, qui reste sa gouvernante jusqu’à la fin de sa vie.

Sa nomination, en 1930, comme successeur du cardinal Gasparri au poste de cardinal secrétaire d’État, crée la « stupeur » dans la curie, où elle apparaît comme la promotion d’un homme nouveau au service exclusif du pape et « une figure au dessus des partis. Il devient le principal collaborateur de Pie XI qu’il voit au moins deux fois par semaine.

2 mars 1939 Eugenio Pacelli, 63 ans, est élu Pape et choisit le nom de Pie XII. En passant devant sa gouvernante sœur Pasqualina, il lui dit « Regardez ce qu’ils m’ont fait ! » Je n’ai pas pu trouver ce qu’elle lui a répondu.

Pie XII et les nazis :

Radio Vatican déclare en date du 26 juin 1943 que « Quiconque établit une distinction entre les Juifs et les autres hommes est un infidèle et se trouve en contradiction avec les commandements de Dieu. La paix dans le monde, l’ordre et la justice seront toujours compromis tant que les hommes pratiqueront des discriminations entre les membres de la famille humaine. »

Le New York Times cite et acte ce message dans son tirage du jour suivant.

Pie XII n’avait pas attendu ce jour-là pour agir en faveur des Juifs. Il organisait, avec l’aide du clergé de Rome et d’ailleurs, des réseaux pour faire échapper les Juifs aux griffes des Nazis. Par diverses filières, ils pouvaient ensuite gagner des pays neutres ou faisant partie de la conférence des Alliés.

Peu après la guerre, Albert Einstein, savant de renommée mondiale, mêle sa voix au concert de louanges et d’hommages qui montent vers le Vatican en déclarant que « l’Église catholique a été la seule à élever la voix contre l’assaut mené par Hitler contre la liberté ».

Le 9 octobre 1958, Pie XII décède et les messages de condoléances affluent vers le Vatican. On y relève celui de Golda Meïr, ministre des affaires étrangères d’Israël, qui souligne en cette occasion que « pendant la décennie de terreur nazie, quand notre peuple a subi un martyre terrible, la voix du pape s’est élevée pour condamner les persécuteurs et pour invoquer la pitié envers leurs victimes ».

Tiré de Humanis generis de Pie XII :

Car Dieu a donné à son Eglise, en même temps que les sources sacrées, un magistère vivant pour éclairer et pour dégager ce qui n’est contenu qu’obscurément et comme implicitement dans le dépôt de la foi. Et ce dépôt, ce n’est ni à chaque fidèle, ni même aux théologiens que le Christ l’a confié pour en assurer l’interprétation authentique, mais au seul magistère de l’Eglise(On jurerait Jean Charest).

Cette encyclique est surtout dédiée à défendre les dogmes de l’Église face à la recherche objective. Elle ne s’applique que très peu à la recherche rationnelle. Par contre, certainement sans le vouloir, l’encyclique défend quand même la recherche rationnelle :

Tout ce que l’esprit humain, adonne à la recherche sincère, peut découvrir de vrai ne peut absolument pas s’opposer à une vérité déjà acquise; Dieu, Souveraine Vérité a créé l’intelligence humaine et la dirige, il faut le dire, non point pour qu’elle puisse opposer chaque jour des nouveautés à ce qui est solidement acquis, mais pour que, ayant rejeté les erreurs qui se seraient insinuées en elle, elle élève progressivement le vrai sur le vrai selon l’ordre et la complexion même que nous discernons dans la nature des choses d’où nous tirons la vérité.

Au sujet de l’ancien testament :

Et en particulier, il Nous faut déplorer une manière vraiment trop libre d’interpréter les livres historiques de l’Ancien Testament, dont les tenants invoquent à tort, pour se justifier, la lettre récente de la Commission Pontificale biblique à l’Archevêque de Paris (13), Cette lettre, en effet, avertit clairement que les onze premiers chapitres de la Genèse, quoiqu’ils ne répondent pas exactement aux règles de la composition historique, telles que les ont suivies les grands historiens grecs et latins et que les suivent les savants d’aujourd’hui, appartient néanmoins au genre historique en un sens vrai, que des exégètes devront étudier encore et déterminer: cette Lettre dit encore que les mêmes chapitres, dans le style simple et figuré, bien approprié à l’état des esprits d’un peuple peu cultivé, rapportent les vérités essentielles sur lesquelles repose la poursuite de notre salut éternel, ainsi qu’une description populaire de l’origine du genre humain et du peuple élu. Si par ailleurs, les anciens hagiographes ont puisé quelque chose dans les narrations populaires (ce qu’on peut assurément concéder), on ne doit jamais oublier qu’ils l’ont fait sous l’inspiration divine qui les a préservés de toute erreur dans le choix et l’appréciation de ces documents.

À contrario au sujet de Pie XII :

En 1999, Jean-Paul II crée une commission internationale de six historiens juifs et catholiques. Il affirme : « L’Église ne craint certainement pas la vérité qui émerge de l’Histoire. » Mais la partie juive se retire en 2001, faute d’avoir obtenu l’ouverture totale des archives. Depuis, la bibliographie sur le sujet n’a cessé de s’étendre, plus marquée par la passion que par la rigueur historique, des auteurs juifs soutenant Pie XII aussi bien que des catholiques stigmatisant ses silences.

Benoit XVI a décidé de béatifier Pie XII et a signé le décret en décembre 2009. Mais il y a des objections. L’attitude de Pie XII (1939-1958) est fortement controversée par de nombreux historiens. Il est accusé d’avoir gardé le silence pendant la Shoah, alors que plus d’un millier de juifs de Rome étaient déportés, raflés dans le ghetto situé à quelques encablures du Vatican, de l’autre côté du Tibre.

On a donc ouvert quelques dossiers secrets du Vatican pour clarifier la situation.

 « La recherche sur la période Pie XII a généré plus de deux millions de documents et d’informations sur les prisonniers de guerre », a affirmé le numéro deux du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone ».

Mais la réalité est qu’il n’y a que très peu de documents relatifs à la période de Pie XII.

«  On y découvre  une lettre, envoyée en 1942, où les détenus remercient le pape pour la fourniture de vêtements et son « intérêt pour (leur) bien-être physique, spirituel et moral ».

La publication de l’intégralité des archives sur cette période, réclamées avec force notamment par la communauté juive de Rome, est prévue pour « dans un an ou deux », a promis le chef des archives vaticanes, Sergio Pagano, ajoutant toutefois : « La décision finale appartient au pape. » (Publié le 29/02/2012 )

Voir :

http://www.pie12.com/index.php?post/2011/11/09/Pie-XII-se-serait-deguise-en-franciscain-pour-sauver-secretement-des-Juifs

Résultats des recherches selon Benoit XVI :

« Et voilà qu’une autre catégorie de gens plus malins que les autres affirme aujourd’hui qu’il a certes sauvé beaucoup de personnes, mais qu’il avait sur les juifs des conceptions démodées et qu’il n’était pas à la hauteur de Vatican II. Mais là n’est pas la question. Ce qui compte, c’est qu’il a fait et tenté de faire ; et sur ce point, je crois qu’il faut réellement reconnaître qu’il a été un des grands Justes et qu’il a sauvé plus de juifs que quiconque. »

« Là n’est pas la question »… mais, cette remarque confirme qu’il avait tout de même une conception démodée sur les juifs. Cela signifie quoi exactement??? D’ailleurs « beaucoup de personnes » ne signifie pas « beaucoup de juifs ». Benoit XVI n’est pas fortiche pour effacer des « calomnies ».

Finalement, le 29 juillet 2011 on nous promet des révélations sur Pie XII, d’après les archives secrètes de Vatican, d’ici deux ou trois ans. Je trouve que c’est plutôt long (on y travaille depuis déjà 4 ans) et je pense qu’il doit y avoir une raison importante de ne pas ouvrir tous les dossiers et qu’on doive, finalement, trouver seuls, ceux qui ne touchent pas le sujet délicat qu’on veut garder secret. Cependant, je ne pense pas que cette partie secrète se rattache au juif ou nazis sauf pour la partie des « coûts financiers » de l’aide apportée à chacun. Le gros problème pourrait fort bien être les « finances » du Vatican.

« Mais avant tout, a ajouté Mgr Pagano, j’espère et je crois qu’elle apportera une lumière plus complète sur le pontificat d’un homme qui a vécu beaucoup de tribulations, et a fait énormément pour défendre qui souffrait pendant et après la guerre ».

« Pendant » seraient les juifs et « après » seraient les nazis???

Le cardinal Raffaele Farina, archiviste bibliothécaire, a pour sa part précisé : « Nous sommes en train d’organiser les documents, en vue de la consultation, et donc, nos collaborateurs en respirent le “parfum” mais ils ne mangent pas le “plat”, parce que les documents sont secrets pour tous et donc aussi pour eux ». Ce qui n’est pas pour aider à leur travail, on le conçoit facilement.

« La volonté vaticane de sauver les juifs est un fait », déclare l’ambassadeur d’Israël près le Saint-Siège, M. Mordechai Levy. « Ce serait une erreur de penser que l’aide apportée aux juifs pendant la guerre à Rome est venue des couvents et des instituts religieux comme si c’était de leur initiative, sans le soutien du Vatican », a déclaré le 23 juin à Rome M. Levy. Il a ajouté : « Le Saint-Siège a agi. Il n’a pas pu empêcher le départ du train pour Auschwitz le 18 octobre 1943, trois jours après la rafle du ghetto. Certes, les juifs de Rome s’attendaient à la protection du pape à ce moment-là. Mais c’est un fait que ce 18 octobre, c’est le seul convoi qui soit parti pour Auschwitz ».

Actuellement, la majorité du monde considère un Pape comme un « saint » en contact avec Dieu; ils oublient tous qu’il est beaucoup plus un chef d’État en contact avec les évènements politique de son époque et qu’il doit « jouer sa pièce sur l’échiquier politique.

Pie XII et la Shoah (Michel Viot + trois auteurs)

Le 7 novembre 2010, Michel Viot, président de l’association Écouter avec l’Église, organisa une rencontre autour de Pie XII, que nous avions annoncée sur le blog. Il faut remercier les éditions Téqui de publier les contributions des participants.

Le livre s’ouvre avec une présentation synthétique et claire de Mgr Le Tourneau, suivie par une introduction de Michel Viot. Celui-ci rappelle combien son père, socialiste et franc-maçon, aimait Pie XII et détestait François Mauriac qui relayait les attaques venues d’URSS contre le pape, confirmant au passage le rôle des catholiques dans le procès intenté au pape.

Trois auteurs participent à la réflexion : l’historien Philippe Chesnaux, le président de l’association juive Pave the way Gary Krupp et l’avocat chasseur de nazis Serge Klarsfeld.

Dans son texte, Mgr Le Tourneau relève le caractère irrationnel de la polémique Pie XII. Certes, il est stupéfiant de voir comment on est passé de la louange à l’accusation ad hitlerum, du sauveur des juifs persécutés au complice antisémite. Pourtant, on peut avancer quelques explications : l’habileté des services de désinformation de l’URSS et de ses relais en Occident, l’hostilité du monde anglo-saxon et protestant à l’encontre de la papauté et du catholicisme, mais aussi la volonté actuelle de groupes de pensée et de médias d’attaquer l’Église catholique et ses chefs à travers de violentes campagnes de presse pour la salir d’une tâche dont elle ne pourrait se laver.

Le livre contient en outre une série de témoignages de juifs, contemporains de Pie XII ou historiens, qui rappellent la ferveur que ce pape suscita et continuer à susciter dans le monde juif, ainsi qu’une chronologie et une bibliographie précises. Tout pour faire de ce livre un très utile outil.

Au milieu des documents retrouvés dans les archives américaines, figure la correspondance entre le représentant britannique près du Saint-Siège, sir D’Arcy Osborne, et Myron Taylor, représentant du président américain Franklin D. Roosevelt près du Saint-Siège.

Dans le texte, portant la signature de Franklin C. Gowen, l’assistant de Myron Taylor, et daté du 7 novembre 1944, à 12h45, il est expliqué que D’Arcy Osborne « appela et dit qu’il avait peur que le Saint-Père lance un appel radio pour les juifs de Hongrie et se mette à critiquer ce que les russes faisaient dans les territoires occupés ».

« Sir D’Arcy dit qu’il fallait faire quelque chose pour s’imposer au pape et faire en sorte qu’il ne s’exprime pas, car cela aurait eu des répercussions politiques très graves », ajoute le diplomate américain.

Dans une lettre d’Arcy Osborne du 20 avril 1944 à Harold Tittman, l’assistant de Myron Taylor, le représentant britannique près le Saint-Siège demande de détruire les documents envoyés pour aider les organisations américaines juives, car ceux-ci auraient pu mettre en danger la vie de ceux qui les avaient remis, et il mentionne concrètement le nom d’un prêtre appelé « Benoît ».

Le 15 janvier 1943, la JTA informait de la réponse du cardinal Pierre-Marie Gerlier, archevêque de Lyon, aux autorités nazies qui avaient proposé de laisser en paix l’Eglise catholique si celle-ci ne disait rien sur le traitement réservé aux juifs. Le cardinal avait répondu au commandant nazi : « Vous ne savez pas que le Saint-Père (Pie XII) a condamné les lois antisémites et toutes les mesures anti-juives ».

La revue juive « Advocate » du 5 février 1943 publia ce titre: « le cardinal hongrois attaque les théories raciales », en référence au dur discours prononcé par le cardinal Jusztinián Györg Serédi, O.S.B., archevêque d’Esztergom-Budapest.

La déclaration répercutée sur les ondes de Radio Vatican, condamnait avec force les théories raciales nazies et demandait que la Hongrie protège « tous ceux qui étaient menacés pour leurs convictions ou leur race ». Sur la même page on peut lire un bref article où il est dit que Mussolini rendait les lois raciales moins dures pour pouvoir reprendre des relations avec le Vatican.

Noël 1942, le New York Times commente : « La voix de Pie XII est bien seule dans le silence et l’obscurité qui enveloppe l’Europe ce Noël… Il est à peu près le seul dirigeant restant sur le Continent européen qui ose tout simplement élever la voix. »

Je pense que des revues publiées de l’époque sont de très bonnes preuves à être appliquées à Pie XII.

Parmi les preuves que Gary Krupp a pu avancer, figure une circulaire datée du 30 novembre 1938, signée du cardinal Pacelli, adressée aux nonciatures, aux délégations apostoliques et à 61 évêques. Cette circulaire demandait de « trouver 200 000 visas pour permettre à des « catholiques non-aryens » (formule codée pour désigner les juifs…) de sortir du territoire du Reich »

On peut y lire la précision suivante : « que l’on veille à ce que des sanctuaires soient mis à disposition pour sauvegarder leur vie spirituelle et protéger leur culte, leurs coutumes et leurs traditions religieuses ».

Peu de temps après, dans une lettre datée de janvier 1939, Pie XII confirmait le contenu de sa circulaire en ces termes : « N’entreprenez pas seulement de sauver les juifs mais aussi les synagogues, les centres culturels et tout ce qui appartient à leur foi : les rouleaux de la Torah, les bibliothèques, etc… »

Par contre, on y apporte l’objection suivante : « La circulaire de novembre 1938, comme la lettre de janvier 1939, c’est le pontificat de Pie XI, avec 11, comme dans onze. Créditer le pape Pie XII de décisions faites par son prédécesseur, quand bien même il les a exécutées en tant que secrétaire d’Etat, n’est pas juste historiquement. » Ce qui est très valable; surtout que le Pape Pie XI est mort (soupçonné assassiné) en mars 1939, c’est-à-dire deux mois après la lettre de janvier. Il est incontestable que le cardinal Eugenio Capelli soutint la position du Pape Pie XI durant son règne; mais il est également certain que Pie XII fut beaucoup plus « délicat » pour le faire officiellement. Il faut se rappeler que la guerre fut déclarée en septembre 1939.

Maintenant : “From the horse’s mouth” :

Le « Jewish Chronicle » de Londres du 9 septembre 1942 informait que Joseph Goebbels, ministre de la Propagande de l’Allemagne nazie, avait imprimé dix millions d’opuscules en plusieurs langues, qui furent distribués en Europe et en Amérique Latine, condamnant Pie XII pour sa position en faveur des juifs.

Si Goebbels condamne le Pape Pie XII, ce n’est sûrement pas qu’ils sont copain-copain, j’imagine. Par contre, le pontificat ne demande-t-il pas d’aider les opprimés? Les nazis, après la guerre, étaient des opprimés tout autant que l’avaient été les juifs avant et pendant la guerre.

(À suivre)

André Lefebvre

2 Commentaires

Classé dans Actualité, André Lefebvre

Joual-vert! Je suis certain que celui-ci, vous ne le connaissez pas!!!



Héros légendaire Canayen: Jean Baptiste Levreau de Langis!!!

Une petite question au départ :

Quel est, selon vous, le plus grand honneur que l’on peut faire à son plus important ennemi?

La réponse, pour moi, est évidente : c’est d’effacer toute trace de son existence.

Et c’est exactement ce qu’ont fait les autorités Anglaises après la Conquête. Ils ont détruit toutes traces de l’existence de Jean Baptiste Levreau de Langis, sauf celles que les Canayens ont pu cacher.

Levreau de Langis fut une épine constante, avant et durant toute la guerre de sept ans, dans le talon de l’armée Anglaise.

Il est né à Batiscan le 11 octobre 1723, fils du lieutenant d’une compagnie de la marine Léon Levreau de Langis (veuf de Marguerite Trottier) et de Marguerite Jarret de Verchère. La famille Levreau a certains liens avec celle de mes propres ancêtres les Lefebvre/Duclos qui habitent Batiscan eux aussi, à l’époque.

Son parrain est Francois St-Georges de Cabanac et sa marraine : Marie-Anne Nodière de La Pérade. Il est baptisé par le curé Gervais Lefebvre qui eut maille à partir avec Madeleine de Verchères; celle qui, âgée de 14 ans, avait foutu toute une raclée aux Iroquois et qui, plus tard, avait cassé les reins de l’un des deux « sauvages » qui attaquaient son mari, dans son salon, à La Pérade.

En 1744 Il est parrain de son neveu Joseph Levreau. Il est alors écuyer âgé de 21 ans.

Le 29 juillet 1749, il est témoin au mariage de Denis Laronde Thibaudière et de Marguerite Suzanne Decelles Duclos à Montréal.

Il épouse Madeleine Maranda à Batiscan le 8 février 1749. Il est âgé de 26 ans et Madeleine de 21 ans. Elle décède en donnant naissance à un fils qu’ils appellent Louis. Lorsque celui-ci prend épouse, il est dit de « père inconnu » et il n’est pas mentionné dans le testament de Jean Baptiste Levreau de Langis. Voilà suffisamment d’informations qui peuvent servir à ceux qui adorent les cancans.

La carrière militaire de Jean Baptiste commence au fort Beauséjour en 1755. Il est âgé de 32 ans. Celui en charge du fort est notre bon ami de l’Anse des mères : Monsieur de Vergor. Celui qui sera fait prisonnier pendant son sommeil lorsque les Anglais iront s’installer sur les plaines d’Abraham, le 13 septembre  1759.

Jean Baptiste Levreau fait partie des 150 soldats des compagnies franches de la marine accompagnées de 290 Acadiens et quelques Micmacs qui défendent le fort Beauséjour. L’armée anglaise compte 2000 miliciens et 270 soldats réguliers. Ils sont menés par le lieutenant-colonel Robert Monckton.  Les Acadiens se disaient « neutres » dans les combats entre Français et Anglais. Lorsque Monckton trouve des combattants Acadiens au fort Beauséjour, il obtient l’excuse parfaite pour justifier la déportation des Acadiens qui se fait la même année.

Levreau de Langis est fait prisonnier par les Anglais. Ils ont la malheureuse idée de le relâcher et il revient tout de suite à Québec.

À son retour, sa renommée est déjà faite et il est qualifié « d’officier au courage extraordinaire ». Personnellement, je ne vois rien encore qui puisse justifier cette réputation. Louis de Courville dit le lui : « …un officier qui se distingue par sa bravoure. Il agit, il est vigilant et est toujours prêt à aller en campagne ».

Bof! Moi aussi j’aime la campagne et ça ne me donne pas un « courage extraordinaire ».

Mais là où cela se corse, c’est que le lieutenant-général Louis-Joseph de Montcalm, qui n’aime pas du tout les Canayens, écrit à Vaudreuil : «  Le Sieur de Langis de Montegron est régulièrement affecté aux tâches d’éclaireur les plus importantes et les plus difficiles et il s’y distingue constamment ». Il dira, plus tard, au ministre Français de la guerre que Langis « …comprenait mieux la petite guerre que quiconque ». Il semble bien que les Anglais aient réussit à effacer une partie des exploits de ce Canayen. Du moins celles d’avant 1755.

Donc, je suis bien obligé de me pencher sur ses faits d’arme qui nous sont connus.

En 1755, il participe en tant qu’éclaireur à la campagne du Lac Georges. Il est continuellement envoyé pour effectuer des raids et recueillir du renseignement. Il avance tellement loin en territoire ennemi qu’un journal anglais de l’époque fait état de la terreur qu’il inspire. Les soldats anglais détestent dorénavant entrer dans les bois se sentant constamment épiés par Langis, ses canayens et ses « sauvages ». Washington, encore jeune, déplore que : …Il est impossible de décrire la situation dans la quelle se trouve ce malheureux pays et les dangers auxquels il est exposé. Il y a toujours un si grand nombre de « Français » et d’Amérindiens qu’aucune route n’est sûre ». Un colonel britannique déclare : «  J’ai honte qu’ils (Les Canayens) aient réussi toutes les missions confiés à leurs éclaireurs alors que les nôtres ont toutes échoué ».  Il doit donc y avoir quelque chose de vrai, dans cette histoire, à propos de Jean Baptiste Levreau de Langis.

Le 14 février 1756, il épouse, âgé de 31 ans, la veuve de son oncle Jean Baptiste Jarret de Verchères, Madeleine d’Aillebout de Manthet. Elle est âgée de 51 ans. Cette fois-ci, ce qui est assez exceptionnel dans notre histoire, c’est l’épouse qui eut un regain de jeunesse le soir de ce  14 février. Le mariage est parrainé par le lieutenant-gouverneur  Marquis de Vaudreuil et l’Évêque Monseigneur de Pontbriand accorde une dispense d’affinité  et une dispense des trois bans aux époux. Il ne devait plus y avoir beaucoup de monde opposés au mariage.

La même année au Fort Oswego (Chouagen) du lac Ontario :

Le gouverneur-général Marquis de Vaudreuil parvient à annuler les réticences de Montcalm et le décide d’attaquer le fort Chouagen. En fait, il s’y trouve 3 forts, mais seul celui de Chouagen peut supporter un siège. Leur garnison est formée de 1800 des meilleurs soldats anglais.

En juin 1756, Langis est envoyé en mission de reconnaissance à Chouagen. Il en rapporte un prisonnier. Il y retourne le mois suivant en préparation d’une attaque d’envergure. Au début d’août, Langis et Drouet de Richerville mènent des troupes en reconnaissance; une semaine plus tard, Chouagen est pris. Voyons l’évènement :

3000 soldats « Français » attaquent les 3 forts. Tous les soldats anglais se réfugient au fort Chouagen.  Le 14 août, le colonel James Mercer se fait décapiter par un boulet de canon (Je lui avais dit de se baisser; mais il ne comprenait pas mon accent canayen) et une heure plus tard, le fort capitule. Les forts anglais sont rasés et nivelés immédiatement. Les forces « Françaises » font 1700 prisonniers et saisissent les 121 canons du fort.

C’est la première victoire de Montcalm au Canada. Dire qu’on a été obligé de l’y traîner presque malgré lui.

En octobre de la même année, Langis pénètre à l’intérieur de la colonie de New York avec des Népissingues et des Potéoutamis. Il est accompagné de Marin de la Malgue dont nous avons déjà lu l’histoire.  Lui et Langis sont reconnus comme les meilleurs à « la petite guerre ».  Remarquez que Charles de Langlade est tout aussi efficace; mais l’histoire du Canada ne peut pas tous les nommer parce qu’on ne pourrait plus expliquer la conquête.

Au printemps suivant (1757) avec une centaine d’indiens, il tombe sur un groupe de 50 anglais en train de couper des arbres. Ce n’est évidemment pas pour ses convictions écologiques qu’il en tue près de 20 et en capture une demi-douzaine. Il a lui-même été vu à couper des arbres de temps à autre.

Pendant les mois qui suivent, Langis patrouille la région du fort Georges.

Un chroniqueur contemporain de l’époque écrit : « Les avant-postes ont été réduits à néant sur une superficie de plus de trois cent miles de longueur et généralement d’environ trente miles de largeur ».

En juillet 1757, Lévis l’envoie reconnaître une route de terre entre Carillon et le fort Georges. Il réussit à surprendre 2 groupes ennemis qu’il écrase. Plus tard, en juillet toujours, Joseph Marin de la Malgue prend la tête de 400 canayens et indiens pour aller vérifier la rivière du chicot. Langis et son frère Alexis sont à la tête du contingent indien.  Marin de la Malgue sera fait prisonnier et ne sera relâché que 8 ans plus tard. Langis ramènera ses hommes au Canada.

Le 7 octobre 1757, «  le sieur de Langy Montegron est parti par le fond de la Baye pour la petite guerre avec un détachement de 40 hommes dont douze Sauvages. «  raconte Bougainville.

En décembre 1757, Langis attaque le fort Lydius avec ses amérindiens et rapporte 20 « chevelures » et 3 prisonniers. On apprend ainsi que 20 régiments anglais arrivent d’Angleterre pour la campagne d’été.

Autour du 15 mars 1758, Mr de la Durantaye part avec 200 Iroquois du Sault St Louis, suivit de Langis de Montegron.  Les rangers de Rogers leur ont tendu une embuscade et attendent les « Français ». À leur arrivée, ils tirent un feu nourri sur l’avant-garde française commandée par la Durantaye. Sans attendre, les Anglais se mettent à scalper les victimes, pendant que la Durantaye bas en retraite. Croyant à leur victoire, les rangers avancent sur la Durantaye; mais Langis les a aperçu et les contournant,  s’abat sur eux. Devant le spectacle de leurs compagnons scalpés, la troupe de Langis s’enrage. Ils larguent leurs fusils et poursuivent le travail « à la mitaine »  avec tomahawk,  « casse-tête » et couteau de chasse. Comme le raconte Pouchot : « Il s’était joint 11 officiers ou volontaires à ce détachement, dont 4 étaient des régiments venus dernièrement de l’Angleterre ».  Les Anglais perdent énormément de soldats et sont presqu’entièrement exterminés. Le lieutenant Moore, l’enseigne Mac Donald, le capitaine Bulkeley, tous ces officiers sont tués ou blessés. C’est un carnage pour les anglais, tandis que tel des bêtes fauves, les Canado-Amérindiens déciment les rangs britanniques. Il faut dire que les rangers étaient haïs pour leur extrême sauvagerie et massacres inutiles… Rogers fuit vers les hauteurs du Mont-Chauve. Cinquante hommes tombent encore durant la fuite. Langis et la Durantaye, maintiennent la pression sur les restes de la colonne éparpillée se repliant sur les hauteurs. L’obscurité seule sauve quelques survivants de la compagnie de Rogers.

Cent quarante quatre scalps sont levés et 7 prisonniers sont capturés. Rogers parvient à fuir grâce à l’obscurité. Il était le meilleur commandant des miliciens anglais mais n’a jamais pu vaincre Langis, le meilleur commandant des miliciens canayens. Rogers, dans sa fuite, laisse son manteau, « sa commission et ses instructions». Pouchot ajoute : « « Nous eûmes dans cette affaire 5 Iroquois du Saut tués, un Nepissin du Lac et 3 autres Iroquois blessés à mort. C’est encore une action des plus vigoureuses des Sauvages. Ils avaient à faire à un détachement d’élite de volontaires, sous la dénomination de découvreurs. »

« Découvreurs » signifie dans l’esprit de Pouchot: « Éclaireurs » et on sait que les éclaireurs de l’époque étaient tous des « coureurs de bois ».

Le 6 mai 1758, du côté de Carillon, le « Détachement de Mr de Langy à rapporté quatre chevelures », selon Bougainville. À la mi-mai, suite à l’enlèvement de 4 hommes, 2 morts et 17 autres attaqués dans les bois, Langis part avec ses amérindiens en riposte pour obtenir des informations. Il ramène 3 prisonniers… Il repart peu de temps après, le 17, avec 25 guerriers, vers Orange et fort Edouard. « Dans ce mois, M.de Langis brûla 500 berges et la barque des Anglais sur le lac George, et prit ou tua 40 hommes qui les gardaient. »(Pouchot).  Le 31 mai, il est de retour à Montréal, ses guerriers ont pris 3 scalps. Le 13 juin, il part pour Carillon avec 80 guerriers : « Quelques Sauvages ont enlevé un Canadien vers le lac St François.» (Bougainville). Il va y remédier.

Le 27 juin, Il ramène 19 prisonniers qu’il a capturé au lac St-Sacrement. Des rumeurs parlaient d’un établissement anglais au fond du lac St Sacrement, sur les ruines du fort George. Ce n’était que des rumeurs; mais maintenant Langis peut en confirmer la réalité.

Le 4 juillet Montcalm demande des volontaires parmi les officiers Français pour être sous les ordres de Langis. Le nombre de volontaire est si grand qu’il faut en refuser. Langis est le seul commandant canayen dont la réputation n’a jamais été salit par aucun des soldats français.  Un capitaine et 7  lieutenants  acceptent d’être sous les ordres de Langis. Ils reviennent le lendemain pour prévenir Montcalm de l’arrivée de l’armée anglaise.

Repartant en éclaireur avec sa troupe, il rencontre par hasard, le 7 juillet, l’avant-garde ennemie. Celle-ci est menée par le Lord brigadier Howe qui est le plus apte à réussir l’entreprise contre le Canada. Il ne survivra pas au combat sanglant qui résulte de sa rencontre avec Jean Baptiste Levreau de Langis. Paix ait son âme. L’armée qui arrive est celle du major-général James Abercromby. Elle compte 15,000 soldats. L’armée française est forte de 3,600 combattants.

On a très peu de compte rendu précis de cette bataille de Carillon. On vente la bravoure des soldats français, le courage de Montcalm et on ne fait qu’une petite mention du cri du cœur de Lévis lorsque le danger devient trop grand : « En avant Canayen! ».

Ce qui n’est pas mentionné est que 3 groupes de Canayens sont placés sur les ailes de l’armée et leur mission est d’empêcher le gros de l’armée anglaise de débarquer. Ce qu’ils réussirent assez facilement vue la précision de leur fusil. Langis est à la tête de l’un des groupes, Langlade du deuxième et Luc de la Corne en charge du troisième. Canardant les barques anglaises sans merci, ils laissent néanmoins débarquer les Anglais au compte-gouttes. Lorsqu’ils entendent le cri de Lévis « En avant Canayens! », ils se retournent et aspergent de plomb les soldats qui assaillent les fortifications. En un rien de temps, les anglais jonchent le sol, les officiers menant l’attaque sont tués et les survivants se replient comme des « poules pas de têtes » en débâcle vers le bord du lac. Le feu nourri ne leur laisse pas le temps de considérer autre chose que la fuite. Les Anglais laissent sur le terrain 1944 morts dont 1610 soldats réguliers. Les Français subissent 377 pertes. Voila la raison principale de la victoire de Montcalm à Carillon. Mais n’en parlez pas, c’est secret et je ne peux pas vous dire ce qui pourrait arriver si jamais vous le racontiez.  Vous pouvez cependant dire sans crainte que Langis fut blessé à la bataille de carillon; « y’a aucun problème à ça ».

Malgré ou peut-être «  à cause » de cette victoire à Carillon, dépendamment du but visé par lui, Montcalm change complètement de stratégie et décide de combattre « à l’européenne ». Il fait abandonner les forts de l’Ouest pour concentrer ses forces à Québec. C’est là sa nouvelle stratégie; du moins « officiellement » car cela va à l’encontre du fait qu’avant que les Anglais ne deviennent trop pressant sur la ville de Québec, il éloigne Lévis de la ville. Il a probablement peur que celui-ci ne lance encore son fameux cri ; « En avant les Canayens! ». Il a certainement raison car Québec tombe juste avant que Lévis ne revienne sur place.

Par contre Langis, quant à lui, ne cesse de harceler les Anglais. Principalement les rangers de Rogers qui ont commencé à brûler les fermes des Canayens.

Lorsque les 142 rangers lancent un raid sur le village de St-François-du-Lac à partir de baleinières, Langis, après s’être tordu de rire au sujet de leur peur de voyager en canots, se met à leur poursuite. Il en tue 69 et échappe les autres qui s’en tirent in extremis.

Après la chute de Québec, Langis continue ses raids à partir de l’Ile aux noix. En février 1760, il rencontre encore une fois Rogers parti d’Albany pour se rendre à Crown Point. Langis lui tend une embuscade. La première volée de tir tue les chevaux; mais Rogers et 7 des siens parviennent encore une fois à s’échapper. Langis met la main sur 32 mousquets, 100 hachettes, 55 paires de mocassins et 3,961 Livres; la paie complète des troupes de Crown Point.

Six semaines plus tard, il se rend à Crown Point et sans tirer un seul coup de fusil, capture 2 officiers anglais, un officier des rangers et 6 soldats qu’il ramène à Montréal.

La dernière mention de Langy se lit dans le journal de Pierre Pouchot : «Ce fut de là que durant l’hyver on forma des partis qui amenaient toujours quelques prisonniers. Langis en fit encore d’heureux dans ce printems. Cet officier, le meilleur partisan des troupes de la colonie, qui avait si bien servi les deux dernières campagnes, se noya malheureusement en voulant traverser la rivière dans un canot avec deux hommes. Elle n’était pas absolument prise dans les bords ; mais un morceau de glace s’étant détaché tout-à-coup, il tomba sur le canot et le noya. »

Jean Baptiste Levreau de Langis se noie à l’âge de 37 ans, près de l’île des Sœurs au printemps de 1760. Il est inhumé à Longueuil le 1er juin de la même année.

Vous vous cherchez un héros canayen? Il y en a plusieurs de disponibles; mais il n’y en a pas beaucoup d’aussi valeureux que ce Jean Baptiste Levreau de Langis né à Batiscan.

André Lefebvre

 

10 Commentaires

Classé dans Actualité, André Lefebvre

Pierre Le Moyne d’Iberville!!!

 

Pierre Le Moyne d’Iberville

Il fut surnommé : “Le Cid canadien”; probablement par ceux qui « beurrent épais »; mais, reste à savoir au sujet de qui, exactement, « on beurre épais ». Est-ce à propos du Castillan ou du « Canayen »?

Voyons ça:

Pierre Le Moyne commence sa carrière de marin sur le bateau de son père Charles Le Moyne de Longueuil et de Chateauguay. En 1686, il entame sa vie militaire avec ses deux frères Jacques Le Moyne de Ste-Hélène et Paul Le Moyne de Maricourt.

Le Gouverneur Denonville, nomme Pierre de Troyes chef d’une expédition sur la Baie d’Hudson pour y chasser les Anglais. Il qualifiera, plus tard, Pierre de Troyes comme le plus compétent des officiers pour « conduire des Canayens » : «Le sieur de Troyes est le plus intelligent et le plus capable de nos capitaines; il a l’esprit tel qu’il faut pour avoir tous les ménagements nécessaires pour commander aux autres. On ne saurait avoir une meilleure conduite que celle qu’il a eue dans l’entreprise du Nord car il lui a fallu du savoir-faire pour tirer des Canadiens les services qu’il en a eus et pour les mettre dans l’obéissance.»

Pour bien comprendre ce genre d’esprit, « pour commander aux autres », en question, il faut savoir que, comme pour Cavelier de La Salle, Pierre de Troyes évite de justesse une mutinerie durant l’expédition. Trois ans plus tard, il succombe au scorbut, tout juste avant que les survivants de la maladie, au Fort Niagara, ne passent aux actes et l’assassinent pour lui élire un remplaçant. Denonville a certainement raison : Voilà un chef qui sait se faire apprécier de ses hommes!!!

L’expédition vers la Baie d’Hudson, une autre de toutes les victoires « françaises » de notre histoire, se compose de 100 hommes : 30 soldats français et 70 « coureurs de bois ». Les « Le moyne » dirigent chacun un groupe de 30 combattants. Il reste donc, 10 soldats français pour prendre soin de Pierre de Troyes. L’expédition commence avec 35 canots et se poursuit avec 27 traîneaux à chiens. Lorsqu’ils arrivent à la Baie de James, il leur reste 82 combattants. Convenez que ce ne sont certainement pas les « coureurs de bois » qui ont succombé au voyage. On peu déduire qu’il ne reste qu’environ 12 soldats français pour produire la « victoire française » qui s’annonce.  Personnellement, je trouve que c’est très peu.

En fait c’est plutôt Pierre Le Moyne d’Iberville qui sera vraiment responsable du succès de l’expédition. Évidemment, Pierre de Troyes le laisse en charge du fort « Moose » avec 15 « coureurs de bois », et revient raconter son fait d’arme à Montréal. On peut penser qu’il le fait à la manière habituelle des autorités françaises. Ce qui explique, naturellement, l’éloge de Denonville que l’on a lu plus haut.

Par contre, en 1688, d’Ibervile, avec ses 15 « coureurs de bois », capture 2 navires anglais comprenant 85 membres  à leur bord. Il revient à Montréal avec un tas de fourrures et ces 85 prisonniers anglais. On est, alors, bien obligé de le reconnaître comme un héros.

En 1690, Jacques Le Moyne de Ste-Hélène et Nicolas d’Ailleboust commandent un détachement, envoyé par Frontenac, pour attaquer la Nouvelle-Angleterre. La cible de ce détachement est Corlaer (Schenectady).  Pierre Le Moyne d’Iberville est aussi de la partie ainsi que 114 « coureurs de bois » et 96 Amérindiens. Le 18 février, ils attaquent de la même manière que les Iroquois, armés par les anglais, l’avait fait sur Lachine l’année précédente. Ils brûlent tout, tuent 60 habitants et font 25 prisonniers. Ils reprennent la route de Montréal avec 50 chevaux chargés de butin.

Lorsqu’on lit les différents compte-rendus de cette expédition, on constate qu’elle n’est pas menée par des « enfants de coeurs ». Pour être dans la norme d’aujourd’hui, sa lecture comprends des scènes de violence et la supervision des parents est conseillée. Disons que, comme tous les « Canayens » de notre histoire, d’Ailleboust et les Le Moyne ne sont pas là pour faire dans la dentelle ou faire de la chair à canon avec leurs compagnons d’armes. Ils sont là pour gagner des combats et prennent les moyens pour y arriver. Que ceux qui n’apprécient pas, s’abstiennent d’attaquer le Canada tout simplement. Mais… quand celui qui prend les décisions n’est pas celui qui combat… ça donne… comme aujourd’hui.

En 1690 d’Iberville avec 80 hommes, répartis sur 3 bateaux, se présentent devant le fort New Severn de la Baie d’Hudson.  À sa vue, le commandant du fort fait sauter tous les édifices et prend la fuite avec ses hommes sans offrir la moindre résistance. On jurerait de l’arrivée des irréductibles gaulois, Astérix à leur tête, devant les Romains.

En 1692, envoyé par Frontenac pour patrouiller les côtes de la Nouvelle-Angleterre, d’Iberville capture 3 navires anglais.

En 1694 Il se présente devant le fort York, à la Baie d’Hudson.  Le fort est rempli de soldats, de canons, de munition et de nourriture. Le gouverneur Thomas Walsh capitule sans résister, parce qu’il a oublié de se faire une réserve de bois de chauffage.  L’excuse à l’avantage de ne pas se faire donner une bonne raclée. Par contre, serait-ce là, l’époque où les Anglais commencent à « respecter » les combattants « canayens »? Cette crainte des « Canayens » durera jusqu’à bien après la Conquête de 1760.

Rien ne semble plus pouvoir arrêter Pierre Le Moyne d’Iberville. Il est, dorénavant, un héros sur les 2 continents, l’ancien et le nouveau.

En 1696, il quitte la France à la tête d’une petite flotte, vient défendre Joseph Robinau de Villebon, gouverneur d’Acadie, y capture une frégate anglaise et fait fuir les deux autres frégates. Il pousse jusqu’au fort William-Henry, sur la frontière de l’Acadie et du New-England, où le commandant, Pascoe Chubb, capitule avant que d’Iberville passe à l’attaque. Il devait, probablement, manquer de bois de chauffage lui aussi. De toutes façons, d’Iberville détruit le fort et renvoie les 92 soldats anglais à Boston.

Il se rend ensuite à Plaisance, capitale de Terre-Neuve, où, avec le gouverneur Brouillan et leur armée de « coureurs de bois », ils marchent sur St-John qui se rend après un très court siège. Manque de bois ou manque de pot? On ne sait pas. Les « Canayens » mettent le feu à la ville et continuent sur la lancée. Ils pillent et détruisent 36 établissements anglais et font 700 prisonniers.

-Puis-je autre chose pour vous, mon Roy?

-Retourne à la Baie d’Hudson; mon cher d’Iberville.

-Mais, Majesté, je n’ai pas encore fini de conquérir Terre-Neuve!!!

-Disons qu’il ne faut pas exagérer; les Anglais redeviendront, un jour, nos amis. Ouste! À la Baie d’Hudson, tout de suite!

-Oui Majesté.

Sur la route, son bateau se retrouve seul, face à 3 navires anglais. Les Anglais le croyant coincé, se font couler deux bateaux et le troisième prend la fuite. D’Iberville se présente alors devant le fort York qui avait été remis aux Anglais l’année précédente par le roi de France, et où le gouverneur Henry Baley commande. Baley ne capitule pas tout de suite. Lors d’un combat, Louis Le Moyne de Chateauguay, frère de Pierre Le Moyne, est tué. Quatre jours après l’arrivée de d’Iberville, le gouverneur anglais fait preuve d’une grande connaissance de la psychologie militaire. Il s’adresse à ses hommes, en leur promettant que, s’ils combattent bien, il donnera 40 livres « à leurs veuves ». Cela ne fit pas, du tout, exploser d’enthousiasme ses « soldats »  et, le lendemain de cet « encouragement » martial,  Baley envoie Henry Kelsey pour négocier la capitulation. L’héroïque résistance dura cinq jours.

Les exploits de d’Iberville impressionnent, encore une fois, la royauté française qui le charge d’une expédition au golfe du Mexique, à l’embouchure du Mississippi, avec la mission d’ y établir le fort que Cavelier de La Salle (le Chinois) avait raté.

Avec son frère Joseph Le Moyne de Sérigny, il suit la côte nord du golfe jusqu’au Mississippi. En 1699, ils construisent un fort dans la baie de Biloxi qu’ils appellent le fort Maurepas.

D’Iberville revient en France où il reçoit la croix de St-Louis. Premier « Canayens » à recevoir cet honneur. Il y en aura plusieurs autres qui la mériteront avant la conquête.

Il revient en Louisiane en 1701, fait construire le fort Mississippi et établit des alliances avec les Amérindiens,  à la manière des « coureurs de bois », c’est à dire: dans le respect mutuel. Il envoie plusieurs missionnaires et « coureurs de bois » vivre avec ses nouveaux alliés.

1702 : des attaques répétées de malaria le ralentissent quelque peu et il en profite pour écrire ses mémoires dans lesquelles il plaide pour l’établissement d’une colonie importante en Louisiane; ce qui empêcherait les Anglais de traverser les Appalaches vers l’Ouest.

1706 : D’Iberville quitte la France à la tête de 12 vaisseaux vers les établissements anglais des Antilles. Il ravage St-Christopher sans merci. Il fait, ensuite, capituler, en deux jours, Nevis et Charlestown à l’île de la Guadeloupe, où toute la population est faite prisonnière et où il capture 24 vaisseaux anglais dans le port. Tous les biens sont saisis.

Pour des raisons personnelles, il se rend à la Havane, où il meurt subitement dans des circonstances mystérieuses. Il est enterré dans l’Église de San Cristobal. Sur le certificat de décès on découvre l’indication de 4 sépultures, dont celle de Pedro Alvarez de Villarin avec qui d’Iberville venait de souper. Pedro Alvarez avait été empoisonné et meurt sous les soins de ses médecins. D’Iberville meurt  à son retour sur son navire, après le même souper.

Comme tous les autres « Canayens », il n’échappe pas à la reconnaissance de la France. Après sa mort, il est accusé de plusieurs fraudes et ses propriétés sont sujettes à de nombreuses  enquêtes qui s’échelonnent sur 30 ans. Sa veuve, Marie-Thérèse Pollet, est forcée de payer une large part de son héritage suite à plusieurs poursuites. À la mort de Marie-Thérèse toute la fortune de d’Iberville a été consacrée soit au règlement de sa succession, soit à assurer le train de vie qu’imposait le rang de son second époux, mort « dans la démence » 4 ans auparavant, le comte Louis de Béthune, capitaine de vaisseau et chevalier de St-Louis.

Depuis lors, un grand nombre de « chercheurs » fouillent dans les moindres recoins des archives pour trouver des informations susceptibles d’être interprétées pour dévaloriser ce héros « Canayens ». Ils ont beaucoup de difficultés; mais y parviendront sûrement avec certains « accommodements raisonnables ».

Ceux qui voudraient lire le journal de d’Iberville décrivant sa mission au Mississippi, peuvent le faire ici:

http://books.google.ca/books?id=w3HAgvcNUbUC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Mais la partie de la page 38 à 194 n’est pas consultable et pourtant, ce sont les écrits de d’Iberville lui-même.

Vous pouvez également consulter:

http://books.google.ca/books?id=5d0FAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

où on semble « choisir » les évènements selon ce qui est acceptable.

Pierre Le Moyne d’Iberville est le seul grand héros « canayen » dont on n’a pas pu caché l’héroïsme en l’attribuant à un « personnage » de France, et, le seul qu’il fut impossible de « peindre » comme étant un Français. Il est indiscutable qu’il était un « Canayen » coureur de bois qui ne refusait pas de « courir la mer » lorsque nécessaire.

André Lefebvre

5 Commentaires

Classé dans Actualité, André Lefebvre

Les Francs-maçons de la Nouvelle-France!!!

 

Les Francs-Maçons de la Nouvelle-France!!!

S’il est un sujet sur lequel on ne peut que se faire une opinion personnelle, c’est bien celle d’une  possibilité d’implication des Francs-maçons dans la conquête du Canada. Voici les informations s’y reliant.

Lors de mes recherches généalogiques, j’ai dû lire un nombre incroyable de textes écrits sur la guerre de sept ans. J’y ai recherché la présence de l’un de mes ancêtres pendant quatre ans, tous les jours. Il me fallait donc lire des écrits contemporains de cette époque dans lesquels on mentionne certains noms.

Quatre ans plus tard, il m’était devenu impossible de croire que le Canada ait pu tomber sous la pression militaire anglaise. Cette farce ne tient tout simplement pas debout. La raison est toute simple : les Anglais et les « Bostonnais » se font donner des raclées partout, toujours, durant toute la guerre de sept ans par les « Canayens ». Comment une escarmouche, au pied des murs de Québec, peut-elle avoir résulté en conquête du pays? On ne peut certainement pas l’attribuer à la traîtrise d’un seul homme; c’est impossible.

La seule réponse possible est : par l’influence divine de Dieu qui a travaillé en sous-main. Car le fait tient absolument du « miracle ». Cependant, comme je ne crois pas que Dieu fasse de la politique, je suis bien obligé de tenter de trouver une autre influence qui « ait pu travailler en sous-main » pour arriver à ce résultat inexplicable.

La première qui me vient à l’esprit est, évidemment, ce complexe élitiste imbécile et aveugle que manifeste Montcalm et les officiers français envers les miliciens canayens qui, eux, gagnent la plupart des combats. Il est bien évident, par contre, que ce complexe de Montcalm ne diminue aucunement l’efficacité guerrière de ces même Canayens. Donc, la raison doit être autre.

Et puisque l’efficacité des miliciens canayens est indiscutablement en cause dans cette « conquête », il faut que cette influence se soit manifestée, en partie, chez nos miliciens. Ajoutons que, pour qu’une influence se manifeste « en sous-main », il faut nécessairement qu’elle soit d’origine discrète, sinon secrète.

Avouons que les influences secrètes, à l’époque de la guerre de sept ans, sont assez limitées. En fait, il n’en existe qu’une seule : c’est celle de la Franc-maçonnerie.  Plusieurs réagiront, comme je l’ai fait moi-même, en disant :

–          Arrêtes-moi ça tout de suite; ça n’a aucun sens et ne commence pas à tomber dans la notion de « complot ». Au départ, la Franc-maçonnerie n’avait aucune influence importante à l’époque.

Ce qui est loin d’être exact puisque déjà, en 1738, Le Pape Clément XII fulmine contre la franc-maçonnerie dans sa bulle In éminenti apostolatus specula. 

Donc, après plusieurs mois de dénie et d’évitement, il a bien fallut que je me décide et que  j’adresse le sujet une fois pour toute. La question était : par où commencer?

Ma réponse fut :

–     Aucune importance, pourvus que tu commences.

1) 68 ans après les faits, lors de la pose, avec les honneurs maçonniques, de la pierre angulaire du monument de Wolf et de Montcalm, le 15 novembre 1827, le sergent James Thompson (95 ans), survivant de la bataille de 1759, est présent à côté des dignitaires Francs-maçons; lui-même Franc-maçon depuis 1757. On peut évidemment se demander comment il se fait que ce soit des Francs-maçons  qui érigent ce monument (dessiné par le capitaine Young soutenant James Thompson lors de l’évènement)?

2) Sur une murale du temple maçonnique de Montréal on peut identifier les participants à la première  « réunion » maçonnique fait à Québec le 28 novembre 1759. Les participants sont le Lieut. John Price Gunett, le Capt Span, un certain Huntinford, le Lieut Prentice, le Col. Simon  Fraser, le Sgt. Saunders “Sandy” Simpson et le Sgt James Thompson mentionné plus haut.

3) Jacques Lacoursière, historien, laissent entendre que Montcalm et Wolf étaient Francs-maçons. Je ne pense pas qu’il faille s’appuyer trop fortement sur ces rumeurs, car les preuves manquent; du moins, je ne les ai pas trouvées. Par contre, il est peut-être bon de souligner que de Bougainville fit un stage à Londres en1754/55 et fut promu à la Royal Society de Londres en 1756, avant d’être nommé au service de Montcalm en 1757. Cependant, on constate un fait absolument confirmé : le recrutement de la Franc-maçonnerie chez les « canayens » prend de l’ampleur au Canada aussitôt après la conquête.

Quand on connaît le caractère des « coureurs de bois » canayens répandu dans la population, l’adhérence à un mouvement de « libre penseur » indépendant est définitivement attrayante; et plusieurs de nos ancêtres deviennent francs-maçons. Le premier recrutement  maçonnique officiel se fait en 1764, lors de LA FÊTE MAÇONNIQUE DE LA ST-JEAN. Les Francs-maçons sont les  précurseurs de la société St-Jean Baptiste; du moins au niveau chronologique. John Knox, rédacteur de « Journal of the campaigns of North América » mentionne, lui aussi, cette fête de la St-Jean  organisée par les Francs-maçons. C’est également lui qui écrit que lors de la bataille de Ste-Foy, si les « Canayens » n’avaient pas reçu l’ordre de revenir, ils entraient dans Québec et reprenait la ville en 1760. On peut se demander de quel officier venait cet ordre. Il faut quand même avouer que durant les années 1759 et 1760, cela est la troisième fois que les Canayens sont empêchés de se débarrasser des Anglais. 1) À Beauport juillet 59 avec Langlade, 2) Au plaine d’Abraham sous Montcalm (s’il avait attendu) et 3) à la bataille de Ste-Foy qu’on vient de voir.

4) Ce n’est qu’en 1771 que le clergé prend conscience de cette influence sous-jacente. Étienne Montgolfier, supérieur des sulpiciens à Montréal, écrit : « Nous avons un grand nombre de Francs-maçons dans cette ville. Il y en avait quelques-uns, mais en petit nombre et cachés, sous le gouvernement français… ». À partir de cette époque, l’Église démontre une vive inquiétude au sujet de la Franc-maçonnerie et encourage même les dénonciations.

Déjà, le renseignement fourni par Montgolfier prend de l’importance : Il y avait des Francs-maçons en Nouvelle-France, et ceux-ci s’efforçaient de rester cachés. Mais quelle influence  réelle peut bien avoir cette « association »?

5) Encore là, c’est l’Église elle-même qui répond à la question :

« Il ne peut échapper à personne que la franc-maçonnerie, sous les diverses formes qu’elle prend pour mieux tromper, exerce une influence sur notre pays : influence ténébreuse, voilée, déguisée, hypocrite, qui s’infiltre dans des associations en apparence bien inoffensives », peut-on lire dans les Mandements des évêques du diocèse de Québec du 18 juillet 1898.

D’accord; donc l’influence est très importante. La question suivante devient : Depuis quand cette influence s’exerce-t-elle sur notre pays?

Jusqu’au milieu du XXe siècle, l’histoire de la franc-maçonnerie est exclue du champ de l’histoire universitaire classique. Par contre, il est difficile de ne pas soupçonner que la philosophie maçonnique, étant « révolutionnaire » depuis ses tous débuts, ne soit pas une force sous-jacente qui assurément, a eu un certain contrôle au cours de l’histoire. Il ne suffit que de comprendre, malgré tout l’imaginaire des textes écrits par ses membres, que la Franc-maçonnerie défend les valeurs sociales qui accordent la liberté à l’individu, effacent les valeurs « élitistes » de l’époque de la Monarchie et prônent le pouvoir aux mains de l’économie pour assurer la qualité de vie de tous et chacun.  Ces valeurs sont les mêmes que celles prônées par “les Lumières”. Ce sont également celles que vivent les Acadiens avant 1755 ainsi que nos « coureurs de bois » installés en Louisiane depuis le XVIIe siècle jusqu’en 1785.

Il semble, cependant, ou plutôt, on constate assez facilement aujourd’hui, que les buts d’autrefois furent « déviés » pour servir une certaine « élite » du commerce qui contrôle cette économie. Mais cela n’a pas toujours été le cas.

Cet esprit fondamental d’équité sociale, prôné par la Franc-maçonnerie, apparait pour la première fois, dans la « Magna Carta » des Barons d’Angleterre rédigée en 1215. C’est là, la première manifestation embryonnaire d’une volonté d’égalité pour tous les hommes. Cette notion d’équité pour tous se développe et, par la suite, étend ses racines progressivement partout en occident. Elle finira par instaurer la démocratie. La source en est donc l’Angleterre.

Elle défend les caractéristiques sociales suivantes : la fraternité, l’égalité, la tolérance, la vertu, la liberté et la bienfaisance. On ne peut refuser de reconnaître que cette notion est celle responsable des révolutions importantes de l’histoire du XVIIIe et du XIXe siècle.

Par la suite, au cours du XXe siècle, il semble qu’une petite « clique » ait pris le contrôle de la « partie politique » du mouvement et laisse la majorité Franc-maçonnique s’amuser à ses rituels qui n’ont plus aucune incidence sur les évènements historiques.  Cette partie « politique » du mouvement maçonnique est évidemment celle des finances et du commerce qui installent la « mécanisation ».

La révolution française est la deuxième révolution occidentale reliée à la notion d’équité maçonnique; la première est la révolution américaine. Au Canada, la propagande révolutionnaire française arrive via les USA par la complicité d’Henry-Antoine Mézière, adjoint de l’ambassadeur français aux États-Unis; et la propagande américaine, de Fleury Mesplet sous le parrainage de Benjamin Franklin, franc-maçon notoire. Il est à remarquer également, que Georges Washington est aussi franc-maçon.

À noter que la Franc-maçonnerie est beaucoup plus facilement décelable dans la révolution américaine que dans la révolution française. Mais il est incontestable que la notion essentielle de ces deux révolutions est exactement la même, tout en étant celle de la franc-maçonnerie qui l’avait adopté plusieurs années auparavant. Constat obligatoire, la Franc-maçonnerie est beaucoup plus influente dans l’histoire de cette époque qu’on ne l’aurait cru préalablement.

La Franc-maçonnerie spéculative fut créée à Londres en 1717. Elle serait arrivée en France en 1725 ou 1726.

En Nouvelle-France, les Francs-Maçons francophones se seraient réunis dans la Loge des Francs-Maçons régénérés, dont la date de fondation nous est inconnue mais qui doit être postérieure à 1743. Cette loge ayant été parrainée par la Loge Amitié et Fraternité, fondée à Dunkerque cette même année, l’an 1752 marque donc, pour nous, le début de la Franc-maçonnerie au Canada et l’année 1759 est celle de la naissance de l’obédience dont est issue la Grande Loge du Québec.

Ceci dit, voici une liste de certains militaires Francs-maçons de la Nouvelle-France :

Pierre-Charles Daneau de Muy, Louis-Nicolas Duflos, Antoine Foucher, Jacques Gichaud, Pierre Hertel de Beaubassin, Joseph Marin de La Malgue, P.-A. Rameau de La Roche de Granval, Jean-Baptiste Testard de Montigny , le gouverneur marquis de Duquesne (qui prône la défense du Canada et est muté en France en 1755) et un Français d’adoption, le baron de Dieskau (Il fut fait prisonnier en 1755 lorsque Montreuil l’abandonna à l’ennemi. Montreuil est celui qui arrêta son armée à la rivière Jacques Cartier lors du combat des Plaines d’Abraham, refusant de suivre Vaudreuil),  François Picotté de Belestre, chevalier de Saint-Louis, Michel Chartier de Lotbinière, Joseph Le Moine (celui impliqué dans la guerre de sept ans),  l’avocat Michel Amable Berthelot d’Artigny, Jean-Baptiste Céloron de Blainville, Benjamin-Mathieu d’Amours de Cligancourt, Charles Curot, Jean Dumoulin, Louis Ermatinger, Jean-Baptiste-Melchior Hertel de Rouville, Joseph-Guillaume de Lorimier, l’avocat Simon Sanguinet, Louis Verchères.

La plupart de ces « Frères » sont certainement initiés à l’époque du régime français. De plus, on peut facilement comprendre qu’ils sont tous pour la suppression de l’autorité monarchique telle qu’on la subissait avant la conquête. Il y a assez de militaires dans cette liste pour faire réussir la conquête, on doit l’admettre. De plus, ils sont répartis partout au Canada incluant dans l’Ouest; et il est certain qu’on ne possède pas tous les noms des adeptes.

La première loge maçonnique formée de civils est celle d’Annapolis Royal, en Nouvelle-Écosse, qui reçoit ses patentes de la loge des maçons modernes de Boston en juin 1738.

Puis, ce fut l’établissement de loges à St. John (1746 et 1766), à Halifax (1750 et 1751) et à Québec (1764). Au moment de la conquête de la Nouvelle-France par l’Angleterre, Montréal compte déjà une loge de Francs-maçons d’expression française.

Deux des plus anciennes loges de la Nouvelle-France qui existent encore aujourd’hui, l’Antiquity Lodge no.1 et la loge Albion no.2, sont créées respectivement à Montréal et à Québec en 1752.

Il est définitivement impossible de nier l’existence d’une organisation maçonnique importante en Nouvelle-France et en Acadie anglaise.

À part les loges des Frères du Canada, entre 1759 et 1791 la Province de Québec compte 37 loges dont sept à Montréal.  Après la prise de Québec, le lieutenant John Price Guinnett est proclamé Grand Maître le 28 novembre 1759, alors qu’est fondée une Grande Loge provinciale qui groupe six loges des régiments de Wolfe. La Grande Loge d’Angleterre ne reconnut jamais l’élection de Guinnett, la considérant irrégulière. La situation est régularisée lors de l’installation du colonel Simon Fraser comme Grand Maître le 24 juin 1760; deux mois avant même la capitulation de Montréal.

En 1762, il y a dans la province 13 loges militaires et une de marchands à Québec, relevant toutes de la Grande Loge provinciale du Québec ; en 1767, Edward Antill est nommé représentant du Grand Maître de la Grande Loge provinciale à Montréal. Sous la Grande Maîtrise de sir John Johnson, le siège de la Maçonnerie est transféré de Québec à Montréal en 1788 : Thomas McCord, un membre de la St. Peter’s Lodge, est nommé Grand Secrétaire et William Grant, Représentant du Grand Maître à Québec.

Passons maintenant aux choses sérieuses :

Simon Fraser : est un colonel sous les ordres de James Wolf lors de la conquête. Ensuite, il  conduit les « Fraser’s Highlanders » lors de la révolution américaine. Il parle couramment le Français. Il est le père du marchand de fourrures de la Compagnie du Nord-Ouest Simon Fraser. Ce dernier n’est pas Franc-maçon; mais son fils Paul Fraser le fut. L’important est de remarquer, ici, le lien entre la Franc-maçonnerie, la conquête et la révolution américaine.

Sir John Johnson est un colonel loyaliste qui se réfugie au Canada en 1776 lors de la révolution américaine. Il possède une seigneurie à Argenteuil.

Thomas McCord  Irlandais de naissance, arrive à Québec avec sa famille en 1764. Il devient un homme d’affaire et une figure politique importante dans le Bas-Canada.

William Grant  Parlant parfaitement le Français, arrive à Québec à l’âge de 15 ans comme représentant de la compagnie de Robert Grant, un parent. Il se lance dans la traite des fourrures et prête de l’argent à des marchands de Québec. Il s’intéresse également aux pêcheries de phoques et de saumons. À son arrivée, il achète plusieurs maisons de Québec et de Montréal pour spéculer. Il devient Seigneur de St-Roch après un tour de passe-passe avec des notaires. Il achète même le Château Ramezay qu’il loue au gouvernement pour cinq ans et qu’il revend en août 1778. En 1775, durant la Révolution américaine, les aspirations financières de Grant se heurtent à la menace de l’invasion et au spectre de la ruine. « Déterminé à rester debout ou à tomber avec le gouvernement du roi », Grant se joint à la milice des « citoyens indisciplinés », mise sur pied pour défendre Québec. Il condamne publiquement les rebelles et déclare, en septembre, que « la façon la plus courte et la meilleure » de juger les prisonniers américains « serait de les tuer sur-le-champ ».

Est-il assez évident que même si les « pères de la constitution américaine » sont, pour la plupart Francs-maçons (comme Benjamin Franklin par exemple), les intérêts de chacun des partis Canadiens/Américains se confrontent et décident des loyautés? Mais il est impossible de ne pas comprendre que si la Franc-maçonnerie est responsable de la révolution américaine, elle est également en position,  d’être responsable de la conquête de la Nouvelle-France tout autant. Il ne suffit que de se rappeler que ceux qui décident et influencent les habitants de Québec à ouvrir les portes de la ville aux Anglais (même si Lévis a donné instruction à Nicolas Roch de Ramezay de tenir jusqu’à son arrivée), sont les marchands de Québec. De plus, 13 officiers sur 14 recommandent à Ramezay de capituler.

La biographie de William Grant est des plus significatives. Malgré qu’on y parle de ses « intérêts privées », il ne faut pas perdre de vue qu’il était Franc-maçon représentant du Grand Maître à Québec.

http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=2428&&PHPSESSID=ychzfqkvzape

Voici quelques officiers de Montcalm supposément présent à Québec, après la Bataille des Plaines d’Abraham.

Jean Baptiste d’Aleyrac. C’est lui qui est désigné sous le nom de « lieutenant Dulairac » dans la liste des tués  et blessés du 28 avril 1760. Il est blessé et ne participe pas au vote sur la reddition de la ville.

Pierre-Philippe Aubespry de la Farelle. Chevalier de St-Louis, il fut l’un qui conseille de rendre Québec. Sur la liste de ceux qui votent la reddition de Québec, son nom est Daubepry.

Michel-Marie-Charles Avice, chevalier de Montgon de Surimeau Capitaine du régiment du Berry. Le 3 février 1759 Montcalm l’envoie à Montréal avec une lettre pour Lévis. Le chevalier compte loger chez M.de la Roche-Vernet. Il est possible qu’il ne soit pas à Québec lors de la reddition.

Jean-Pierre Bachoue de Barraute Chevalier de St-Louis, capitaine du régiment de Béarn, époux de la veuve de De Jumonville, est blessé lors du combat des plaines d’Abraham. Il n’est pas pris par les Anglais à l’hôpital et est ensuite blessé à la bataille de Ste-Foy. Il n’est pas de ceux qui conseillent officiellement la reddition de Québec. Il doit, probablement, s’échapper de l’hôpital. Par son mariage il est parent avec Vaudreuil qu’il appuie.

Michel Guillaume Jean de Crèvecoeur (Il n’est pas mentionné officiellement, mais il est certainement à Québec lors de la reddition) lieutenant français à Québec 1759. Il s’arrange pour ne pas être rapatrié en France et passe  aux USA où il est naturalisé en 1765 sous le nom de John Hector St. John. Il sera soupçonné d’espionnage au profit des rebelles par l’armée britannique à New York lors de la révolution américaine. Il parvient à se rendre en France en 1781 et retourne aux USA en 1783 à titre de consul de France jusqu’en 1790. Ceci confirme qu’il est du côté des rebelles (tout comme la France d’ailleurs). Il échappe à la révolution française mais y retourne en 1792 quand commence le règne de la Terreur. Il est alors démis de ses fonctions.

S’il en est un qui dégage une odeur de Franc-maçon c’est bien lui. De Lieutenant à Québec (où il peut avoir conseillé de capituler), pour ensuite aller aux USA jusqu’à la révolution et revenir en 1783 comme « Consul de France » jusqu’à l’instauration de la Terreur, on peut se poser quelques questions. D’autant plus qu’il n’est pas du tout mentionné dans l’histoire de la Nouvelle-France. Par contre, il  s ‘avère, selon plusieurs  commentateurs,  que   le  bref séjour  de   St. John  de Crèvecœur  en  Nouvelle-France  constitue  un  des  principaux  tournants  de   son  existence.

Ce séjour aurait déterminé l’orientation que devait prendre son œuvre.

Quelque chose se serait passé alors que l’auteur est en Nouvelle -France :   des événements  qui  l’auraient conduit  à tourner le dos à ses origines françaises, à rejeter les valeurs de ce qui est appelé l’Ancien Régime et à embrasser les idéaux républicains d’une nation naissante,  les États-Unis d’Amérique. Il rédige une œuvre dans laquelle les États-Unis actuels voient  « la première  expression littéraire d’une conscience nationale américaine».

Le personnage est intéressant. Allons un peu plus loin dans les détails :

Il est blessé à la bataille des Plaines d’Abraham et fait prisonnier. Benoit-François Bernier est celui chargé de voir aux blessés de l’hôpital avec les Anglais. Le 4 octobre 1759, Bernier écrit à ses supérieurs dont le post scriptum dit: « Je ferai passer Crèvecoeur en France; je ne sais pas si d’autres le voudront ». C’est assez curieux car cela semble dire que Bernier peut envoyer Crèvecoeur où il veut et surtout que « les autres » pourraient ne pas vouloir qu’il le fasse. De plus, pourquoi parler de Crèvecoeur dans un post scriptum, comme s’il était un cas « particulier »? Bernier se casse la tête pour rien, Crèvecoeur lui-même n’est pas intéressé à se rendre en France pour l’instant.

Il y a des officiers qui sont considérés par Monckton comme « prisonniers » et d’autres comme « non-prisonniers ». Ceux qui sont blessés et reposent à l’hôpital ne sont pas considérés comme « prisonniers ». Les autres, en état de combattre les Anglais, sont des « prisonniers ». Voici la liste des officiers prisonniers :

La Ferté, Bellecombe, Saint-Alambert, D’Artigues, La Bruyère et Boucherville. Ils sont envoyés en Angleterre. Curieusement, on ne parle pas de Chaussegros de Léry qui était, supposément, également « prisonnier ». De Léry était ingénieur, tout comme Crevecoeur qui, lui, était Lieutenant et devait être sous les ordres de Chaussegros de Léry. II est à noter que De Léry fut fortement soupçonné d’avoir livré Québec. de Léry est un combattant « Canayen », évidemment. Par contre, aucun des noms de « prisonniers » ne figurent sur la liste de ceux qui votèrent la reddition de Québec. Comment cela est-il possible? Où sont La Ferté, Bellecombe, Saint-Alambert, D’Artigues, La Bruyère et Boucherville lors du « vote »??? Seule réponse possible: ils ont été fait prisonnier lors de la bataille des Plaines et non lors de la capitulation de la ville. par contre, comment d’Artigues peut-il être blessé aux plaines d’Abraham et l’être encore lors de la bataille de Ste-Foy, s’il est « prisonnier » de Monckton en 1759?

http://vailcourt.com/Chaussegros.html

Et voici celle des « non-prisonniers » : de Tourville, Deschambault, de Léry, de La Chevrotière, de St-Félix et de Crèvecoeur. Ceux-ci seront amenés à New York. Bernier demande ensuite à Bougainville un supplément d’espèce pour certains officiers dont, entre autre, Crèvecoeur qu’il mentionne par son nom. La somme donnée sera de 240 livres. Bernier ajoute : « Je ne pouvais faire moins pour nous en débarrasser ». Donc, Crèvecoeur a maintenant démissionné de l’armée pour ne pas retourner en France. Est-ce lui qui a ouvert les portes de la vile? On ne le sait pas; mais on se débarrasse de lui le plus vite possible sans mettre son nom trop à la vue dans les écrits. En complément, il faut savoir que Chaussegros de Léry est l’homme le plus important de Québec.

Curieusement, même si « officiellement » on dit Chaussegros de Lery « fait prisonnier », le rapport de celui en charge des Français après la reddition de Québec, le dit faire parti de ceux que  Monckton considère comme « non prisonniers » et qu’il amène avec lui à New York.

Mais encore plus curieux, dans la liste officielle des 14 officiers qui votent pour la reddition de la ville en 1759 on trouve les noms de Pellegrin, Dailleboust Cerry, Lusignan fils, Fiedmont, Mariet, Bigard, Parfouru, St-Vincent, Daubepry (celui-ci est dans la liste plus haut), De l’Estang de Celles, Le Cher, Doms et Joannes. Il est possible que certains soient mentionnés par Bernier, plus haut, mais les signatures ne concordent pas aux noms donnés par Bernier. Comment ont-ils pu conseiller la reddition de Québec parce qu’ils n’étaient pas blessés, sans être dans la liste de « prisonniers » de Monckton? Il est évident que certains noms furent passés sous silence parmi ces « votants » pour la reddition. Est-ce le cas de Chaussegros de Lery? La seule façon qu’il ne soit pas considéré comme « prisonnier » est qu’il était blessé. Et sa biographie indique qu’il fut effectivement blessé lors de la bataille des plaines d’Abraham. Par contre, il n’est pas « bien reçu » par la France lors de son retour là-bas. Il se tourne alors vers l’Angleterre qui le renvoie au Canada, où il est reçu très froidement par Murray. Un combattant « canayen » reçu « froidement » par Murray, lève d’énormes doutes sur de Lery. Le soupçon d’avoir livré Québec prend alors de l’importance; car Murray n’est pas de ceux qui puisse se faire ami avec ceux qu’il considère comme « traîtres » d’un parti ou de l’autre. De plus il démontre toujours,  beaucoup de considérations envers les combattants « canayens ». Pourquoi pas envers Chaussegros de Léry? Ajoutons à cela que Chaussegros de Léry reste au Canada parce qu’il risquait d’être emprisonné s’il retournait en France.

Peu à peu, dans l’histoire de Crèvecoeur, certaines informations paraîtront, suite au fait qu’il est devenu un  « célèbre fermier américain ».

En 1975, Marcus Cunliffe écrit que « Ses collègues officiers avaient quelque raison d’être impatient de le jeter hors du régiment français dans lequel il servait au Canada en 1759 ». A.M. Plumstead affirme « qu’il abandonna sa charge en octobre dans des circonstances mystérieuses, qui semblent liées à quelque disgrâce ». Rien ne prouve que cela soit le cas; par contre un fait demeure : Tous ce qu’il écrit après son départ de Québec, il le signe du nom de St-John pour un lecteur anglais et St-John de Crèvecoeur pour un lecteur français. Il a donc anglicisé son nom français.

Ajoutons quelques informations supplémentaires : En 1754, Crèvecœur effectue un séjour dans de la parenté à Salisbury, au cours duquel il apprend l’anglais avant de s’embarquer pour la Nouvelle-France où il sert. Après la capitulation de Québec, Il voyage beaucoup aux USA en prenant des notes et en travaillant comme arpenteur avant de devenir fermier, d’abord dans le comté d’Ulster puis dans le comté d’Orange à New York. C’est là qu’il prend la nationalité et adopte le nom de « J. Hector St John ». En 1766, il est accepté comme membre de la tribu des Oneida. Lorsqu’il est emprisonné à New York, soupçonné d’espionnage (parce qu’il est Français; ce qui n’a aucun sens), ce sont deux marchands, dont un William Seton,  qui se portent garant pour lui, après trois mois de prison. Il se rend en France.

Lorsqu’il revient aux USA en 1783, sa femme a été assassinée et sa ferme brûlée par les indiens quelques semaines auparavant. Il reçoit des marques d’estime particulière de la part de Georges Washington. Il revient en France éventuellement.

En 1789, il retourne aux États-Unis, à nouveau comme consul, et publie une version en trois volumes des Letters en français. Il est élu à l’American Philosophical Society (Fondée par Benjamin Franklin) et publie, sous le nom d’« Agricola », des lettres dans divers journaux américains sur, entre autres, la culture de la pomme de terre, l’alimentation des moutons, l’huile de tournesol. Il introduit la culture de la luzerne en Amérique.

Après 1808, il passe plusieurs années à Munich, où son gendre, Louis Guillaume Otto, comte de Mosloy est ministre plénipotentiaire. En 1813, il est arrêté comme espion américain. Rentré en France, il meurt le 12 novembre 1813 d’une maladie cardiaque.

Dans son livre « Lettre d’un cultivateur américain, il dit qu’en 1781 il rencontre cinq américain sur la plage qui étaient prisonniers depuis deux ans et détenus au château de Forton près de Portsmouth d’où ils s’étaient évadés. Il les reçoit sur le rivage et les amène chez son père. Il les nourrit, les habille et les conduit à un vaisseau qui part pour Boston. Cette générosité sera ce qui sauvera ses deux enfants à Boston. Un certain G. Felowes (parent de l’un des cinq rescapés) récupère ses deux enfants et les garde chez lui à Boston. Celui-ci est  membre de l’assemblée législative et échevin de Boston.

Crèvecoeur est ingénieur et géomètre, et il travaille dans toute la Nouvelle-Angleterre pour évaluer la rentabilité des sols. Ses écrits témoignent de sa philosophie d’équité pour chacun des colons américains. On apprend dans son livre qu’il parle Allemand couramment. Ce livre est une publicité médiatisée pour vendre la Nouvelle Angleterre à de nouveaux colons venant de partout.

Il raconte entre autre une discussion qui date de 1756 et qu’il traduit dans son livre, où cinq personnages (Allemand, Écossais, Français, Irlandais et Anglais)  exposent pourquoi ils sont venus en Amérique. Cette histoire est probablement imaginaire puisqu’en 1754 Crèvecœur est  à Salisbury et que l’année suivante il s’engage pour la Nouvelle-France. De plus, il mentionne à la fin que le document qu’il traduit, fut complètement détruit pendant la guerre de la révolution américaine.

Par contre, l’exposé de chacun des personnages indique exactement la philosophie des Francs-maçons incluant la liberté de culte qui, selon ses dires existe en Nouvelle Angleterre. Cette histoire vaut la peine d’être lue :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k737153/f63.tableDesMatieres

En conclusion, si la Franc-maçonnerie est impliquée dans la révolution américaine, et la révolution française, on peut fort bien y ajouter qu’elle est également impliquée dans la conquête du Canada. Ce qui explique finalement le fait que notre pays fut conquis suite à une escarmouche insignifiante au pied des murs de Québec. Escarmouche dont l’opinion de Lévis est la suivante :

« Il est inouï que l’on rende une place sans qu’elle soit attaquée ni investie, alors que cette campagne allait se terminer glorieusement. »

Il est clair que Lévis croyait qu’avec son petit nombre de soldats et ses nombreux et courageux « Canayens », il allait chasser les Anglais du Canada. Ce n’est qu’après la « traîtrise » de la reddition de Québec que les miliciens canayens laissèrent tomber et préférèrent le régime britannique à celui de la France, qui elle, venait de prouver incontestablement son indifférence envers les « Canayens ».

Ajoutons que  les « Canayens » avaient appris, comme les assiégés de Québec d’ailleurs, de la part des « déserteurs » anglais, que l’amiral Saunders avait prévu le réembarquement des troupes à partir du 20 septembre pour ne pas risquer de rester pris dans les glaces et que, effectivement, dans les mémoires de James Murray on découvre que celui-ci est grandement étonné de voir, à partir de son bateau, les portes de Québec s’ouvrir et les habitants faire signe de venir prendre la ville. Les « Canayens » ne savaient peut-être pas écrire, mais ils savaient très bien que de garder Québec deux jours de plus que le 18 septembre n’était pas du tout « impossible » et que les Anglais allaient partir très bientôt. Et cela sans parler de l’armée de Lévis qui arrivait pour faire lever le siège de la ville de Québec qui ne devait pas être rendue. Encore une fois, cette reddition n’a vraiment aucun sens sauf si les « Canayens de Québec » veulent le régime britannique. Les autres « Canayens » accepteront le nouveau régime seulement après « la bataille de Ste-Foy ».

Dernière question à se poser:

Est-ce que l’historien officiel actuel peut défendre la possibilité que les « Canayens » acceptèrent volontairement de choisir le régime anglais pour diriger  leur pays?

Je ne le crois pas; certainement pas au niveau politique du Québec en tous les cas. Car le résultat serait alors de réunir les Canadiens francophones et anglophones en une société identitaire canadienne autonome, ayant la possibilité de se lever contre les visées impérialistes anglo-américaines qui ne sont pas la caractéristique fondamentale de l’esprit des vrais Canadiens. Mieux vaut continuer de diviser, avec de fausses interprétations, pour mieux contrôler la population légitime du Canada. La recette date de 1837/38 et continue de fonctionner parfaitement.

Comme toute bonne sauce finit par se gâter, il est fort possible que la Franc-maçonnerie originelle, défendant l’équité et la démocratie des pères de la confédération américaine, ait pu évoluer jusqu’à nos jours pour devenir le groupe Bilderberg.

Ce n’est pas à moi d’en faire le lien; je me contente d’en souligner l’odeur.

Amicalement

André Lefebvre

9 Commentaires

Classé dans Actualité, André Lefebvre

Un héros canayen exilé qui décède à Madagascar!!!

 

Un héros canayen exilé qui décède à Madagascar


Paul Marin de la Malgue, père de
Joseph Marin de la Malgue.

Je tiens à faire remarquer une anecdote historique au sujet de Joseph Marin de la Malgue :

« Capturé le même jour que Charles Daneau de Muy, Joseph Marin de La Malgue avait sauvé de la mort, en 1756, le général Israel Putnam tombé aux mains des Indiens et dont il avait reconnu à certains signes l’appartenance à la Franc-Maçonnerie ».

Note 1: Putnam était capitaine des « Rogers Rangers » à cette époque. Il avait été promu en 1756. Il devint Major en 1758

Note 2: Joseph Marin était donc âgé de 37 ans lors de cet évènement qui se déroule trois ans avant la prise de Québec par l’armée de Wolf.

André Lefebvre

Comme certain peuvent douter de ce que je rapporte dans mes articles, puisque mes seuls certificats sont : 1) Charpentier/menuisier, 2) Maniement d’arme 3) Trappeur 4) Certificat de chasse à l’arc 5) plongée sous-marine, (j’en oublie certainement de moindre importance), voici le texte d’une personne « officiellement » reconnue :

Joseph Marin de la Malgue officier dans les troupes de la Marine et explorateur, baptisé à Montréal le 5 février 1719, fils de Paul Marin* de La Malgue et de Marie-Joseph Guyon Desprez, décédé en 1774 à la baie d’Antongil, Madagascar.

Issu d’une famille de militaires qui se distinguèrent dans les guerres contre les Britanniques, dans les affaires indiennes et dans le commerce des fourrures, Joseph Marin de La Malgue entra très jeune « au Service du Roy ». Il avait à peine 13 ans lorsqu’il fut envoyé, en 1732, dans les pays d’en haut « pour y faire des découvertes » sous les ordres de son père et il passa la plus grande partie des 13 années suivantes dans cette région. Il explora la région de Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan) en 1737. Bien que malade, il servit avec honneur pendant la campagne menée contre les Chicachas, en 1739–1740, par Pierre-Joseph Céloron* de Blainville. En 1740, il conclut un traité de paix et une entente commerciale avec les Sioux vivant à l’ouest de Baie-des-Puants (Green Bay, Wisconsin). Au cours de ces années, il se trouva le plus souvent au poste de Baie-des-Puants ; il se familiarisa à fond avec le système complexe de la traite des fourrures et il apprit à parler couramment le sioux ainsi que plusieurs dialectes algiques.

Marin et son père, comme de nombreux Français dans les pays d’en haut, furent rappelés en 1745 pour combattre les Britanniques en Acadie et à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton). Le 1er août, Marin apporta à Montréal la nouvelle de la chute de la forteresse. Peu après, il se rendit à Québec où, le 20 septembre, il épousa Charlotte, fille de Joseph de Fleury* de La Gorgendière. Par ce mariage, il devenait beau-frère de François-Pierre de Rigaud de Vaudreuil et neveu du futur gouverneur de la Nouvelle-France, Pierre de Rigaud de Vaudreuil. À la fin de cette même année, il prit part, sous le commandement de son père, à l’expédition qui détruisit Saratoga (Schuylerville New York).

En 1746, Marin était de nouveau en Acadie. Il prétendit plus tard avoir mené un raid à l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard) contre un détachement de ravitaillement britannique, bien qu’un document de l’époque rapporte que c’est Joseph-Michel Legardeur de Croisille et de Montesson qui était à la tête de ce coup de main. En 1747, Mann se trouvait à Grand-Pré, Nouvelle-Écosse, avec Nicolas-Antoine Coulon* de Villiers, puis, à la frontière de la province de New York avec François-Pierre de Rigaud de Vaudreuil. À l’été de 1748 il retourna en Acadie et, en septembre, se rendit à l’île Royale. Ignorant la fin des hostilités, il patrouilla la région avoisinant Louisbourg à la tête d’une petite troupe et fit quelques prisonniers qui essayèrent de le convaincre que la paix avait été conclue, mais ils n’y parvinrent qu’à moitié. Il relâcha un certain nombre d’entre eux qui rapportèrent l’incident au gouverneur britannique de Louisbourg, Peregrine Thomas Hopson*. Une fois la situation clarifiée, Marin libéra tous ceux qui restaient, sauf un, accusé de trahison par les Français. Cette même année, il reçut le grade d’enseigne en second.

En 1749, à la demande du gouverneur La Jonquière [Taffanel*], Marin fut nommé commandant à Chagouamigon (près d’Ashland, Wisconsin), au sud-ouest du lac Supérieur. Ce poste l’amenait à faire partie du réseau de traite qui relevait de son père, commandant à Baie-des-Puants, et de La Jonquière. Marin, père, surtout en raison de ses bons rapports avec le gouverneur et l’intendant Bigot, était plus qu’un simple officier des troupes de la Marine affecté à un poste éloigné : il était, en fait, responsable de l’Ouest. Joseph Marin fut chargé de faire la paix avec les Sioux et les Sauteux, qui guerroyaient autant entre eux que contre les Français, et il rapporta que cette mission avait été couronnée de succès. En 1750, il fut promu enseigne en pied. Son père et La Jonquière tentèrent de le faire nommer commandant en second à Baie-des-Puants, mais ils durent y renoncer lorsque les fermiers de Chagouamigon, exigèrent, semble-t-il, qu’il fût maintenu à son poste. Il passa la plus grande partie de l’année 1751 en garnison à Québec.

En 1752, nanti d’une importante commission, Marin revint à Baie-des-Puants : il était chargé de remplacer son père au commandement du poste, de chercher une route menant à la mer de l’Ouest par le Missouri et de conclure des traités avec les diverses tribus indiennes. Jacques Legardeur* de Saint-Pierre, qui négocia une trève entre les Cris et les Sioux en 1752, affirma : « Monsieur Marin fils n’étoit pas moins occupé que moy de cette paix. » Un journal que Marin commença le 17 août 1753 à Michillimakinac nous renseigne sur ses occupations cette année-là et l’année suivante. Le 14 octobre, il se trouvait à l’embouchure de la rivière Wisconsin où il commença la construction du fort Vaudreuil et étouffa une querelle qui risquait d’éclater entre les Sauteux et les Sioux de l’endroit. Pendant l’hiver de 1753–1754, Marin et Louis-Joseph Gaultier* de La Vérendrye, qui lui avait succédé à Chagouamigon, se disputèrent au sujet des territoires de traite avoisinant l’actuelle frontière du Minnesota et du Wisconsin. Marin accusa La Vérendrye de s’ingérer dans les affaires de ses trafiquants et d’adopter à l’égard des Sauteux une attitude partiale qui ne pouvait qu’irriter les Sioux. Il fut incapable de mener à bien toute sa mission puisqu’il ne trouva pas de route allant au Pacifique ; son journal constitue néanmoins le compte rendu d’exploration le plus riche de cette époque en ce qui a trait au Minnesota : il renferme des observations non seulement sur les questions militaires, le commerce et les affaires indiennes, mais aussi sur La Vérendrye, Luc de La Corne et d’autres éminents personnages.

En 1754, Marin retourna à Québec, mais il fut de nouveau envoyé dans l’Ouest l’année suivante par le gouverneur Duquesne. Le Il juillet 1756, ayant été rappelé pour participer aux campagnes contre les Britanniques, il arriva à Montréal avec un fort contingent de guerriers de la tribu des Folles Avoines qui venaient de Baie-des-Puants. Au cours des deux années suivantes, Marin – alors lieutenant – prit part à plusieurs engagements à la frontière de la colonie de New York. En 1756, il se battit près de Chouaguen (ou Oswego ; aujourd’hui Oswego, New York) où, avec sa bande de Folles Avoines, il remporta des succès contre des détachements britanniques supérieurs en nombre. Au mois d’août, près du fort George (appelé aussi fort William Henry ; aujourd’hui Lake George, New York), il prit la tête d’une trouve de 100 hommes et il infligea une défaite à un groupe de 65 hommes qui furent tous tués ou captures, à l’exception de leur chef, que Marin présuma être Robert Rogers. En décembre, il menait un groupe de 500 Français et Indiens à l’attaque des établissements situés le long de la rivière Connecticut ; lorsque ses guides hurons et iroquois s’opposèrent à ce projet, Marin décida d’obliquer vers Albany. Comme les Indiens protestaient de nouveau, la troupe marcha plutôt sur Saratoga.

Au mois de juillet 1757, Marin partit en reconnaissance dans la région du fort Lydius (également appelé fort Edward ; aujourd’hui Fort Edward, New York). Malgré la désertion d’une partie de ses hommes, Marin se rendit jusqu’au fort britannique où il anéantit une patrouille de 10 hommes, puis une garde de 50 hommes. Le petit détachement dut ensuite faire face à un corps d’armée assez nombreux auquel il tint tête pendant plus d’une heure avant de se retirer en bon ordre. Marin n’avait perdu que trois hommes. Ce fut, selon le commissaire ordonnateur des guerres André Doreil*, « l’Expedition la plus audacieuse ». Au début d’août 1758, Marin rencontra un détachement commandé par Rogers dans les bois voisins du lac Champlain. Il fit replier peu à peu ses troupes, affirmant qu’il aurait remporté une victoire décisive si la plupart des miliciens canadiens n’avaient pas déserté. Dans son rapport sur la bataille, Doreil indiqua que Marin était un « officier des troupes de la Colonie de grande réputation ».

Joseph Marin fut promu capitaine en janvier 1759. Il passa les premiers mois de l’année dans la region du fort Machault (Franklin, Pennsylvanie) et du fort britannique Cumberland (Cumberland, Maryland) où il harcela les établissements de la frontière. À l’été, il rallia la troupe de secours que François-Marie Le Marchand* de Lignery mena vers le fort Niagara (près de Youngstown, New York) en vue d’obliger les Britanniques à lever le siège. La troupe tomba dans une embuscade britannique alors qu’elle approchait du fort, et Marin fut fait prisonnier. C’était pour lui la fin de la gloire. Il écrivit par la suite : « Ils annoncèrent ma prise comme un triomphe leur gazette en fait foi. » Son séjour en prison fut une « horreur ». Durant la bataille qui décida du sort de la Nouvelle-France, sa maison de Québec fut pillée et brûlée par les Britanniques. Il estima ses pertes à plus de 60 000# et signala que tous les documents personnels et les papiers d’affaires de la famille avaient été détruits.

Avec d’autres prisonniers de marque, Marin fut envoyé en Angleterre ; plus tard, il fut relâché et transporté en France, la mère patrie qu’il n’avait jamais vue. En 1762, il faisait partie des renforts qui s’embarquèrent pour St John’s, Terre-Neuve, à la suite de la prise de cette île par Charles-Henri-Louis d’Arsac de Ternay ; mais il fut fait prisonnier de nouveau le 22 septembre quand les Britanniques prirent le François-Louis. Encore une fois, il fut rapatrié en France.

Ayant perdu ses biens et vivant d’une maigre pension que lui versait la couronne, Marin ne fut pas heureux en France. Il tenta d’obtenir de la cour la reconnaissance de sa condition de noble, affirmant qu’il descendait de la famille Marini de Toulon, Toulouse et Marseille. Il n’est pas exclu que les Marin aient appartenu à la petite noblesse du sud de la France. Paul et Joseph se considéraient comme des nobles et ils étaient certainement traités comme tels dans la colonie. En 1767, le lieutenant-gouverneur Guy Carleton* inscrivit le nom de Joseph Marin dans un rapport sur la noblesse canadienne. La cour de France reconnut en Marin « un homme de guerre courageux par tempérament, avide de gloire et désireux des occasions périlleuses d’en acquérir », mais ces qualités ne lui parurent pas suffisantes pour accéder à sa requête. Toutefois, Marin avait reçu la croix de Saint-Louis en 1761, alors que le roi cherchait à récompenser les officiers de la Nouvelle-France pour leurs services dans une cause perdue. En 1773, tout probablement, Marin fut nommé lieutenant-colonel dans les troupes qui tentèrent d’établir, sous la direction du comte de Benyovsky, une colonie française à la baie d’Antorgil, à Madagascar. L’année suivante, peu après leur arrivée sur l’île, Marin et son fils, qui l’accompagnait, succombèrent aux fièvres.

Les Marin furent parmi les quelques familles qui, avant 1760, dans les pays d’en haut, jouèrent un rôle prédominant dans les domaines de l’exploration, de la traite des fourrures et des affaires militaires. La mainmise que certaines familles exerçaient en permanence sur les meilleurs postes de traite a souvent été dénoncée et les Marin n’ont pas échappé à cette critique. Le revenu du trafic des fourrures est difficile à évaluer, mais il est certain que l’association des Marin avec La Jonquière, Bigot et Legardeur fut profitable. Nul doute que les liens qui unissaient Joseph Marin à la famille de Vaudreuil facilitèrent son travail dans l’Ouest. On pourrait conclure avec Louise Phelps Kellogg que La Jonquière et les Marin établirent un réseau de traite des fourrures qui, fondé sur « le favoritisme, la corruption et les profits excessifs, précipita la chute de la Nouvelle-France ». Cependant, pareille généralisation ne rend pas justice au succès obtenu par les Marin dans les régions éloignées. Ils maintinrent la paix dans l’Ouest, explorèrent de nouveaux territoires et, par leur diplomatie, ils attachèrent les tribus si étroitement à la cause des Français que les Indiens des pays d’en haut participèrent en grand nombre aux campagnes contre les Britanniques. Marin affirma qu’il avait amené au moins 20 tribus à se joindre aux Français.

L’un des chefs militaires français les plus habiles, Marin commanda avec succès, en diverses occasions, des détachements de réguliers, de miliciens et d’Indiens. Il était, bien sûr, un officier des troupes de la Marine, type de militaire méprisé par les réguliers. Montcalm*, qui préféra toujours son armée régulière et qui détestait le gouverneur Vaudreuil avec lequel Marin était parent, fut bien obligé de lui attribuer le mérite de quelques victoires, même s’il le qualifia de « brave, mais sot ». André Doreil, qui partageait le mépris de Montcalm pour les troupes de la Marine, loua toujours Marin comme un officier dynamique et compétent.

Donald Chaput

Évidemment, il peut être considéré comme un « coureur de bois » canayen puisqu’il en possède les qualités; mais ce qui est surprenant, il est un « coureur de bois » Franc-maçon????

Amicalement

André Lefebvre

5 Commentaires

Classé dans Actualité, André Lefebvre

« Frais de scolarité » démontre une administration frauduleuse générale!!!

 


N’ayant pas, personnellement, vraiment autre chose que la conviction du besoin de « l’instruction gratuite » dans notre société, je dois m’en remettre à des gens « compétents » qui se trouvent dans le milieu universitaire.

Comme, par exemple, Robert Lacroix, ancien recteur de l’UM et Michel Trahan, ancien vice-recteur de l’UM. Ils ont écrit le rapport Bourgogne, sorti en février 2007.

Ils affirment :

On se rend compte qu’ils affirment que la gratuité de scolarité jusqu’à l’université est très possible, mais qu’elle est actuellement empêchée à cause de la mauvaise gestion faite par l’administration provinciale du Québec. Pour arriver à ce constat, ils suivent une logique parfaitement normale appliquée à l’administration de la Province. Ils ajoutent que le « modèle gratuit » du financement universitaire est remis en cause dans plusieurs pays.

Par contre, ils ne mentionnent pas tout de suite, la « toute autre logique » qui semble prévaloir de plus en plus partout dans le monde capitaliste, comme étant responsable du « changement de cap » dans les « plans sociaux » de ces pays. C’est d’ailleurs, cette « nouvelle logique », donc « anormale », qu’ils annoncent adopter pour la suite de leur rapport.

N’arrivant pas à leur but de justifier une hausse des frais au moyen d’une logique normale, ils décident de faire leur étude « en fonction d’une toute autre logique ».

Il faudrait m’expliquer pourquoi nous devons accepter une « toute autre logique » lorsque la « première logique » démontre une mauvaise administration de la part de l’État? Sommes-nous « logiquement » obligés d’accepter cette mauvaise gestion?  Raisonner en fonction d’une toute autre logique pour protéger une mauvaise administration, devient alors parfaitement « illogique ».

Cette « toute autre logique » adoptée par les deux auteurs, reprend le raisonnement en plaçant en vedette, les gains futurs des étudiants. Remarquons tout de suite que cette base est une « réalité hypothétique » qui n’existe pas encore et qui n’est qu’une supposition plus ou moins exacte, selon la nature du futur travail de l’universitaire. Un archéologue n’aura pas les mêmes revenus qu’un  cardiologue et un ministre au gouvernement n’aura pas le même salaire qu’un ministre du culte. Pas besoin d’un doctorat en administration pour comprendre cela.

Par contre, les gains des recteurs, vice-recteurs, professeurs, sous salaires plus ou moins « faramineux », remerciés avec prime de départ et réembauchés sous contrat, sont des « gains actuels » résultants de la mauvaise gestion des autorités présentes. En fait ce sont des « fraudes légales » que nous retrouvons partout, à tous les niveaux de la gestion publique. On les retrouve également dans la gestion privée, mais, dans le privé, elles ne sont pas du tout des « fraudes », parce qu’elles n’impliquent pas « l’argent du peuple »; elles n’impliquent que les profits de cette société privée qui peut en disposer comme elle l’entend.

C’est exactement pour cette raison que l’administration publique, ne pouvant pas légalement disposer à son gré des argents du peuple, justifient leurs rémunérations importantes par la nécessité de s’attirer les meilleurs administrateurs qui, autrement, iraient au « privé ». Cette excuse ouvre la porte à toutes les situations d’intérêts individuels et donc, de fraudes légales supposées « acceptables ».

Il apparaît tout de suite que les lois gérant l’entreprise publique ne peuvent pas être les mêmes que celles gérant l’entreprise privée.

N’ayant pas les « mêmes lois », nous ne pouvons pas nous servir de la « logique du privé » pour gérer l’administration publique. Par conséquent, la notion de « rentabilité » ne doit détenir aucune importance dans la « gestion du publique ». La rentabilité ressort du « privé »; seule l’efficacité est attribuable au « publique ».

Et pourtant, on ne cesse de parler de « rentabilité » à tous les niveaux, même au niveau de la santé publique. Que doit-on penser de vouloir « rentabiliser » la santé publique? Je n’ose même pas approfondir la question (même si c’est exactement ce que l’on constate de plus en plus. On « rentabilise » en terminant avec des déficits. Ça ne vous semble pas curieux? Un constat est cependant incontournable: On ne peut certainement pas y parler « d’efficacité »).

Ces règles pour le « publique », devant être différentes du privé, sont d’ailleurs la notion de base du système de « budget » gouvernemental. Un budget voté est, au départ, une somme maximale vouée à la réussite d’un projet.

Lorsque le budget d’un projet est dépassé, c’est là un signe de mauvaise gestion, de mauvaise planification ou de malversations durant le projet.  Lorsqu’un budget s’avère être plus gros que la dépense qui fut nécessaire à la réussite du projet, cela démontre une mauvaise planification et mauvaise évaluation des coûts du projet. Les deux cas démontrent des « failles administratives ».

C’est d’ailleurs pourquoi, à une certaine époque, les directeurs de projets, s’assuraient d’avoir un surplus de « financement », dans l’évaluation de leur budget, pour réussir leur projet. Par la suite, ils dépensaient, à la fin du projet, ce « surplus financier» de toutes les façons possibles pour s’assurer d’atteindre le coût prévu par l’évaluation initiale, de sorte que leur budget ne serait pas amputé d’aucune façon l’année suivante. L’administrateur démontrait ainsi, son « excellente » gestion. Il est cependant évident que, déjà, à ce moment-là, nous étions face à une « fraude » de l’argent public. Cette fraude existait à tous les niveaux; même au niveau des départements des universités (Un chef de département d’université, de ma famille, m’avait expliqué le « principe »).

Ces fameux « surplus de budget », furent dépensés, peu à peu en s’orientant vers des « obligations particulières » qui s’adressaient à des individus (au moyen de sous-contrats ou de services particuliers. On ne pouvait pas toujours acheter de plus en plus de matériel inutile ou changer les équipements de bureaux à tous les six mois). Ce fut là, le commencement des détournements d’argents vers des particuliers. Ce n’était pas vraiment nouveau puisque le dernier intendant de la Nouvelle France, François Bigot a fraudé le gouvernement français exactement de la même manière. De nos jours, on justifia assez rapidement, ces détournements par des règles ou lois que l’on mit en place (Ce que Bigot ne pouvait pas faire).

Aujourd’hui, le système est devenu « pratique courante » et ce comportement frauduleux se déroule de façon « légale ». On peut ajouter que « ‘l’efficacité frauduleuse » a augmenté, puisque la majorité des projets dépassent le coût d’évaluation initiale.

Où est donc l’écueil qui a fait couler la « gestion honnête » des argents du peuple?

La réponse est assez facile à trouver. La raison est simplement que le montant d’argent attribué à chacun des budgets est laissé dans les mains des directeurs de projets.

Ceux-ci devraient simplement avoir la possibilité, non pas de « payer les coûts » du projet, mais plutôt de remettre les factures, reliées à leur projet, au ministère des finances; qui lui aurait le devoir de s’assurer de la légitimité totale de chacune des factures. Actuellement, la légitimité de la facture est reléguée à la garantie donnée par l’individu responsable de la réussite du projet, et n’est pas vérifiée sérieusement au ministère des finances. Le responsable du projet est alors, définitivement, en position de «conflit d’Intérêts » parce qu’il gère un « Budget public ».

Ces pratiques étant, aujourd’hui, généralisées, voyons la qualité administrative de notre gouvernement dans le Budget provincial pour 2012 :

1)      La somme des déficits de 2009-2010 à 2013-2014 s’élève à 12,7 milliards de dollars et reste pratiquement inchangée par rapport à celle prévue l’an dernier.

Un déficit budgétaire indique, comme nous l’avons vu plus haut, « un signe de mauvaise gestion, de mauvaise planification ou de malversations durant le projet » (Le projet ici étant l’administration de la Province). D’ailleurs, on peut lire dans le Budget : « Après un rebond plus élevé qu’attendu en 2010, la croissance du PIB réel du Québec devrait retrouver un rythme plus près de son potentiel historique et se situer à 2,0 % en 2011 et à 2,2 % en 2012. ». Difficile de justifier alors un déficit. On confirme donc, dans ce budget 2012, que la « mauvaise gestion » n’est pas nouvelle dans l’administration publique.

Mais on la justifie de la façon suivante : « En particulier, pour l’année 2009-2010, le déficit budgétaire du Québec de 3,2 milliards de dollars représente 1,0 % de son PIB, alors que ceux de l’Ontario et du gouvernement fédéral représentent respectivement 3,3 % et 3,6 % de leur économie ».

On veut nous faire accepter la malversation parce que « c’est pire ailleurs ». C’est toujours le même argument du gouvernement quel que soit le sujet discuté (Santé, éducation, prix de l’essence, criminalité etc.). Nos autorités gouvernementales ne démontrent aucune vision vers un « idéal social ». Elles se contentent de pressuriser de plus en plus la population sous l’excuse constante que « De toutes façons, au Québec, on est moins mal foutus qu’au Bangladesh! »

« En 2012-2013, l’objectif de déficit de 1,5 milliard de dollars est maintenu, conformément à la Loi sur l’équilibre budgétaire. ». Le budget étant de 73 milliards, le pourcentage déficitaire devient 1,09%. Rappelez-vous qu’en 2009-2010 le déficit était de 1.0% du PIB (3,2 milliards) et qu’en 2011-2012 on le dit de 1,5 milliards; donc la moitié moins qu’en 2009-2010; mais, curieusement, il représente toujours 1,09% du PIB. Donc, il est évident que les dépenses gouvernementales ne cessent d’augmenter.

Quant on se rappelle que le gouvernement actuel avait promis de faire le maximum d’effort de « retenu » à un niveau de 62%, laissant seulement 38% à être l’effort de la population, on peut conclure certains constats, sans avoir besoin de « spécialistes » pour nous expliquer comment arriver à considérer cela comme de « l’excellente gestion ». La logique, devant les faits, démontre que c’est de la très mauvaise gestion administrative appuyée sur de la « fausse information » tout simplement.

Revenant à la « logique d’un cerveau normal », est-il « acceptable » que le gouvernement ne puisse pas « réajuster » son administration pour effacer un petit déficit de 1,09% dans son budget? Est-ce qu’une mère de famille, même monoparentale, ne peut pas effacer un déficit prévu de 1,09% dans son budget en réajustant son « administration »? N’importe quel étudiant ne se doit-il pas d’administrer son budget mieux que le démontre l’administration gouvernementale. Une entreprise privée ne doit-elle pas administrer de façon a effacer un 1,09% de déficit prévu en remaniant son administration? D’autant plus que le ministre des finances indique clairement que :

« La croissance économique se poursuit

Après s’être établie à 1,6 % en 2011, la croissance économique se poursuivra à un rythme de 1,5 % en 2012, pour s’accélérer à 1,9 % en 2013 ». On remarque tout de suite que ces croissances économiques sont toutes plus élevées que le déficit de 1,09%. Ce qui nous indique que les dépenses gouvernementales sont TOUJOURS en plus grande progression que la croissance économique. Ce qui n’est pas un signe d’excellence pour l’administration, il va sans dire. Et si tout ça découle du fait que je comprends mal le Budget, arrangez-vous donc pour qu’il soit compréhensible et cessez de le complexifier un peu plus à chaque année.

Un budget ce n’est pas un mystère : les dépenses ne doivent pas dépasser les revenus; et si elles les dépassent, il vous faut vérifier où il y a eu une mauvaise gestion et possiblement des malversations. D’ailleurs, le vérificateur général en trouve à chaque année et tout ce que vous faites est d’en trouver des « justifications » de plus en plus complexes, en banalisant celles que vous ne pouvez justifier. À qui le vérificateur général doit-il s’adresser, dans ce cas, pour faire rectifier la situation? Il n’y a personne d’autre que vous qui en a le pouvoir!!!

Il n’est point besoin de lire le budget de 2012 en entier pour se rendre compte que la seule logique qui y est appliquée est, justement, cette « toute autre logique » dont parlaient Mrs Lacroix et Trahan dans leur rapport Bourgogne.

Reste à savoir si un « plan social » est l’équivalent d’un « plan comptable » pour l’amélioration du bien-être de la société. Reste également à savoir si une augmentation de  la dette est justifiable pour faire des investissements dans un « Plan nord » où dans la mise en vente de nos ressources naturelles, au prix de renier le « plan social » signée au niveau international, qui exige que nous nous orientions vers « la gratuité totale de l’instruction universitaire ».

Rien, dans l’administration actuelle, n’indique une quelconque importance des citoyens, autre que celle d’une importance de pourvoyeurs « comptabilisés » au niveau de l’économie et des finances. Le facteur « social » dans cette administration n’a aucune place quelle qu’elle soit. Ce n’est qu’une affaire de gros sous. Cela est d’autant plus critique qu’il est question de NOS GROS SOUS À NOUS. Reste à découvrir où vont ces gros sous. Peut-être que la commission d’enquête Charbonneau nous en livrera une certaine indication?

L’administration actuelle est peut-être « légale », mais elle ne l’est que parce que la fraude fut graduellement « légalisée », institutionnalisée  et que la gestion actuelle est totalement dépourvue de toute « logique administrative » normale. Comme citoyen, on ne peut qu’être très « mal à l’aise » devant la logique administrative gouvernementale.

Il est devenu incontournable que la manifestation étudiante actuelle est un « débat social » tout en étant, également, une contestation de la qualité administrative de nos gouvernements. Ce ne sont pas les étudiants, seuls, qui sont en cause, mais toute notre société. Il est important d’en prendre conscience avant de qualifier nos futurs dirigeants « d’enfants-rois-gâtés« .

Si vous y regardez de près, les gâteries sont plutôt « très acides ».

De plus il faut remarquer que ces étudiants nous orientent graduellement vers une « démocratie participative« . Ce qui est beaucoup plus valable que la « farce représentative » actuelle. Notre devoir est de les épauler.

Dans un budget de 73 milliards, il devrait être possible de trouver facilement un petit 350 millions? Faites vérifier le budget par une mère monoparentale; elle trouvera bien. Ensuite, laissez-là vérifier le reste de l’administration; la commission Charbonneau n’aura plus besoin de demander l’aide de « délateurs », j’en suis convaincu.

André Lefebvre

P.S. Si centpapiers n’est pas rétabli et qu’il n’y a pas de nouveaux « déclencheurs » pour moi durant la semaine, je reviendrai à l’histoire des « Canayens » la semaine prochaine. De plus, si centpapiers a été saboté à cause des articles qu’on y trouvait, on peut s’attendre que Les 7 du Québec le soit, lui aussi, très bientôt.

34 Commentaires

Classé dans Actualité, André Lefebvre

Le sort du Québec!!!P Gauthier limogé, le prochain: J Charest!!!


Aussi curieux que cela puisse paraître, il y a un lien entre le Canadien de Montréal et la nationalité québécoise du Canada. En fait les deux entités souffrent du même problème.

Actuellement, le Canadien de Montréal a complètement perdu son identité; en fait, il n’en a plus du tout. Il est devenu un club de hockey tout comme les autres clubs de la LNH. Il en est même devenu un club faisant partie de la minorité « médiocre ». Cette minorité qui n’a plus de signification réelle dans ce sport et qui se contente de faire « acte de présence » pour déterminer les « vainqueurs ». C’est également ce qui est arrivé dernièrement au Québec dans la nation canadienne. Les Québécois ont perdu de leur importance au Canada.

De nouveaux « héros québécois » du club Canadien de Montréal, ne peuvent plus apparaître au sein de cette équipe puisqu’il n’y a presque plus de Québécois qui y évolue. Les meilleurs québécois jouent dans d’autres équipes de la LNH. Le Canadien de Montréal à perdu son identité « québécoise »; et ce, depuis longtemps. Certains, et même plusieurs, diront que cette « mentalité » d’identification est dépassée et ne signifie plus rien de nos jours. Ils affirmeront que cette façon de voir est digne des vieux, bornés à l’intérieur de leur petit territoire refermé sur lui-même, qu’était le Québec de l’époque de Maurice Richard, Jean Béliveau etc. C’est exactement ce que disent les défenseurs de la mondialisation; l’identité nationale ne joue plus aucun rôle dans l’économie mondiale. Les grands de la finance n’ont plus de nationalité.

Malgré cette opinion « néo-sociale », on doit se demander comment cela a pu se produire chez le club de hockey des Canadiens. La réponse est simple, depuis plus de 15 ans, on a dirigé le Canadien de Montréal de façon strictement « commerciale » en ne considérant que le facteur des « lois financières et du marketing ».

Résultat, le club fut excessivement rentable tout en perdant graduellement sa « personnalité ». La contrepartie fut qu’aujourd’hui, personne au Québec ne parvient plus à s’identifier au Canadien de Montréal. Notre équipe est maintenant considérée par le public, comme une « entreprise commerciale à succès ».  Par contre, ce qualificatif « à succès » exige que le club se retrouve parmi les « gagnants » et les « performants » de la LNH. Malheureusement, il a également perdu, graduellement, de son efficacité à ce niveau puisque l’efficacité devient moins importante et que l’on mise principalement sur le « marqueting ». Ce mois-ci, depuis son élimination des « séries », les partisans fondent comme neige au Soleil. Plusieurs partisans ne se présentaient même plus au Centre Bell, laissant leur siège vide.

Plusieurs pensent que cet abandon des partisans est causé par la piètre performance de l’équipe. C’est certainement la cause superficielle, je suis d’accord; mais ce n’est pas la cause principale, puisque l’équipe performe mal depuis au moins 15 ans et les partisans étaient toujours là. La cause initiale réelle est le manque d’identité du Club. Si les partisans pouvaient toujours s’identifier à leur équipe, ils ne l’abandonneraient pas de cette façon; ils ne pourraient pas l’abandonner sans s’abandonner eux-mêmes.

Nous retrouvons le même processus chez les Québécois de la Province. Nous avons perdu, depuis longtemps, notre identité qui est celle de notre nationalité « canayenne ». De sorte que la majorité des Québécois ne s’intéresse plus à la politique et à l’avenir de notre nation. Nous nous sommes abandonné nous-même. Non seulement l’intérêt envers la politique décroit, mais l’usage de notre langue dépérit graduellement; et, ajoutons, pour faire bonne mesure que : non seulement son usage, mais surtout, son emploi adéquat disparaît rapidement. Aujourd’hui, quelqu’un qui dit : «  Moé chu pas séparatisse, mé ch’parle frança, comme. Sa fa que tsé, les angla, chu pas capable!!! » peut dire qu’il est francophone; mais peut-on dire qu’il parle le Français du Québec? Et pourtant c’est ce genre de langage qui se retrouve en majorité dans le « domaine culturel » que nos gouvernements encouragent avec du financement. Ce financement de la « culture » n’est devenu que du « marqueting » pour le parti au pouvoir. L’identité québécoise réelle n’y a aucune importance.

De toutes façon, nous avons tellement perdu notre propre identité que celle qui est actuellement défendue est celle d’être des « résidus » abandonnés en Amérique aux mains des Anglais, par la France. Nos héros « canayens » ne sont pas seulement devenus des personnages de légendes, ils ont même subi une ternissure systématique effaçant leur caractère héroïque pour le transformer en intérêts égoïstes de chacun, à leur époque. Nous n’avons plus personne d’honorable dans notre histoire « canayenne » à qui nous pouvons nous identifier. N’ayant plus de « Héros », comment pouvons-nous découvrir notre identité québécoise réelle?

Geoff Molson a probablement constaté ce problème chez le Canadiens de Montréal. À tout le moins, s’il ne l’a pas vraiment reconnu, il l’a ressentit dans ses « tripes ». Cela lui fut possible  parce qu’il est de ceux qui s’identifiait, tout jeune, à cette équipe. Il en a même connu et côtoyé les « Héros ». Pour lui, les Héros du Canadiens de Montréal sont depuis toujours une réalité dans sa vie. Ils ne sont pas occultés comme l’ont été nos Héros « canayens ».

J’ai déjà écrit sur la famille Molson disant que je la reconnais comme une famille de vrais québécois. Ils le sont toujours restés au cour des siècles et n’ont pas perdu leur « identité québécoise ». La raison est facile à comprendre. C’est  simplement parce qu’ils sont de souche écossaise et non française. Cette famille n’a donc pas dû accepter d’être des « résidus » abandonnés par la France. Ils ont gardé leur nationalité « canadienne du Québec » que John Molson avait adopté en 1785. Preuve qu’il existe des « Canayens » anglophones tout autant que francophones. Pour les mieux identifier, on les appelle des canadiens. Les « Canadiens » parlent anglais et les « Canayens » parlent français.

Cette famille Molson, depuis  son arrivée au Canada, n’a pas cessé de s’intéresser à la vie de ses concitoyens et de les aider, surtout dans la région de Montréal. Les Québécois l’ont toujours reconnu inconsciemment; les Molson ont constamment été les « enfants chéris » des Montréalais tout au long de l’histoire du Québec,  qu’on le veuille ou non.

Jeudi matin, le 29 mars 2012, Geoff Molson, après 2 ans d’étude sur la situation de l’équipe du Canadien, racheté par sa famille en 2009, juge qu’il était temps de reprendre les choses en main et redonner son identité au club de Hockey Canadiens de Montréal. Il licencie la direction qui ne prônait jusqu’ici que l’administration « commerciale » et « marqueting » de l’entreprise, et qui ne donnait aucune priorité à l’identité Québécoise du Club.

Il ne priorise cependant pas, dans son discours, l’identité du club sur la nécessité de la « performance victorieuse ». Son discours vise tous les genres d’opinions de ses partisans. Par contre, il s’adjoint un conseiller qui nous indique clairement l’importance que Geoff Molson accorde à l’identité québécoise de SON équipe; et de la sorte, il souligne le fait que cette équipe est tout autant NOTRE équipe à nous; l’équipe des Québécois ».

Il s’adjoint donc Serge Savard; celui qui a toujours, et le plus constamment, défendu la nécessité de joueurs québécois dans l’équipe du Canadiens de Montréal. Serge Savard prône tout autant la nécessité que le directeur général, tout autant que l’entraîneur, doit pouvoir s’exprimer en Français au Québec. Il est à remarquer qu’aucun des 2 hommes n’excluent la nomination d’un « dirigeant » d’origine anglo-saxonne; mais ils exigent un « Canayen/Canadien » bilingue qui peut s’exprimer convenablement dans les 2 langues officielles du pays et surtout, dans la langue majoritaire de la Province. On doit admettre que l’importance de cette notion a peut de chance de se retrouver dans l’esprit d’un propriétaire non Québécois, comme ce fut le cas ces dernière années.

De cette façon, Geoff Molson replace nos Héros québécois du Hockey, dans l’actualité de l’équipe. Maurice Richard, Jean Béliveau, Bernard Goffrion, Guy Lafleur et autres ne sont plus simplement des « mémoires légendaires » du club; ils sont redevenus les héros québécois d’hier qui doivent être suivis par des héros québécois d’aujourd’hui. Il est clair que Geoff Molson va corriger la situation du Canadiens de Montréal simplement parce qu’il a reconnu l’importance de l’individu dans son entreprise. Il a comprit l’importance de l’identification de la population québécoise avec son équipe de hockey.

Aurons-nous, un jour, un gouvernement qui ne se contentera pas de prioriser exclusivement  l’administration de façon strictement « commerciale » selon le facteur des « lois financières et du marketing » pour gérer la nation québécoise? Aurons-nous, un jour, des dirigeants qui ne jaugeront pas, en exclusivité,  les besoins « économiques » du secteur de la santé pour la Province, au lieu des besoins pour les individus québécois?  Aurons-nous un jour, de la part de nos dirigeants, une autre vision que celle de « comptable » sur l’importance de l’éducation de nos enfants? Jouirons-nous un jour de l’assurance que nos gouvernements considèreront la vie de nos aînés (es) autrement qu’à travers des lunettes fabriquées par « New Accounting »? Prendrons-nous un jour une orientation sociale basée sur les besoins de l’être humain québécois au lieu de basée sur le livre de compte et les « profits monétaires » anticipés par les économistes? Certains diront que l’économie est une réalité incontournable. Je leur répondrai que l’être humain est la seule réalité incontournable; l’économie n’est qu’une « convention » systémique.

Pour cela, il faudra qu’un jour quelqu’un décide de foutre à la porte ces « dirigeants » axés exclusivement sur la rentabilité et sur le « marqueting » pour les remplacer par des dirigeants qui reconnaîtront l’identité « humaine » de la population et détermineront l’identité de la nation Québécoise.

Pour l’instant, ni l’être humain, ni la nationalité québécoise n’ont d’importance aux yeux de ces « comptables » au pouvoir. Geoff Molson doit  leur servir d’exemple. Même s’il est un « homme d’affaire », il a comprit que l’appui des individus à une identité précise et honorable est ce qui permet d’atteindre la stabilité économique. C’est tout le contraire de ce qui est présenté actuellement qui prône l’identification à un profit intéressant. Avec une telle philosophie sociale, doit-on se surprendre que chez nos autorités, on retrouve de la collusion et de la malversation?

L’action correctrice ne doit pas être axée sur l’administration financière de la province mais plutôt dirigée sur la fierté de l’individu du Québec; autrement dit sur son identité nationale réelle. Être fier d’être Québécois sera alors d’être fier de travailler à l’amélioration de la qualité de vie des Québécois; quelles que soient l’origine de ces Québécois. C’est leur fierté qui les unira en une seule identité. Absolument rien n’empêche la fierté d’un individu, quelle que soit son origine, de devenir un membre à part entière d’une société fière de ses héros honorables et courageux d’antan qui ont créé notre nation. Geoff Molson est un exemple d’une importance capitale (Et je ne bois même pas de bière). Je dirais même qu’il est au seuil de franchir le statu de « nouvel héros québécois ». Nous en aurons certainement d’autres lorsqu’on aura un club de hockey à Québec.

Reste à savoir quand aurons-nous cette même prise de conscience au niveau du gouvernement, sans que ce ne soit le même bla-bla perpétuel et mensonger qu’on nous sert constamment?

André Lefebvre

6 Commentaires

Classé dans Actualité, André Lefebvre