Archives d’Auteur: Philippe David

À propos de Philippe David

Technicien en informatique, libertarien, je suis un passionné de la politique et de l'économie.

Les dessous de l’affaire IQT Solutions

 
 

Par Philippe David

Il est toujours tragique de voir autant de gens perdre leur emploi. Ayant déjà vécu ça plusieurs fois, je compatis avec les travailleurs d’IQT Solutions qui ont été mis à pied de façon plutôt sauvage. Mais il y a plus à cette affaire qu’il n’y parait à première vue et je suis fortuné d’avoir des informations pertinentes qui ne sont pas connues du grand public. Résumons d’abord les faits. IQT Solutions est une firme américaine qui opérait trois centres d’appel pour le compte de Bell, fournissant du soutien technique aux clients de leurs services internet. Les employés du centre d’appel de Trois-Rivières ont récemment déposé une demande d’accréditation syndicale. Vendredi dernier, les quelque 1500 employés des trois centres d’appel sont abruptement mis à pied sous prétexte que la compagnie aurait perdu son contrat avec Bell et qu’étant donné que c’était son unique contrat au Canada, ils ne pouvaient continuer les opérations ici. L’entreprise a donné une journée aux employés pour récupérer leurs effets personnels. Ils n’ont pas été payés leurs deux dernières semaines de travail, ni leur 4%, ni leurs deux semaines de préavis obligatoires, conformément à la loi sur les normes du travail. L’employeur a aussi négligé de fournir le relevé d’emploi dont les employés ont besoin pour obtenir leurs prestations d’assurance-emploi.

Je ne peux faire autrement ici que de condamner les agissements de l’employeur dans cette affaire. D’autant plus que ceux-ci sont illégaux. On ne pourrait questionner la légitimité de vouloir fermer les opérations canadiennes dans les circonstances, mais de ne pas payer les employés leur dû et de ne pas leur fournir leurs documents de cessation d’emploi est inexcusable. D’autant plus que Bell ne pouvait certainement pas terminer le contrat du jour au lendemain, ce qui fait que l’entreprise était certainement au courant que Bell ne renouvellerait pas le contrat bien avant la semaine dernière. Mais il existe d’autres faits. Je vais donc vous faire part d’une petite anecdote.

Flashback

En février 2006, j’étais à l’emploi d’une entreprise qui s’appelait Solutions Anjura et qui fournissait exactement les mêmes services pour le même client : Bell. Ça faisait environ trois ans que je travaillais comme agent de soutien technique pour cet employeur. Or un matin de février en 2006, je ne me souviens pas de la date exacte, je reçois un courriel de mon employeur m’informant que le contrat de l’entreprise avec Bell ne serait pas renouvelé à l’échéance et qu’à partir de cette date, à la fin du mois de juin, les quelques 1000 employés de trois centres d’appels qu’Anjura gérait avec Callian, un autre sous-contractant, se retrouveraient sur le chômage. À l’époque, cette nouvelle n’a pas fait les manchettes, mais elle comporte de nombreuses similarités avec le cas d’IQT.

Quelques semaines avant de recevoir le courriel fatidique, j’ai reçu un autre courriel d’un employé mécontent. Lui et quelques collègues avaient commencé à faire des démarches pour obtenir une accréditation syndicale. Naturellement, Anjura et Callian ont eu vent de l’affaire, ainsi que Bell. Les trois étaient en négociation pour le renouvellement de leur contrat. Apparemment Bell aurait choisi de ne pas renouveler leur contrat à ce moment. Bell a probablement plusieurs bonnes raisons. Le centre d’appel doit être opérationnel 7 jours sur 7, 24 heures par jour. Bell ne pourrait pas avoir ce service interrompu ne serait-ce que pour une heure. Ils ne peuvent donc pas risquer une grève. Deuxièmement, une nouvelle convention collective aurait sûrement forcé Anjura et Callian à augmenter leurs salaires, ce qui les rendrait probablement moins compétitifs et inciterait Bell à aller voir ailleurs. Ces raisons seraient probablement pourquoi Bell aurait laissé tomber IQT Solutions également.

Cependant, nous avions été informés de la fermeture du centre d’appel 4 mois à l’avance, ce qui a laissé le temps à plusieurs employés de se trouver un autre emploi et la compagnie nous avait donné nos relevés d’emploi. Mais il semble qu’Anjura ait omis de payer le 2 semaines de préavis à certains employés. Alors j’ai reçu une lettre près d’un an plus tard m’informant que des procédures avaient été intentées au nom de tous les employés par la Commission des Normes du Travail et je suis toujours dans l’attente de nouvelles sur le jugement. Les roues de la justice tournent très lentement au Québec.

Retour au présent…

N’est-il pas intéressant de voir comment l’histoire se répète? Il n’y a aucun doute que le licenciement des employés d’IQT a été mené de façon exécrable et la Commission des Normes du Travail fera certainement de son mieux pour faire respecter la loi, même si ça prend des années! Mais l’employeur n’est pas le seul à blâmer. Les employés d’IQT auraient aussi dû être informés des conséquences possibles de leur accréditation syndicale. Mais voyez-vous, le code du travail au Québec est ainsi fait qu’il est impossible à un employeur de dire à ses employés que la syndicalisation pourrait amener la fermeture de l’entreprise, ou de la division. Il n’y a qu’à penser à la fameuse vidéo de Couche-Tard et la réaction du syndicat. Mais ne comptez certainement pas sur la centrale syndicale pour donner l’heure juste à ce sujet. Résultat: les syndicats promettent mers et mondes aux employés, mais les employeurs n’ont aucun droit de réplique. Dans ce cas précis, il aurait été pertinent aux employés de savoir que de se syndicaliser pourraient entraîner la perte de leur contrat avec Bell. Les employés d’Anjura et Callian n’ont pas eu d’avertissement sur ces conséquences non-plus. Le syndicat et le code du travail n’ont pas eux mêmes congédiés ces employés, mais ils sont en partie responsables de cette mise-à pied.

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Le consentement des gouvernés

Qu’est-ce qui donne le droit à certains de gouverner les autres? C’est la question que pose Robert Higgs. La réponse, depuis l’époque de John Locke, est le consentement des gouvernés. Ainsi, lorsque les américains ont déclaré leur indépendance, ils ont écrit entre autre que « les gouvernements ont été institués entre les hommes, dérivant leur pouvoir du consentement des gouvernés ». Comme le souligne Higgs, tout ça semble bien en théorie, mais c’est quand on s’arrête à y penser que les choses se compliquent.

Nombre de questions viennent à l’esprit. Par exemple, est-ce que toutes les personnes doivent consentir et si non, combien? Et quelles options ont ceux qui n’y consentent pas? Le consentement devrait-il être verbal ou écrit? Devrait-il être implicite ou explicite? Si c’est implicite, comment c’est tabulé? Est-ce qu’il est permanent, ou est-ce que je peux le retirer si je n’y trouve pas mon compte? L’entente devrait-elle être renouvelée? À quelle fréquence? Ces question démontrent que la question de la légitimité du gouvernement en prend pour son rhume quand nous passons de l’abstraction à la pratique et si on considère les faibles taux de participation aux élections de la plupart des démocraties occidentales, ce n’est pas juste une question en l’air.

Ceux qui sont amoureux de l’état nous font souvent mention de l’existence d’un « contrat social ». Où est ce contrat? Peut-on le lire? Quand l’avons nous signé? Pour qu’un contrat soit légitime, il doit être accepté librement en pleine connaissance de cause. Or personne n’est jamais venu me montrer ce contrat social qui est supposé exister entre le gouvernement et nous tous. L’avez-vous déjà lu vous? Eh bien, selon Robert Higgs, si on se fie aux agissements typiques des gouvernements de ce monde, un tel contrat ressemblerait à ceci (que j’ai traduit librement):

Je, le contractant de la première partie («le souverain»), promets:

(1) De préciser combien de votre argent vous me remettrez, ainsi que comment, quand, et où le transfert ne sera effectué. Vous n’aurez effectivement aucune voix au chapitre, hormis de plaider pour ma miséricorde, et si vous refusez, mes agents vous châtieront par les amendes, l’emprisonnement, et (dans le cas d’un refus persistent) la mort.

(2) De faire des milliers et des milliers de règles que vous devrez obéir sans poser de questions, encore une fois sous peine de punition par mes agents. Vous n’aurez aucune voix dans la détermination du contenu de ces règles, qui seront si nombreuses, complexes, et dans de nombreux cas au-delà de la compréhension que nul être humain pourrait éventuellement connaître plus d’une poignée d’entre elles, et encore moins leur caractère spécifique, et pourtant si vous ne respectez pas l’une d’elles, je me sentirai libre de vous punir dans la pleine mesure des lois faites par moi et mes complices.

(3) De fournir pour votre utilisation, à des conditions fixées par moi et mes agents, des soit-disant biens et services publics. Bien que vous puissiez accorder une véritable valeur à un petit nombre de ces biens et services, la plupart auront peu ou aucune valeur pour vous, et certains vous trouverez tout à fait détestable, et en aucun cas aurez-vous en tant qu’individu, quoique ce soit à dire sur les marchandises et de services que je propose, malgré les histoires sans queue ni tête de la part d’économistes voulant que vous « demandiez » tous ces trucs et que vous accordiez une valeur équivalente à n’importe quel montant d’argent que je choisis de dépenser pour sa prestation.

(4) En cas de différend entre nous, des juges qui me sont redevable pour leur nomination et leur rémunération décideront comment régler le différend. Vous pouvez vous attendre à perdre dans ces règlements, si votre cause est entendue en premier lieu.

En échange des « bénéfices » gouvernementaux ci-haut, vous, le contractant de la deuxième partie («le sujet»), promettez:

(5) De vous taire, de ne pas faire de vagues, de respecter toutes les ordonnances émises par le souverain et ses agents, de courber l’échine devant eux comme s’ils étaient importants et honorables, et quand ils vous disent «sautez», de demander seulement «à quelle hauteur? »

Wow! Qui ne sauterait pas sur la chance de signer un contrat comme ça? Faudrait être un peu dingue, non? Pourtant, c’est bel et bien la façon que nous sommes traités. Je n’irai pas, comme Higgs, enjoindre les menteurs, voleurs et meurtriers qui composent nos gouvernements de tous niveaux de faire l’honorable geste de tomber sur une épée, mais je rêve de voir un jour un contrat social qui se fera entre individus, plutôt qu’entre les gens et leur gouvernement. Un contrat par lequel nous nous promettrons de respecter mutuellement nos vies et notre propriété et que le seul rôle du gouvernement serait de faire respecter un tel contrat.

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L’affaire Turcotte: Le crime parfait?

 

 

D’entrée de jeu, je vous avoue que je n’ai pas suivi ce procès de très près. Je n’aime pas ce genre de voyeurisme sordide qui accompagne ce genre de cirque, qui pour moi, tire franchement trop près du coeur. Ma fille est du même âge que l’était Anne-Sophie. La couverture du procès évoquait pour moi des visions trop cauchemardesques. Je suis incapable d’imaginer comment un père pourrait poser un geste aussi ignoble envers ses propres enfants. Je crois que c’est au-delà de la compréhension de la plupart des gens d’ailleurs. Je peux donc parfaitement comprendre le sentiment de révolte qu’a évoqué le verdict. et dans une certaine mesure, je le partage.

Pour moi, il ne suffit pas d’expliquer pourquoi ce verdict est parfaitement plausible du point de vue légal (Merci Renart pour la référence à ce texte éclairant). Ce genre d’explication aidera sûrement les jurés à mieux dormir, mais il n’arrivera pas à convaincre que la justice a été servie. En réalité, il ne sert qu’à démontrer que le Dr. Turcotte a réussi à convaincre les jurés de sa « folie temporaire », mais de nombreux doutes subsistent encore dans mon esprit.

On a décrit Guy Turcotte comme ayant une personnalité narcissique. J’ai déjà eu plus que ma part de démêlées avec plusieurs personnes ayant ce trouble de personnalité, assez pour avoir beaucoup lu sur ce sujet. J’ai trouvé le livre « Les manipulateurs sont parmi nous » de Isabelle Nazare-Aga particulièrement éclairant. Je ne pourrais prétendre avoir l’expertise pour analyser la personnalité de Guy Turcotte, mais dans mon expérience personnelle, il arrive fréquemment aux personnes narcissiques de mal réagir aux ruptures qu’ils considèrent comme un affront personnel. Il leur arrive également de se servir des enfants pour atteindre et manipuler leur ex-conjoint(e). Règle générale, il s’agit de violence psychologique et verbale, chantage et aliénation parentale, mais la violence physique est également possible. Je ne connais pas Guy Turcotte. Il m’est impossible de savoir s’il est vraiment capable de tuer froidement pour se venger d’une rupture, mais ce n’est pas impossible.

Les lettres que Guy Turcotte à envoyé à sa conjointe, cinq mois après le drame, sont un peu révélatrices de son caractère. Si le Dr. Turcotte avait vraiment « perdu les pédales » au point de ne pas être capable d’apprécier la nature et la qualité de ses actes, on devrait normalement s’attendre à ce qu’il soit rongé par les remords après l’acte. Si c’est le cas, les extraits de ces lettres n’en montrent aucun signe. Si c’était moi, il me semble que je serais hanté par les cauchemards, revoyant sans cesse mon fils me supplier d’arrêter pendant que je le poignarde et avoir leurs cris résonnant dans ma tête. Le ton des lettres du Dr. Turcotte, si peu longtemps après le drame, me donne froid dans le dos. Pourtant, ces lettres ont été exclues du procès.

Supposons pour un instant que le bon docteur ait prémédité ses actes. Supposons que non seulement il avait résolu de tuer ses enfants dans le but de se venger de sa conjointe, mais qu’il avait aussi planifié sa défense. Guy Turcotte est une homme intelligent et il est parfaitement capable d’assimiler les informations médicales nécessaires pour simuler une folie temporaire et ainsi confondre les experts. Ayant convaincu les experts, convaincre le jury serait un jeu d’enfant. Les narcissiques sont des menteurs chevronnés et jouent très bien la comédie. La méthode même du meurtre pourrait avoir été choisie pour donner l’apparence d’un accès de rage meurtrière. Qui pourrait croire qu’un homme sain d’esprit tuerait ses enfants de façon aussi violente, alors qu’en tant que médecin, il aurait certainement pu leur donner une mort beaucoup plus douce? Le Dr. Turcotte aurait-il pu déjouer les experts et les jurés de cette façon? Nous ne le saurons probablement jamais, mais si c’etait le cas, ce serait le crime parfait n’est-ce pas?

Sommes-nous trop prompts à déresponsabiliser les individus? Accordons-nous, par hasard, plus d’empathie envers un meurtrier qu’envers ses victimes? Franchement, je ne sais pas. Notre système est fondé sur la prémisse qu’il est préférable de laisser un coupable partir que de condamner un innocent. Cependant, il y a des fois que je ne peux m’empêcher de penser que le système en laisse passer un peu trop.

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La haine de l’entrepreneuriat

Il existe un certain malaise au Québec et il nous a mis sur une trajectoire d’autodestruction. Si certains entretiennent encore l’espoir qu’un jour cette province puisse devenir un pays, il faudra un jour guérir cette maladie. Alors que l’entrepreneuriat, la prise de risque et l’innovation que ça entraine ont toujours été le moteur de toute économie, le Québec est anti-entrepreneurial. Doit-on être surpris que le Québec tire de la patte du point de vue économique.

Malgré plus d’un demi-milliard en aide à l’entrepreneuriat, le nombre d’entrepreneurs parmi la population de 15 ans et plus est passé de 3,4% en 1987 à 2,9% en 2008. La part des nouvelles entreprises dans le nombre total des entreprises a chuté de 14,6% en 1991 a 11,2% en 2006, pendant ce temps en Ontario elle passait de 13,9% à 11,2%. Moins des deux tiers des entreprises québécoises survivent plus de deux ans et seulement un tiers sont encore ne opération après cinq ans. En guise de comparaison, la moyenne de survie après cinq ans des pays de l’OCDE est de 50%.

Pire encore,il y a a deux fois plus d’entrepreneurs dans le reste du Canada qu’au Québec, et au Québec, il y a deux fois plus d’immigrants et d’anglophones qui choisissent de devenir entrepreneurs que de francophones et on surprend de constater une anglicisation des commerces à Montréal. Si tous les propriétaires d’entreprises sont anglophones, guess what? C’est l’anglais qui l’emporte!

C’est certain que la fiscalité plus progressive du Québec (taux d’imposition fédéral/provincial combiné jusqu’à 48%) et le fardeau règlementaire (473 lois et 2345 règlements pour donner respectivement 15 000 et 21 000 pages), sont des facteurs qui sont non-négligeables et qui expliquent pourquoi nous somme la caboose du train économique canadien, ça n’explique pas pourquoi si peu de francophones semblent vouloir se lancer en affaire. Je crois qu’il y a là une grosse question d’attitude d’ordre culturel. Peut-être est-ce nos racines catholiques qui nous donnent un certain dédain pour l’argent que les anglophones, majoritairement protestants et les immigrants n’ont pas? Pourtant, il y a eu de nombreuses entreprises dans notre histoire qui ont été démarrées par les religieux. Toujours est-il que selon certaines études, 19,2% des québécois reconnaissent l’ambition comme une qualité entrepreneuriale (32% dans le ROC) et le succès financier est perçu négativement par 40,2% des québécois contre 28% au ROC. Désolé, mais on ne pourra certainement pas devenir riches, si on croit que le succès financier est une tare!

Je crois certainement que notre système d’éducation y est pour quelque chose. Un système où l’enseignement de l’économie est étonnamment négligée, où on nivelle fréquemment vers le bas. Où on enveloppe les enfants de papier à bulle et on évite de trop les faire forcer de peur d’abimer leur estime de soi. Un système où le mot excellence est banni du vocabulaire. Ceux qui en sortent n’ont jamais été mis au défi, mais croient à tort qu’ils ont vraiment accompli quelque chose. On les a tellement couvé, qu’ils sont allergiques au risque. Comment voulez-vous qu’ils développent l’instinct pour démarrer une entreprise. Ils sont bien plus enclins à rester dans leur zone de confort sans vouloir en sortir.

Une culture, pour être préservée doit savoir produire et entreprendre. Il est triste de constater qu’au Québec, la culture entrepreneuriale est en train de mourir et que les québécois se contentent seulement de poinçonner leurs cartes de temps et faire leur petit 35-40 heures par semaine, plutôt que de devenir maitres de leur propre destinées. Il faudrait peut-être commencer à enseigner à nos enfants qu’il n’y a rien de mal à faire de l’argent.

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La bouée de sauvetage


L’univers politique québécois s’annonce plein de rebondissements cet été. En attendant que la session d’automne commence à l’Assemblée Nationale, nous assistons depuis une semaine à la désintégration du PQ. Pendant 40 ans la seule alternative au Parti Libéral, le PQ est en train de naviguer une des pires crises de son histoire pourtant tumultueuse après la désertion de 5 membres de son caucus. Pauline Marois, qui a pourtant reçu une vote de confiance retentissant de la part de ses militants à son récent congrès, a fort à faire pour maintenir l’ordre dans les rangs de son parti. Plusieurs exigent sa démission. La barque semble sur le point de chavirer.

Le mécontentement semble palpable, même pour un observateur extérieur. Si le projet de loi 204 a été l’évènement déclencheur, la grogne s’est maintenant étendue à d’autres aspects du leadership de Pauline Marois. On lui reproche maintenant de ne pas faire assez pour promouvoir la souveraineté dans un avenir prochain. Pourtant, l’idée d’un autre référendum ne soulève la passion que des souverainistes purs et durs. Le reste des québécois en ont plutôt marre d’en entendre parler. Pauline Marois est coincée entre deux feux. L’option souverainiste est au point mort depuis le référendum de 1995 et elle est à son plus bas après le spectaculaire naufrage du Bloc Québecois qui n’a laissé que quatre survivants. Sans cette option, le PQ sera toujours en crise existentielle. La souveraineté a toujours été sa raison d’être. Sans elle, le PQ n’a plus de raison d’être. Il est sans gouvernail et sans voiles.

On veut enlever à Marois ses galons de capitaine, mais qui pourrait prendre sa place? Curzi? Non. Avec sa désertion trop fraîche, il est peu probable, même avec Marois par-dessus bord, qu’on lui pardonne si aisément. Qui donc pourrait sauver le PQ du naufrage et l’empêcher de rejoindre le BQ dans les abysses? Le seul que je vois qui serait capable, du moins pour un certain temps de garder la barque à flot. Legault. On ne cesse de faire des rumeurs d’une fusion Legault-ADQ, mais en réalité, une crise de leadership au PQ pourrait être la porte parfaite pour un retour de l’enfant prodige. Legault est une ex-péquiste. Il fait partie de la famille, même s’il l’avait laissé derrière. Avec le PQ et le PLQ en désarroi et la cible du cynisme populaire, Legault est revenu sur la scène comme un sauveur. Sans même avoir un parti ou un programme digne de ce nom, on est déjà prêt à lui donner les clefs du parlement. Mais fonder un nouveau parti, c’est du travail. Bâtir une base de militants, recruter des candidats, trouver des organisateurs et des bénévoles en vue d’une campagne électorale dans moins de deux ans et peut-être même plus rapidement qu’on le pense, si Jean Charest décidait de profiter de la confusion générale pour déclencher des élections anticipées. Mettre sur pied un nouveau parti qui puisse aspirer au pouvoir dans de si courts délais serait une tâche impossible. Mais en capitalisant sur sa popularité actuelle, il serait bien plus facile de tout simplement prendre la tête du PQ, où il serait sans doute accueilli en sauveur, comme l’a été Mme Marois d’ailleurs. Cela garantirait presque à Legault d’être le prochain Premier Ministre. Je ne serais absolument pas surpris d’un tel dénouement.

Nous verrons bientôt si j’ai raison… Sur ce, Bonne St-Jean à tous!

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Les cancres – Réponse à Claude Picher

 
 

Cette semaine, le chroniqueur financier de La Presse, Claude Picher, y est allé d’une tirade à l’intention des détracteurs du sacro-saint modèle québécois en faisant une analyse de données de l’Institut de la Statistique du Québec prouvant, selon lui, que la perception que le Québec n’est qu’une province de quêteux est un mythe. Pour ceci, il base son analyse surtout sur une comparaison des montants de transferts fédéraux reçus par chaque province par rapport à leurs revenus respectifs, pour en conclure que nous ne sommes pas vraiment plus quêteux que les autres.

De la fumisterie malhonnête

Puisque tout le modèle québécois n’a jamais été autre chose qu’une illusion, nous ne devrions guère nous surprendre de voir ses défenseurs user de fumisterie pour aider à perpétuer l’illusion. Ainsi l’analyse de Claude Picher est passablement malhonnête en considérant que la seule part des transferts fédéraux dans les revenus d’une province par rapport aux autres, prouve que cette province ne vit pas au dépends des autres. Les transferts fédéraux aux provinces englobent plusieurs programmes de partage de dépenses qui sont presque tous évalués en proportion avec la population de la province. La seule composante de ces transferts qui soit une véritable redistribution de richesse des provinces riches aux provinces pauvres est la péréquation. Cette donnée est évidemment absente de l’analyse de M. Picher, tout autant que dans la publication de l’ISQ. Est-ce un oubli? Toujours est-il qu’on peut facilement l’obtenir du ministère des finances. Ainsi, si on compare les montants de péréquation reçus par rapport aux revenus, le portrait n’est certainement plus le même.

Péréquation par rapport aux revenus - Cliquez pour agrandir

Le Québec n’est certainement pas la province la plus dépendante envers les paiement de péréquation, mais je vois difficilement comment on pourrait se bomber le torse en se comparant à l’Île du Prince Édouard ou le Nouveau Brunswick. Par ailleurs on voit que la comparaison que M. Picher faisait avec l’Ontario ne tient plus la route. Mais il y a pire. Les transferts fédéraux aux gouvernements provinciaux ne sont qu’une fraction de ce que le gouvernement fédéral dépense dans une province, si on inclue toutes les dépenses fédérales faites dans chaque province, moins les recettes fédérales perçues dans cette province, on voit un portait encore plus différent.

Recettes Fédérales moins dépenses de programmes - Cliquez pour agrandir

Ce graphique démontre sans équivoque que le Québec est le plus grand bénéficiaire net de toutes les dépenses fédérales et donc le plus dépendant des programmes fédéraux. Et contrairement à ce que M. Picher peut penser, les ontariens ont toutes les raisons de ne pas nous tenir en haute estime, sans parler de nos compatriotes d’Alberta et de Colombie Britannique. Contrairement à ce que les souverainistes voudraient vous faire croire, nous ne donnons pas au fédéral plus que nous en recevons, c’est plutôt le contraire et un Québec souverain se retrouverait avec un manque à gagner considérable.

Tchick tchick

Comme si ce n’était pas suffisament honteux de vivre ainsi au dépends des autres provinces, nous ajoutons insulte à injure en nous donnant des programmes sociaux comme les garderies subventionnées, les congés parentaux les plus généreux, un programme d’assurance-médicament, des fécondations in-vitro et un amphithéatre payé entièrement par des fonds publics. Rien de trop beau! Même si nous ne sommes pas les pires dépendants des paiements de péréquation, au moins les autres provinces ont la décence de vivre selon leurs moyens. En attendant, ce que nous ne pouvons pas nous payer avec les impôts et taxes les plus oppressives au Canada, nous le mettons sur le dos des générations futures.

Dette nette par habitant - Cliquez pour agrandir

Et fort naturellement, nous voulons maintenir ce train de vie frivole tout en travaillant le moins possible.

PIB par habitant - Cliquez pour agrandir

Encore une fois, peut-être que nous ne sommes pas les pires, mais il n’y a pas de quoi se péter les bretelles. Non M. Picher, nous ne sommes pas des quêteux, nous sommes bien pires: nous sommes des cancres. Nous sommes des ados irresponsables qui croient pouvoir se payer une auto et une télé à écran géant et tout les loisirs et les gadgets qu’on désire, tout en tenant un emploi à temps partiel et en accumulant les dettes pendant que nous vivons encore sous le toit de nos parents. Telle est la grande fiction qu’est le modèle québécois. Certains diront que c’est un choix de société, mois je dis que nous devrions aspirer à mieux, et soit dit en passant, rien de ce qu’a proposé François Legault jusqu’ici ne viendrait changer la donne, sauf peut-être nous rendre encore plus dépendants.

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La connerie onusienne

Comme si installer la Lybie à la présidence de sa commission des droits de l’homme et les cirques de Durban n’étaient pas complètement suffisants pour discréditer l’ONU au niveau de la défense des droits humains (pour ne rien dire de la nomination de l’Iran à la commission de la condition de la femme); l’ONU déclare que l’accès à l’internet est un droit humain et que tous les états doivent tout entreprendre pour fournir l’accès à tous leurs citoyens. Ah! Ce que le rêve de Churchill est sombré bas dans les abysses de la connerie humaine! De défenseur de liberté, l’ONU est devenu un instrument d’esclavage.

Mais pourquoi l’accès à l’internet ne serait-il pas un droit, aussi essentiel soit-il dans la vie de milliards d’êtres humains? Ça devrait pourtant être évident, mais pour ceux et celles qui ne saisissent pas la nuance, il convient de définir ce qu’est réellement un droit. Depuis que la race humaine existe et certainement depuis l’ère des lumières, l’homme s’interroge sur sa nature. Il en est venu à définir certains droits inaliénables dont tous les êtres humains devraient pouvoir jouir, peu importe leur sexe ou leur couleur. Le premier de ces droits est le droit à la vie. Tout être humain a le droit de vivre, peu importe ses circonstances, et aucun autre être humain n’a le droit de lui enlever. Ce qui ne veut pas nécessairement dire que nous avons droit à une vie aisée, nous avons simplement le droit de vivre. De ce droit à la vie découle tous les autres droits. Le droit de vivre nous donne droit de propriété sur notre propre corps, de notre labeur et de ce que nous produisons en combinant ce labeur à la matière que nous avons acquis par la transformation de la terre précédemment inoccupée, ou par transactions volontaires avec d’autres hommes. Parallèle à la propriété de notre corps est celle de notre esprit et de ce que nous produisons par lui. De ce droit découle le droit de conscience et le droit de libre-expression. Ces droits ne proviennent pas d’autres humains, ils sont le produit de notre propre humanité. Certains disent d’eux qu’ils nous proviennent de notre créateur, peu importe comment vous choisissez de l’appeler. Ce qui distingue vraiment un droit véritable d’un pseudo-droit est que l’exercice d’un véritable droit n’empêche pas les autres d’exercer leurs propres droits.

Ainsi, l’exercice de mon propre droit à la vie ne prévient à aucune autre personne le droit d’exercer le leur, ni aucun autre de leurs droits. Exercer mon droit de conscience ne lèse personne. Ma liberté d’expression, même si elle peut choquer certains, n’empêche personne d’exercer leurs propres droits, à moins que je n’essaie d’inciter d’autres à les tuer ou violer leurs droits. Mon droit de conscience n’empêche personne d’exercer leurs droits et ainsi de suite.

Ce n’est pas le cas de pseudo-droits comme le droit à l’accès à l’internet, ou le droit à des soins de santé, etc. Ces droits ne sont pas des droits. L’accès à l’internet est un service qui doit être produit par quelqu’un. Les soins de santé sont également un service qui doit être produit par quelqu’un. De réclamer un droit sur ces service signifie que vous désirez vous approprier ce service gratuitement, ou à un prix que le fournisseur de ce service n’accepterait pas volontairement. En d’autres mots, c’est s’approprier ce bien ou service par la coercition. Ce genre d’appropriation du labeur d’autrui ou du fruit de ce labeur n’est autre chose qu’un vol déguisé. C’est forcer quelqu’un à vous fournir quelque chose sans en payer le juste prix. Réclamer un droit à des soins de santé gratuits ou à une connexion internet gratuite équivaut à forcer autrui de payer pour ce service à votre place, que ce soit le fournisseur du service lui-même, ou les contribuables par le biais de la taxation et l’impôt. Est-il besoin de souligner que ces soi-disant droits, sont des violations des droits d’autrui? Je me demande qui peut moralement sanctionner cela?

Non, l’accès à l’internet n’est pas un droit. Pas plus que le droit à des services de santé, le droit à de l’eau potable, le droit à un emploi (le droit de travailler, oui, mais personne n’est obligé de vous engager) ou tant qu’à y être, le droit à des vacances payées par autrui, ou le droit d’avoir du filet-mignon une fois par semaine. Ce sont des biens et services qui se paient et non des droits que les non-méritants peuvent réclamer de ceux qui les produisent.

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Le véritable rôle de l’État

Quel est le véritable rôle de l’état? Est-ce construire un amphithéâtre? Une salle de concert? Est-ce de subventionner des entreprises? Ou la culture? Est-ce de payer pour des fécondations in vitro ou des inséminations artificielles? Est-ce de gérer un système de garderies? Aucune de ces réponses!

Le rôle fondamental de l’État, s’il doit y en avoir un, est certainement de protéger ses citoyens des agressions et de rendre la justice. Dernièrement, nous avons eu un exemple patent que le gouvernement du Québec faillit misérablement à cette tâche. Après des mois d’enquête à récolter judicieusement de nombreuses preuves, 31 membres du club de motards Hell’s Angels ont été relâchés. Pas par manque de preuves, oh que non! Parce qu’ils n’ont pu avoir de procès dans des délais raisonnables.

Ce qu’ils doivent encore se bidonner, ces anges de la moto! Quand l’État gaspille à gauche et à droite comme un matelot en permission, mais qu’il est incapable d’investir dans ses missions essentielles comme l’administration de la justice! C’est bien plus important de bâtir un amphithéâtre pour un retour éventuel des nordiques voyons! Ça fait oublier au bon peuple son incompétence! Selon M. Bachand, la finalité c’est d’être heureux comme peuple. Emmenez-en du pain et des jeux M. Bonheur! Il y a toujours tout plein d’argent pour ça! Surtout quand on met ça sur la carte de crédit avec l’intention de la faire payer par nos héritiers. Dépensons leur argent sur des frivolités! Qu’importe si nous laissons les criminels envahir les rues impunément, sachant qu’il pourront commettre autant de crimes qu’ils voudront puisque l’État est occupé à autres choses.

Continuez! Surtout n’arrêtez pas! Continuez de prouver comment l’État est d’une futilité extrême! Continuez de nous donner raison, nous qui ne demandons qu’à s’affranchir de ce parasite qu’est l’État. Le mur approche, accélérons!

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Classé dans Actualité, Philippe David

Le Grand Cirque

Il est incroyable en politique comment les principes cèdent souvent la place au populisme. Le dossier du nouvel amphithéâtre de Québec est un excellent exemple. Non seulement avons-nous une région de la province généralement critique du gaspillage gouvernemental qui est prête à vendre son âme pour une équipe de hockey; on est même prêt à sacrifier certains droits fondamentaux pour y arriver. Le pire est que, pour ce qui est de l’équipe de hockey, rien n’est assuré. Il n’y a aucune garantie qu’il y aura l’équipe des Nordiques version 2.0 si le fameux amphithéâtre est construit, mais on est prêt à dépenser $400 millions de l’argent des contribuables (C’est le chiffre officiel, mais avec les dépassements de coûts habituels, la facture s’élèvera plus vraisemblablement autour de $1 milliard) pour le bâtir. Ensuite, afin de protéger une entente nébuleuse gré à gré entre la ville de Québec et Québécor pour la gestion de l’amphithéâtre, on veut faire une projet de loi spécial pour exclure toute poursuite judiciaire. Projet de loi qu’aucun député de l’Assemblée Nationale n’a opposé, sauf un, Amir Khadir. Et encore, je doute que M. Khadir l’ait fait pour l’atteinte à la liberté qu’il représentait, mais plutôt pour mettre des bâtons dans les roues de Québécor. Quoi qu’il en soit, il a tout de même consenti au dépôt du projet de loi après avoir posé un tas de conditions farfelues et inutiles.

Ce genre de psychodrame n’arrive que lorsque des deniers publics sont en jeu. Si le projet avait été mené entièrement par l’entreprise privée, comme le Centre Bell, par exemple, il n’y aurait jamais eu de conflit. Il n’y aurait jamais eu de drame. Le Colisée aurait tout simplement été construit et ça aurait été la tâche des investisseurs de faire tous les efforts pour ensuite obtenir une franchise de la LNH. Puisque le nouveau Colisée est financé par de l’argent public à cause de l’insistance d’un maire mégalomane qui veux laisser sa marque dans l’Histoire au dépens des autres, le contrat pour la gestion de l’immeuble aurait dû passer par appel d’offre, ce qui n’a pas été le cas. Il serait donc parfaitement légitime que des compétiteurs puissent questionner la légalité de l’entente. Si cette entente était effectivement conforme à la loi, il n’y aurait aucun besoin de la « légaliser » avec un projet de loi privé.

Pendant ce temps, nous assistons à un véritable cirque. Je suis effectivement déçu de voir comment nos élus peuvent si cavalièrement piétiner la règle de droit pour courtiser l’électorat de la ville de Québec. On justifie l’acte en invoquant que la grande majorité des citadins de la région de Québec sont en faveur du projet. C’est certain que si on pose la question « Voulez-vous qu’on construise un amphithéâtre pour favoriser un retour d’une équipe de la LNH à Québec » que la plupart répondront OUI! Demandez-leur ensuite de débourser $2000 chacun pour payer pour et voyez la réponse qu’ils vont vous donner. C’est facile de dépenser l’argent des autres. En particulier que une grande partie de cet argent provient de gens qui n’habitent pas la région et que ne mettront vraisemblablement jamais les pieds au nouveau Colisée. Les gens ne réalisent pas que lorsqu’ils achèterons leur billet des Nordiques, ils l’auront payé deux fois dans la réalité. Je sympathise avec leur désir, mais je ne peux simplement pas le supporter, pas à ce prix.

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Classé dans Actualité, Philippe David

Le plus grand accomplissement de F.D.R.

 
 

Vous ne verrez pas souvent un libertarien faire les louanges de Franklin Delano Roosevelt. Nous avons plutôt tendance à le mépriser, comme le grand étatiste qu’il était, mais il y a au moins un accomplissement de la présidence de Roosevelt que les libertariens peuvent admirer. Non, ce n’est pas le New Deal. Il a déjà été établi par plusieurs économistes que le New Deal, plutôt que d’avoir aidé à sortir l’économie américaine de la Grande Dépression, il l’aurait allongée de sept ans. Sa contribution à l’effort de guerre? Puisque les libertariens sont anti-guerre, ça ne serait pas vraiment considéré comme un point d’honneur, surtout si on considère certains documents qui suggèrent que Roosevelt savait que les japonais allaient attaquer Pearl Harbor, mais n’a rien fait pour avertir ses généraux afin de pouvoir rendre l’opinion publique favorable à une déclaration de guerre. Non, le plus grand accomplissement de FDR fût d’abolir le 18e amendement à la constitution américaine: la prohibition.

Pendant plus d’une décennie (1920 à 1933), la prohibition a rendu illégale la production et la consommation d’alcool. Contrairement à ce qui avait été l’intention, la prohibition a complètement raté son but de promouvoir la tempérance. Plutôt que d’éliminer les problèmes liés à l’alcoolisme, elle les a décuplés. Dans une étude de 30 villes américaines de 1920 à 1921, le taux de criminalité avait augmenté de 24%. Les cambriolages avaient augmenté de 9%, les homicides de 12.7%, les voies de fait de 13%, l’addiction aux drogues de 44.6% et les coûts des forces policières de 11.4%. Avant la fin de la prohibition le taux d’homicides monta à 10 par 100 000 habitants, une augmentation de 78% par rapport à l’ère pré-prohibitionniste. En peu de temps, les gangs se faisaient la guerre dans les rues. Les américains, qui jusque là étaient de grands amateurs de bière, se sont retrouvés à fabriquer des boissons fortes avec des méthodes de fortune. Un marché noir florissant s’est développé, mené par le crime organisé. Des dizaines de milliers sont morts de la consommation d’alcool frelaté. Bref, ce fût un échec sur toute la ligne.

Lorsque Roosevelt a pris le pouvoir en 1933, la prohibition était devenue très impopulaire, de plus, avec la Grande Dépression, on pourrait croire que les américains étaient fins prêts pour un petit remontant. L’abolition de la prohibition leur a non seulement fournit ça, mais avec la réouverture des brasseries, vignobles et distilleries légales, ainsi que toutes les autres industries qui les fournissent, elle a aussi fournit une pléthore d’emplois à un moment où le chômage était à 25%. Les alcools frelatés ont quitté le marché pour laisser la place à des boissons beaucoup moins fortes et beaucoup moins dangereuses à consommer. Le taux de criminalité a chuté dramatiquement.

Taux d'homicides aux États-Unis 1910-1944 - Source: US Bureau of the Census.

Pourquoi cette petite leçon d’histoire? Parce que depuis les années 60, nous revivons la même chose avec la guerre que nos gouvernements mènent aux drogues. Quels résultats ont-ils à nous montrer après tant de temps et d’argent à combattre ce supposé fléau? Absolument rien! Les drogues sont tout aussi faciles à obtenir, pour n’importe qui déterminer à en avoir. Notre système de justice s’écroule sous le poids. Les gangs de rues prolifèrent et les utilisateurs crèvent de consommer des produits fabriqués par des trafiquants qui se foutent éperdument que leurs client crèvent. Plutôt que d’avoir la construction de plus de prisons comme enjeu électoral, ne serait-il pas plus opportun de revoir notre stratégie et mettre fin à cette prohibition?

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Classé dans Actualité, économie, Philippe David