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« L’innocence des Musulmans »; un billard à mille bandes

Depuis quelques jours on tue et on meurt un peu partout dans le monde pour protester conte un film grotesque. Pas une attaque perfide ou même uns critique malveillante de l’Islam.  Juste un parodie de mauvais goût, comme le serait un soap décrivant par le menu les amours incestueuses de Jesus avec la Vierge sa mère ou la défécation en chaine sur des hosties ou des reliques du Bouddha. Même pas du bon porno : purement blasphématoire.

« L’innocence des Musulmans » n’ayant qu’une valeur de blasphème, le film est totalement dénué d’intérêt… sauf dans la mesure où il choque. Il est une provocation et rien d’autre qu’une provocation. Il faut donc se demander à quoi on joue.  Qui a intérêt à provoquer le monde musulman ?

La réponse la plus triviale c’est : « quiconque croit qu’il y a du fric a faire a produire un tel film » . Soit en misant sur le vaste auditoire que lui garantira sa valeur de scandale, soit plus subtilement en comptant qu’on payera cher pour qu’il ne soit pas mis en marché, soit, encore plus minablement, en faisant simplement en arnaquant un profit immédiat de la différence entre des sommes significatives qu’on peut lever des commanditaires en leur faisant miroiter des ventes mirobolantes et le coût minime de production d’un navet à petit budget.

L’hypothèse triviale ne peut pas être exclue, surtout au vu du passé trouble de celui qui s’en proclame le producteur, mais elle n’est évidemment pas la seule. Ce producteur juif-américain, avec de riches Juifs-Américains comme commanditaires, ne voit-on pas tout de suite le complot sioniste et une tentative pour créer une réaction antiaméricaine dans le monde à laquelle les USA ne pourront réagir que par une riposte contre les États musulmans ? Tout ce qui augmente l’antagonisme entre les USA et le monde arabe n’est-il pas à l’avantage d’Israel ? Alors oublions l’hypothèse triviale du promoteur véreux et pensons complot juif.

Ouaaais …  Mais ce « complot » semble bien facile à percer. Producteur juif, commanditaires juifs, intérêt évident pour Israel…  Israel nous a habitué à mieux. Est-ce que quelqu’un ne tente pas de faire accuser Israel, en mettant de petites miettes de  pain qui conduisent directement à la maison de Mere Grand ?  IL ne manque pas de candidats pour le faire. Ça pourrait etre l’Iran, qui a bien besoin de détourner attention. Les monarchies du Golfe et l’Arabie saoudite ou Le Pakistan, dont les rôle ne sont pas clairs depuis le 911 dont on « célèbre » l’anniversaire. On peut penser aussi complot antisioniste

Mais l’antisionisme n’est pas non plus une trouvaille bien originale. Une recrudescence de l’antiaméricanisme dans le monde musulman, ça sert essentiellement à qui ?  Aux Russes, bien sûr, qui sont dans une position assez difficile présentement en Syrie, et qui n’ont pas la puissance de s’opposer militairement aux USA, sans faire sauter toute la baraque.  Faire de chaque Musulman un allié contre l’Amérique serait pour eux un geste habile… Soyez bien sûrs qu’on y a pensé.

L’antiaméricanisme, toutefois, n’est pas hon plus d’un surprenant machiavelisme. La petite boule de billard n’aurait elle pas une trajectoire plus complexe ?  Car qu’on pense Islamistes, Israeliens ou Russes, il reste que c’est surtout aux USA que ces désordres en pays musulmans vont surtout profiter de en leur permettant de riposter en accroissant leur présence militaire au Moyen-Orient

En mettant encore une fois le blâme sur l’Amérique, a-t-on enfin un scénario satisfaisant ? Hmmm…  pas si vite !  Il ne manquera pas de doigts accusateurs pour soulever cette possibilité, somme toute assez facile, d’un montage par la CIA ou le Pentagone. Or si cette idée d’une manipulation par les USA était reprise par les médias et devenait crédible, elle aurait un impact important sur les élections de novembre aux USA… ce qui ouvre encore plus grand l’éventail des suspects…

Il ne faut jamais oublier, en effet, que pour les Américains, surtout en période d’élections chez eux,  le monde n’est qu’une extension des USA et la politique internationale une facette secondaire de leur politique domestique. Ils jouent entre eux. Nous sommes les pions… ou les boules.

Si donc toute cette provocation s’avère un complot – et soyons réalistes, il est plus probable qu’elle en soit un plutôt qu’une simple bêtise d’un quelconque quidam – les chances qu’ils s’agisse d’une manoeuvre des Républicains ou des Démocrates pour  embarrasser le parti rival sont au moins aussi probables que celles d’une intervention des Juifs, des Arabes, des Iraniens, des Russes ou que sais-je.

Les déclarations qu’on obtiendra du producteur et autres témoins dans les jours et semaines qui suivent permettront de voir à qui finalement les médias voudront faire porter le chapeau et donc a qui profite le crime. Bravo. Mais ça ne s’arrête pas la. Ensuite, on passera à la deuxième étape, qui pourra  faire apparaître comme une manipulation tout ce qui semblera avoir avoir visé à créer la première impression. Et de là à un troisième niveau, comme dans une éternelle partie de papier-caillou-ciseaux. Tout deviendra plus trouble, incertain…

Roosevelt disait qu’il m’y a pas de hasards en politique. Quand on verra dans quelle poche elle aboutit, on pourra supposer que la petite boule – qui aura rebondi sur tant de bandes – a  bien suivi le chemin voulu par celui qui l’a frappée.  Peut-être. Mais rien n’est moins sûr. Le monde est devenu bien complexe. On est dans un billard à mille bandes et on ne connaîtra peut-être jamais le fond de cette histoire. On pleurera les morts et on préparera le prochain coup.

Pierre JC Allard

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« Les 7 », les frères et les cousins…


Je vous demande la permission de quitter aujourd’hui toute prétention à l’universel pour parler simplement boutique. La boutique des « 7 du Québec ». Les 7 se transforment ; voici comment, voici pourquoi et ce que vous pouvez en tirer.

Mais d’abord, un petit rappel. C’est en septembre 2008 que le blogue les « 7 du Québec » a débuté, avec un idéal qui n’a pas changé. http://les7duquebec.com/2008/08/26/v’la-l’bon-vent…/ Depuis, nous avons eu plus d’un million de visiteurs.  Plus du double, en ajoutant, au cours d’une deuxième étape, ceux du journal citoyen CentPapiers dont vous avons pris charge en mai 2010.  Nous commençons maintenant une troisième étape

Incessamment, vous serez accueillis sur « les 7 »  par une page d’accueil  encore plus simple et plus dépouillée qu’auparavant, mais vous offrant  paradoxalement d’un seul clic incomparablement plus de choix.

( VOYEZ ICI LA NOUVELLE PRÉSENTATION DU SITE.)

D’abord, en haut à gauche, vous verrez un billet court  axé sur l’actualité.  Ici, on cherchera  vous dire en trois minutes ce que nous croyons le plus significatif de ce qu’aujourd’hui nous apporte. En-dessous, trois (3) colonnes chapeautées chacune d’un article mis en vedette.  Ces articles parleront de politique, bien sûr, mais aussi parfois de ce qui semblera tout autre chose, puisque la politique a ses racines en tout et produit ses effets partout.  Deux ( 2) de ces colonnes regroupent des articles d’auteurs québécois.

La première correspond à la séquence, avec laquelle vous êtes déjà familiers, des chronique hebdomadaires de ceux d’entre nous qui nous sommes compromis à publier chaque semaine à jour fixe.  L’article  en vedette est de celui dont c’est  aujourd’hui le tour de monter au front. La seconde réunit ceux, que vous connaissez bien aussi, qui sont toujours de garde, mais dont les contributions sans être nécessairement moins fréquentes peuvent être moins régulières.

La troisième colonne regroupe des auteurs d’ailleurs dont nous avons pu constater, depuis des années, que leur pensée et la façon dont ils l’expriment séduisent notre lectorat québécois tout comme celui de l’Héxagone. En participant à ce site, ils contribuent à maintenir entre nos deux volets de la francophonie le lien qui fait de nous, essentiellement, UNE culture francaise.

C’est cette vision d’ailleurs, jointe à celle que nous avons comme Québécois – (comme le regard de droite comme de gauche que nous adoptons sans préjugés) – qui donne son relief à l’image en profondeur que nous voulons diffuser des événements

Nous vous invitons à lire d »abord ces quatre (4) articles quotidiens qui vous sautent aux yeux, mais n’oubliez pas  que ce n’est que la pointe du iceberg.  Il y a les autres ceux qui se font plus discrets. Ceux que vous voyez sont en montre, mais en cliquant sur le nom de vos auteurs préférés, vous trouverez des centaines d’autres articles, nouveaux ou plus anciens, que vous ne voudrez pas rater. Et derrière ces centaines d’articles auxquels vous pouvez accéder sur le site même, il y en a des MILLIERS sur les sites personnels de nos auteurs vers chacun desquels un lien vous dirige.

NOUS VOUS ATTENDONS:  http://les7duquebec.com

Nous espérons que vous aimerez  cette nouvelle version des « 7 du Québec ». Elle n’est néanmoins que le premier pas d’une démarche plus ambitieuse. Depuis que nous avons conçu ce site, l’un de nos objectifs a été d’amener plus de citoyens à s’exprimer. Nous croyons que c’est un élément essentiel de transformation de la démocratie que nous avons ne nous semble plus remplir parfaitement son rôle.

La démocratie, ce n’est pas seulement le citoyen qui écoute, mais aussi celui qui parle. En prenant charge de CentPapiers, nous pensions augmenter considérablement le nombre de ceux  qui voudraient s’exprimer.  Malheureusement, force nous est de constater qu’il n’en a rien été.

Nous voulons donc profiter de cette expansion de ce site « Les 7 du Québec » pour inviter avec encore plus d’insistance les citoyens à s’exprimer et pour leur en faciliter encore davantage la tâche. Si vous avez une texte de plus de 1000 caractères – autre que crassement publicitaire – que vous aimeriez partager, faites le nous parvenir par courriel en cliquant sur le bouton « Exprimez-vous » en haut à droite de la page d’accueil de ce site, en ajoutant la mention : « permissions de publier » . S’il n’est pas injurieux ou raciste, n’enfreint pas autrement la loi et est écrit dans un français correct votre texte sera publié sur CentPapiers.

De même, si un des articles sur « Les 7 du Québec » vous suggère un commentaire de plus de 1 500 caractèress, vous pourrez publier  ce commentaire sur CentPapiers en faisant référence à l’article que vous commentez et vers lequel nous mettrons alors un lien.  Soulignons que cette facon de publier à partir du site « les 7 » ne se substitue pas à la facon habituelle de soumettre des textes a CentPapiers, mais vient seulement s’y ajouter.

Un dernier point. Nous savons par expérience que tous les changements apportés à la manère d’opérer un site web peuvent produire des effets ennhuyeux. Nous vous demandons votre indulgence et les corrigerons le plus tôt possible.  Dans un mois, nous vous demanderons formellement  vos commentaires sur ce que nous aurons fait de ce site ainsi que vos suggestions pour l’améliorer. Nous comptons sur vous.

Votre éditeur

Pierre JC Allard

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Vite, le « juriste de famille » et enfin la justice au Québec

 
 
 

  

On parle beaucoup du « médecin de famille » au cours de cette élection, mais il n’y a pas que la santé qui laisse à désirer au Québec: ily a aussi la justice. Le citoyen ne se reconnaît plus dans le système judiciaire qu’on lui offre. Il est de plus en plus convaincu qu’il n’y a pas de justice au Québec. À cause de quelques « bavures » bien ostensibles, mais surtout parce que c’est trop long et que c’est trop cher.

Le peuple dit « bavure », quand le droit ou les décisions des tribunaux ne correspond pas à son sens de la justice et de l’équité. Entre les affaires Turcotte, Lacroix, Robinson et les cas de quelques innocents qui au contraire ont écopé – comme Michel Dumont et le désormais célèbre Monsieur Hinse – la confiance du citoyen est devenue bien mince. Quand on prefere faire appel à des « justiciers » plutôt qu’à la justice, la societe a un probleme.

http://nouvellesociete.wordpress.com/2009/07/23/lacroix-18-mois-dumont-18-ans/

http://nouvellesociete.wordpress.com/2011/08/03/les-martiens-et-claude-robinson/

http://nouvellesociete.wordpress.com/2011/07/22/mettre-a-lecart-le-fou-qui-a-tue-ses-enfants/

http://nouvellesociete.wordpress.com/2011/05/23/ces-fonctionnaires-de-merde/

http://nouvellesociete.wordpress.com/2009/06/22/montreal-de-la-corruption-a-lextorsion/

La justice en a un encore plus gros, quand l’État et les compagnies d’assurance, mais aussi quiconque a du fric, sont de fait au dessus des lois, puisque quiconque veut obtenir justice devra entreprendre un parcours du combattant dont il sortira ruiné, brisé, détruit, qu’il ait eu tort ou raison. Comment, dans un État qui se dit « de droit », peut on tolérer qu’il faille PAYER pour obtenir justice !

Obtenir justice ne doit rien coûter celui plaide a raison. Il y a diverses façon d’y arriver, mais la meilleure serait en deux (2) étapes

1. De la même façon que chacun doit avoir son medecin de famille, chacun doit avoir son « juriste », payé par l’État par capitation. Le fournisseur de services reçoit un montant forfaitaire mensuel pour chaque citoyen inscrit comme client à ses registres. L’avantage de cette approche est qu’elle laisse à l’individu le choix du professionnel et lui permet de manifester son insatisfaction en changeant de fournisseur, celui-ci étant alors privé du montant forfaitaire mensuel correspondant.

Cette approche évite la concurrence au niveau des honoraires, élimine toute tentation pour le professionnel de rendre le service autrement que de la façon la plus efficace et permet à l’État de déterminer précisément le budget qu’il entend consacrer à la satisfaction de toute demande sociale dont il choisit d’assumer les coûts.

Ce paiement par capitation s’applique parfaitement aux besoins en expertise légale de la population. Chacun a son juriste avec lequel il maintient une relation personnelle continue. S’il ne donne pas satisfaction à son client, le client change de juriste et le revenu du ce dernier baisse. Un litige ne n’apporte pas de revenus supplémentaires au juriste, seulement une charge de travail additionnelle, un litige long une charge plus lourde qu’un litige court. Vous voulez parier qu’il y aura moins de litiges ?

Rien n’oblige un individu à consulter son juriste avant de conclure une entente, mais, ce service ne lui coûtant rien, il le fera; qui veut des ennuis ? Des contrats conclus entre parties dont chacune a son juriste à ses cotés donneront lieu à moins de contestations. Mais on peut faire encore mieux: l’arbitrage

2. En matières contractuelles – la majorité des litiges – le recours de première instance serait toujours l’arbitrage. Ce sont les parties qui choisissent un arbitre. L’arbitre peut-être n’importe qui sur lequel les parties s’entendent et il juge en équité. Les arbitres ne seraient pas payés par capitation par l’État, mais selon entente, par ceux qui recourent à leurs services.

Si un litige survient, les parties doivent se choisir un arbitre. Si les parties ne peuvent s’entendre en dix (10) jours sur le choix d’un arbitre, le Tribunal en désignera un sur requête de l’une ou l’autre des parties et ce sera alors un juriste. Ses honoraires seront forfaitaires, fixés selon un barème relié au montant en litige. Ils ne devraient représenter qu’un petite fraction des coûts actuels et seraient imputés aux parties selon leur responsabilité, telle que déterminée par l’arbitre

La décision de l’arbitre serait exécutoire. Chacune des parties peut demander la révision par le Tribunal Civil et même s’adresser ensuite à la Cour d’appel, mais l’introduction d’une demande de révision ou d’un appel, toutefois, ne retarderait jamais sauf injonction l’exécution de la décision initiale. Exécution sans préjudice au droit à des dommages réellement compensatoires si cette décision initiale était finalement renversée.

Un juriste “de famille” en soutien permanent, Un arbitrage en équité, une révision au niveau du Tribunal et une possibilité d’appel. Tout ca “toutes affaires cessantes, sans interruptions, et sans frais pour quiconque a plaidé a bon droit. Ce serait enfin la justice.

Seul obstacle ? Les intérets corporatistes des avocats. Comme les intérêts corporatistes des professionnels de la santé sont le seul obstacle à ce que nous ayons les ressources médicales et infirmières nécessaires et en recevions les services dont nous avons besoin.

Pierre JC Allard

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Médecin ami ou médecine ennemie

On parle ad nauseam dans cette election du médecin de famille, comme s’il y avait là matière à discussions. Il n’y en a pas. Nous savons tous très bien que le médecin de famille est la clef de voute du système de santé et je l’écrivais il y a plus de 20 ans… http://wp.me/p59O0-5V

Le débat actuel ne porte donc que sur les couts et les échéanciers. Un débat de totale mauvaise fois, puisque le noeud du probleme est la volonté des médecins de ne PAS ajuster les resources médicales aux besoins.

Ajuster les ressources médicales aux besoins, ce serait en avoir plus dont la rémunération unitaire diminue, parce que leur coût de formation est réduit et leur charge de travail réduite, ce qui est possible et opportun si les tâches qui constitent la maquelle des services à rendre à la population sont redistribuées.

C’est ce que les médecins en bon corporatistes ne veulent pas. L’ennemi public numéro 1, ici, c’est le corporatisme medical. Le drame, c’est l’hypocrise générale qui fait qu’on ne l’admet pas. On est encore dans la logique nefaste – CRIMINELLE – qui a conduit en1996 le Gouvernement du Québec à pousser vers la porte une partie non négligeable des médecins et infirmières en exercice.

J’ai dit à l’époque tout le mal que je pensais de cette décision (Le Prix Mengele). Le Québec ne s’est jamais remis de ce sabotage de l’excellent réseau de santé que l’on avait mis une génération à y bâtir à grands frais. Nous ne nous sommes jamais remis de ce renoncement à faire mieux pour accepter lâchement de devenir moins.

On a réduit alors le nombre des médecins au Québec, parce que les médecins, payés à l’acte, y coûtaient trop cher. Un médecin payé à l’acte fixe sa propre rémunération, puisqu’il peut compenser une baisse du nombre de ses patients par une augmentation des actes médicaux par client. L’État n’a donc pas de contrôle réel sur le revenu d’un médecin. Pour diminuer les coûts, au poste de la rémunération des médecins, l’État n’a pas d’autre solution que d’en diminuer le nombre.

Diminuer le nombre des médecins, alors que les progrès de la médecine exigeraient plus de ressources, signifie une détérioration progressive des services. Aujourd’hui, on console les Québécois du délabrement du système de santé en promettant une hausse prochaine des effectifs. Bravo, mais penser que l’on va régler ainsi le problème suppose qu’on a oublié pourquoi, jadis, on les avait réduits, Augmentez les effectifs et les coûts de la médecine vont augmenter et devenir intolérables. Après un intermède qui permettra aux gouvernants actuels de terminer leur mandat et de prendre leur retraite, on sera prêt pour le déluge. Le Québec pourra alors choisir, définitivement, cette fois, la voie de la privatisation

Un État qui veut maintenir la gratuité et l’universalité de la santé doit-il nécessairement choisir entre le sous-développement ou la ruine, ou y a-t-il une issu à ce dilemme? OUI ! Il y en a une. La solution passe par une rationalisation de la rémunération des ressources médicales et, si l’on veut un système de santé gratuit et universel de qualité, en n’y consacrant que les ressources qu’une société peut se permettre, il faut procéder à cette rationalisation, en deux (2) étapes.

Premièrement, pour les omnipraticiens et les spécialistes dont l’intervention auprès de leurs patients est récurrente ou de longue durée et devrait comporter une part de prévention, il faut remplacer le paiement à l’acte par un régime de capitation. Ce n’est pas une trouvaille, ce régime fonctionne un peu partout. Même aux USA, où ce sont les assureurs qui en tirent parti !

Pour mettre en place ce mode de paiement, chaque détenteur d’une carte de santé s’inscrit aux cabinets du généraliste et des spécialistes de son choix. Le montant de la capitation, pour chaque type de patient, est fixé par négociation et chaque médecin payé selon le nombre de ses clients inscrits. Puisque l’on connaît la population inscrite, le budget de l’État est sans surprises.

Il reste encore, bien sûr, des spécialistes dont l’intervention est ponctuelle et ils sont encore payés à l’acte; mais ce sont ceux dont les « actes » sont bien identifiables. Les statistiques permettent de fixer le coût des interventions pour assurer aussi à ces spécialistes le revenu moyen que l’on souhaite.

Ayant rationalisé ainsi avec équité la rémunération des médecins en place et respecté les droits acquis, on peut, dans une deuxième étape, se doter pour l’avenir des ressources médicales que va exiger une demande pour la santé que les progrès de la médecine et le vieillissement de la population vont faire exploser. Il ne faut pas tenter de répondre à cette demande en créant plus de spécialistes à salaires faramineux (On a parlé de 9 fois le salaire moyen, au Québec !)

Une société n’en a pas les moyens et, surtout, ce n’est pas nécessaire. Au lieu de spécialistes dont la rémunération exorbitante est au moins en partie justifiée par une formation prolongée – 6 à 10 ans, au Québec – il faut, dans une deuxième étape, créer une nouvelle classe d’intervenants qui recevront, DANS LE DOMAINE DE LEUR SPECIALITÉ, une formation identique à celle des spécialistes actuels, mais dont la formation de tronc-commun aura été réduite à un an.

On donnera à ces intervenants spécialisés le titre que l’on voudra, mais, dans l’avenir, ils pourront prendre en charge l’immense majorité des tâches des spécialistes actuels. Il est bien difficile de croire que psychiatres, ophtalmologues et obstétriciens doivent tous, pour être performants, passer 4 ou 5 ans à apprendre la même chose. Parmi ces nouveaus spécialistes, il doit y en avoir un dont la tâche est de suivre le citoyen. Chaque citoyen. Pour la prevention, le diagnostic et l’aiguillage vers les autres specialists, pour le réconfort. C’est LUI LE MÉDECIN DE FAMILLE

En allégeant ainsi les programmes, on ne réduit pas seulement les coûts de formation ; on ramène surtout les attentes de revenu des nouveaux spécialistes au niveau de celles des autres diplômés universitaires formés en 4 ans. Si ce nouvel intervenant touche le tiers ou la moitié de la rémunération d’un spécialiste actuel, on peut en avoir deux ou trois fois plus. On peut en avoir assez pour une médecine humaine, ouverte à l’innovation. Les délais d’intervention et les listes d’attentes disparaissent. La rareté disparaît. L’offre devient abondante: c’est une nouvelle dynamique.

On espère que, durant la présente période électorale, les partis en lice diront aux Québécois POURQUOI ils ne considèrent pas cette approche.

S’ils ne le font pas, on pourra penser que prévaudra bientôt au Québec la même situation qu’aux USA, où songer à réduire le revenu des médecins est une idée séditieuse, blasphématoire…. puisque l’American Medical Association est la PREMIÈRE source de financement des partis politiques ! Aux USA, ce qui devait être plus de services pour la population a été manipulé pour devenir plue d’OBLIGATIONS au profit des assureurs ! Le Québec doit faire plutôt le choix de la solidarité.

D’abord ce choix . Il y a des détails à régler, mais en discuter en période électorale rendrait le débat complexe et ingérable… ce qui est bien ce que veulent les défenseurs du corporatisme médical ! Basta, donc. ! Pour les esprits curieux, toutefois, je répondrai avec plaisir aux questions sur les 80 textes traitant de cette question dans la section “Santé” du projet Nouvelle Société. http://wp.me/P59O0-5N

Pierre JC Allard

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La bataille de Westmount-St-Louis

Waterloo, Trafalgar, Austerlitz…. Les grandes batailles qui changent des choses peuvent avoir lieu dans les endroits les plus inattendus. Peut-on s’imaginer qu’une décision cruciale pour l’avenir du Québec soit prise dans la circonscription de Westmount-St-Louis ? Et pourtant, ce que vont faire le 4 septembre les électeurs de ce qui est en fait le centre-ville de Montréal va apporter un message d’une extrême importance. De quoi s’agit-il ?

D’une fracture et d’une resoudure. Pensez à un os qu’il va falloir remettre en place, si on veut enfin marcher droit. Une opération qui tôt ou tard se fera, mais dont il faut voir si elle se fera maintenant ou sera remise à plus tard…. au risque de claudiquer encore péniblement pendant des années. Laissez-moi expliquer.

Il y a des lustres qu’on fait chambre à part, au Québec, entre Francophones et Anglophones, avec un partenaire qui a sa valise tout prête pour aller vivre ailleurs. Mais il n’y a pas que le partage du patrimoine qui inquiète. Il y a aussi les chats, le canari, le jardin qu’on a sarclé ensemble, les vieilles photos et quelques bons souvenirs. Il y a l’odeur du café pris avec l’autre avec plaisir…

Alors on se chamaille, on se tolère un jour de plus et, après cinquante ans de cette valise qui s’empoussière dans un coin du salon, il y a même des jours où l’on se demander si, après tout, on ne pourrait pas arrêter de faire semblant de se détester et même se laisser aller à s’aimer un peu….

Il n’y a pas de signe plus clair du clivage entre Francophones et Anglophones au Québec que l’attachement inconditionnel de ces derniers au Parti Libéral du Québec. Se sentant menacés, ceux-ci en ont fait le bastion de la résistance à une possible sécession. Pas bête… Mais, avec le temps, ils sont devenus les otages de ce Parti. Ils se sont retrouvés à défendre par inadvertance d’autres « valeurs » qu’on y a hypocritement glissées, précisément pour tirer avantage de cette clientèle captive que constituait l’électorat anglophone. Des valeurs qui NE SONT PAS les valeurs traditionnelles dominantes de cette communauté.

Historiquement, la communauté anglophone a été laïque et à gauche bien AVANT que la communauté francophone ne le devienne. Je me souviens du temps où le CCF puis le NPD, le RCM et les premières lueurs dans la “grande noirceur” brillaient à NDG avant Hochelaga-Maisonneuve… Il aurait été logique que Anglos et Francos se rejoignent à la Révolution Tranquille, dans une volonté commune de progrès social.

Il a fallu que ceux qui profitent de la zizanie montrent alors une géniale malfaisance, pour empêcher que cette évolution ne culmine pas dans une fusion plus étroite des communautés culturelles du Québec, mais conduise plutôt à une querelle ethnocentrée réactionnaire… et sans issue. Nous avons été manipulés.

La scission politique soigneusement entretenue au Québec atteint aujourd’hui un nouveau sommet dans la perversité, alors que 18% seulement des Francophones soutiennent encore le Parti Libéral du Québec…. tandis que 82% des Anglophones persistent à le faire. Ces derniers le font, aujourd’hui, au risque de se percevoir eux-mêmes comme complices après le fait – ou au moins comme témoins passifs bien complaisants – de ce qui pourrait se révéler cet automne comme la plus grande affaire de corruption de l’histoire de ce pays.

Pourtant, fermer les yeux sur la gabégie, le favoritisme, la corruption et l’infiltration de l’appareil de l’État par le crime organisé ne fait pas partie des habitudes notoires de la culture anglo-saxonne. Dans la mesure où cette culture à imprégné la population anglophone du Québec, on peut raisonnablement s’attendre à ce que celle-ci se dissocie des gestes contestables posés par le régime Charest… et manifeste son désaccord en ne VOTANT PAS pour le Parti Libéral du Québec le 4 septembre.

Ne pas voter pour le PLQ, mais encore faut-il qu’elle puisse ne pas le faire sans renier ses autres attentes et autrement qu’en s’abstenant de voter. Que peut faire aujourd’hui l’électeur qui ne veut pas accorder un vote de confiance au Parti de Jean Charest, mais ne veut pas non plus donner son aval à une option indépendantiste et reste sceptique quant aux intention réelles des uns comme des autres ?

C’est le but de ma candidature dans Westmount-St-Louis. Je propose à cet électeur en errance un candidat sans affiliation partisane, m’engageant solennellement à ne voter à l’Assemblée nationale qu’après avoir consulté mes électeurs sur chaque vote significatif et en votant alors dans chaque cas SELON LES PRÉFÉRENCES QUE CEUX-CI AURONT EXPRIMÉES

En élisant un candidat qui n’obéit aux directives d’aucun parti – mais suit les instructions de ses seuls commettants – on crée un petits îlot de vraie démocratie dans notre vaste espace politique où celle-ci n’est plus qu’une parodie. La grande bataille de Westmount-St-Louis, elle va se passer dans la tête de chaque électeur, lequel devra décider s’il va cautionner par simple habitude un Parti qui ne représente plus en aucune façon ses valeurs… ou s’il va mandater à Québec un député qui l’informera régulièrement et lui permettra de choisir pas à pas le meilleur chemin vers l’avenir que lui l’électeur veut suivre.

De la fracture du lien qu’on croit a tort obligé entre lui et le Parti Libéral, l’électeur va tirer une nouvelle liberté. C’est beaucoup pour la démocratie, mais il y a plus. Si électeurs anglophones comme francophones font front commun contre la corruption, ils se souviendront du même coup qu’il partagent des valeurs profondes et peuvent se faire confiance.

On verra que cette valise qui amasse la poussière dans un coin ne répond plus à une véritable volonté de partir, laquelle à été surtout celle d’une autre génération. On verra, aussi, que la peur d’une sécession a été cultivée et instrumentée depuis des décennies, par le PLQ et ses commanditaires, pour imposer à la population anglophone de soutenir de fausses valeurs qui ne sont pas les siennes.

J’ai recueilli des centaines de signatures pendant des jours dans Westmount-St-Louis. Ce faisant, je n’ai rencontré que CINQ (5) personnes qui ne parlaient pas français. On est très, très loin des mythes d’intolérance qui ont été trop longtemps véhiculés. On pourrait peut-être recommencer à aimer nos chats et à sarcler le jardin ensemble.

Pierre JC Allard

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Démocratie ? Un jour, au bout d’un long voyage…


Tel qu’annoncé, je me suis mis en campagne électorale. Candidat indépendant. Un test pour le démocratie…  On m’a refusé hier aux appartements « La Cité »  – 1 600 logements – la permission d’y solliciter des signatures pour que je puisse officialiser ma candidature. Trois (3) résidents m’ont confirmé que les mandataires du Parti Libéral avaient quadrillé les mêmes édifices la veille dans le même but.  On ne prête qu’aux riches… ou à ceux dont on croit qu’ils vont vous enrichir.

Quelques naïfs croient-il encore que nous soyons dans une démocratie ?   Nous obéissons aux lois faites par une oligarchie pour ses propres intérêts. On feint de donner un choix à la population en lui présentant bonnet banc et blanc bonnet et on l’amuse à la faire voter.   Chaque parti vient dire tout et son contraire en se gardant le droit de s’en dédire.   Le PQ fera la Plan Nord et développera le gaz de schiste… tout comme le PLQ.

Et soyez sûr que, sur un appel de Sagard,  la CAQ ou le PLQ demanderait  d’Ottawa, en cas d’Union Nord Américaine, une « autonomie »  qui ramènerait au Québec plus de vrais pouvoirs que la souveraineté-association de Lévesque n’en prévoyait !

La démocratie est un leurre. Une histoire pour endormir les enfants. On a dit « si les élections pouvaient changer quoi que ce soit, elle seraient interdites» .  En fait elles le sont.  La politique du gouvernement que nous aurons est déjà approuvée et s’appliquera. Les partis sont permis car ils ne prennent le pouvoir que s’ils sont intercheangeables

Des députés indépendants ne sont pas les bienvenus. Parce que des députés non alignés sur les comptines des partis poliques bien pensants risqueraient de changer quelque chose, ne serait-ce que poser une question inopportune, on fera TOUT pour qu’il n’y en ait pas.  On veut que les discussion à l’Assemblée nationale demeurent du bien ficellé. Du déjà-vu, de l’insignifiant émaillé uniquement, pour éviter le soporifique, d’insultes molles et de quelques quasi-grossièretés .

Un débat de fond sur une question sérieuse ?  N’y pensez même pas.  On renverra à un Comité qui pondra un épais rapport alambiqué qui dira de faire mieux ce que l’on fait déjà et on passera à autre chose: on changera la loi et la société, quand ceux qui ont le pouvoir jugeront qu’il est de leur intérêt de les changer. Ou on créera un Commission qui nous fera un « treize-semaines »  de prime time pour Radio Canada, puis on conviera à l’incendie publique rituelle des  écuries d’Augias, après avoir mis les chevaux et le foin en sureté et n’y oubliant qu’un ou deux palefreniers  qui parlent trop ou en ont vraiment trop vu.

Aujourd’hui la démocratie est un leurre. La population vote ce que la publicité lui dit de voter. On prétend rendre la publicité électorale équitable en la limitant à deux (2) volets :  1) les commentaires dans les journaux –  TOUS CONTRÔLÉS PAR LE SYSTÈME ! – et 2) le viol du subliminal des badauds, par des affiches qui coûtent beaucoup d’argent… et ne montrent dès lors que ceux qui ont recu l’imprimatur potest du Systeme..

Cette année, l’Internet et Twitter sont en tentative d’évasion, mais il y a une longue traversée du désert. Voyons jusqu’où ils pourront aller. Bien improbable qu’ils aillent très loin, puisque le Systeme balise un route étroite dont on ne peut s’écarter, hors laquelle il n’y a pas de points d’eau, ( Lisez des guichets automatiques bien approvisionnés qui vous sont accueillants)  Une élection marche sur deux pattes, dont la première est la pub et la deuxième la corruption.

On ne peut aller très loin sans changements majeurs. Une vraie démocratie commencerait  par l’élection du gouvernement au scrutin universel, toutes circonscriptions confondues. On choisirait le Gouvernement pour son programme; c’est un « contrat» avec la population  et il devrait l’accomplir, sous peine d’être révoqué par une Assemblée composée de députés, un par circonscription.

Ces derniers seraient choisis pour leur crédibilité et élus par un vote distinct de celui pour le choix du Gouvernement  La première exigence pour un député  serait donc qu’il ne soit préjugé en faveur d’aucun parti, puisqu’il devra juger des gestes posés par le Gouvernement issu de l’un des partis !

Un vrai député DOIT être indépendant, sans quoi il ne sert à rien d’avouable. Universaliser cette approche du  gouvernement vraiment responsable – et du député  représentant vraiment ses électeurs – introduirait une nouvelle démocratie.  Beaucoup le souhaiteraient, quelques-uns… non.

Tôt ou tard il y aura une épreuve de force et il faudra chosir son camp.  Lisez donc ce rapport  et ces quelques notes sur ce que pourrait et devrait être la démocratie.Puis agissez selon votre conscience.

En 2012, au Québec, élire ne serait-ce qu’UN député indépendant votant selon sa conscience serait un premier pas, une geste précurseur d’une possibilité de changement.  J’aimerais assez être celui par qui ce « scandale » arrive, tout en étant conscient qu’il pourrait m’en valoir des malheurs.  Mais il n’est pas réaliste de même y songer

http://nouvellesociete.wordpress.com/2007/06/17/lassemblee-legislative/

Pierre JC Allard

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Élections au Québec: les arbres et la forêt

 
 

 

Je vous ai annoncé, la semaine dernière, que je serais candidat aux élections de cet été au Québec. Pourquoi ? Pour dénoncer d’abord le rôle inutile dévolu aux députés que l’on va envoyer à l’Assemblé nationale et l’indifférence des citoyens quant à la faisabilité des programmes que proposeront les partis. Ces deux vices suffisent à faire de notre démocratie un leurre, mais il faut y ajouter le contrôle de l’information par les médias – tous aux ordres du système en place – et une corruption assumée et affichée.

Corruption ? Je ne parle pas ici de la corruption des individus – un autre sujet – mais de la coutume ahurissante de briguer OUVERTEMENT les suffrages en offrant à chaque groupe de le privilégier, ce qui n’est possible, bien sûr qu’au détriment des autres. Dire aux vieux et aux jeunes, aux chômeurs et aux étudiants, aux malades et aux assisté sociaux, au francophones et aux immigrants, aux agriculteurs et aux commerçants qu’on va spécifiquement leur donner un avantage à eux et pas aux autres, c’est la négation même de la gestion éclairée de la chose publique. C’est acheter des votes au détriment de l’intérêt général qui devrait toujours être le seul critère.

Une campagne électorale qui repose sur un milliard de dollars (1 000 000 000 $) de promesses ciblées pour satisfaire des besoins locaux, c’est l’ultime version du « diviser pour régner », à la sauce « démocratie ». C’est une infamie de le faire et une incroyable bouffonnerie de le dire. Notre façon de faire des élections est ridicule, ignoble, inefficace si on cherche vraiment à vivre en démocratie. On la croirait stupide… si on croyait un seul instant que son seul but n’est pas de cacher la vraie gouvernance qu’exerce une oligarchie qui ne nous dit jamais son nom ni ses objectifs.

Si qui que ce soit veut engager le débat sur cette question, je suis son homme. On sauvera bien du temps, toutefois, si vous lisez d’abord ce bref mémoire présenté en Commission parlementaire et très bien accueilli alors par tout le monde… avant d’être définitivement occulté.

Nos élections sont quelques arbres qui cachent la forêt du pouvoir… et on ne sait ni qui ni quoi se cache dans cette forêt. À remarquer que cette métaphore s’applique aussi à la campagne électorale pour rire qu’on va nous faire. Pourquoi pour rire ? Parce que, cette fois comme toujours, le choix restreint des thèmes dont on débattra durant cette campagne sera sciemment réducteur.

Ni vous ni moi ne pourrons contribuer significativement à en établir l’ordre du jour, le choix des enjeux sera celui des médias. Quoi que vous disiez, quoi que dise un candidat ou même un chef de parti, la discussion ne lèvera que si les médias en font la promotion constante. Cela est prévu, les thèmes sont déjà choisis, chacun bien pointu, mais présenté comme emblématique d’un pan entier de la forêt des questionnements de la société.

Chaque thème, adoubé par la presse avec ses sous-thèmes, comme autant de questions à choix multiple de réponses, va devenir cosmétique. Comme ces lisières de sapins bien taillés cachant l’« horreur boréale » dont parlait Falardeau. C’est de ces thèmes qu’on va discuter … et de rien d’autre.

Tenez, vous vous intéressez à l’éducation ? À la formation professionnelle ? À l’apprentissage, au rôle de jeunes dans la société ou à tout autre sujet connexe ? Allez faire la queue au micro « Conflit étudiant » et prenez position sur les frais de scolarité. Ne touchez pas à la pédagogie, à la didactique, à la quantité ou la quantité des enseignements et encore moins à celles des enseignants. Ne référez pas à la notion de culture, aux valeurs, ni aux besoins du marché du travail, sauf pour répéter des lieux communs. Ne soulignez pas de liens avec les médias, même dans le cadre d’une éducation permanente et n’approchez même pas des concepts de docimologie et de reconnaissance des acquis . Soyez simple. Soyez simplistes

En éducation, ne parlez que de frais de scolarité. Vous êtes pour ou contre ? Combien doit-on y mettre? Ne vous égarez pas, car on est nombreux en file au micro. … « Moi, je pense que… ». Comme le citoyen lambda n’a absolument pas les connaissances pour en discuter, il dira n’importe quoi, écoutera distraitement ce qu’on lui en rabâchera, puis repartira avec son opinion inchangée, celle-ci tout entière fondée sur ses préjugés de départ et ce qu’il a lu dans les médias ce matin de ce qu’on dit la veille d’autres lambdas, parlant au même micro.

Autre exemple. Vous êtes un fan de l’économie ? Chanceux, vous avez deux (2) micros ! Le chômage pour vous est une réalité ? La maîtrise des Québécois sur leurs ressources vous préoccupe ? La relation avec les Autochtones vous intéresse ? Passez d’abord au micro « Plan Nord » .

A ce micro, « Think big », comme dirait Elvis Gratton. Tout de suite – enfin, presque – on va créer des emplois dans les marches éloignées du royaume. Beaucoup d’emplois. Ensuite, un gros pactole. Gros travaux, gros investissements étrangers et grosses commissions. Ici, rien de mesquin : on ne parle que milliards. N’évoquez pas de conséquences à long terme et ne faites pas allusion à ces villes qu’encore une fois on fera et défera…

Concentrez vous sur le développement précaire à moyen terme, avec un horizon de 15, 20, 25 ans. Dans 20 ans, combien de nos politiciens, sauf Leo BB, seront encore là ? Serez-VOUS là dans 20 ans ? Alors restez donc sur l’important du moment présent : les « prix par tonne », les redevances, les pots-de vin à éviter et les droits ancestraux des Cris et des Inuits. Le reste, comme dirait l’Ecclesiaste, est « poursuite du vent ».

Après le micro « Plan Nord », surtout si l’environnement vous intéresse, passez au micro « Gaz de schiste ». Juste un minute, car c’est plus technique. Comme vous n’y connaissez rien et que ceux qui s’y connaissent, évidemment, ne diront rien, affirmez simplement ici votre loyauté à Gaïa et votre amour inconditionnel du Vert. Dites aussi, toutefois, dans la même phrase, que tout ce qui enrichit le Québec est du pain béni, qu’il faut s’affranchir de la tyrannie énergétique des Arabes et des Albertains et que le prix du pétrole a la pompe est insoutenable. Ensuite, on attend de vous que vous vous taisiez et attendiez, comme un vrai démocrate qui a fait son devoir.

Ne cherchez pas de troisième micro pour parler d’économie. Secteur industriel, secteur tertiaire, exportations, la dette publique, le système bancaire, réforme fiscale… Néant. Cette année, c’est la fête du secteur primaire – en fait, de la branche extractive du primaire, exclusivement – ce qui, pour le développement économique, nous met dans le même club que les gens du Sahel. Fin du dossier « économie ».

Et à part l’économie ? Allons, allons, soyons sérieux ! Avec la « crise », croyez-vous que c’est le moment de parler d’autre chose que d’économie ? Musarder sur la santé, la justice,la culture, le revenu garanti, le rôle des secteurs public et privé, les services sociaux, la démocratie ? Pourquoi pas un projet de société et le sens de la vie pendant qu’on y est ! Il n’y aura pas d’autres micros pour parler de quoi que ce soit cette année. Ou plutôt, si, j’oubliais, on parlera aussi de souveraineté. Mais comme on n’aura rien de neuf à en dire…

Cette année, il semble qu’on parlera peu de la forêt. À moins qu’on ne tasse un peu les arbres, pour y voir clair et entrevoir ce qui s’y cache. On va essayer…

Pierre JC Allard

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Pourquoi je serai candidat aux prochaines élections


D’abord, pour garder la forme, bien sûr. Voir si je pourrai, comme il y a huit ans, marcher du matin au soir en montant des escaliers et faire mes 500 km durant la campagne électorale.  Aout, septembre, quelle jolie saison, pour faire des élections au Québec !  Il est sympa, notre Premier Ministre. Espérons que ce ne sera pas une fausse rumeur et qu’il ne nous renverra pas en février !

Février, avec les snowbirds en Floride, qui sait quel biais ça introduirait aux résultats… Pas que ça ait une quelconque importance, mais qui suivrait les « Soirées de Lutte » à la TV, si les lutteurs ne frappaient pas très fort en heurtant le matelas et ne faisaien pas des grimaces ?   Il faut montrer une belle démocratie et donc ce sera une fin d’été.  Bravo. !  Je vais pouvoir marcher et garder la forme.

Je vais même faire plus. Parizeau nous ayant déjà dit qu’« au Québec on pouvait faire plusieurs choses en même temps », je vais donc marcher, mais en profiter pour parler un peu, aussi …  Pas parler à n’importe qui : parler aux Anglais. « «Anglais », ici au sens large, signifiant anglophones.  Je vais profiter de cette campagne pour peaufiner un peu mon anglais.   Pour m’assurer  que, quoi qu’il arrive, je pourrai toujours prendre un café grec, manger des sushis, des tapas, des arepas, un spaghetti ou un chowmein sans avoir l’air d’un étranger.

Peaufiner mon anglais va orienter ma démarche électorale. Oh, je sais bien qu’on peut tout faire en anglais à Montréal, même à Hochelaga, mais pourquoi risquer  une immersion contaminée par des idiotismes et truffée d’expressions québécoises ?   Le choix réel Charest-Marois qui est le seul qui nous reste prouvant que nos yeux de Québécois « pure laine » sont parfaitement fermés, je vais aborder cette élection avec les yeux des autres.  Je vais me dépayser.

J’hésite pour l’instant entre D’Arcy-Mcgee,  NDG,  Westmount… D’autres suggestions ?  Puisque je ne traiterai pas de problématiques locales dans cette campagne, le seul  facteur important pour le choix de la circonscription est que le résultat n’en soit pas en doute…   Je ne voudrais pas risquer de faire pencher la balance dans un scrutin serré.

Je sais de bonne source qu’on ne me le pardonnerait pas car, en 1994, alors que catastrophé par la navrante campagne qui se profilait je m’étais présenté à la Mairie de Montreal, pour y insuffler un peu de vie,  on a décidé  de m’exclure SPÉCIFIQUEMENT des débats médiatisés.  Un responsable m’avait expliqué, avec une grande franchise que, n’ayant pas un « parti » je n’étais pas un candidat sérieux, mais que la façon dont on m’avait vu  débattre laissait craindre que je puisse faire mal paraître les « vrais » candidats….   Il est resté de cette aventure quelques propositions pas trop bêtes que j’ai léguées au domaine public et que les curieux peuvent voir.

Donc, soyons sérieux, il est TRES improbable que je sois élu. A quoi  donc pourra  bien alors servir  ma candidature ?  À attirer l’attention sur quelques vices et petits travers de notre « démocratie pour rire »… puis à donner aux électeurs l’occasion de dire NON au  système. Non à ce choix d’alternance PLQ – PQ , dont on peut très bien ne PAS vouloir sans trouver amusant de jouer du QS ou de la CAQ pour enjoliver le tableau.  Voter pour un indépendant, c’est une abstention, mais en plus appuyé :-)

Quels sont ces vices et travers qu’il faut dénoncer ?

D’abord, la totale inutilité du député.  L’électeur vote pour un parti et son programme. Il ne veut rien savoir du candidat, ne l’écoute pas et ne veut même pas le voir.  Le sort des transfuges qui changent de partis et croient naïvement que leur popularité les fera réélire est l’expression pathétique de cette réalité.  Je m’attends à être bien reçu par tous les électeurs.  Je parie qu’ils me trouveront sympa… mais, normalement, ils ne voteront pas pour moi et ne se souviendront même pas de mon nom.

L’électeur SAIT que son député n’a aucun pouvoir et ne le représente pas, mais est un jeton entre les mains du chef de son parti. Si on n’aime aucun des programmes, la logique normale est de ne pas voter… ou, si on est vraiment furax, de voter pour un indépendant qui sera une épine au flanc du système.  J’aimerais donner une occasion aux “furax” de se lever et d’être comptés.

Ensuite, autre travers, le désintérêt absolu des citoyens lambda pour toute idée un peu complexe et pour tous les MOYENS de réaliser les plans qu’on lui propose.  Le citoyen veut répondre OUI ou NON  à une idée simple et essentiellement émotive. Le « comment » des politiques l’ennuie. Priorité, donc, aux concepts comme Dieu, Patrie, Liberté, Justice ou n’importe quoi qui fait consensus parce que  chacun le définit a sa façon.  La cohérence importe peu. Ça gêne normalement peu l’électeur que tous les partis promettent d’augmenter les services, de diminuer les taxes et de réduire la dette et tout ca en même temps …! Sauf quand l’électeur est furax, bien sûr…

L’opinion de l’électeur québécois est normalement déjà faite quand la campagne électorale commence. Elle repose sur son choix viscéral pour ou contre l’idée de souveraineté,  modulé par sa sympathie et sa confiance envers le leader qui défend celle de ces deux options qu’il préfère. Les seules variables pendant la campagne sont cette confiance et cette sympathie,  lesquelles peuvent croître ou décroitre par l’action massive et bien coordonnées des médias, puisque le message médiatique est le seul intrant significatif que reçoit l’électeur.

Tout passe par les médias et c’est donc sur ce point que doit travailler quiconque veut apporter sa pierre et avoir au moins un tout petit impact sur l’évolution des choses. Au cours de cette campagne, j’enverrai quelques textes aux médias – avec copie sur http://nouvellesoc1ete.wordpress.com –   suggérant  des changements concrets, non pas à la structure même de la société, mais aux services qu’on peut rendre à la population, puisque c’est à ce palier qu’il est réaliste aujourd’hui d’intervenir à court terme.

Mais si tout se règle dans les médias, pourquoi être candidat, aller marcher et serrer des mains ?  Parce que les médias chercheront à ignorer toute proposition nouvelle qui ne viendra pas du PQ ou du PLQ.  Par apathie, mais aussi par crainte d’être ensuite accusés d’avoir, par inadvertance, diffusé des  idées qui pourraient déranger. Or, il est juste un peu plus difficile d’ignorer complètement quelqu’un qui s’est porté candidat et qui est VISIBLE.

Les médias vont d’abord ignorer mes propositions. Mais si certaines de ces propositions sont reprises sur le web, le petit caillou dans la chaussure deviendra plus gênant.   Le plus gênant n’étant pas les propositions elles-mêmes, mais l’évidence éblouissante du soin qu’on met à les occulter et à ne pas en débattre…

Le résultat le plus tangible de ma candidature sera alors que quelques-uns qui ne le voyaient pas encore puissent prendre conscience de la mauvaise foi du système et de l’acharnement de nos gouvernants à garder toute leur attention sur leur propre enrichissement sans PERDRE UNE MINUTE DE LEURS TEMPS à résoudre les problèmes de la population. Cette prise de conscience n’est pas sans valeur.

Quand vous verrez  les Chefs de partis dans le débat télévisé, regardez leurs visages et leurs mimiques, puis fermez les yeux, écoutez le son et le timbre de leur voix puis suivez votre instinct et demandez vous : cette personne  s’intéresse-t-elle VRAIMENT à moi, à ma vie et à mes problèmes ? Est-ce que je crois qu’elle veut VRAIMENT faire un effort pour m’aider ?

Ensuite, allez voter selon votre conscience

Pierre JC Allard

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Et maintenant la Syrie…

Je viens de voir les nouvelles qui rapportent encore un massacre en Syrie.  Il y en a un tous les jours. Il est clair que l’on veut entrer a Damas et créer l’anarchie en Syrie. Apres la Libye, l’Afghanistan, l’Irak….  Pourquoi ?  J’ai retrouvé un article que j’ai écrit il y a peut-être une dizaine d’année… Il est encore d’actualité. Plus que jamais. Avec le recul, je crois même qu’on comprend mieux ce l’on a fait et ce qu’on veut faire….  Je vous le présente sans y rien changer . pjca

***

Dessine-moi un monstre….

J’ai bien voyagé en pays musulman. Depuis longtemps. Tunisie, Algérie en 1956. Ghardimaou, à la frontière où les forces françaises m’ont retenu – poliment, je le souligne – le temps de s’assurer que je n’étais pas ce journaliste canadien, dont on les avait prévenus de la venue et qui viendrait voir de près ces histoires d’atrocités. Ce n’était pas moi…. . Beyrouth, en 1958, avec les Américains — déjà ! — sans qu’on sache trop ce qu’ils y faisaient. Au cours des ans, Damas, Bagdad, Téhéran, Karachi, Kandahar… L’Égypte, le Maroc et j’en passe Je me suis beaucoup déplacé. J’ai connu des pays musulmans avant.

Avant quoi ? Avant la guerre de 6 jours, avant le premier choc pétrolier de 1973. A l’époque où, si on parlait de terrorisme et de bombes à Jérusalem, ce n’était pas d’eux qu’on se souvenait. Des femmes voilées, à Téhéran ? Vous voulez rire ! Ce qui s’en rapprochait le plus, c’était de merveilleuses créatures juchées sur 10 centimètres de talons, laissant au passage des effluves de Chanel No 5 et arborant une voilette transparente. A Beyrouth, encore moins, sauf au Casino du Liban, ou au Saint-Georges, dans les spectacles, bien sûr. Même au Caire, on n’en voyait qu’en périphérie, ou dans les quasi-souks, là où on allait pour le pittoresque, manger des taamea en marchant entre les crottes de dromadaires, dans des rues non pavées.

L’islamisme ? Dans les campagnes, oui. Je me souviens d’une scène extraordinaire, sublime, quand le train de Wadi Halfa à Khartoum s’est arrêté en plein désert nubien et que des centaines, et des centaines de croyants ont étalé leur tapis de prière sur le sable, pour la prière du soir, avec le soleil couchant derrière eux. Dans les campagnes, oui, mais dans les villes, à Istanbul ou à Casablanca, on ne voyait plus l’islamisme. Le marchand n’arrêtait pas de vous vendre un tapis, parce que le muezzin avait appelé ; il fermait la porte de l’échoppe et vous servait un autre thé, ou un autre café, selon le lieu. L’islamisme n’était pas en perdition, mais il s’estompait, comme le christianisme.

Attention. Je ne dis pas que les musulmans n’étaient plus fanatiques ; toutes les religions monothéistes le sont. Quand papa est à la fenêtre à vous encourager, on prend goût à taper sur les petits voisins qui sont différents… Je dis seulement que la violence, il y a 40 ans, n’était pas omniprésente en pays musulmans et que la violence, surtout, n’était pas essentiellement islamiste. On ne se battait pas à Alger en 1956 au nom d’Allah. On n’a pas pris le Canal de Suez pour l’islamiser, ce n’est pas vrai.

Les pays musulmans de l’époque, comme les autres pays du tiers-monde, étaient des pays pauvres en crise identitaire. Bien sûr, il y avait les Frères musulmans, mais ils jouaient un rôle secondaire. Marx était au moins aussi populaire que Mahomet dans les classes musulmanes éduquées et, si on avait fait une révolution, elle n’aurait rien eu de religieux. Le nationalisme était “à la Saddam”, d’autant plus agressif qu’il était laïc. Les leaders voulaient bien chanter qu’Allah seul est grand, mais ils ne se voyaient pas eux-mêmes sans importance.

Comment l’islamisme, bien sage depuis des siècles, est-il redevenu militant ? Ne faudrait-il pas se demander plutôt, comment la militance et la violence qui en découle sont redevenues islamiques ?

Quand le capitalisme s’est cherché un alibi, après la spectaculaire arnaque de 1973 sur le pétrole qui a causé bien des larmes, on a pris les cheiks et les émirs comme boucs émissaires. L’idée de mettre le blâme sur des bédouins — des types bizarres qui ont des harems et qui donnent des montres en or en pourboire au Dorchester — semblait opportune, même si ceux-ci ne gardaient qu’une petite part de la cagnote et que le reste retournait vite en Suisse et aux USA, dans les coffres des pétrolières et autres sociétés bien de chez-nous. On a donc crié haro sur la chèvre et brimé, insulté, humilié le monde arabe, “pétrolé” dans tous les sens du terme, sans perdre une occasion de rendre le monde arabe haïssable…

Quand les USA on voulu se défaire du Shah, devenu bien embêtant, l’idée de blâmer les turbans n’avait rien perdu de son intérêt. Mais comment soulever une population, ce qui est plus compliqués que de mouvoir quelques émirs ? Pour un mouvement de masse, rien de mieux qu’un réveil religieux. Rien de plus facile à promouvoir qu’une guerre de religion, puisqu’elle cible ceux qui y croient le plus — et donc les plus bêtes — lesquels sont toujours aussi ceux qui rêvent le plus d’une bonne bagarre.

On a donc ramené de Paris un personnage charismatique et on a financé la prise du pouvoir en Iran par un mouvement religieux. Une gageure d’apprenti sorcier, pour quiconque connaît l’Histoire, mais pour les Américains, qui ne voient que confusément ce qui est loin des USA dans l’espace ou le temps, c’était une solution expéditive. Après la prise des otages de l’ambassade américaine à Téhéran, en 1979, on a compris un peu mieux les forces qu’on avait libérées, mais on en a surtout vu le côté « positif »

Le côté avantageux du fanatisme, c’est qu’il n’a vraiment pas besoin « d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ». C’est ce dont on avait besoin pour régler un problème sérieux avec les Russes qui avançaient vers le sud en Afghanistan, dernière manche de la « grande joute » qui les avaient opposés aux Britanniques en Asie centrale au siècle précédent. D’abord, contrer les Russes ; on règlerait après la question des gardiens de chèvres illuminés. Il fallait donc AIDER les Islamistes en Afghanistan contre l’URSS.

Pendant une décennie, l’Amérique a mis des milliards de dollars à armer, mais surtout à former des fanatiques. Elle a financé la convergence des toutes le rancoeurs et de toutes les frustrations vers l’Islamisme militant. Elle a utilisé comme agents des gens comme Osama Bin-Laden, pour battre le rappel vers la résistance aux Russes de tout ce que le monde comptait de fanatiques musulmans et en créer d’autres. Elle leur a appris à gagner. Un dur défi, mais elle y est arrivée. L’Amérique a réussi. Les Américains ont réussi à créer un monstre.

Un monstre inquiétant, car il grandissait… et grandissait ! Quand le Mur de Berlin est tombé, en 1989, les USA — qui ne peuvent vivre qu’en économie de conflit — n’ont donc pas cherché longtemps l’ennemi à haïr qu’il leur fallait ; dès 1991, ils ont envahi l’Irak pour « libérer » le Koweït, faisant cette guerre dont René Dumont a dit qu’elle avait déshonoré l’Occident. Ils ont diabolisé l’Islam, un adversaire qui ne pouvait en aucune façon menacer l’Amérique. Ils croyaient le dompter, mais ils ont seulement nourri le monstre.

Pourquoi l’islamisme se développait-il si vite ? Par défaut… Deux générations de nationalistes musulmans s’étaient imbues de marxisme. Maintenant, le communisme était vaincu. L’Islam, bien implanté et structuré depuis des siècles, était pour tous les Musulmans le plus évident des signes de ralliement. Quand sont revenus d’Afghanistan ceux qu’on avait entraînés à se battre, ils ont proclamé la renaissance de l’Islam conquérant. Pour être conquérant, d’abord être fanatique. Les voiles sont sortis des campagnes illettrées pour réapparaître dans les métropoles, au Caire, à Alger, à Téhéran, à Beyrouth. Erreur de penser que c’est l’islamisme militant qui a conduit à la violence ; c’est la violence qui ne demandait qu’à s’exprimer qui s’est voilée sous l’islamisme.

Quand est survenu 9/11, on a convaincu les Américains — soigneusement dépolitisés et abêtis depuis des décennies, pour en faire les protecteurs dociles d’un capitalisme pur et dur — que lancer une croisade sur les Infidèles était faire oeuvre pie. Pour lancer cette croisade, on a donné un nom au monstre : islamisme. Il fallait une cible, on a choisi Al-Qaeda, cellule insignifiante la veille, promue desormais multinationale du terrorisme. On lui a créé un chef, l’agent Bin-Laden ; un chef grand, rusé, fort, impitoyable, mythique… Insaisissable, surtout, car il faut qu’il dure : en créer un autre demanderait trop de travail.

Tout ce qui ne va pas dans le monde est donc devenu la faute d’Al-Qaeda. Même si ce sont les USA qui tuent en Afghanistan, en Irak, en Somalie, même si leur action n’a d’autres fins que de produire des milliards pour Halliburton et autres marchands de mort et de servir d’atouts dans un jeu de pouvoir entre politiciens tarés, c’est la violence fanatique des musulmans qui est tenue pour responsable

Cette condamnation d’une RELIGION est l’une des erreurs de jugement les plus bêtes de l’histoire de l’humanité, pour deux (2) raisons. D’abord, parce que rien n’est si difficile à abattre qu’une religion et les USA, en pleine décadence, se sont choisi un ennemi trop coriace. Ensuite, parce qu’en disant ainsi que toute violence prenait sa source dans l’Islam, ils ont stoppé net l’acculturation tranquille du monde entier que l’Occident poursuivait depuis longtemps avec succès, à son rythme et sans effort. Les civilisations ont parfois une chance d’établir une hégémonie librement acceptée, mais il est bien rare qu’elles en aient deux La civilisation occidentale ne séduira plus. Maintenant on nous déteste un peu plus tous les jours. Le monstre qu’on a créé a atteint sa taille adulte et il est à nous dévorer.

http://nouvellesociete.wordpress.com/2008/03/12/167-dessine-moi-un-monstre…/#comments

Pierre JC Allard

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Jean François Lisée : un Grand Vizir pour le califat Marois

Quand Bernard Landry a renoncé à gouverner le Québec,  la question attendue s’est posée du fossé transgénérationnel entre ceux de l’équipe de René Levesque et une nouvelle garde.  Une période de turbulences s’est ouverte au Parti Québécois, digne des péripéties d’une fin de siècle chez les Ottomans, cette époque où héritait du trône celui qui avait survécu à ses frères…

Déjà, au moment où quitte Landry, il flotte sur notre Sublime Porte à nous, au Québec,  une odeur de zizanie fratricide, avec la création de Québec Solidaire annonçant la rupture de l’alliance entre nationalistes et gauchistes qui avait fait au départ le succès du Parti Québécois.   Mauvais présage…

Il allait vite s’y greffer une lutte épique pour la succession. Une lutte opposant d’abord des « Anciens » – Madame Marois et Gilles Duceppe –  mais qu’allait « mettre d’accord en croquant l’une et l’autre » André Boisclair, un Raminagrobis « Moderne », audacieux et mieux organisé…

La fortune qui sourit aux audacieux, pourtant, ne leur est pas toujours fidèle.  Boisclair allait servir de victime sacrificielle et c’est vite l’Impératrice Pauline qui allait monter sur le trone. Son règne serait aussi mouvementé qu’une fin de califat.

D’abord Legault – le Grand Vizir en titre – va rentrer dans ses terres, d’où on le soupçonne de comploter et de lever une armée.  Un peu de temps, puis ce sont les revendicateurs gauchistes du SPQ-libre, Laviolette et Dubuc en tête, qui, à défaut d’être étranglés dans leur berceau selon l’usage turc, seront éliminés dans une  version locale de la « Nuit des longs couteaux ». Ensuite, ce sont les autres supposés dauphins présomptifs qui, on ne sait trop pourquoi, vont s’immoler par grappes.

Beaudoin, Lapointe, mais surtout Curzi, un « sérieux ». Aussant, aussi, qui  quitte la cour et se crée une satrapie dans les marches de l’Empire.  Il y a aussi Drainville, un janissaire prometteur, qui tergiverse et vacille et prouve, hors de tout doute, qu’il n’est pas l’inconditionnel qu’on croyait.

Restait Duceppe, blessé dans l’écrasement de son parti fédéral, mais qui respirait encore… Le destin a voulu, toutefois, qu’il choisisse de s’autodétruire une fois pour toute, en ratant un rétablissement en forme de putsch et en retombant dans les ruines fumantes de son Bloc Québécois. Et tous ces aspirants de partir, revenir, se rallier…  Et hop, ça repart, et ca complote, et ça trahit … L’hécatombe des prétendants au trône a été digne des rives du Bosphore. Sans pitié, spectaculaire.

Aujourd’hui ?   Le ciel ou quelque diable ayant fait que soient éliminés, poussés au suicide politique ou à l’exil, tous ceux qui convoitaient son trône, l’Impératrice Pauline règne toujours. Mais elle est désormais bien seule. Sa situation est mouvante, volatile, car Legault a levé son armée et campe sous les murs de la Ville qu’il assiège.  En qui peut-elle avoir confiance, pour la seconder et éventuellement lui succéder ? ….

Qui a la stature d’un nouveau Grand Vizir ?  Qui est l’oint du Seigneur, celui qui fait le poids et qui pourrait reprendre avec elle les choses au point où Parizeau les a laissées ?

Jean François Lisée.  Candidat probable du PQ dans Rosemont. Il y a des années que je souligne qu’il est le candidat naturel.

http://les7duquebec.com/2010/09/06/tout-changer…-pour-que-rien-ne-change/

Si quelqu’un peut obtenir, sinon l’indépendance du Québec – une idée maintenant un peu vieillie – au moins un meilleur partage des pouvoirs entre Québec et Ottawa, puis une meilleure position de négociation pour les Québécois au moment de l’intégration à l’Union Nord-américaine, c’est bien JFL.

Il a l’expérience, l’intelligence, l’habileté qu’il faut. Je ne sais pas ce qu’il veut,– et encore moins comment il y parviendra – mais depuis plus de 20 ans, il a eu un parcours parfait.   Dans la mesure où le passé peut laisser  prévoir l’avenir, ce qu’il a dit et ce qu’il a fait est garant de ce qu’il fera.  JFL n’est jamais arrivé trop tard et, surtout, il n’est jamais arrivé trop  tôt ni trop vite…

Tous ses livres, tous ses postes sont arrivés à point nommé, comme si un destin précurseur était venu opportunément  « aplanir la voie du Seigneur ». Stratège brillant – discret, mais tout le monde le sait –  du référendun de 1995 (dont le consensus populaire a lentement fait une victoire qui  a été volée),  il est  passé sans heurts de Parizeau-le-Pur à Bouchard-le-Lucide, mais servant celui-ci  sans  jamais être accusé d’avoir été au coeur des  compromissions qu’on a reprochées à ce dernier.

JFL est brillant, mais est-il intégrable dans le contexte d’envie mesquine, de méfiance et d’hyper quérulence qui est aujourd’hui celui du PQ ?  Sans doute mieux que personne…  Car, depuis des années maintenant que les couteaux volent bas au PQ, JFL est resté sagement en retrait du derby-démolition des prétendants péquistes.  On ne peut lui reprocher  que tous ceux qui auraient pu avoir préséance sur lui dans l’ordre de succession se soient mis hors jeu…

Un détail important pour une intégration. JFL a dix ans de moins que Madame Marois.  Il n’est pas déraisonnable de penser qu’il pourrait jouer un rôle de premier plan auprès d’elle et attendre son tour sans lui porter ombrage, comme il a toujours joué avec discrétion et loyauté le rôle de Pere Joseph des leaders qui ont fait appel à lui et à qui il n’a jamais disputé le feu des projecteurs.

Je souhaite bonne chance à Jean François Lisée. J’avais déjà fait mon deuil du Parti Québécois, mais un Parti n’est jamais moins que la somme des ressources qui y collaborent. Un PQ avec Lisée m’apparaît plus stimulant. Plus crédible. De loin le meilleur des choix qui nous sont offerts.

http://nouvellesociete.wordpress.com/2009/06/26/le-parti-quebecois-arretons-les-frais/

Pierre JC Allard

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