La civilisation arabe
La civilisation arabe
Analyser le mouvement historique qui bouleverse depuis deux ans cette civilisation millénaire, c’est comme d’étudier un organisme vivant – complexe – aux organes innombrables et aux fonctions multiples, inter reliées et interdépendantes. Une crise de croissance d’aussi grande ampleur ne peut être la résultante d’un seul facteur, d’un seul vecteur, ni ne peut provoquer une simple éviction immunitaire. Les variables qui orientent le « Printemps arabe » sont nombreuses et les conséquences multiples.
Qu’en est-il au juste de ces révoltes – « révolutions » – et insurrections dévoyées qui ont secoué les pays arabes des régions du Maghreb et du Machrek entre les années 2010 et 2012 ?
Le « Printemps arabe » ne s’est pas transformé en « Hiver salafiste » par mimétisme ou par atavisme. Aux imposantes forces sociales – classes sociales – actives au sein des différentes sociétés nationales – ethniques – religieuses – tribales – néocoloniales peuplant ce sous-continent tout un processus de maturation, d’adaptation, de réaction et de récupération pour maintenir en place, sous une façade caméléon, la structure sociale antique-tétanisée, correspondant au développement des forces productives capitalistes sous sujétion néocoloniales et aux rapports sociaux dégénérés qui perdurent dans ces différents pays sous-développés-dominés soumis aux puissances impérialistes (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Allemagne, Russie, Chine).
Comme l’écrit cyniquement un agent secret français, porte-faix en partie responsable de cet état de fait : « Il fallait tout de même être naïf pour croire que, dans des pays soumis depuis un demi-siècle à des dictatures qui avaient éliminé toute forme d’opposition libérale et pluraliste, la démocratie et la liberté (sic) allaient jaillir comme le génie de la lampe par la seule vertu d’un Internet auquel n’a accès qu’une infime minorité de privilégiés de ces sociétés. » (1).
Mais le « Printemps arabe » était-il une quête de démocratie électoraliste bourgeoise – une poursuite du crétinisme parlementaire ? De l’immolation désespérée d’un étudiant à Sidi Bouzid (17.12.2010) à la guerre mercenaire d’invasion de l’OTAN contre Damas et Alep (15.07.2012), l’organisme social appelé « Civilisation arabe » a été gros d’une révolution que les pétro-monarchies théocratiques du Golfe, assistées par leurs complices opportunistes, socialistes et chrétiens-démocrates, et autres intégristes fascistes turques, jordaniens, israéliens, libanais; sous la houlette de leurs puissances impérialistes de tutelle, sont parvenues à contrer pour forcer l’accouchement d’un bébé mort-né – contraint de « voter pour choisir son potiche » – exterminant de ce fait – pensaient-elles ces puissances de tutelles – tout espoir de libération économique, politique et sociologique véritable des sociétés arabes.
Les puissances impérialistes de tutelle se trompaient cependant, car le mouvement social arabe (subsumant toutes disputes ethno-religieuses et claniques) trouve sa source directement dans les conditions économiques misérables des peuples de ces pays exsangues où se côtoient la misère dégradante, la famine humiliante, le bidonville crasseux, l’analphabétisme déprimant, le chômage endémique, le désœuvrement dépravant, le patriarcat rétrograde, l’impossibilité même pour les nouvelles générations de simplement s’accoupler pour se perpétuer biologiquement et sociologiquement.
Quand un peuple n’a plus rien à perdre
La source profonde de toutes ces révoltes arabes réside dans le désespoir qui porte tout naturellement la jeunesse puis le peuple tout entier à s’indigner, protester, quémander d’abord, puis à la fin exiger, non pas un bulletin de vote comme Hilary Clinton l’a insidieusement susurré, mais du pain, de l’eau, un logement et un avenir à partager et à doter ses enfants.
Les contradictions insolubles et inéluctables du développement impérialiste mondial n’offrent aucun espoir aux prolétariats des pays dominants où la société de consommation des Trente Glorieuses commence à ressembler à un spectre évanescent – il n’y a que les «bobos» pour ne pas avoir remarqué que la crise économique récurrente détruit les fondements même de leur prospérité déclinante. Comment le développement capitaliste anarchique pourrait-il offrir un avenir aux prolétaires et aux travailleurs des pays arabes dominés-néo-colonisés ? Les révoltes arabes marquent la résurgence de ces mouvements de fond profonds qui bouleversent le monde impérialiste présent, tous continents confondus. Il est fort compréhensible que le maillon « arabe » faible de la chaîne d’oppression et de gouvernance impérialiste mondiale secoue le joug en avance.
N’ayez crainte cependant, en Europe, en Amérique, en Chine, en Inde et en Afrique les relais révolutionnaires s’accumulent et de grands cataclysmes sociaux se préparent. Regardez ce monde décadent trembler sur ses bases, terrifiant les possédants qui songent par instant à une guerre d’épuration raciale afin de trancher leurs différends, se repartager les marchés, les ressources minières, la biomasse, l’énergie et surtout les sources de plus-value pour davantage de profits et la reproduction élargie de leur système d’exploitation décadent.
Les révolutionnaires véritables seront-ils assez perspicaces et empressés pour préparer adéquatement leur « Printemps mondial » ? Saurons-nous anticiper le prochain épisode inéluctable de cette saga larvée afin de l’aider à survenir et à désintégrer ces sociétés paralysées ? Si nous faisons défaut d’orientation et d’organisation, nous nous condamnons à réécrire ce qui a déjà été écrit, convenu, vécu et perdu. La révolution empêchera leur guerre mondiale ou leur guerre universelle entraînera la révolution, c’est la seule solution.
Revendications légitimes insatisfaites
Les revendications légitimes de tous les peuples arabes et de toutes les minorités ethno-religieuses régionales, dans tout le sous-continent s’étendant du Maroc à l’Iran en passant par le Bahreïn, le Yémen, l’Égypte, le Liban, la Palestine occupée et la Syrie sont pourtant identiques : du pain, de l’eau, des logements, du travail, l’éducation des enfants, des soins pour les grands-parents et des conditions de vie humaines sans vilaines guerres « humanitaires » meurtrières. Bref, la satisfaction des conditions sociales de reproduction élargie de l’espèce humaine, ce que le système impérialiste moribond ne peut plus assurer et qu’il met en péril d’un point de vue simplement biologique et écologique. Les prolétaires arabes et leurs alliés, ainsi que les prolétaires du monde entier et leurs alliés, doivent éradiquer l’impérialisme et la classe capitaliste monopoliste s’ils souhaitent simplement survivre comme espèce.
La réponse des potentats arabes locaux a été partout la même : réprimer, matraquer, blesser, emprisonner, torturer et tuer sans vergogne, parfois, comme en Syrie, au motif avéré que l’opposition n’est qu’un ramassis de mercenaires assassins, criminels de guerre et terroristes soutenus par l’OTAN et exfiltrés de certains pays de « démocratures » (dictatures sorties des urnes par la magie des pétrodollars qataris et saoudiens). La voilà leur démocratie compradore adoubée par leurs maîtres dégénérés.
L’effroyable guerre de Syrie
La guerre de Syrie marque pourtant un tournant terrifiant. Depuis l’effondrement du social-impérialisme-soviétique en 1989, c’est la première guerre d’agression d’un peuple où les deux blocs impérialistes dominants s’affrontent indirectement pour le contrôle hégémonique d’un territoire déterminé et pour se jauger avant de se mesurer directement. Pour la première fois la Russie et ses alliés, l’Iran et l’Alliance de Shanghai tiennent tête à l’OTAN, aux américano-européens et à leurs sous-fifres du Golfe persique et du reliquat Ottoman.
Du résultat de cet affrontement inter-impérialiste dépend la suite des guerres d’agressions néocoloniales impérialistes. L’Iran et le Pakistan seront-ils les suivants, ou l’OTAN devra-t-elle revoir ses plans pour le réaménagement du Grand Moyen-Orient ? Cette question sera tranchée à Damas d’ici la fin de l’été (2). Ce que l’analyste Georges Stanechy a ainsi décrit : « Mis en perspective géopolitique, les vetos Russe et Chinois, contre l’invasion de la Syrie par les forces occidentales, n’ont donc rien à voir avec le maintien d’une base navale ou d’un marché quelconque pour leur commerce extérieur. C’est un coup de semonce à l’encontre d’une utopie géopolitique que la nomenklatura de l’Empire (Étatsunien NDLR), imbibée de mégalomanie, se refuse à entendre. » (3).
En tous lieux sur la terre arabe, incluant les zones ethnico-religieuses minoritaires et la terre palestinienne occupée-colonisée (l’appartenance religieuse étant dans ces pays sous-industrialisés et économiquement atrophiés un facteur identitaire retardataire), les puissances impérialistes mondiales ont joué leur va-tout déterminant au milieu de la tourmente, imposant ici un changement de la garde (Égypte-Tunisie-Yémen) ; requérant là des aménagements constitutionnels « démocratiques bourgeois démagogiques » ; montant parfois le chapiteau de la mascarade électorale propre à rasséréner les guignols-des-« in-faux » occidentaux ; s’en remettant souvent aux partis politiques intégristes salafistes-wahhabites-Frères musulmans – qui furent si longtemps gardés en réserve de la dictature républicaine – derniers remparts pour mâter la légitime vindicte populaire et ouvrière.
Washington, Paris, Berlin, Londres, Moscou et Pékin savent bien qu’il sera toujours possible de mettre fin à ces foucades électorales si jamais la situation se corsait; ou de faire reprendre ad nauseam le vote aux insoumis; ou alors qu’il sera toujours temps de rappeler l’armée aux commandes – cet État dans l’État, ce contre-pouvoir omnipotent – dans cette arabesque de néo-colonies spoliées.
Gauchistes et opportunistes pataugent dans le marécage électoral
Malencontreusement, le passé et le présent de ces insurrections populaires larvées ont été écrits dans le sang versé par les forces révolutionnaires authentiques, qui partout dans ces pays de guerre ont été, par les années passées, systématiquement et soigneusement exterminées – éradiquées. Les groupuscules opportunistes, les malfrats révisionnistes et les pseudos socialistes ayant survécu aux razzias fascistes se sont récemment précipités vers les urnes, heureux d’embrasser ces autels de conspiration ouverts à leurs supplications serviles : « Nous obtiendrons bien quelques strapontins d’arrière banc législatifs », gémissent-ils tous en chœur trouvant là réconfort à poursuivre leur collaboration de classe dans l’indignité et la servilité consacrée.
Les tâches qui s’imposent
La tâche des véritables révolutionnaires arabes qui souhaitent changer l’ordre social existant et sortir définitivement leur classe sociale, leur peuple et leur nation de l’oppression néocoloniale impériale qui écrase ouvriers, paysans, étudiants, artisans, employés, fonctionnaires et leurs frères, est pourtant toute tracée.
Il leur faut patiemment et clandestinement reconstruire la solution de remplacement révolutionnaire qui s’est tapie sous le manteau de l’écheveau complexe des rapports inter-ethnico-religieux. L’ouvrier arabe, palestinien, druze, alaouite, chrétien, copte, sunnite et chiite est d’abord {par sa praxis économique – comme instrument de la machine de production capitaliste – par son activité communautaire journalière – comme résident de son quartier de pauvreté – par sa pratique sociale quotidienne – comme aliéné} un prolétaire exploité qui n’a que ses chaînes à perdre et tout un monde à conquérir. La liberté sociale de classe, désaliénée, n’est pas un slogan ou une marque de commerce et elle ne sera jamais l’aboutissement des urnes et des isoloirs; c’est un objectif collectif radical que le prolétariat arabe devra conquérir par la lutte insurrectionnelle de classe.
Sans un parti révolutionnaire clandestin muni d’une conscience prolétaire et d’une science militaire dirigeant vigoureusement l’armée des enragés de ces pays arabes avancés (du point de vue de la praxis révolutionnaire du moins), alors ces peuples, ces ouvriers, sont condamnés à réécrire toujours semblable l’histoire de leurs espoirs asphyxiés (4). Le prolétariat arabe plus avancé a le devoir de se poser en modèle révolutionnaire pour les prolétariats grecs, espagnols, italiens, britanniques, turcs, israéliens, français et américains.
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(1) Alain Chouet. 08.0.2012. Syrie: « Je m’interroge sur l’attitudes des occidentaux. L’éventuel départ d’Assad ne changerait strictement rien à la réalité des rapports de pouvoir et de force dans le pays ». Invité de l’Association Régionale Nice Côte d’Azur de l’IHEDN (AR29) Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE (France).
(2) Robert Bibeau. La Russie lâcherait-elle la Syrie ? 29.12.2011. http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-russie-lacherait-elle-la-syrie-107056
(3) Georges Stanechy. Nucléaire iranien : Prétexte et préméditation. 14.08.2012. http://www.legrandsoir.info/nucleaire-iranien-pretexte-premeditation.html
(4) Robert Bibeau. Le « Printemps arabe » bilan d’un avortement. 28.05.2012. http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=31087
Classé dans Actualité, Robert Bibeau
Mai-68, les pavés jetés des barricades parisiennes font encore rêver les nostalgiques du Grand Soir des enragés et font cauchemarder ceux que terrorise la révolte populaire. Les opportunistes d’hier, incorrigibles idéalistes, proclament aujourd’hui le retour des grands jours de Mai-68 et d’un nouvel oracle révolutionnaire. Quelles leçons peut-on tirer de Mai-68 ? De ces conclusions, comment peut-on éclairer la route entamée le printemps dernier ?
QUESTION ET INVESTIGATION
L’un d’entre vous s’est-il déjà demandé pourquoi la plupart des leaders étudiants de cette génération ont mal tourné ? Étrange malédiction s’acharnant sur ces fils de petits-bourgeois n’est-ce pas ? Pourquoi autant de néo-fascistes, de révisionnistes, d’opportunistes, de chauvins-nationalistes issus des rangs du mouvement étudiant et s’épandant à tout vent ?
Deux témoignages nous serviront de guide dans l’exploration de cette grande esbroufe étudiante. L’essai d’une universitaire, M. Marion « Conséquences et héritage de Mai-68 dans la société actuelle », qui présente le point de vue d’une intellectuelle sur cette série d’événements turbulents (1). Le deuxième témoignage est tiré des cahiers du maoïsme « Les aspects positifs des maoïstes dans les années 1968 en France : La Gauche Prolétarienne » (2).
LA CONJONCTURE ÉCONOMIQUE SOCIALE ET POLITIQUE DE MAI-68
Un marxiste aborde toujours l’étude d’un contexte socio-économique par un examen circonstanciel des conditions matérielles concrètes. Si en 1960 la France comptait 310 000 étudiants universitaires, dix ans plus tard on en dénombrait 850 000 et la croissance se poursuivit, ininterrompue, jusqu’en 1990 (1 300 000 étudiants post-secondaires). Il en fut de même dans tous les pays occidentaux. En ce temps-là l’État n’attaquait pas le droit aux études universitaires, au contraire, il en favorisait l’accès de façon à fournir un personnel scolarisé et de bonne qualité aux entreprises américaines se ruant à la conquête des marchés européens florissant. À l’époque, la deuxième puissance économique mondiale était formée par les oligopoles américains installés en sol européen (3).
L’impérialisme américain était à l’apogée de sa croissance et de son hégémonie. Les bombardements au napalm décimaient l’héroïque peuple vietnamien martyr qui menait une véritable guerre patriotique pour bouter l’assassin étatsunien hors d’Indochine.
La dame Marion résume ainsi cette période d’effervescence atlantiste succédant au Plan Marchal : « C’est dans une période de plein emploi, de prospérité, au plus fort des Trente Glorieuses, libérée des guerres coloniales (sic) que cette situation « insaisissable » a explosé. Jusqu’à cette fin des années soixante, l’ordre du monde issu de la défaite nazie est bipolaire : Est et Ouest se font face. Mai 68 est un moment charnière qui marque la fin d’un monde.» (4).
Madame Marion poursuit : « Mai-68 marque le passage culturel d’une époque à une autre. La génération du baby-boom, née après la guerre, affirmait ses vingt ans en 1968 et prenait la parole. Contre ses aînés (conflit intergénérationnel ?) elle va refuser et ébranler ce partage du monde. C’est un double refus du modèle capitaliste et du modèle stalinien qui inspire les années soixante. La jeunesse est antifasciste et anti-impérialiste.» (5).
Il faut se rappeler qu’en 1955 Zhou Enlai, Soekarno, Nehru, Nasser et le prince Sihanouk s’étaient réuni à Bandung, en Indonésie, pour promouvoir une soi-disant troisième voie, celle des non-alignés, celle d’un « troisième monde », à contrario du camp socialiste et du monde capitaliste comme s’il existait un troisième système d’économie politique sur Terre. Madame Marion ne parvient d’ailleurs pas à décrire ce « nouveau » monde issu de Mai-68 (6). La théorie des «Trois mondes» aura fait long feu.
Que reste-t-il de cette mystique voie des non-alignés ? Où sont les pays non assujettis à une puissance impérialiste ou à une autre ? Nous savons déjà qu’en 1956 le camp socialiste a été miné par les révisionnistes Khrouchtcheviens si bien qu’aujourd’hui les pays du globe sont assujettis à un monde unipolaire soumis aux lois du marché capitaliste que J.K. Galbraith présente ainsi : « L’économie de marché est volontiers décrite comme un héritage ancien. En l’occurrence, c’est une escroquerie, ou plus exactement une erreur communément admise. Trop de gens apprennent l’économie dans des manuels qui entretiennent encore les dogmes de la production concurrentielle des biens et des services et de la capacité d’acheter sans entraves. En fait, il peut n’y avoir qu’un ou quelques vendeurs assez puissants et persuasifs pour déterminer ce que les gens achètent, mangent et boivent. » (7).
Voilà déjà une immense différence entre Mai-68 et Mai-2012. En 45 ans l’horizon géostratégique, idéologique et politique s’est dégagé et si le monde est toujours bipolaire il confronte désormais le monde du travail socialisé, sans pouvoir mais plein d’espoir contre le monde du capital privatisé, décadent, omnipotent et désespéré.
L’ÉPANOUISSEMENT INDIVIDUEL – LE DROIT AU BONHEUR !
Poursuivons notre investigation des caractéristiques de ces soulèvements étudiants. Madame Marion écrit : « Mai 68 exalte l’épanouissement de l’individu, son droit au bonheur, contre la rigidité des hiérarchies et des disciplines.Dans le monde entier, des mouvements contestataires analogues retentiront. Mai-68 entraîna d’importants changements culturels. De nouvelles valeurs dont la naissance d’une contre-culture, c’est à dire d’une révolution dans le domaine des rapports sociaux (sic). On assista à une brusque évolution des mœurs, une façon de penser le monde différemment : Mai 68 a accéléré la conquête par les femmes de leur égalité et a vu naître un questionnement sur l’éducation. ». Surfant sur cette vague réactionnaire Huntington, intellectuel fascisant, présentera la théorie raciste du «clash» des civilisations pour défendre le droit d’intervention militaire « humanitaire » au bénéfice des puissances impérialistes guerrières (8).
Hédonisme, égocentrisme, individualisme, féminisme petit-bourgeois – à la Hillary Clinton – seraient des acquis de cette révolte d’éphèbes encore glabres. Rappelons à dame Marion que de nouveaux rapports sociaux sont obligatoirement le construit du développement de nouvelles forces productives et d’un nouveau mode de propriété des moyens de production. Quel fut le nouveau mode de production sociale initié en Mai-68 ? Ne cherchez pas, il n’y en a pas.
En ce qui concerne la nouvelle façon de penser le monde et sa contre-culture – j’en cherche les traces tangibles. Quelle contre-culture peut-on observer dans les galas de vedettes qui payent pas leurs dettes; les festivals d’été bon enfant; la musique éclectique et décapante; la littérature crypto-féodale désolante; le cinéma hollywoodien violent et décadent; en ce nouveau millénaire déprimant ?
Pour ce qui a trait à l’évolution des mœurs et du mode de penser, la mutation était déjà en cours suite à la domination capitaliste sur la planète toute entière après l’effondrement du camp socialiste. Le travail émancipateur de la femme, le contrôle des naissances, la baisse de la mortalité infantile, l’allongement de la vie utile et l’alphabétisation des populations ont suivi partout l’industrialisation et les hausses de productivités dans les champs et les ateliers plutôt que la diffusion de la «Révolution culturelle» de la petite bourgeoisie « virtuelle », démocratique, électoraliste et libertaire de Mai-68.
LES ACCORDS DE GRENELLE ET LE CONTRAT SOCIAL
Un marxiste questionne toujours la composition de classe des contestataires qui ont tenté de se dégager une place dans l’échelle d’ascension sociale déjà lourdement encombrée dans la France des grandes Écoles aristocratiques ? Marion répond : « Des centaines de milliers d’intellectuels, de cadres, de médecins, d’étudiants, d’artistes et de chercheurs se sont lancés dans l’action et ont tenté de changer le monde et de réinventer la société ». Pour créer une nouvelle société il faut d’abord renverser la précédente – hégémonique et jalouse de ses privilèges de classes. Où sont passé les ouvriers et les masses prolétarisées dans ce capharnaüm de révoltés ? Quelqu’un pourrait-il me présenter cette société qu’ils auraient soi-disant réinventée ? Rien ne ressemble davantage à la société capitaliste d’avant Mai-68 que celle observée après Mai-68.
De fait, après des mois d’échauffourées larvées, en tournante dans différentes capitales européennes, le mouvement souleva Paris. Le grand capital international choisit de tout miser sur la bataille de France et d’y casser définitivement le mouvement. Le Président français Charles de Gaulle était une pointure à la hauteur de cette mission contre-révolutionnaire. Effectivement, le mouvement des casseurs revendicateurs fut brisé en France où les accords de Grenelle assurèrent le rehaussement du SMIC (salaire minimum) et un « enrichissement » relatif de l’aristocratie ouvrière française. La bureaucratie syndicale, la gauche caviar et révisionniste, et le grand capital venaient de signer une trêve sociale qui devait durer quelques dizaines d’années en Occident (9).
Aussitôt, les capitales occidentales emboîtèrent le pas et accordèrent des conditions similaires à leurs étudiants, à leurs aristocraties ouvrières et à leurs « bobos » chiens de garde du système d’exploitation. Les accords de Grenelle marquèrent la fin du mouvement des récalcitrants de Mai-68. La grande bourgeoisie d’affaire venait d’acheter la paix sociale sur le dos des peuples néo coloniaux qu’il fallait maintenant assujettir fermement. La stratégie guerrière de sujétion des peuples mortifères allait régler cette affaire et mener moult guerres « humanitaires » sous les yeux de cette gauche veule et collaboratrice.
Un aspect intéressant de la révolte étudiante de Mai-68 effraie l’intellectuelle universitaire qui proteste vertement : « Mai 68 a malheureusement vu naître des groupuscules armés anarcho-communistes qui pensaient que la libération du peuple devait passer par la violence. » (10). Gauche Prolétarienne fut un acteur éphémère de ce courant opportuniste militant. Toutes ces organisations opportunistes se saborderont au début des années 80 sur ordre de leur puissance de tutelle.
LES PRINTEMPS DU SOULÈVEMENT – LA FIN DU CONTRAT SOCIAL OCCIDENTAL
Les récentes révoltes populaires tonitruantes apparaissent comme des protestations contre la répudiation des accords de Grenelle par les bourgeoisies impérialistes mondiales empêtrées dans des crises économique, financière, boursière et monétaire récurrentes dont le monde occidental ne parvient plus à s’extraire. Les crises succède aux crises et l’impérialisme vacille sur ses bases, c’est l’éruption de la fin… Le chômage catastrophique frappe les États surendettés auprès des banquiers et des requins de la finance qui rançonne les peuples du monde entier.
L’impérialisme américain bat en retraite et se voit contesté dans toutes ses néo colonies en Amérique latine, au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. L’Amérique est en faillite et ne parvient pas à vaincre le peuple afghan révolté mais mal armé; qu’à cela ne tienne le courage peut vaincre un F-18. Les villes américaines en banqueroute sont offertes à l’encan et Barack Obama a demandé à l’armée américaine d’être prête à intervenir sur le territoire étatsunien pour réprimer toute velléité de révolte plébienne américaine. Les sénateurs américains sont aux abois et la super puissance économique chinoise rôde dans l’antichambre de l’empereur à l’affût d’une proie à capturer. La conjoncture présente n’a rien à voir avec les perspectives triomphalistes de Mai-68. Mai-2012 marque la fin des accords de collaboration de classes et la fin du contrat social signé en Mai-68.
Si en Mai-68, Cohn-Bendit et Krivine surent menés à leur gré les ébats de la gente estudiantine en médecine, en droit et en administration, en Mai-2012, les leaders étudiants jouent sur la corde raide et les troupes étudiantes, fils de prolétaires dans les CEGEP, filles d’ouvriers enragées dans les facultés, ont rejeté l’entente de compromis signée par les estafettes devant la Ministre de l’Éducation. En Mai-2012, les choses ont changé aux pays des insurgés.
En Mai-2012 les grèves étudiantes résistent aux hausses des droits de scolarités (1675 $ ou 80 % sur cinq ans). Les frais de scolarité sont une portion des frais de reproduction de la force de travail que l’État veut remettre à la charge des fils et des filles d’ouvriers. C’est l’expulsion de milliers d’étudiants de la classe ouvrière et de la petite bourgeoisie paupérisée considérés comme indésirables dans les universités aux ressources raréfiées, aux débouchés limités et dont la mission est dorénavant de soutenir directement l’effort concurrentiel et productif des monopoles impérialistes « nationaux » en guerre pour leur survie dans ce monde impérialiste unipolaire où les loups impérialistes chassent les hyènes impérialistes.
Au Québec, le gouvernement Charest a trouvé un milliard de crédits pour soutenir la recherche appliquée destinée à développer des instruments et des procédés de productivité afin de permettre aux impérialistes québécois de concurrencer leurs adversaires chinois, indiens, vietnamiens ou coréens. Les monopoles impérialistes des pays occidentaux ne peuvent concurrencer les oligopoles asiatiques sur le terrain de la production de la plus-value absolue (valeur des marchandises moins les bas salaires et les petits bénéfices marginaux). Ils ne leur reste qu’à espérer pouvoir les concurrencer sur le terrain de la plus-value relative (valeur des marchandises multipliée par la surproduction due à l’innovation). C’est ici que se situe l’effort du gouvernement Charest, le laquais, qui voudrait aider ces entreprises à hausser leur productivité, et donc leur profitabilité, pour le bénéficie de leurs actionnaires affamés de surprofits.
Les étudiants en sciences sociales, en arts et en sciences humaines sont pour lui superflu et devraient se chercher un emploi dans les mines du Nord québécois… ironisait Charest. Les jeunes québécois révoltés ne cherchent pas à réinventer la société, ni à vivre une sexualité débridée, non plus qu’à marcher dans les souliers d’Épicure, leur révolte n’est pas individuelle et égoïste mais collective et fraternelle et elle vise à défendre les droits d’association, de grève, de manifestation, d’expression et d’éducation de toute une génération contre les attaques policières et judiciaires et contre l’individualisme empressé des briseurs de grève écervelés.
Aujourd’hui en Europe aussi bien qu’en Amérique l’horizon idéologique s’est dégagé. Les enragés de Mai-68, les révisionnistes, les opportunistes d’antan, vaquent à leurs professions au sein de la hiérarchie de l’État providence déclinant qui leur a assuré une carrière bien payé à même les surprofits arrachés aux néo colonies. Ces temps sont révolus et les mesures d’austérité frappent aujourd’hui tous les contingents de la classe ouvrière occidentale, aussi bien que les bataillons de la petite bourgeoisie effarouchée, leurs alliées, qui doit cependant accepter l’hégémonie de la classe prolétarienne sur les combats. La grande bourgeoisie ne sera jamais leur alliée.
Les révisionnistes et les opportunistes n’ont plus audience auprès de cette génération qu’ils disaient apathique et apolitique jusqu’au jour où les étudiants ont vidés les CEGEP et les facultés universitaires qu’ils ont fermés. Ceux-là se battent pour gagner leur vie et non pas pour imaginer un fugace paradis de la contre-culture.
Les révoltes de la jeunesse de 2011-2012 sont le fait de jeunes issus de la classe ouvrière dont le pouvoir d’achat dégringole alors que les profits s’envolent, ainsi que de segments de la petite-bourgeoise déclinantes. Il est là notre espoir, ceux-là n’ont plus rien à perdre, l’État providence en décrépitude les ayant poussés au chômage et dans des emplois précaires mal payés d’où ils ne pourront s’extirper qu’en brisant l’étau qui les accable et c’est ici que nous les attendions.
Si en Mai-68 les syndicalistes de la CGT et de la CFDT françaises et les traitres du Parti Communiste Français se sont présentés à Grenelle – réclamer trente deniers pour leur trahison du mouvement des révoltés – en Mai-2012 le mouvement ouvrier a peu bougé si ce n’est les manifestations de balcon et les tintamarres de casseroles dans les rues des métropoles. C’est que la trahison des opportunistes, au début des années 80, a laissé des stigmates dans la conscience ouvrière et désarmé idéologiquement le prolétariat et les couches populaires.
PARTI – IDÉOLOGIE – RÉVOLUTION
Sans un parti formé de révolutionnaires aguerris, solidement organisés et implantés dans la classe, dirigés par une idéologie marxiste-léniniste il n’y a pas eu en Mai-68 et il n’y aura pas en Mai-2013 de révolution prolétarienne nulle part sur Terre. Que ce soit le soulèvement des jeunes arabes, les révoltes ouvrières en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Grande-Bretagne, en Islande, ou la révolte étudiante au Québec, ou tout autre mouvement de grève ou de résistance populaire sur le front économique de la lutte des classes, il ne pourra déboucher sur une révolution politique victorieuse tant et aussi longtemps que la classe ouvrière, la seule classe irréductiblement révolutionnaire, ne sera pas organisée et regroupée dans un parti révolutionnaire et ces partis regroupés en une internationale communiste marxiste-léniniste.
Mai-68 a été l’exploit des fils et des filles de la petite bourgeoisie qui aspiraient à de meilleures positions dans l’échelle sociale dont l’horizon leur semblait bouché. Heureusement, dans le cours du mouvement, certains jeunes militants ont tenté de s’organiser. Malheureusement, leur inexpérience, leur ignorance de la science marxiste-léniniste, leur origine petite-bourgeoise vacillante les a fait butés aux premiers dangers et ces organisations « infiltrés » se sont sabordées aux premières embuches qu’ils ont heurté.
Il reste à espérer que les nouvelles organisations « progressistes » ressurgis comme des champignons dans la mouvance des « révolutions » populaires récentes sauront tirés les enseignements de ces expériences lointaines pour se doter d’une conscience et d’une organisation de classe pour l’établissement de la dictature du prolétariat.
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(1) http://www.oboulo.com/summary/addToCart?id=34165&docId=34165&navid=&do=ADD_CART&cm=n
(2) Cahiers du maoïsme. Revue Marxiste-Léniniste-Maoïste. Édition 2009. Paris. France.
(3) J.J. Servan-Schreiber. Le Défi Américain. http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Servan-Schreiber
(4) http://www.oboulo.com/summary/addToCart?id=34165&docId=34165&navid=&do=ADD_CART&cm=n
(5) http://www.oboulo.com/summary/addToCart?id=34165&docId=34165&navid=&do=ADD_CART&cm=n
(6) http://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9rence_de_Bandung
(7) http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Kenneth_Galbraith
(8) http://fr.wikipedia.org/wiki/Samuel_Huntington
(9) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-fin-du-pacte-social-occidental-99099
(10) http://www.oboulo.com/summary/addToCart?id=34165&docId=34165&navid=&do=ADD_CART&cm=n
Classé dans Actualité, Robert Bibeau
Je crois que le Camarade Allard me pardonnera de m’appuyer sur son article récent pour en corriger deux (2) erreurs qui à mon avis doivent l’être. Mais d’abord, disons que j’aime bien sa façon d’introspecter le mandarin Lisée, qui s’approche subrecticement de l’assiette au beurre péquiste à la veille du changement de la garde programmé pourl’automne qui vient…
La bourgeoisie empêtrée a pour habitude de demander au peuple de trancher entre ses deux factions rivales dans les situations de tension sociale. Une façon de tester ses deux poulains (lequel saura le mieux mystifier-duper le peuple et se faire valoir comme l’étalon de l’avenir au service des riches). On aura compris que je crois que le vieux canasson Charest n’a aucune chance de remonter sur le podium et qu’il doit laisser la place à la «jeune étalon» Pauline, anxieuse de se promouvoir et de placer son mari -souverainiste-fédéraliste-souverainiste – à la tête de quelque société d’État publique québécois pour faire du fric avec nos impôts.
Cela dit, la première erreur de taille dans l’article de Pierre JC, c’ est que le PQ n’a jamais été le refuge des gauchistes… à moins que l’on ne qualifie de gauchiste l’ex-porte parole de l’Union «Bolchévique» pro-impérialisme québécois lors du référendum de 1980, en opposition au groupe EN LUTTE et PCO, deux groupuscules gauchistes pro-impérialistes canadiens.
Beaucoup on fait cette erreur de penser que les capitalistes financiers canadiens, comprenant leur section québécoise, voulaient réellement scissionner ou débattre de constitution con-fédérative, alors qu’ils se disputaient simplement les oripaux nationaux canadiens pour savoir qui empocherait la cagnotte québécoise. Ce sont les aristocrates ouvriers et leurs centrales syndicales qui ont noyauté le PQ, pas les gauchistes.
Les organisations gauchistes dissoutes, ces petits-bourgeois se sont ensuite répandus dans les organisations électorales de droite et social-démocrates … ils y sévissent encore. Quelques uns oeuvrent en ONG financés par le grand capital via leur État despotique.
Une seconde erreur. La description que fait l’ami Pierre des révoltes de palais au sein de la Nomenclatura péquiste est presque parfaite, mais encore une fois il commet une petite erreur. Croit-il que seule la jument Pauline – la mandarine désignée pour devenir “calife à la place du calife” – s’est enferrée dans cette dramaturgie de fin de règne ?
ERREUR, Pierre. Tous les empereurs successeurs de Cesar (Lévesque) ont toujours fait le grand ménage avant de se présenter à la populace sur le balcon de l’Hotel de ville pour proclamer «Vive le Québec Libre», justement à l’heure ou ils trahissaient leurs légions de legionnaires en se présentant juste comme un bon gouvernement. Comme un mouchoir de rechange…
PLUS PAULINE S’ÉLOIGNERA DU RÊVE BRISÉ DE L’INDÉPENDANCE IMPOSSIBLE – PARCE QUE REJETTÉ INEXTERMIS PAR LE PEUPLE QUÉBÉCOIS PAS DU TOUT OPPRIMÉ, mais oppresseur des peuples autochtones – … ET PLUS PAULINE PROCLAMERA HAUT ET FORT “Vive le pouvoir québécois” – (sous entendu, « juste pour moi« ) – “Indépendant qui m’aime me suive…! – (sous entendu « et les autres, hors de ma vue, manants… !)
Quand Pauline aura le mors bien aux dents, elle seule décidera du moment du référendum auto-sacrificiel. Et il ne viendra jamais, car Pauline veut le pouvoir et sa classe de tutelle n’a plus rien à faire de ces reliquats d’indépendantistes en marchette. Madame Ferretti, c’est bien fini. Faut se recycler mes amis.
Robert Bibeau (in absentia)
Classé dans Actualité, Robert Bibeau
FAIT ÉTRANGE
Il est tout à fait étrange qu’à l’extrême-gauche quelques prêtres ouvriers désœuvrés, moult petit-bourgeois embrouillés et une horde de militants de gauche désorientée parviennent à se fourvoyer à propos de la nature de l’État capitaliste monopoliste chinois, cependant qu’à droite tous ont compris. Ainsi, les impérialistes américains haïssent les impérialistes chinois comme on haït un concurrent trop puissant. Il y a quelque temps que la Chine pêche dans les eaux troubles de l’Amérique en déclin et les Étatsuniens savent trop bien que le méchant mandarin n’attend qu’une occasion pour devenir calife à la place du calife. C’est que l’économiste bourgeois utilise ses connaissances scientifiques pour analyser la réalité concrète. Le scientifique bourgeois peut très bien enseigner la métaphysique aux enfants mais en aucun temps il ne se laisse embobiner par les billevesées qu’il psalmodie à ces innocents, alors que le militant de la gauche radicale utilise pour ses propres analyses les préceptes théocratiques et mystiques du confucianisme qu’il régurgite devant ses adeptes, s’appliquant à lui-même la cigüe dont il asperge ses fidèles.
AUTO-INTOXICATION
Pour nous convaincre de cette auto-intoxication théologique gauchiste, nous allons étudier quelques citations d’un observateur de «gauche» au pouvoir à Pékin, propos que ses diacres propagent parmi les sectes pratiquantes de la gauche occidentale.
« Le journal théorique du Parti communiste chinois Qiushi publie ceci : « Les néolibéraux chinois ont placé la main invisible d’Adam Smith à une place si élevée qu’ils croient que cette main peut résoudre tous les problèmes économiques. Ils pensent que l’État n’a aucun rôle économique à jouer. Sauf qu’il doit créer le meilleur environnement possible afin que cette main invisible puisse œuvrer. La crise financière en Occident prouve néanmoins qu’ils ont tort. Il est très important que nous n’abondions pas dans le sens de cette conviction lorsque nous parlons des fonctions du marché. » (1).
Voilà comment un adepte de la métaphysique de Confucius aborde un problème politique concernant la lutte des classes. L’organe théorique du PCC laisse entendre que si une fraction capitaliste néo-libérale pousse l’idée de vendre les entreprises de l’État à l’encan du néolibéralisme, c’est parce que ces hérétiques se sont entichés des idées d’Adam Smith et que la bonne façon de contrer ces malversations – à savoir liquider les intérêts industriels et financiers de certains ploutocrates du Parti « Communiste » – consiste à convaincre ces schismatiques de leur mauvaise compréhension des principes d’économie politique capitaliste.
Et ce puriste, adepte de la pensée de Ricardo et de Keynes – porte-parole de la majorité du Comité central du Parti « communiste » chinois, ceux qui possèdent de gros intérêts financiers et industriels – de rappeler à ses concurrents affamés de profits : « Nous avons voté en 2008 la loi sur les entreprises d’État, loi dans laquelle il est stipulé que ces entreprises jouent le rôle le plus prépondérant dans notre économie nationale » (2).
Selon la science matérialiste, les idées ne préexistent pas dans la conscience de l’homme (et de la femme) ; ils sont le reflet conscient de la réalité du monde qui nous entoure, des forces productives, des rapports sociaux de production et de la lutte des classes que ces forces déchainent dans la société.
Tout ceci est totalement étranger à la phénoménologie métaphysique confucianiste et taoïste qui considère que l’être est une somme morale (le transmis collectif), rituelle (la tradition éternelle) et humaniste (la condition humaine déterminée). Dans la pensée de Confucius, le mal et le bien préexistent à l’homme et se combattent de toute éternité sur terre, sur mer et dans les airs et cette guerre est éternelle et indépendante de l’espèce humaine qu’elle transcende. Il suffit pour chacun de se motiver et de se mobiliser pour faire le bien et combattre le mal. Aucune différence entre cette théologie chinoise et la théologie de la libération selon laquelle Dieu reviendra sur Terre à la fin des temps pour récompenser les bons et punir les méchants.
PAR DELA LE BIEN ET LE MAL
Comment distinguer le bien et le mal direz-vous ? Il suffit de connaitre les rites anciens – « se restreindre et revenir aux rites », psalmodiait Deng Xiao Ping – tout comme il suffit d’obéir aux autorités pour connaître la vérité. Voilà ce qui vous assure de faire les bons choix entre le bien et le mal. En d’autres termes, ce qu’affirme le Président est nécessairement bien et ce que murmurent ses détracteurs est obligatoirement mal. La métaphysique confucianiste est à mille lieues de la science marxiste.
L’analyste chinois poursuit sa présentation du paradoxe qui confronte le Parti « communiste » chinois en ces termes :
« Le problème, c’est que ces analyses et positions (celles du Président et du Secrétaire en exercice NDLR) ne se répandent vers le bas qu’au goutte-à-goutte et que, juste en dessous du niveau politique le plus élevé, des positions antimarxistes gagnent déjà en impact sans se heurter à une forte opposition (pourquoi cette faible opposition ? NDLR). La direction du parti parle avec de plus en plus d’insistance de réformes politiques, à propos de ce qui suit : Il doit y avoir une plus grande implication des sous-niveaux dans l’élaboration de la politique, de sorte que les éléments de l’analyse marxiste complexe se développent vers le haut et le bas et que le contenu de ce que le parti appelle « modèle scientifique de développement » pénètre jusqu’au fond. » (3).
Si les idées d’Adam Smith progressent jusqu’au fond à l’encontre des idées de Keynes – sur lesquelles s’appuie la majorité du Comité central (que l’auteur qualifie de modèle scientifique de développement NDLR), c’est que le travail de propagande n’est pas suffisant conclut l’analyste idéaliste, si bien que les cadres intermédiaires, laissés à eux-mêmes, c’est-à-dire à leur pratique sociale concrète dans ce monde de prévarication, de corruption, de népotisme, d’enrichissement éhonté et de spoliation généralisée des biens de l’État, cherchent eux aussi à tirer leur épingle du jeu et à voler. Voilà comment de façon très pratique – matérialiste historique et dialectique – le mal prend le pas sur le bien. La pratique sociale du voleur engendre le prévaricateur.
L’EMBOURGEOISEMENT SPONTANÉ
L’analyste « communiste » de conclure : « Si cela ne se fait pas (l’endoctrinement selon Keynes), on obtiendra, dans l’environnement où se trouve aujourd’hui la Chine, un processus spontané d’embourgeoisement (souligné par nous NDLR) sur le plan des idées et des conceptions politiques et le courant néolibéral gagnera en permanence et en force. Et cela, l’Occident va l’encourager en engageant de nombreux effectifs et moyens. » (4).
Le processus d’embourgeoisement des cadres supérieurs, intermédiaires et subalternes du Parti « communiste » chinois serait le résultat, non pas de l’accès concret à la propriété privée des moyens de production pour les privilégiés; non pas le résultat de l’accumulation des richesses immobilières et mobilières et de la thésaurisation d’immenses capitaux (plusieurs centaines de milliardaires et des milliers de millionnaires dans la Chine post-Deng Xiao Ping); non pas le résultat de la prévarication des biens de l’État et la résultante de la vénalité des fonctionnaires dans la plus totale impunité (excepté quelques bouffonneries répressives sporadiques) mais le résultat d’un processus naturel. L’embourgeoisement rampant serait, selon les exégètes du Parti «communiste», l’émanation spontanée des idées d’Adam Smith, idées évanescentes remplissant l’air vicié des officines du pouvoir, à la manière de la pollution atmosphérique ou de l’odeur du purin quand on tient grandes ouvertes les portes de la «glasnost» et de la «perestroïka» chinoises.
IDÉALISME CRYPTO-RÉVISIONNISTE ET ASIATIQUE
Finalement, la réalité concrète et le monde réel sont des créations de l’esprit selon ces adeptes de Confucius, ces héritiers de Politzer et d’Althusser. Changez votre pensée individuelle et vous changerez votre vie et celle de vos amis, proclament ces idéalistes crypto-révisionnistes; vous transformerez de surcroit la société, les rapports sociaux de production et ultimement les moyens de production ainsi que les classes sociales qui les administrent, proclament ces dualistes chinois pré-marxistes et leurs adeptes.
Selon ces moralistes idéalistes, ce n’est pas l’être social qui détermine la conscience mais l’idéologie qui détermine la conscience et la réalité. Nous voici ramenés deux cent ans en arrière, avant l’apparition du marxisme, et ces catéchumènes prétendent renouveler la théorie marxiste avec ces artéfacts de la pensée hégélienne.
Au fur et à mesure que se radicalise la résistance des jeunes et des ouvriers ont voit surgir ces courants de pensée idéalistes anti-scientifiques et attardés prétendant que le marxisme est mort et qu’il faut renouveler la pensée avec ces idées kantiennes éculées.
Heureusement, les jeunes partisans serrant les rangs sur les lignes de piquetage, décidés à affronter l’anti-émeute ne semblent pas contaminés par cette mystique répandue par des groupuscules gauchistes utopistes. Nul ne devrait se lancer dans la reconstruction de la gauche sans s’imposer au préalable une propédeutique scientifique marxiste.
INVITATION À LIRE : http://www.robertbibeau.ca/commadevolume.html
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(1) «Naturellement, lors du 18e Congrès du parti, la privatisation des entreprises d’État n’aura pas l’ombre d’une chance. Pour des considérations idéologiques. Et parce que, sans les entreprises d’État, le socialisme chinois est menacé de mort. Au sein des cercles dirigeants du parti et du gouvernement, il y a bel et bien une analyse de système fouillée, tant du capitalisme contemporain que du socialisme à caractéristiques chinoises. Cette analyse se traduit selon cette ligne, telle qu’elle est publiée dans Qiushi,» http://infochina.be/fr/content/l%E2%80%99affaire-bo-xilai-et-le-lib%C3%A9ralisme-au-sein-du-parti-communiste-chinois
(2) http://infochina.be/fr/content/l%E2%80%99affaire-bo-xilai-et-le-lib%C3%A9ralisme-au-sein-du-parti-communiste-chinois
(3) http://infochina.be/fr/content/l%E2%80%99affaire-bo-xilai-et-le-lib%C3%A9ralisme-au-sein-du-parti-communiste-chinois
(4) http://infochina.be/fr/content/l%E2%80%99affaire-bo-xilai-et-le-lib%C3%A9ralisme-au-sein-du-parti-communiste-chinois
Classé dans Actualité, Robert Bibeau
LE CONTEXTE GÉNÉRAL
Nous vivons à l’ère de l’impérialisme stade suprême du capitalisme. L’impérialisme connait des crises économique, financière, monétaire, politique et militaire et, pour survivre, les puissances impérialistes guerroient entre elles et agressent les peuples du monde ainsi que le prolétariat international dans chaque pays impérialiste ou néo-colonisé (1).
Quatre alliances internationales majeures se disputent l’hégémonie sur les marchés, sur les sources de matières premières et les zones d’exportation des capitaux en vue de spolier la plus-value ouvrière, unique source de profits. L’Alliance de coopération de Shanghai dirigée par la Chine et son alliée l’Alliance de coopération Eurasiatique (Russie) sont les alliances montantes; l’ALENA, cœur de l’Alliance atlantique, dirigée par les États-Unis d’Amérique est en déclin tout comme l’Union européenne, en cours de restructuration dirigée par l’Allemagne et la France (2).
L’ère des révolutions nationales démocratiques bourgeoises, amorcée avec la révolution anglaise (1649) et poursuivie par la révolution française (1789), puis la révolution chinoise (1949) a décliné avec la révolution bolchévique (1917) qui a marqué le début des révolutions socialistes prolétariennes et le commencement de la fin des révolutions nationales démocratiques bourgeoises et le déclin de l’impérialisme.
Depuis la victoire de la révolution iranienne environ (1979), les luttes de libération nationale ne sont plus que l’exception dans quelques pays néocoloniaux, semi-féodaux et semi-agraires d’Orient et d’Afrique. Ailleurs dans le monde, là où les rapports de production capitalistes prédominent, aucun préalable démocratique bourgeois, nationaliste ou populaire ne s’interpose dans la lutte titanesque qui oppose le prolétariat et les grands capitalistes; le travail et le capital; le socialisme et le capitalisme. Les deux classes sont face à face et, pour le moment, le prolétariat semble désorganisé et bien démuni face à son ennemi apparemment tout puissant…mais attention…
Le Canada, comprenant l’État-nation du Québec, est un pays impérialiste de puissance moyenne totalement intégré à l’ALENA, à l’OTAN et à l’Alliance atlantique en déclin sous l’hégémonie étatsunienne. C’est dans ce contexte économique, politique, idéologique et militaire mondial que le nationalisme en général et que la question nationale canadienne – comprenant la question québécoise – doivent être analysées, expliquées et comprises.
LA QUESTION NATIONALE CANADIENNE ET QUÉBÉCOISE
Que ce soit au Canada ou dans tout autre pays à travers le monde, chaque classe sociale a ses propres intérêts à défendre, son propre point de vue à promouvoir et sa propre praxis à développer en ce qui a trait au nationalisme et la question nationale.
L’Acte de l’Amérique du Nord Britannique (AANB), qui tient lieu de constitution canadienne depuis 1867, a scellé l’alliance de la bourgeoisie canadienne d’origine britannique et de la bourgeoisie canadienne d’origine française et elle a mis un terme à l’oppression nationale de la nation québécoise. Dans le cadre de l’AANB, les tâches nationales démocratiques bourgeoises furent satisfaites aussi bien pour le Canada que pour l’État-nation du Québec et dès lors la bourgeoisie québécoise s’arrogea le droit à l’autodétermination jusqu’à et y compris la sécession. Le fait qu’elle n’invoqua ce droit qu’un siècle plus tard ne change rien à ce constat. Cette classe dominante s’empara de l’administration de son État-nation et conquit peu à peu le contrôle de son économie nationale capitaliste marchande, puis capitaliste industrielle, puis capitaliste financière. Aujourd’hui, cette bourgeoisie francophone impérialiste brade les ressources naturelles du sol du Québec, pressure les nations autochtones, exploite le prolétariat québécois francophone et anglophone et soutien l’armée canadienne dans ses tâches de soutien aux agresseurs européens et américains, en Libye notamment (3).
À partir de 1945 environ, la bourgeoisie québécoise a remis en cause le partage des dividendes tirés de l’exploitation des ressources, de la force de travail et des revenus fiscaux glanés au peuple québécois. La moyenne bourgeoisie d’affaires et d’industrie (PME), alliée à la petite bourgeoisie cléricale et intellectuelle, imagina la tactique du « chantage à la souveraineté » afin d’obtenir un nouveau partage des revenus fiscaux et des compétences gouvernementales de la part du gouvernement fédéral et en faveur de sa grande bourgeoisie impérialiste francophone et anglophone.
Au cours de la période 1945-1976, la phase de la « Révolution Tranquille », la moyenne et la petite-bourgeoise québécoise, au service du grand capital impérialiste québécois, utilisèrent l’appareil d’État pour doter le « pays du Québec » d’infrastructures économiques, industrielles, de transport et de services sociaux visant à assurer l’exploitation des ressources et surtout de la force de travail dans les meilleures conditions pour son expansion et pour accueillir les investissements impérialistes, particulièrement ceux d’origine américaine.
Au cours de la période 1976-1995, les mêmes classes au service de la même classe capitaliste monopoliste francophone ont utilisé l’appareil d’État pour recueillir et administrer le crédit, l’épargne et le capital financier en circulation au Québec afin d’assurer leur intégration de classe dans l’ensemble économique et financier continental nord-américain (l’ALENA). Aujourd’hui, leurs dirigeants (politiques, industriels et financiers) négocient un traité de libre-échange avec l’Union européenne et visitent la Chine pour s’aboucher avec cette nouvelle puissance impérialiste montante.
Après avoir cédé pendant cinquante années au « chantage à la souveraineté », suite à trois référendums ayant mené au rejet populaire des projets manigancés d’accords constitutionnels pour le repartage des bijoux de familles entre cliques de voleurs, les capitalistes monopolistes québécois ont dû se résigner au statu quo constitutionnel. Présentement les capitalistes monopolistes canadiens – comprenant leur section québécoise francophone – stimulent le chauvinisme national afin d’accaparer les ressources du grand Nord canadien jusqu’au-delà de la terre de Baffin, arrachées aux Premières Nations autochtones et inuit. Ils confrontent leurs amis impérialistes étrangers pour le contrôle du passage du Nord-Ouest qu’il présente comme une lutte populaire.
La classe capitaliste monopoliste canadienne – comprenant sa section québécoise francophone – est fortement préoccupée par les crises économiques, financières, industrielles et militaires qui secouent l’Alliance atlantique face à ses concurrents d’Europe et d’Asie (4). La classe capitaliste monopoliste canadienne et québécoise n’a que faire des querelles à propos du partage des oripeaux nationaux québécois. Aussi, le mouvement nationaliste québécois s’étiole et se fragmente en de multiples sectes et clans plus ou moins pratiquants et orthodoxes abandonnés par leur classe de tutelle.
La classe ouvrière canadienne – comprenant sa section québécoise laissée à elle-même par la trahison des clercs gauchistes, opportunistes et révisionnistes – a cependant été peu contaminée par l’idéologie nationaliste chauvine des aristocrates ouvriers, de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoise en faveur d’un Québec fort ou indépendant dans un Canada uni ou fractionné.
La classe ouvrière canadienne comprenant sa section québécois se tient à distance de ces arguties et de cet activisme nationaliste qui ne s’attaquent nullement à la contradiction fondamentale de notre époque, celle qui oppose le travail salarié, socialisé et organisé et le capital privé et anarchique; la contradiction entre les forces productives disponibles mais sous-utilisées et gaspillées, dont le développement demeure entravé par la propriété capitaliste privée des moyens de production dilapidés.
Aucune étape ne se pose en préalable à l’insurrection de la classe prolétarienne, ni « libération » nationaliste bourgeoise, ni réforme démocratique bourgeoise, ni démocratie populaire, ni alter-mondialisme libertaire; que la libération du prolétariat et avec lui du peuple tout entier. Oui, un autre monde est possible, le monde du socialisme. Le parti de la classe ouvrière a pour unique tâche et pour unique programme politique d’organiser la classe ouvrière sous tous les aspects de la lutte des classes afin de renverser le pouvoir de la classe capitaliste monopoliste et son système économique, politique et idéologique impérialiste décadent, quel que soit l’ethnie ou la langue d’usage de ces impérialistes (5).
« IMPÉRIALISME ET QUESTION NATIONALE » L’IMPÉRIALISME QUÉBÉCOIS. Couverture couleur, 90 pages, 18 cm X 21 cm. 5$ l’exemplaire + 5$ pour frais de poste.
Visitez : http://www.robertbibeau.ca/commadevolume.html
Aussi disponible à la Maison Norman Bethune, 1918 Frontenac, Montréal.QC. 514-563-1487
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(1) Le lecteur pourra consulter les parties un et deux du document aux adresses suivantes : Partie 1 http://les7duquebec.com/2012/06/13/le-nationalisme-a-t-il-un-avenir-international/ et Partie 2 http://les7duquebec.com/2012/06/20/le-nationalisme-a-t-il-un-avenir-international-2em-partie/
(2) L’Union Européenne, est constituée de 27 pays européens soumis à l’hégémonie de l’Allemagne et de la France partenaires prépondérants. L’ALENA ou Accord de libre-échange nord-américain regroupent les États-Unis, le Canada et le Mexique. La Communauté économique eurasiatique regroupe quelques pays de l’ancienne URSS sous l’hégémonie de la Russie (Kazakhstan, Biélorussie et autres ex-républiques). L’Alliance de coopération économique de Shanghai regroupe sous l’hégémonie de la Chine, non seulement la Russie mais aussi le Kazakhstan, l’Iran et quelques pays aspirants comme le Brésil et l’Inde. etc. que l’on identifie souvent comme le BRIC. http://fr.wikipedia.org/wiki/Union_europ%C3%A9enne
(3) Canada et Québec en Libye http://www.lapresse.ca/international/dossiers/crise-dans-le-monde-arabe/201109/25/01-4451274-mission-canadienne-en-libye-une-facture-de-60-millions-depuis-six-mois.php et Le gouvernement du Québec brade les ressources naturelles et l’électricité à vil prix : http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/352982/le-plus-important-projet-ferrifere-au-quebec-progresse-a-grands-pas?utm_source=infolettre-2012-06-21&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne
(4) Raul Zibechi (2012). La nouvelle alliance militaro-industrielle entre l’Inde et le Brésil. http://www.pressegauche.org/spip.php?article10054
(5) Vincent Gouysse. (2010). Le réveil du dragon. 459 pages. http://www.marxisme.fr Vincent Gouysse. (2009). Crise du système impérialiste mondial. 230 pages. http://www.marxisme.fr
Classé dans Actualité, Robert Bibeau
(deuxième partie : Nationalisme bourgeois et internationalisme ouvrier)
Peut-on opposer un nationalisme réactionnaire et belliqueux à un nationalisme éclairé et pacifique ? Est-il vrai que le nationalisme hitlérien (national-socialiste) différait sensiblement du nationalisme de Léon Blum (chef du gouvernement français sous le Front populaire – 1936), ou encore le nationalisme de Maurice Duplessis de celui de René Lévesque ? Y a-t-il une différence entre le nationalisme de droite et le nationalisme de gauche et l’un serait-il supérieur à l’autre ? Voilà les questions que des lecteurs ont soulevées suite à notre éditorial de la semaine dernière (1).
Ces questions nous plongent au cœur de la « question nationale » quel que soit le pays visé, quelles que soient les forces économiques et politiques en présence et les classes sociales en conflit.
Le nationalisme est une idéologie, un corps de concepts idéologiques et politiques d’origine bourgeoise. Cette idéologie structure la société capitaliste depuis trois siècles, de l’époque du capitalisme marchand vers la fin du féodalisme, ensuite au cours du capitalisme industriel et financier (XVIIIe au XXe siècle). Comme cette idéologie est quelque peu ancienne, les historiens et les politicologues patentés croient qu’elle a toujours existé et qu’elle existera pour l’éternité.
Le nationalisme est une idéologie et une orientation politique et sociale essentiellement bourgeoise et petite bourgeoise cultivées par ces classes qui sont les chiens de garde médiatiques et intellectuels du régime capitaliste. Le nationalisme, quel que soit le visage qui l’incarne, n’est pas et ne peut pas être une idéologie ouvrière, encore moins une idéologie de la gauche marxiste. Le fait pour les marxistes de reconnaître le droit des nations à disposer d’elles-mêmes jusqu’à et y compris la sécession ne constitue pas un serment d’allégeance au nationalisme bourgeois; il en constitue au contraire le rejet, une façon de tirer le tapis sous les pieds de la bourgeoisie nationaliste et une opposition au sectarisme et aux guerres fratricides chauvines.
Historiquement, le capitalisme primitif, sous libre concurrence intérieure, exploitait la classe ouvrière nationale ainsi que différentes catégories d’employés non prolétarisés à l’abri des barrières douanières nationales. Voici que ce capitalisme primitif a connu au cours du XXe siècle une mutation « transgénique ». Le capital privé marchand et le capital privé industriel fusionnèrent, via le système bancaire et le réseau des institutions financières, pour se muer en capital financier, bancaire et spéculatif parasitaire.
Cette mutation fit naître une nouvelle couche sociale sous la forme d’un nouveau contingent de la classe capitaliste qui se décline dorénavant en trois variétés : les capitalistes nationaux marchands, les capitalistes nationaux industriels et les capitalistes monopolistes financiers internationaux. De ce jour, la couche des capitalistes monopolistes financiers internationaux contrôle l’appareil d’État par le truchement d’une confrérie de thuriféraires et de sous-fifres politiques à leur solde.
Dans les pays au développement économique retardataire, une couche de compradores, de propriétaires terriens latifundiaires et de capitalistes locaux, sert d’intermédiaire entre les différentes classes sociales – prolétaires, paysans, employés, petit-bourgeois – et les grands capitalistes monopolistes internationaux. Cette structure sociale transitoire, à cheval entre deux modes de production – le système capitaliste national et le système impérialiste international – complexifie l’analyse économico-politique et laisse subodorer qu’une couche de bourgeois nationaux serait anti-impérialiste, alors que ces compradores tentent parfois de faire monter les enchères et jouent une alliance impérialiste contre une autre. Les peuples locaux servent alors de chair à canon dans ces luttes inter-impérialistes pour le contrôle du territoire, de sa main d’œuvre, de ses ressources et de son marché.
Le fait qu’une guerre de rapine pour le partage des zones d’influence entre l’OTAN, Moscou et Pékin se déroule en Syrie ou en Libye ne lui confère pas un caractère anti-impérialiste pour autant, puisqu’une fois les massacres terminés la société nationale contrainte à cette guerre fratricide demeurera sous le joug impérialiste de l’une ou de l’autre alliance, tout comme le peuple syrien (ou libyen, ou irakien, ou égyptien) continuera de peiner pour le compte de l’un ou l’autre de ses geôliers.
C’est la raison pour laquelle les marxistes ne soutiennent jamais un Comité de larbins de ‘libération’ financé par un camp impérialiste (Washington ou Moscou). Nous dénonçons farouchement et sans équivoque toute intervention impérialiste étrangère dans les affaires internes d’une nation qui ne peut espérer que la mort et la misère de toutes ces guerres « humanitaires » sur ses terres.
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. Auprès de Robert Bibeau Éditeur. 955 Douglas, Saint-Jean, Canada. J3A 1Y9.
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Revenons à nos capitalistes monopolistes internationaux qui ne sont pas du tout nationalistes. Ces banquiers et ces requins de la finance ont inféodé l’État national-bourgeois. Ils imposent la réduction des services sociaux visant à assurer la reproduction de la force de travail. Ils réclament l’élimination des taxes et des impôts qui grugent leurs immenses profits. Ils exigent la levée des barrières douanières et imposent un développement économique orienté vers l’exportation pour certains pays, et vers la consommation désordonnée pour d’autres. C’est-à-dire un développement essentiellement mu par les flux de marchandises, de capitaux et de services. Puis, ils placent toutes les classes ouvrières nationales en concurrence les unes avec les autres de façon à réduire mondialement la valeur globale de la force de travail et ainsi augmenter d’autant la valeur globale de la plus-value, source unique de profit.
Les capitalistes frappent si fort pour réduire la valeur de la force de travail – les salaires – et le coût de sa reproduction élargie qu’ils mettent cette reproduction en péril. Ainsi la classe ouvrière mondiale n’a pas d’autre choix que de résister à son extinction. Les révoltes récentes et récurrentes des ouvriers grecs et des étudiants, fils et filles de la classe ouvrière, ne font que refléter cette résistance désespérée. La petite-bourgeoise subit aussi les affres de la récession et des mesures d’austérité. Parfois cette classe instable en vient à s’associer temporairement à la classe ouvrière, espérant ainsi effrayer la classe capitaliste monopoliste et lui imposer un arrangement intermédiaire à son avantage. Ceci était encore possible avant la grande crise rédhibitoire; ce n’est maintenant plus possible sous la crise systémique du régime impérialiste : la petite bourgeoisie devra bientôt choisir son camp, celui de la réaction et des sanctions pour sauver l’impérialisme, ou celui de la révolution et du socialisme. Pour la classe ouvrière et ses alliés, il importe de rallier de larges détachements de petit-bourgeois dans son camp
Cette évolution inéluctable du capitalisme industriel primitif vers l’impérialisme, que d’aucuns appellent la mondialisation néo-libérale, entraîne la destruction des États-nations comme les différents traités internationaux le laissent entendre, l’Union européenne étant le modèle le plus achevé en ce domaine. Les pseudos analystes financiers, économistes et spécialistes experts comme l’économiste Chouard qui spécule sur l’effondrement de l’euro et l’implosion de l’Union européenne sont des charlatans qui n’ont strictement rien compris à l’économie politique contemporaine (2). L’Union européenne ne peut que survivre jusqu’à sa destruction totale par le prolétariat européen.
Il se peut que quelques pays européens récalcitrants soient chassés de la zone euro de façon à donner l’exemple et mâter les pays qui voudraient résister au diktat de Bruxelles.
Rien à craindre. Le résultat de la récente élection grecque (juin 2012) n’aura aucun effet sur l’expulsion de la Grèce du cercle de l’Euro. La grande bourgeoisie grecque a voulu en gagnant ces élections résister à son expulsion mais comme elle ne pourra livrer un prolétariat grec obéissant et soumis, prêt à payer sans sourciller, ce pays sera expulsé de la zone euro quoi qu’il arrive. Il est impératif pour les pontifes de Bruxelles de faire un exemple retentissant de façon à ne pas avoir à expulser l’Espagne ou l’Italie par la suite.
L’impérialisme européen n’a pas créé l’Union européenne et l’Euro par accident ou innocemment. L’économie politique impérialiste exige le maintien de ces deux instruments et la suppression des dernières barrières nationales bourgeoises en Europe pour amener les capitalistes monopolistes financiers européens au diapason de leurs concurrents de l’ALÉNA états-unienne et de ceux de l’Alliance de Shanghai.
Toute bourgeoisie nationale européenne récalcitrante, abouchée aux aristocrates ouvriers privilégiés, aux ex-communistes défroqués, aux gauchistes illuminés et aux fascistes lepénistes ou autres sera broyée par le rouleau compresseur impérialiste européen qui n’a pas d’autre choix pour survivre que d’effacer les frontières nationales de façon à forger un seul vaste marché européen (500 millions de contribuables) à la dimension du marché concurrent nord-américain (450 millions de consommateurs) ou de celui de la Chine impérialiste (1,3 milliards de producteurs). Sachant que ce dernier bénéficie de l’immense avantage d’exploiter un nouveau prolétariat tout neuf dont l’aristocratie ouvrière est encore embryonnaire.
Dans tout ce brouhaha économique et politique, au cœur des crises de surproduction, des crises monétaires, des crises de crédit et d’insolvabilité des consommateurs des pays riches, à qui on demande de dépenser aujourd’hui le salaire qu’ils ne gagneront jamais demain, les différentes bourgeoises industrielles, marchandes et d’affaires qui œuvrent à l’échelle locale, régionale, ou même nationale, se hérissent, résistent à leur élimination de la scène économique, à la délocalisation de la production, et à leur faillite inéluctable. C’est d’elles que provient cette résurgence rétrograde de voix et de voies nationalistes chauvines dont la mort lente du nationalisme québécois est un exemple.
Cette mise en concurrence internationale des contingents ouvriers de chaque État-nation entraîne la délocalisation des entreprises d’une aire nationale vers une autre à la recherche du coût minimum de reproduction de la force de travail. La bourgeoisie et la petite-bourgeoise nationale de chaque pays en crise subit les contre coups de cette désindustrialisation de l’Ouest, garante de l’industrialisation accélérée de l’Est (Chine, Inde, Taiwan, Corée, Bengladesh, Vietnam). C’est alors que ces classes « nationalistes » parasitaires lancent des cris d’alarme à propos de leur « Patrie en danger », invitant le prolétariat « national » à de plus grands sacrifices pour sauver l’économie et les profits des riches attaqués par le grand capital international et leurs États-majors gouvernementaux fantoches.
Le prolétariat dit « national » n’a aucun intérêt à voler au secours de sa bourgeoisie nationale en faillite, sauf de prolonger son propre état d’esclavage salarié, l’agonie du système d’exploitation capitaliste et celui des capitalistes nationaux et de la petite-bourgeoise parasitaire. Tout au long de cet affrontement les aristocrates ouvriers et la petite bourgeoise déguisés en gauchistes s’avancent enveloppés du drapeau national pour porter assistance à leurs capitalistes « patriotes » sur le dos des ouvriers.
Le Plan C de sortie de crise de monsieur l’économiste Chouard s’abreuve de cette eau (3). En amont, il prend sa source dans le processus d’asphyxie de la bourgeoisie nationale et de ses alliées alors qu’en aval il coule vers la petite-bourgeoise cléricale, professionnelle, intellectuelle et altermondialiste – qui trouve emploi et bénéfice chez ses maîtres les « nationaux aux jolis oripeaux » – afin de la mobiliser pour stopper la roue de l’histoire. Au nom du Contrôle de la démocratie et de la Constitution d’origine citoyenne. Si un jour le petit capital non monopoliste et la petite-bourgeoise cléricale, représentés par le Front de Gauche et par le Front National français, s’approchaient par la magie des urnes un tant soit peu de l’hémicycle du pouvoir – ou si leurs équivalents au Parlement canadien ou encore leur équivalent américain flirtaient avec le Bureau ovale à Washington, dans chacun de ces pays un coup d’État militaire mettrait fin à ces menaces intolérables. Soyons sans crainte, le grand capital monopoliste et bancaire internationalisé veille au grain et cette éventualité ne surviendra jamais.
En conclusion, l’idéologie nationaliste est désormais une idéologie bourgeoise réactionnaire, même si ce sont des « has been » communistes sur le retour, des gauchistes hystériques ou des nationaux-socialistes malveillants qui défendent ce système économique archaïque qui mérite d’être éradiqué et remplacé. Non, il n’y a pas d’avenir international pour le nationalisme quel qu’il soit.
La semaine prochaine dernière partie : LA QUESTION NATIONALE AU CANADA.
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(1) Robert Bibeau (2012). Le nationalisme a-t-il un avenir international ? http://www.politicoglobe.com/2012/06/le-nationalisme-a-t-il-un-avenir-international/
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LES FÊTES NATIONALES SE SUCCÈDENT ET SE RESSEMBLENT
Le 24 juin approche à grands pas – plus que quelques jours avant la fête de la nation québécoise. Les sectes, mouvements, options et partis nationalistes s’activent de « gauche » comme de droite pour faire de la Saint-Jean-Baptiste un événement préparant la réélection du Parti Québécois et l’assujettissement de la classe ouvrière au drapeau fleur de lys royal – croix catholique papiste – sur fond azur des cieux.
La nation canadienne connaîtra un cérémonial semblable le 1er juillet, sous la feuille d’érable nationale, le 4 juillet les états-uniens subiront le drapeau aux 50 étoiles ensanglantées et le 14 juillet les prolétaires français souffriront le bleu – blanc – rouge tout en ayant la « chance » de chanter les louanges de leur bourgeoisie néocoloniale guerrière sous la houlette de Hollande le va-t’en guerre.
Le moment nous semble particulièrement bien choisi pour amorcer une réflexion sur la question nationale en général et sur la question nationale canadienne et québécoise en particulier (1).
En cette période de crise économique récurrente et d’affrontement social radical, le nationalisme chauvin s’avance sur la scène de l’histoire mu par la petite bourgeoisie et la bourgeoisie nationale en difficulté parce qu’écartées des centres de décision impérialistes. Ces gens ont l’intention de faire obstacle au grand affrontement opposant le prolétariat international et l’impérialisme mondial.
Les bourgeoisies nationales et leurs alliés de la petite bourgeoisie et de l’aristocratie ouvrière aimeraient utiliser les soulèvements des jeunes, des partisans et des ouvriers au profit de leurs intérêts nationalistes. La véritable gauche internationaliste doit dégager la voie afin que l’affrontement final ait lieu entre les deux titans de notre époque – le prolétariat et la classe capitaliste monopoliste. Cette dernière a terminé son mandat en tant que classe parasitaire même si elle s’accroche à ses privilèges et refuse de se retirer de la scène de l’histoire, alors que son système économique s’effondre, incapable d’assurer le plein développement des forces productives dans l’harmonie et le respect de l’environnement.
LES ÉTUDIANTS SONT COURTISÉS
Depuis plusieurs mois les étudiants québécois ont amorcé un impressionnant mouvement de résistance contre la hausse des droits de scolarité universitaires. Les fils de la classe ouvrière et de la petite bourgeoisie paupérisée ont décidé, à la surprise générale, que l’exploitation et l’oppression avaient assez duré et qu’ici se terminait l’empiètement de l’appareil d’État (législatif, juridique, policier et carcéral) sur leur droit aux études supérieures et qu’ils ne s’endetteraient pas davantage pour s’instruire – surtout que le chômage est trop souvent attaché au diplôme dévalorisé.
Ce combat, à l’origine circonscrit au champ éducatif, a débouché dans le champ social et politique quand le gouvernement Charest et sa Loi 78, s’acharnant à exécuter mécaniquement les ordres reçus de Sagard, a été incapable de dévoyer la farouche résistance étudiante même en soudoyant quelques carriéristes étudiants (2).
Depuis autant de mois le courant nationaliste québécois essaie de « surfer » sur la vague étudiante et tente de parasiter le mouvement de la jeunesse afin de tirer les marrons du feu à son bénéfice exclusif. L’ancien premier ministre du Québec, l’irrédentiste souverainiste Jacques Parizeau, a fait remarquer qu’aucun drapeau canadien ne souille le ciel des manifestations alors que le fleur de lys royaliste flotte parfois, inopportun, sur la foule réprimée-matraquée.
Il est important de rappeler qu’à l’occasion de la négociation de l’Acte de l’Amérique du Nord Britannique (constitution canadienne de 1867) les deux sections de la grande bourgeoise canadienne (d’origine britannique et d’origine française) se sont partagé les zones d’influence et il est incontestable que le territoire du Québec – agrandi de l’Ungava nordique et de ses Inuits, « cadeaux » du gouvernement fédéral en 1912 – a échu à la bourgeoisie francophone. Le fait important dans tout ceci, ce n’est pas la réminiscence de quelques drapeaux cruciformes, mais l’insignifiante influence des nationalistes sur le mouvement étudiant. C’est nouveau par rapport aux années soixante et soixante-dix.
Madame Pauline Marois, chef du Parti Québécois et chef de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale, a bien tenté de récupérer le mouvement mais les étudiants se rappellent que les premières hausses des droits de scolarité remontent au règne péquiste. Pour l’occasion – opportuniste comme à l’accoutumée – le PQ s’oppose à la hausse jusqu’à son élection à la tête du gouvernement.
Les députés du Parti Québécois arborent le carré rouge, symbole de la résistance étudiante. Un analyste y a vu une usurpation du « rouge Libéral, le parti de Charest ». L’infortuné Lisée n’a pas remarqué qu’un carré rouge d’envergure devient l’étendard rouge de l’internationalisme prolétarien.
LA RÉCUPÉRATION
Chacun aura certainement observé que partout dans le monde les printemps et les automnes de soulèvement et de résistance ainsi que les rébellions anti-impérialistes s’amorcent habituellement par des revendications sociales et économiques pour l’emploi, pour des hausses de salaires, contre la vie chère, contre la misère, pour la nourriture élémentaire, pour l’eau moins chère, pour le logement salubre et abordable, contre les hausses de tarifs des services publics, contre la privatisation des services à la population, pour l’accès aux soins de santé, aux médicaments, aux études et contre le transfert du fardeau de la crise économique sur le dos des travailleurs.
Généralement, après quelque temps, les médias bourgeois à la solde falsifient les motifs du soulèvement et mettent de l’avant des mots d’ordre soufflés par la bourgeoisie qui est justement la cible des manifestants. En Égypte, une révolte populaire contre la vie chère et le chômage s’est vu proposer comme objectif de changer l’attelage de gouvernance et de déchoir le vieux Raïs. Désespéré, le peuple égyptien aura bientôt un fanatique islamiste pour diriger sa destinée. L’élection pseudo démocratique lui fera ainsi connaître la bande de prévaricateurs qui remplacera la précédente bande de voleurs (l’histoire ne dit pas encore si les fils Moubarak acquittés et leurs complices feront partie du nouveau sérail).
Voilà où mène la mascarade démocratique bourgeoise sous les hourras de la go-gauche et devant les alléluias de la droite. Dans tous ces pays où les peuples se soulèvent, ne pourrait-on, pour une fois, proposer un véritable référendum ainsi libellé : Pour ou contre l’exploitation du travail quelle que soit la nationalité de l’exploiteur ? Pour ou contre la confiscation de la plus-value ouvrière quelle que soit l’origine ethnique du spoliateur ? Pour ou contre la propriété privée des moyens de production quelle que soit la langue d’usage de l’usurpateur ? Pour ou contre la crise économique capitaliste nationaliste ? Les intérêts de la classe capitaliste, soi-disant nationale, sont aux antipodes des intérêts de la classe ouvrière internationale. L’argent, le capital, le profit n’ont pas d’odeur, dit-on, et pas de nationalité non plus.
Vous aurez noté que vous n’avez jamais vu de tels référendums ni pendant le Printemps arabe, ni pendant le Printemps « érable », ni en Grèce, ni en Espagne, ni au Royaume-Uni, ni en Russie poutinienne, ni chez les « indignés » états-uniens, ni en Chine impérialiste, ni dans aucun des États du Moyen-Orient agressé par l’impérialisme de grande puissance en soutien au nationalisme étroit. C’est que la bourgeoisie nationaliste et son avant-garde médiatique et idéologique – ses francs-tireurs petits-bourgeois – récupèrent les mouvements de lutte populaires sur le front économique et social pour les diriger vers les marécages fangeux du nationalisme chauvin et réactionnaire.
AU QUÉBEC CE N’EST PAS DIFFÉRENT
Un processus semblable est en cours auprès du mouvement étudiant québécois; ainsi on voit surgir des propositions de « Sommet national de l’éducation », comme s’il fallait réunir un sommet national avec les capitalistes « québécois » pour décider de geler les droits de scolarité ! Les étudiants refusent de payer pour les riches nationalistes…avez-vous autre chose à demander ? Proposition également de création d’un « Comité de coupures en éducation », lieu où Pauline Marois, après des élections de liquidation de la contestation, inciterait les étudiants à cafarder leurs professeurs gaspilleurs de crayons marqueurs, qui eux-mêmes devraient dénoncer les administrateurs prévaricateurs, qui eux-mêmes accuseraient les employés de soutien de flâner au travail. Aux dires des chauvins nationalistes la « race de souche québécoise » pourrait ainsi s’auto-flageller pour avoir failli à son projet collectif de propulser « ses milliardaires nationaux » du Québec Inc. aux plus hauts sommets de la spoliation internationale.
Partout en Côte-d’Ivoire, au Mali, en Mauritanie, au Soudan, en Syrie, en Libye, en Irak, en Afghanistan, en Corée, en Palestine, au Kurdistan, en Arménie, en Ukraine, en Grèce, en Irlande, en Espagne, en France, au Brésil, en Chine et aux États-Unis – et nous pourrions poursuivre la litanie des pays meurtris – les divers segments de la bourgeoisie nationale se chamaillent pour éviter la faillite et maintenir leur niveau d’exploitation de la classe ouvrière, mobilisant la classe sur des bases chauvines, racistes ou ethniques pour l’amener à s’entredéchirer. Pendant ce temps les capitalistes tirent les marrons du feu au milieu de la tempête sociale, économique et politique qu’ils ne parviennent pas à contrôler et encore moins à éradiquer. Pourtant, la classe ouvrière est une et universelle et elle n’a aucune patrie, elle migre partout où elle peut trouver acheteur pour sa force de travail dévaluée.
La semaine prochaine : NATIONALISME CONTRE INTERNATIONALISME.
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(1) VOUS POUVEZ VOUS PROCURER L’ESSAI
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Visitez : http://www.robertbibeau.ca/commadevolume.html et http://www.palestine-solidarite.org/invitation_lecture.htm#11
(2) http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=30948 et http://www.alterinfo.net/L-ETAT-POLICIER-S-AFFICHE-SANS-HONTE-A-MONTREAL-OCCUPEE_a77518.html et http://les7duquebec.com/2012/05/30/charest-degage/ et http://www.legrandsoir.info/greve-etudiante-au-quebec-bilan-apres-13-semaines-de-resistance.html
Classé dans Actualité, Robert Bibeau
LA CRISE GRECQUE
La crise grecque est très complexe, la voici résumée en ses quelques éléments. L’ensemble du monde impérialiste est en cours de réorganisation et l’économie grecque compte pour une fraction de un pour cent dans cette tragédie de Sophocle. On se détend bonne gens, l’effondrement du Parthénon serait tragique du point de vue archéologique mais sans grand dommage pour l’économie mondiale. La mise en scène médiatique entourant la crise grecque ne vise qu’à faire accepter les sacrifices d’austérité demandés au peuple hellène et à faire avaler le renflouement des banques européennes par le peuple allemand.
Depuis l’entrée en scène de la superpuissance industrielle chinoise, une nouvelle division internationale du travail est en cours – les marchés internationaux sont l’objet d’âpres disputes entre quelques grandes alliances impérialistes dont une seule ressortira hégémonique au terme de ces hostilités, les autres devant se résigner à être les deuxièmes de cordée. C’est exactement ce qu’anticipait Georges W. Bush, un homme pas très intelligent mais très obéissant, qui répétait inlassablement : « Je ne laisserai aucune puissance nous ravir l’hégémonie mondiale et le rôle de première puissance internationale », serment qu’Obama renouvela à l’occasion de son dernier discours sur l’État de l’Union devant le Congrès américain.
Qu’à cela ne tienne, l’hydre américaine n’a plus que sa puissance militaire-nucléaire pour maintenir son hégémonie planétaire. Du point de vue économique cet État est devenu une puissance de deuxième ordre qui se prépare tout doucement à dévaluer sa monnaie pour la nième fois. Du point de vue industriel, le lilliputien états-unien n’est plus que l’ombre de ce qu’il était à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Vous souhaitez acheter un ordinateur Made in USA ? Appelez à Taiwan, il vous sera livré directement. Vous désirez le dernier ‘Ipod’ à la mode ? Passez commande chez Apple, en Inde, et il vous sera livré directement de Chine «socialiste», et ainsi de suite. Il n’y a que les sièges sociaux d’Apple, de Google et de Facebook qui se trouvent encore aux États-Unis, ainsi qu’une partie de leurs actionnaires « tondeurs de coupons » qui déposent leurs avoirs dans des banques étrangères. Pas fous les milliardaires états-uniens, la dévaluation du dollar US ce n’est pas leur affaire, de même que la galère grecque ne concerne guère les armateurs athéniens (1).
ÉCONOMIE FICTIVE ET INTANGIBLE
Facebook, la toute dernière bulle boursière américaine, a éclaté avant même que d’être gonflée. Et vous pouvez parier que les boursicoteurs de Morgan Stanley et leurs amis initiés sauveront leurs mises tandis que les milliers de petits porteurs, les investisseurs au « bas de laine » spéculatifs, perdront leur chemise et leurs bas dans l’opération. Les experts des médias sociaux se perdent en conjectures dans une dernière tentative d’accréditer le mythe du capital technologique de risque – de l’industrie des médias sociaux et de l’économie du savoir pour les poires (2). Une entreprise du secteur quaternaire, ne vendant strictement que de la publicité et ne valant quasiment rien d’un point de vue mobilier et immobilier, ne peut s’apprécier de dizaines de milliards de dollars en quelques jours ? Combien de « Hedge Funds » – fonds de pension ouvriers – auront dilapidé les économies de leurs clients dans cette aventure nébuleuse quand se dégonfleront la nébuleuse « Facebook » et toutes les étoiles filantes inscrites à la bourse ? (3)
Pendant ce temps la superpuissance industrielle chinoise construit des navires, des ordinateurs, des automobiles, des éoliennes, des ponts et des voies publiques, des cales sèches, des aéroports, des hôpitaux, des écoles, des vêtements, des ustensiles de cuisine, des appareils ménagers, des réacteurs nucléaires, des porte-avions, des hélicoptères, des satellites et un million de produits à exporter sur tous les marchés. À votre avis quelle puissance impérialiste détient la recette de la richesse et de l’accumulation élargie du capital par la confiscation de la plus-value du travail, la Chine industrielle ou les États-Unis boursicoteurs ? Les circuits économique, industriel, financier et boursier sont aujourd’hui court-circuités par l’arrivée d’un nouveau joueur majeur qui redéfinit les taux de profitabilité des investissements capitalistes. C’est aujourd’hui le niveau d’exploitation des ouvriers chinois qui définit la norme minimale recherchée par les investisseurs capitalistes internationaux.
LA GRÈCE EMBARRASSANTE OU L’EURO ENCOMBRANT ?
Le contexte économique, politique et militaire mondial ayant été esquissé, examinons maintenant notre patient, la Grèce et ses euros encombrants. Analystes et économistes de salon y vont de leurs prédictions : « Faillite imminente de la Grèce », « Ombre sur la Mer Égée », « Rififi à Athènes », « Vivement la drachme ! », « Hors de L’Euro point de salut ! » (4). Ces camelots prétentieux qui ne parviennent jamais à anticiper quoi que ce soit pourraient passer pour des humoristes si ce n’était que le peuple grec souffre de l’autre côté du miroir de ces alouettes « expertes » (5). Oublions ces polichinelles en dentelles et attaquons la question de front. Concrètement nous examinerons les différentes options qui s’offrent aux décideurs.
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Première hypothèse : Dans cette hypothèse nous imaginons que les ouvriers grecs et le peuple grec tout entier se résignent, se soumettent aux restrictions draconiennes, acceptent les réductions de salaires et de services publics, ploient sous le fardeau bancaire mortifère. L’économie grecque est ainsi ramenée aux conditions des années cinquante (1950); de peine et de misère le peuple grec rembourse petit à petit la dette des banques grecques aux banques européennes. Dans ces conditions, la Grèce demeure misérable, exsangue, mais subsiste à l’intérieur de la zone Euro, et elle bénéficie du « privilège » d’emprunter de fortes sommes – à taux élevé (6,6 % et davantage) – aux banques européennes pour rembourser les banques européennes. Dans cette hypothèse il est loisible d’imaginer que dans dix ans la dette grecque sera probablement un peu en-dessous de son niveau actuel alors que les métèques grecs auront continué à fuir le pays, s’expatriant partout à travers le monde comme ils le font depuis cent ans. Les Grecs qui seront restés au pays survivront grâce à l’aumône reçue des expatriés acheminant leur salaire dans la patrie saignée à blanc.
Selon cette hypothèse, un second segment du peuple grec survivra grâce à de petits emplois – bonnes, jardiniers, hommes à tout faire, commissionnaires, gardiens de sécurité, commis, manutentionnaires, concierges – au service des touristes venus contempler la nouvelle ruine du peuple grec, ou encore les métèques grecs peineront dans les villas estivales et les haciendas de vacances que les milliardaires et les artistes européens se seront fait construire pour une bouchée de pain face à la mer Égée, la mer Ionienne ou en Crète minoenne. Selon cet exemple, les prolétariats de tous les pays européens auront observé un modèle de soumission à l’austérité des riches, par les riches et pour les riches capitalistes selon le vœu des impérialistes européens.
Seule ombre au tableau capitaliste de cette solution utopique… Que feront les prolétaires, les étudiants, les jeunes chômeurs, la petite bourgeoisie et les commerçants grecs restés au pays ? Seront-ils toujours soumis ? Combien de soldats, de colonels, de tanks et de transports de troupes faudra-t-il pour écraser les sporadiques révoltes de la faim et de la misère du peuple grec en colère ? Quel sera le coût de l’option militaire contre ces forces grégaires ? L’investissement répressif vaudra-t-il son poids en Euros ? Et surtout, la bourgeoisie grecque peut-elle compter sur son armée pour réprimer le peuple grec ? Rien n’est moins certain, sinon les troupes seraient déjà sur les chemins hors des casernes.
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Seconde hypothèse : La Grèce est expulsée ou s’expulse elle-même de la zone Euro, ce qui semble le choix de la bourgeoisie européenne qui promeut le parti Syriza en coulisse (6). Oubliez toutes ces billevesées des pseudos experts qui vous expliqueront que les traités européens ne le permettent pas. Nous vivons sous la dictature de la bourgeoisie qui interprète et réaménage les traités selon ses visées. Il n’y a là qu’un petit problème technique qui, le temps venu, sera vite résolu. Les riches ont implanté l’Union sans demander l’autorisation à quiconque, et là où ils ont fait l’erreur de demander au peuple ses humeurs, ils ont dû relancer la question jusqu’à ce qu’ils obtiennent la réponse attendue, ou alors, ils se sont passés de l’accord des intimés. Voilà la démocratie des marchés.
Afin d’illustrer l’effet économique de cette seconde option, nous allons nous transporter à 15 000 kilomètres du Pirée au pays d’Évita Perron, l’Argentine des gauchos, du tango et de la passionaria. Rien de tel qu’un exemple concret pour comprendre les manigances criminelles des portefaix. Un jour de 1992, le méchant président Menem, le larbin des capitalistes argentins, institua la parité forcée entre le peso argentin et le dollar américain qui devient ainsi la devise officieuse de l’Argentine selon le système du currency board. Dans un tel système de change, la monnaie locale (peso) n’est créée qu’en fonction directe des entrées de dollars US dans le pays. Après quelques années de ce régime de dépendance, l’économie s’effondra : 40 % d’inflation, 25 % de chômage, 57% de pauvreté parmi le peuple éploré, effondrement du marché immobilier, récession catastrophique – entre 5 % et 12 % annuellement (66 % en cinq ans entre 1998 et 2003) –, gel des comptes bancaires, confiscation des épargnes des titulaires sauf ceux des riches déjà transférés en Suisse.
La classe moyenne paupérisée ayant disparu, crise sociale et concerts de casseroles retentirent dans les rues. Cinq présidents de pacotille se succèdent à la barre du bateau ivre. Le pays revient à sa monnaie nationale après ce catastrophique mariage avec le dollar américain. La banque centrale rétablit le cours flottant avec les monnaies étrangères et instigua une dévaluation de 75 pour cent de la monnaie nationale. C’est-à-dire que les petits épargnants, les retraités et les travailleurs encore en emploi ont vu leur pouvoir d’achat s’effondrer des trois quarts, pendant que ceux sans emploi recevaient une ridicule assistance d’urgence (100 peso par foyer, dévaluée mensuellement) (7).
LA BOURGEOISIE NATIONALE TENTE D’EN RÉCHAPPER
Après tant de sacrifices voilà qu’une nouvelle passionaria a été mise en selle par une union nationale de salut public, un caléidoscope politique allant du brun péroniste au rouge-brun pseudo communiste. En octobre 2011, madame Christina Kirchner a été réélue à la présidence de l’Argentine monétarisée et revenue à son peso patriotique garant de toutes les escroqueries. Après cette descente aux enfers, voici que le peso argentin pousse l’économie à un train d’enfer – 8 % de croissance annuelle entre 2003 et 2011 – mais voilà que 2012 marque un coup de frein dans le « miracle » argentin. L’Argentine avait pensé qu’elle pouvait se développer au sein de l’économie impérialiste mondiale mutualisée, qu’elle pouvait envahir les marchés étrangers – l’exportation étant le ferment de la croissance impérialiste décadente – et qu’elle pourrait fermer ses frontières à la concurrence étrangère. Le Brésil, son premier client, vient de lui rappeler par des mesures de rétorsion que ce qui est requis pour elle est aussi requis pour lui (exporter). Sous peu, le prolétariat argentin aura à faire face aux salaires de famine de la Chine qui elle aussi exportera en Argentine. Exit l’éphémère résurrection argentine.
Le scénario du peso argentin risque fort de tracer le chemin de la drachme grecque. Une monnaie n’est jamais que le reflet de la vitalité d’une économie et de ses capacités concurrentielles dans un système économique corrélatif. L’économie impérialiste mondiale est ouverte, inter reliée, interdépendante, concurrentielle, internationalisée et les ouvriers du monde entier sont mis en concurrence les uns contre les autres pour produire le maximum de plus-value au salaire le plus bas qui soit (coût minimum de reproduction de la force de travail). Le travail étant le seul vecteur pouvant produire de la valeur, c’est dire l’importance de la variable salaire dans la localisation des forces productives, des moyens de production, des usines et des industries.
Que la capacité concurrentielle d’exportation de l’économie grecque soit comptabilisée en euros ou en drachmes ne changera rien au fait que dans la division internationale du travail le prolétariat grec endetté, ayant dépensé hier les revenus qu’il n’empochera pas demain, peut difficilement concurrencer le prolétariat chinois ou indien. Comme le développement d’une industrie lourde nationale – production de machines-outils et de moyens de production – à l’abri de barrières tarifaires est interdit en système impérialiste, il n’y a aucun espoir que la Grèce suive sa propre voie de développement économique.
LA CRISE DE L’EURO
Ce que l’on appelle la crise de l’Euro est en fait une crise globale de tout le système impérialiste d’exploitation et d’exportation. Il prend la forme d’une crise monétaire car la monnaie est l’unité de mesure et le véhicule de l’activité économique, des tractations commerciales et des transactions financières.
Présentement, tous les efforts des banquiers, des financiers et des boursicoteurs européens visent à dissocier d’urgence la destinée de l’Euro de celle du dollar américain avant l’effondrement de ce dernier. L’économie grecque surendettée est la première victime de ce combat de titan. Bruxelles et Berlin, les capitales où siège l’État-major exécutif du gouvernement des riches et des puissants européens se doivent de briser la résistance grecque car demain ce sont les espagnols, les portugais, les italiens, les britanniques et les français qui suivront leur exemple de résignation ou de contestation.
Où pourront-ils investir leurs capitaux licites et illicites, ces milliardaires, ces propriétaires des moyens de production et des réseaux de transport, de distribution et de commercialisation ? Planquer son fric sous des pavillons de complaisance et dans des sanctuaires fiscaux internationaux n’est qu’une solution temporaire. Les capitaux ne peuvent fructifier, faire produire de la plus-value et engendrer des profits quand ils sont tapis au fond d’un casier dans une banque aux îles Caïmans. Les capitaux accomplissent leur cycle de reproduction élargie lorsqu’ils sont réinjectés dans le processus de production et de circulation des marchandises et qu’ils trouvent preneur pour réaliser-concrétiser la valeur ajoutée et la profitabilité.
Voilà que dans un petit pays de Méditerranée un peuple très ancien, gloire de l’antiquité occidentale, se rebiffe et refuse de baisser les bras et de voir ses conditions de vie et de travail péricliter et rétrograder de cinquante ans. Du Pirée à Thessalonique, de Rhodes à Corfou, quelques millions d’ouvriers refusent simplement d’être sacrifiés aux ajustements structurels et financiers des économies parasitaires.
Il lui faudra à ce peuple songer à la seule option d’avenir, de paix et de progrès qui reste : sortir du système économique capitaliste décadent, inefficace, gaspilleur et destructeur de richesses pour construire la seule solution qui vaille, un système économique nouveau – socialisé –.
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(1) Sortie de devises des banques grecques : http://www.francesoir.fr/actualite/economie/crise-grecque-paniques-les-grecs-retirent-leur-argent-des-banques-226667.html
(2) Facebook spéculation des experts nouveaux-médias. http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/05/24/entree-en-bourse-de-facebook-les-raisons-d-un-fiasco_1706425_651865.html
(3) Facebook la fumisterie : http://www.lemonde.fr/idees/ensemble/2012/05/31/facebook-entreprise-utopique-ou-illusoire_1710227_3232.html#ens_id=1710227
(4) Experts en goguette s’auto-aspergeant à propos de la crise grecque : http://www.lemonde.fr/idees/ensemble/2012/05/24/quelle-sortie-de-crise-pour-la-grece_1706345_3232.html
(5) http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3227 et http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3224 et http://www.m-pep.org/spip.php?article2597 et http://www.slate.fr/lien/54913/crise-grecque-drachme-retour-banques
(6) Syriza. http://www.lapresse.ca/international/europe/201205/13/01-4524791-la-grece-se-dirige-vers-de-nouvelles-elections.php
(7) http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_%C3%A9conomique_argentine
(8) http://blog.mondediplo.net/2012-05-24-Euro-terminus
Classé dans Robert Bibeau
(Le peuple français a-t-il les intellectuels qu’il mérite ?)
INQUIÉTUDE EN FRANCE MÉTROPOLITAINE
Les intellectuels français de tout bord sont inquiets. Ils supputent et s’interrogent, tels des psychiatres aux chevets d’un valétudinaire schizophrène ou autiste – et ils s’attribuent la responsabilité de le guérir – c’est du moins leurs prétentions à ces chiens de garde de la classe dominante en France.
Quelqu’un pourrait-il leur souligner que si le peuple français est de si mauvais poils cela est dû à son psychiatre-intervenant justement, le remède que je recommande pour sauver le patient, est que plus un seul intellectuel français n’ausculte l’égrotant. De grâce, plus aucun diagnostique à propos de l’immigré du tous les « dangers », plus de prescriptions contre l’immigration, le voile, la laïcité, l’État des français de souche, plus de potions magiques racistes et le malade guérira car la source du mal français n’est pas dans les quartiers des cités multi ethniques – il est dans les quartiers riches des monopolistes.
Nous assistons depuis le premier tour des élections à un maelstrom de contre-vérités, de contrefaçon et d’accusation de non-assistance à un peuple en péril – bref, à une charge en règle à laquelle s’objecte un philosophe. L’assesseur prénommé Alain Badiou que sa conscience gauchisante turlupine persiste et signe.
Lisez plutôt son acte d’accusation tonitruante – conséquente contre l’engeance intellectuelle française publiée en bonne page de l’imMonde, quotidien que vous connaissez bien : « Le pouvoir démocratique, dont nous sommes si fiers, serait-il allergique à ce qu’on se soucie du peuple ? C’est l’avis dudit peuple, en tout cas, et de plus en plus. À la question « les responsables politiques se préoccupent-ils de ce que pensent les gens comme vous ? », la réponse entièrement négative « pas du tout » est passée de 15 % de l’ensemble en 1978 à 42 % en 2010 ! Quant au total des réponses positives (« beaucoup » ou « assez »), il est passé de 35 % à 17 % (…). La relation entre le peuple et l’État n’est pas faite de confiance, c’est le moins qu’on puisse dire.» (1).
L’Objet du coup de gueule du professeur Badiou n’est pas de démontrer que le peuple français n’a plus aucune confiance en la gente politique – ce que l’on savait déjà – son propos est plutôt de questionner les lecteurs petits et grands bourgeois (lecteurs captifs de l’imMONDE) ; à propos du « scandale » de ce vote populaire en faveur de Marine Le Pen dont on attribue la responsabilité au prolétariat et aux couches populaires « ignares » pensent les intellectuels français surfaits.
Dites-moi franchement, mis à part monsieur Alain Badiou, les lecteurs bien-pensant de l’imMONDE, Marine Le Pen et le grand capital impérialiste français, qui dans ce pays est si fier de cette pseudo démocratie bourgeoise manipulée par les hommes d’argent, ces faiseurs de présidents ?
MARINE RAFFLE LA MISE
Il est vrai que la dame Le Pen a obtenue 18 % du soutien populaire parmi les votants de la mascarade électorale un dimanche d’avril récent. Comme Adolf Hitler avait un jour obtenu 37,3 % du suffrage pour son parti en marche vers le Reichstag suite au financement des milliardaires Krupp et autres potentats et suite à la capitulation des sociaux-démocrates allemands comme les intellectuels français capitulent présentement devant la hardiesse des hordes fascistes françaises « de souche ».
La réalité française est plus affligeante encore et Monsieur Badiou le démontre amplement. L’intelligentsia de « gauche » constitue l’avant-garde des troupes de chocs le pennistes – Lionel Jospin a perdu son dépôt à une élection présidentielle précédente, et condamné les socialistes à l’opposition pour 17 ans par ses mesures gouvernementales anti-immigrés anti populaires, tout comme François Hollande maintiendra toutes les lois anti-immigrants votés sous Nicolas Sarkozy et retournera de la sorte les troupes d’arrière-garde socialistes sur les strapontins de l’opposition demain. En effet, pourquoi les français éliraient-ils une pâle copie quand ils ont sous la main Marine l’original-attendrie ?
VOTEZ FRONT OU FRONT QU’ILS ONT DIT ?
Le peuple français n’a pas les intellectuels qu’il mérite – il lui faudrait changer ces intellos flagorneurs toujours prêt à se vendre pour un audimat.
La mère Le Pen a reçu 18 % des votes de ces gens trahis par les clercs français et qui prêchi-prêcha encore aujourd’hui : a) que le peuple français vit en démocratie – dont il est si fier spécifie le clerc –; b) que la grandeur de la nation française impérialiste doit être sauvegardée et portée au panthéon du nationalisme chauvin.
Si la gauche le dit renchérit le bon peuple français et que la droite le répète, pense l’ouvrier marseillais, alors pourquoi ne pas voter Marine qui représente si bien ce chauvinisme raciste, nationaliste, guerrier (comme au temps de deux guerres mondiales précédentes, en préparation pour la suivante). Le cri de ralliement des intellos en faveur du chauvinisme de grande nation impérialiste française il n’y a que cela de vrai madame Dupont pense l’intello de service. Et pourquoi pas l’Algérie française pour faire bonne mesure ? Le peuple algérien vous attend de pied ferme messieurs les envahisseurs.
Le peuple ne fait que suivre les conseils qu’on lui livre, de droite comme de gauche et du centre également, et dont on l’intoxique dans les médias à la solde.
« Sauvons la patrie en danger » proclame Marine Le Pen à la criée de la surenchère nationaliste – mais ce n’est pas la patrie qui est en danger camarades français, c’est votre pouvoir d’achat – votre travail – vos emplois – vos épargnes, vos services publics, votre sécurité de travail et au travail – votre jeunesse désœuvrée – votre survie en tant que classe ouvrière française segment de la grande fraternité de la classe ouvrière mondiale y compris arabes et africaines vos égaux – et finalement c’est la survie du peuple français qui est en péril par ces velléités de guerre si alléchante pour cette classe capitaliste monopoliste dominante-déclinante préparant l’arnaque HOLLANDE après vous avoir imposer l’arnaqueur SARKOZY devenu inopérant depuis que vous avez découvert le pot aux roses du « bling bling » et qu’il leur a bien fallut le sacrifié sur l’autel des élections bidons.
L’ÉTONNANT N’EST PAS CE QUE VOUS PENSEZ
Ce n’est pas le score de 18 % de Marine Le Pen qui est étonnant, c’est que 80 % de l’électorat floué à chaque élection bidon se déplace encore si nombreux pour participer à cette mascarade électorale dont les travailleurs se déclareront déçu dans deux ou dans quatre ans, souvenez-vous de Mitterrand. Que reste-il de cet arrogant fumiste mis à part l’éléphant blanc des quais de la Seine ?
Nervis intellectuels, capitulards et collabos cessez de chercher des poux sur la tête de la classe ouvrière et regardez la poutre dans votre œil de pseudo intello moralisateur. Vos introspections poujadistes autant que gauchistes à propos d’un patient nommé « peuple français » sont en elle-même des marques de condescendance méprisante éludant votre abandon de la barricade parisienne pour vous réfugier dans votre Tour d’ivoire loin d’une guerre de classe qui ne fait que commencer et qui n’est surtout pas terminer. Et surtout, restez-y dans votre Tour et ne venez pas encombrer l’arrière de la barricade de vos supputations spécieuses et suspicieuses.
Ils sont tous pareils ces intellectuels faussaires à la laisse de leurs maîtresses qui leur distribue récompenses et visibilité médiatique dont raffole l’EGO démesuré de ces « has been » en détresse (2).
Vive la classe ouvrière française solidaire de la classe ouvrière grec et britannique et… qui je l’espère saura se reprendre en main si seulement la vraie gauche peut s’avancer pour lui offrir l’alternative insurrectionnelle et révolutionnaire qu’elle espère.
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(2) http://www.saphirnews.com/Les-intellectuels-faussaires-mitrailles-par-Pascal-Boniface_a12749.html
Classé dans Actualité, Robert Bibeau
« Tout ce qui grouille, grenouille et scribouille n’a pas de conséquence historique !». Qui a prononcé cette sentence historique ? Le quidam Jean-François Lisée, animateur télé, ancien conseiller de certains chefs chauvins du Parti québécois et précédemment militant « communiste ouvrier » à temps partiel, les jours fériés et les week-ends, a commis un éditorial sur son blogue. Mine de rien le péquenot fait le bilan de la grève étudiante et il attribue les fruits du conflit à la bourgeoisie (1).
Le scribouilleur se permettait un post mortem de la grève étudiante des semaines avant que la mort du patient ne soit avérée – façon d’appeler les étudiants à renoncer et à capituler. C’est un peu le message de son mentor – le toupet-à-Bouchard – un réactionnaire ex-vedette péquiste devenu lucido-fascisant et promoteur schisteux en compagnie d’une bande de « has been sur le retour » (les compères Faical, Martineau, Mario l’oublié, et autres pestiférés des médias sous influence) qui récemment nous accablaient de leur avis non-sollicité à propos de la grève étudiante. Enfin, comprenez bien, l’expérience militante du crypto-lucide Lisée se résume à quelques piquetages en vadrouille devant une demi-douzaine d’usines fermées dans un lointain passé oublié…
L’attaque de son Requiem sur la grève étudiante va comme suit : « Vive la pub pour les universités ! ». Ridicule, n’est-ce pas ? Pour les fils de grands bourgeois, cette grève signifie qu’ils ne peuvent vaquer paisiblement à leurs études et obtenir leur diplôme au milieu des frivolités qu’ils ont les moyens de se payer. C’est la pagaille, dirait Bouchard le facho « de souche ». Les partisans étudiants peuvent à tout instant interrompre les études doctorales des dilettantes, de quoi décourager de s’inscrire au chic McGill University. Ce n’est pas une très bonne publicité, vous en conviendrez.
Pour les fils d’ouvriers et de petit-bourgeois en cours de paupérisation, l’échec de la revendication du gel des droits de scolarité signifie qu’ils devront travailler davantage à la quincaillerie, à la librairie, à la cafétéria, dans un restaurant ou dans un supermarché, ou encore se dégoter un deuxième emploi tout en poursuivant leurs études à plein temps – s’ils y parviennent – et cela, tout en s’endettant davantage (2). Il est maintenant admis que la hausse des droits de scolarité n’est qu’une étape sur le sentier de la privatisation des universités et de leur assujettissement total aux intérêts des grandes entreprises monopolistes ; à cette fin Charest devait rendre le pactole plus alléchant pour les entreprises en haussant le financement par les étudiants. Même s’ils n’ont pas gagné la partie, les étudiants par leur action résolue ont sérieusement compromis ce plan secret du gouvernement Charest. D‘autant que la grève pourrait reprendre l’an prochain ou dans deux ans, plus dure et plus acharnée. Qui veut hériter d’un système universitaire aussi instable et révolté ?
Pour les fils de familles pauvres (une portion des étudiants est issue de ces milieux), ça signifie : une bourse d’études certes un peu plus élevée assortie cependant d’un prêt beaucoup plus accablant, donc un endettement plus important à la fin du parcours, si jamais ils le complètent. Certains statisticiens évaluent à 6000 par année le nombre de jeunes qui abandonneront les études suite à ces hausses de droits de scolarité de 1 779 $C (82 % de hausse des droits en sept ans) (3).
« La grève a permis de connaître des leaders étudiants modèles », nous suggère l’intellectuel – prenant grand soin de nous décrire sa vison fantasque des jeunes de cette génération. Et ce péquiste repenti de nous dépeindre ces chefs étudiants en arrivistes articulés, intelligents, sournois, égocentriques, intéressés et déjà prêts à poursuivre leur carrière sur les banquettes de l’Assemblée nationale – remake de la carrière des péquistes Landry, Charron, Faical, et Bouchard. Les assemblées générales étudiantes, en rejetant la dernière « entente » signée par les leaders étudiants, prouvent que des choses ont changé au pays des associations étudiantes québécoises.
Et le gribouilleur de poursuivre son «examen» regardant par le seul bout de sa lorgnette embuée : « la grève étudiante serait une école de « Démocratie », clame-t-il. On ne peut dire plus vrai, papa Lisée. Heureusement que vous êtes resté assis sur la clôture avec M. Martineau et Mario l’oublié à regarder passer la manif au lieu de venir nous encombrer de vos billevesées.
La démocratie des riches s’est étalée sans fard – nue – face à tous les belligérants de ce combat de titans. La « démocratie » des riches a fait fi de la volonté de 200 000 étudiants (22.03.2012), la grande majorité des universitaires, traités avec désinvolture et condescendance par la « mère supérieure » du ministère (4). Quelques années auparavant, la « démocratie » des riches avait d’abord convié les représentants étudiants à des discussions – sous agenda imposé et scellé. Le premier Ministre leur avait dit alors : « Je réunis des intervenants des entreprises pour discuter du montant et des modalités de la hausse des frais de scolarité ; aucun autre sujet ne peut être abordé et surtout pas question de proposer le GEL DES DROITS DE SCOLARITÉ. À qui la parole ? » avait ajouté Charest – le bonnet d’âne. Les représentants étudiants venaient de vivre l’expérience de leur pseudo « démocratie » (5).
N’oublions pas les centaines de contraventions ahurissantes (500 $) et d’arrestations préventives (arbitraires) sur présomption de culpabilité de centaines d’étudiants manifestants, encore une démonstration de la dictature bourgeoise. Les ministres ont expédié leur flicaille pour matraquer, tirer et blesser les étudiants manifestants, ces enfants du peuple tenant leurs lignes de piquetage légales et démocratiquement entérinées (6).
Les tribunaux des milliardaires ont été appelés à la rescousse pour renforcer le sentiment « démocratique » des étudiants ! Et les injonctions des tribunaux à la solde sont tombées sur les grévistes. Vous me permettrez de ne pas m’appesantir sur la collusion totale des médias bourgeois cherchant en entrevue à diviser les représentants des associations étudiantes – à dénigrer les étudiants, à les décourager de continuer leur juste résistance contre la hausse. Après dix semaines de silence indifférent de la part du gouvernement, les médias québécois ont eu l’outrecuidance d’accuser les étudiants de ne pas vouloir négocier et ils ont appelé le gouvernement à être plus sévère envers ces jeunes adultes fréquentant l’école buissonnière.
Voilà la « démocratie » des riches et leurs organes d’information en action. Il ne manque qu’une loi spéciale autoritaire exigeant le retour en classe pour mettre le dernier clou au cercueil de leur pseudo « démocratie ». C’est justement ce qu’est venu exiger Bouchard, l’ex-Premier péquiste, à la télé un soir passé. Excellent apprentissage de la vérité sur la démocratie bourgeoise, monsieur le crypto-lucide Lisée. Il y a là un savoir indélébile qui restera gravé dans la mémoire de chaque gréviste. Attendons une résurgence de cet affect un jour de grande tempête sociale à venir (7).
Pour la finale, notre sévère éditorialiste se métamorphose en humoriste. Après avoir fait montre de chauvinisme nationaliste au paragraphe précédent, le voici tendant l’oreille vers « l’universel d’un monde transcendant ». « Printemps érable » écrit-il. « Printemps sirop » serait plus à propos.
Il n’y a pas de « Printemps érable », n’en déplaise aux tenants du Grand Soulèvement. La vindicte populaire est grande contre le gouvernement Charest, et les manifestations qui en attestent sont immenses (300 000 manifestants dans les rues de Montréal le 22 avril dernier). Mais ces démonstrations de frustration ne sont pas suffisantes pour entraîner le renversement du pouvoir bourgeois qui sévit à Québec autant qu’à Ottawa.
La grogne collective est grosse d’un « printemps québécois et canadien » qui se fait malheureusement attendre. Pour ma part, je dirais que cette attente est préférable. Les conditions subjectives d’un tel soulèvement ne sont pas réunies, si bien qu’une telle révolte générale serait pour le moment noyée dans le sang.
Le véritable bilan que l’on peut tirer de cette grève, c’est que des milliers et des milliers d’individus jeunes et moins jeunes ont fait leurs classes révolutionnaires. Ils se sont montrés déterminés, disciplinés, ordonnés de manière exemplaire. Ils ont démontré une conscience et une perspicacité hors du commun. Rien à voir avec la caricature que les médias tentent de nous présenter de cette génération éperdue. Aucun piège des médias à la solde, ni du gouvernement en mission commandée, pas même le bilan tendu par le penseur Lisée ne les a déroutés.
Leur résistance a été menée sur le front économique de la lutte des classes (la classe en soi, même si ces jeunes ne sont pas encore partie de cette classe, ça viendra) : pour le droit à l’enseignement supérieur pour les filles et les fils de la classe ouvrière et de la petite-bourgeoise en cours de paupérisation ; contre le rejet du fardeau de la crise économique sur leur dos et contre la privatisation des universités. Le compromis négocié est l’affaire des étudiants et des étudiantes selon le rapport de force qu’ils perçoivent. Aux étudiants canadiens et étatsuniens de suivre l’exemple maintenant !
Cette bataille fut exemplaire. C’est précisément ce qui effraie Charest le porte-faix, ses sbires et ses maîtres, c’est qu’elle fasse « boule de neige » lors des prochaines négociations contre la fonction publique provinciale et fédérale (Harper congédie des milliers de fonctionnaires fédéraux : que se passe-t-il dans les rangs des fonctionnaires en ce moment ?), ainsi que dans le secteur privé, contre les monopoles comme Rio Tinto Alcan, Quebecor, Bell, Air Canada, Couche Tard, etc. Les travailleurs pourraient se rappeler la façon que les jeunes ont traité avec les bureaucrates, avec le gouvernement des riches, avec les recteurs d’universités et avec la police et les autorités judiciaires de service.
Selon les riches c’est un très « mauvais » exemple pour les travailleurs que cette grève militante des jeunes fils et filles d’ouvriers ! Toute une pub pour la révolte à venir, messieurs Lisée, Dumont, Martineau et Bouchard. Entre la conscience de classe en soi (poursuivant des revendications économiques et sociales) et la conscience de classe pour soi (poursuivant la revendication ultime et suprême : tout le pouvoir aux étudiants, aux citoyens des quartiers, aux travailleurs des bureaux, aux ouvriers des usines, aux autochtones stipendiés et aux prolétaires exploités), il n’y a parfois qu’un pas, et une étincelle peut alors mettre le feu à toute la Vallée du Saint-Laurent et plus avant.
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(1) http://www2.lactualite.com/jean-francois-lisee/
(2) «Michel Leblanc (Chambre de Commerce) a félicité «la ministre de l’Éducation et le ministre des Finances d’avoir pris cette décision éclairée qui vient consolider l’accessibilité aux études supérieures». « La Chambre de commerce proposait la mise en place d’un tel mécanisme en 2010 dans le Pacte pour un financement concurrentiel de nos universités », signé par le lucido-fascisant Lucien Bouchard !
http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=30668
(3) http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=30560
(4) http://www.legrandsoir.info/deux-cent-mille-etudiants-ont-coince-charest.html
Classé dans Actualité, Robert Bibeau