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CHAREST ET LE BONNET D’ÂNE

 

 

 

 

 

JAUNE RICANEMENT MÉPRISANT

Il ricanait jaune le transfuge du parti Conservateur-Progressiste devenu Libéral-Répressif. Juché derrière son lutrin, face aux grimaces de ce parterre de ploutocrates, d’hommes d’affaires, de démarcheurs et lobbyistes prévaricateurs, de constructeurs contributeurs aux caisses électorales occultes. Quelques collaborateurs amérindiens étaient venus de la case de l’oncle Tom du lointain Nord canadien accréditer cet atelier totalement déconnecté.

Et cette assemblée s’évertuait à encenser leur porte-faix au rire niais, totalement dépassé par les événements qui se déroulaient au même instant juste à côté, sur la chaussée, hors de ce palais d’assiégés.

Un vendredi particulier, ce 20 avril au centre-ville de Montréal occupée, des centaines de policiers surexcités, armés de pied en cap, casqués, bardés de boucliers et de vestes blindées – on était en droit de se demander pourquoi, puisque ce sont eux qui portaient  pistolets, gaz et boucliers –. Alignée  en rangées, la piétaille protégeait cette assemblée de célébrités enfermée dans ce palais des congrès pour fêter la braderie des ressources spoliées aux premières nations autochtones.

Charest, le Premier ministre du Québec, descendu de son strapontin, proposa aux jeunes révoltés, scandant devant les portes scellées, d’abandonner l’université et de monter vers le Nord travailler dans les nouveaux chantiers de misère comme au temps du « retour à la terre », du curé (Labelle) et du chanoine (Groulx), deux idoles éventées des opportunistes dissimulés parmi les invités.

Au risque de se répéter, il faut écrire que les sommes en jeu dans l’agression en cours contre les étudiants sont peu importantes pour le gouvernement, mais significatives pour les étudiantes qui sont 80 pour cent à travailler à temps partiel ou à temps plein afin de payer leur scolarité. Il s’agit de 325 $ de hausse des droits par année pour chacun des 260 000 étudiants et étudiantes universitaires soit 85 millions $ de revenu supplémentaire par année pour le gouvernement, une fraction de un pourcent du budget déposé par le ministre Bachand dont le budget provincial total est de 70 milliards de dollars. Déjà quelques journalistes soulignent que la grève étudiante a fait perdre davantage au gouvernement que la somme espérée (1).

Une modeste réduction de l’un quelconque des cadeaux fiscaux offerts aux multinationales milliardaires pourrait mettre fin à ce soulèvement. Le gouvernement Charest subventionne la multinationale RIO TINTO ALCAN à hauteur de 75 millions de dollars par année après qu’elle ait imposé un lockout aux ouvriers québécois de la ville d’Alma. Couper cette subvention d’électricité à cette entreprise milliardaire fournirait l’argent requis pour ne pas hausser les frais de scolarité.

À l’évidence, le véritable objectif de cette hausse des droits de scolarité est d’amener le plus grand nombre d’étudiants à abandonner les études universitaires. C’est la raison pour laquelle Charest et sa mégère du ministère ne souhaitent pas régler ce conflit. Cyniques, la grève les arrange, car de nombreux étudiants abandonneront l’université puisqu’ils ne pourront prolonger leurs études pendant l’été tellement ils sont nombreux à devoir travailler pendant la saison estivale pour payer leurs études automnales. Étudier pour récupérer leur session perdue n’est pas compatible avec les longues heures où ils devront s’esquinter pour des «jobs» mal payés.

LE BONNET D’ÂNE

Depuis ce vendredi 20 avril, quelques oligarques libéraux annoncent que Charest n’est plus l’homme qu’il faut à la barre de leur rafiot. Le pauvre Charest esseulé ne connait qu’une seule option : toujours frapper et agresser davantage les étudiants jusqu’à les faire plier. Mais que faire pour faire taire ces insoumis ? Plus l’antiémeute frappe fort, moins les étudiants s’écrasent. À l’évidence ils ont décidé de continuer  d’étudier sans s’endetter.

Dans le «jeu» politique des riches, les représentants pragmatiques des capitalistes doivent apprendre à manier la carotte et la matraque, un exercice subtil d’équilibriste qu’apparemment Charest ne maîtrise pas. Il lui faudrait apprendre à doser avec soin les coups bas et les flagorneries sournoises. Les puissants sont déçus de leur porte-faix embourbé de la tête aux pieds qu’ils ont coiffé du bonnet d’âne bien mérité.

«Comment sortir cet écervelé de ce guêpier?», s’interrogent Castonguay ainsi que d’autres conseillers ameutés au chevet de l’encerclé. «Jeter du lest», propose un affidé. «Jouer l’esquive et palabrer pour gagner du temps», recommande le plus futé. «Frapper, toujours frapper plus fort», propose Mario le matamore. «Négocier pour sauver les pots cassés», suggère l’éditorialiste avant de se récuser.

Charest se sacrifie donc au service de sa classe. Il sait que sa carrière politique s’achève, qu’il ne sera pas à la barre du paquebot des libéraux à la prochaine élection tout comme il sait que son parti doit se résigner à passer la main à son équivalent péquiste pour quelques années du moins (blanc-bonnet et bonnet-blanc).

D’ici là Charest se planquera dans quelques conseils d’administration bien rémunérés mais auparavant il veut remplir sa mission – couper et couper dans les services destinés à la population et préparer les prochaines négociations avec les employés de l’État. Une victoire étudiante n’est pas au programme de ses patrons. Et la dame patronnesse du ministère a reçu mandat de palabrer-discutailler à condition que les associations étudiantes renoncent à leurs moyens de pression – concession que les partisans étudiants ne doivent pas accepter au risque de se discréditer et de démobiliser leurs troupes aguerries et motivées (2).

ÇA FLEURAIT BON LA PRÉ-INSURRECTION

 

Vendredi le 20 avril un vent de fronde flottait dans l’air de la métropole et dans plusieurs villes du Québec. Que chacun en prenne de la graine, et que tous apprennent  les manœuvres des jeunes dans les rues de Montréal, c’est ainsi que se déroulera un jour la révolte urbaine.

Que chacun observe bien l’échauffourée des étudiants contre les forces du désordre de ce gouvernement et que chacun comprenne que si ces partisans étudiants finissent par être cassés, brisés, alors dans un mois, dans une année, par la droite, par la gauche ou par derrière, le mouvement ouvrier sera lui aussi écrasé lors de ses prochaines négociations avec le pouvoir d’État et avec les compagnies privées. Alors que si les étudiants continuent à riposter, et à chaque coup reçu rendre un coup de plus, l’exemple sera contagieux pour vous camarades qui, peut-être, aurez le courage d’en découdre avec la loi et l’appareil répressif d’État. C’est exactement ce que vous devez penser, car sachez que ceux qui gèrent le Québec et qui règnent en coulisse y ont déjà songé, et ils en sont effrayés (3).

Ouvriers, travailleuses, infirmières, enseignants, manœuvres, fonctionnaires, professionnels du gouvernement et les autres, tous ont intérêt à la victoire étudiante et devraient porter assistance aux jeunes matraqués, arrêtés, emprisonnés, judiciarisés mais toujours révoltés.

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(1)  http://les7duquebec.com/2012/03/28/le-recent-budget-de-letat-quebecois/

(2)  http://www.ledevoir.com/societe/education/348328/finalement-beauchamp-discute?utm_source=infolettre-2012-04-24&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

(3)  http://www.alterinfo.net/RESISTANCE-ETUDIANTE-A-LA-HAUSSE_a73426.html  http://www.legrandsoir.info/cinquante-mille-manifestants-ca-change-le-monde.html

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50 000 MANIFESTANTS ÇA CHANGE LE MONDE !

 
 
 

LE PRINTEMPS ÉTUDIANT

Samedi 14 avril 2012, près de cinquante mille manifestants déterminés prenaient d’assaut les rues de Montréal ensoleillé. Le mouvement de grève étudiant ne faiblit pas, ses supporteurs et alliés ne décolèrent pas : Mouvement populaire contre la tarification des services publics, nombreux syndicats d’enseignants, associations de parents et de retraités de la génération des contestataires de naguère – ceux qui ont fait reculer les différents gouvernements précédents – sont venus appuyer la vague de résistance présente, déterminée, que l’on ne peut qu’admirer. Les jeunes d’aujourd’hui affrontent courageusement l’appareil étatique répressif ligué contre eux dans une belle unanimité dévoyée (1).

Samedi matin, 14 avril, les journaux plastronnaient, complaisant pour leur ministre de l’Éducation menaçante : « On ne cèdera pas à l’intimidation ! On ne négociera pas sous la pression ! ». Qui intimide qui, qui menace qui, madame la Ministre ? Depuis le début du mouvement de résistance étudiante, ce gouvernement accroit la menace de la police lourdement casquée, masquée, armée (matraques, bombes sonores, gaz lacrymogène, poivre de cayenne, révolver Teaser, cravaches, chevaux et chiens enragés). Les arrestations et les contraventions pleuvent contre les garçons et les filles (la semaine dernière, des manifestants ont reçu des contraventions de 500.00$), pendant que les universités multiplient les injonctions d’intimidation contre les grévistes. Au même moment le gouvernement force les institutions à dispenser les cours malgré la grève votée à forte majorité, et la Ministre de l’Éducation, ses recteurs et directeurs poltrons, grassement rémunérés, brandissent la menace d’annulation des sessions.

Voilà que ce même gouvernement a l’outrecuidance de se poser en défenseur du droit et de la justice contre « l’intimidation » perpétrée par de méchantes adolescentes et des étudiantes infirmières déterminées mais nullement armées, ni intimidées ! Quelques insignifiants ont même lancé le mouvement de contestation contre l’expression « grève étudiante » – allègrement adoubé par les hyènes hurlantes des médias bien-pensants, propriétés de trois grands monopoles milliardaires largement subventionnés : Gesca-Desmarais, Quebecor-Péladeau et Astral-Bell Média –.

LE PIÈGE GROSSIER

La Ministre de l’ignorance désolante a tardé à afficher son poisson d’avril. Quinze jours de retard pour la fée du Complexe «G» avant de sortir un lapin de sa casquette d’estafette. Dimanche dernier, la voici qui propose une rencontre de pourparlers à une et une seule association étudiante (Fédération étudiante universitaire du Québec). Pourparlers fumeux, ridicules, inutiles, à propos d’une commission d’enquête à possiblement instituer sur la mauvaise gestion et les prévarications de ses recteurs d’universités apeurés, ses alliés surpayés. La manœuvre est grossière, elle vise à isoler cette association (FEUQ) des deux autres organisations et du mouvement étudiant tout entier. Facile d’imaginer qu’une fois les « discussions préliminaires » et oiseuses entamées la Ministre exigera – de ceux qui sont à « discutailler » de l’éventuel mise sur pied d’une commission d’enquête avortée sur la mauvaise gestion des universités – qu’ils rentrent en classe pour témoigner de leur bonne volonté et saluer l’avancée de ces billevesées. Une fois le mouvement de grève brisé, les pourparlers « bonbons » se termineront en queue de poisson comme ils auront commencé. La prévarication et la mauvaise gestion ne se « négocient » pas dans les bureaux feutrés du Complexe «G». Le scandale de la gestion universitaire est l’affaire du Ministère de la Justice et de la police, pas celle des étudiants témoins impuissants de ces malversations (2).

Du même souffle la Ministre a sorti un second lapin de son chaudron : pour avoir le droit de palabrer les leaders de l’association la CLASSÉ doivent préalablement se désolidariser de leurs partisans, les dénoncer et s’en dissocier, s’isolant eux-mêmes du mouvement militant (3).

Évidemment, les leaders étudiants lucides et compétents ont retourné la Ministre à son chaudron et à ses potions : la résistance étudiante n’est pas à vendre; ce n’est pas celui qui défend son droit à l’éducation – que nous leur avons légué – qui viole la loi populaire; c’est à celle qui s’en prend au droit à l’enseignement universitaire pour les fils et les filles d’ouvriers de se justifier.

TROIS ASSOCIATIONS, UNE SEULE REVENDICATION

Jusqu’à présent les trois associations étudiantes ont su manœuvrer avec circonspection et dextérité au milieu de cette échauffourée parsemée de coups fourrés assénés par ce gouvernement apeuré. Elles sont trois associations, unies, autour d’une seule revendication : LE GEL DES DROITS DE SCOLARITÉ POUR LE DROIT À L’UNIVERSITÉ, Tant qu’elles se retrouveront autour de ce slogan qui fait la quasi-unanimité parmi leurs commettants, elles demeureront unifiées. Tôt ou tard Charest devra céder devant cette revendication qui a de nouveau manifesté sa popularité samedi dans les rues de Montréal survoltée.

Refuser la hausse des droits de scolarité, c’est s’opposer au rejet de la crise économique sur le dos des fils et des filles d’ouvriers, des employés de l’État et des enfants du peuple surtaxé, mais c’est surtout s’opposer à les voir expulsé de l’université, le véritable objectif que poursuit la troïka Charest-Bachand-Beauchamp, ainsi que les valets des multinationales qui réclament plus d’ouvriers mal payés au Nord du 49e parallèle, sur les terres des autochtones annexées pour le bradage de leurs ressources dilapidées.

CHAREST LE PÈLERIN MALANDRIN

Complètement indifférent au sort de milliers d’étudiants, Charest le laquais poursuit son pèlerinage à Brasilia pour quémander l’aumône des impérialistes brésiliens qui se font prier pour piller les mines du Nord canadien. Ces brésiliens ont déjà tant à piller sur les terres expropriées aux indiens amazoniens que le bradage proposé des terres et des mines amérindiennes peut bien attendre, pensent les capitalistes brésiliens presque repus de tous ces biens à spolier, d’autant que la crise économique tarde à se résorber.

LA VÉRITABLE INTIMIDATION

Que dire de l’intimidation des entreprises multinationales – Aveos, Electrolux, Quebecor, Rio Tinto Alcan, SNC-Lavalin, Air Canada, entreprises pharmaceutiques, et du Gouvernement fédéral – qui intimident les travailleurs avec leurs avis de lock-out et leurs mises à pied par milliers de travailleurs et travailleuses qui n’ont que leur force de travail à offrir, pour vivre et survivre et pour payer leurs traites et leur loyer, ainsi que pour payer les droits de scolarité de leurs enfants déjà lourdement endettés, taxés et imposés (80 pour-cent des étudiants universitaires sont des employés exploités mal payés) –.

La résistance étudiante persistante et sa colère montante, en réponse aux répressions et aux intimidations de l’appareil d’État et de ses amis des médias, agissent comme autant de révélateurs de l’obsolescence de ce gouvernement et de la déconnexion hallucinante de ces polichinelles enfermés dans leurs tours à bureaux altiers qui ne savent que s’agenouiller aux pieds des puissants qui les ont placés à ces postes de complicité pour les récompenser de leur duplicité.

Dans ces moments de lutte populaire les masques tombent devant le devoir de service sans réserve des porte-faix politiques de la classe capitaliste. Cette résistance étudiante devant l’injustice affiche avec évidence la servilité des « élus » envers les compagnies aux énormes profits. Elles montrent du doigt le rôle de la police, de la justice et des légistes qui, dans le système capitaliste, persistent à réprimer les fils d’ouvriers et leurs alliés et à concocter de nouvelles lois pour mieux imposer les dictats de la minorité possédante sur la majorité paupérisée. Le mouvement étudiant et le combat exemplaire qu’il mène depuis dix semaines contre la hausse des frais de scolarité ET CONTRE L’EXPULSION DES UNIVERSITÉS constituent une expérience de lutte politique dont chacun doit s’enrichir pour l’avenir.

Espérons que ce combat se poursuive avec la même unité et la même fermeté qu’auparavant, démontrant que c’est par la lutte dans la rue, la voie de la démocratie populaire directe, et non par celui du parlement discrédité, que le combat pour transformer ce monde décadent peut être engagé et remporté. Ouvriers, travailleurs, professeurs, appuyons la résistance étudiante. Saluons les étudiants du secondaire qui ont joint le mouvement étudiant. Non à l’intimidation de l’appareil d’État. Soutenons leur mobilisation.

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(1) http://www.vigile.net/Pour-le-gel-des-droits-de

(2) http://www.ledevoir.com/societe/education/347526/greve-des-etudiants-un-petit-pas-de-line-beauchamp?utm_source=infolettre-&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

(3) http://www.bloquonslahausse.com/

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LE FINANCIAL TIMES APPELLE À CONSTRUIRE L’ÉTAT CORPORATISTE

Vous ne devez pas penser que l’establishment financier ne sait pas que le système économique capitaliste est en faillite. Vous ne devez pas croire que les énarques de «l’économie de marché» vont lâcher la « pôle-position », s’avouer vaincus et prendre leur retraite laissant la gestion des affaires aux prolétaires. Ces parangons du système d’exploitation vont s’accrocher avant de cramer, et leurs alliés dans les rangs ouvriers – les opportunistes, les réformistes, les sociaux-démocrates, les altermondialistes, les verts et les pseudos gauches – sont déjà à l’œuvre pour propager leurs ‘nouvelles solutions’ à la présente crise afférente (1).

Imaginons un instant un magnat de la banque; un PDG de holding; un conseiller financier réputé pavanant sa limocar sur les boulevards; un nonce que l’on pontifie à Davos; un oligarque que l’on s’arrache pour obtenir un conseil avisé chèrement payé et dont le «mainstream» médiatique, à la solde, reproduit les moindres soupirs; imaginons tous ces gens juchés sur leur perchoir à Times Square et qui s’aperçoivent que leurs thuriféraires ne font que braire et refaire les antiques faillites, comment réagiraient-ils  selon-vous ? Ils descendraient de leur Olympe pour semoncer ces esbroufes.

C’est la tâche que s’est assignée le journal Financial Times cette année (2). Ses éditorialistes ont patiemment commencé à expliquer à leurs commettants que si hier il fallait prêcher le libre-échange, l’économie de marché et le non- interventionnisme étatique dans le but de détruire l’État-providence – pour les pauvres, les travailleurs et les bobos – cette année il faut prêcher le renforçant de l’État providentiel – pour les banquiers et les entrepreneurs –

Maintenant, que tout a été privatisé, et que l’État bourgeois a terminé de gager le patrimoine bancal, mis aux enchères la richesse familiale et dilapidé la fortune nationale, il est temps d’expliquer à l’analyste économique de bas étage et au sous-fifre provincial, au petit requin de la finance locale et au petit bourgeois paupérisé qu’il n’est plus approprié de psalmodier les mêmes billevesées sur le monde nouveau qui aurait ‘changé’. Les propos usés sur l’ère post-industrielle technocentrique, sur la dérèglementation vivifiante, et la puissance des lois du ‘libre marché’ autorégulant, la fin de l’histoire, la mort de Marx et le triomphe du Capital, fini ces insignifiances, mais c’est qu’ils y croiraient si on les laissait piailler ces papagayos médiatiques.

Fini ce brouhaha cacophonique déclare l’éditorialiste en chef du Financial Times, la réglementation et la régulation des marchés sont redevenues nécessaires pour se protéger des déviants qui tentent de tromper le système capitaliste bienséant. Il faut protéger le pauvre du petit profiteur et le riche de l’affamé révolté. L’État doit intervenir et sévir contre la petite criminalité mais de façon plus intelligente et opérante qu’auparavant et ne racheter – ou ‘nationaliser’ – que  ce qui a déjà été pillé, saccagé, et complètement vidé de sa substance (mines éloignées, banques endettées comme en Islande la ‘révolutionnaire’, routes éventrées, pont risqués, usines fermées) afin d’y réinvestir les fonds publics vivifiants et d’en refaire un pactole attractif que l’on privatisera à nouveau par la suite.

Il s’agit  de revamper la devanture de l’étal et de réinvestir les deniers publics là où certains promoteurs privés irresponsables – il y a toujours quelques pommes pourries dans un panier fleuri – ont laissé s’étioler et s’éroder les services indispensables à la bonne marche des profits « justes et raisonnables » (les routes et le transport ferroviaire par exemple). Au demeurant, ce qui a été privatisé et payant devrait rester entre les mains des propriétaires privés bienveillants, ces gens de bonne gouvernance.

L’État doit redevenir un acteur conscient – réfléchi – pingre de ses ressources  pour ceux d’en bas et prodigue de son capital pour ceux d’en haut qui créent de l’emploi supposément. Évidemment, la vente de ces boniments demande de l’entregent, de l’illusionnisme et de l’équilibrisme. La série d’articles publiés par le Financial Times vise justement à éduquer ses lecteurs financiers à cette nouvelle approche ou il faudra imaginer une nouvelle façon de ramener le balancier pour continuer à piller les coffres de l’État et revamper la crédibilité des politiciens vilipendés et des journalistes disgraciés.

Avec presque 20 % de chômage aux États-Unis depuis plus de deux ans et alors que le dégrèvement d’impôt pour les riches bat son plein,  comment faire gober aux électeurs que davantage de congés fiscaux et plus de fonds publics aux «investisseurs» créateurs d’emplois produiront enfin l’effet escompté ? Comment former les ‘bobos’ et les éditorialistes des  publications provinciales pour qu’ils relaient ce message du Cénacle financier ?

D’abord, journalistes, reporters et éditorialistes ne doivent pas craindre de critiquer le système capitaliste. Ce système est le meilleur au monde parce que justement il accepte et intègre la critique sans broncher et sans changer.

Pour améliorer et réformer il faut d’abord savoir critiquer. Si vous ne souhaitez pas être renversé, acceptez d’être rabroué. De toute façon, les aristocrates ouvriers qui souhaitent s’en tirer sans rien briser ni rien violenter apprécieront les réformes modérées. Prenez cet ex-assistant du secrétaire au trésor sous l’administration Reagan, Monsieur Paul Craig Roberts, reconverti en progressiste-révolutionnaire, et qui attaque Barack Obama par sa gauche, en voilà un qui illustre parfaitement la nouvelle stratégie que propose le Financial Times (3). Ce crooner reaganien sur le retour – de l’époque où la crise actuelle a pris son courre – propose aujourd’hui de reconstruire l’État occidental fort et protectionniste contre l’impérialisme chinois, brésilien, indien, maintenant que ceux-ci poursuivent leurs propres ambitions impérialistes et grappille sur les marchés américains et le capital  européen (4).

Les lois du marché sont excellentes mais de mauvais serviteurs les ont détournées de leurs fonctions innovantes déclare l’éditorialiste de la revue The Economist. Il faut donc réglementer pour surveiller les mauvais bookmakers, en fait pour s’assurer, comme en Grèce, que les politiciens et les fonctionnaires nationaux véreux appliquent les ordres du FMI, de la BM et de l’OMC et ne tentent pas de s’en échapper comme des lâches. Ils doivent frapper leurs commettants du plein poids des restrictions et des privations.

Il faut aussi souligner, recommande le Financial Times dans cette série d’articles,  que s’il n’y avait pas eu des investisseurs intéressés et motivés, la situation serait bien pire que constatée. Une affirmation gratuite mais payante puisque personne ne peut savoir ce que serait cette situation hypothétique sans capitaliste. Les capitalistes ne sont pas responsables des pots cassés et ce sont eux qui vont tout rafistoler dans la justice et l’équité. Parlant d’équité, le politicologue Norman Ornstein signalait que «Depuis 1980, le 1 % d’Américains les plus riches ont vu leur richesse s’accroître de 300 %. (…) en trente ans, le revenu médian d’un homme aux États-Unis n’a connu aucune progression(5).

Plus le mensonge est gros plus il risque de passer croient ces effrontés. Et si le mensonge ne passe pas, qu’à cela ne tienne, de toute façon les ouvriers ne sont pas en mesure de répliquer, endettés qu’ils sont jusqu’à la pauvreté.

Les ouvriers comprennent de mieux en mieux la façon qu’ils se font flouer, et savent mieux que quiconque que les Dieux de la peste de la finance, de la bourse et des banques ne peuvent les réchapper et pourtant ils ne se révoltent pas. Prenez la Grèce, la pauvreté est partout, le chômage est catastrophique, les soupes populaires sont débordées, les mendiants omniprésents, les gens migrent et fuient le pays comme il en fut toujours pendant les siècles passés et pourtant la révolte sourde des ouvriers n’éclate pas au grand jour…Pourquoi ?

Parce que l’État corporatiste grec en construction là-bas joue les croques mitaines et le père fouettard, paie suffisamment ses policiers et son armée (6) et compte sur eux pour réprimer toute velléité des indignés. Les ouvriers attendent de voir ce que les autres entreprendront et comment réagiront les travailleurs européens frappés et enlisés. Dans de telles conditions à tout moment une étincelle internationale peut mettre le feu à leur maison État-national (7).

Robert Bibeau

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(1)   Douze propositions pour limiter les excès du système financier et des banques. http://www.centpapiers.com/12-propositions-pour-limiter-les-exces-du-systeme-financier-et-des-banques/93582

(2)   Le ‘FT’ ou la critique du capitalisme pur. http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/01/26/le-ft-ou-la-critique-du-capitalisme-pur_1635087_3232.html

(3)   Dr. Paul Craig Roberts économiste, il était l’assistant secrétaire au trésor de l’administration Reagan (secrétaire d’état aux finances chez nous), éditeur associé au Wall Street Journal, Senior Research Fellow de la Hoover Institution, Stanford University, il tint la chaire William E. Simon Chair de Politique Economique, Center for Strategic and International Studies, Georgetown University. Il est l’auteur et le co-auteur de neuf livres et a témoigné devant des commissions d’enquête du congrès américain en trente différentes occasions.

(4)   http://www.legrandsoir.info/libre-echange-et-mondialisation-decadente.html

(5)   « Dans cette forme-là, l’économie de marché doit être abandonnée. « Elle s’est avérée non seulement instable mais, et de manière importante, aussi injuste », dit l’éditorial lançant la série. Aux Etats-Unis, pays censé incarner sa réussite la plus accomplie, le capitalisme, relève Lawrence Summers, ancien secrétaire au Trésor, perd la confiance du public : seuls 50 % des Américains en auraient une idée positive».  http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/01/26/le-ft-ou-la-critique-du-capitalisme-pur_1635087_3232.html   et  http://www.centpapiers.com/equite-et-justice-version-de-%c2%ab-gauche-%c2%bb/93525

(6)   http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/le-peuple-grec-spolie-et-ranconne-102820

(7)   http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=28907

Robert Bibeau

 

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LA RUSSIE LACHERAIT-ELLE LA SYRIE ? COMMENT NAVIGUER ENTRE DEUX MERS ?

 

« La Russie lâche Damas et l’ONU s’agite », titrait le journal Libération le samedi 17 décembre (1). Le quotidien jaune – propriété du milliardaire Édouard de Rothschild – s’agite depuis quelques mois, à l’unisson avec quelques autres torchons français, et réclame une agression ‘humanitaire’ contre la Syrie victime d’infiltration d’escadrons de la mort, de snipers et de mercenaires bénéficiaires de l’aide française, turque, israélienne et américaine (2).

 

Le journal obéissant à son créancier – officier de l’État-major Sarkozyste – se réjouit vertement du revirement diplomatique russe, qui,  jeudi le 15 décembre 2011 présentait à l’ONU un projet de proposition sur la Syrie coincée entre la Caspienne et la Méditerranée.

 

Le lecteur qui ne lirait que le titre et le chapeau de l’article aurait la fausse impression que le Kremlin capitule complètement et s’apprête à soutenir une résolution à «la libyenne» au Conseil de sécurité de l’ONU. Autant dire que les aviations franco-britannique et israéliennes obtiendraient l’autorisation de bombarder  la population civile, massacrant des milliers de syriens sous prétexte d’empêcher leur massacre – un ‘remake’ du tragique drame libyen, du « déjà vu », écriraient les scénaristes hollywoodiens.

 

La lecture attentive de l’article  révèle cependant la véritable nature du projet de résolution que le cynique ambassadeur français à l’ONU a qualifiée de «manœuvre russe» pour duper la ‘communauté internationale’. En effet, dans son projet de proposition le Kremlin suggère de condamner les violences de toutes les parties (y compris des djihads soutenus par l’OTAN et des snipers payés par la CIA) et dénonce l’illégal approvisionnement en armes et munitions des escadrons de la mort implantés en Syrie par quelques puissances étrangères, une allusion évidente à la France, la Turquie, Israël et les États-Unis (3).

 

La position de la diplomatie russe a très peu changé si ce n’est qu’elle a effectivement pris l’initiative d’une proposition de résolution au Conseil de sécurité afin de permettre aux journalistes à la solde de l’AFP, de Libération, du Monde, du Figaro, de TF1 et TF2 d’accréditer le mensonge d’un soi-disant  isolement de Damas sur la scène internationale, ce qui est strictement faux. Un grand nombre de pays soutiennent le gouvernement syrien légitime mais les médias occidentaux ne le rapportent pas.

 

Chacun est cependant en droit de se demander le pourquoi de ce compromis de la diplomatie russe qui avait jusqu’ici condamné tout rififi en Syrie? Quelques pages plus loin le journal Libération fournit réponse à cette question.

 

Après dix-huit ans de négociation entre le Kremlin et l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) – les États-Unis ayant récemment levé leur véto – la Russie fait son entrée à l’OMC. Voilà pour les trente deniers (4).

 

Le plus long marathon de tractation de l’histoire de l’OMC se solde par la capitulation de Washington et la victoire du parangon de l’organisation. Cependant le peuple russe ne doit rien attendre de cette adhésion si ce n’est l’asservissement de leur économie nationale aux diktats de cet organisme de commerce international. L’Europe est depuis longtemps assujettie à cette dictature avec les résultats financiers et commerciaux que l’on sait.

 

La politique et la diplomatie sans principe des puissants de ce monde donnent souvent lieu à ce type de tractation : La Russie trahit la Syrie pour le bénéfice des États-Unis qui en retour accommodent la Russie auprès de l’OMC – et la roublarde Russie  tente de ne pas livrer le supplicié et de finasser sur le libellé du papier à déposer au Conseil de sécurité. Car la Russie maintient une vieille alliance de guerre avec la Syrie et elle entretient une base militaire à Tartous sur la Méditerranée. Les puissances impérialistes jouent ainsi sans état d’âme avec la vie des peuples qui leur sont assujettis.

 

L’éditorialiste du journal Le Monde, informé de la manigance russe pour obtenir son ticket d’entrée à l’OMC, sans accoucher du libellé de résolution souhaité propose comme alternative de créer un «groupe de contact» sur la Syrie, auquel le premier intéressé, le gouvernement syrien légitime, ne serait pas convié, ni la Chine, ni les nombreux pays qui supportent la Syrie. Seuls y participeraient la Russie stipendiée, la Ligue Arabe de triste renommée, et la ‘communauté internationale’ de Sarkozy et d’Obama, c’est-à-dire les quelques pays qui présentement arment et financent illégalement les djihadistes infiltrés, les bandits en liberté et les snipers payés par leurs affidés et qui sévissent contre la population syrienne dans les rues d’Homs et d’Alep (5).

 

Un tel «groupe de contact» sur la Syrie comploterait contre le peuple syrien à l’identique du groupe de contact créé il y a des années sur la question de la colonisation et de l’occupation de la Palestine par les criminels de guerre  sionistes avec pour seul résultat d’assister avec complaisance au bombardement de Gaza, la ville martyr, et de condamner le Hamas d’avoir résisté à son extermination.

 

La Russie défend ici ses intérêts impérialistes et joue la vie des syriens pour obtenir quelques avantages pour les siens – la France et les États-Unis défendent leurs intérêts impérialistes – et complotent pour faire tomber le gouvernement de Bachir Assad inféodé au Kremlin afin d’y imposer un nouveau gouvernement inféodé à l’Élysée. Quel intérêt y a-t-il dans tout cela  pour le peuple syrien ?

 

Tous ces puissants comploteurs espèrent que par la suite la route de Téhéran sera ouverte pour les hordes barbares européennes et les légions étrangères du Nord. Tous ces malfrats oublient que Bagdad sous domination iranienne bloque toujours la route vers les puits iraniens et que le Détroit d’Ormuz est toujours aussi vulnérable aux armes de Téhéran  (6).

 

Triste «Printemps arabe» où des révoltés souffrent et meurent Place Tahrir, à Tunis, au Bahreïn ou à Sanaa pensant contribuer à libérer leurs pays ravagés par la peste impérialiste d’une alliance comme d’une autre, d’un camp comme d’un autre,  chassant un tyran avant qu’un autre s’installe sur le trône des «Rois nègres arabes» pour imposer les mêmes soumissions, les mêmes trahisons, les mêmes collaborations avec les puissances qui ont manigancé pour les imposer. Toute cette mascarade porte le nom de démocratie bourgeoise en néo-colonie ; c’est de cette parodie de démocratie impopulaire que les peuples arabes doivent se défaire. Le pouvoir des peuples arabes est dans la rue, juste au bout du fusil (7).

_____________________________________________

 

 

(1)    «La Russie lâche Damas à demi-mot, l’ONU s’agite» Libération. Samedi-dimanche 17.12.2011. Page 10.

 

(2)    «L’ambassadeur américain à Damas recrute des insurgés». Silvia Cattori. 27.11.2011. http://www.silviacattori.net/article2426.html <http://www.silviacattori.net/article2426.html>

 

(3)    http://www.dailymotion.com/video/xmjfm2_1-2-webster-tarpley-intervient-depuis-la-syrie-s-t_news?start=0#from=embediframe <http://www.dailymotion.com/video/xmjfm2_1-2-webster-tarpley-intervient-depuis-la-syrie-s-t_news?start=0#from=embediframe>

 

(4)     «La Russie intègre finalement l’OMC». Libération. Samedi-dimanche 17.12.2011. Page 19.

 

(5)    «Il faut créer un groupe de contact sur la Syrie». Le Monde. Lundi 19.12.2011. Page 1.

 

(6)    http://www.france-irak-actualite.com/article-150-000-collaborateurs-irakiens-abandonnes-par-les-troupes-americaines-94155578.html <http://www.france-irak-actualite.com/article-150-000-collaborateurs-irakiens-abandonnes-par-les-troupes-americaines-94155578.html>  .

«Menacer l’Iran et préparer l’invasion de la Syrie». Robert Bibeau. 17.11.2011. http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27724 <http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27724>

 

(7) «Le plan américain de Grand Moyen-Orient bat de l’aile.». Robert Bibeau.  19.10.2011.  http://www.centpapiers.com/le-plan-americain-de-%C2%ABgrand-moyen-orient%C2%BB-bat-de-l%E2%80%99aile/84557 <http://www.centpapiers.com/le-plan-americain-de-%C2%ABgrand-moyen-orient%C2%BB-bat-de-l%E2%80%99aile/84557>  et  http://www.lnr-dz.com/index.php?page=details&id=5694

 

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UNE AUTRE COMMISSION D’ENQUÊTE POUR PRÉPARER LES ÉLECTIONS

UNE AUTRE COMMISSION D’ENQUÊTE

Les politiciens déchirent leur chemise sur la place publique à propos des pots de vin, back chiches, trafic d’influence et pillage des crédits gouvernementaux qui a cours dans l’industrie de la construction à la faveur des grands travaux publics – supers hôpitaux universitaires et sièges sociaux d’organismes para gouvernementaux – réfection des réseaux d’aqueducs, d’égouts, des ponts et chaussés du Québec. Ces pratiques mafieuses sont récurrentes mais chaque fois les médias et la bourgeoisie font des éclats et jurent qu’ils ne savaient pas (alors que ce sont ses représentants politiques, ses contracteurs et ses bureaucrates qui organisent ces prévarications) et ils exigent une commission d’enquête qui refera toute la lumière sur ces pratiques frauduleuses, évidemment les mêmes exposées par les commissions antérieures.

Quand une telle commission d’enquête (Commission Charbonneau) est instituée c’est le signal que la grande bourgeoisie s’apprête à donner congé à l’un de ses partis de pouvoir, pour le retourner momentanément dans l’opposition, et appeler l’autre parti d’alternance à la barre de gouvernance.

Présentement au Québec la situation politique est particulièrement compliquée. Au moment même ou le Parti Libéral se voit imposer la tenue de cette commission d’enquête, qui  mettra au jour ses frauduleuses méthodes de financement électoral, la commission devrait également éclabousser le parti d’alternance, le Parti Québécois, qui était au gouvernement quelques années auparavant et bénéficiait de ce frauduleux mode de financement.

Qui plus est, au PQ le torchon brûle entre l’aile souverainiste et l’aile pragmatique, consciente que la seule façon de revenir aux affaires et de tremper son chignon dans le chaudron gouvernemental, consiste à mettre l’option au placard et à se laisser porter par la vague des « indignés ».

Il est aisé d’observer que le Parti Québécois n’est plus le second choix de pouvoir de la grande bourgeoisie québécoise. C’est ici qu’apparaît une  nouvelle vieille option, la Coalition pour l’Avenir du Québec (CAQ) du duo Legault-Sirois, la troisième voie du puzzle électoral québécois. Pourquoi l’apparition de ce parti champignon dans la couche politique provinciale ? Nous y reviendrons dans la dernière partie de cet écrit, au préalable, revisitons l’histoire de la politique nationale pour voir ce qu’on nous présente d’original.

RAPPEL HISTORIQUE

Après l’enquête du Comité des comptes publics de l’Assemblée législative dénonçant les prévarications du gouvernement d’Alexandre Taschereau (1920-1936) le Parti Libéral se scinda en deux et l’Action Libérale Nationale (ALN) vit le jour. L’Union Nationale de Maurice Duplessis, nouvellement formée des reliquats du Parti Conservateur, absorba l’ALN et s’empara du pouvoir en 1936. Ce fut le premier mandat de Duplessis, que le grand capital réinstalla au Parlement de Québec entre 1944 et 1959, période que la petite bourgeoisie intellectuelle appellera plus tard « La grande noirceur ». Le programme politique de Duplessis se résumait à ceci : « Ramenons notre butin d’Ottawa ».

En 1960, l’Union Nationale, coupable de trafic d’influence caractérisé (scandale du Gaz naturel puis Commission Salvas), fut retournée sur les bancs opposés par ses grands patrons et le « nouveau » Parti Libéral du Québec, dirigé par Jean Lesage et son « Équipe du tonnerre » fut placé à la tête de l’État provincial afin d’enclencher la « Révolution tranquille des Maîtres chez-nous », un vaste programme de modernisation des conditions de reproduction et d’exploitation de la force de travail au Québec. En très peu de temps furent mis à niveau les services médicaux, les services sociaux, l’assurance chômage pour l’armée de réserve, le système d’éducation et de formation aux métiers industriels. Les infrastructures publiques, dont électriques, furent portées au diapason pour une exploitation efficiente des ressources naturelles et des ouvriers par l’impérialisme américain et la grande bourgeoisie canadienne, comprenant sa section québécoise en expansion.

Puis ce fut Daniel Johnson de l’Union Nationale (1966) dont le slogan était « Égalité ou indépendance ». Égalité dans le repartage des taxes et des impôts ainsi que de l’usufruit de l’exploitation des ressour-ces naturelles et du prolétariat québécois ou alors « menace et chantage à l’indépendance nationale ».

En 1976, après la Commission d’enquête Cliche sur l’industrie de la construction, le gouvernement Libéral de Robert Bourassa fut balayé et remplacé par un nouveau Parti porté par la grande bourgeoisie, le Parti Québécois de René Lévesque, un transfuge nationaliste du Parti Libéral répudié par ses maîtres. Le Parti Québécois aggloméra les restes de l’Union Nationale en décrépitude, du Ralliement Créditiste décadent et du Rassemblement pour l’Indépendance Nationale déclinant. Ce dernier parti, bien que droitiste et chauvin, s’avérait trop irrédentiste dans ses visées indépendantiste pour constituer le choix du grand capital québécois qui souhaitait bien le chantage à l’indépendance mais sans jamais la réaliser.

Après une suite d’échecs à commencer par le premier référendum (1980), puis le référendum sur l’accord de Charlottetown, puis le second référendum nationaliste (1995), mené par une section dissidente de la moyenne et de la petite bourgeoisie, le gouvernement péquiste de  Parizeau – Bouchard – Landry (1994-2003), compromis dans des scandales politico-financiers, fut retourné dans l’opposition et remplacé par le gouvernement Libéral qui poursuivit la politique de repartage des revenus et des redevances recueillis de la spoliation des ressources naturelles, de la plus value ouvrière, des taxes et des impôts (ALENA, repartage de la péréquation fédérale et des revenus de la TPS-TVQ harmonisée.

LA CRISE ÉCONOMIQUE COMMANDE LE PRAGMATISME

La grande bourgeoisie canadienne – y compris sa section québécoise – à mesure que s’approfondit la grave crise économique qui ébranle la structure du capitalisme monopoliste atlantiste (OTAN-FMI-Banque Mondiale) face à son concurrent chinois (Alliance de Shanghai), n’a que faire de ces batailles d’arrières gardes à propos du partage des oripeaux nationaux. C’est sa survie en tant que classe dominante et le salut de son système économico-politique qui la préoccupe grandement. La classe impérialiste canadienne – comprenant sa section québécoise – n’a plus besoin d’un parti indépendantiste pour mener le « chantage à l’indépendance » qui risquerait d’affaiblir la structure d’État canadienne au milieu des tempêtes systémiques qui s’en viennent.

La question nationale et le « chantage à l’indépendance » ne sont plus à l’ordre du jour ni pour l’impérialisme américain, ni pour la grande bourgeoisie impérialiste canadienne, ni pour sa section québécoise qui se rallie et abandonne le Titanic péquiste-souverainiste. Ce que la grande bourgeoisie impérialiste canadienne recherche c’est un parti politique qui aura pour objectif de réduire tous les programmes publics de service à la population et de soutien à la reproduction de la force de travail – main d’oeuvre qualifiée inutilisée puisque l’industrie est déjà délocalisée vers les pays émergents aux salaires de misères – cette grande bourgeoisie a besoin d’un parti de pouvoir qui redirigera les crédits ainsi détournés directement dans les poches des entrepreneurs en construction et en direction des banquiers affamés dont les profits sont secoués et dont le capital financier est mis à mal par les crises économiques en rafales.

Le Parti Conservateur de Stephen Harper accomplit déjà cette tâche au fédéral, et si la situation se corse davantage le Nouveau Parti Démocratique sera appelé à la barre comme chaque fois que la grande bourgeoisie a besoin des sociaux-démocrates pour démobiliser les ouvriers.

Quel parti bourgeois jouera ce rôle à l’Assemblée nationale ?  La commission d’enquête sur les prévarications dans l’industrie de la construction devrait exposer le Parti Libéral aussi bien que le Parti Québécois et les repousser tous les deux dans l’opposition puisqu’ils se montrent, l’un comme l’autre, incapable de mettre en place un programme d’austérité et de compression budgétaire à la mesure des besoins de la grande bourgeoisie d’affaires et de réorienter ces fonds publics spoliés dans les goussets des banquiers.

Le Parti québécois, depuis quelques mois, organise l’exfiltration des irrédentistes de son aile « indépendantiste » – une suite de fragments de l’arche péquiste, encore accrochée au fantasme autonomiste n’ayant pas compris que la tactique du « chantage à l’indépendance » est surfétatoire et terminée – ; alors que ce parti consolide son aile des – « bons gestionnaires » – dirigée par Pauline Marois, qui n’aspire qu’a reprendre le contrôle de la moulinette à contrats et à gouverner. Voilà pourquoi trois groupuscules séparatistes s’agiotent présentement pour récupérer les nostalgiques du rafiot souverainiste (bureaucrates syndicaux, aristocrates ouvriers, petite bourgeoisie intellectuelle et professionnelle, affairistes et colonie artistique) et à raviver le mythe chauvin du Québec inc. ce dont les pontifes péquistes se réjouissent grandement.

Mario Dumont n’ayant pas réussi l’exploit en 2008, cette fois la tâche a été confiée au trio Legault – Deltel – Sirois, les  « sondages orientés » et la couverture médiatique des « puissances d’argent » feront le reste. L’appareil médiatique des riches (Quebecor-Gesca-Radio-Canada) est à l’œuvre depuis un an environ, annonçant la progression de son canasson dans les intentions de vote de la population. Chaque sondage conforte cette mystification, si bien que les électeurs finiront par déclarer leurs intentions de voter Legault sans rien connaître de ce bedeau.

La seule manière pour le Parti Libéral et pour le Parti Québécois de s’accrocher au pouvoir, de s’accaparer le contrôle de l’assiette au beurre gouvernemental et de sauver leur peau de sous-fifres politiques, sera de piller le programme électoral de la CAQ et de proposer de le réaliser en lieu et place de cette clique (Coalition pour l’Avenir du Québec).

Chers électeurs et chères électrices bientôt vous aurez le choix entre trois partis bourgeois au service des riches et aux programmes identiques, ou encore, entre trois partis politiques souverainistes sans solutions à vos problèmes économiques et ne risquant nullement de former le prochain gouvernement. C’est cela l’illusion de la démocratie électorale bourgeoise.

Salutations.

Robert Bibeau

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LA CRISE DE L’UNION EUROPÉENNE – (Dollar contre Euro)

À PROPOS DE LA MONNAIE

Dans un écrit précédent – La guerre des monnaies – Dollar contre Yuan – 23.11.2011 (1) – nous avons expliqué la nature et le rôle de la monnaie dans une économie capitaliste avancée. La monnaie est un instrument financier imaginé pour assurer le commerce – national et international – de chacun et entre chacun des pays émetteurs d’une monnaie souveraine. Au début du développement capitaliste, avant l’émergence de l’impérialisme, la quantité de monnaie en circulation représentait assez fidèlement la valeur des biens et des marchandises disponibles dans une économie nationale. Ce n’est plus du tout le cas de nos jours et les masses monétaires en circulation outrepassent largement la valeur des biens disponibles.

Le système social capitaliste a connu l’ère de l’acier. Au cours de la première Guerre mondiale la puissance allemande était basée sur les gigantesques aciéries du groupe Krupp, celle des États-Unis sur les aciéries de la US Steel. Après la Seconde guerre mondiale le monde capitaliste fut soumis à l’industrie automobile. Un temps, General Motors fut la plus grande entreprise internationale. Puis, l’industrie informatique acquit ses lettres de noblesse et IBM, le producteur de superordinateurs, monta au faîte du capitalisme. Entre 1980 et 2000, l’industrie pétrolière se démarqua et le monde subit la dictature des entreprises Exxon et Royal Deutch Shell pour ne nommer que celles-là.

Chacun aura noté que ces différents secteurs industriels produisaient des biens tangibles, des marchandises consommables (acier, automobiles, ordinateurs, pétrole, gaz) contenant de la valeur, c’est-à-dire du capital (constant et variable) et de la plus value cristallisée, monnayable sur le marché des valeurs et dans les réseaux financiers.

LA CRISE DE LA MONNAIE DÉMONÉTARISÉE

Qu’en est-il aujourd’hui ? La société Facebook s’est inscrite en bourse et a recueilli 37 milliards de dollars US lors de ses premières émissions d’actions. Google a fait de même avec le même succès quelques années auparavant. Facebook (tout comme Google) offre des services de recherche et de gestion de données sur Internet. Matériellement et concrètement Facebook possède des bureaux administratifs, des ordinateurs, des routeurs, et emploie des informaticiens, des professionnels du marketing et des services conseils ; pas grand chose en termes de biens tangibles ou de marchandises concrètes, bref, rien en termes de force de travail matérialisée et de plus value cristallisée (2).

Comment une société comme Facebook peut-elle lever 37 milliards de dollars de souscription si l’entreprise ne vaut pratiquement rien par elle-même ? C’est que les investisseurs-spéculateurs, qui achètent les actions Facebook, comptent sur leur capacité de pomper la plus value produite dans les industries du vêtement chinois, dans les entreprises d’ameublement brésiliennes, dans les aciéries indiennes, dans les compagnies pétrolières et gazières arabes, dans les plantations africaines, dans les sociétés minières australiennes et canadiennes, bref, dans toutes les entreprises multinationales productrices de valeurs réelles, pour la canaliser vers ces services quaternaires parasitaires non producteurs de plus value et de valeurs réelles. C’est l’essence même du capital financier spéculatif (fusion du capital industriel et du capital bancaire).

Dans des économies impérialistes avancées, comme les États-Unis et la France, entre 75% et 80% de la main d’œuvre s’activent dans le secteur utile des services tertiaires et dans le secteur parasitaire du quaternaire – et moins de 25 % travaillent dans les secteurs primaire (agriculture, mines, énergies) et secondaire (industrie productrice des moyens de production et de biens de consommation) producteurs de plus value, c’est-à-dire de valeur économique monnayable sur les marchés.

Examinons maintenant la plus grande entreprise au monde en 2011. Wal-Mart c’est 2,150 000 employés – 421 milliards de chiffre d’affaires annuel et 16 milliards de profits en 2010 (3). Wal-Mart ne produit strictement rien, aucune marchandise, aucune valeur réelle, aucune plus value ; pourtant, cette firme génère d’énormes profits. Si Wal-Mart ne produit rien, où prend-elle la monnaie pour ses achats, d’où viennent les dividendes qu’elle distribue à ses actionnaires milliardaires ?

La fusion du capital industriel et du capital bancaire pour former le capital financier spéculatif et parasitaire explique cette transformation « de la non valeur » en profits. Sous l’impérialisme – stade suprême du capitalisme anarchique – le secteur quaternaire (spéculateur financier et boursicoteur, service bancaire, service informatique et consultant marketing, etc.) accapare via la bourse et l’actionnariat capitaliste la plus value produite en usine, dans les champs, dans les mines et dans les puits.

Cette gabegie est rendue possible grâce au capital financier démonétarisé – qui ne correspond plus du tout à la valeur des biens réels, tangibles, produits dans les secteurs industriel, agricole, minier et énergétique – ce qui permet aux capitalistes « de faire miroiter de la pseudo valeur », d’imprimer de la monnaie de singe, de spéculer sur cette monnaie fantôme jusqu’à ce que la réalité les rattrape et entraîne l’effondrement de cet échafaudage pyramidal frauduleux. Le système impérialiste anarchique en est là présentement. Voilà la source de toutes les crises économiques de notre époque historique et non pas l’avidité des peuples qui auraient vécu au-dessus de leurs moyens.

Les capitalistes, les magnats de la finance, voient maintenant s’évaporer cette monnaie virtuelle – fantasme boursier spéculatif – et plutôt que de se résigner à leur faillite ils tentent, via leurs sous-fifres politiques, de transférer le fardeau de cette dévaluation de leurs actifs boursiers sur le dos des peuples de la planète toute entière. C’est ce qu’ils appellent le remboursement des dettes souveraines par des contractions financières et l’austérité budgétaire afin de contraindre les peuples qui auraient parait-il « vécu au-dessus de leurs moyens » à payer pour un crime qu’ils n’ont pas commis. Ceux qui nous ont précipités dans la crise sont les mêmes qui prétendent aujourd’hui nous en sortir. Les économistes et les médias à la solde répètent ces insanités à satiété jusqu’à ce que vous le gobiez (4).

LA PSEUDO CRISE DE L’EURO

Une monnaie et une banque centrale sont deux instruments financiers qui fondent une économie nationale, la structurent, servant tantôt à financer l’investissement et le commerce ; et servant tantôt à thésauriser, assurer les régimes de retraite (actuellement menacés d’effondrement) et permettre la reproduction de la force de travail (éducation, soins médicaux, etc.). Chacun connaît cette loi économique triviale qui stipule qu’une monnaie forte nuit aux exportations et à l’emploi national, alors qu’une monnaie faible conforte les exportations et l’emploi. N’oublions pas toutefois que l’effet est exactement l’inverse en ce qui a trait aux emprunts et aux flux financiers spéculatifs. Autrement dit, avec une monnaie forte, comme le Franc suisse, le crédit est abondant et rentable et le gouvernement suisse n’a aucune peine à emprunter.

De cette loi économique il découle que si un ensemble d’États et de gouvernements, l’Europe par exemple, souhaitent se doter d’une monnaie commune ils ne peuvent éviter de se doter également d’une banque souveraine commune, d’une politique de l’emploi et de la formation commune, d’une politique de l’immigration commune, d’une politique commerciale commune, d’une politique financière et budgétaire commune. Les pays européens en sont là présentement et c’est pourquoi ils s’apprêtent à accepter la gestion commune bruxellisée de leurs budgets et de leurs politiques financières nationales (5).

Présentement un consensus rassemble les pseudo experts économistes et chacun annonce, Jacques Attali y compris, la disparition de l’Euro alors que c’est le dollar américain qui s’effondre… La valeur d’échange d’une monnaie est un indice de la vitalité d’une économie nationale ou communautaire (Europe). Au moment de sa création, il y a douze ans, l’Euro valait moins que le dollar (1 Euro = 0,82 $ en 2000). L’Euro serait, parait-il, en cours d’implosion et pourtant il s’échange présentement à un dollar trente cinq américain (1 Euro = 1,35 $ en 2011), soit un renchérissement de 60% en dix ans (6). Comment se fait-il que ces soi-disant experts s’évertuent à disqualifier l’Euro, bien coté, et à sublimer le Dollar dévalué ?

De façon générale, chaque État impérialiste défend les intérêts de toutes ses factions de classe capitalistes nationales ou régionales (Europe) et de façon spécifique, il défend les intérêts de la faction de classe capitaliste qui contrôle temporairement l’appareil gouvernemental. Mais attention, les États impérialistes membres de l’Union européenne et membres de l’OTAN sont à la fois en collusion et en concurrence entre eux. La création de la monnaie européenne unique fut une décision franco-allemande servant les intérêts du couple franco-allemand auquel se joignirent quinze autres pays européens. Les États-Unis n’ont jamais vu d’un bon œil cette initiative de leurs alliés et concurrents impérialistes européens. Du temps où le Dollar florissant faisait la pluie et le beau temps en tant que monnaie du commerce international et en tant que devise de réserve mondiale, les banquiers américains toléraient ce concurrent encombrant.

En 2006, le Dollar étant menacé de perdre son statut de monnaie du commerce international et de monnaie de réserve mondiale, les banquiers et les boursicotiers de Wall Street amorcèrent une guerre pour empêcher l’Euro de leur ravir le rôle de devise spéculative mondiale. Il semble aujourd’hui que les banquiers américains aient réalisé qu’ils ont perdu ce combat.

Il est vrai que les agences américaines de notation Standard & Poor’s et Moody’s menacent régulièrement de dégrader les cotes des pays européens. Mais cette menace n’est pas fondée sur le manque de vitalité de l’Euro mais plutôt sur le poids de la dette souveraine qui accable chacune des économies européennes depuis la dernière crise boursière-bancaire américaine (2008), dette souveraine que les gouvernements européens ont plus de mal que les autres à faire payer par les peuples européens. Les traditions de lutte ouvrière, sur le front économique notamment, sont plus solidement ancrées en Europe que sur n’importe quel autre continent. En d’autres termes, présentement nous n’assistons pas à une crise de l’Euro mais à une crise de la dette souveraine européenne.

LE JEU DES AGENCES AMÉRICAINES DE NOTATION

Le sept décembre dernier, l’agence américaine Standard & Poor’s a largement médiatisé – ce qui était l’unique objectif de ce spectacle médiatique – qu’elle songeait à dégrader la cote de tous les pays d’Europe, ce qui signifie en termes concis que l’agence américaine souhaitait que le couple franco-allemand impose la gestion fédérale des bureaucrates de Bruxelles et de la Banque Centrale Européenne (BCE) à chacune des économies nationales des pays de la zone Euro.

En termes encore plus précis, l’agence américaine Standard & Poor’s annonçait publiquement qu’elle déposait désormais ses œufs dans la corbeille de l’Euro puisque le dollar, à l’agonie, n’a plus aucun espoir d’éviter une dévaluation sévère. Menacer les larbins politiques européens d’augmenter le coût de leurs emprunts sur le marché obligataire, c’était leur forcer la main pour qu’ils signent l’accord concocté par Merkel-Sarkozy les jours précédents. Le couple MerKozy n’en demandait pas tant. Hypocritement contrits, ils s’empressèrent les jours suivants, à Bruxelles, de pousser le bouchon jusqu’au fond (7).

LE DIKTAT DE BRUXELLES

À Bruxelles, Merkel -Sarkozy n’ont pas fait le travail commandé par les Américains, ils ont fait le travail commandé par la classe capitaliste monopoliste européenne, allemande et française notamment – ces expressions « nationales » servant de point de repère pour localiser l’origine de ces capitalistes internationaux qui n’ont que faire des frontières nationales -. Merkel – Sarkozy se sont fait assister dans leurs activités de complétion de la construction de l’Union européenne – d’un gouvernement unique – d’une monnaie unique (la monnaie unique étant l’instrument résultant et non l’amorce du processus d’unification impérialiste), par les agences « américaines » de notation internationales Standard & Poor’s et Moody’s, dont le travail consiste à terroriser les gouvernements nationaux européens en les menaçant de décote depuis que ces gouvernements européens se sont rendus vulnérables et ont :

1) renoncé à émettre leur propre monnaie (ce que la Grande Bretagne a refusé d’abandonner, ce qui explique qu’elle bénéficie de l’autonomie requise pour refuser l’accord MerKozy) ;

2) accepté d’emprunter sur les marchés internationaux en devises unifiées (Euro) plutôt qu’en devise nationale et sur leur marché local (en effet, advenant un emprunt obligataire du gouvernement britannique auprès des citoyens britanniques, libellé en Livres sterling, c’est le gouvernement de Grande-Bretagne qui aura une dette envers la population de la Grande-Bretagne, d’où ce pays ne court aucun risque d’implosion monétaire).

Quoi qu’il en soit, cette mise en scène médiatique sur la décote probable des pays européens était frauduleuse. Le « socialiste » François Hollande le soulignait deux semaines auparavant :  » La décote de la France a eu lieu sur les marchés boursiers. La France paie déjà les taux d’une cote double A ». De même pour tous les autres gouvernements européens. Pourquoi ce spectacle médiatique pour menacer ces gouvernements d’une sanction déjà en application?

L’accord de Bruxelles, dans la nuit du 8 décembre 2011, se résume à ceci :  » Les gouvernements européens vassaux, signataires de cette capitulation nationale totalitaire, doivent retourner sur leurs terres et imposer les restrictions de l’austérité, couper, émonder et rogner dans les services destinés à leurs métayers et réorienter l’argent ainsi épargné en direction des banquiers et ne plus pécher par compassion populiste « . Ainsi parlait Sarkozy au nom de ses maîtres et suzerains.

LA CRISE DU DOLLAR

Pour les riches américains il ne reste qu’une solution pour sortir du pétrin et c’est la solution proposée par Standard & Poor’s – l’austérité budgétaire et couper dans les services destinés au peuple américain – rogner dans la recherche scientifique – dans la recherche spatiale et même dans l’armement et l’armée – redéployer les troupes d’occupation vers quelques objectifs stratégiques majeurs ; se désengager de tous les fronts secondaires non essentiels – convertir en Euro leurs avoirs présentement libellés en Dollars ; inonder les marchés de dollars démonétisés (monnaie de singe) ; puis, dévaluer drastiquement le Dollar, donc, voler tous les porteurs de dollars d’environ 50% de leurs avoirs (ce qui comprend notamment tous leurs pays « amis » du Golfe Persique et les autres puissances pétrolières).

Croyez-vous un instant que le patriotisme des capitalistes américains les poussera à se laisser dévaluer et perdre la moitié de leurs biens mal acquis, la moitié de leur propriété privée, par amour du drapeau étoilé? Ce patriotisme de pacotille est tout juste bon pour les petits porteurs – les pecnots des ghettos mais pas pour Salmons Brothers et pour ses frères de classe qui s’activent déjà à transformer leurs dollars en Euro et en Yuan et ne reviendront au Dollar qu’après la dévaluation planifiée. Cette terrible manœuvre (la dévaluation du Dollar) permettra, pensent les impérialistes américains, de les relancer à la conquête des marchés et de permettre aux USA de revenir dans la course pour la supprématie mondiale.

Pour les impérialistes européens il s’agit de consolider l’Euro sur le dos des petits créanciers (les petits porteurs obligataires toujours ardents défenseurs des riches banquiers qui les auront bientôt ruinés) et sur le dos des peuples désemparés, et ainsi, préparer l’Euro à affronter à la fois le Yuan chinois émergeant et le Dollar états-unien décadent, voilà le fondement de la nouvelle politique économique, financière et monétaire du groupe des puissances impérialistes décadentes du vieux continent EUROpéen (8).

Historiquement, le précédent Führer allemand appliquait la politique national-socialiste des grands capitalistes germaniques. Aujourd’hui, le couple Merkel-Sarkozy applique la politique monétaro-impérialiste des grands capitalistes franco-germaniques. Tous ces capitalistes multinationaux souhaitent une monnaie forte pour remplacer le Dollar mortifié, et l’Euro est la seule panacée qui s’offre à eux en attendant que le Dollar, fortement dévalué, ne renaisse de ses cendres, espèrent-ils… mais rien n’est moins certain car la super puissance chinoise veille.

Cette guerre des monnaies (Dollar-Euro-Yuan) est l’amorce de la troisième Guerre mondiale qui sera effectivement la plus dévastatrices de toutes. Ou bien la révolution mondiale conjurera cette guerre titanesque qui s’annonce, ou bien cette guerre effroyable entrainera la révolution.

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(1) La guerre des monnaies (Dollar contre Yuan).

http://www.centpapiers.com/la-guerre-des-monnaies-dollar-vs-yuan/87631

et http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article5257
(2) http://www.rue89.com/2011/01/04/etes-vous-assez-riche-pour-devenir-actionnaire-de-facebook-183648

(3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Walmart

(4) http://www.france24.com/fr/20111208-sarkozy-dette-sommet-bruxelles-crise-euro-gouvernance-merkel-france-allemagne?autoplay=1

(5) http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/etats-unis-chine-la-grande-87177 et
http://www.centpapiers.com/la-crise-economique-les-balaiera-tous/82422

(6) http://fr.wikipedia.org/wiki/Euro/dollar

(7) http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie/2011/12/08/003-sommet-europeen-jeudi.shtml et

http://www.romandie.com/news/n/CRISEEuro_dramatisation_et_avertissements_solennels_avant_le_sommet_de_l_UE081220111612.asp

(8) http://www.centpapiers.com/la-dette-souveraine-et-la-crise-de-l%e2%80%99imperialisme/80121 et
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-chine-imperialiste-96817

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L’EXTRADITION DE LAURENT GBAGBO !

Directement d’Abidjan (Côte d’Ivoire)

EXILÉ – LIVRÉ AUX AFFRES DE LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE

Laurent GBAGBO est coupable d’avoir perdu la guerre fratricide contre Allasanne OUATTARA, le nouveau Président de la Côte d’Ivoire choisi par Nicolas SARKOZY au nom de la « communauté internationale » – lire ici le rassemblement de quelques chefs d’État représentant les anciennes puissances impérialistes occidentales décadentes.

Dans la nuit sombre du 29 novembre 2011, subrepticement, un avion furtif décolle secrètement de la base militaire des forces d’occupation française – le 43e BIMA d’Abidjan – direction La Haye aux Pays-Bas où Laurent GBAGBO sera incarcéré pour n’avoir pas accepté de capituler et pour s’être rebellé contre l’armée d’occupation française. La loi du milieu a ses règles que GBAGBO ne pouvait transgresser, pas plus que KADHAFI après lui, le révolté qui a expié son péché, assassiné par les mercenaires de l’OTAN de la façon que vous savez… (1).

L’ex-premier ivoirien, capturé par l’armée de SARKOZY, est livré tel les esclaves d’antan, un « cadeau » du nouveau Président ivoirien stipendié – élu par l’Élysée – aux autorités de la Cour pénale internationale (CPI) de triste renommée, pour être accusé de crimes contre l’humanité. Nous aurions quant à nous plutôt songé à monsieur SORO, le nouveau Premier ministre de la Côte d’Ivoire,  » recherché  » depuis l’année 2002 pour crimes contre l’humanité ivoirienne, crimes commis dans le nord du pays divisé – séparé – par ses sbires et ses mercenaires sur-armés ! Mais voilà, l’histoire a la mémoire écourtée et les récents vaincus ont préséance sur les anciens à la barre des accusés de cette Cour déshonorée.

Pendant ce temps les insignifiants soldats de l’ONUCI (Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire) paradent dans les rues éventrées, inutiles observateurs des mercenaires para-militaires de OUATTARA-SORO affublés d’uniformes de l’armée ivoirienne dans le but de légaliser leurs crimes anticipés.

En plus de s’afficher dans les rues délabrées, l’ONUCI se préoccupe aussi d’accréditer l’élection ivoirienne bidon (11.12.2011) – à laquelle plus d’un millier d’aspirants aux prébendes de député – se pressent pour obtenir accès à l’assiette au beurre gouvernementale avec pour seul programme électoral de ne pas déplaire au nouveau maître du palais présidentiel. Eh oui ! Au milieu de cette misère désespérée, les remplaçants des anciens rois nègres d’antan se pavanent dans des palais de pacotille pendant que leur peuple meurent affamé dans des taudis surpeuplés. Triste Afrique bafouée, outragée. suppliciée.

COUP MONTÉ CONTRE L’EXTRADÉ

L’expatrié – illégitimement incarcéré et illégalement exilé de son pays de naissance, a été  » pressément réclamé  » par la CPI, suite à une rencontre secrète entre le gestionnaire arbitraire de ce tribunal à tout faire (l’outrecuidant Luis Moreno OCAMPO dont ce n’est pas la première billevesée) et le Président OUATTARA – affidé attitré à cette possession d’Afrique française néo-colonisée. C’est ainsi que le Président ivoirien, soi-disant garant de la constitution de ce pays indivisible – susurre la chanson sur les ondes de la télévision – joue le thuriféraire de son ami coreligionnaire de la République française électoralement très agité.

Pourquoi un tel empressement du Président ivoirien à livrer l’africain aux « geôliers européens » à la veille des élections de la pseudo « Vérité et Réconciliation » ? Tous les ivoiriens de cette terre mortifère savent pertinemment que chacune des factions a commis des exactions. Chaque famille ivoirienne a perdu un enfant, un parent, aux mains de l’un ou de l’autre camp, certains dans les années quatre-vingt dix, d’autres en 2002, les derniers en 2010, car ici les guerres de succession sont légion pour le contrôle de l’appareil d’État distributeur de commissions, de maigres emplois sous corruptions, de petits contrats pour croupions ; ici est permanente cette engeance sévissant en néo-colonie de la France « mère patrie » spoliatrice. Rien de nouveau sous la lune en cette terre tropicale au soleil éternel…à la misère perpétuelle (2).

Devant une telle situation deux options s’offraient au Président croupion. Ils y passaient tous – équitablement – inexorablement – lui y compris, ou alors, les parties négociaient en douce la paix des braves et la « Réconciliation nationale ». Monsieur SORO, le nouveau Premier ministre, le criminel de guerre « oublié » de 2002, plutôt que de se taire pudiquement – étale son arrogance sur les ondes publiquement – et les médias français à la solde lui font écho. SORO le nouveau héraut, réclame la peine capitale pour les perdants repentants parce qu’ils ont le tort d’être du mauvais bord – quel atavisme accable ce tyran récidiviste ?

Quelle réconciliation nationale peut-on espérer quand le vainqueur triomphant se venge en toute impunité du vaincu emprisonné, humilié, et quand moult prisonniers politiques sont toujours incarcérés, maltraités, torturés, empilés dans des geôles oubliées. Les sbires et les mercenaires de OUATTARA-SORO déguisés en soldats, arpentent les rues des cités outragées ; toutes les universités du pays seront fermées pour les deux prochaines années en Côte d’Ivoire éplorée. Rien à faire de cette « Réconciliation » avec l’oppression murmurent les ivoiriens enragés notamment à l’encontre des éditorialistes de Paris qu’ils détestent royalement (3).

LE VALEUREUX PEUPLE IVOIRIEN

Je suis en ce pays depuis peu, pourtant, ce temps m’a suffi pour constater l’immense courage de ce peuple souriant, aimable, généreux, chaleureux, valeureux, industrieux, fier, amer et ulcéré au pays des chocolatiers. Si du moins le peuple ivoirien bénéficiait des revenus mirobolants générés par ces bouchées chocolatées – savez-vous à quel prix ils sont payés ces métayers exploités comparé au montant qui nous est réclamé à nous d’Occident, par les nouveaux négriers de la modernité (Nestlé, Lynds, Mars, etc.) pour cette denrée recherchée ?

Ils sont 22 millions de citoyens – 1 036 dollars US de revenu annuel moyen (148e rang mondial) – la misère généralisé se constate chaque jour sur la chaussée des villes polluées, alors que quelques députés, ministres, juges, mandarins, hauts gradés de l’armée et des milices privées ainsi que quelques industriels caféiers et planteurs exploiteurs, tout au plus quelques milliers de riches plantureux, se partagent quelques bénéfices sporadiques, prébendes fragiles, salaires de sous-fifres dont ils se contentent faute de mieux, misérables gueux (4).

Quand on ne contrôle pas son armée, ses tribunaux, ses alliés, son économie, ses frontières, sa terre et ses ressources aurifères, comment faire pour gérer ou administrer ? De toute façon, ils savent tous ce qu’il en coûte de souhaiter la liberté contre le maître de curée…logé à l’Élysée.

Dans le petit matin, ils sont des millions anxieux – marchant bruyamment sous le soleil levant, déjà brulant, pressant le pas vers leurs étals chambranlants, vers leurs boutiques déclinguées, vers leurs bureaux surchauffés – s’ils ont un emploi ce qui est rare en cet endroit – vers nulle part pour certains – vers le coin de la chaussée pour les autres, vers l’office d’une succursale quelconque d’une multinationale moribonde, où les uns offrent leurs babioles à un prix de famine, où les autres offrent leur savoir pour un salaire dérisoire, et les derniers leur labeur pour quelques francs sans valeur (650 F CFA = 1 Euro).

Tous ces gens qui déambulent lentement ou circulent en taxis pétaradants ou s’entassent dans les bus tonitruants, ce matin ensoleillé, ne connaissent pas encore le forfait méprisable de la nuit, l’extradition de leur ex-Président – élu démocratiquement quoi qu’en disent ceux de Paris – qui n’étaient pourtant nullement concernés – et leurs complices en ce pays, ainsi que tous ces lâches médias à la solde, d’ici et d’ailleurs, qui ont répété le mensonge à satiété jusqu’à ce que vous le gobiez.

Ses geôliers – nouveaux négriers – l’ont livré pour l’humilier, lui et tout son peuple ostracisé, pour faire exemple et pour briser leur résistance à l’avant veille de la mascarade électorale législative prévue pour la mi-décembre (11.12.2011) et à la veille de ces spectacles chauvins de « Réconciliation nationale  » programmés pour le début décembre. On n’amorce pas une campagne de « Vérité et Réconciliation » par la livraison de ses ex-compagnons d’armes à une cour pénale manipulée par des puissances internationales (5).

Ils seront des millions à faire abstention lors de ces élections bidons – Ce sera leur moyen d’expression…en attendant le prochain soulèvement de cette population (6).

_______________________________________________________

(1) http://www.legrandsoir.info/Le-parricide-La-guerre-civile-en-Libye.html
(2) http://www.centpapiers.com/massacres-en-cote-d%e2%80%99ivoire-%c2%ab-liberee-%c2%bb-par-les-colonisateurs-francais/66712
(3) http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/11/29/laurent-gbagbo-inculpe-par-la-cour-penale-internationale_1610832_3212.html
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/laurent-gbagbo-un-aller-simple-pour-la-haye_1056612.html
(4) http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_PIB_(PPA)_par_habitant http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%B4te_d’Ivoire
(5) Les 3 et 4 décembre 2011 s’amorçait une série de spectacles pour la  » Réconciliation nationale « . Quelques dizaines d’artistes ivoiriens chantent l’amour, la paix, la réconciliation et le pays « indivisible » et autres refrains chauvins, déplacés, après cette trahison et la mortification imposée aux magistrats et aux juges contrits, obligés de faire leur mea culpa pour avoir dit la vérité qu’ils sont contraints de répudier et de renier. Le peuple ivoirien reste imperturbable et le parti politique dirigé par Laurent GBAGBO (FDI) s’est récemment retiré de cette mascarade et plusieurs partis politiques ivoiriens boycottent ces élections bidons empressées (11.12.2011).
(6) http://www.legrandsoir.info/alassane-ouattara-ou-la-soumission-sans-equivoque-de-la-cote-d-ivoire.html et CNRD http://www.eburnienews.net/politique/communique-du-cnrd-suite-a-la-deportation-du-president-laurent-gbagbo/

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LE RETOUR DES RÉVOLTÉS – LE CAIRE QUE NOUS AIMONS

 
 

 
 

Ce n’est pas une seconde « révolution » qui a pris corps au Caire le 19 novembre dernier, c’est plutôt la première révolte égyptienne qui s’est ravivée – elle couvait toujours sous les cendres de la répression sanglante après la démission du 11 février puis le démantèlement des barricades des insurgés. Ce jour de novembre a lancé le deuxième round de la révolte égyptienne qui pourrait bien, cette fois, accoucher d’une révolution  c’est-à-dire du renversement total de l’ancien régime militaire compradore corrompu. Mais, cette fois ci sera-t-elle la bonne ?

En février 2011, nous l’avions fortement souligné, les jeunes petits-bourgeois « Twitters – des réseaux sociaux », pseudo révoltés, formés en Serbie, nous a-t-on dit, avait réussi, non pas à soulever les masses, mais bien à récupérer et à endiguer vers un cul-de-sac électoraliste le mouvement spontané des jeunes désoeuvrés de la rue, rapidement appuyé par la population égyptienne mal logée, paupérisée, affamée, assoiffée d’eau, de justice et d’équité, mais surtout pas d’élection bidon réservée aux riches pour consolider leurs institutions d’oppression (1).

Au premier round, le mouvement né Place Tahrir avait été trahi parce qu’il était désorienté par l’idéologie petite bourgeoise réformiste – social-démocrate – des « indignés désolés » qui aurait préféré sauvegarder le système compradore de Moubarak, mais sans Moubarak, le fantoche. La junte militaire qui avait porté ce larbin au pouvoir, après l’avoir forcé prématurément à une retraite dorée dans sa datcha de Charm el Cheikh, promettait d’assurer et de réformer – dont la tenue d’élection – la drogue des petits bourgeois internautes – quelques réformettes d’un système que l’armée d’opérette avait elle-même érigé et qu’elle manœuvre toujours en sous main.

Demander à une armée fasciste d’assurer l’abolition du fascisme, ce n’était pas une bonne composition. Il survient ce que nous avions pressenti la rue arabe n’a rien obtenu et aujourd’hui elle se rappelle au bon souvenir des maréchaux en goguette (2).

Le 19 novembre dernier, les petits-bourgeois égyptiens (courroie de transmission de ces vauriens) sont donc retournés dans la mêlée, Place Tahrir, parmi les jeunes et le peuple égyptien écoeuré – enragé – révolté, afin, comme au premier round, de pervertir le mouvement de l’intérieur, de le trahir à partir du cœur, par des slogans électoralistes et réformistes – comme celui de chasser le maréchal Tantaoui du pouvoir – un autre maréchal pourra-t-il diriger la révolution contre le pouvoir des maréchaux ? Un Président civil et une Assemblée du peuple à la solde pourront-ils assurer l’emploi, la relance économique, la sortie de crise financière, le développement social, les soins de santé, les logements décents, la fin de la vie chère, la fin de la dictature du FMI et de la Banque Mondiale sur le budget de l’État pharaonique ? Évidemment non !

L’ex-premier ministre de Moubarak, le laquais Kamal el Ganzouri nommé Premier ministre par les militaires (une nomination qui résonne comme une provocation au regard de la « révolution ») pourra-t-il imaginer autre chose que la collusion avec l’impérialisme et la mondialisation (3) ? Non évidemment !

L’élection pseudo « démocratique » à l’Assemblée du peuple de la clique des « Frères musulmans », demeurée lâchement et opportunément en réserve de la trahison nationale ; leur campagne électorale, lourdement financée par les Émirats dictatoriaux du Golfe persique et par les intégristes Wahhabite – royalistes jamais élue – d’Arabie Saoudite – poussant l’outrecuidance jusqu’à donner des leçons de démocratie aux peuples arabes – pourra-t-elle accoucher d’autre chose que de la capitulation nauséabonde (4) ?  Non assurément !

Depuis quelques mois, cinq peuples, ceux d’Égypte, de Grèce, d’Espagne, du Maroc et de Tunisie ont clairement affiché, par leur refus de voter, leur total mépris pour ces mascarades électorales et leur dégoût pour ces fadaises « démocratiques » par et pour les riches. Ce n’est pas le départ du maréchal Tantaoui que réclame les révoltés du Caire, pas plus qu’ils ne réclamaient stricto sensu la mise à la retraite anticipée de Moubarak, c’est la fin totale du système militaire compradore (40 % du PIB égyptien est entre les mains de l’armée) – qu’ils réclamaient et qu’ils réclament toujours.

C’est le système capitaliste compradore égyptien qui doit être totalement démantelé et culbutée cette lâche assemblée à la solde de l’armée. C’est la seule façon de répondre aux exigences des révoltés – et de venger les 42 martyrs assassinés par cette armée soi-disant neutre et au-dessus de la mêlée. Nous l’avions écrit, une armée n’est jamais neutre. Une armée est toujours le bras séculier d’une classe pour diriger. L’armée égyptienne ne faisait pas exception à la règle en février dernier, pas davantage qu’en novembre cette année (5).

Le 11 février 2011, quand quelques petits bourgeois pseudo dirigeants des manifestants de la Place Tahrir, porte-voix de la Secrétaire d’État américaine, madame Hillary Clinton, présentèrent le parachute doré de Moubarak (30 milliards de dollars environ) comme la victoire de « la plus grande révolution de tous les temps », la révolte égyptienne avortée venait d’accoucher d’une souris lobotomisée. Heureusement, la leçon du premier round aura porté fruit, et aujourd’hui, aurez-vous noté que la presse occidentale tarde à dénicher et à nous présenter quelques « héros », fils à papa des réseaux sociaux, qui viendraient nous seriner les chants « électoralistes » pseudo démocratiques de la mère Clinton que tous les petits bourgeois de la terre brûlent d’envie d’entonner.

Les révoltés crient, du Caire à Alexandrie, au prix de leur vie : « Écoutez nos voix plutôt que de les compter ». C’est bien dit, ils rejettent ainsi la mystification électoraliste. Nous leur disons, tenez bon, et surtout, écartez les mauvais augures du compromis, les pacifistes, les « indignés déprimés » et les fils à papa apeurés de vos délibérés. Ils vous restent toutefois quelques illusions. C’est compréhensible, l’expérience vous apprendra que vous ne devez pas quémander aux riches et aux dominants de vous écouter, c’est inutile. Vous, le peuple, êtes en contradiction antagoniste irréductible avec eux. Rien à attendre de la compassion de ces « dieux » mafieux. Vous devez renverser le système capitaliste compradore qu’ils ont érigé pour qu’une nouvelle humanité surgisse des cendres de ce que vous brûlez. C’est là une tâche révolutionnaire à votre mesure, peuple frère.

__________________________________

(1)  http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23260   http://www.michelcollon.info/La-revolution-democratique.html

(2) http://www.lemonde.fr/international/article/2011/11/28/en-egypte-ouverture-d-elections-legislatives-tres-encadrees-par-l-armee_1610037_3210.html
(3)  http://www.leparisien.fr/crise-egypte/elections-l-egypte-poursuit-son-test-de-democratie-29-11-2011-1744369.php

(4)  http://www.youtube.com/watch?v=Y4lfrgb3PNc

(5)  http://www.centpapiers.com/%c2%ab-printemps-arabe-%c2%bb-tunisie-l%e2%80%99art-d%e2%80%99avancer-en-arriere/85836

(6)  http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article5127

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LA GUERRE DES MONNAIES (DOLLAR vs YUAN)

 
 

 

QU’EST-CE QUE LA MONNAIE ?

Q’est-ce que la monnaie ? Qu’est-ce que le dollar, l’euro, le yuan, et les autres monnaies en circulation de par le monde ? Ces devises servent aussi bien aux échanges quotidiens dans les magasins, que, sous d’autres formes, à la spéculation boursière et au commerce international dans une économie capitaliste incontrôlée et anarchique.

Incontrôlée, disions-nous, car les capitalistes financiers qui sévissent sur les bourses du monde ; de Wall Street à la City de Londres, en passant par Paris, Francfort et Shanghai ; gonflent la masse monétaire représentant les marchandises, les biens et les services produits dans les économies nationales, et ils surmultiplient ainsi de façon tout à fait factice le capital disponible sur les marchés boursiers, engendrant ce que les économistes appellent des « bulles financières ». Ce phénomène entraîne en fait la création de « monnaies de singe » ne correspondant à aucune richesse, à aucune valeur réelle, qu’à du vent spéculatif servant à donner l’impression aux pecnots qu’ils s’enrichissent de cet argent de Monopoly « Passe Go et collecte tout l’argent qu’il te faut ».

Quand une « bulle financière » éclate, comme en 2008 à propos des « subprimes », c’est-à-dire la revente, par paquets, de milliers d’emprunts hypothécaires non solvables, ce sont alors des millions de propriétaires d’habitations qui sont saisis, et leurs familles qui les occupent à crédit, qui sont expulsées – jetées à la rue manu militari – dans la plus grande « démocratie bourgeoise » de tous les temps.

Nous invitons les bigots bourgeois férus de démocratie électorale, comptabilisant chaque bulletin de vote jeté dans la crécelle des urnes qu’ils chérissent tant, prouvant croit-il la nature « démocratique » de ce système capitaliste pourri jusqu’à la moelle ; nous les invitons à réfléchir à ce paradoxe où une « démocratie » bourgeoise expulse ses commettants de leur résidence alors que leur gouvernement verse, à même les impôts de ces expulsés, des milliards de dollars en subvention à des banquiers pour qu’ils chassent ces payeurs de créances et ces payeurs d’impôts de leur maison ! C’est la loi du système, diront-ils, alors je demande, qui a besoin de ce système inhumain ?

Revenons à la question posée en début d’article. Qu’est-ce qu’une devise ? Une devise est un instrument économique national qui, à l’origine du capitalisme (concentrons-nous sur ce système économique tout en sachant que la monnaie existait bien avant le capitalisme) représentait la quantité de richesse, de biens et de services échangeables (commercialisables) dans une économie nationale. Au début du capitalisme, il existait alors une adéquation assez stricte entre la quantité de monnaie (non seulement sous forme de billets de banque mais sous toutes autres formes) en circulation et la puissance commerciale relative du pays qui émettait cette monnaie (1).

S’il y avait distorsion, comme par exemple martingale d’impression d’une trop grande quantité de monnaie nationale par rapport à la richesse (marchandise) échangeable dans ce pays, la sanction des marchés était sans équivoque, la valeur de cette monnaie nationale chutait rapidement et tous ceux qui faisaient commerce avec ce pays inflationniste refusaient de libeller leurs échanges en cette devise nationale et exigeaient plutôt d’être payés dans une « devise forte ». C’est le rôle que jouait le dollar américain jusqu’à la dernière crise (2008), le franc suisse servait également de monnaie refuge, ou encore l’or, cette quasi devise acceptée par tous à un point tel que l’on exigea pendant longtemps que chaque banque nationale, émettrice d’une devise, conserve dans ses coffres une certaine proportion d’or (environ 10 %) correspondant à une portion de la  valeur de sa monnaie en circulation. Cette règle fut abolie lors de la répudiation des Accords de Bretton Woods (USA – 1944-1971). (2)

LES ACCORDS DE BRETTON WOODS

À la suite de la seconde guerre mondiale, les États-Unis d’Amérique ayant pris une place prépondérante comme super puissance militaire, économique et financière impérialiste, il fut décidé que la devise américaine, le dollar US, servirait de monnaie d’échange dans les transactions internationales et donc de valeur refuge en cas de difficulté commerciale ou financière entre deux ou plusieurs pays commerçants. C’est-à-dire, qu’à compter de 1944, une banque ou un trust qui souhaitait s’assurer que le fruit de ses transactions monétaires, commerciales, ou boursières spéculatives, soient à l’abri de toutes dévaluations intempestives d’une monnaie nationale fragile, effectuait ses transactions en monnaies fortes américaines – le dollar US – monnaie de réserve.

À partir de 1971 les États-Unis refusèrent de rembourser en or les dollars US excédentaires mis en circulation de par le monde (fin de la convertibilité OR) d’où aucune réserve d’or ne garantissait plus la totalité ou une partie des dollars en circulation. Puis, ils proposèrent que les monnaies soient à conversion flexible selon l’état des marchés. Les autres pays impérialistes, solidement arrimés et assujettis au leader américain, ne dirent mot, pensant que l’économie américaine serait toujours prospère et l’impérialisme florissant. Le système impérialiste était alors dans la dernière décennie de ses « trente glorieuses ».

Par la répudiation des Accords de Bretton Woods (1944-1971), les traders et les banquiers internationaux obtenaient un sauf conduit spéculatif – un  blanc-seing – illimité pour spéculer. Les différentes puissances impérialistes du globe crurent alors qu’elles pourraient s’en sortir et s’échapper avec la caisse alors que tous leurs amis, alliés et concurrents impérialistes se casseraient le nez avec un trop plein de dollars dévalués. Mais voilà, chacun de ces cupides croyait son concurrent plus stupide que lui-même et chacun se présentera à la caisse au même moment comme en Argentine quand les petits bourgeois s’alignèrent aux portes des banques cadenassées, incapables d’honorer leurs créances devant leurs clients déboutés. Évidemment, les milliardaires argentins avaient depuis longtemps transformé leurs avoirs en francs suisses anticipant l’effondrement du Peso – en parité dollar – contrairement aux prolétaires de Buenos Aires floués par ces pesos dévalués.

Imaginez la même dramatique, mais cette fois au lieu d’être l’Argentine aux prises avec le piège spéculatif, l’effondrement du Peso, et la perte de confiance des investisseurs et des épargnants dans l’économie du pays, ce sont tous les grands banquiers et les boursicoteurs internationaux, ces « génies » de la finance, nous dit-on, qui sont pris au piège américain, le peuple américain étant lui-même la première victime du fonctionnement de ce système économique anarchique, incontrôlé et inhumain.

Évidemment, cette « confiance » des acheteurs, des vendeurs, des spéculateurs, des banquiers et des boursicoteurs était fondée sur l’assurance que la monnaie internationalisée – le dollar US –, représentait bien une valeur forte, reflet d’une économie prospère, et qu’en tout temps chacun d’entre eux pourrait échanger ses dollars pour de vraies marchandises, de vrais biens ou de réels services concrets et tangibles. Que cette condition incontournable vienne à faire défaut et c’est tout l’édifice spéculatif impérialiste qui s’écroule. Le monde capitaliste en est là. La réalité c’est que depuis le début du XXe siècle le dollar américain a perdue 97 % de sa valeur. La dette souveraine américaine est de 15 000 milliards de dollars soit 100 % du PIB américain. Si on y ajoute l’endettement des ménages et celui des entreprises et la dette états-unienne passe à 50 000 milliards de dollars US, soit 360 % de son PIB. Tout compris les États-Unis affiche un « trou » de 200 000 milliards de dollars US. Ce n’est pas la Grèce qui est en faillite ce sont les États-Unis d’Amérique (3).

PROCHAIN SOUBRESAUT DE LA CRISE MONÉTAIRE

Si tous les spéculateurs n’ont pas abandonné le dollar au moment où nous écrivons ces lignes, c’est pour la simple raison que si chacun des voleurs – spéculateurs – (pas les fraudeurs de l’assistance sociale mais bien les spoliateurs milliardaires) réclamait son « dû », chacun d’entre eux se retrouverait propriétaire d’une montagne de « dollars de singes » n’ayant absolument aucune valeur réelle comme il en fut dans les années vingt (1920) avec l’ancien Mark allemand que les capitalistes germaniques acheminaient par wagon entier aux capitalistes français à titre de réparation de guerre (1914-1918).

De fait, lors de la prochaine convergence des crises monétaire et financière, au premier semestre de 2012, des milliers de milliards d’actifs-boursiers-fantômes s’évanouiront et entraîneront dans la décimation au moins 10 % des banques occidentales édifiées sur ces actifs bidons et frauduleux. L’Euro et la dette souveraine grecque ainsi que celle des autres pays européens surendettés seront les déclencheurs mais pas les responsables de cette débandade boursière-bancaire qui frappera même les banques « too big to fail » (trop gosses pour tomber) (4). Elles tomberont elles aussi.

Chaque État national sera tenté de voler au secours de « ses » banques et de sa monnaie nationale en décrépitude car même les hedge funds et les fonds de pension – segments du capital financier – seront menacés d’effondrement (5). Mais les banques sont maintenant trop grosses pour être sauvées et un État qui songerait à prendre ces faillites à charge connaîtrait la décote Moody’s et la hausse de ses frais d’emprunts. La France, par exemple, consacre déjà 45,4 Milliards d’euros par an au remboursement de sa dette souveraine soit 16,5 % de ses revenus ou 80 % de ses revenus d’impôts (6).

LA NOUVELLE SUPERPUISSANCE IMPÉRIALISTE

Pourquoi une économie solide à la monnaie vigoureuse suscitant l’envie de tous les spéculateurs se retrouve-t-elle en si fâcheuse posture que chacun s’en contente faute de mieux, sachant qu’il n’a tout simplement pas le choix, s’il retire ses billes, son client et son fournisseur feront faillite, tout comme lui ? C’est la seule raison qui explique pourquoi le dollar poursuit sa triste destinée internationalec’est que refuser le dollar revient à scier la branche sur laquelle chacun des grands capitalistes s’est reposé pour spéculer.

Au cours de la décennie quatre-vingt dix et de la première décennie des années deux mille, les entreprises multinationales occidentales ont délocalisé leurs usines ou encore leur production vers les pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Corée, Taiwan, etc.) provoquant un chômage endémique et une baisse de revenu chez les consommateurs occidentaux. Les revenus fiscaux des États ont alors périclité et les commerçants ont tenté de compenser cette chute de pouvoir d’achat en offrant un crédit quasi illimité aux consommateurs occidentaux. Les entreprises improductives du tertiaire se sont concentrées dans les pays capitalistes avancés, en déclin, alors que les entreprises productrices de plus value des secteurs secondaire et primaire se sont concentrées dans les pays capitalistes émergents dont la Chine, première puissance industrielle du monde dont la monnaie, sous évaluée, offre maintenant les garanties recherchées.

Bref, un nouvel acteur économique s’est pointé sur la scène industrielle et commerciale mondiale. L’immense Chine avec ses 1,3 milliards de travailleurs à exploiter et de consommateurs à dévaliser. Depuis 1978 environ – prise du pouvoir par Deng Xiaoping en Chine – l’économie mondiale est entrée dans un nouveau cycle. Il ne s’agit pas ici de la crise de la dette grecque, et de ses 11 millions de producteurs – consommateurs (représentant à peine 0,01 % de l’économie mondiale) mais d’une super puissance industrielle et commerciale qui en trente cinq ans est devenue la seconde économie du globe et la première puissance industrielle de la planète, produisant, contrairement aux américains, de vraies marchandises, échangeables (téléviseurs, ordinateurs, automobiles, vêtements, navires, armements, raffineries, trains, fusées, etc.) garantissant toute transaction commerciale bien davantage que des dollars dévalués. Ce sont 20 % des consommateurs du globe qui se sont joints d’une venue à la confrérie mondiale des exploités de l’impérialisme.

Le Yuan, la monnaie chinoise, est aujourd’hui en confrontation directe avec le dollar US. Dans cette guerre à finir entre l’Alliance Atlantique (OTAN) regroupant les puissances impérialistes en déclin dont les économies non performantes et non concurrentielles ne sont pas suffisamment profitables parce que leur aristocratie ouvrière a bénéficié de « trop davantage » que les capitalistes occidentaux tentent aujourd’hui à grand peine de leur retirer – lutte et résistance sur le front économique –, dans cette guerre titanesque, contre l’Alliance de Shanghai (Chine – Russie – États de l’ancienne Union Soviétique, Iran, Corée du Nord, etc.) l’une des deux super-puissances devra assujettir l’autre à sa domination et ça ne peut être l’Amérique décadente.

Sur le plan militaire les États-Unis et l’OTAN détiennent une suprématie indéniable dont la résultante est une suite de guerres et d’occupations ruineuses pour leurs économies déjà en difficulté ; pendant ce temps la Chine investit ses capitaux impérialistes en Afrique, en Amérique latine, au Canada, en Australie et noue des liens commerciaux avec les anciens alliés de la puissance états-unienne en déclin accéléré. L’ancien et le décadent devront un jour laisser place à la nouvelle superpuissance économique mondiale qui a nom la Chine et à sa devise le Yuan, que la Chine réévaluera quand bon lui semblera, sans tenir compte des pressions américaines (7). La Chine, en refusant de réévaluer sa monnaie, évite une hausse de prix inflationniste à l’économie américaine dépendante. D’ici là, les banques occidentales connaîtront tous les affres de la dévaluation monétaire et de la crise financière entraînant les épargnes des petits bourgeois dans le gouffre des crises monétaires impérialistes. Le dollar a terminé son cycle de vie, voyez poindre l’aurore du Yuan.

La crise capitaliste est inéluctable et si chacun d’entre vous décide de sauver ce système économique et monétaire parasitaire, alors, il survivra ce système par l’addition  de vos sacrifices collectifs et par la somme de vos efforts individuels mais dans moins de dix ans une nouvelle crise systémique encore plus profonde, plus terrible et plus dévastatrice s’abattra sur ce monde impérialiste et on réclamera de chacun d’entre vous que vous fassiez comme ces petits bourgeois argentins, égyptiens, marocains, tunisiens, que vous vous rendiez aux urnes choisir le larbin ou la démagogue qui vous vendra sa salade nationaliste surannée contre quelques heures d’illusion, de rêve, jusqu’au lendemain qui déchante et vous confronte à la dure réalité de la nouvelle faillite des monnaies et du système impérialiste (8).

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(1) L’Euro fait exception à la règle nationale et nous verrons dans un prochain article les aléas de cette singularité.

(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_Bretton_Woods

(3) Myret Zaki. Le dollar va mourir. In L’Étoile du Nord. Vol. 9, no 5, octobre 2011.

(4) Communiqué public GEAB no 58. 15 octobre 2011.  Tiré de L’Étoile du Nord (Édition française). Pages 6-11. Vol. 9, no 5, octobre 2011.

(5)  Les fonds de pension publique aux États-Unis font face à un gouffre financier évalué environ entre 1000 et 3000 milliards de dollars.  GEAB no. 58. 15 octobre 2011.

(6) Charles Sannat. Directeur économique du site : http://AuCoffre.com

(7) De vieux jeux politiques inutiles pour guérir des maladies américaines. http://www.chine-informations.com

(8) Robert Bibeau. La crise économique les balaiera tous!  http://www.mecanopolis.org/?s=bibeau

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MENACER L’IRAN ET PRÉPARER L’INVASION DE LA SYRIE

 
 
 

Régulièrement, des menaces d’attaques contre la centrale nucléaire Iranienne surgissent des officines militaires israéliennes, puis sont confirmées ou encore infirmées par l’OTAN, puis aussitôt contredits (premier type), ou corroborées (deuxième type) par des sources officielles non identifiées émanant du Pentagone, de l’Élysée, quand ce n’est pas du Bureau Ovale.

La présente vague de rumeurs est du deuxième type – celle où tout est corroboré par tout ce que l’Alliance Atlantique compte d’espions infiltrés, même que les cartes de l’attaque sont rendues publiques, la date précise de l’opération – ultra  secrète – est divulguée (la légende ne dit pas si un référendum aura lieu pour entériner ce choix) et les journaux à sensation spéculent sur le nom du général fou qui aura mandat de diriger cette opération bidon. On nous informe des moindres détails du complot, de la nature des bombes spéciales qui seront utilisées, des ripostes envisagées et de la façon de les contrer. Un scénario à la Nintendo vous dis-je. Finalement, de savoir tout cela, avec schémas et avions de combat furtifs à l’appui c’est un peu comme si on jouait à la guerre sur son X-Box préféré (1).

Les spécialistes et les experts de la chose militaire relaient toutes ces informations accompagnées de moult spéculations et autres supputations sur les retombées éventuelles d’une telle catastrophe nucléaire. D’où tirent-ils tous ces renseignements ultra secrets ? Je ne saurais vous le dire, mais tous ces personnages semblent très bien renseignés (2). Auraient-ils infiltré le Mossad et les agences d’espionnage occidentales, je ne saurais le certifier, mais il faut dire que le ministre de la défense israélien (Ehud Barak) est particulièrement loquace ces temps-ci. Finalement, il suffit d’ « espionner » les quotidiens israéliens à grand tirage pour débusquer en première page tous les plans secrets du Pentagone… Comme chantait Serge Reggiani « Il y a quelque chose qui cloche là-dedans – j’y retourne immédiatement… ».

Le premier secrétaire du Hezbollah, Sayed Hasan Nasrallah, a dit un jour à propos d’Israël : « Quand les sionistes plastronnent et fanfaronnent, nous savons qu’ils ne vont pas attaquer; quand ils sont silencieux pendant une certaine durée alors nous savons qu’il nous faut nous méfier. ». Selon lui, nous serions donc au milieu d’une équipée du deuxième type.

La question devient donc la suivante : pourquoi cette montée en puissance des rumeurs d’attaque contre le réacteur nucléaire iranien ? Pourquoi ces tambours de guerre factices contre l’Iran – repris par les médias de gauche – naïfs ou complices ?

Habituellement, en stratégie militaire, quand les alliés annoncent une attaque sur le Pas de Calais, c’est qu’ils préparent un débarquement en Normandie (Juin 1944). Par transposition, si les agresseurs de l’OTAN (comprenant Israël, membre officieux et base avancée au Proche-Orient) annoncent une attaque imminente contre l’Iran, c’est que la Syrie est fortement menacée. Voilà le véritable secret éventé (3).

Plus tard, après l’agression meurtrière contre la Syrie, chacun sera invité à pousser un soupir de soulagement, la première guerre nucléaire de l’histoire aura été évitée, et la petite Syrie sacrifiée sur l’autel de la cupidité impérialiste. Toute l’opération en cours ne vise finalement qu’à intimider l’Iran de façon qu’elle ne bouge nullement quand aura lieu l’attaque contre son allié au Levant.

Pourtant, il n’y a aucun risque d’une guerre nucléaire, tout au plus un danger de retombées radioactives importantes sur toute la région si les bombes américaines de type Blu-117, à percée  profonde, parvenaient à atteindre le cœur du réacteur iranien. Les capacités de riposte iranienne contre la centrale nucléaire israélienne de Dimona seraient nulles ou presque nulles sans le soutien satellitaire américain ou russe. Tout au plus, l’Iran parviendrait-elle, pour l’honneur, à lancer ses missiles balistiques de portée moyenne (2000 km) contre Israël mais ils risqueraient tous d’être détruits en vol au-dessus de l’Irak. Cessons donc ces spéculations loufoques, l’arme thermonucléaire que possède l’Iran est à la mer et n’entraînera aucune retombée nucléaire ; les retombées seront plutôt du type secousses sismiques économiques et financières de force 10 sur l’échelle de Richter – qui en compte 9 (4).

Dès l’apparence d’une attaque contre son réacteur nucléaire, l’Iran, n’ayant plus rien à perdre et sachant trop bien qu’elle ne peut se mesurer à l’Alliance Atlantique (OTAN) sur le terrain de la guerre des étoiles où la supériorité américaine est incommensurable, se tournera vers le Détroit d’Ormuz – lieu de passage obligé de plus de 50 % de tout le pétrole consommé sur la planète. Vous imaginez l’Occident, privé de ses approvisionnements en pétrole pour plusieurs mois, vous imaginez les pays du Golfe privés  de pétro dollars (même si cette devise court à sa perte) pendant plusieurs mois ? Je ne vous dis pas le cataclysme financier, boursier, économique qui ébranlera la planète impérialiste.

Tant que les experts spéculateurs militaires qui sévissent un peu partout sur les ondes médiatiques n’auront pas éventé les secrets de la riposte américaine soit pour empêcher ce cataclysme pétrolier dans le Détroit d’Ormuz, ou à l’inverse, soit pour  s’assurer que cette secousse sismique pétrolière aura bien lieu dans le Détroit d’Ormuz, demandez à ces papagaios (perroquets) pourquoi ils colportent ces rumeurs à la traîne du plus grand menteur et du plus grand faussaire de l’humanité, j’ai identifié le ministre de la « défense » d’Israël monsieur Ehud Barak, à peine égalé par son premier ministre Benjamin Netanyahu, selon le Président Sarkozy (5) ?

Regardez et observez attentivement du côté de la Syrie et vous verrez l’ombre de l’aigle appréciant sa proie avant de fondre sur elle pour la déchiqueter. Le peuple syrien vit aujourd’hui le plus grand danger et il est effectivement la prochaine victime sur la liste d’invasion occidentale en Orient – la guerre inter impérialiste entre l’Alliance Atlantique (OTAN) et l’Alliance de Shanghai se poursuit et l’intérêt des peuples du monde n’est pas de participer à cette machination de désinformation à propos d’une pseudo attaque éminente contre le réacteur nucléaire iranien, mais plutôt de dénoncer vigoureusement toute manigance guerrière occidentale contre le peuple syrien… la réelle victime appréhendée.

Le droit et le pouvoir de choisir le chef d’État syrien est une prérogative du peuple syrien souverain et de personne d’autre, surtout pas des monarchistes Qataris, ni des royalistes Saoudiens, ni des sous-fifres Jordaniens ou encore  d’Obama ou de  Sarkozy. Pour ce qui est de l’Iran, ayez confiance dans le peuple iranien, il saura riposter avec fermeté à toute agression militaire occidentale contre l’intégrité de son territoire national, mais le temps n’est pas encore venu pour ce cataclysme thermo pétrolier (6).

Puissances de l’OTAN, hors de Syrie, ne touchez pas au peuple syrien.

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(1)   http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27602

(2)   http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27553

(3)   http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27606

(4)   http://fr.wikipedia.org/wiki/Magnitude_d’un_s%C3%A9isme

(5)   http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27531

(6)   http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/le-printemps-arabe-l-agression-103059  et  http://www.centpapiers.com/la-chine-imperialiste/74924

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