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RÉER obligatoire : la mauvaise idée de Claude Castonguay

L’État a toujours le beau jeu puisque le peuple ne se rend pas compte qu’il en est lui-même le maître.

(Phrase de mon cru en guise d’introduction.)

La réaction viscérale de certains face à l’idée de rendre obligatoire l’épargne pour la retraite est très compréhensible. C’est que cette idée de l’ex-ministre Claude Castonguay semble être la preuve que le système ne fonctionne pas, ou plutôt, mal, voire très mal, désastreusement. Et cela donne des munitions à ceux qui voudraient qu’on se débrouille tous par nous-mêmes, sans avoir à se fier aux bons soins que nous sommes en droit d’attendre de nos gouvernements, tous paliers confondus, étant donné que nous avons en masse payés et payons encore.

Mais, c’est en donnant en pâture notre pouvoir que nous en sommes arrivés là, cela dit avec en tête l’Histoire. D’autres diront qu’on nous l’a pris ce pouvoir. Soit, la vérité doit bien se trouver quelque part entre les deux. Parce que rétroactivement, nous pouvons dire que la situation actuelle est le résultat d’une suite de mollesses citoyennes et, bien sûr, de mensonges ou de travestissement de la réalité par les décideurs.

Voilà plus de vingt ans, il était clair que la retraite n’était pas une affaire personnelle. Et cela c’est désagrégé jusqu’à ce que le sigle RÉER soit devenu à la mode, et l’inquiétude qui est venue avec. Parler pour parler, on en vient même à penser que cette inquiétude a été inoculée pour amoindrir les chances d’une longue retraite (comme on se doute, le stress n’est pas bien compatible avec les records Guiness de longévité). C’est bien clair que c’est du domaine des élucubrations, ce qui est parfois le seul luxe de certains citoyens sous pression.

Pour revenir à un propos plus terre-à-terre, Michel Arsenault, le président de la FTQ :

s’oppose à la solution proposée par le rapport qui souhaite obliger les travailleurs et les travailleuses à cotiser à un REER en créant une nouvelle structure financière. En 2008, on a déjà vu ce que nos banquiers et boursicoteurs ont fait avec nos économies en nous entraînant dans une crise financière sans précédent […]

Le gouvernement du Québec a déjà en main tous les outils nécessaires pour assurer une meilleure retraite aux travailleurs et aux travailleuses avec la Régie des rentes du Québec. Le monde en a assez de voir leurs maigres épargnes se balader en montagne russe. Si on veut vraiment que la situation financière des futurs retraités s’améliore, ça prend une rente garantie, ce que la RRQ fournit à ses cotisants […]

Ce qu’il faut, entre autres, c’est hausser sur une période de sept ans les cotisations au Régime de rentes pour ainsi en arriver à doubler le revenu des futurs retraités, tout en maintenant la participation des employeurs. […]

Les citoyens n’ont pas à faire les frais de la mauvaise gestion qui prévaut depuis trop longtemps. Une bonne partie de la classe moyenne est déjà prise à la gorge, et c’est une bonne bouffée d’air qu’il lui faut, pas une idée aussi asphyxiante.

Et à l’Assemblée nationale, il semble y avoir consensus autour du refus de cette idée. Espérons que le problème ne sera pas tout simplement balayé par-devant comme on le voit trop souvent depuis longtemps.

Parce que c’est la raison, le pourquoi nous en sommes à ce triste résultat.

(Photo : nickpoulson4)

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Du sensationalisme économique

Quand l’Institut Fraser lance des chiffres et des informations comme « la famille moyenne gagnait 71 764 $ en 2008 et a dû débourser 31 535 $ en impôts, ce qui représentait 43,9 % de son revenu » et « la facture d’impôts des Canadiens a crû de 1783 % », il est clair que le but est d’écarquiller grandement les yeux de tous. Mais il faut avoir en tête qu’un des buts premiers de cet Institut est de nous convaincre de « coordonner et concerter nos efforts en vue de réduire l’impôt des particuliers et des entreprises à tous les niveaux de l’État. »

Cela combiné au cliché « que les Québécois sont les contribuables les plus lourdement taxés en Amérique du Nord », on assiste aussitôt à l’éclosion du verbe criticailler, autant du côté de la gauche que de la droite, par la magnificence des idéologies et de leurs grands penseurs prémoulés. Et on pense aussitôt au simple citoyen qui se réfugie dans une glose pernicieuse envers les prestataires de l’aide sociale ou, au contraire, dans une défense premier degré des victimes de la pauvreté. Mais qu’en est-il vraiment?

La Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques faisait paraître, en 2008, une étude de Luc Godbout et de Suzie St-Cerny qui fait ressortir que malgré « le fait que le Québec utilise davantage l’impôt sur le revenu que d’autres pays du G7, les cotisations sociales plus faibles jumelées aux généreuses prestations mises en place par le régime fiscal amènent la charge fiscale nette des contribuables québécois à se comparer avantageusement avec celle de la moyenne des pays du G7. » Et, en « comparant l’année d’imposition 2006 à l’année 2000, les réductions d’impôts annoncées par les gouvernements au fil des années ont fait en sorte que le Québec est maintes fois le champion, parmi les pays du G7, en ce qui a trait à l’importance des réductions fiscales. » Encore, la « position favorable du Québec devrait encore s’améliorer au cours des années à venir avec les réductions d’impôts sur le revenu qui entrent en vigueur le 1er janvier 2008 au Québec. »

Et nous en sommes rendus là. Des faits qui en cachent d’autres. Des clichés qui colorent la réalité et qui font en sorte qu’on ne discute jamais sur de bonnes bases. Pour les uns, nous sommes en terres communistes, pour les autres, nous sommes étouffés par le néolibéralisme : et si nous étions simplement dans une société riche avec des problèmes correspondants à ce fait?

Tout cela paraît bien futile face aux problèmes globaux. Même la crise économique actuelle donne l’impression d’être une partie de Monopoly sans trop de conséquences. Nous avons des laissés-pour-comptes de luxe… et pourquoi pas? Si nous sommes capables de nous les payer!

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