L’univers politique québécois s’annonce plein de rebondissements cet été. En attendant que la session d’automne commence à l’Assemblée Nationale, nous assistons depuis une semaine à la désintégration du PQ. Pendant 40 ans la seule alternative au Parti Libéral, le PQ est en train de naviguer une des pires crises de son histoire pourtant tumultueuse après la désertion de 5 membres de son caucus. Pauline Marois, qui a pourtant reçu une vote de confiance retentissant de la part de ses militants à son récent congrès, a fort à faire pour maintenir l’ordre dans les rangs de son parti. Plusieurs exigent sa démission. La barque semble sur le point de chavirer.
Le mécontentement semble palpable, même pour un observateur extérieur. Si le projet de loi 204 a été l’évènement déclencheur, la grogne s’est maintenant étendue à d’autres aspects du leadership de Pauline Marois. On lui reproche maintenant de ne pas faire assez pour promouvoir la souveraineté dans un avenir prochain. Pourtant, l’idée d’un autre référendum ne soulève la passion que des souverainistes purs et durs. Le reste des québécois en ont plutôt marre d’en entendre parler. Pauline Marois est coincée entre deux feux. L’option souverainiste est au point mort depuis le référendum de 1995 et elle est à son plus bas après le spectaculaire naufrage du Bloc Québecois qui n’a laissé que quatre survivants. Sans cette option, le PQ sera toujours en crise existentielle. La souveraineté a toujours été sa raison d’être. Sans elle, le PQ n’a plus de raison d’être. Il est sans gouvernail et sans voiles.
On veut enlever à Marois ses galons de capitaine, mais qui pourrait prendre sa place? Curzi? Non. Avec sa désertion trop fraîche, il est peu probable, même avec Marois par-dessus bord, qu’on lui pardonne si aisément. Qui donc pourrait sauver le PQ du naufrage et l’empêcher de rejoindre le BQ dans les abysses? Le seul que je vois qui serait capable, du moins pour un certain temps de garder la barque à flot. Legault. On ne cesse de faire des rumeurs d’une fusion Legault-ADQ, mais en réalité, une crise de leadership au PQ pourrait être la porte parfaite pour un retour de l’enfant prodige. Legault est une ex-péquiste. Il fait partie de la famille, même s’il l’avait laissé derrière. Avec le PQ et le PLQ en désarroi et la cible du cynisme populaire, Legault est revenu sur la scène comme un sauveur. Sans même avoir un parti ou un programme digne de ce nom, on est déjà prêt à lui donner les clefs du parlement. Mais fonder un nouveau parti, c’est du travail. Bâtir une base de militants, recruter des candidats, trouver des organisateurs et des bénévoles en vue d’une campagne électorale dans moins de deux ans et peut-être même plus rapidement qu’on le pense, si Jean Charest décidait de profiter de la confusion générale pour déclencher des élections anticipées. Mettre sur pied un nouveau parti qui puisse aspirer au pouvoir dans de si courts délais serait une tâche impossible. Mais en capitalisant sur sa popularité actuelle, il serait bien plus facile de tout simplement prendre la tête du PQ, où il serait sans doute accueilli en sauveur, comme l’a été Mme Marois d’ailleurs. Cela garantirait presque à Legault d’être le prochain Premier Ministre. Je ne serais absolument pas surpris d’un tel dénouement.
Nous verrons bientôt si j’ai raison… Sur ce, Bonne St-Jean à tous!