
Source: Wikipedia
Gaëtan Pelletier
« – Serre-moi, lui dit-elle tout bas. – Je ne peux pas »‘,
répond Edward, ne sachant quoi faire de ses mains
tranchantes. (…)Ces ciseaux sont ironiquement ce
qui coupe Edward du monde extérieur et ce qui le
blesse corps et âme. Edward aux mains d’argent
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Né à Montréal le 28 décembre 1946, Pierre Falardeau fréquentera le Collège de Montréal, rue Sherbrooke; à la vieille maison des Sulpiciens, il fait la connaissance de Julien Poulin qui restera son ami et complice jusqu’à la fin. Sportif, le jeune Falardeau s’adonne à la pratique du football et s’initie brièvement à la boxe qu’il a découverte grâce à Ernest Hemingway qu’il préférera toujours à Musset, comme il sera plus « allumé » par les muralistes mexicains, chantres de la révolution, que par les romantiques français. « Moé, les pots de fleurs… » Cyberpresse, Daniel Lemay
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Si Pierre Falardeau était aussi gentil, charmant, humain, chaleureux que le disent ses proches, amis, collaborateurs, défenseurs, pourquoi choisissait-il alors de montrer en public cette personnalité cinglante, hargneuse, vulgaire? Par provocation? Je pense davantage que c’était par mépris. Commentaire sur le blog de Patrick Lagacé: FALARDEAU, TOUT EST LÀ
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Falardeau le propre
Falardau était un homme cultivé et propre. Intelligent. Sensible. Bien habillé même… Dans ses jeunes années…
Il suffit de le regarder vider ses tripes dans certaines conférences. Le propre de Falardeau, c’est de s’être rendu compte à un certain moment que le propre ne peut pas combattre le propre. Sinon, on reste – où on s’intègre dans un système sale – pour nettoyer la crasse d’un club de «Beavers» de la racaille élitiste. Et il a vite saisi que c’est cette racaille qui perdure un monde où l’on contrôle tout : les humains, les groupes, les petites nations. On ne mange pas que du cochon : on l’élève et on s’en sert pour engraisser ses avoirs et sa snobinardise au grand banquet romain anglo-saxon, et bien d’autres…
Car la culture, et son contrôle, fabriquent aussi des monstres ineptes, des enfants comme on sculpte de la pâte à modeler. Puis un peuple en entier… Comme on élève des poulets…
Dans son «Kentucky Boy , Pea Soup» (Patrick Lagacé, Extrait)
Patrick Lagacé dit que tout est là… Il a sans doute raison : tout est là. Mais sans vraiment en comprendre le sens profond. Car j’imagine Falardeau en train de regarder ce qu’il a filmé, écouter le dialogue que trop réaliste d’un enfant gras, mal léché, porcelet, et pour emprunter son langage : «un mongol issu d’une culture qui n’a pas de culture» . C’est l’Amérique (USA) de demain. C’est également la démonstration criante d’une race qui n’a plus aucune référence culturelle. Délavée, décolorée, risquant de s’éteindre. Une braise dans un bain de cendres froides…
Il n’y a pas plus bel échantillon d’Elvis Gratton… Ce garçon, c’est Elvis Gratton qui, pour s’en sortir, fera sa réussite au «Think Big» : le business. Un garage, mais un gros…
Tout est là, parce que c’est le pivot de l’œuvre du cinéaste. Mais c’est aussi le changement d’attitude.
Falardeau princesse se transforme en crapaud…
Tout est là n’est pas l’œuvre de Falardeau. J’ai remarqué qu’on a encensé – depuis son décès – son œuvre cinématographique, mais on l’a démarquée de l’homme.
Or, rien n’est plus faux. L’œuvre artistique de Falardeau ne vaut rien sans l’homme. Son «Pea Soup» aurait pu être tourné par un amateur qu’il serait passé inaperçu. Ses Elvis Gratton ( avec une coquille sur le net, suite à son décès : Elvis Grattin) ne seraient rien sans le soutien du pamphlétaire, n’en déplaise à ceux qui en ont mangé un peu gras de son langage ordurier.
La tendance des commentaires est la suivante : «Nous partageons les mêmes idées, mais nous ne sommes pas d’accord sur la façon de les exprimer».
C’est la manière la plus hypocrite de dire qu’il était un indépendantiste, qu’on en voulait, mais qu’on n’en voulait pas. Et tous les indépendantistes sont les bienvenus au club «beaver» des indépendantistes.
Falardeau grand cinéaste ? Oui. Le Party (1989), Le Steak (1992), Octobre (1994) et 15 février 1839 (2001).
Rien pour amuser la galerie. La dénonciation d’une dureté extrême, de la survie du gars qui a mangé du poulet Kentucky, et deux fresques politiques…
Après, le club «Beaver» et ses valets ont voulu étouffer le Falardeau trop sérieux, et trop vrai…
Falardeau le sale
Edward Scissorhands n’est pas un garcon ordinaire.
Création d’un inventeur, il a recu un coeur pour aimer,
un cerveau pour comprendre. Mais son concepteur
est mort avant d’avoir pu terminer son œuvre
et Edward se retrouve avec des lames de métal
et des instruments tranchants en guise de doigts.
Allociné
À travers cette démarche, Falardeau s’est muni d’un costume extérieur de personnalité cinglante, hargneuse, vulgaire. Pas de fini…Comme Edward.
Un cerveau, du cœur, mais pour de doigté… Au contraire d’Edward, on dirait que les lames poussent à mesure qu’il avance dans la vie.
Et si on aimait Falardeau c’est qu’il était d’une authenticité âpre à l’encontre de ceux qui noient leur gin dans l’eau. Il n’y a pas de compromis. La tiédeur est un mélange de chaud et de froid. Et ce mélange a donné au Québec – et à toutes les autres cultures – l’exploitation coloniale féroce qui a anéanti bien des peuples, des cultures.
Et c’est malheureusement ce qu’elle continue de faire.
Au-delà du Québec, du canadien français, il y a bien plus chez Falardeau qu’un seul peuple. L’ethnologue voit plus loin, mais il voit d’abord ici.
S’il a flagellé les haut-placés de l’ordre exploitante, tempêté dans ses écrits, il a fini par écorcher les valets, les agresser, les blâmer, les calomnier, les discréditer, etc.
Ce que le commentateur du blogue de Patrick Lagacé n’a pas compris, c’est que Falardeau – à l’encontre des faux combattants – ne se fabriquait pas une personnalité de combattant : il était le Le Steak (1992).
La survie est saignante… Comme à la guerre. La tendresse est saignante : comme dans 15 février 1839 (2001), une douleur rappelée dans un long mouvement de caméra, de visages, de silences.
Ce que les gens n’ont pas vu de Falardeau c’est le combattant à la manière des anciens : l’épée, l’arc, la flèche. Et le couteau pour le ventre…
Ce que le «monde ordinaire» a compris de Falardeau c’est qu’il était un boxeur amoché, avec une vieille douleur de 238 ans .
La leur. Et encore plus… C’est celle qui se perpétue depuis le «début des temps».
Ce que Falardeau livrait vraiment, c’est son combat contre toute forme de colonialisme.
On en a gardé le souvenir d’un combattant de l’indépendance du Québec. Et un salaud… Falardeau poignardait les journalistes pour leur rôle et non pas pour «la personne».
Il ne faisait pas la différence. Ce fut là sa grande erreur de «marketing» : les tripes brûlantes n’ont jamais pu saisir et accepter la tiédeur et le compromis.
Les siennes étaient un volcan en feu.
Le propre n’est qu’une apparence qui crée de la réelle saleté.
Il fallait un peu de cette saloperie de Falardeau pour discréditer la saleté cachée.
C’est un salaud, à n’en pas douter. Il haïssait les journalistes pour leur «désinformation» et les traitait de «vendus» et de toutes les injures à en gagner un prix qu’on court. Son rêve avait été d’être journaliste… Il l’a avoué. Mais qui donc veut de deux paires de ciseaux? Il faut bien une main douce et docile pour manier l’autre.
Sa notion de «désinformation» n’est pas trop nuancée : c’était celle qui ne convenait pas à son vieux discours…
Mais il eut, à la fin, raison… Si on peut dire… Falardeau fumait dans les studios de télévision pour défier…. On a plusieurs fois annoncé sa mort due à un cancer du poumon… Or, un document du CHUM, datant d’aujourd’hui ( 28 septembre 2009), précise que Falardeau est décédé d’un cancer du rein métatastique. Lucie Dufresne, Communication SCHUM
On est toujours content que les gens meurent de leur non-conformisme.
Et que les moutons noirs meurent en noir. Ce qui donne «raison» aux «blancs» de ce monde pour contrôler la connaissance, le savoir, dans un conformisme de porc béat et bien habillé.
Non, tout n’est pas là, tout est ici. ( Le temps des bouffons).
Quinze minutes de filmographie, 15 minutes à railler des glorieux. Et tout ça, dans une langue sale de narration.
Dans le ring, le «steak» boxait avec des ciseaux. C’était sa façon de renvoyer la saleté qu’il voyait dans les sociétés.
Moé, les pots de fleurs.
C’est bien là ce qui le définissait le mieux : une roseraie pamphlétaires qui n’a produit que quelques roses et une de nombreuse épines. Des lames naturelles, des ciseaux, mais l’aura d’une fleur barbouillée.
La moufette à l’aura de rose.
Salut! Stie d’sale!
P.S.: On t’aimait parce que tu n’avais pas que des mains… Tu avais appris, et l’avait bien dit : «C’est parce que tu es à genoux qu’ils sont grands».
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Quelques falardises, au hasard :
Jacques Hébert, socialiste à voiture de sport; Rabinovitch, président de Radio-Vichy; Monseigneur Steven Guilbault; le Père Hubert Reeves; le Cardinal Bernard Voyer; les Cowboys mélangés; l’autre mongol à barbiche, Suzuki, Kawasaki, Yamamoto ou quelque chose du genre venu à Montréal nous faire la morale in English only; les collabos de Gesca; l’unifolié, un pavillon de complaisance ; les intellectuels à gages de Paul Desmarais; les Japonais, à Montréal, nous polluent la vue et le cerveau; Jacques Godbout fait le jars à la radio de Christiane Charrette; Boom Desjardins, une jolie tête de ruminant domestiqué; la grosse Nathalie à junior qui n’est pas sans rappeler Soeur Marie de la Transpiration des Saints Pieds de Jésus; Lysiane Gagnon, une pitoyable blondasse; la colorée gouverneure générale et la grande tarte à Lafond; mon ami Dieudonné; Patrick Lagacé, le blagueur de La Presse (suivi d’une violente bordée d’insultes impubliables car diffamatoires); le professeur Lauzon, de la marde de gauche; la grosse Bazzo; René-Homier Roy et son parterre de mémés-sur-le-retour-d’âge; Odile Tremblay, une petite gueule pincée de Madame-bien-élevée-de-la-Haute-Ville; Robert Lévesque, le pape de la critique insignifiante pour enfants de choeur attardés; Amir Kadhir et son houdinisme idéologique; Françoise David et son catalogue de bons sentiments; alouette…
DIDIER FESSOU, LE SOLEIL, PIERRE?FALARDEAU. Rien n’est plus précieux que la liberté et l’indépendance, vlb éditeur, 264 pages