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Auto design A720 (et 720 raisons d’avoir peur)

Par Renart Léveillé

Voici ma caricature du jour :

Et le billet que j’ai pondu lundi passé à ce même sujet :

Je ne sais pas pour vous, mais je commence à en avoir ras le bol du discours rassurant des politiciens au lendemain de l’effondrement d’une structure en béton sur l’autoroute Ville-Marie :

Toutes les routes qui sont ouvertes sont sécuritaires [selon les critères du] ministère des Transports. Il n’y a aucun compromis avec la sécurité au Québec. […] On fait des inspections régulières de toutes les infrastructures et ces inspections nous permettent d’effectuer des travaux rapidement.

Gracieuseté de la cassette de Sam Hamad. Et en bonus, ce qui suit :

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, s’est fait pour sa part rassurant. «On est en mode solution», a indiqué le maire, à proximité des lieux de l’effondrement. Selon lui, la Ville fait déjà tout ce qui est en son pouvoir pour la sécurité des automobilistes et continuera à le faire. «Ça fait depuis 10 ans qu’on investit des sommes dans nos infrastructures. Je sais que les incidents s’additionnent de plus en plus. On va continuer à faire les représentations nécessaires» auprès de Québec et d’Ottawa. Il n’y a pas lieu de «paniquer».

C’est bien beau faire des déclarations après-coup, mais la population n’est pas stupide, elle a en tête le scénario de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment.

C’est surtout la déclaration de Sam Hamad qui me donne de l’urticaire, étant donné que c’est le gouvernement du Québec qui tient principalement les rênes dans le dossier du transport. Parce que le ministre des Transports ose carrément nous mentir. Toutes les routes ne sont pas sécuritaires (à moins que la dernière route non sécuritaire soit la 720, ce dont je doute très fortement). S’il n’y avait « aucun compromis avec la sécurité au Québec », il n’y aurait pas de catastrophes, donc pas de raisons de faire des discours rassurants. Pour ce qui est « des inspections régulières » et « d’effectuer des travaux rapidement », je veux bien croire, mais ça ne semble pas suffisamment régulier, ni assez rapide.

Aussi, c’est encore un discours qui nourrit le cynisme ambiant. Et nul doute que Sam Hamad protège le bilan Charest ici. Ce que j’aurais au moins aimé entendre c’est : il y a un gros problème avec les infrastructures et nous allons tout faire en notre possible pour le régler!

Ajout :

Ah! j’allais oublier! J’ai pondu hier un statut sur Twitter en lien avec ce sujet :

Offre d’emploi : inspecteur d’infrastructures, envoyer CV au gouvernement du Québec. Cousins, beau-frères ou amis d’élu s’abstenir.

*******

Encore aujourd’hui, notre bon Sam Hamad s’en lave les mains et tente par tous les moyens de renvoyer la balle. Alors, je suis d’accord avec le blogueur Patate quand il écrit :


mettez vos énergies à sécuriser nos vies […], au lieu de jouer au ballon chasseur.

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

La grande décision des chinois

Par Jean-Pierre Bonhomme

Image Flickr par chribou

La semaine dernière les Chinois ont pris une décision qui constitue un tournant dans l’histoire du monde moderne. Ils viennent de limiter à 250,000 le nombre de voitures particulières que les citoyens de Péking peuvent acheter (ou vendre) dans  l’année.

C’est le premier pays à affronter ainsi le complexe industriel de l’automobile (qui mène le monde ou à peu près).

Ce n’est pas que le chiffre est apaisant. L’arrivée annuelle d’un pareil parc automobile dans une ville ne peut passer inaperçu. Mais c’était davantage auparavant; l’auteur ne se rappelle plus des chiffres exacts à cet égard; mais il se souvient d’avoir été victime d’embouteillages monstres dans la capitale de l’Empire du milieu;  les autoroutes de huit voies –suspendues – ne suffisaient déjà plus il y a cinq ans. On se souviendra du fameux embouteillage – de dizaines de kilomètres sur la route qui mène au Tibet – blocage qui a fait souffrir les automobilistes et les camionneurs et qui a coûté cher à la nation. Il se souvient aussi des longs embouteillages sur la route qui mène de Boston à Cape Cod par ces beaux weekends d’été.

La décision chinoise vient défier les lois du marché. Elle désespère les commerçants garagistes dont certains – on le  craint – feront faillite. C’est un geste louable et que les États dits riches ne pourront poser car, chez eux, les lois du marché sont plus inflexibles que les décrets gouvernementaux. Soit. Mais ne félicitons pas trop les Chinois. Il est vrai que la Chine, contrairement à ce qui se passe aux États-Unis est en train – le mot est juste – de construire divers réseaux de trains rapides et que cela pourra décongestionner la cité; un peu. Mais c’est dans la conception même de la ville que la Chine aurait pu donner l’exemple. Au lieu d’imiter en tous points les Américains et de laisser le marché privé concevoir exclusivement l’urbain en fonction de l’automobile, elle aurait pu aménager la cité un peu plus pour les piétons et pour les véhicules à deux roues.

Dans l’état actuel des choses les piétons, à Péking, ont l’impression de marcher sous un chapelet d’ «échangeurs» Turcot. Et cela s’avère partout… à commencer par la ville de Bangkok qui vient de se donner des «échangeurs» gigantesques tout bétonnés qu’ils sont en plein dans le centre ville. Cela juste au moment où Boston, avec son Big Dig, vient, à coups de milliards et pour des raisons esthétiques, a éliminé ses voies suspendues au cœur de la cité.

Il n’est pas dit que les aménagistes, les architectes et les urbanistes régleront tout cela.

Il se trouve, parmi eux, des banlieusards qui ne pensent qu’à se rendre rapidement à la maison de périphérie pour aller couper du gazon. Mais si nous voulons devenir heureux dans la vie et ne pas pourrir dans les embouteillages il faudra bien, un jour, faire agir la raison. Le raisonnable se trouve certes – au moins un peu – dans les universités.

Choisir les bons universitaires, les laisser libres, paraît être mieux que de laisser toutes les décisions aux mains des promoteurs privés.

N’est-il pas évident que la popularité de la maison particulière – y compris celle des «monster houses» – tient au fait qu’en périphérie les terrains, les terres sont sous-évalués?

Rappelons à nouveau que, pour régler cela, l’ancien premier ministre René Lévesque, dans son premier programme, avait proposé la municipalisation des sols. Il en aurait ainsi coûté plus cher d’aller s’installer dans les champs de patate et moins cher pour rester en ville. Pour cela les politiques, conseillés par les aménagistes et les architectes, auraient usé d’imagination pour construire des appartements (en copropriété de préférence) plus amènes pour les familles et où la qualité de vie aurait été au moins aussi intéressante qu’en banlieue. Il est évident qu’il se crée, en périphérie, de riches réseaux vitaux intéressants. Mais le coût social d’une fuite généralisée des familles vers l’excentricité parait trop lourd à porter. Il peut paraître snob de le dire, mais dans une majorité de cas urbains, la civilisation se développe dans les murs de la cité. Cela est facile à voir. Les interactions interpersonnelles sont plus faciles à établir. L’auteur de ces lignes, en tout cas, a, depuis 60 ans choisi de vivre dans les murs et, pour lui, les avantages dépassent les inconvénients.

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Classé dans Actualité, Jean-Pierre Bonhomme

Bonne fin d’année Québec !

Billets plus léger aujourd’hui, après ceux beaucoup plus lourds des derniers jours. C’est même un billet très «esprit de clocher» qu’on me pardonnera, je l’espère. En plus, c’est une reprise d’un billet paru le 31 décembre sur blogueurcitoyen.com. Allez, voici la suite…

Il est rare qu’on se souhaite une bonne fin d’année. Mais l’année 2008 aura été si exceptionnelle à Québec qu’elle vaut bien cette petite dérogation aux us et coutumes. Certes, tout comme l’historien Gaston Deschênes, j’aurais aimé que l’on ne subisse pas l’assaut en règle d’Ottawa sur les Fêtes du 400e et je suis très déçu du peu d’intérêt que l’on a porté à l’histoire, en particulier à celle de ces centaines de milliers d’ouvrières et ouvriers qui ont vécu avec les moyens du bord dans la Basse-Ville et les autres quartiers ouvriers. Ils ont été et demeurent les grands oubliés d’une Ville où la Haute a eu le haut du pavé.

Mais bon. On ne va pas pour autant chicaner les artisans du 400e. Je pense en particulier à Robert Lepage qui a fait une oeuvre exceptionnelle, tellement que les spectateurs en redemandaient. Québec a besoin de cette folie artistique. J’y habite depuis 1976, j’y ai donc vu plusieurs spectacles sur les Plaines, plusieurs aussi lors du Festival d’été, bien d’autres événements artistiques, mais je n’avais jamais vu quelque chose d’aussi génial. Chapeau!

Je voudrais aussi lever mon chapeau à un autre homme qui a pris des décisions cruciales dont nous profitons tous aujourd’hui : monsieur Jean-Paul L’Allier. On l’a accusé de bien des maux, il est temps aujourd’hui de lui demander pardon. Cet homme a fait un bien énorme à Québec et nous en ressentirons les effets pendant encore plusieurs décennies.

Il ne faut pas oublier non plus ceux qui ont été, dans l’ombre, les artisans de toutes ces transformations. Je n’en nommerai qu’un : monsieur Serge Filion. Pour avoir la chance de le cotoyer depuis quelques mois, je peux témoigner de son coté visionnaire et de sa grande générosité.

Serge Filion a l’habitude de poser une question que nous devons tous nous poser aujourd’hui, alors que s’écoulent les dernières heures du 400e : «fermez les yeux et imaginez Québec dans trente ans, dans quarante ans. Qu’est-ce que vous voyez?»

Il ajoutait, à l’intention des élus : «si vous ne voyez rien, c’est que vous êtes dangereux».

Québec s’est embellie considérablement depuis les années 1960. Elle doit poursuivre sur son air d’aller. Il faut, dans les prochaines années, s’atteler à la tâche d’en faire une Ville où le vélo et la marche à pied, les transports en commun non polluants aussi, auront remplacé l’automobile comme réflexe premier de déplacement. Il faut voir apparaître des quartiers verts, non pas dans une lointaine banlieue de plus en plus éloignée, mais dans tous ces espaces urbains autour des quartiers mal utilisés présentement.

Mais au-delà de cet espoir que Québec fera le choix d’un aménagement à l’échelle humaine, mon plus grand rêve pour les quarante prochaines années est acoustique : que le bruit s’efface peu à peu de notre environnement sonore au point de cesser cette agression constante dont nous sommes victimes malheureusement sans trop nous en rendre compte.

Québec la silencieuse ! Voilà le slogan que je vous laisse en guise de conclusion, non sans oublier de remercier toutes celles et ceux qui auront publié ajourd’hui un billet sur leur blogue ou sur d’autres plateformes de diffusion citoyenne.

Parce que la nouveauté des prochaines années, c’est que la parole publique n’est plus réservée à une minorité. Elle s’exprime de plus en plus. Vous en voulez un échantillon : lacapitaleblogue.com

Addendum : les billets sur la fin du 400e de Québec sont tous regroupés sur 400ans400blogues.com. Allez les lire. Ça vaut vraiment le détour.

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Classé dans Michel Monette

Barack-le-Rouge

On a dit des choses terribles d’Obama, durant la campagne électorale américaine:  on a dit qu’il était socialiste. Des gens qui dorment dans leur vieille bagnole parce qu’ils n’ont plus de logement sont venus vociférer à ses meetings. On l’a accusé de vouloir redistribuer la richesse… ! 

Dans ce pays qui se veut de liberté, on a vu la servitude d’un lumpenproletariat conditionné depuis des générations par une petite élite fasciste à défendre l’idéologie libérale. On a touché du doigt l’abyssale ignorance, au sein de cette nation née sous l’inspiration des Lumières…. Mais les choses vont changer.

Ne pas croire que l’Amérique changera parce qu’Obama l’aura voulu. La béatitude dans l’injustice et l’inégalité est sur le point de prendre fin aux USA, mais ce ne sera par la volonté de personne, car ceux  qui auraient pu le vouloir étaient trop faibles et ceux qui en profitaient ne voulaient rien changer.

C’est l’évolution des technologies qui a fait que le capitalisme industriel atteigne son apogée, en apportant l’abondance en Occident, puis soit trahi par cette nouvelle réalité qu’il avait créée. Quand est venu l’abondance, y a maintenant 50 ans, le capitalisme a été confronté à la sursatisfaction des besoins matériels et donc au défi d’une société où la vraie demande devenait pour les services : l’éducation, la santé, les loisirs…

Dans une société tertiaire, le capital traditionnel perd de son importance au profit de la compétence, laquelle est un capital de connaissances qu’on ne peut s’approprier de celui qui l’a acquis, ce qui change la relation entre capitaliste et travailleur 

Le capitalisme à longtemps maintenu la primauté de l’industrie sur les services en créant une société de consommation factice, basée sur la possession de l’éphémère et de l’insignifiant. On a détourné la société de ses vrais besoins en lui offrant plus de joujoux, caméras, vidéos, télévisions, téléphones cellulaires, ordinateurs portables, des voitures surtout..

Mais la satiété est venue et avec elle  le dégoût de tout ce qui ne sert à rien, alors même qu’on s’apercevait que la demande réduite pour la production industrielle pouvait être mieux satisfaite par les importations d’Asie.

On savait bien qu’en y mettant des efforts, on pourrait mécaniser encore davantage l’industrie nord-américaine et produire à moindre coût toutes ces babioles, mais on savait aussi que ce serait reculer pour mieux sauter, car la société américaine en était repue et il faudrait la manipuler toujours plus  pour lui en redonner le goût qu’elle n’avait  plus alors qu’elle se mourrait d’avoir plus de services..

Mécaniser davantage – en compressant la main-d’œuvre –  ne permettrait pas, d’ailleurs, de distribuer le pouvoir d’achat pour rendre effective la demande globale.  On irait vers un système de plus en plus dépendant de diverses formes d’assistanat… tandis que les relations avec les pays exportateurs se gâteraient et nous conduiraient vers une grave crise internationale, peut-être militaire.

On a donc jouer le jeu de satisfaire tout le monde en imprimant une monnaie de singe qui ne représentait aucune valeur, les riches ayant l’élégance de ne pas la dépenser pour consommer, mais seulement pour investir, évitant ainsi l’inflation. Pour un temps…

C’était gambader dans l’hyperespace, sur les bords d’un « trou noir ».  On y est tombé.  Il y a maintenant un crise financière à regler, avec tout cet argent qui ne vaut rien…  On verra à le faire disparaître: voyez la bourse comme un four à billets. On n’aura a dévaluer que ce qui restera quand on aura incinéré tout ce qu’on peut.

Il ne faut pas penser, toutefois, ce que le crise ne soit que financière. La crise monétaire n’est que le reflet de la réalité.  Le grand défi d’Obama, c’est qu’il devra changer les choses là où ça compte dans un pays industrialisé: au palier de la production.   Le mandat que lui confient ceux à qui ce pays appartient est de voir à ce que les USA produisent autre chose et le produisent autrement. Tout tient à ça.

Il faut sortir le travailleur du secteur secondaire et le mettre à la production de services. Produire des quantités énormes de services divers, allant de la médecine au tourisme et de la culture aux jeux videos. Il faut former et recycler, pour qu’elle s’orientente vers la production de services, la plus grande partie de la main-d‘œuvre qui travaille encore au secteur secondaire.

Ce qui n’est pas un simple recyclage, mais une transformation de la culture du travail, car  les nouveaux emplois exigent de l’initiative, de la créativité, souvent un talent de communicateur, la motivation, surtout, qui va de paire avec l’entrepreneuriat.  Plus souvent qu’autrement, les services qu’ils devront rendre le seront mieux si ce sont des travailleurs autonomes qui les offrent.

La relation du capital à la compétence doit donc changer et les entreprises industrielles géantes ne peuvent survivre que si elles se scindent en une multitude de petites entreprises de taille humaine, à sein de chacune desquelles  le travailleur  aura le comportement et la motivation d’un entrepreneur.

Le cas emblématique qui va faire la preuve de cette évolution sera l’achat et la prise en charge de General Motors et autres fabricants automobiles par leurs employés et la transformation de tout ce secteur en un vaste réseau de sous-traitance, s‘inspirant de la structure qui prévaut déjà dans le secteur tertiaire.  Pour éviter que toute économie ne sombre, l’État devra donner son aval aux engagements que prendront les travailleurs acquérants envers les propriétaires actuels.

Cette transformation des travailleurs salariés en entrepreneurs autonomes ne sera  possible, que si la sécurité d’emploi – devenue illusoire quand les technologies changent rapidement – est remplacée par une sécurité du revenu. Il faudra un filet sous le trapèze d’où les travailleurs seront forcés de bondir d’un emploi a un autre

L’État, pour garantir que la demande soit effective, devra aussi garantir la valeur indexée des fonds de pension et des paiements de transferts. Il faut donc aux USA un système de sécurité sociale comme ils n’en ont jamais connu.  Obama ne pourra le faire qu’en nationalisant les institutions financières et en contrôlant la monnaie et le crédit.

Les USA, vont devoir faire face au défi de gérer une économie dont tous les paramètres changent, sans que la population ne comprenne vraiment les subtilités des changement ni leur raison d’être. On voudra un système compatissant, mais sans complaisance. Sans indulgence envers ceux qui voudront en abuser.

C’est le défi de l’URSS au début des années 20.  On  peut penser, heureusement, que ce nouveau « socialisme » a appris que la liberté et l’initiative personnelle sont les compléments indispensables à la solidarité que l’interdépendance impose aux économies développées. Ceux qui parlaient de socialisme vont néanmoins devoir apprendre le sens des mots.

 

 PIerre JC Allard

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