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L’ange et la bête

Un dicton dit que qui veut faire l’ange, fait la bête. C’est souvent le cas de certains bien-pensants comme Jack Layton. M. Layton trouve que les taux d’intérêts des cartes de crédit sont trop élevés et propose que s’il est porté au pouvoir, il règlementerait ces taux pour qu’ils ne puissent dépasser le taux préférentiel des banques plus cinq pour cent. Pourquoi cinq pour cent? Aucune idée, c’est probablement juste un beau chiffre pour Layton. Ça semble bienveillant de la part de M. Layton puisqu’avec les taux actuels variant de 14% à 19%, il semblerait que les banquiers s’en mettent pleins les poches au dépens des pauvres simples d’esprit qui son incapables de gérer leur crédit et doivent souffrir ces taux d’usurier.

Je pourrais vous fournir une explication selon laquelle les taux de cartes de crédit sont ainsi pour répartir le risque et pour compenser pour les mauvais payeurs, et tout ça serait vrai, mais je suis absolument certain que vous n’avez aucune sympathie pour les banquiers, et aussi surprenant que cela puisse vous paraitre, je n’en ai rien à cirer moi non-plus. Ce qui me concerne plus est le fardeau de la famille moyenne et de réduire artificiellement les taux d’intérêts des cartes de crédit ne leur rendrait pas service à long terme. Au contraire, je vous soumettrait que ce serait nuisible.

Je suis toujours surpris de constater comment la gauche manque de cohérence. D’un côté, ils se plaignent de la surconsommation effrénée et de l’autre, ils prônent des mesures qui encouragent cette surconsommation. Il est à noter que la plupart des canadiens sont sur-endettés. Selon les dernières statistiques, le fardeau d’endettement des canadiens est de 148% de leur revenu disponible, ce qui signifie qu’un ménage canadien qui dispose de $60 000 par an après impôt a typiquement $90 000 de dettes. C’est énorme. Dans ce contexte, je vous soumettrait que le problème n’est pas que les taux d’intérêts des cartes de crédit sont trop élevés, mais qu’ils ne le sont pas assez.

Les cartes de crédit sont supposé être un prêt gratuit avec une échéance de 30 jours. Si vous payez dans ces délais, vous n’aurez jamais à payer un sou d’intérêt. C’est donc dire qu’une personne responsable doit gérer ses dépenses de façon à rembourser son solde à chaque mois, ce qui implique de vivre selon ses propres moyens. Ça devrait aller de soi que si vous travaillez au salaire minimum, vous n’avez peut-être pas les moyens de vous offrir une télé plasma géante, à moins d’économiser scrupuleusement pendant un an ou deux. Si vous sortez votre carte Visa et que vous faites un achat de $2000 en sachant pertinemment que vous n’aurez jamais ce montant à la fin du mois, ni à la fin de l’année, vous devriez également être influencés par le fait que vous allez payer $300 ou $400 d’intérêts en trainant un solde de $2000 sur votre carte de crédit pendant un an. Si vous n’arrivez pas à résister à cette tentation, c’est probablement parce que vous estimez que ces intérêts ne sont pas assez important, ou que du moins, ils sont un sacrifice acceptable. Si ce sacrifice vous est acceptable alors que votre taux est de 18%, qu’est-ce que ce serait si on forçait les banques à plafonner leur taux à 10%. Consommeriez-vous plus ou moins?

C’est bien beau vouloir alléger le fardeau des pauvres. Les cartes de crédit ont toujours eu l’effet d’encourager la surconsommation, en particulier pour ceux qui en ont le moins les moyens. Le crédit peut être un outil très utile, mais il peut facilement vous amener à dépenser bien au-delà de vos moyens s’il est trop facilement accessible. Le crédit ne donne pas de la richesse, il ne fait qu’en donner l’illusion. Nos grands-parents n’utilisaient que très peu le crédit. Mon grand-père a toujours acheté des autos en payant comptant. S’ils n’avaientt pas l’argent pour se payer quelque chose, nos grand-parents s’en passaient. Demandez-leur s’ils en étaient si malheureux. Des taux d’intérêts plus élevés, loin d’être un fardeau, seraient probablement le meilleur outil pour amener les gens à consommer responsablement. En ces jours où il est aussi facile de payer avec un carte-débit, il n’est pas vraiment nécessaire de payer avec une carte de crédit. Vous avez le choix.

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Démolition contrôlée de l’économie – Wall Street et les banquiers tremblent

Par François Marginean

Image Flickr par anemi et Michael Aston

La démolition contrôlée de l’économie mondiale a plongé des centaines de millions de personnes à travers la planète dans la misère et la détresse. Il est possible de comprendre pourquoi cela fut accompli de façon consciente et volontaire lorsqu’on explore l’évènement central ayant déclenché l’écroulement de l’édifice financier mondial: la « crise des saisies immobilières » et ce que personne n’a osé vous dire.

Il est question, ici, de fraudes de proportions apocalyptiques ayant des conséquences encore inestimables. Il est question de criminels financiers, ou de terroristes financiers, qui auront causé la faillite de pays en entier, une dévaluation catastrophique du dollar US, la banqueroute de millions de familles, de pertes d’emplois astronomiques ainsi que la disparition massive de fonds de pension des travailleurs qui normalement arriveraient à leur retraite, mais qui y arriveront finalement les mains vides. Tout ce qu’il y a de plus gratifiant. Nous reviendrons au sujet des fonds de pension la semaine prochaine, mais en attendant, c’est exactement ces mêmes gens qui ont été plumés pour financer les plans de sauvetages des milieux financiers et bancaires. Ironie du sort, ou arrogance flamboyante, à vous de choisir.

Il ne s’agit plus d’une fraude isolée ci et là. Il s’agit de fraude et de corruption érigées en système. L’histoire de Bernie Maddoff n’est qu’un détail insignifiant comparé à la taille de la fraude systémique qui s’est immiscée jusque dans la massive manipulation du prix des métaux précieux.

Mais lueur d’espoir, il y a. Une peur frénétique s’est emparée de Wall Street et des banquiers privés ces derniers jours. C’est qu’un jugement de la Cour suprême de la magistrature de l’État du Massachusetts, aux États-Unis, vient d’être rendu et celui-ci pourrait avoir des implications catastrophiques pour les banques.

Voici l’excellente analyse qu’en fait The Agonist – Numerian.

Les banques ont attendu avec une certaine appréhension ce jugement de la Cour suprême dans le dossier opposant la US Bank National Association (à titre de fiduciaire) à Antonio Ibanez. Ils avaient raison d’avoir peur. La cour suprême de l’État s’est prononcé contre les banques et a confirmé une ordonnance d’un tribunal inférieur d’annuler les saisies de propriétés effectuées par US Bancorp et Wells Fargo, selon le motif qu’aucune de ces banques avait le droit légal, en vertu de la loi du Massachusetts, de saisir ces maisons. La décision de la cour suprême a de lourdes conséquences pour les banques et le marché du logement en général, car elle remet gravement en question la solidité juridique de millions de prêts hypothécaires aux États-Unis, d’autant plus si, comme prévu, les tribunaux des autres États parviennent à des conclusions similaires à celles de la Cour suprême du Massachusetts.

Le dossier d’Ibanez comprenait deux cas de reprises de finances semblables s’étant déroulés dans le Massachusetts, le second cas étant celui de Wells Fargo vs Mark et Tammy LaRace. Les deux saisies de propriété ont eu lieu le même jour et les banques avaient déjà publié leur intention de les saisir dans un journal local, tel que requis par la loi. Les banques ont ensuite acheté les propriétés à des prix qui ont été jugé par le tribunal comme étant significativement inférieurs à la valeur de marché. Environ un an après les saisies (à l’automne de 2008), les banques ont alors demandé à la Cour de rendre une décision selon laquelle, dans chacune des saisies, la banque avait un plein droit de saisir en tant que créancier hypothécaire, que le droit de banque sur la propriété n’était pas obscurci par tout autre droit de contestation, et que la banque était donc propriétaire de la propriété. Ces affirmations ont été contestées par les propriétaires qui avaient perdu leurs maisons et la Cour est d’accord avec les propriétaires quant au fait que les saisies étaient invalides. Ce qui a joué de façon critique dans la décision rendue par la Cour a été le fait que les deux banques ont admis n’avoir reçu les documents de transfert d’hypothèque (assignment of the mortgage) qu’après les saisies.

Citant le cas Ibanez à titre d’exemple, les juges ont noté que Antonio Ibanez avait pris une hypothèque en 2005 avec Rose Mortgage Inc, qui aurait cédé cette hypothèque (qui donne à son détenteur le droit légal approprié pour saisir la maison) à Option One Mortgage Co. Ils ont, à leur tour, cédé celle-ci à Lehman Bros. Lehman Bros a prétendument cédé l’hypothèque à Lehman Bros Holdings Inc, qui l’a emballé avec environ 1000 autres prêts hypothécaires destinés à être vendus à titre de garantie. Ces prêts hypothécaires étaient censés être placés sous le toit de Structured Asset Securities Corp, mis en place explicitement dans le but de protéger les détenteurs d’obligations qui ont acheté les titres. Cette société devait affecter les prêts hypothécaires à la US Bancorp N.A., à titre de fiduciaire. Dans le cas où il y aurait besoin de saisir une de ces propriétés, la responsabilité reviendrait à US Bancorp de le faire, au nom de la fiducie et dans l’intérêt des détenteurs d’obligations. C’est pourquoi US Bancorp a voulu saisir la propriété de Antonio Ibanez, qui avait manifestement manqué aux paiements de son hypothèque, et c’est pourquoi US Bancorp est devenu un plaignant devant le tribunal de la Cour suprême du Massachusetts.

Cette série de transferts de titre est importante dans l’affaire, parce que tout ce qu’il fallait aux banques pour gagner aurait été de se présenter devant le tribunal avec les documents légaux attestant le transfert d’hypothèque. Ils n’avaient même pas à se présenter avec le document original de l’hypothèque ou la note de l’emprunteur – ils se devaient seulement d’avoir la documentation pour chaque maillon de la chaîne de transfert. Non seulement ne possédaient-ils pas celle-ci,  ils n’avaient rien de mieux à présenter que des documents de transfert émis après la saisie, c’est-à-dire les banques n’ont jamais cédé correctement et légalement l’hypothèque en premier lieu. C’est en vertu de cela que la Cour a statué contre les banques, et c’est sur la base de cette preuve convaincante que les juges de la Cour suprême ont jugé que les saisies n’ont jamais été légales.

L’un des juges qui a rendu cette décision, le juge Cordry, a écrit:

« Ce qui est surprenant à propos de ces cas est… l’insouciance totale avec laquelle les banques plaignantes ont documenté les titres à leur actif. »

La négligence est un terme poli pour l’insouciance criminelle des banques. Les banques ont agi avec une insouciance criminelle.

La décision rendue plus tôt cette semaine par la Cour suprême du Massachusetts n’est qu’un pas de plus en avant dans cette longue discussion légale sur les saisies immobilières, mais elle est compatible avec une série de décisions similaires rendues par des tribunaux contre les banques.

Partout aux États-Unis, les banques n’ont pas été en mesure de se présenter devant les tribunaux avec la documentation de base, y compris les documents démontrant et attestant correctement et légalement qu’ils possèdent les droits sur ces hypothèques ainsi que ceux leur permettant de saisir les propriétés s’y rattachant.

Le droit des banques de saisir les propriétés résidentielles est aujourd’hui contesté dans chaque État. Les personnes qui ont perdu leur maison dans ces reprises de finance poursuivent maintenant en justice pour compensation des pertes encourues, selon le motif que les saisies étaient frauduleuses. Encore plus grave que cela, les investisseurs ayant acheté les fameuses « mortgage backed securities » commencent à déposer des réclamations pour fraude contre les banques, en faisant valoir que ces titres n’ont jamais été correctement garantis en premier lieu. Ces investisseurs veulent 100% de leur argent, ce qui conduirait à des réclamations de milliers de milliards de dollars contre les grandes banques.

Automatiquement entraîné dans cette situation est le gouvernement fédéral américain. Le Trésor américain détient Fannie Mae et Freddie Mac, qui sont déjà insolvables et doivent se tourner vers le gouvernement pour les injections de capitaux à chaque trimestre juste pour couvrir les pertes de leurs portefeuilles de prêts hypothécaires actuels. Ces institutions sont aujourd’hui confrontées à des taux de pertes beaucoup plus élevés dans leurs propres portefeuilles de l’ordre de trillions de dollars en valeur de prêts hypothécaires résidentiels. À ce tableau s’ajoute aussi le système de la FED, qui a choisi d’acheter plus d’un trillion (mille milliards) de dollars de titres adossés à des hypothèques des banques en 2008 et 2009, et qui est donc lui-même techniquement insolvable si ce portefeuille se révèle être non garanti, comme cela devient plus en plus probable.

Cela signifie que l’évolution probable des événements – la voie sur laquelle nous sommes présentement – nous conduira à un effondrement quasi total du marché du logement, parce que les grandes banques et les deux entreprises gouvernementales chargées de soutenir le marché du logement seront fatalement estropiés. Le gouvernement américain lui-même, y compris la Réserve fédérale, seront également estropiés et engloutis.

Ceci est la nature de la gravité de la situation.

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Le syndrome du larbin et la révolution islandaise

Par Renart Léveillé

Deux trucs inédits pour moi voilà quelques heures encore, et que je me dois d’imprimer ici. À défaut d’être journaliste, et donc seulement blogueur (et d’aimer adorablement ce passe-temps ingrat), je peux au moins faire ça…

Le syndrome du larbin

Définition sommaire :


Chez un individu, le syndrome du larbin est un comportement pathologique visant à prendre systématiquement la défense des classes les plus favorisées au détriment de celles dont il est issu. Ce syndrome diminue les capacités d’analyse du larbin et se traduit par un blocage psychologique l’incitant à agir préférentiellement contre ses propres intérêts au profit de ceux qui l’exploitent.

Ne vous lancez pas sur votre téléphone pour conseiller à votre beau-frère un bon psychologue, c’est plus humoristique que sérieux, même s’il semble exister de véritables cas de ce syndrome. Il ne manque qu’un scientifique pour s’y pencher, mais je doute fort qu’il reçoive des subventions privées ou gouvernementales, alors c’est déjà mort dans l’oeuf…

En fait, si c’était vrai, ou plutôt avéré, la presque totalité des gens penchants à droite en serait, étant donné qu’il y a un très petit pourcentage de droitistes très riches. Mais je ne passerai pas trop de temps là-dessus, parce que dans le fond, ce sujet est seulement un clin d’oeil pour introduire le prochain.

La révolution islandaise

Visiblement, la population islandaise aurait un taux de syndrome du larbin assez bas si on regarde ce qui s’y passe depuis 2008.

C’est vraiment une histoire incroyable et pourtant, il n’y a vraiment pas eu beaucoup d’écho depuis ce qu’on a appelé « la révolution des casseroles », que relatait Le Figaro le 4 février 2009 :

Le tintamarre des casseroles et des poêles à frire, chaque samedi devant le Parlement, a fini par avoir raison du premier ministre islandais […] Geir Haarde, chef d’un Parti conservateur qui dominait la scène islandaise depuis l’indépendance du pays en 1944 […] Mais la «révolution des casseroles», comme on l’appelle à Reykjavik, n’est pas terminée : ce samedi, pour la 17e fois depuis le début de la crise [financière] en octobre, ils étaient encore plusieurs centaines à crier leur colère. «Rendez-nous notre argent !», proclament des pancartes. «On veut de nouvelles têtes dans les banques et au gouvernement » […]

Une coalition de partis de gauche ainsi qu’une première femme au poste de premier ministre, Jóhanna Sigurðardóttir, ont été portées au pouvoir, mais assez rapidement, le peuple a pris les choses en main en refusant par référendum à 93% le remboursement de la dette et en élisant une Assemblée citoyenne chargée de rédiger une nouvelle constitution (« Parmi les propositions qui reviennent le plus souvent, on peut noter la séparation de l’Église et de l’État, la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles et une séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif. »). Leurs travaux commenceront en février pour se terminer à la fin du printemps.

Le reste de l’Histoire est à écrire.

*

Avouez que c’est assez inspirant! C’est quelques crans au-dessus d’une pétition demandant la démission de notre premier ministre John James Charest, quand même… (Ce n’est surtout pas pour dénigrer la chose, si seulement c’est le début de quelque chose de plus vaste, espérons-le!)

Voilà la preuve qu’il y a plus grand et plus profond que la démocratie comme on la voit théoriquement. Les supposés chiens de garde de cette démocratie molle sont apathiques, il n’en tient qu’à moi, qu’à vous, citoyens, d’y fouetter les sangs!

Voilà mon humble contribution. Ne vous gênez surtout pas pour faire suivre.

*

(Merci à Eric Bondo de m’avoir pointé ces sujets.)

 

(Peinture : Pierre Marcel, « Bringing democraty », Acrylique sur toile, 150 x 150 cm, France 2001.)

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2011: la tête dans le sable

Un récent sondage SOM/La Presse montre que les québécois, quoique pessimistes pour l’économie américaine et l’économie européenne, sont très optimistes envers les économies canadienne et québécoise. Malheureusement, leur confiance est très mal placée.

C’est vrai que notre économie semble aller beaucoup mieux, si on se compare aux américains ou la zone Euro, mais c’est toujours comme ça lorsqu’on est dans un boum artificiel alimenté par l’argent facile. Malheureusement, ce boum est un mirage qui risque de s’évanouir en 2011. MM. Carney et Flaherty le savent très bien. Mais ils se gardent bien d’éloigner le bol de punch pour autant. Pourtant leurs exhortations à la prudence ne retarderont même pas l’inévitable.

J’ai déjà écrit au sujet de la bulle immobilière qui est en train de se gonfler au Canada (ici et ici) et cette bulle est en train de plafonner. Nous sommes exactement comme les américains en 2007, mais dans notre arrogance, nous nous imaginons que ce qui leur est arrivé ne nous arrivera pas. Quelque faits pour votre considération:

  1. Les banques canadiennes ne sont pas aussi blindées qu’on le croit et lorsque la bulle éclatera, nous verrons à quelle point elles sont vulnérables.
  2. Beaucoup de canadiens passent de 50% à 70% de leur revenus sur leurs paiement d’hypothèque. La plupart ne survivront pas une hausse des taux hypothécaires, ne serait-ce que de 1%.
  3. Un nombre effarant d’hypothèques sont assurées par la SCHL et titrisées sous formes de dérivatifs. Devinez qui va payer les pots cassés?
  4. L’industrie de la construction représente 20% de l’économie canadienne. Cette industrie va être sérieusement atteinte.


Je sais que je vais probablement sembler comme un rabat-joie en cette veille du nouvel an, mais je me dois de vous servir quelques idées de résolutions: Payez vos dettes et reportez toute dépense inutile dans la prochaine année.

Je vous quitte avec cette petite citation de Benjamin Franklin:

« Soyez en guerre contre vos vices et en paix avec vos voisins, et que chaque nouvelle année fasse de vous un meilleur homme. »

Bonne et Heureuse Année!

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Le pic immobilier

Cliquez pour agrandir.


J’aimerais attirer votre attention au graphique ci-haut qui donne une comparaison des prix immobiliers de tous les grands centres urbains au Canada en date du mois de mai dernier (source). Ça donne une bonne image de choses à venir. La zone du milieu indique jusqu’où les prix immobiliers pourraient chuter après l’éclatement. On peut constater que les marchés de Montréal et Ottawa risquent de souffrir un peu moins les effets de l’éclatement de la bulle immobilière que d’autres marchés, mais il faut quand même dire que si vous cherchiez à acheter votre première maison, le moment serait quand même mal choisi. Même à Montréal, les maisons pourraient perdre jusqu’à 25% de leur valeur. À Vancouver, les prix risquent de chuter de moitié, ce qui risque de causer une vague de faillites personnelles jamais vue auparavant.

Nous nous croyions tellement intelligents en 2007 lorsque la bulle immobilière a éclaté aux États-Unis. On riait des stupides américains qui ont fait des tas de prêts hypothécaires sans bon sens à des gens qui n’auraient jamais les moyens de payer. Des milliers de ménages américains se sont retrouvés à la rue avec une hypothèque qui excédait la valeur de leur maison. C’est sur le point d’arriver encore ici. Le taux d’intérêt de la Banque du Canada a été maintenu près de 0% depuis plus de deux ans et est toujours trop bas malgré une récente hausse. Ça a permis au banques d’offrir des hypothèques à des taux dérisoires (et empocher des profits monstres). Vous vous souvenez de Fannie Mae et Freddie Mac? Au Canada, nous avons la SCHL qui joue essentiellement le même rôle à sécuriser et titriser des hypothèques. Combien d’hypothèques? Oh, environ 60% de toutes les hypothèques au Canada. Qui garantit ces hypothèques? Vous et moi par le biais de vos impôts fédéraux.

Pire encore, certains utilisent l’équité de leur maison comme un guichet automatique en ré-hypothéquant leur maison pour s’acheter des motoneiges, des bateaux, etc. Qu’arrivera-t-il à ces gens quand les prix immobiliers s’écrouleront? Il est quasiment inimaginable que nous répétions toutes les mêmes erreurs que les américains en ayant encore la dévastation que ça leur a causé dans notre rétroviseur, mais il semble que nous soyons plus stupides qu’eux.

Maintenant, il semble que nous ayons rejoint le pic et les ventes immobilières commencent à s’essouffler. Selon un article du Globe and Mail, le volume des ventes immobilières a dramatiquement chuté. À Vancouver, le volume à chuté de 30% par rapport à l’année dernière et à Calgary de 40%. C’est le premier signe avant-coureur. Le reste du scénario américain risque de se répéter à partir de là:

  • Le volume de ventes chute soudainement.
  • Les prix ramollissent un peu.
  • Le niveau des inventaires remonte.
  • L’industrie immobilière essaient de convaincre les gens que rien ne se passe d’anormal.
  • Le déni s’installe dans les média qui clameront que les bases fondamentales sont toujours solides.
  • Les vendeurs tenteront de maintenir les prix tandis que la demande ne cesse de diminuer.
  • Les inventaires rejoignent de nouveaux sommets.
  • Les constructeurs commencent à offrir des incitatifs pour faire baisser leurs inventaires.
  • Les vendeurs commencent à réaliser trop tard ce qui se passe.
  • Les prix commencent leur descente.
  • Les vendeurs commencent à offrir des incitatifs pour vendre leur maison.
  • Les incitatifs ne fonctionnent pas.
  • La dégringolade des prix commence à s’accentuer.
  • La Banque du Canada tente de calmer le jeu en émettant des communiqués assurant le public que le marché immobilier est encore fondamentalement solide.
  • Les inventaires montent en flèche, les prix s’écroulent et les constructeurs coincés avec des surplus d’inventaires font faillite.


Certains évènements peuvent se produire simultanément et peut-être dans un ordre légèrement différent, mais tout commence par une chute du volume de ventes. Chose certaine, le pic immobilier est atteint, la descente est amorcée et avec les taux d’intérêts déjà trop bas, rien ne pourra arrêter l’avalanche.

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Le pays de la responsabilité fiscale

Nos politiciens ne cessent de nous dire que nous sommes plus responsables que nos voisins du sud. Ce qui leur est arrivé ne pourrait pas possiblement nous arriver à nous. Vraiment? Voici quelques graphiques qui font réfléchir du blogue de Jonathan Tonge.


Les soldes de cartes de crédit en hausse de 458% depuis 1999.






Les hypothèques résidentielles en hausse de 242% depuis 1999








Les marges de crédit personnelles en hausse de 820%






Et finalement l’endettement des ménages est passé de $669 milliards en 2002 à $1,41 billions en 2009.







D’ici la fin de 2010, le rapport d’endettement sur le revenu disponible des canadien sera environ 155%. Y en a-t-il encore qui croient que nous ne sommes pas dans une bulle de crédit? Gare à vous lorsque les taux d’intérêts commenceront à remonter.

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John Law et la bulle du Mississippi

John Law (1671–1729)


Afin de poursuivre sur le thème « les banquiers ne sont pas nos amis », je me propose de vous raconter une petite histoire. Et puisque ceux qui ignorent les leçons de l’Histoire sont condamnés à la répéter, j’ai crû bon de choisir un chapitre de l’Histoire que la clique des banquiers centraux voudraient bien qu’on oublie: celle de John Law et de la bulle du Mississippi. Pourquoi? Parce que ça nous rappellerait pourquoi la monnaie de papier est un poison à l’économie.

Qui était John Law?

Était-il un fraudeur ou un génie financier? Ça dépendrait probablement à qui vous le demandez. Il y a certainement certains économistes de nous jours qui le tiennent en grande estime pour ses théories monétaires, malgré le fait qu’il a eu la distinction de complètement ruiner la couronne française et plonger une grande partie de l’Europe dans une profonde récession.

John Law est né à Édimbourg en Écosse en 1671 dans une fiche famille d’orfèvres. À 14 ans, il s’est joint à l’entreprise familiale et a commencé à étudier la finance sous la tutelle de son père. Il fût envoyé à Londres un peu plus tard pour parfaire son éducation. Une fois à Londres, il est toutefois tombé victime se son coté social. John Law avait un faible pour les femmes et les cartes. Sa passion pour le jeu l’a amené à perdre d’énormes sommes et sa passion des femmes l’a mené à tuer un autre homme en duel pour l’affection d’une demoiselle. Accusé de meurtre et condamné à mort, sa sentence fût éventuellement commutée à homicide involontaire et une amende. Pendant qu’il était encore en prison, il a réussi à s’évader et s’enfuir sur le continent où il est aller s’installer à Amsterdam pour continuer ses études de finances et de commerce en 1694. Là il commença à élaborer ses propres théories économiques et monétaires.

De retour en Écosse en 1705, il commence à exposer ses vues dans plusieurs ouvrages dont le livre « Money and Trade Considered,
with a Proposal for Supplying the Nation with Money ». Selon Law, le rôle principal du gouvernement était d’augmenter la prospérité de la nation. Ceci devait, selon lui, être accompli en augmentant la quantité de monnaie dans l’économie. De son point de vue, il croyait que la monnaie de papier présentait des avantages sur la monnaie d’or et d’argent. Il argumentait que ces métaux ne devaient servir qu’au banques en tant que sécurité dans l’émission de billets de banque. De cette façon, une plus grande quantité de monnaie de papier pouvait circuler qu’il ne serait possible avec la monnaie en espèces, augmentant ainsi le commerce et la prospérité.

Cette même année il tenta de vendre l’idée d’une banque centrale au parlement écossais, mais son offre fût refusée. Il tenta aussi en vain d’intéresser d’autres gouvernements. Quand l’Angleterre et l’Écosse furent réunifiées, Law, encore considéré comme un fugitif en Angleterre dû fuir de nouveau sur le continent. C’est là que l’opportunité frappa à sa porte.

La Banque Générale et la Compagnie du Mississippi

En 1715, la France était considérée comme la nation la plus riche et la plus puissante du monde. Pourtant, malgré les palais resplendissants de Louis XIV, la France croulait sous les dettes. Après la mort du Roi Soleil, John Law trouva enfin une oreille sympathique en la personne du Régent Philippe, Duc d’Orléans. Law proposa au Duc de créer une banque pouvant émettre des notes de papier ayant cours légal qui permettrait à la couronne de rembourser la dette énorme à l’époque de trois milliards de livres et lui permettre de développer ses territoires en Louisiane. Ainsi fût née la Banque Générale qui deviendra plus tard la Banque Royale.

L’idée de Law était de créer une banque pour la finance de l’état et une compagnie d’état pour le commerce qui excluait toute banque privée. Ceci permettait d’établir un monopole de finance et de commerce contrôlé par l’état, permettant de rembourser la dette à partir de ses profits. Law croyait que la monnaie était une force dans le développement de l’économie et qu’en augmentant la quantité de monnaie de papier en circulation, ça augmenterait le produit national et une augmentation du pouvoir national en résulterait.

On accorda donc à Law une charte de 25 ans pour former la Compagnie de l’Occident, qui sera plus populairement connue sous le nom de Compagnie du Mississippi, avec le monopole de tout le commerce avec les colonies de la Louisiane et de la Nouvelle France, en plus du monopole de la culture et de la vente du tabac. La Compagnie de l’Occident fût jointe à la Banque Générale qui fût renommée Banque Royale. En décembre 1718, le Duc d’Orléans acheta toutes les parts de la banque, en faisant une institution royale avec la couronne comme seul actionnaire. Les billets de la banque devinrent monnaie à cours légal dans toute la France et Law fut nommé Controleur Général des Finances. La vie était définitivement belle pour John Law.

La bulle du Mississippi.

La richesse de la Louisianne fût le sujet d’un grand nombre de grossières exagérations, ce qui alimenta une folle spéculation sur les actions de la Compagnie du Mississippi. Au départ, les actions se vendaient à 150 livres tournois, mais elles grimpèrent à 10 000 livres en l’espace de quelques mois. Du jour au lendemain, même des gens de faibles moyens sont devenues immensément riches. Pour acheter une part, il suffisait simplement de fournir 10% du prix. Il est dit que même des mendiants ont fait fortune. Un nouveau mot entra dans le vocabulaire: « millionnaire ». Toute cette spéculation étant naturellement alimentée par l’émission toujours plus grande de notes de papier de la Banque Royale. Ça ne prit pas bien longtemps avant que l’inflation commence à affecter les prix des denrées. Cette inflation finira par rejoindre un taux astronomique de 23% par mois. Les gens commencèrent à être pris de panique et à vendre leurs actions de la Compagnie du Mississippi et demander d’échanger leurs billets de banques en espèces. Les décrets royaux et dévaluations se sont succédés afin de tenter d’endiguer la fuite, mais à la fin, l’économie était en ruines. Quatre ans après la fondation de sa banque, John Law dû fuir la France, ruiné et haït. Il est mort d’une pneumonie en 1729, sans un sou.

La morale de cette histoire…

Beaucoup d’entre vous verront certainement le parallèle entre cette histoire et la situation actuelle. L’erreur de John Law, comme nos élites aujourd’hui, fût de croire que les problèmes économiques sont dus à une trop faible quantité de monnaie en circulation et que la situation devait simplement être résolue avec un gonflement de la masse monétaire. On essaie d’appliquer ce même remède aujourd’hui et il connaitra certainement un dénouement similaire à la France en 1719, mais cette fois-çi à l’échelle mondiale. La question dans mon esprit demeure si nos élites pêchent par ignorance de l’histoire, ou si cet effondrement inévitable est voulue par les marionnettistes?

Bonne Saint-Jean à tous!

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Les sables mouvants

Dans mon dernier billet, certains commentateurs sur les 7 du Québec m’ont lancé un petit défi. On m’a dit d’être d’accord avec l’idée d’un marché libre, mais que devrait-on faire maintenant pour défaire le système actuel pour qu’il puisse laisser la place à un système plus juste. Je crois que la question est un peu prématurée parce que s’il y en a qui voient les problèmes auxquels nous faisons face et veulent passer à l’action, la grande majorité de la population ne l’est pas. Et ce n’est qu’en l’éduquant que nous arriverons à mettre la majorité du peuple de notre côté.

Au Québec, malgré le cynisme qui habite le population vis-à-vis de la classe politique présentement, je crois qu’il n’y a qu’une très petite minorité qui comprend vraiment ce qui se passe. Il y en a certainement beaucoup libertariens et libertaires qui contribuent dans les commentaires des 7 du Québec et sur mon propre blogue qui ont définitivement saisi quels sont les vrais ennemis du peuple. Ils savent qui est enrichi et favorisé par le système actuel. Il savent également que ce système doit tomber.

Je réitère ce que je crois être la source de nos maux: les banques en symbiose avec les gouvernements de ce monde et les divers groupes auxquels ils vendent leurs faveurs. Les gouvernements, étant les seuls à avoir l’usage légal de la force, prêtent ce pouvoir aux banquiers, aux corporation, aux syndicats et autres lobbies d’intérêt particulier en échange de financement et d’expansion de leur pouvoir. Ils le font de diverses façons, mais seul le pouvoir de l’état leur donne un air de légitimité qui endort le bon peuple et les rend aveugles à la combine. François Marginean sur les 7 du Québec m’a rappelé cette citation du Baron Nathan Mayer Rothchild, qui a été gouverneur de la Banque d’Angleterre:

« I care not what puppet is placed upon the throne of England to rule the Empire on which the sun never sets. The man that controls Britain’s money supply controls the British Empire, and I control the British money supply. »

Traduction: « Je me fiche quelle marionnette occupe le trône d’Angleterre pour gouverner l’empire sur lequel le soleil ne se couche jamais. L’homme qui contrôle la monnaie de la Grande-Bretagne contrôle l’Empire Britannique, et je contrôle la monnaie britannique. » Cette citation est en effet lourde de vérité. Le cartel légalisé que forment le système bancaire de tous les pays occidentaux possède un pouvoir immense leur permettant de faire la pluie et le beau temps. Ce système influence législation et règlementation de façon à favoriser qui ils veulent et ceux qui sont favorisés font parti d’un club très exclusif. Il crée des crises financières à volonté, s’enrichissant ensuite des retombées et ayant un parfait bouc émissaire pour couvrir ses traces et détourner l’attention: le libre-marché capitaliste. Ils sont les marionnettistes, les maîtres de jeu. La beauté dans tout ça est que la plupart des gens n’y voient que du feu. Ils arrivent à faire croire au gens que le système que nous avons présentement est un marché libre, qui n’est pas assez règlementé, alors que les règlementations ne cessent de se multiplier. Ils font croire que les récessions sont dues à la cupidité et l’esprit animal des investisseurs et la peur des consommateurs alors qu’elles sont l’ajustement naturel du marché suite à une expansion de crédit insoutenable. Un peu comme un drogué souffre de retrait quand il est privé de sa drogue, en l’occurrence le crédit facile que produit une monnaie qu’on peut conjurer à partir de rien. Nos banquiers ne sont que des faux-monnayeurs auxquels l’état a donné un statut légal. En retour, les politiciens ont une source intarissable d’argent pour assurer l’expansion de l’État-Providence. Mais tout ça n’est qu’un mirage. L’argent ainsi créé n’est pas un gage de richesse et plus on en crée et moins il a de valeur, jusqu’au jour inévitable où il ne vaut plus rien. Sans aucun doute, si la majorité des gens étaient au courant, nous pourrions tous clamer pour une fin à cette fraude, mais ce n’est pas le cas et il y a encore bien des gens à convaincre.

Si vous êtes de ceux qui savent que nous vivons sous ce joug, vous êtes un des chanceux qui pourra être préparé lorsque tout s’écroulera. Mais entre-temps, nous sommes encore trop peu nombreux pour pouvoir faire une différence. Si nous étions capables d’organiser des démonstrations comme la manifestation du 11 avril à Québec à chaque mois, peut-être arriverions nous à pénétrer la carapace des politiciens sourds et aveugles qui sont supposés nous représenter. Le système favorise les groupes bien organisés et le peuple ne l’est pas. Il n’y a qu’à observer les agissement du gouvernement de Jean Charest pour s’en convaincre. Les partis politiques ne sont pas redevables au peuple autant qu’à leur bienfaiteurs. Quel intérêt ont-ils à porter au peuple qui pour la plus grande partie, gobe toute leur salade? Certains comtés éliraient un singe s’il se présentait sous la bonne bannière.

Si vous avez de meilleures idées pour nous sortir des sables mouvants, je suis toute ouïe. Mais je crois qu’avant de pouvoir y faire quelque chose, il faudrait que plus de gens réalisent qu’ils sont dans ce sable mouvant jusqu’au cou et beaucoup ne veulent pas faire face à cette réalité. J’espère seulement que nous arriverons à convaincre les gens de choisir la liberté plutôt que la servitude.

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Classé dans Actualité, Philippe David

La photologie

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La pauvreté  met le crime au rabais.

Nicolas de Chamfort

La pauvreté est un refus de partager la grande fraternité de la merde.

Romain Gary

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C’est long apprendre l’astrologie… Et je ne suis pas doué en calculs. Alors, j’ai créé une nouvelle « science » : la photologie. Elle consiste à prédire l’avenir des gens par une simple photo.

Ce n’est pas trop malin : au lieu de se fier aux astres, on se fie aux désastres. La culture du désastre a pris bien de la place dans nos sociétés. Et, comme je l’ai déjà mentionné, les enfants sont la matière première des « adultes ». Ce fut, et ce sera toujours, la pépite qui fait saliver les investisseurs et tous les harmonisateurs pour une société monocorde.

Coffie


La plupart des gens me consultent pour connaître leur avenir… C’est la première fois que je vois quelqu’un habillé de mouches…  Ce n’est pas gentil, mais ici on vit assez vieux pour avoir le sens de l’humour. En fait, rire est  un luxe…. Un peu méchant? Ce  ne sont pas des mouches, c’est un essaim de banquiers venus voir si tu étais « potable »…

On voit bien que tu n’as pas mangé depuis longtemps. Attend quelques années, il y aura un McDo…

Tu devrais faire attention où tu mets les pieds. Les adultes  ont un jeu dangereux qu’ils appellent la guerre… Ils laissent traîner leurs jouets partout. Ils en cachent sous terre pour attraper l’ennemi par la jambe. Si tu passes dessus, tu auras encore plus mauvaise mine, comme dirait  Oncle Georges .  Eux, ils sont trop paresseux pour ramasser leurs jouets après  leur jeu. C’est l’argent du jeu qui les intéresse… Surveille bien le petit d’en bas… Il n’a l’air de rien, mais c’est une grosse mouche en puissance. Et qui sait si un jour, pour sauver ton pays, il ne te tirera pas dessus. Tu risques de devenir un dommage collatéral…

Je ne connais rien de ton pays, mais il y a des chances qu’on ait trois ou quatre secondes pour se parler. On ne fait pas long feu chez vous. Parler de ton avenir… C’est déjà s’avancer trop. Sans vouloir t’insulter, tu as l’air d’un œuf mal en point.

Pour l’avenir, rien ne dit que tu en as. Ça dépend qui a acheté le sol que tu as sous les pieds. Mais on ne sait jamais… Avec beaucoup de chance, tu pourrais te rendre à la trentaine. Ce qui ne te donnera pas le temps de faire de toi un réalisateur d’émissions sur les problèmes de la trentaine des Occidentaux dans le grand défilé de cette mode des « psychos narcissiques »  télévisés. Ils ont des problèmes, EUX… : leur blonde, leur voiture, de grands questionnements… Et de temps en temps, ils font des shows pour toi…

Esteban


Pour l’instant, tout va bien. Tu as déjà compris qu’il faut partir avec le butin avant que les autres viennent le chercher.

En partant, on peut voir ton petit air de méfiance… Ce qui pourra t’aider pour ton avenir. Avec de la chance, tu émigreras vers un plus gros village, avec une école, et tu apprendras à lire et à écrire.

À moins que tu ne sois déjà au travail pour quelqu’un et que tu te méfies à savoir combien il va te payer. Pas besoin d’être devin. La réponse est la même depuis des siècles : le moins possible. Si on te paye…

Il y a de fortes chances que tu vives  avec le moins possible. Ton avenir, pour l’instant c’est « le moins possible », mais vivant. C’est encourageant, non?

C’est vrai que le photographe a une sale tête. Et il a peut-être des cheveux blancs. Ce qui n’est pas toujours un signe de sagesse. Ici, ce sont souvent les pires… Mais ça, c’est une autre vie…

Dans ton pays, les cheveux blancs, ça existe. Il n’y a pas trop de grands livres en dessous, il y a de la vie, de l’expérience. On ne cultive plus ça ici, on a passé de la bio au aux modifications génétiques par une série de serpents électroniques pour « modifier » un peu le cerveau.

Tu en as de la chance! À court terme… Tes parents,  ainsi que le gratin de toutes  les organisations possibles et impassibles,  sont en train de te sculpter une personnalité : tu es déjà riche, détendu, sûr de toi.  À moins que ce soit l’effet de l’antidépresseur. C’est dur l’école…

Mais c’est peut-être là que tu démarreras ta première entreprise : la vente de ton surplus de ritalin. Ou encore de diverses substances légales de tes parents.

Tu sais lire et écrire. Tu as déjà une main de prise dans une montre. Deux, on appelle ça des menottes… La prison? Ne t’en fait pas : des riches y vont, mais pas trop longtemps. Le temps que le peuple se calme… Une autre mauvaise nouvelle le lendemain, et c’est fini!

Avec un air comme ça, tous les rêves te sont permis : tu pourrais devenir star de cinéma, chanteur, artiste-peintre, banquier, PDG chez Norbourg ou  à la Caisse de dépôt, ministre, etc. Si ça ne marche pas, tu seras pompier ou infirmier. Dans le pire des cas… Voyons! Tes parents ont dû te le dire!

Tu pourrais devenir  avocat ou médecin. Tu risques d’avoir plus de mouches dans la tête que le premier qui n’a pas d’avenir. On renforcera ta dose de médicaments. On te fournira des psy, des travailleurs sociaux, des idéologistes patentés, supposément crédible.

On te vendra de tout. Tu as les moyens de tout acheter. Le crédit est là pour les gens comme toi. Même des idées…

Pour l’avenir, il y a deux voies : tes ennuis pourraient te conduire au suicide vers la trentaine. Après trois mariages, tu  reviendras vers  la cinquantaine pour me consulter afin de connaître ton passé. Il n’y a pas de Google-Map pour savoir où l’on va dans la vie…

Pour l’instant, tu as les mains dans les poches de ton pantalon. Mais tu te rendras compte  très vite qu’on ne va pas loin avec les deux mains dans ses pantalons. Alors, on te donnera la recette : aller puiser dans les poches des autres.

Si tu es costaud, tu pourras aller dans la construction. Non! Pas planter des clous.. Planter des gens. Passer à la télé. Raconter des mensonges. Et engager des avocats pour dire que tout est vrai.

Au pire, si tu ne sais trop quoi faire, tu achèteras les terres des deux autres enfants en haut de ton image. . On a dû te dire qu’on fait son avenir? …Eh! Oui! Ça se prépare…

Il est écrit quelque part que l’on s’enrichit les uns les autres. Mais ça,  c’est dans les livres d’école. Les livres, ce n’est pas la vie. Et l’école encore moins…

Tu es une sorte d’oie de société… Un « à gaver »…

George


Tes parents doivent être pauvres… Une photo en noir et blanc! Comme un peu de pétrole dilué dans du blanc…

On dirait que s’annonce devant toi une belle carrière : le base-ball. Sauf que ta moyenne au bâton sera sans doute mauvaise. Mais ton camarade Dick Chenille te montrera comment devenir papillon et  ce  qu’on peut faire avec un bâton et des balles. Tu auras un lancer tellement puissant que celles-ci  iront jusque dans des terres étrangères.

Tu iras loin : avec de l’argent et les ethnies. Les ethnies ce sont ceux les deux premiers enfants d’en haut. Ce sont tous des terroristes en puissance. Le petit noir est peut-être en train de creuser pour planter une mine. Et l’autre, il doit avoir fait une cueillette de grenades…

La planète est ton stade. Un grand champ rond … Comme une boule bleue…

L’ultime réussite c’est le grand   Chelem

Comme le dit le cliché : La balle est dans ton camp.

Et le reste de l’arsenal…

Méfie-toi du petit juste au dessus de toi… Au cas où il deviendrait banquier. Car ceux-là ont repris un vieux truc d’il y a bien des lunes…

La légende la plus célèbre sur l’origine du jeu d’échecs[G 14] raconte l’histoire du roi Belkib (Indes, 3000 ans avant notre ère) qui cherchait à tout prix à tromper son ennui. Il promit donc une récompense exceptionnelle à qui lui proposerait une distraction qui le satisferait. Lorsque le sage Sissa, fils du Brahmine Dahir, lui présenta le jeu d’échecs, le souverain, enthousiaste, demanda à Sissa ce que celui-ci souhaitait en échange de ce cadeau extraordinaire. Humblement, Sissa demanda au prince de déposer un grain de blé sur la première case, deux sur la deuxième, quatre sur la troisième, et ainsi de suite pour remplir l’échiquier en doublant la quantité de grain à chaque case. Le prince accorda immédiatement cette récompense en apparence modeste, mais son conseiller lui expliqua qu’il venait de signer la mort du royaume car les récoltes de l’année ne suffiraient à s’acquitter du prix du jeu. En effet, sur la dernière case de l’échiquier, il faudrait déposer 263 graines, soit plus de neuf milliards de milliards de grains (9 223 372 036 854 775 808 grains précisément), et y ajouter le total des grains déposés sur les cases précédentes, ce qui fait un total de 264-1, soit 18 446 744 073 709 551 615 grains. Échecs, Wik

Finalement, Ponzi, c’est du copier-coller… On dirait de l’économie…

Signer la mort du royaume sans s’en rendre compte…

Il ne faut jamais oublier de regarder les vieilles et présumées naïves photos. Les paysans finiront peut-être par avoir raison du désordre de la présentation de l’album.

Les « grands » ne savent pas rester petits…

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Classé dans Actualité, Gaëtan Pelletier

Manipulation de l’information en haut lieu-la suite

Jean Gagnon Dossier Actualité économique

Tel que dans l’affaire du sauvetage d’AIG aux États-Unis où l’on accuse aujourd’hui la Réserve fédérale de New York d’avoir dissimulé de l’information qu’elle devait légalement fournir (voir billet du 13 janvier), la gestion de la crise des PCAA chez nous a donné lieu également à un camouflage d’information pertinente qui aurait pu faciliter la compréhension de ce qui passait, et qui sait, sa solution.

Rappelons les faits. En août 2007, sous l’impulsion de la Caisse de dépôt et placement du Québec, dirigée à l’époque par Henri-Paul Rousseau, le marché des papiers commerciaux adossées à des actifs (PCAA) est gelé, c’est-à-dire qu’aucun remboursement des titres venus à échéance ne sera effectué, ainsi qu’aucune transaction sur les titres en circulation. La raison, il faut restructurer ces instruments de dettes qui ne trouvent plus preneur à cause d’une crise de confiance quant au remboursement éventuel de ces papiers.

Les PCAA étaient des billets à court terme garantis par des paniers d’actifs cotés pour la plupart AAA par l’agence de notation Canadian Bond Rating Services (DBRS). Mais la crise de crédit commençait à pointer le bout de son nez à travers le monde, et les investisseurs canadiens qui détenaient les PCCA commençaient à douter de la réelle qualité de ces produits et ne voulaient plus renouveler leurs achats de PCAA lorsque ceux-ci venaient à échéance.

L’idée d’Henri-Paul Rousseau était de remplacer les PCCA qui étaient des titres à court terme par des titres à plus long terme qui viendraient à échéance en même temps que les actifs qui garantissaient les billets. Pour y arriver, il créa avec d’autres participants importants au marché, tels la Banque Nationale et le Mouvement Desjardins, un comité de restructuration dont la présidence fut confiée à l’avocat d’affaires bien connu Purdy Crawford. On comptait sur sa notoriété pour rétablir la confiance des investisseurs.

Purdy Crawford à Montréal

En octobre 2007, une conférence de presse est organisée à Montréal en après-midi, une autre avait eu lieu en matinée à Toronto, pour faire le point sur la restructuration des PCAA que l’on espérait avoir complétée pour Noël. Mandaté par un hebdomadaire québécois, j’ai eu l’occasion d’y assister.

Dans les médias, comme dans les milieux financiers, on mettait en doute la possibilité de restructuration, car circulait l’idée que la qualité des actifs qui garantissaient les PCAA étaient de beaucoup moins bonne qualité que ce que DBRS voulait bien laisser croire.

J’ai donc posé la question suivante à Purdy Crawford. Pourquoi ne pas prendre un des paniers d’actifs qui garantissent les PCAA, il y en avait 32, et de publier la liste ainsi qu’une évaluation de ces actifs ? Je lui ai même offert la première page de mon journal expliquant que si l’on démontrait que les actifs étaient bien de qualité AAA, la crise des PCAA se résorberait aussitôt d’elle-même.

Purdy Crawford a alors demandé à l’une des personnes qui l’accompagnaient de me répondre. Il s’agissait d’un jeune homme travaillant chez J P Morgan, une des grandes banques américaines à qui l’on avait demandé d’opérer la restructuration. Le type m’a alors répondu que l’on ne pouvait pas révéler cette information de peur que des concurrents profitent de la situation et rendent encore plus difficile, si ce n’est impossible, la restructuration. En somme, la même réponse que Timothy Geithner donnait la semaine dernière pour justifier la Réserve fédérale de New York de cacher de l’information relative au sauvetage de l’assureur américain AIG à l’automne 2008.

Catastrophe pour la Caisse de dépôt

La restructuration des PCAA n’a pas été complétée pour Noël 2007 comme l’espérait candidement Purdy Crawford. Il a fallu 15 mois de plus. On estime que les nouveaux titres émis pour de plus longues échéances ne valent pas aujourd’hui la moitié de ce que l’on disait que les PCAA valaient à l’époque. La Caisse de dépôt a perdu entre 5 et 7 milliards de dollars dans cette aventure, et Henri-Paul Rousseau a quitté la Caisse de dépôt emportant avec lui ses secrets. Quant à elle, la Banque Nationale et le Mouvement Desjardins ont perdu environ 2 milliards chacune. La grande majorité des compagnies québécoises, les sociétés gouvernementales et les organismes caritatifs ont perdu des centaines de millions.

En qui a trait à J P Morgan, on ne sait pas comment ils se sont débrouillés. Mais ils étaient les seuls à savoir ce qu’il y avait vraiment dans ces paniers d’actifs qui garantissaient les PCAA. Ils ont dû bien s’en tirer.

 

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Classé dans Actualité, économie, Jean Gagnon