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Rapport Bastarache : un jupon en guise de pansement

J’ai lutté de toutes mes forces pour ne pas écrire sur la remise du rapport (sur la commission en lien avec la nomination des juges) par Michel Bastarache. Parce que c’était écrit dans le ciel que ça ne donnerait pas grand-chose de plus que ce que la majorité imaginait. J’illustrerais cela comme suit : Bastarache, avec son jupon qui dépassait, a fabriqué un gros pansement pour Charest. Mais le problème, c’est que ce pansement n’est pas assez gros pour empêcher l’hémorragie…

En fait, c’est le début de l’article de Geneviève Lajoie (du Journal de Québec) qui m’a fait changer d’idée :

Reconnaissant que le processus de sélection et de nomination des juges au Québec est perméable aux influences de toutes sortes, le commissaire Michel Bastarache recommande un chambardement.

Ne voyez-vous pas l’absurdité là-dedans? Surtout quand on constate qu’il a lavé par son rapport son ami John James Charest. Le processus est perméable aux influences, mais celui qui devrait normalement être le plus influent, ou du moins un minimum, soit le Premier ministre, ne l’aurait pas été du tout? Et on se surprend du cynisme de la population!

Tout cela démontre bien les limites de la démocratie comme elle se passe actuellement. Jean Charest gaspille environ 5 millions des deniers publics pour laver sa réputation et en plus ça ne fonctionne pas, il est toujours aussi sale. Ce rapport est pour lui une raison de s’accrocher au pouvoir et cela lui donne en plus de la crédibilité, mais seulement dans son dialogue intérieur…

Il a beau se péter les bretelles, ça ne fera pas fléchir la pression des citoyens et de plus en plus de gens influents pour une large commission sur les liens corrompus entre certains politiciens au pouvoir et les compagnies (dans son sens le plus large) faisant affaire avec le gouvernement.

Cette commission, au-delà de ce qu’on peut lui trouver de positif, n’aura été qu’une bûche de plus pour nourrir ce feu.

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Un système gangréné, du pain et des jeux…

Quand les dignitaires romains offraient au peuple les spectacles de l’arène, ils faisaient étalage de leur puissance et de leur richesse. Ils s’assuraient aussi une certaine paix sociale, en maintenant la plèbe hors du jeu politique. Juvénal résuma ce que le peuple de Rome demandait à ses dirigeants en deux mots: Du pain et des jeux (Panem et circensens).

2000 ans plus tard si le sanguinaire a laissé place au spectacle cette volonté de faire passer provisoirement un évènement sportif en premier plan de manière à occulter une certaine réalité reste la même. Les combattants de l’époque, ont laissé la place aux sportifs de haut niveau. Ballons ronds et maintenant ovales remplacent glaives et tridents

Offrir au peuple des divertissements fait toujours parti de la vie publique, la notion de propagande reste la même[…]

Du pain et des jeux

Comme en parlait notre collègue Pierre JC Allard dans son billet «Les hommes de confiance», le monde ordinaire souffre de ne plus faire confiance à personne. Je dirais même plus, le monde ordinaire se sent trahis par tout le système et ses représentants. Il n’y a plus de modèles, seulement des exemples d’échecsToute notre démocratie apparait comme un leurre, une entreprise de manipulation médiatique et de corruption pour garantir, sous couvert de choix vides de sens,  la pérennité de la dictature d’une certaine élite cooptée qui exploite tous ceux qui n’en sont pas.

Nous sommes entrés dans l’ère de l’éthique il y a quelque temps, ayant pour résultat de faire prendre conscience à la masse que la corruption a été érigée en système et que les repères du passé n’existent plus. C’est le moment de vérité. Nous sommes entourés de scandales. Il n’y a qu’à regarder ce qui tient les Québécois occupés de ces temps-ci: l’affaire Bastarache,  les gaz schistes, le refus de John James Charest d’ouvrir des enquêtes indépendantes publiques pour faire la lumière sur les contrats mafieux de la construction et sur les pertes faramineuses de la Caisse de dépôts et de placement.

La grogne et la frustration sont à leur paroxysme dans la population. Pour s’assurer une paix sociale et éviter la révolte générale, la classe dirigeante doit fournir du pain et des jeux, comme à l’époque de Rome. On n’a certainement pas réinventé la roue, ni les principes de la propagande. Le sport professionnel et le divertissement constituent la soupape de sécurité pour éviter que la population explose de rage.

Divertissement: 2. Au fig., littér. Élément qui détourne des choses sérieuses. Synon. mod. diversion. Spéc. [P. réf. à la conception pascalienne du divertissement] Occupation, ensemble de données qui détourne l’Homme de l’essentiel et l’éloigne des problèmes propres à sa condition. (Source)

À voir ce dont les médias et les Québécois parlent présentement, il semble qu’une des grandes préoccupations de l’heure ne soit pas la politique et la gangrène qui désagrège rapidement le Système, mais bien le sort des Canadiens de Montréal et de Carey Price! On dirait qu’une bonne frange de la population opère tranquillement un transfert psychologique de leur malaise vers le sport en en faisant une question démesurément importante. Les gens ont besoin de trouver des héros pour combler leur sentiment (injustifié) d’impuissance. Le peuple cherche une soupape pour relâcher un peu de frustration sous pression, mais comble du malheur, ils sont même privés de leur pain et leurs jeux.

Les héros n’existent plus au niveau politique ni judiciaire. Alors on se tourne vers le sport professionnel. Et comme le hockey est la religion du Québec, c’est de là que plusieurs cherchent le sauveur qui incarne ce qui reste des valeurs que le peuple chérit. Jaroslav Halak avait transporté les foules lors de la dernière série de la Coupe Stanley, incarnant le succès face à l’adversité. Le nouveau héros était trouvé. Mais dans la froideur d’un geste incompréhensible de l’organisation des Canadiens qu’on justifie comme étant un choix d’affaire dû au plafond salarial de la LNH, Halak fut échangé, venant ainsi frustrer une grande quantité de fans de hockey. Une grande indélicatesse de la part des dirigeants des Canadiens qui semblent souvent oublier que bien qu’ils sont les propriétaires du club de hockey, c’est les gens qui leur permettent de vivre. Encore une fois, on fait fi de la volonté du peuple. La soupape ne fonctionne plus et on s’en prend à Carey Price, le pauvre! La grande maladresse des Canadiens a été de ne pas reconnaitre qu’on ne peut pas ne pas tenir compte de ce que les gens ont dans le coeur. C’est le même problème avec la classe dirigeante au Québec qui ignore complètement ceux qui détiennent le pouvoir, mais qui l’ont oublié: le Peuple.

Ce n’est pas dans mes habitudes de parler de sport, mais je pense réellement qu’il y a beaucoup plus dans l’air qu’un simple mécontentement des partisans et de la population face à un gardien de but. Il n’est plus possible de se détourner des choses sérieuses et essentielles! Si seulement on pouvait canaliser cette énergie pour effectuer un grand ménage au Québec, mettre au chômage tous les politiciens véreux et corrompus, remettre à leur place le secteur privé et financier qui a opéré un coup d’État silencieux et contrôle la nation québécoise. Au lieu de chercher des héros dans le monde du sport, il serait opportun de remettre nos valeurs en place, de retrouver le sens de la vie et de réaliser que les héros, c’est tous et chacun. Le pouvoir, c’est le Peuple. Si on ne le représente plus, si on le trompe, le trahis, le vole et le ridiculise, et bien que ce peuple se défende. Que notre rage soit dirigée vers l’essentiel, l’important et que le sport redevienne une joie momentanée de se réjouir ensemble lorsque tout ira mieux dans notre nation québécoise.

François Marginean

Image Flickr par Guillaume Boisseau

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Classé dans Actualité, François Marginean

Les hommes de confiance

Je vois évoluer l’affaire Bastarache et tout ça me met un goût de cendre à la bouche.  La situation me rappelle une époque post-référendaire où l’on se demandait  « à quoi bon » ?  On était alors déçu de nous, maintenant, nous sommes déçus d’EUX .. C’est peut-etre moins grave,  mais ce n’est pas la fête pour autant.   EUX ?   Tous ceux à qui l’on faisait confiance… Le Québec n’a pas seulement été appauvri et exploité par la corruption. il a surtout été trahi.

Presque tout le monde connaît Dante et sa fameuse vision de l’enfer. C’est en son « honneur » qu’on qualifie de « visions dantesques » les grandes fresques du cinéma de l’horreur, du type « Apocalypse Now » ou « Débarquement en Normandie ». Ce qui ne veut pas dire que l’on a tous lu la Divine Comédie, ou qu’on s’en souvienne.

Tenez, par exemple, savez vous quel groupe de pécheurs Dante a jugé les plus ignobles de tous et a mis dans son dernier « cercle », au plus profond des enfers, dans les bras de Satan, si on peut dire? Les meurtriers?, les violeurs d’enfants?… Non. Pour Dante et son époque, l’être le plus infâme était celui qui, « feignant l’amitié et ayant obtenu avec malice la confiance d’autrui, lui était félon et usait de cette confiance pour le mener à sa perte ». Le modèle « Judas », quoi.

Aujourd’hui, il semble que les temps ont changé. Traîtrise, félonie…? Mais non, voyons! Disons plutôt: « astuce », « sens des affaires », « ré-alignement », « mise à jour »… Heureusement que les temps ont changé, sinon Satan en aurait plein les bras…! Mais les gens, eux, ont-ils vraiment changé leurs valeurs? Pas sûr, parce que, vous n’avez peut-être pas remarqué, mais les groupes professionnels qui ont plongé au niveau le plus bas des sondages d’opinions ont tous quelque chose en commun: ce sont ceux à qui, traditionnellement, la population faisait confiance.

Ce n’est pas des « capitalistes » ou des « banquiers » dont la population à la plus piètre opinion. Même s’il est évident que c’est bien par eux que le plus clair du mal arrive, le monde ordinaire ne le prend pas « personnel », selon l’expression courante, quand les riches et les forts le dépossèdent, car il en a toujours été ainsi. Les plus mal-aimés, ce sont ceux qui ont feint d’être ses amis et l’ont mené à sa perte: les politiciens, les avocats, les leaders syndicaux, les journalistes…

Ce qui met le monde ordinaire sérieusement en rogne, c’est quand il s’aperçoit que le journaliste qui devrait lui dire la vérité ne lui dit que ce qui fait bien l’affaire du système. C’est quand il voit que les défenseurs de la classe ouvrière ne défendent que leurs cotisants et se recyclent en investisseurs. Quand il comprend qu’il vaut souvent mieux ne plus même parler à un avocat que de risquer une facture dont le montant pourra dépasser la valeur des droits en litige. Quand il doit se résigner à choisir ses gouvernants parmi des candidats interchangeables, qui ont tous pour programme de défendre le système tel qu’il est et de voir à ce que les choses ne changent pas.

Le monde ordinaire souffre de ne plus faire confiance à personne. Et politiciens, avocats, leaders syndicaux et journalistes ne sont que les quatre Rossinantes vedettes de la parade des félonies. Le monde ordinaire, de mémoire d’homme, a vu ses curés défroquer… et accusés en masse de molester les enfants, ses médecins faire la grève… et mis en demeure de ne pas faire des heures supplémentaires, ses enseignants se réfugier dans une convention collective… et astreints à dire des insignifiances devant trop d’enfants pour qu’ils puissent même se souvenir de leurs noms.

On a vu nos militaires commettre des atrocités et des bassesses en Somalie, nos policiers coupables d’agression et de corruption, nos fonctionnaires s’acharner à NE PAS faire justice, quand ils refusent d’obtempérer à des jugements de cours ordonnant que soient dédommagées les victimes de la mauvaise foi et du crétinisme administratif. On a vu un premier ministre en accusation, des sénateurs en prison, des juges démis pour des écarts de langage… ou blamés pour avoir pris le parti des enfants.

Tous ceux qui d’office servaient de balises à la société et de confidents à la population ont soit trahi massivement la confiance qu’on mettait en eux, soit été eux-même calomniés au point de ne plus offrir un refuge tranquille. Et quand Monsieur ou Madame tout-le-monde va se blottir auprès de son ou sa conjoint(e), il doit encore prendre garde d’oublier que la majorité des mariages finissent en divorces et que le partage obligé du patrimoine est une embuscade qui se prépare de longue main…

Maintenant, c’est le pouvoir judiciaire qui est compromis à son tour et il ne reste plus rien. Inutile de regarder au-delà des frontières.  Aux USA, la gouvernance d’Obama a été une terrible déception et ce qui pourrait suivre semble encore pire. En France,  tout un jeu se déroule dont on ne voit rien de bon sortir qu’un appauvrissement croissant et un refus de vivre ensemble.  Il n’y a plus de modèles, seulement des exemples d’échecs. Sauf  la Chine, mais pouvons-nous nous penser Chinois ?

Toute notre démocratie apparait comme un leurre, une entreprise de manipulation médiatique et de corruption pour garantir, sous couvert de choix vides de sens,  la pérennité de la dictature d’une certaine élite cooptée qui exploite tous ceux qui n’en sont pas. On se plaint – et moi le premier – de l’apathie de la population face à son sort, à son évolution sociale, à ses choix politiques… Mais vers qui la population pourrait-elle se tourner? Où sont les hommes de confiance? A quel saint se vouer ?

On rêverait qu’une cohorte d’Abbés Pierre, une légion de Don Quichotte, une armée de gens de bonne volonté, compétents, dignes de confiance et faisant voeu d’altruisme apparaisse à l’horizon en justiciers  comme des moines soldats ou des Croisés de l’an 2000…  Mais jusqu’à maintenant, je ne vois rien venir. Je vois seulement chaque jour apporter sa fournée de têtes qui mériteraient d’être coupées.

Je regarde tous les jours. Regardez bien aussi. Si vous voyez quelque chose ou quelqu’un dites le bien haut. Ce serait une bien bonne nouvelle.

Pierre JC Allard

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Gaz de schiste : Charest se bouche le nez

Alors que l’orgie juridique nommée Bastarache nous arrache du temps précieux, son instigateur opportuniste, John James « Jean » Charest, lève le nez sur la peur citoyenne de se voir tout bonnement empesté par les gaz de schiste. Donc, en bon capitaine (pirate…), « Charest maintient le cap sur l’exploitation des gaz de schiste » alors qu’il est dans plusieurs tempêtes jusqu’au cou!

Soit il est bien conscient d’échafauder son propre suicide politique, soit il veut en faire passer le plus possible pour ses copains (dans le sens de « copinage ») alors qu’il a la majorité avant de se faire abattre (politiquement, bien sûr). En réalité, il y a de fortes chances que ce soit tout ça. Mais il pourra bien faire ce qu’il veut jusqu’aux prochaines élections, ça ne fera pas de son électorat gagné d’avance des infidèles… Pour le reste de l’électorat, la mémoire est souvent trop courte!

Mais pour revenir à proprement parler aux gaz de schiste, le pire, c’est que de mon côté il n’y a aucun préjugé défavorable envers l’exploitation de cette ressource naturelle, si bien sûr on réussit à me prouver qu’elle ne va pas foutre un bordel monstre dans les environnements autant sociaux que naturels. C’est la position de beaucoup de gens, je crois, et non celle de simplement décrier le capitalisme par esprit de contradiction, comme certaines personnes de la droite aiment bien l’inventer pour mieux le crier. Il doit bien y en avoir une poignée de ces gens qui pensent de la sorte, et c’est bien pratique de gonfler le tout pour le spectacle.

Oui, dans un monde idéal je préférerais qu’on laisse dormir là ces gaz pour développer au lieu des énergies alternatives, mais nous ne sommes pas dans un monde idéal… Dans notre monde, les gens qui aurait le pouvoir de changer le paradigme énergétique se concentrent seulement à marcher comme des tortues, leurs lourdes carapaces étant le profit à court terme, c’est bien évident. Cette lenteur est par dépit ce qui nous tient lieu de dynamique et la vitesse des besoins économiques pour la masse n’a pas tellement les moyens de se doter de freins. Il n’y a donc que les citoyens qui sont concernés de près pour avoir ce poids. Et Jean n’a pas l’air de le sentir… il est déjà à plat ventre malgré son air enflé d’arrogance.

Il se meut encore, mais c’est sous la forme d’un reptile.

(Photo : celesterc)

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