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La pollution visuelle et mentale des pancartes électorales

 

En 2008, lors de la campagne électorale fédérale qui a mené Stephen Harper au pouvoir, j’ai fait à ma façon et à mon humble niveau la promotion de l’absence de pancartes électorales dans les rues. Comme je l’écrivais autrement, ces pancartes sont une grosse nuisance à l’esthétisme de l’environnement urbain et rural, en plus d’être un gaspillage de ressources. Ça ne s’arrêtait pas là :

Et question marketing, je me disais qu’un parti qui aurait eu le courage de me pas embarquer dans cette pollution visuelle aurait pu utiliser cet argent pour faire un beau coup de pub. Imaginez combien l’absence de pancarte d’un parti politique dans le paysage aurait eu d’impact si une pub avait réussi à lier fortement cette absence et ce parti.

Ce parti se serait retrouvé nulle part et partout à la fois.

Sans faire de lien de causalité, il s’est avéré qu’en 2009 Union Montréal et Vision Montréal ont décidé de ne pas s’afficher dans la ville pendant la campagne électorale municipale. On arguait que la raison principale était les coûts énormes de ce genre de campagne publicitaire. Question de mononcliser, dans mon livre à moi, c’est une autre bonne raison d’abandonner cette pratique.

Malgré cet exemple, il semble que tous les partis fédéraux vont placarder nos horizons de leurs slogans et autres sourires en plastique quand même. À notre grand dam. Alors, j’aimerais trouver une autre bonne raison de plus pour que l’avenir nous réserve un ciel plus monochrome…

Parce qu’il faut se le dire franchement, les pancartes électorales titillent tout sauf l’intelligence des gens. Elles ont peu à voir avec l’essence même de la démocratie représentative. On y présente les couleurs des partis, des slogans (l’antithèse du développement d’une idée) ainsi que des gueules figées dans le sens du plan de marketing choisi (même si la plupart du temps c’est d’un sourire plus ou moins réussi dont il s’agit). En gros, nous sommes dans le royaume des apparences, de la représentation. Ce qui est juste bon pour voter pour les mauvaises raisons.

Donc, voilà, j’accuse les pancartes électorales d’encourager la paresse intellectuelle auprès de ceux qui sont paresseux de nature. Pour qui va voter pour un candidat surtout parce qu’il a un air rassurant, nonobstant de ce qu’il prône réellement. Pour qui va voter pour cet autre parce qu’il le conforte dans ses préjugés physionomiques, avec tout ce qui vient avec : genre, origine. Sans oublier ceux qui n’iront pas voter en réaction de cette agression visuelle, quand c’est tout ce qu’ils peuvent retenir de la politique (contrairement à mes amis anarchistes abstentionnistes).

Dans ces conditions, la politique devrait se tenir aussi loin que possible de ces techniques publicitaires, qui sont par nature tapageuses, racoleuses, parfois même mensongères (et je ne me pencherai pas ici sur les messages publicitaires télé et radio). Puisqu’il n’est pas question de « vendre » quelque chose, mais bien de se choisir un moyen d’avancer. Et la meilleure façon de faire un choix de véhicule éclairé est sans conteste de faire fi des apparences et d’aller creuser, même si ça demande un effort. Qui achète une voiture en se basant seulement sur le design de la carrosserie?

Je pourrais continuer sur cette lancée en tentant de détruire aussi le traditionnel serrage de mains et même l’idée du porte-à-porte, mais bon, une chose à la fois…

(Photo : sashamd)

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Pourquoi se priver du privé?

Lors du Téléjournal, en début de semaine, en lien avec la situation des éducatrices sans statut, une de celles-là disait qu’elle songeait à faire le saut du côté du privé tellement la situation lui semblait hasardeuse. Je me suis dit : est-ce que justement c’est si hasardeux?

Avec la situation de la Santé au Québec qui dérape et qui donne l’impression de vouloir donner le beau jeu au privé pour apparaître en sauveur héroïque, il n’est pas trop tiré par les cheveux de croire que le chemin vers la privatisation des services à la population se dessine en parallèle de la démocratie.

Ce n’est pas que je considère que le débat pour ou contre le privé ne devrait pas avoir lieu, mais plutôt qu’il devrait avoir lieu officiellement, et d’une manière plus générale. Rappelons-nous que cette question n’a pas été un enjeu lors de la dernière campagne électorale provincinciale (du moins en surface) et que la loi 33, cette épée de Damoclès pavant la voie au privé en Santé, a été suspendue jusqu’au 30 septembre par le ministre Bolduc.

Comme Bernard Drainville, je crois que « Si le ministre veut effectivement attendre neuf mois avant d’appliquer le règlement, bien, pourquoi est-ce qu’il ne l’élimine pas tout simplement afin qu’on puisse avoir un débat sur la place du privé dans le domaine de la santé? Profitons de ces neuf mois pour discuter justement de l’encadrement qui devrait être mis en place pour s’assurer qu’il n’y ait pas de dérapage en ce qui a trait au rôle du privé dans le domaine de la santé. Profitons des neuf mois à venir pour discuter du cadre, pour discuter des balises qui vont nous permettre de faire en sorte que le privé, dans le domaine de la santé, ait un rôle qui soit limité et bien contenu. »

Et quand on sait que l’ancien ministre de la Santé Philippe Couillard fera l’objet d’une enquête par le commissaire au lobbyisme, il n’est pas exagéré de croire que le dossier du privé se joue plus en coulisse qu’au grand jour sous le gouvernement libéral.

Sur ce, je vous laisse avec une caricature de mon cru.

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

L’occasion ratée

Jusqu’à la dernière minute, mardi soir dernier, je me suis demandé si j’allais le regarder ou non, le débat des chefs. Puis je me suis dit «pourquoi pas»? Qu’avais-je à y gagner? Rien. Je savais, et je sais toujours pour qui je vais voter. Qu’avais-je à y gagner? Rien non plus, mais au moins je les aurais entendus, ceux pour qui je ne vais pas voter. Je ne regrette pas. D’autant plus qu’en prime, j’ai pu les voir rater la réponse à LA question de la campagne.

Un peu partout autour de moi, le lendemain, amis et collègues se plaignaient de l’allure «foire d’empoigne» du débat. C’est un style que je ne déteste pas, mais je comprends que ça rend difficile, pour plusieurs, de suivre le fil des échanges.

Au fond, ce n’était pas tant le débat lui-même qui comptait que son impact sur l’intérêt envers la campagne électorale. De ce côté, si je me fie aux réactions dans les blogues de la Capitale, cet intérêt est demeuré au beau fixe. C’est-à-dire pas très élevé.

Je crois bien que cette campagne électorale va passer à l’histoire : jamais n’aura-t-on vu un tel désintérêt envers la «chose politique». Est-ce uniquement parce que les Québécois ont la tête ailleurs et que le petit tour de passe-passe du parti libéral les laisse plutôt indifférents? Après tout, moins il aura d’électeurs le 8 décembre, plus le parti au pouvoir a des chances de récolter les comtés.

Peut-être bine, après tous, que ce n’est pas de l’indifférence.

C’est au moment où les trois chefs ont répondu à LA question, celle sur ce qu’ils ont à nous offrir comme projet de société, que j’ai réalisé à quel point le problème pourrait bien venir d’eux et d’elle.

Aucun n’a su se démarquer en proposant un projet de société emballant. Les trois nous ont plutôt montré qu’ils veulent tout juste être de bons intendants. En attendant Godo.

Pourtant, il y en avait un beau projet de société à nous offrir, un qui ne demande qu’à être lancé par le parti politique qui aura enfin compris l’ampleur du défi qui nous attend pour les vingt ou trente prochaines années : réussir le passage d’un société de gaspillage à une société de conservation (certains parlent de durable, mais pour ma part je préfère mettre l’accent sur l’état d’esprit qui doit nous habiter que sur le résultat d’un tel état d’esprit).

À l’aube d’une récession qui pourrait se prolonger pour devenir dépression, l’expression «Green New Deal» image bien un tel projet de société.

Qu’attendons-nous ici pour l’entreprendre, ce grand chantier de rénovation dont l’éducation – la réponse venue spontanément à Mario Dumont et reprise à la volée par Pauline Marois – est une composante clé.

Changer les mentalités, changer les habitudes, changer les comportements, changer les manières de faire, bref, changer en profondeur le Québec. Ça, ça serait emballant comme projet de société! Pas nous ressortir la vieille rengaine de la «croissance économique» avec un slogan du style Go North Young Quebecers.

Mais peut-être avez-vous un autre projet tout aussi emballant en tête? On pourrait comparer, juger, choisir. Ça manque vraiment dans cette grisâtre campagne électorale.

PS.: je ne voterai pas Vert. Ce n’est pas bien sorcier pour vous de deviner à quel parti ira mon vote. Je vous expliquerai pourquoi.

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Personnes toxicomanes: pas rentable pour une campagne électorale

Raymond Viger

Dossier Alcool et drogue.

Scandalisé, choqué et outré. Voilà un bref résumé des émotions qui m’envahissent en écoutant la position du ministre de la Santé du Québec, Yves Bolduc dans le dossier des centres d’injections supervisées.

659428_42488329 J’ai visité le 5 juillet dernier le seul site d’injection supervisé en Amérique du Nord, l’Insite de Vancouver. J’ai écrit un billet en attendant que mon reportage soit publié dans le magazine d’information et de sensibilisation, Reflet de Société.

Mon reportage est amplement en faveur de la création d’un site d’injections supervisées. Les personnes toxicomanes y trouvent leur compte. Sur place nous y retrouvons des soins infirmiers, soins psychologiques, hébergement d’urgence, centre de thérapie… La population aussi en ayant moins de seringues qui traînent dans le quartier, moins de frais d’hospitalisation pour le traitement aux personnes toxicomanes, moins d’automobiles qui frappent des personnes toxicomanes qui ont perdu le nord parce qu’ils vivent leur high dans le site d’injection supervisé…

Quand le ministre de la Santé fédérale a été devant la justice pour tenter de fermer l’Insite de Vancouver, la justice a été formelle. Pas question de fermer le centre d’injections supervisées, c’est un service essentiel. Même si les organismes communautaires, la police municipale, la municipalité et le gouvernement de la Colombie-Britannique ont fait front commun pour défendre le dossier, seul le gouvernement conservateur de Stephen Harper et la GRC étaient contre la continuité du site d’injections supervisées.

Pour une fois que le communautaire, la police, le municipal et le provincial font concensus dans une intervention sociale, de quoi se mêle le gouvernement fédéral?

Et pour revenir au ministre de la Santé du Québec Yves Bolduc, je ne peux pas comprendre pourquoi le Ministre de la Santé retarde un tel dossier qui était prévu être annoncé cet automne. Un dossier qui n’est peut-être pas rentable en période d’élections? À moins que notre nouveau ministre de la Santé soit intimidé par le gouvernement Harper qui veut aller en appel pour fermer le site d’injections supervisées de Vancouver?

Reportage sur le quartier chaud de Vancouver Downtown Eastside

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Nathalie Elgrably a raison

Profitez-en, car vous ne me verrez pas souvent donner raison à Nathalie Elgrably. Je dois avouer que sa chronique du 13 novembre dans le Journal de Québec (ou de Montréal si vous y habitez) tombait en plein dans le mille. Enfin presque.

Madame Elgrably reprend une à une des promesses faites par les chefs des trois partis politiques et trouve qu’elles insultent l’intelligence des électeurs. Je n’ai pas analysé ces promesses du point de vue de leur impact sur le budget et l’économie du Québec, j’en serais bien incapable. Je m’abstiendrai donc de réagir à son analyse. J’aimerais bien que des économistes ne partageant pas ses opinions économiques le fassent.

Vous avez bien lu : opinions économiques. Depuis le temps que l’on tente de me convaincre que les économistes possèdent la vérité innée, j’ai beau avoir été nul en économie dans mes études, je demeure profondément sceptique. Vous connaissez la blague : demandez à une salle remplie d’économistes de vous donner un avis, vous en aurez un de plus après que le dernier vous aura donné la sienne parce que le premier aura complètement changé d’idée.

Sur quoi donc madame Elgrably a-t-elle raison ? Sur son appréciation de ce que pensent de nous les politiciens. Ils nous prennent tellement pour des imbéciles qu’ils mériteraient qu’on les renvoie à la même situation politique qu’avant les élections.

Peut-être même est-ce ce qu’il va se produire d’ailleurs.

Car madame Elgrably n’a pas que raison. Elle a tort aussi. Au tout début de sa chronique, elle écrit «Les Québécois ont pardonné à Jean Charest d’avoir déclenché des élections par opportunisme politique ». La seconde partie de sa phrase est tout à fait correcte, c’est la première partie qui pose problème.

Les Québécois ont-ils vraiment pardonné à Jean Charest d’avoir déclenché des élections? Permettez-moi d’en douter. Tout ce que je lis et entends va exactement dans le sens contraire. Il n’y a pas eu pardon, et je doute fort qu’il y en ait.

Le sentiment qui anime les électeurs du Québec n’est certes pas de la colère, mais cela est pire : de l’irritation. Au moins, la colère les ferait sortir en masse le 8 décembre prochain pour la manifester dans les urnes.

L’irritation aura un effet malheureusement contraire : le taux de participation va passer à l’histoire comme le plus bas de mémoire de Québécois.

Comprenons-nous bien, il faut aller voter même si cela nous irrite profondément. Je ne raterais pour rien au monde ce geste citoyen qui est bafoué dans tant de pays ailleurs dans le monde. La mascarade à laquelle s’adonne en ce moment le parlement russe nous montre bien à quel point la démocratie est difficile à gagner et tellement facile à perdre si nous ne nous occupons pas de la défendre en refusant, justement, de donner raison à des politiciens aussi tordus que Jean Charest.

Prenez une grande respiration au moins une fois par jour d’ici-là, et allez voter le 8 décembre prochain.

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Web citoyen et élection du 8 décembre

Quelle sera la part du Web citoyen dans le déroulement de l’élection déclenchée cette semaine au Québec? La question se pose d’autant plus après la petite tempête qui a suivi l’éditorial de Marie-Andrée Chouinard intitulé «le poids du blogue». Madame Chouinard se demandait si le fait que le parti conservateur du Canada invite des blogueurs à son congrès de la mi-novembre ne risquait pas de mélanger deux genres (celui pratiqué de plus en plus mal par les journalistes et celui hautement subjectif des blogueurs). Le doigt venait, pour ainsi dire, d’être mis sur le bobo.

Au-delà des réactions engendrées par les propos de Marie-Andrée Chouinard qui ne percent guère le lectorat somme toute assez limité des blogues où elles ont été publiées (soit par des blogueurs, soit dans les commentaires), la question fondamentale demeure celle de la qualité de l’information dont les citoyens devraient disposer pour se faire une opinion avant d’aller voter le 8 décembre. En quoi le Web peut-il ou non contribuer au rehaussement de cette qualité?

Marie-Andrée Chouinard a bien compris à quel point les blogues font désormais partie de la donne politique (davantage au Canada anglais d’ailleurs qu’au Québec): «impossible désormais de faire abstraction de l’abondance d’information qui circule sur la blogosphère, ni même de nier la popularité de ce médium» a-t-elle écrit dans son éditorial.

Mais encore.

Les blogues – nous en témoignons ici après tout – sont devenus des points de convergence pour plusieurs. Sont-ils pour autant devenus des points de référence? Avons-nous ici, comme chez nos voisins états-uniens ou chez nos cousins français par exemple, des blogueurs qui ont une influence assez grande pour changer l’opinion publique?

Mardi soir passé, j’ai suivi la soirée électorale américaine sur le site de CNN qui offrait une diffusion vidéo en continu. À un moment de la soirée, alors que Barack Obama avait été proclamé élu, des blogueurs sans affiliation médiatique (la précision est importante) ont été appelés à commenter en direct les résultats du vote.

Quel blogueur d’ici sera appelé par un réseau (LCN, RDI) le 8 décembre au soir?

N’empêche que les blogues sont l’emblème par excellence d’un phénomène sans précédent qui va forcément aller en s’amplifiant dans les années à venir: de plus en plus de citoyens vont avoir non seulement les moyens d’intervenir directement sur la place publique sans passer par les médias traditionnels, mais aussi un niveau d’attention publique que seuls les médias peuvent générer en ce moment. En cela le Québec ne fera que suivre la voie tracée ailleurs.

C’est encourageant, mais selon moi ce n’est pas suffisant pour qu’enfin les citoyens inversent les rôles politiques. Il nous faut passer à une nouvelle dimension médiatique, dans laquelle le mot citoyen puisse prendre son véritable sens.

Imagineons, par exemple, des agoras virtuelles où les idées et les propositions mises de l’avant par les partis politiques sont examinées à leur mérite par des citoyens en mesure d’éclairer le débat parce qu’ils sont des spécialistes dans tel ou tel domaine.

«Vendons une partie d’Hydro-Québec», lance l’ADQ. Aussitôt, sur une telle agora virtuelle, la proposition fait l’objet d’un échange où des économistes de diverses tendances, mais aussi des citoyens non-économistes, en mesure de comprendre les enjeux et de confronter ces tendances, donnent leurs points de vue.

Mettons-nous à rêver encore davantage: pourquoi de telles agoras virtuelless ne seraient-elles pas mises à la disposition des citoyens par l’Assemblée nationale du Québec en tant qu’institution totalement apolitique, mais soucieuse de permettre à tout citoyen qui le veut de participer aux débats d’idées auxquels devrait donner lieu une campagne électorale.

Peut-être aurions-nous le prétexte pour enfin développer un Internet citoyen accessible à tous parce que gratuit ou à un coût minime.

Il n’est pas interdit de rêver.

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Classé dans Actualité, Michel Monette

Il faut réinventer l’information en région

Plusieurs docteurs se penchent doctement sur l’état de la démocratie, après la faible participation aux élections fédérales du 14 octobre. Or, un rapport que vient tout juste de publier le Conseil de presse sur l’information régionale pourrait bien fournir une part de l’explication du décrochage électoral. «Les entreprises de presse et les journalistes doivent réfléchir sur leurs pratiques professionnelles et repenser l’information qu’ils offrent au public», écrit d’entrée de jeu le CPQ dans le communiqué annonçant la publication de ce rapport.

C’est à la suite d’une tournée de cinq mois dans 17 régions du Québec, au cours de laquelle il a rencontré plus de 200 organismes socioéconomiques et 250 citoyens, que le CPQ fait ce constat. Que réclame tout ce beau monde: à la fois plus d’information sur les enjeux de leur région et une nouvelle façon de concevoir la nouvelle.

Tiens donc. Les «consommateurs» d’information réfléchissent et osent même dire ce qui ne va pas!

Le reproche fait aux médias commerciaux régionaux est la piètre qualité de l’information qu’ils véhiculent. Soyons plus précis: sensationnalisme, préséance à couvrir des événements-chocs, spectaculaires et négatifs (au détriment de nouvelles d’intérêt public et constructives), manque d’équilibre et de mise en contexte, uniformisation du contenu, absence de suivi, contenu simpliste et superficiel.

Qui peut nommer un enjeu de sa région qui a été couvert par les médias au cours de la dernière campagne électorale? Non, amis de la Beauce, les déboires de Maxime avec Julie Couillard ne sont pas un enjeu régional.

Ceux qui se sont présentés aux audiences du CPQ sont venus se plaindre du fait que plusieurs secteurs sont carrément négligés par les médias régionaux. Trop souvent, seule l’information nationale est accessible, et elle est à des années lumières des préoccupations de la population.

Pire, le manque de couverture médiatique régionale, tant factuelle qu’éditoriale, n’est même pas compensé par une présence des enjeux régionaux dans les médias nationaux.

L’exception à cette critique acerbe des médias régionaux concerne les hebdos. Ceux-ci font un effort apprécié pour offrir une couverture locale. Le dévouement des journalistes œuvrant pour ces médias a même été souligné par plusieurs citoyens.

En revanche, le ratio trop élevé de publicité dans ces mêmes hebdos irrite, de même que la trop grande proximité entre les journalistes et les acteurs locaux, susceptibles d’engendrer des conflits d’intérêt selon la bonne vieille maxime voulant que l’on ne morde pas la main qui nous nourrit.

J’aurais aimé pouvoir consulter le document synthétisant les interventions faites à l’occasion de cette tournée régionale – « L’état de la situation médiatique au Québec : l’avis du public » – mais celui-ci n’est pas disponible au moment où j’écris ces lignes, malgré ce qu’annonce pourtant le communiqué du CPQ.

Soyons bon prince et reconnaissons que le CPQ dispose de bien peu de moyens. D’ailleurs, plusieurs ont souhaité que le CPQ soit renforcé, ainsi que son financement et son indépendance, par le biais d’une loi-cadre.

Faudra-t-il en venir là?

L’idée n’est pas à rejeter, d’autant plus que celle d’obliger les électeurs à se rendre dans les bureaux de vote le jour du scrutin ne règlerait pas le problème fondamental de l’incapacité qu’ont plusieurs à faire un choix éclairé, faute justement d’information en lien avec leurs préoccupations.

En tout cas, l’information régionale a besoin d’un sérieux coup de barre, mais pour cela les médias devront changer en profondeur.

Des idées?

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Stephen Harper déclenche les élections au Canada

Stephen Harper déclenche les élections au Canada

Raymond Viger Dossier Politique

politique stephen harper Ce n’est pas fait encore. C’est comme si. Prévu pour dimanche. Pour qui vais-je voter pour me représenter au fédéral?

Y a-t-il un parti Rhinocéros ou tout autre parti politique loufoque qui pourrait m’attirer? Parce que j’ai décroché de la politique conventionnelle. Je ne crois plus au système en place.

Est-ce les balles de golf de Jean Chrétien qui me dérangent? Ou encore les lois fiscales adoptés par Paul Martin pour favoriser sa compagnie Canadian Steamship Line? Le Mont Orford que Jean Charest voulait vendre à ses amis? Philippe Couillard qui vote des lois avantageant son futur employeur du privé? Les 500 000$ en liquide que Brian Mulroney avait oublié dans un coffre de sécurité?…

Au-delà de ces quelques questions de principes, je n’aime pas le système électoral qui nous est proposé. On me demande de faire un vote pour la personne qui représentera mon comté, pour celle qui sera le Premier Ministre et pour le parti qui sera au pouvoir. Un seul vote, 3 significations! Incohérence totale.

De mettre un parti politique dans mes choix quand je veux faire élire la meilleure personne pour représenter mon comté, il y a déjà un conflit d’intérêt. Parce qu’un parti politique possède la plus grande arme anti-démocratique qui soit: la ligne de parti. En clair, cela veut dire pense comme nous te disons de penser. Vote comme on te dira de penser… Cela veut dire que la personne pour qui j’ai votée, si elle dissidente, elle se fera montrer la porte. Genre les événements de Thomas Mulcair. Est-ce que les députés ne sont que des « front », des pantins pour le Premier Ministre?

Je me souviens de Vincent Della Noce. Un garagiste qui avait créé dans les années  1980 une association pour tenter de contrer la main-mise des pétrpolitique stephen harperolières. Vincent Della Noce avait décidé d’aller en politique fédérale pour se faire entendre et représenter les garagistes indépendants. Il a été élu. On l’a assied dans le fond de la salle et on ne l’a plus jamais entendu parler. Belle démocratie!

Il y a d’autres modèles de démocratie plus démocratique. Je ne suis pas plus attiré par celui des Américains. Pendant une éternité et des millions de dollars plus tard, on voit des candidats faire leur promotion et la tournée de leur pays. C’est long et ça coûte cher. Très cher. Ceux qui finance ces interminables campagnes électorales, sont les grands lobbyings qui vont contrôler le pays par en arrière. Ils prennent des options sur le pouvoir en donnant de l’argent  à tous les candidats potentiels. Rien à voir avec la démocratie.

Prenons l’exemple d’un organisme communautaire. Il y a l’assemblée générale. Les membres sont tous présents et représentent le peuple. Ils font l’élection des administrateurs à partir de plusieurs champs d’intérêts: représentant des employés, des bénévoles, des membres utilisateurs… Ce sont les comtés. Il n’y a aucune ligne de parti. Chaque membre peut voter pour le meilleur représentant dans son comté. Chaque personne qui veut se faire élire, peut le faire, peut importe le budget qu’il a. Parce qu’il n’y a pas de grosses campagnes électorales. La seule question que nous avons à répondre est la suivante: qui est la meilleure personne pour nous représenter. Un point c’est tout. Aucune promesse électorale à faire. Aucune entrave à la liberté d’action future que nous avons besoin pour gérer adéquatement l’organisme.

Quand le conseil d’administration est élu, les administrateurs, entre-eux, décident qui sera le meilleur président (le Premier ministre), vice-président, trésorier et secrétaire (les ministres). On appelle cela la gestion démocratique d’un organisme communautaire.

Si on reprend ce modèle pour un pays. Le peuple fait l’élection de la meilleure personne pour représenter son comté. Ces gens ne sont affiliés à aucun parti politique. Il n’y a aucun chef de parti. Après leurs élections, les 295 meilleures personnes de comté se retrouvent ensemble pour décider qui, parmi ces 295 meilleures personnes de comté, serait la meilleure personne pour être leur Premier ministre, et qui seraient les meilleures personnes pour être ministre. Le Premier ministre n’a pas de pouvoir sur les députés. Les députés peuvent voter en fonction de leur convictions profondes.

Un tel système n’est peut-être pas parfait. Mais serait-il moins imparfait que celui que nous avons présentement? Mais comme a déjà dit quelqu’un… « I had a dream ».

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