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Un système gangréné, du pain et des jeux…

Quand les dignitaires romains offraient au peuple les spectacles de l’arène, ils faisaient étalage de leur puissance et de leur richesse. Ils s’assuraient aussi une certaine paix sociale, en maintenant la plèbe hors du jeu politique. Juvénal résuma ce que le peuple de Rome demandait à ses dirigeants en deux mots: Du pain et des jeux (Panem et circensens).

2000 ans plus tard si le sanguinaire a laissé place au spectacle cette volonté de faire passer provisoirement un évènement sportif en premier plan de manière à occulter une certaine réalité reste la même. Les combattants de l’époque, ont laissé la place aux sportifs de haut niveau. Ballons ronds et maintenant ovales remplacent glaives et tridents

Offrir au peuple des divertissements fait toujours parti de la vie publique, la notion de propagande reste la même[…]

Du pain et des jeux

Comme en parlait notre collègue Pierre JC Allard dans son billet «Les hommes de confiance», le monde ordinaire souffre de ne plus faire confiance à personne. Je dirais même plus, le monde ordinaire se sent trahis par tout le système et ses représentants. Il n’y a plus de modèles, seulement des exemples d’échecsToute notre démocratie apparait comme un leurre, une entreprise de manipulation médiatique et de corruption pour garantir, sous couvert de choix vides de sens,  la pérennité de la dictature d’une certaine élite cooptée qui exploite tous ceux qui n’en sont pas.

Nous sommes entrés dans l’ère de l’éthique il y a quelque temps, ayant pour résultat de faire prendre conscience à la masse que la corruption a été érigée en système et que les repères du passé n’existent plus. C’est le moment de vérité. Nous sommes entourés de scandales. Il n’y a qu’à regarder ce qui tient les Québécois occupés de ces temps-ci: l’affaire Bastarache,  les gaz schistes, le refus de John James Charest d’ouvrir des enquêtes indépendantes publiques pour faire la lumière sur les contrats mafieux de la construction et sur les pertes faramineuses de la Caisse de dépôts et de placement.

La grogne et la frustration sont à leur paroxysme dans la population. Pour s’assurer une paix sociale et éviter la révolte générale, la classe dirigeante doit fournir du pain et des jeux, comme à l’époque de Rome. On n’a certainement pas réinventé la roue, ni les principes de la propagande. Le sport professionnel et le divertissement constituent la soupape de sécurité pour éviter que la population explose de rage.

Divertissement: 2. Au fig., littér. Élément qui détourne des choses sérieuses. Synon. mod. diversion. Spéc. [P. réf. à la conception pascalienne du divertissement] Occupation, ensemble de données qui détourne l’Homme de l’essentiel et l’éloigne des problèmes propres à sa condition. (Source)

À voir ce dont les médias et les Québécois parlent présentement, il semble qu’une des grandes préoccupations de l’heure ne soit pas la politique et la gangrène qui désagrège rapidement le Système, mais bien le sort des Canadiens de Montréal et de Carey Price! On dirait qu’une bonne frange de la population opère tranquillement un transfert psychologique de leur malaise vers le sport en en faisant une question démesurément importante. Les gens ont besoin de trouver des héros pour combler leur sentiment (injustifié) d’impuissance. Le peuple cherche une soupape pour relâcher un peu de frustration sous pression, mais comble du malheur, ils sont même privés de leur pain et leurs jeux.

Les héros n’existent plus au niveau politique ni judiciaire. Alors on se tourne vers le sport professionnel. Et comme le hockey est la religion du Québec, c’est de là que plusieurs cherchent le sauveur qui incarne ce qui reste des valeurs que le peuple chérit. Jaroslav Halak avait transporté les foules lors de la dernière série de la Coupe Stanley, incarnant le succès face à l’adversité. Le nouveau héros était trouvé. Mais dans la froideur d’un geste incompréhensible de l’organisation des Canadiens qu’on justifie comme étant un choix d’affaire dû au plafond salarial de la LNH, Halak fut échangé, venant ainsi frustrer une grande quantité de fans de hockey. Une grande indélicatesse de la part des dirigeants des Canadiens qui semblent souvent oublier que bien qu’ils sont les propriétaires du club de hockey, c’est les gens qui leur permettent de vivre. Encore une fois, on fait fi de la volonté du peuple. La soupape ne fonctionne plus et on s’en prend à Carey Price, le pauvre! La grande maladresse des Canadiens a été de ne pas reconnaitre qu’on ne peut pas ne pas tenir compte de ce que les gens ont dans le coeur. C’est le même problème avec la classe dirigeante au Québec qui ignore complètement ceux qui détiennent le pouvoir, mais qui l’ont oublié: le Peuple.

Ce n’est pas dans mes habitudes de parler de sport, mais je pense réellement qu’il y a beaucoup plus dans l’air qu’un simple mécontentement des partisans et de la population face à un gardien de but. Il n’est plus possible de se détourner des choses sérieuses et essentielles! Si seulement on pouvait canaliser cette énergie pour effectuer un grand ménage au Québec, mettre au chômage tous les politiciens véreux et corrompus, remettre à leur place le secteur privé et financier qui a opéré un coup d’État silencieux et contrôle la nation québécoise. Au lieu de chercher des héros dans le monde du sport, il serait opportun de remettre nos valeurs en place, de retrouver le sens de la vie et de réaliser que les héros, c’est tous et chacun. Le pouvoir, c’est le Peuple. Si on ne le représente plus, si on le trompe, le trahis, le vole et le ridiculise, et bien que ce peuple se défende. Que notre rage soit dirigée vers l’essentiel, l’important et que le sport redevienne une joie momentanée de se réjouir ensemble lorsque tout ira mieux dans notre nation québécoise.

François Marginean

Image Flickr par Guillaume Boisseau

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Bastarache : le nom d’une rupture

Qui aurait pensé que le Juge Bastarache passerait à l’Histoire ? Enfin, son nom, plutôt, mais qu’est-on dans l’Histoire sauf un nom !  Oświęcim serait une petite ville industrielle de Pologne sans histoires, si ce n’était  de la mauvaise réputation qu’elle traîne et qui en a fait plus qu’un détail de l’Histoire…

Important un nom. Dans un siècle, au Québec, on confondra peut-être les 2 ou 3 Johnson et même les 2 Bourassa – et qui sait, « les » Trudeau –  mais Bastarache est un nom qui ne s’oubliera pas. C’est le nom d’une rupture.

Pour ceux hors Québec, un mot d’explication. On a tiré le Juge Bastarache de sa retraite pour qu’il préside une Commission d’enquête sur le processus de nomination des juges, processus dont on a contesté l’intégrité.  Important, mais encore bien plus qu’on ne le pensait, car on s’aperçoit  que cette Commission arrive comme la proverbiale paille, pour craquer le dos du chameau.

Il y a longtemps que la confiance se perdait, mais c’est cette Commission en trompe l’œil qui a poussé les citoyens à faire un bilan.  75%  des Québécois ne croient plus  la parole du Premier Ministre; on croit son accusateur.  C’est un seuil dans le rejet du pouvoir. On dira désormais « Bastarache »,  pour marquer la ligne de partage des eaux de l’Histoire du Québec.

Avant, il y aura eu une population jocrisse qui croyait en tous et en n’importe quoi. Ses curés, ses élites, ses journalistes, ses  politiciens, ses syndicats, une affirmation  nationale  progressive et un enrichissement constant dans une économie prospère.

Après, la religion sera apparue une affaire d’enfants ou d’étrangers, les élites comme des intellectuels déphasés ou des bourgeois profiteurs. Les journalistes – à de rares exceptions près – auront été perçus comme les larbins des groupes de presse ou d’inoffensifs protestataires qu’on aura mis au trottoir quand ils refusaient de le faire.  Politiciens et syndicats ? Une même omniprésente corruption. Affirmation nationale ?  En veilleuse.  Enrichissement constant dans une économie prospère ?  Parlons d’autre chose…

Avant, le citoyen lambda, malgré les rumeurs qui volaient parfois de-ci de là, croyait encore qu’il existait un havre  d’honnêteté dans la structure de la société ; une justice rendue par des juges.  Il voyait les avocats comme des exploiteurs sans conscience, mais il croyait fermement qu’il y avait, dans toute cour de justice, un juge  qui agissait de bonne foi. Un homme incorruptible qui cherchait la vérité et voulait la justice. Il pensait que, même accablé par l’argent et le pouvoir, le bon droit pouvait prévaloir.  Il avait des doutes, mais il le croyait. Maintenant, il ne le croit plus.

Maintenant, le citoyen lambda a déjà porté son verdict, avec ce total désintérêt pour les procédures qui est le propre de la justice populaire : il croit que les juges sont nommés arbitrairement par le gouvernement, sur l’avis de gens peu recommandables et qu’ils jugent en fonction des intérêts de ceux qui les ont nommés ou fait nommer. Des preuves ? Le citoyen se contrefiche des preuves formelles.

Il regarde autour de lui et il voit un monde de totale injustice où règne aussi la corruption.  Il fait des liens et des rapports  entre l’injustice qui est partout  et une Justice qui ne semble plus être là.  Il ne donne pas le bénéfice du doute ; il n’a plus de doutes.  Peu lui importe que les trafics d’influence, en supposant qu’il y en ait, ne s’appliqueraient que dans des dossiers « importants ».   Il est maintenant persuadé que même « ses » petites causes à lui ne sont pas jugées impartialement elles non plus.  Il découvre que le type en robe noire qui en décide du sort est un être humain qui a des amis, des parents, des intérêts… peu-têtre des faiblesses.

On vient de tuer ce qui restait de confiance dans l’esprit et le cœur du monde ordinaire. En élargissant l’enquête à la période péquiste – en soi un geste équitable –  Bastarache ne dédouane pas les Libéraux ; il  fait seulement qu’après avoir dit au peuple  « je t’ai trompé », le pouvoir  – qui reste UN, dans l’esprit des gens, quelle que soit sa couleur – lui ajoutera perfidement « …et je t’ai toujours trompé ! », rendant le divorce inévitable.  Bastarache va présider à un divorce.

Quel divorce ?  Le divorce entre  la population – qui prend le nom de peuple dans les grandes occasions – et  une certaine caste dirigeante qui la contrôle, la manipule et l’exploite sous couvert d’une pseudo démocratie qui n’est qu’un leurre. La désacralisation du pouvoir judiciaire qui résulte de l’inouïe stupidité qu’est cette enquête vient compléter, dans l’esprit des gens, la fusion des trois pouvoirs de l’État dans une même turpitude.   Si notre « démocratie », demain, était attaquée, qui prendrait sa défense ?

Dommage pour Bastarache, qui n’a rien à y voir ou si peu, mais il a eu la mauvaise fortune d’être celui dont on a choisi le nom pour désigner cet événement qui marque la rupture.  Dommage.   C’est sérieux, un nom et ça dure.  Monsieur le Juge devrait peut-être en changer …  comme cette petites ville des années quarante – Auschwitz – qui n’avait pas choisi les « industries » qu’on y avait installées.

Pierre JC Allard

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Justice, pour Robinson et pour tous !

«La conduite des affaires de Charest, Weinberg et Izard est basée sur la tricherie, le mensonge et la malhonnêteté (… ) des bandits à cravate ou à jupon (…) conduite scandaleuse, infâme et immorale.»

Ces extraits du jugement du Juge Auclair, dans l’affaire de Claude Robinson vs Cinar, prouvent  qu’il y a des justes au Québec. Il y a des justes, même dans le système judiciaire.  Mais il n’y a pas de justice au Québec.

En appelant la solidarité citoyenne à la rescousse, on en viendra peut-être  à obtenir une compensation pour Claude Robinson. Peut-être, car il est possible, sinon certain, que cet appel des bandits à cravate ou à jupon serve surtout  à gagner du temps afin qu’ils mettent leurs biens en lieu sûr, se déclarent en faillite et ne payent rien du tout. Mais ayons la foi que Claude Robinson obtiendra  justice.  On aura alors sauvé un arbre… mais pendant que chaque jour on continue d’abattre la forêt.

Pour un Robinson sauvé, des centaines de justiciables seront oubliés, sacrifiés, car nous vivrons encore demain, vous et moi, dans un État qui se prétend « de droit », mais qui a institutionnalisé l’iniquité. Un État où seuls les riches  peuvent  espérer obtenir justice.  Parce que des centaines de milliers de dollars en frais et honoraires, c’est trop cher pour le monde ordinaire; parce que 14 ans, pour obtenir un jugement, c’est trop long, pour tout le monde…  Dès qu’on dépasse les petites créances, il n’y a pas de justice fonctionnelle au Québec.

Il faudrait que, Robinson en tête, mais tous les gens de bonne volonté derrière lui, nous marchions pour réclamer une justice au Québec.  Une justice rapide. Une justice gratuite, une justice de bon droit, et non ce fatras de procédures qui permettent à ceux qui les maîtrisent d’apprivoiser l’injustice.  Un système où juges et magistrats ne sont pas nommés discrétionnairement par le pouvoir exécutif, créant ainsi une apparence de favoritisme, mais choisis par un processus démocratique

Il faudrait réclamer que soit transformé, pour le rendre efficace, le rôle actuellement inutile et malfaisant de l’avocat dans le processus judiciaire. Que soit transformée, aussi, la procédure d’exécution des jugements, et la Loi de faillite, cette licence 007 que les grand scélérats –  mais aussi tous les petits astucieux de ce monde – utilisent pour envoyer paître ceux qui leur ont fait confiance et qu’ils ne veulent pas rembourser.   Il faudrait exiger une justice qui soit juste. A laquelle on fait confiance.

Oui, je sais que TOUT le système est à revoir et que toute la gouvernance que nous avons ressemble à une opération d’extorsion, allant de la corruption à tous les niveaux de l’administration publique jusqu’à cette incroyable arnaque des banquiers, qui créent leur propre argent, le prêtent a intérêt et demandent qu’on leur en donne plus quand ils n’en ont pas assez …  Le brigandage est omniprésent.  Mais, la perversion de la justice inspire une répugnance particulière.

RIEN n’est plus odieux que de travestir la justice et de la vider de son sens, car c’est LE PREMIER DEVOIR D’UN ÉTAT D’ASSURER LA JUSTICE.  C’est la pierre d’assise et tout le reste en dépend. Le simple fait qu’il faille encourir des frais pour être reçu par un juge et – peut-être –  obtenir justice, est une ignominie. Il faut que la population soit manipulée hors de toute raison par les médias et mise dans un état confinant à l’hypnose, pour tolérer cette infamie – qu’une nation vraiment civilisée mettrait au rang moral de l’esclavage – d’un accès inégal à la justice, conditionnel à l’argent que peuvent y investir les parties.

Il n’y a rien de plus ignoble, rien qui contribue davantage à la perte de crédibilité de notre gouvernance. Rien qui la rende aussi illégitime, indigne qu’on la respecte ou qu’on lui obéisse que cette faillite de la justice.  Je pense  qu’il est de l’intérêt public que cette aberration/infamie qu’est le système judiciaire soit exposée sur la place publique.  Il faut regarder de près la réhabilitation du rôle des juristes, ceux par qui la justice devrait arriver et qui sont aujourd’hui une partie du problème et non de la solution.

Je serais ravi qu’un de mes anciens collègues, ou l’un des nouveaux prédateurs de la même espèce qui chassent désormais dans les mêmes boisés, me réponde. On pourrait en parler… Et si quelqu’un veut riposter en mettant en branle cette machine infernale de la justice au bras lent et à la main rapace, rien ne serait plus révélateur de l’ineptie, de la mauvaise foi ou de la turpitude de cette machine.

Pierre JC Allard

Avocat retraité

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Classé dans Actualité, Pierre JC Allard

Lysiane Gagnon se trompe : la parité n’est pas de la condescendance

Je ne sais pas quelle mouche a piqué Lysiane Gagnon à quelques jours de Noël, mais j’ai lu avec stupéfaction son billet sur la parité dans le conseil des ministres du gouvernement du Québec. Jean Charest ne va pas laisser un très bon souvenir lorsqu’il se décidera enfin à quitter le poste de premier ministre, mais au moins sachons lui reconnaître le mérite d’avoir établi une règle  incontournable : désormais il y aura autant de femmes que d’hommes ministres au Québec. Point.

Non, madame Gagnon, la parité entre les femmes et les hommes dans le conseil des ministres n’est pas de la condescendance. Cette parité est la reconnaissance d’un fait qui aurait dû l’être depuis fort longtemps : les vrais changements commencent par la tête. Fini le discours voulant que les femmes fassent petit à petit leur place là où se prennent les décisions politiques. Désormais, le message est clair : la place est là et elle leur  est réservée.  On en attend autant à tous les paliers de gouvernement.

Le Québec a fait beaucoup de progrès en peu de temps au point où deux notions sont devenues aussi naturelles que celle de liberté : parité et équité. Certes le chemin est encore long à parcourir, mais la route est toute tracée. Partout, dans toutes les sphères de la société québécoise, les femmes ont droit à une représentativité égale à celle des hommes et à un salaire égal pour un emploi équivalent.

On se souviendra du tollé de protestations soulevé par la velléité du gouvernement Harper de jouer dans l’équité salariale de la fonction publique fédérale. Ses intentions n’étaient pas nobles, loin de là. Ici au Québec, la Loi de l’équité salariale entre dans son adolescence, ayant été promulguée en 1996. Il aura fallu une longue lutte des mouvements féministes et des syndicats pour obtenir l’adoption de cette pièce législative fondamentale.

Plus personne, aujourd’hui, n’ose remettre en question l’équité salariale, pas même le patronat même si le coût plaît moins aux hommes d’affaires et aux gestionnaires des corporations. Oui elle a un coût l’équité salariale, messieurs les patrons : c’est celui de la dignité. Et ce coût, la société québécoise tarde encore à l’assumer pleinement.

Dans le cas du conseil des ministres, quelques hommes ont été privés de limousines et madame Gagnon s’en offusque !

Jean Charest avait créé une surprise en 2007. Il récidive. Désormais – pour reprendre ce mot célèbre de Paul Sauvé qui succéda brièvement à Maurice Duplessis en 1959 – les partis politiques vont devoir présenter un plus grand nombre de candidatures féminines et trouver des comtés sûrs pour les plus ministrables d’entre elles.

Ils l’ont fait dans le passé pour plusieurs hommes, ils pourront bien le faire pour les femmes dont le niveau de compétence plaira à Lysiane Gagnon.

Non ?

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Classé dans Actualité, Michel Monette

Charest et la reine Élisabeth II: yes we can!

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C’est Obama qui serait fier de nous: nous avons opté pour du changement! Le Québec a apparemment choisi le grand John James Charest comme premier ministre une troisième fois consécutive, une première depuis les années 50 que même les Réné Lévesque, Lucien Bouchard et Robert Bourrassa n’ont pas su accomplir. Bravo! Nous avons donné à notre sauveur un gouvernement légèrement majoritaire. Le grand prêtre Paul Desmarais a donné sa bénédiction et le peuple peut maintenant rentrer chez lui, après avoir assisté au sacrifice de 83 millions de dollars sur l’autel de la démocratie.

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. On va pouvoir continuer paisiblement à vendre le Québec aux enchères sans être ennuyé par ces radicaux extrémistes de la gauche qui refusent de tout privatiser et être les esclaves des grands intérêts financiers. Qu’on les envoie avec Omar Khadr et Maher Arar se faire torturer à Guantanamo ou autre prison secrète américaine à travers le monde. Terroriste, va!

Amir Khadir, microbiologiste et co-leader du parti Québec Solidaire a été élu dans son compté de Mercier à Montréal. C’est une première pour ce parti politique qui risque bien de devenir la nouvelle alternative qui remplacera la fausse alternative de l’ADQ dont le chef Mario Dumont a maintenant démissionné. Monsieur Khadir a besoin de se tenir tranquille et de ne pas nuire aux opérations du secteur privé pour démanteler et privatiser la province pour des peanuts parce qu’avec un nom pareil, il se retrouvera avec nos deux malheureux compères mentionnés plus haut. Mmmm, avec le nom que je porte, je ferais mieux de me surveiller aussi.

Les copains conservateurs de John Charest l’attendent les bras ouverts à Ottawa dès qu’il aura terminé de privatiser le Québec et le mettre sous le contrôle complet des grands intérêts financiers tout en appauvrissant la population. Un brillant avenir est devant lui et les portes lui sont ouvertes pour monter au ciel et finalement être un jour Premier ministre de la grande et magnifique colonie de Élisabeth II, par la grâce de Dieu, reine du Royaume-Uni, du Canada et de ses autres royaumes et territoires, chef du Commonwealth, défenseur de la foi.

Nous avons pu constater en effet, bien que peu s’y soit réellement arrêté pour y penser, que le Dominion du Canada est une démocratie parlementaire et une monarchie constitutionnelle sous le nom d’Empire britannique. Pour éviter de voir son gouvernement tomber, Harper, le Robin des bois inversé, n’a eu qu’à aller boire une tasse de thé avec Son Excellence la très honorable Michaëlle Jean et fermer le Parlement pour un certain temps. Tout ce qu’il y a de plus banal. Zap, on ferme le garage. On se revoit dans quelques semaines. «Yes we can».

Qui a vraiment le pouvoir dans cette colonie britannique?

François Marginean

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Classé dans Actualité, François Marginean

Gesca et autres divertissements stercoraires

La saison des divertissements a commencé avec ce cafouillage des élections de novembre qui n’ont pas donné a Harper la majorité qui lui permettrait de remanier l’équilibre social canadien et de résoudre la crise en en faisant le poids aux travailleurs, rentiers et autres péquenots.  Il fallait vite reprendre ces élections et obtenir cette  majorité, mais comment ?

Quelle muleta agiter devant le taureau PLC de Dion, tellement vache que l’on ne sait plus comment l’exciter ? Le bal des menus plaisirs a d’abord présenté un scherzo, un badinage de Harper sur le thème de la suppression de la contribution de l’État au financement de partis politiques. Son grand aria: « Dites, ça vous plairait que je vous les coupe ? » a eu un succès bœuf.

La grosse bête s’est finalement ressaisie – on a dû lui chuchoter à l’oreille – et a même trouvé un stratagème – une  Coalition – qui lui aurait permis d’encorner son tortionnaire. L’instinct de comédien étant cependant plus fort en elle que celui de bagarreur, elle ne l’a pas fait; elle s’est juste empressée d’en parler, permettant au matador Albertain de faire une véronique et d’éviter la charge.  C’est là qu’on s’est tristement amusé.

Le plus tristement amusant  a été la nuée de mozos et peones de l’écurie Gesca, se précipitant dans l’arène pout distraire l’animal et animer le public.  Si jamais le jupon d’une presse à ses ordres a dépassé de la robe de l’Establishment, c’est bien cette  fois-ci où, pendant deux jours, tous les chroniqueurs  et journalistes de Cyberpresse ont été appelé à la rescousse pour venir dire du mal de la Coalition.

Chacun l’a fait en fonction de son talent, parois avec humour, parfois en apportant un argumentaire, mais ils ont tous payé leur tribut. Ceux qui n’ont pas de talents on fait ce qu’ils ont pu. Le texte de Lysianne Gagnon sort du rang.

 http://www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/lysiane-gagnon/200812/01/01-806248-un-putsch-rien-de-moins.php

Ca vaut le détour.  Vous y apprendrez que l’addition est une fiction mathématique, que l’on peut ne pas être dans un coalition, mais en faire intégralement partie et que l’approche économique d’un gouvernement ne peut pas créer des situation assez graves pour justifier un putsch. Tant pis si vous crevez de faim ! On vous rappelera que Layton a été rejeté par 82 % des électeurs et ne peut donc pas être ministre, sans vous dire pourquoi Harper pourrait être chef du gouvernement, alors qu’il a été lui aussi rejeté par une vaste majorité (63%) des memes électeurs

 Comme il n’y a pas de mal don’t quelque bien ne sorte, Dame Gagnon nous apprend cependant qu’un “deputé conservateur”  a infiltré une conférence téléphonique du caucus néo-démocrate… Et vlan pour l’éthique et la simple courtoisie. On se sent fier d’être Canadien.

Le mythe de la liberté rédactionnelle dans les médias propriétés de milliardaires ne s’en remettra jamais. On sait désormais que, si les circonstances l’exigent, tous les journalistes de Gesca monteront aux barricades pour défendre la vision du monde de Paul Desmarais.   Ce qui force a se poser la question du bien fondé d’une politique qui permet la concentration des medias entre les mains de quelques individus, dont les intérêts ne sont pas toujours ceux du monde ordinaire. A revoir.

Les médias peuvent être des fauteurs de désordre sérieux, car pendant que Cyberpresse déblatère contre la Coalition, les médias anglophones eux s’en donnent a cœur joie contre les « Trois Québécois » ( Dion-Layton-Duceppe) .. et contre tout ce qui est Québec en général. On est dans le stercoraire, mais on rigole.

 Une meilleure blague encore a été la mise en veilleuse du parlement, alors qu’une majorité des parlementaires  avaient déjà annoncé que la gouvernement avait perdu leur confiance.  « Tactique de république de bananes » disent unanimement les médias américains.  On s’amuse bien…  Quelle serait la situation si une majorité de députés se réunissaient où que ce soit –  un Jeu de Paume, de préférence, mais n’importe quel aréna ferait l’affaire –  persistaient et signaient,  demandant respectueusement a Sa Majesté de dissoudre ce parlement ? 

 Évidemment, ce n’était pas le but initial cherché, mais le souffleur ayant bousillé les répliques, la réponse de Sa majesté aujourd’hui serait édifiante.  Si elle accédait a cette demande, elle établirait que la décision d’interrompre les travaux parlementaires à la demande de Harper était injustifiée. Si elle la rejetait, elle mettrait fin  à la fiction d’une monarchie constitutionnelle. Des années de plaisir…

Pendant ce temps Harper prépare sa future  campagne électorale –  qui se fera sur le dos des Québécois – et il a encore eu le temps de faire imploser la Coalition en semant la zizanie.  Ainsi, le candidat libéral à la chefferie Manley, dont Harper  s’était assuré la complaisance en lui confiant  un « important mandat », vient de lui retourner l’ascenseur en condamnant la démarche de Dion de l’intérieur même du parti Libéral, ce qui devrait mettre fin a la Coalition et garantir la victoire de Harper….

Grand  Capital 1, Peuple 0.   La fête continue. Marrez vous bien, et essuyez la cuvette.

 

Pierre JC Allard 

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