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Comprenure 101

Le taux d’échec des cégépiens francophones à l’épreuve de français de 2008-2009 est le plus haut des 10 dernières années (17,2%). Je déchire ma chemise…

« MInute !  » – dit Rima Elkouri, le 12 novembre – « gardez-en pour faire un mouchoir, car c’est une « réussite» bidon et la situation est bien plus grave. Non seulement la qualité du français est bien pire qu’on ne le dit, mais cette incapacité à s’exprimer est indissociable d’une incapacité a raisonner qu’on fait tout pour nous cacher ».

Le 14, Foglia en remet un peu plus épais, en disant la même chose… mais en parlant aussi de Descartes. Descartes. Pas de prénom, pas d’adresse. Méchant Foglia. Vicieux. Qui connaît Descartes… ?

Evidemment, on s’en fout de Descartes. Cette Elkouri est sans doute une epèce d’Arabe, et tout le monde sait que Foglia est un maudit Italien déguisé en Français baveux… DONC, ces gens nous niaisent. On n’est PAS des incultes pitoyables. On a un GROS taux d’éducation, pis on est fier d’être Québecois. Le seul probleme, c’est qu’on est colonisé par les Anglais d’Ottawa, Hostie !

Si on connaissait Descartes, on ne mettrait pas « donc » dans cette phrase-là. On pourrait aussi questionner la pertinence de l’origine du locuteur dans le débat, mais ça, ça vient après: quand on peut déjà arrimer deux idées et réfléchir. Pour la plupart des finissants du secondaire ou même des cégépiens ce sera pour plus tard. Peut-être.

En attendant, ceux qui peuvent encore réfléchir voient bien que le jeune Québécois qui sort de l’école EST un inculte pitoyable. Et il doit s’admettre que ce n’est pas la faute des autres, mais le résultat d’un système d’éducation de merde qu’on s’est bâti nous-z-autres, entre fiers Québécois. Un système qui a fait de nous des analphabètes de la pensée.

Quand on ne peut pas cheviller des mots, les idées ne se tiennent pas. Elles s’empilent. Comme ces cailloux dont Santino le chimpanzé astucieux du zoo de Gävle, en Suède fait provision la nuit, dans son enclos, pour pouvoir les tirer aux visiteurs du zoo quand ils arrivent le matin.

Simiesquement génial, ce Santino… mais ce n’est pas assez. Il ne s’échappe pas. Avec nos idées qu’on empile et qui ne se tiennent pas, nous n’échapperons à rien nous non plus.

Ça grimace et ça gesticule dans l’enclos Québec, en rêvant de liberté, mais si on ne comprend pas le sens exact des mots et le rôle des liens entre les mots, on est incapable d’une pensée cohérente. Nous sommes trop nombreux à être incapables d’une pensée cohérente. Incapables d’établir les rapports de causes à effets qui permettraient de concevoir un vrai projet de société.

Incapables d’utiliser cet outil que peut être une démocratie même imparfaite. Il faudrait savoir faire un phrase, puis une autre… puis les emboîter. Quand on ne sait pas, tout reste flou, tout reste vague…

On n’aime pas ces politiciens-gardiens corrompus qui nous lancent nos bananes – comme ces policiers qui lançaient des bouteilles aux victimes de Katrina dans le Superdome de New Orleans – mais ils peuvent être tranquilles. On ne sait pas le leur dire. Faut-il les reconduire ? Se soumettre à eux ? « T’êt’ ben que oui, t’êt’ ben que non… ». « T’sé, c’est comme… « T’sé j’veux dire…

Depuis plus de quarante ans, on nous a saboté le cerveau. Comme celui de ces Américains miséreux et ignares qui vocifèrent et hurlent « nazi ! » quand Obama leur parle de redistribuer un peu la richesse… Chaque nouvelle cohorte qui sort du système d’éducation québécois est un peu plus molle, un peu moins prête à penser, la génération précédente se consolant d’être inepte en en préparant une qui le sera encore davantage.

On a créé des impuissants de l’expression qui ne savent pas honorer leurs projets. On a éduqué à l’impuissance et la société transmet cette impuissance qui devient alors héréditaire par apprentissage. Est-ce qu’on pourrait être moins fier de soi, juste le temps de baisser la tête et de constater le fiasco ?

Il faut recommencer à apprendre. Tout le reste ne peut venir qu’après. On ne pourra recommencer à à s’éduquer qu’en faisant table rase du salmigondis de connaissances disparates qu’on essaie aujourd’hui d’inculquer au enfants et aux adolescent, non pas parce qu’on croit qu’ils y trouveront une quelconque valeur nutritive pour l’esprit, mais pour justifier le temps qu’on a mis à former ceux dont le mandat est de faire gober ce brouet aux apprenants sans défense.

Il faudrait faire table rase, aussi, des jeux de nigauds-sorciers, qui traduisent tout en educanto et veulent transformer le simple en complexe pour montrer qu’ils connaissent des mots que les profanes ne connaissent pas, au risque de profaner ce que tout le monde connaît. De tous ces « éducationnalistes » qu’on a formés, n’y en-a-t-il pas un qui ait appris a dire du neuf simplement ?

Si personne ne dit mieux, j’ai ce projet qui a été accueilli avec intérêt par des douzaines d’éducateurs au Foro Mundial do Educacao de Porto Alegre en 2001 que Ramonet du Monde Diplomatique animait.

Je n’ai rien d’essentiel à changer à ce plan. Je l’ai même récemment dépecé en petites tranches, pour qu’il soit moins indigeste…

Si qui que ce soit au Québec pense à éduquer, – n’importe qui, du Ministre au plus jeune des enseignants – et veut en discuter, on pourrait engager un dialogue public. Il serait important, toutefois, qu’on le fasse en français et qu’on renonce à accabler les citoyens qui veulent comprendre le problème de ce « charabia des professeurs » dont parlait Bernanos et qui sert trop souvent à masquer la grande peur des bien-pensants… et leur insignifiance.

Pierre JC Allard

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Il n’y a pas de races humaines

Je commence ce billet avec un peu de retenue. On ne peut pas tout connaître dans la vie, mais quand même, j’ai bien peur de me retrouver devant vous comme étant le dernier à savoir… Et en même temps, je me dis que rien n’est moins sûr.

Sur mon blogue, dernièrement, une blogueuse a publié un hyperlien vers un article du site Hominidés portant le titre : « Y a t il des races humaines ? Pourquoi autant de couleurs de peau ? » Et bien sûr, je l’en remercie.

J’y ai appris que dans « la classification générale du vivant on parle d’espèce pour regrouper toutes les populations interfécondes et dont la descendance peut elle-même se reproduire ». Ce qui vient en contradiction avec ce fait :

La notion de race se base elle sur la notion de « gènes communs et exclusifs à un groupe d’individus ».

On parle de race et de racisme, mais en vérité les « Homo sapiens forment une seule et même espèce » et les « différences anatomiques que l’on perçoit, par exemple entre un individu asiatique et un européen, ne sont que l’expression plus ou moins forte de gènes communs. »

Et pour contrer encore plus les amants de la différenciation extrémiste (soit les racistes), il y a plus de différence entre deux chimpanzés au niveau génétique qu’entre deux humains. Il ne reste alors que les différences de pigmentation de la peau dues à la géographie, physiologiquement. Donc, il est clair que les grandes différences entre les humains sont d’ordre sociologique.

Ainsi, cette notion de race humaine, d’où vient la notion de racisme, est un héritage ancien qu’il faudrait foutre à la poubelle, d’autant plus qu’à partir de 1775 le naturiste Johann Friedrich Blumenbach défendait déjà « le principe d’unité de l’espèce humaine ».

Mais il ne faut pas non plus jouer à l’autruche et théoriser sur la noirceur, la société est encore trop organisée en races. On a beau pointer le côté culturel et ethnique, la couleur de la peau permet des expériences discutables, comme celle de l’école afrocentriste à Toronto.

Tous les étudiants de cette école seront des participants de moins au travail de tolérance qui doit s’accomplir dans nos sociétés de plus en plus pluralistes.

C’est un ghetto de plus qui se dresse, alors qu’ils devraient tous se désagréger, pour devenir comme des villes fantômes.

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