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Le Conseil de presse du Québec est affaibli

En lisant le dernier bulletin électronique de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (InfoFPJQ), j’apprends que l’Association québécoise des télédiffuseurs et radiodiffuseurs (AQTR) quitte le Conseil de presse du Québec. Financièrement, cela représente une grosse somme d’argent en moins pour le CPQ. Sa représentativitéa aussi sera grandement amoindrie. L’AQTR représente d’importants groupes de presse privés ( TVA, Astral, Corus, Radio Nord, RDS et TQS). La nouvelle a été reprise par Le Devoir. Je ne fais pas le lien parce qu’il faut payer pour lire l’article.

Pour ceux qui ne le sauraient pas, le CPQ est le chien de garde de la liberté de presse et du droit du public à l’information. Or, en ce moment, l’une et l’autre sont sérieusement menacées par la convergence. Les groupes de presse privés sont de moins en moins autonomes au sein des corporations qui contrôlent la presse électronique, avec comme résultat que l’information doit de plus en plus servir les intérêts privés avant de servir l’intérêt public.

En somme, alors que jadis ce sont les partis politiques qui contrôlaient la presse, aujourd’hui ce sont ceux qui contrôlent les partis politiques en décidant de l’agenda public qui vont prendre le dessus.

Au-delà des sous que va perdre le CPQ, toute la question de la convergence (un autre nom pour signifier «rentabiliser les investissements») est l’enjeu majeur derrière cette décision des diffuseurs privés qui préfèrent les codes du Conseil canadien des normes de la radiodiffusion. Or, souligne la FPJQ dans son bulletin, «parmi ces codes, il y a le Code d’indépendance journalistique entériné par le CRTC pour contrôler la convergence de la presse, code auquel [elle] s’était déjà opposée.»

La spécificité du Québec (beaucoup plus petit «marché», donc risque beaucoup plus élevé d’atteinte à la liberté de presse et au droit du public à l’information parce que les grandes corporations n’ont pas à craindre une concurrence les obligeant à les respecter) exige une beaucoup plus grande vigilence de la part d’un organisme tel le CPQ?

L’AQTR s’en contrecri…

Que fait madame la ministre?

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Il faut réinventer l’information en région

Plusieurs docteurs se penchent doctement sur l’état de la démocratie, après la faible participation aux élections fédérales du 14 octobre. Or, un rapport que vient tout juste de publier le Conseil de presse sur l’information régionale pourrait bien fournir une part de l’explication du décrochage électoral. «Les entreprises de presse et les journalistes doivent réfléchir sur leurs pratiques professionnelles et repenser l’information qu’ils offrent au public», écrit d’entrée de jeu le CPQ dans le communiqué annonçant la publication de ce rapport.

C’est à la suite d’une tournée de cinq mois dans 17 régions du Québec, au cours de laquelle il a rencontré plus de 200 organismes socioéconomiques et 250 citoyens, que le CPQ fait ce constat. Que réclame tout ce beau monde: à la fois plus d’information sur les enjeux de leur région et une nouvelle façon de concevoir la nouvelle.

Tiens donc. Les «consommateurs» d’information réfléchissent et osent même dire ce qui ne va pas!

Le reproche fait aux médias commerciaux régionaux est la piètre qualité de l’information qu’ils véhiculent. Soyons plus précis: sensationnalisme, préséance à couvrir des événements-chocs, spectaculaires et négatifs (au détriment de nouvelles d’intérêt public et constructives), manque d’équilibre et de mise en contexte, uniformisation du contenu, absence de suivi, contenu simpliste et superficiel.

Qui peut nommer un enjeu de sa région qui a été couvert par les médias au cours de la dernière campagne électorale? Non, amis de la Beauce, les déboires de Maxime avec Julie Couillard ne sont pas un enjeu régional.

Ceux qui se sont présentés aux audiences du CPQ sont venus se plaindre du fait que plusieurs secteurs sont carrément négligés par les médias régionaux. Trop souvent, seule l’information nationale est accessible, et elle est à des années lumières des préoccupations de la population.

Pire, le manque de couverture médiatique régionale, tant factuelle qu’éditoriale, n’est même pas compensé par une présence des enjeux régionaux dans les médias nationaux.

L’exception à cette critique acerbe des médias régionaux concerne les hebdos. Ceux-ci font un effort apprécié pour offrir une couverture locale. Le dévouement des journalistes œuvrant pour ces médias a même été souligné par plusieurs citoyens.

En revanche, le ratio trop élevé de publicité dans ces mêmes hebdos irrite, de même que la trop grande proximité entre les journalistes et les acteurs locaux, susceptibles d’engendrer des conflits d’intérêt selon la bonne vieille maxime voulant que l’on ne morde pas la main qui nous nourrit.

J’aurais aimé pouvoir consulter le document synthétisant les interventions faites à l’occasion de cette tournée régionale – « L’état de la situation médiatique au Québec : l’avis du public » – mais celui-ci n’est pas disponible au moment où j’écris ces lignes, malgré ce qu’annonce pourtant le communiqué du CPQ.

Soyons bon prince et reconnaissons que le CPQ dispose de bien peu de moyens. D’ailleurs, plusieurs ont souhaité que le CPQ soit renforcé, ainsi que son financement et son indépendance, par le biais d’une loi-cadre.

Faudra-t-il en venir là?

L’idée n’est pas à rejeter, d’autant plus que celle d’obliger les électeurs à se rendre dans les bureaux de vote le jour du scrutin ne règlerait pas le problème fondamental de l’incapacité qu’ont plusieurs à faire un choix éclairé, faute justement d’information en lien avec leurs préoccupations.

En tout cas, l’information régionale a besoin d’un sérieux coup de barre, mais pour cela les médias devront changer en profondeur.

Des idées?

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Classé dans Actualité, Michel Monette