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Dans la mire d’Anders Behring Breivik

Par Renart Léveillé

J’ai bien fait de ne pas trop commenter à chaud le « gauchocide » d’Anders Behring Breivik. Parce qu’avec les infos que j’ai pu grappiller çà et là, je me suis permis ce discutable statut Twitter :

Le gros problème avec #AndersBehringBreivik, c’est qu’il s’est mis sur la même balance de religiosité que les musulmans extrémistes.

Par contre, je ne renierai pas ces deux-là :

L’extrémisme est toujours le fléau de déshumaniser les questions sociales. #AndersBehringBreivik

Les apôtres du multiculturalisme doivent jubiler en ce moment… #AndersBehringBreivik

Alors voilà, après avoir lu un peu plus sur le sujet, je ne crois plus que les gestes d’Anders Behring Breivik étaient de nature religieuse (donc en lien avec l’épithète de « fondamentaliste chrétien » qu’on lui a prêté), même si cela me confortait agréablement dans ma haine des extrémismes que permet l’adhésion fanatique à une religion. (Sa vidéo « Knights Templar 2083 » est remplie de références à la chrétienté, mais je crois qu’il faut l’analyser plus dans un sens culturel. Aussi, peut-être, dans l’optique symbolique d’un combat entre le Bien et le Mal : le Mal étant représenté par la religion musulmane, toujours actuelle, le Bien, étant représentée par l’image des croisades, bien sûr moyenâgeuses.)

Non, il semble que tout soit plutôt relié à l’immigration musulmane que soutien le multiculturalisme norvégien. Alors oui, peut-être, nationalisme, conservatisme, extrême-droite dans ce sens-là, mais il faut faire attention, comme le souligne l’Antagoniste, de ne pas mêler les libertariens à ça, même si on a l’habitude de les classer à droite…

Et même, je me permets un bémol encore plus grand en mettant tout mon poids dans la balance. Je ne me cache pas d’être contre le multiculturalisme, tout comme Anders Behring Breivik, mais à la mesure de ma réalité francophone et américaine (et je ne crois pas avoir besoin de spécifier que je condamne comme la plupart les moyens qu’il a pris pour se faire entendre). Pourtant, je ne me considère pas nationaliste, ni conservateur, encore moins d’extrême droite. De ce fait, n’y a-t-il pas quelque chose qui cloche dans ce désir d’expliquer cette tragédie en pointant systématiquement le nationalisme, le conservatisme et l’extrême droite alors que tout pointe l’antimulticulturalisme? Alors que l’antimulticulturalisme est tout à fait capable d’être sans se faire cannibaliser? Il y a des amalgames qui semblent évidents, mais qui ne le sont pas. Ainsi, est-ce que cette tuerie serait l’instrument idéal pour donner le coup de grâce à la critique antimulticulturaliste?

Aussi, il y a la théorie qui va dans le sens que ces gestes seraient en lien avec le sionisme, ce qui met de la chair autour de l’os de l’accusation d’islamophobie. Et quand on ajoute à cela le fait qu’il soit franc-maçon, ça sent la position pro-Israël à plein nez… Pourtant, au Québec, nos médias « mainstream » n’ont aucunement soulevé cette possibilité (pour m’en assurer, j’ai fait des recherches sur Cyberpresse, Radio-Canada.ca et Canoë avec le nom du tueur, ainsi que les mots-clés « Israël », « sioniste » et « sionisme », sans aucun résultat concluant). L’ami qui m’a propulsé sur cette piste me disait que c’est pour cette raison que les autorités norvégiennes ont voulu le huis clos, prononcé bien sûr par le juge. Quoi qu’il en soit, cela donne le beau jeu à tous de tirer la couverture de son bord, puisqu’il y a un manque flagrant de transparence. Ce qui est dommage, puisque cet événement est éminemment important.

Mais s’il faut se poser la question « quoi sert qui? », la réponse ne pourrait qu’être nébuleuse. Même en lisant la totalité du document de 1500 pages, ce qui est bien sûr le contraire de la concision… Alors, je ne tenterai pas ici de proposer la mienne. Tout ce que je peux faire, c’est constater que la dynamique inscrite depuis septembre 2001 prend une tout autre allure alors que l’air du temps semble faire germer ce qu’on appelle le « loup solitaire ».

Dans un monde complexe comme le nôtre, il était peut-être temps de constater que l’« ennemi » est réellement d’un flou désarmant.

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Quebecor = contrôle de l’information?

Parfois, l’actualité ne cesse de nous titiller. Après avoir fait des démarches sur un sujet, j’ai abandonné, et puis là, je m’y remets, armé de quelque chose comme une coïncidence.

Gilbert Lavoie du Soleil soulève un doute sur le contrôle que ferait Quebecor de l’information. À la base, il s’agit d’une chronique d’Éric Duhaime « dénonçant la position d’Amir Khadir sur le Plan Nord ». Les faits :

Vendredi soir, Quebecor a d’abord publié, puis retiré de son site canoe.ca un texte du journaliste Taïeb Moalla donnant la réaction de Khadir à cette chronique. Censure? La question a vite fait le tour des réseaux sociaux.

Ce même doute, je l’ai eu voilà pas si longtemps alors que je cherchais à retrouver une vidéo d’un segment d’une émission de Jean-Luc Mongrain. Cet extrait avait fait le tour de la blogosphère et des médias sociaux, même Patrick Lagacé en avait parlé :

Montée de lait épique de Jean-Luc Mongrain, de LCN, sur le contrôle médiatique du Parti conservateur. La méthode qui « sent le totalitarisme », selon Mongrain. Exagération, bien sûr, sauf que l’exagération est peut-être la seule réponse possible au délire conservateur, démontré avec panache par l’animateur, images à l’appui : on voit des journalistes se faire tasser par des taupins du Parti, pour les empêcher de poser des questions.

Là où le bât blesse, c’est que la vidéo a été retirée du site YouTube depuis. Et, pour avoir fait le tour du site de l’émission Mongrain, j’ai pu remarquer que toutes les vidéos sont maintenant hébergées directement sur le site (ce qui semble le rendre plus lent, en plus), mais aucune trace du populaire extrait, ni de toute vidéo hébergée sur YouTube (il y a maintenant plutôt de très courtes capsules, sortes de pubs pour l’émission, ainsi que des entrevues). J’ai pris la peine de faire une demande de renseignement via un formulaire sur le site, sans autre réponse qu’un message formaté me promettant une réponse.

Je sais que c’est bien mince, mais on parle quand même d’un changement advenu pas très longtemps après la montée en épingle virale de ladite vidéo. Oui, il reste encore une entrée de blogue en date du 7 avril où les propos de l’émission sont synthétisés, mais il n’y a rien comme des images pour convaincre du sérieux d’un propos. Justement, je la cherchais, à la veille de la dernière élection fédérale, pour prouver à un utilisateur Twitter que le Parti Conservateur s’appliquait manifestement à contrôler les médias.

Personne ne tombera des nues si j’écris que le lien est facile à faire avec le penchant idéologique que prend Quebecor, via ses médias, vers la droite. Alors, magnifier la parole d’Éric Duhaime en supprimant la réplique va tout à fait dans ce sens. Et, à moindre mesure, supprimer du web cet extrait d’émission rend un tout petit petit service à notre nouveau gouvernement canadien de droite, quelle que soit la raison d’effacer ces archives disponible pour le public. Parce que ce n’est pas rien de le faire, dans un contexte où la transparence est de plus en plus importante, socialement.

Je le répète, mon doute ne tient pas sur grand-chose. Et c’est bien pour cette raison que j’avais décidé de ne pas écrire là-dessus. Mais cette histoire soulevée par Gilbert Lavoie agit comme le faisceau d’une lampe de poche pour mettre cette autre en lumière.

Les doutes ne sont bien sûr pas des faits, mais s’ils continuent de s’accumuler, ça deviendra de plus en plus inquiétant.

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Quand la Boussole électorale ne va pas dans le même sens pour le Québec et le Canada…

Par Renart Léveillé

Lors de la dernière élection fédérale, la Boussole électorale ne semblait pas faire l’unanimité. Quoi qu’il en soit, les résultats sont maintenant en ligne, et « plus d’un million de Canadiens ont répondu » à ce sondage, ce qui semble un échantillonnage assez important. Il faut quand même regarder ces résultats avec prudence, mais il y a tout de même des tendances importantes qui en ressortent.

Ce qui ressort le plus, c’est que le Québec est sans conteste une société distincte. Chaque question est illustrée par une carte du Canada où les couleurs de chaque région démontrent dans quel sens vont les opinions. Et dans la majorité des cartes, on voit que les Québécois pensent différemment du ROC, cela dit en ne dissimulant pas la diversité d’opinion des Québécois eux-mêmes. Je le répète, il est bien sûr question de tendances.

Là où les Québécois sont vraiment différents de la majorité des Canadiens, il n’y a pas d’équivoque. Ils sont beaucoup plus contre la mission afghane, contre la présence militaire en Arctique, contre les dépenses militaires tout court. Aussi, ils sont pas mal les seuls à vouloir d’avantage de relations économiques avec les États-Unis et à vouloir se doter d’une taxe sur le carbone. Pour continuer dans les enjeux environnementaux, le Québec est vraiment plus du côté de croire que l’industrie des sables bitumineux d’Alberta cause des dommages, contrairement au ROC qui pense plus que c’est de l’exagération. Encore, le Québec partage avec une infime partie du Canada un désir plus grand de normes environnementales plus sévères, « même si elles entraînent une augmentation des prix pour les consommateurs ».

Pour ce qui est de la question de la place du secteur privé dans le système de santé, le Québec partage une préférence minoritaire pour davantage de place avec certaines autres régions. Pour ce qui est de l’immigration, le Québec est le plus favorable avec le fait d’exiger l’anglais ou le français comme condition d’admission pour les immigrants. Encore à ce sujet, et ce n’est pas très surprenant, ce sont les Québécois qui ont le plus, et de beaucoup, répondus « Préférence pour moins » à la question : « Combien d’efforts devrait-on faire pour accommoder les minorités religieuses au Canada? »

Encore, ils sont les plus modérés quant à juger comme des adultes les « jeunes délinquants qui commettent des crimes violents », les moins d’accord avec l’abolition du registre des armes à feu et plus en accord avec « le droit de mettre fin à leur vie avec l’aide d’un médecin » des « patients en phase terminale ». Du côté politique, ils sont le plus contre le Sénat, les moins d’accord avec des coupures au niveau du financement public des partis politiques et, la différence est extrême, pour que seules les personnes bilingues (anglais et français) puissent être nommées à la Cour suprême.

Pour ce qui est des questions constitutionnelles et du rapport entre le Québec et le Canada, à contrario du Québec, le ROC pense que « Le gouvernement fédéral devrait avoir son mot à dire dans les décisions concernant la culture au Québec », n’est franchement pas favorable à ce que « Le Québec [soit] formellement reconnu en tant que nation dans la Constitution » et, bien sûr, à ce que « Le Québec [devienne] un État indépendant ».

Et, pour terminer, les Québécois sont plus amplement d’accord que « Les travailleurs devraient contribuer davantage à leur régime de pension (RPC/RRQ) pour avoir des pensions plus généreuses », et que les plus riches devraient payer plus d’impôt, idem pour les entreprises.

À la lumière de tout cela, et avec les résultats de la dernière élection fédérale où le Québec a placé le NPD comme opposition officielle, il n’y a pas de doute que le Québec fait cavalier seul et ne se retrouve pas dans cette fédération centralisatrice, qui sera menée par un gouvernement conservateur, ce parti très impopulaire dans la belle province. Est-ce que les Québécois pourront continuer de faire du déni alors que le ROC est farouchement contre le caractère particulier du Québec? La quintessence de cette hypocrisie étant, pour les Canadiens hors Québec, le total refus de reconnaître la nation québécoise alors que le parti qu’ils ont porté au pouvoir se vante de l’avoir reconnu (bien que ce soit en réalité de la poudre aux yeux!).

Dans ces conditions, le statu quo qui prévaut encore en ce moment est une insulte à l’intelligence. Si le Québec était un individu, franchement, comment peut-il se regarder dans le miroir? L’amour-propre, cela veut-il encore dire quelque chose?

(Photo : topsteph53)

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Abstention, proportionnelle, coalition, etc.

Par Renart Léveillé

Cyberpresse publiait un texte d’opinion de François Geoffroy, professeur de littérature au collège Montmorency, ayant pour titre : « Pourquoi je n’irai pas voter ».

Il fait à sa façon la démonstration que chaque vote n’a pas le même poids :

Les dernières élections fédérales ont démontré par l’absurde les limites du système actuel. Le Bloc, avec 1 379 565 voix, y a remporté 49 sièges. Les Verts, avec 940 747 voix… aucun.

Bien que je sois très d’accord avec l’utilisation de l’adjectif « absurde », ce qu’il oublie dans son calcul, concernant le Bloc, c’est que ce parti n’a de candidats qu’au Québec, ce qui multiplie quand même sa représentativité. Avec un taux de participation de 59,1%, 1 379 565 voix au Québec, c’est autrement plus représentatif que les résultats des Verts au Canada. Comme on dit, ne comparons pas des pommes avec des oranges…

Sinon, il est bien vrai que notre système fait des laissés pour compte comme les électeurs du Parti Vert. Mais son texte, malgré son propos abstentionniste, me semble seulement un bon argumentaire pour un système proportionnel. Et, à la place de « rejoindre le rang des désabusés », il serait beaucoup plus constructif, par exemple, de se faire le chantre dudit changement de système et de quand même se déplacer pour « envoyer annuellement à peu près la valeur d’un timbre-poste en financement public au parti de [s]on choix ». En tout cas, ça serait clairement moins défaitiste. Ce défaitisme qui tient beaucoup trop lieu de conscience politique, par les temps qui courent.

Alors, qu’est-ce que ce serait si tous les citoyens (un peu d’utopisme ici) talonnaient tous les partis politiques quant à leur position sur un changement de votation pour un système de style proportionnel? (Un référendum sur la question? Oups! désolé, n’importe quoi sauf un référendum… Pourquoi? Parce que.) En plus, ça serait une bonne cause pour rejoindre les gens qui ne votent plus, par dégoût du système, comme ceux que je décris plus haut. Mais bon, quand le cynisme aigu a bien grugé un citoyen, il est bien difficile d’espérer une guérison… à moins que…

Et puis, question de continuer sur la lancée d’une évolution du système, juste l’idée d’accepter comme légitime (par tout le monde) la gouvernance par coalition serait déjà un bon début. Parce qu’il faut le rappeler, une coalition n’est pas une invention du diable… Personnellement, j’espère qu’un hypothétique gouvernement minoritaire conservateur se transformera assez rapidement en un gouvernement de coalition, et qu’il donnera de bons résultats (en tout cas, question représentativité, c’est déjà un pas en avant). Et surtout, qu’il durera.

À partir de là, tout est possible. Pourquoi pas une concertation des partis en coalition pour un système proportionnel? (Étant donné que personne n’est en situation majoritaire, ce qui on le sait, tend à refroidir les ardeurs pour le changement — s’il faut le rappeler, un gouvernement majoritaire a rarement la majorité des votes.) Et, bien sûr, un retour de François Geoffroy au bureau de scrutin aux prochaines élections!

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Question de tirer au fusil sur les subventions publiques aux partis…

Durant cette campagne électorale, il y a deux thèmes chers aux conservateurs qui me font tiquer : la promesse de Stephen Harper d’abolir une grande partie du registre des armes à feu et son voeu de couper les subventions publiques aux partis politiques.

Pour ce qui est des armes à feu, il y a quelque chose qui me semble contradictoire. N’est-il pas celui qui donne beaucoup d’importance à la lutte contre la criminalité (à sa manière) en allongeant « les peines minimales pour les crimes graves commis avec des armes à feu »? N’est-il pas celui qui a fait augmenter les dépenses dans les services correctionnels « de près de 80 % »?

Il ne veut pas améliorer le registre, mais bien l’abolir, enfin, « abolir l’obligation d’enregistrer les armes longues, comme les fusils de chasse » (lire : faire plaisir aux chasseurs). Ça dépasse l’entendement quand on ne comprend pas ce que cela signifie entre les lignes. ll y a un lien à faire avec ce satané désir de liberté calqué sur nos voisins du sud, comme quoi l’État ne va pas nous dire quoi faire (je suis d’accord en partie avec ça, mais il y a des limites : posséder une arme n’est pas la même chose que faire ce qu’on veut dans notre chambre à coucher). Pourtant, ça prend un permis pour conduire une voiture et il faut qu’elle soit enregistrée (même que le coût de tout ça n’est jamais remis en question). On parle d’armes, pas de jouets pour les enfants. Et quand on sait que les « corps de police canadiens, dont la SQ et la GRC, sont contre l’abolition », c’est encore plus absurde.

D’un côté, on amplifie la répression alors que le taux de criminalité baisse (au Canada — et aux États-Unis, où « on incarcère cinq fois plus qu’au Canada »). Et de l’autre on veut laisser libre court à la liberté des armes de chasse, celles-là mêmes qui peuvent autant tuer des humains que les autres. C’est là où le bât blesse. Parce qu’en soi, une arme, c’est un condensé de possibilités de meurtres. Le seul fait qu’elle existe crée un danger qu’il faut au moins baliser. C’est la moindre des choses. Et puis, je ne comprends tout simplement pas ce qu’il y a de si excitant pour les chasseurs et agriculteurs dans cette promesse électorale. Est-ce vraiment une si grande insulte à leur intelligence que de leur demander d’inscrire leurs armes dans un registre? À moins que cette obligation ne soit prise comme une injure, l’injure d’être mis dans le même panier que les membres des clubs de tirs…

Pour ce qui est de la question de couper les subventions publiques aux partis politiques, elle est très certainement partisane. C’est bien connu, le parti conservateur n’a pas trop de problèmes, comparativement aux autres partis, à remplir ses coffres. Il ferait ainsi une pierre deux coups! Couper l’herbe sous le pied de ses adversaires et, pour l’avenir, s’installer comme nouveau parti naturel de gouvernance du Canada « (Natural Governing Party) ». Mais, globalement, le plus grave dans tout ça, c’est que ce possible abandon des subventions aux partis ouvre toute grande la porte à une augmentation du pouvoir des plus riches, à une ploutocratie. Déjà que la démocratie comme on la vit est déjà bien malmenée.

Dans le fond, il n’y a rien de plus simple comme calcul. Ce ne sont pas les pauvres ni même la classe moyenne qui ont les moyens d’encourager les partis politiques. Quel que soit le parti qui donnera le plus de bonbons à la classe riche, il obtiendra le plus d’argent. Oublions alors l’idée même d’équité en politique et quelque chose qui ressemblerait un peu à l’équilibre des chances. Encore plus loin, imaginons tous les partis tentant de séduire la classe riche dans le but de simplement survivre. Pour contrer cela, il faudrait un puissant mouvement populaire qui ne semble pas près de poindre à l’horizon.

Certains argueront qu’il est question de liberté individuelle versus de la mainmise de l’État, mais ils oublieront de dire qu’au final cette idée de liberté se monnaye. Dans ce cas, peut-on encore parler de liberté?

 

(Photo : roel1943)

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Le cloisonnement

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C’est via Steve Proulx que j’ai découvert ce nouveau blogue au nom très drôle : La terre va trembler, qui est une citation de la pétaradante Michèle Richard. Mais je suis resté accroché — et c’est le cas de le dire! — à un billet nommé : Le Portugal plane.

On y fait le parallèle entre le fait que le Portugal a décriminalisé la drogue en 2001 (avec « des effets bénéfiques à tous les niveaux » selon une étude empirique) et que le Canada a été seulement proche (à l’époque de Paul Martin) de « décriminaliser la possession de petites substances » de marijuana, même si une majorité de la population est favorable…

Ce qui me vient premièrement à l’esprit, c’est qu’il semble donc que la mondialisation ne se passe tellement pas au niveau législatif et social, a contrario du niveau économique et financier — qui, comme on le voit, entraînent tout le monde avec le « noyé » (multiple). Une chose entraînant une autre, j’aimerais pointer vers le conservatisme qui nous représente au gouvernement canadien. Même si personnellement je me tiens loin de toutes les drogues, je ne peux pas m’empêcher de trouver dommage que le parti en place n’a que le mot « répression » en tête, comme le soulignait récemment un article du journal Le Devoir.

ll s’avère que nous sommes loin du pragmatisme quand il s’agit d’idéologie conservatrice et c’est là où le bât blesse. Et en plus, tant qu’à y être, pourquoi empêcher légalement quelqu’un de prendre de la drogue si ça lui chante! Tant que cette personne ne m’en inocule pas contre mon gré, c’est son affaire!

Nous avons à la tête de ce pays un cerveau bien étanche…

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Du Viagra pour notre démocratie?

Après la défaite à ces dernières élections de Michael Fortier, l’ancien ministre conservateur non élu représentant Montréal, je ne cesse de me dire que cela devrait servir de leçon aux politiciens qui tiennent le système parlementaire en otage. Oui, je sais que le terme « otage » grafigne peut-être un peu fort, mais comment décrire autrement ce statu quo qui fait en sorte de nous exposer à répétition à des gouvernements logiquement illégitimes?

Comme l’expose bien Josée Legault du Voir :

Le PC reste au pouvoir grâce à seulement 37 % des voix, alors que 63 % des Canadiens ont tourné le dos à la vision néo-conservatrice de Stephen Harper. […] Résultat, compte tenu du taux de participation, le soutien réel au PC n’est que de 21%, et ce, même si le PC a augmenté son nombre de députés. Constatation incontournable: la démocratie canadienne sort de cette élection avec un méchant œil au beurre noir.

Et d’un autre côté, on a entendu un peu partout que Michael Fortier a fait du bon travail pour Montréal. Ce qui cloche, c’est que les électeurs de Vaudreuil-Soulanges avaient à choisir aussi pour l’élection d’un parti et ils ont choisi de voter pour le Bloc, certain pour s’assurer de ne pas participer à l’élection d’un gouvernement conservateur majoritaire. Et c’était bien là l’enjeu principal de cette élection.

Alors, il n’est pas absurde de penser que tout autre système de scrutin aurait moins nui à cet ancien sénateur que notre système de scrutin majoritaire uninominal. Ce système qui laisse de plus en plus en plan aux yeux des électeurs les compétences des individus sur le terrain, pour ne se concentrer que sur l’importance et la prestance du chef, médecine à laquelle Stéphane Dion a goûté bien amèrement.

Je souhaite donc qu’un des partis de l’opposition mette sur la table un projet de modification du système de scrutin et que les autres partis s’y joignent. Un peu de nouveauté ne ferait pas de tort à notre démocratie qui s’amollit…

(Photo : dragonsteelmods)

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Québec : un vote stratégique contre Harper

Site pour voter stratégique :

http://www.voterpourlenvironnement.org

Il y a un débat qui fait rage chez moi et qui concerne surtout le vote stratégique. J’aimerais le poursuivre ici. Si on regarde les derniers sondages parus dans les médias, il est clair qu’au Québec, si on veut voter contre les Conservateurs, cela passe globalement par un vote pour le Bloc québécois.

Pourtant, certaines voix argumentent dans le sens de séparer le débat en gauche-droite et d’évacuer au Québec le Bloc comme choix principal de cette lutte anti-Harper. Il ne faut pas se cacher que les sondages ont un pouvoir d’influence (puis qu’ils représentent aussi la tendance) et il serait bien de les prendre en considération pour un exercice stratégique de la sorte.

Je comprends que le NPD soit un choix idéologique logique pour la gauche, mais dans le contexte actuel, je ne gagerais pas seulement sur ce choix pour contrer les Conservateurs. D’autant plus que dans le nombre des électeurs qui vont voter pour le Bloc, il y a des gens de droite qui ne pourraient voter pour le NPD, simplement par contrariété de conviction. Aussi, il ne faut pas oublier qu’il est surtout question de rassembler le plus possible de votes pour un même parti. Et ça reste quand même du cas par cas, dans certains comtés.

Par exemple, si on regarde le comté d’Outremont, où siège déjà la vedette néodémocrate Thomas Mulcair — qui obtient déjà 38% selon le dernier sondage UniMarketing —, le Bloc est loin derrière, mais quand même plus haut que le Parti Conservateur. Cependant, c’est loin d’être un comté représentatif de ce qui se passe au Québec.

Pour revenir à une de ces voix discordantes, Stéphane Laporte peut bien rapporter les propos de Daniel Lessard et écrire que « La droite est unie, la gauche ne l’est pas. La droite vote pour le parti conservateur. La gauche vote pour trois partis. Elle vote pour les Libéraux, le NPD ou le Bloc. », mais ça ne nous donne en rien de solutions au problème, puisque ces partis sont tous dans la course et qu’on ne pourrait les faire disparaître par un claquement de doigts.

Il reste le vote stratégique, comté par comté, pragmatique, loin de ce cynisme et de ce pleurnichage éhontés.

Et pour ceux qui sont tout bonnement contre l’idée d’un vote stratégique pour eux-mêmes, je crois que la manière (stratégique) dont Stephen Harper a poussé les Canadiens en élection, sans oublier qu’il est allé à l’encontre de sa propre loi pour des élections à date fixe, demande des citoyens qui sont contre lui et sa bande une cohésion que seule la stratégie peut conjuguer.

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Stephen Harper et l’alchimie populaire

« Tu vois, Toto, quand tu t’y mets, tu n’es pas si bête…. ». Pas facile, l’éducation des enfants. Surdoués comme Pierre, espiègles comme Jean ou type fort-en-thème, comme Paul, ils ont en commun de ne jamais écouter ce qu’on leur dit. « Je sais, je sais… » – comme le chantait Jean Gabin –  mais ils ne savent pas et ils font des bêtises. Ils suivent les mauvais conseils des grands voisins qui jouent avec des allumettes dans les carrés de sable et qui se tripotent la richesse virtuelle dans les ruelles du FMI. Ils se fichent comme d’une guigne de nous, leurs parents, qui leur payons la bouffe et la piaule.

À moins qu’on leur mette une baffe. Avec des baffes, tout devient plus facile. Ainsi, avec Paul Martin, les Canadiens, qui essayaient depuis des lustres de convaincre leurs gouvernements successifs de faire un petit quelque chose pour les vieux, un petit quelque chose pour les enfants et de s’occuper du monde ordinaire ont finalement eu gain de cause avec le dernier budget de feu le gouvernement libéral minoritaire.

Oh, on était encore loin du prix d’excellence, mais on voyait des « gestes » dans la bonne direction. On voyait le Chef ouvrant les bras nous dire qu’il nous avait compris. Ce qui était une heureuse surprise, de la part d’un parti dont l’arrogance historique est proverbiale et qui ne sortait pas du bureau du préfet de discipline pour y avoir reçu des louanges, mais pour avoir dû s’expliquer sur cette menue monnaie du tronc des commandites qui s’était retrouvée dans ses poches.

En mettant le gouvernement libéral en minorité, on l’avait forcé à écouter. Toto avait compris quelque chose … et on avait eu quelques mois de bon gouvernement. Quand on a su comment – on ne saura jamais combien –  Toto avait pris dans la caisse, on a dû lui demander de partir, mais nous les citoyens avions aussi appris quelque chose : quand on est prêt à donner une baffe et qu’on laisse la porte entrouverte, tout devient plus facile.

Quand on a laissé les clefs de la maison à Stephen, ce fut donc en le menaçant lui aussi de le mettre carrément à la porte à la première incartade ; on s’est  ainsi assuré qu’il se conduirait correctement jusqu’à ce qu’on ait levé la menace.  Alors, hop, les Québécois sont une nation et bienvenue à l’Unesco !  Et hop, on va régler le déséquilibre fiscal ! Nous sommes une grande et belle famille, on ne se  brouillera pas pour des questions de gros sous, n’est-ce pas ?

Allez hop, on règle cette affaire de bois d’œuvre. Sur quoi les Américains ont pu mettre la main sous la table n’est pas clair, mais qu’ils ne l’aient pas fait ouvertement et en rigolant est déjà une victoire pour la vertu du Canada. Allez hop, ça bouge ! C’est un espoir. C’est important, l’espoir. Stephen est encore plus téméraire que Toto, avec les allumettes, mais on peut le surveiller.  Et entre lui et l’alternative Stéphane, comme on dit entre jockeys, il y a vraiment pas photo…  Stéphane, c’est celui qui veut vérifier nos additions référendaires, qui se moque de nous avec ses copains… et qui pourrait oublier d’éteindre la cuisinière ou de fermer les robinets.

Alors, on doit bien laisser les clefs à Stephen, mais comment s’assurer qu’il restera poli, qu’il ne reprendra pas une vie d’adolescent mal élevé, que les choses ne  redeviendront comme avant et que nous n’aurons pas un autre Toto sur les bras ?  Sur la foi d’un taux de satisfaction en hausse et des sondages qui le donnent gagnant, Stephen Harper déclenche des élections. Il va vouloir s’émanciper. Comment lui dire que jusqu’ici ça va, mais que la porte est toujours là ? Comment lui serrer un peu le bras, sans qu’il se mette à pleurer, mais assez fort pour qu’il continue de faire ses devoirs ?

Comment ? En disant abracadabra et en faisant le rituel magique… Il n’est pas nécessaire de voter Vert, pour dire au Bloc qu’on est insatisfait du PQ, laisser les Libéraux finir leur temps au bagne et tenir la dragée haute aux Conservateurs. Pour évoquer un bon gouvernement et le garder dans son pentacle, nous n’avons pas besoin de nous poser de questions sur le vote stratégique, on pourrait se gourer dasn les calculs..   Nous n’avons qu’à faire confiance à l’alchimie…

Tout était plus simple au temps de l’alchimie, avant que les savants nous disent pourquoi les choses fonctionnent. Une pincée de ceci, une graine de ça.. et BOOM !  C’est comme ça qu’on a trouvé la poudre à canon, sans même se poser de questions. En règlant le cas de Toto, nous, citoyens électeurs, avons trouvé par chance  le rituel magique qui fait apparaître un bon gouvernement… Est-il vraiment nécessaire de toujours savoir le comment des choses ?

Si chacun, à ces élections qui nous arrivent, remet, qui la même pincée de ceci, qui la même graine de ça, nous aurons un résultat identique.  Autant de rouge, autant de bleu, autant d’épices …   Ne serait-il merveilleux que tous les électeurs canadiens se transforment en alchimistes et que, sans chercher à comprendre, sans prêter la moindre attention à l’insipide tissu de mensonges que leur serviront les partis traditionnels, ils votent tous EXACTEMENT comme ils ont voté la dernière fois ?

Nous reporterions alors au pouvoir un gouvernement minoritaire et l’on pourrait être sûr que, Stephen, comme avant lui Toto, essayerait chaque jour de nous faire plaisir : nous aurions encore un bon gouvernement. Et, soit dit en passant, « alchimie » fait un peu vieillot, mais reproduire une expérience réussie, c’est ça, le commencement de la vraie science. Quand le monde ordinaire s’y met, peut-être qu’il n’est pas si bête…

Pierre JC Allard

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Piquer le PLQ

Concernant le refus du Ministre de la Santé Yves Bolduc de permettre l’ouverture de piqueries supervisées, il est clair que c’est du calcul politique, électoraliste. Il ne faut pas se laisser berner, l’« ambiance » conservatrice dans laquelle baigne le Québec depuis quelque temps, au su et au vu des derniers sondages qui placent Stephen Harper et sa bande de réactionnaires dans une position assez confortable, n’en est pas étranger. Pas du tout.

C’est un bon indicateur de la position de l’électorat, et la preuve que le populisme est une manière comme une autre de mener les affaires gouvernementales. Même s’il est manifeste que l’instauration de ces centres serait un plus pour les toxicomanes, et la société, il semble d’autant plus payant de courtiser la fibre puritaine d’une partie de l’électorat pour investir dans le futur. Et ce futur ne concerne, s’il faut le répéter, que le Parti Libéral du Québec.

Serait-ce de la mimésis, étant donné que les conservateurs se battent pour faire fermer le seul centre canadien du genre, qui se trouve présentement à Vancouver? (Justement, mon collègue Pierre R. Chantelois discute de cette dérive conservatrice dans son billet d’hier.)

Alors, le PLQ est parfois, et surtout dans ce cas-ci, très loin de ce que son « L » présuppose, soit bien sûr l’adjectif « libéral », synonyme de tolérance, d’ouverture, et encore moins de la libéralité : « Acte par lequel une personne procure un avantage à une autre sans aucune contrepartie. » Les toxicomanes ne pourraient être comptés pour un groupe assez important d’électeurs…

Donc, ce qui est dit, entre les lignes, c’est que la seule place pour les toxicomanes est la prison, ou encore, s’ils peuvent croupir l’écume aux lèvres loin des regards dans un appartement crade à cet effet, et que la société n’a pas à se tremper dans cette lie, puisque s’ils sont dans cette détresse, c’est bien leur très grande faute, ils n’avaient qu’à ne pas faire ce choix.

Le problème, c’est que le choix n’existe pas dans leur cas, il n’y a que des circonstances, de la grande tristesse, des tendances et beaucoup d’inconsciences. Et pour la société, il n’y a que le choix entre la répression, au nom de principes éculés, et le soutien, avec toutes les possibilités que cela provoque. Mais quel est le démarreur de la rébellion déjà?

Entre celui d’un propriétaire d’une piquerie illégale, d’un gardien de prison ou d’un intervenant bienveillant, quel regard risque le plus d’allumer une étincelle positive dans les yeux du toxicomane?

(Photo : nikoumouke)

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