Archives de Tag: credit

L’ange et la bête

Un dicton dit que qui veut faire l’ange, fait la bête. C’est souvent le cas de certains bien-pensants comme Jack Layton. M. Layton trouve que les taux d’intérêts des cartes de crédit sont trop élevés et propose que s’il est porté au pouvoir, il règlementerait ces taux pour qu’ils ne puissent dépasser le taux préférentiel des banques plus cinq pour cent. Pourquoi cinq pour cent? Aucune idée, c’est probablement juste un beau chiffre pour Layton. Ça semble bienveillant de la part de M. Layton puisqu’avec les taux actuels variant de 14% à 19%, il semblerait que les banquiers s’en mettent pleins les poches au dépens des pauvres simples d’esprit qui son incapables de gérer leur crédit et doivent souffrir ces taux d’usurier.

Je pourrais vous fournir une explication selon laquelle les taux de cartes de crédit sont ainsi pour répartir le risque et pour compenser pour les mauvais payeurs, et tout ça serait vrai, mais je suis absolument certain que vous n’avez aucune sympathie pour les banquiers, et aussi surprenant que cela puisse vous paraitre, je n’en ai rien à cirer moi non-plus. Ce qui me concerne plus est le fardeau de la famille moyenne et de réduire artificiellement les taux d’intérêts des cartes de crédit ne leur rendrait pas service à long terme. Au contraire, je vous soumettrait que ce serait nuisible.

Je suis toujours surpris de constater comment la gauche manque de cohérence. D’un côté, ils se plaignent de la surconsommation effrénée et de l’autre, ils prônent des mesures qui encouragent cette surconsommation. Il est à noter que la plupart des canadiens sont sur-endettés. Selon les dernières statistiques, le fardeau d’endettement des canadiens est de 148% de leur revenu disponible, ce qui signifie qu’un ménage canadien qui dispose de $60 000 par an après impôt a typiquement $90 000 de dettes. C’est énorme. Dans ce contexte, je vous soumettrait que le problème n’est pas que les taux d’intérêts des cartes de crédit sont trop élevés, mais qu’ils ne le sont pas assez.

Les cartes de crédit sont supposé être un prêt gratuit avec une échéance de 30 jours. Si vous payez dans ces délais, vous n’aurez jamais à payer un sou d’intérêt. C’est donc dire qu’une personne responsable doit gérer ses dépenses de façon à rembourser son solde à chaque mois, ce qui implique de vivre selon ses propres moyens. Ça devrait aller de soi que si vous travaillez au salaire minimum, vous n’avez peut-être pas les moyens de vous offrir une télé plasma géante, à moins d’économiser scrupuleusement pendant un an ou deux. Si vous sortez votre carte Visa et que vous faites un achat de $2000 en sachant pertinemment que vous n’aurez jamais ce montant à la fin du mois, ni à la fin de l’année, vous devriez également être influencés par le fait que vous allez payer $300 ou $400 d’intérêts en trainant un solde de $2000 sur votre carte de crédit pendant un an. Si vous n’arrivez pas à résister à cette tentation, c’est probablement parce que vous estimez que ces intérêts ne sont pas assez important, ou que du moins, ils sont un sacrifice acceptable. Si ce sacrifice vous est acceptable alors que votre taux est de 18%, qu’est-ce que ce serait si on forçait les banques à plafonner leur taux à 10%. Consommeriez-vous plus ou moins?

C’est bien beau vouloir alléger le fardeau des pauvres. Les cartes de crédit ont toujours eu l’effet d’encourager la surconsommation, en particulier pour ceux qui en ont le moins les moyens. Le crédit peut être un outil très utile, mais il peut facilement vous amener à dépenser bien au-delà de vos moyens s’il est trop facilement accessible. Le crédit ne donne pas de la richesse, il ne fait qu’en donner l’illusion. Nos grands-parents n’utilisaient que très peu le crédit. Mon grand-père a toujours acheté des autos en payant comptant. S’ils n’avaientt pas l’argent pour se payer quelque chose, nos grand-parents s’en passaient. Demandez-leur s’ils en étaient si malheureux. Des taux d’intérêts plus élevés, loin d’être un fardeau, seraient probablement le meilleur outil pour amener les gens à consommer responsablement. En ces jours où il est aussi facile de payer avec un carte-débit, il n’est pas vraiment nécessaire de payer avec une carte de crédit. Vous avez le choix.

8 Commentaires

Classé dans Actualité, Élections, économie, Philippe David

La « crise des saisies immobilières » : Ce que personne n’ose vous dire

Par François Marginean

Les États-Unis sont secoués par ce qui est nommé le «Foreclosure Gate», une fraude financière de proportion épique qui touchent des millions d’Américains et qui se monte à des centaines de milliards de dollars, si ce n’est plus. « Toutes les grandes banques sont impliquées et des centaines de milliers, sinon des millions, de propriétaires menacés d’expulsion sont affectés ». Il existe de nombreux cas connus de familles expulsées de leur maison qui n’étaient aucunement en retard dans le paiement de leur hypothèque. Partout, autant dans les médias traditionnels qu’alternatifs, on ne fait que parler de la falsification des documents d’hypothèques qui serait « la plus récente phase d’un vaste crime contre la population ». Ce n’est pas pas faux, mais ce n’est que la pointe du proverbial iceberg. La falsification des documents d’hypothèques n’est qu’une étape vers l’accomplissement du but principal de la fraude. C’est ce qui sera révélé dans cet article.

L’article « La Maison-Blanche et l’escroquerie hypothécaire » est sans doute celui qui s’est le plus rapproché du coeur de cette histoire. Voici le passage le plus important qui est à retenir:

Avant la crise financière de 2008, les banques ont attiré des millions d’Américains dans des prêts hypothécaires à haut risque, souvent à l’aide de taux d’intérêts « allumeurs » qui augmentent rapidement après un temps défini. Les pyromanes fous de l’argent de Wall Street savaient très bien que les prêts ne pourraient pas être remboursés, mais, comme tous les bâtisseurs de pyramides de Ponzi, ils avaient l’intention d’exploiter le plus longtemps possible l’escroquerie, confiant que, en bout de piste, le gouvernement entrerait dans le jeu pour couvrir leurs pertes.
Cela a résulté en prêts toxiques qui étaient regroupés, transformés en produit financier et vendus, créant une imposante structure de dettes reposant sur des fondations frauduleuses et légalement douteuses — à partir de laquelle les dirigeants des banques et les actionnaires principaux atteignirent des niveaux de richesse personnelle vertigineux.
Lorsque la pyramide de Ponzi s’est effondrée, le gouvernement fédéral a sauvé les banques à hauteur de milliers de milliards de dollars. Conséquemment, les banques nagent maintenant dans l’argent et leurs dirigeants ont fracassé des records de salaires, autant en 2009 qu’en 2010.

Mais, pour des millions de familles américaines, pour qui la maison représente la principale source de richesse, l’impact a été dévastateur. Le supposé « sauvetage des maisons » de l’administration Obama, basé sur la participation volontaire des banques, n’a eu pratiquement aucun effet, résultant dans la modification permanente de moins de 5000 prêts vers la fin du mois de mai.

Le résultat est une crise vaste et qui se développe en cascades. Lors du troisième trimestre, près d’un million de maisons américaines, c’est-à-dire 1 sur 139, ont reçu un avis de saisie, et plus de 100 000 maisons ont été reprises par les banques. Environ 2,5 millions de maisons ont été saisies par les banques depuis décembre 2007. Personne ne sait combien de ces saisies sont le résultat de pratiques de banques illégales et frauduleuses.

C’est tout à fait clair qu’il ne peut y avoir de solution à la crise du logement en dehors d’une lutte contre l’industrie de la finance et ses laquais dans les deux partis politiques. Il faut mener des enquêtes sur les criminels de Wall Street responsables du racket hypothécaire et ils doivent être poursuivis, leurs fortunes mal acquises saisies et leur argent placé dans la création de logements abordables pour les travailleurs.

Presque tout est là, il suffit de connecter les points ensemble et d’en tirer une vue d’ensemble révélant toute l’histoire. Cette fraude et cette crise économique remontent principalement à quelques années alors qu’elle commença à se manifester avec l’éclatement des crédits hypothécaires subprime qui avaient été découpés en morceaux pour entrer dans le marché des produits dérivés que les établissements bancaires, assureurs et autres fonds de pension se sont allègrement revendus en dehors des règles en matière d’immobilier.

Certaines banques (JP Morgan Chase, Bank of America, Wells Fargo) ou sociétés de crédit (Ally, Fannie Mae et Freddie Mac) ont admis avoir présenté aux magistrats qui enquêtaient des documents «parfois incomplets, enregistrés par inadvertance avant que les informations manquantes aient été obtenues», c’est-à-dire falsifiés. (Source)

De nouvelles révélations émergent chaque jour, mais on omet toujours d’expliquer le fond de l’affaire.

Le New York Times a rapporté que des travailleurs en sous-traitance pour les services de prêts chez Citigroup et GMAC étaient parfois si épuisés qu’ils jetaient tout simplement des documents aux rebuts. D’autres employés contractuels chez Goldman Sachs traitaient les dossiers de saisies immobilières si rapidement qu’ils «voyaient à peine ce qu’ils signaient». (Source)

Un avocat de la Floride a affirmé que l’industrie de la finance est allé jusqu’à engager des coiffeurs, des gens ayant travaillé sur des lignes d’assemblage et des employés de Walmart pour accélérer l’approbation des reprises de finance depuis 2007. Il y a lieu de se poser des questions au niveau de la compétence de ces gens puisqu’ils n’avaient même pas reçu de formation. Dans des dépositions officielles rendues publiques la semaine passée, plusieurs de ces employés ont témoigné qu’ils savaient à peine ce qu’était une hypothèque. Certains ne pouvaient définir le mot « affidavit ». D’autres ne savaient ce qu’était une plainte, ou même ce que signifiait une propriété personnelle. Encore plus troublant, beaucoup ont déclaré avoir été conscients de mentir alors qu’ils signaient des affidavits de reprise de finance et se sont mis d’accord avec les accusations des avocats de la défense en ce qui a trait à la fraude des documents.

Un autre de ces employés a avoué ne passer qu’une seconde pour signer chaque document de reprise de finance. « J’étais un robot signataire », a déclaré Tam Doan, travaillant pour la Bank of America, dans un département de la Californie du sud. Bien évidemment, il n’avait pas le temps de lire les documents qu’il signait et dans certains cas, il ne comprenait pas du tout ce qu’étaient ces documents sur lesquels il apposait son nom. « Je n’avais aucune idée de ce que je signais », de dire Doan. « C’est soit que vous étiez là, ou que vous étiez dehors ».

Qu’est-ce que le Foreclosure Gate ?
Pour résumer très rapidement ce Foreclosure Gate – scandale des saisies – de très nombreuses procédures de saisies immobilières aux Etats-Unis viennent de s’avérer complètement illégales. Cela peut sembler peu de chose au départ. Un épiphénomène qui ne concerne pas le reste de l’économie américaine, et encore moins le reste du monde. Mais vous vous rappelez la dernière fois qu’on a entendu parler d’un petit problème prétendument « local » sur le marché immobilier américain ? Oui, les fameux subprime

Le Foreclosure Gate = 700 milliards de dollars de pertes supplémentaires possibles + 750 milliards de dollars de dommages et intérêts + 60 milliards de dollars d’arriérés de taxe
Que se passe-t-il cette fois ? Eh bien une sombre histoire d’hypothèques, de titrisation et de saisies indues. Pour saisir un bien, et entamer la fameuse foreclosure, il faut une créance et une hypothèque.

Les crédits subprime avaient été accordés à tort et à travers. Entre 2004 et 2007, la folie s’est emparée du marché immobilier américain. Vous avez de ressources plus que limitées ? Vous êtes obligé d’accumuler trois petits boulots pour boucler vos fins de mois ? Qu’importe, on vous fait miroiter une jolie maison préfabriquée qui deviendra votre home sweet home. En deux temps trois mouvements, vous voilà propriétaire du rêve de votre vie. Des millions de prêts hypothécaires sont accordés… et les banques ne sont vraiment pas regardantes.

Puis vient la crise. Les saisies se sont multipliées. Et les équipes des établissements prêteurs étant débordées, certaines procédures de saisies ont même été entamées à tort. Les gens se sont défendus comme des beaux diables, ont pris des avocats. C’est ce que vous feriez, à leur place.

Et les avocats ont soulevé un lièvre, un énorme, colossal, lièvre à 700 milliards de dollars.

Que s’est-il passé ? De la titrisation –il faut dire qu’elle est de tous les mauvais coups. Les prêteurs voulaient pouvoir faire de jolis petits paquets avec les créances pour former des MBS (Mortgage Backed Securities), vous vous souvenez ? Il s’agissait, bien sûr de répartir les risques … Les banquiers se sont fait beaucoup d’argent avec ces produits financiers vendus pour « sûrs » puisqu’ils reposaient sur du concret, des biens immobiliers bien réels.

Pour faciliter cette titrisation, la finance a eu recours à un artifice… qui serait illégal.

L’enregistrement d’hypothèque coûte cher en procédures. Surtout si vous multipliez les transferts de votre hypothèque en l’incluant dans des produits titrisés.

Donc, les grandes banques et les deux principaux organismes de prêts hypothécaires, les inénarrables Freddie Mac et Fannie Mae, ont décidé de créer (en 1997) un organisme leur permettant de s’éviter de longues et coûteuses procédures d’enregistrement.
MERS, un système informatisé permettant l’enregistrement des achats et des ventes d’hypothèques – et de sérieuses économies de frais d’enregistrement était né.

2008, les subprime sonnent le glas de la folie immobilière. Le nombre de procédure de saisies explose littéralement. Les foreclosure sont signées à tour de bras… tant et si bien que le Wall Street Journal révèle que des employés de GMAC Home Mortgage et de la banque JPMorgan ont admis dans leur témoignage avoir chacun signé 10 000 documents par mois. Tout cela sans véritable contrôle et surtout sans aucun respect des règles fixées pour les saisies hypothécaires. (Source: Foreclosure Gate : le nouveau scandale financier qui peut détruire l’économie mondiale)

Bien que cela soit déjà assez choquant, ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Le réel scandale qui doit être clairement expliqué à tous est le suivant. Il était un fait connu depuis au moins 2009 que les banquiers revendaient les mêmes hypothèques à plusieurs reprises, encore et de nouveau. Le scandale est que les « mortgage-backed securities » étaient une fraude qui revendait jusqu’à 20 fois les mêmes hypothèques à différents investisseurs.

En finance, un mortgage-backed security (MBS) ou un titre hypothécaire est une valeur immobilière adossée à des actifs. Il s’agit d’une forme d’asset-backed security. Sa valeur de revente est garantie à la fois par un ensemble de portions d’hypothèques et par les intérêts payés sur ces hypothèques. (Source)

La seule façon que ce coup pouvait fonctionner était de faire en sorte que les hypothèques fassent défaut, dans le but de mettre fin aux demandes des investisseurs à être repayés, alors que l’argent d’extra provenant des ventes artificiellement multipliées va dans les poches des banquiers et financiers. En d’autres mots, les banques ont vendu 1000% de ces « mortgage-backed securities » et avaient ensuite besoin qu’elles s’effondrent, donc ils les ont intentionnellement montées pour qu’elles s’écroulent pour couvrir leurs traces. Alors, du moment où le gouvernement et la banque centrale (privée), la Fed, avaient abaissé les taux d’intérêts pour créer une nouvelle bulle financière en encourageant les Américains à acheter des maisons dont ils n’avaient pas moyen de payer, la crise des subprimes fut engendrée. Il était déjà connu depuis longtemps par le gouvernement américain, alors sous Bush, et du FBI, par exemple, qu’un nombre effarant d’hypothèques frauduleuses avaient été accordées à des gens qui n’avaient pas les moyens suffisant pour se payer une maison dispendieuse. Le gouvernement avait alors décidé de fermer les yeux et jusqu’à ce jour, il protège toujours les banques au lieu de la population.

Ce qui est drôle, c’est qu’apparemment Wall Street était parfaitement au courant de ces malversations en série dès 2007, quand il a fallu afficher des bilans positifs malgré le marasme. Tout simplement parce, miracle du libéralisme, c’est une firme, Clayton Holdings, qui détient le quasi monopole des audits des banques et assurances qui jouaient avec les hypothèques, et qui avait remarqué à l’époque que 28% des prêts étudiés étaient irréguliers. Parmi les 10.200 prêts de Bank of America audités, le cabinet en aurait décelé 30% non conformes aux règles, mais pour Credit Suisse, c’étaient 37% des 56.300 prêts étudiés, 27 et 23% pour JP Morgan et Goldman Sachs, 35% pour Freddie mac. Quant à ceux que Citigroup voulait acheter à ce moment, Clayton en a repéré 42% qui étaient foireux.

Mais pour être complet, il faut encore préciser que Clayton Holding se trouve aujourd’hui au milieu du scandale, soupçonnée d’avoir réalisé des audits d’un laxisme rare dans la profession, ce qui n’est pas peu dire.

Le FBI, apparemment, était lui aussi au courant depuis 2006 –et même peut-être depuis 2004– des petits tracas de procédures auxquels étaient confrontées les banques & Co : il a publié un rapport intitulé « Mortgage fraud report 2006 » (rapport sur la fraude aux emprunts hypothécaires), où il jugeait sévèrement « l’industrie du prêt hypothécaire », surtout, à l’époque, en Californie, en Floride, en Géorgie etc. (Etats forts concernés aujourd’hui par les subprime et les saisies immobilières). En 2006 déjà, le FBI expliquait que 30 à 70% des défauts de paiement sur plus de 3 millions de prêts analysés, étaient liés à des dysfonctionnements dans l’octroi des prêts. (Source)

Que des millions d’Américains ont été volontairement placés en position de perdre leurs maisons était apparemment un petit prix à payer pour leur part du butin. Les reprises de finances ne sont qu’une conséquence limitée de cette fraude et il est important de ne pas se faire tromper en pensant que ceci est le seul crime.

L’État a donné son soutien aux banques et demande aux organismes de prêts hypothécaires de poursuivre les saisies et cela «sans délai». Une société dénommée MERS (Mortgage Electronic Registration Systems) mise sur pied à la fin des années 90 par les deux grandes institutions publiques de prêts hypothécaires, Fannie Mae et Freddie Mac, est soupçonnée par certains d’être à l’origine de l’arnaque. Et la société s’est même autorisée à lancer des saisies sans demander l’avis de la justice, y compris lorsqu’il s’agissait d’une obligation légale. Dans certains cas, les abus ont été si flagrants que deux, voire trois employés de banques différentes ont réclamé les clés d’une même maison devant être saisie.

Parmi les pratiques frauduleuses qui ont été mises au jour: des employés de banques et de sous-traitants attestant faussement avoir pris personnellement connaissance de certains dossiers, la contrefaçon de signatures, la falsification de sceaux de notaire et la modification de documents, ainsi que des déclarations de propriété par des banques, sur des maisons sur lesquelles elles n’avaient aucun droit. (Source)

Les médias corporatifs ont reçu leur ordre de marche et de jeter le dossier des reprises de finance aux loups, mais de protéger la fraude originelle des banques. Le seul moyen par lequel la fraude des banquiers de sursouscription peut fonctionner, c’est de délibérément faire s’effondrer le marché immobilier et de verrouiller toutes les propriétés afin de brouiller les pistes. C’est le véritable scandale que les médias corporatifs tentent désespérément de vous empêcher de comprendre.

Il apparaît que plusieurs prêts et hypothèques ont été revendus et apposés en collatéraux à différents investisseurs, deux ou trois fois selon cet article, alors qu’ils n’auraient dû être vendus qu’une seule fois. Les banquiers ont ainsi empoché des milliards en profits pour ensuite se lancer dans une furie de reprises de finance pour brouiller leurs pistes en mettant fin à toutes demandes des investisseurs d’encaissement de profits sur ces hypothèques. Cette histoire de ventes des mêmes d’hypothèques à de nombreux acheteurs différents est confirmée par les professeurs en économie, William Black et L. Randall Wray, qui parlent du cas particulier de Bear Stearns, un des gros joueurs de cette débâcle.

L’administration Obama s’est opposé aux appels à un moratoire sur les saisies immobilières malgré des révélations que les banques ont traité illégalement des documents hypothécaires afin d’accélérer l’expulsion des familles et la saisie de leur maison.

Rien ne pourrait mieux démontrer quels intérêts de classe sert la Maison-Blanche. Les grandes banques ont systématiquement enfreint la loi, persécuté un nombre inconnu de familles, et la réaction de l’administration Obama est de protéger les criminels. (Source)

Le dollar US est mûr pour une dévaluation catastrophique, les banquiers privés le savent et ils cherchent maintenant à sortir du dollar et à mettre la main sur de véritables valeurs. Dylan Ratigan de MSNBC a rapporté que la fraude des reprises de finances immobilières pourrait se chiffrer autour de 45 trillions de dollars ($45 000 000 000 000), ce qui revient à l’équivalent de plus de $135 000 pour chaque Américain vivant, du plus petit nouveau-né au plus vieux retraité. $135 000 plus intérêts parce que le gouvernement américain a emprunté cet argent pour le déverser dans ce gouffre, contre la permission des Américains, les engageant dans une servitude sans fin dans le futur pour rembourser cet argent. Cela est la véritable histoire de ce désastre. Le gouvernement américain a laissé ce gâchis se réaliser, le tout débutant aussi tôt qu’en 1999 alors que la folie immobilière commençait à se développer, conduisant la valeur des maisons à des prix exorbitants et déclenchant la maison-mania qui a alimenté la bulle des titres d’hypothèques (mortgage-backed-securities). Mais les experts à l’intérieur et à l’extérieur du gouvernement savaient qu’il s’agissait d’une bulle financière, savaient qu’elle ne pouvait être soutenue; et comme ce fut le cas avec Bernie Madoff-le-voleur et British Petroleum, le gouvernement n’a rien fait pour arrêter le désastre. C’est ce que Wall Street a perpétré sur le dos de la population. Washington les a laissé faire, pour ensuite déverser des tonnes d’argent sur Wall Street contre la permission des Américains dans une tentative manquée d’essayer de réparer ce fouillis.

Les banquiers de Wall Street vont empocher cette année des revenus et primes records de l’ordre de $144 milliards – deux ans seulement après le début de la crise financière mondiale. Après avoir déclenché une tempête de protestations il y a 12 mois, causée par la distribution de rémunérations records de $138 milliards, les institutions financières américaines ont placé la barre des revenus encore plus haut.

Les prêteurs ont saisi plus de maisons cet été qu’en n’importe quel trimestre depuis le début de l’éclatement du marché immobilier en 2006. Mais plusieurs de ces reprises de finances seront contestées en cour, basé sur des allégations que les banques ont évincé ces propriétaires sans même lire les documents relatifs. Au total, 288 345 propriétés ont été saisies durant la période de juillet à septembre, selon les données publiées par RealtyTrac Inc., un record depuis que la firme a commencé à répertorier ces chiffres en 2005. Les banques ont saisi plus de 816 000 maisons (1 maison sur 139) depuis les 9 premiers mois de l’année et si la tendance se poursuit, elles sont en route vers le 1,2 million de saisies d’ici à la fin de l’année 2010. Le crime est contagieux et là où la loi se termine, la tyrannie commence.

Le directeur de la Fed, Ben Bernanke, a laissé savoir que des régulateurs bancaires de la banque centrale examinent présentement si les compagnies hypothécaires ont coupé les coins dans leurs propres procédures lorsqu’ils ont commencé à saisir les maisons des gens. Cela revient à voir Charlie Manson enquêter sur la mort de l’actrice Sharon Tate en concluant que ce fut un suicide tragique! Encore une fois, les saisies immobilières ne sont pas le scandale, c’est les « mortgage-backed securities » survendues qui le sont, ce qui a rendu les banquiers instantanément riches et qui a déclenché le tsunami de saisies immobilières dans le but de brouiller leurs pistes. Les saisies frauduleuses ne sont qu’un symptôme, la fraude est la maladie.

Est-ce seulement possible que les banquiers créatifs de la Floride ont découvert qu’ils pouvaient «vendre» les mêmes prêts hypothécaires à plusieurs reprises par commodément fournir une «copie» de la note électronique pour chaque vente subséquente? En offrant une « bonne » note électronique à chaque acheteur, le vendeur/fournisseur de service ont pu faire monter le stratagème de Ponzi jusqu’au ciel – en utilisant le revenu de chaque vente pour payer les intérêts à chaque nouveau groupe d’investisseurs. Comme il a été dit à propos de l’échec de la First National Bank de Keystone, la gestion cachait une chaîne de Ponzi dans la zone de gestion de prêts depuis des années, trompant les régulateurs et vérificateurs internes. (Source)

Gretchen Morgenson rapportait dans un article du New York Times cette pratique commune qui avait cours en Floride et dans d’autres juridictions de détruire le document hypothécaire physique original lorsqu’une note électronique était créée pour « éviter la confusion ». Plusieurs de ces copies ont été créées et revendues de nombreuses fois. Évidemment, les paiements sur l’hypothèque ne peuvent être appliqués qu’à une de ces copies, ce qui signifie que les autres apparaissent comme faisant défaut de paiement, ce qui déclenche une reprise de finance et l’effondrement des mortgage-backed securities basées sur les copies en extra de l’hypothèque. Donc, même si l’hypothèque d’une maison est remboursée, d’autres investisseurs peuvent penser qu’ils sont eux aussi propriétaires de l’hypothèque de ladite maison qui pour eux apparaît toujours impayée, ce qui effraie les investisseurs.

Les secrétaires à la Justice des 50 États ont déclenché une enquête coordonnée et plusieurs d’entre eux ont appelé à l’imposition d’un moratoire sur les saisies immobilières, qualifiant la falsification des documents de «fraude contre les tribunaux». (Voir aussi cet article)

Même si l’on devait accepter l’affirmation douteuse des banquiers et de leurs porte-paroles au gouvernement voulant qu’un moratoire détruirait le marché immobilier et précipiterait une autre panique financière — un argument qui les sert bien et qu’ils ne prennent pas la peine de justifier — cela ne ferait que confirmer le caractère rapace et socialement destructeur de l’actuel système économique. Le fait que Wall Street avoue pratiquement que le système de profit dépend de la propagation de l’itinérance et de la misère sociale souligne la nécessité de renverser le système. (Source)

Les escrocs de Wall Street et de Washington DC se sont entendus sur une histoire et notez la priorité affichée: ils ne sont pas inquiets au sujet des Américains, mais bien par la valeur des propriétés qu’ils tiennent pour culte; c’est la valeur des propriétés qui doit être protégée à tout prix! Vive l’argent! L’argent est Dieu! L’argent est le maître devant qui tout doit ramper et s’abaisser!

Premièrement il y a la paperasserie frauduleuse des saisies illicites contre les propriétaires. Maintenant, la grande histoire provient des investisseurs qui veulent récupérer leur argent et sortir des titres hypothécaires. Déjà des milliards sont demandés en retour de paiement par les investisseurs. La raison pour laquelle les investisseurs demandent le retour de leur argent est que les banquiers ont fait de la survente de ces titres hypothécaires, promettant jusqu’à 20 fois la même hypothèque immobilière à titre de garantie. Bien sûr, comme il a été précédemment dit, le seul moyen que ce système peut fonctionner pour les escrocs est que les maisons soient mises en banqueroute et saisies afin de faire en sorte que les investisseurs cessent de demander où est leur argent.

Les médias corporatifs ne veulent pas que le public comprenne la profondeur de la criminalité au sommet de l’industrie bancaire. Leur objectif est de présenter une facette limitée de cette fraude dans le but de donner l’apparence que seules les saisies immobilières étaient frauduleuses et seulement quelques-unes d’entre elles.

En résumé, voici ce qui s’est passé étape par étape à partir de 1999, après le Congrès ait abrogé le Glass-Steagall Act:

1. Verser de l’argent dans l’immobilier pour déclencher un mouvement à la hausse des prix.

2. Commencer à vendre des prêts hypothécaires à n’importe qui, même à des acheteurs non qualifiés, utilisant les taux alléchants et un crédit d’impôt de $8000 du gouvernement fédéral qui est aussi complice dans cette escroquerie.

3. Regrouper les prêts hypothécaires en «Mortgage-Backed Securities (MBS)» et «obligation adossée à des actifs (CDO)» et les vendre comme étant des investissements.

3a. Regrouper et revendre de nouveau jusqu’à 20 fois les mêmes hypothèques à d’autres investisseurs!

4. Puisqu’il est impossible de repayer les 2000% de MBS et CDO survendus qui ont été vendus, faire intentionnellement s’effondrer le marché du logement au même moment que vos co-conspirateurs dans l’administration fédérale envoient tous les emplois bien rémunérés vers d’autres pays, afin que vous puissiez saisir toutes ces maisons et mettre fin aux pleurnichements de ces satanés investisseurs qui demandent constamment quand ils pourront obtenir leurs profits.

5. Lorsque la fraude est découverte, comme ce fut le cas à partir de mi-2008, renommer ces titres adossés à des hypothèques frauduleuses comme des «actifs toxiques» et faire la demande auprès du Congrès de passer un plan de sauvetage (TARP) et utiliser l’argent des contribuables pour racheter tous les mauvais titres afin de demeurer hors de prison, ce que les acteurs les plus importants tels que Countrywide/BofA, Bear Sterns, Goldman Sachs voudraient bien.

Complicité du gouvernement américain et de la Fed

La plupart des banques américaines sont détenues par des sociétés de portefeuille bancaire (bank holding companies – BHCs). La Réserve fédérale surveille toutes les CSB, que la filiale de la banque soit un État membre, un non-membre de l’État, ou d’une banque nationale. Cette section fournit des informations pour aider à déterminer si et quand elles peuvent être classifiées comme étant des sociétés de portefeuille bancaire.

Propriété des sociétés de portefeuille bancaire par les Banque:

Présentement, environ 84% des banques commerciales aux États-Unis font parties d’une structure de sociétés de portefeuille bancaire. Cependant, relativement peu de ces sociétés de portefeuille bancaire sont formées par ces banques alors que la banque elle-même est dans sa phase d’organisation. En règle générale, la formation d’une société de portefeuille bancaire est faite à un moment donné plus tard dans les opérations de la banque.

Les tableaux suivants illustrent la prévalence de la propriété des banques aux États-Unis par des sociétés de portefeuille bancaire :

Plus de 75% des banques dont les actifs sont de moins de $100 millions appartiennent à des sociétés de portefeuille bancaires, alors que ce pourcentage augmente à 100% pour les grandes banques de plus de 10 milliards de dollars d’actifs. Environ 60% des banques à propriété minoritaire sont la propriété de sociétés de portefeuille bancaire.

Ainsi donc, la Réserve fédérale supervise toutes les sociétés de portefeuille bancaire, incluant les banques qui ont fait de la survente d’hypothèques en de multiples mortgage-backed securities. Cela signifie que la Fed est impliquée jusqu’au cou dans cette fraude, ce qui explique les 9 trillions de dollars (« empruntés » et à être éventuellement remboursés par les payeurs de taxes) qui ont été dépensés par la Fed pour racheter les papiers bancaires toxiques, sans dire au public où cet argent est allé.

Selon les données de RealtyTrac cité dans un article récent de AP, 24% des ventes immobilières à l’échelle nationale au deuxième trimestre furent des maisons saisies. Au Nevada, s’était 56% des ventes. En Arizona et en Californie, ce fut plus de 40%, et au Rhode Island, Massachusetts, la Floride et le Michigan, le nombre de ventes de maisons saisies s’élève à plus d’un tiers des ventes totales.

Avec certaines compagnies qui ont repoussé les dates de reprises de finance ou qui ont suspendu les saisies purement et simplement, en combinaison avec les acheteurs qui sont de plus en plus méfiants des propriétés saisies – et qui auront plus de difficulté à se trouver une assurance titre – les ventes de logements devraient diminuer de façon significative dans les prochains mois ou deux. Faites le calcul, c’est moche et pas seulement pour les professionnels de l’immobilier.

Pourtant, ceux pour qui cela devrait d’être moche, c’est pour les banques qui ont vendu ces prêts hypothécaires maintes et maintes fois à travers différents titres adossés à des hypothèques, créant ainsi une situation qui a forcé la saisie immobilière massive qui était le seul moyen de dissimuler les preuves de fraude qui pourraient envoyer ces banquiers en prison . Et puisque, comme il était souligné ci-dessus, ces principales banques sont détenues par des sociétés de portefeuille bancaire et que c’est la Réserve fédérale qui est responsable de la surveillance de celles-ci, il devient évident que cette fraude criminelle remonte tout droit à la tête du système.

Qu’est-ce que l’administration Obama compte faire à sujet? Rien. En fait, la Maison Blanche a décidé qu’elle n’imposerait pas de moratoire temporaire sur les saisies immobilières, malgré un mécontentement grandissant de la population face à cette fraude bancaire. Au lieu de protéger la population, non seulement le gouvernement US a-t-il incité les Américains à s’acheter des maisons en leur offrant des crédits d’impôts, mais après que le scandale ait éclaté, il a décidé de protéger les banques privées et Wall Street. La raison évoquée par un porte-parole de la Maison Blanche: cela pourrait avoir des « conséquences imprévues ».

CNBS a suggéré que le gouvernement US irait possiblement jusqu’à passer une loi qui légaliserait rétroactivement toute la fraude des banques, que les banques seraient protégées, ce qui revient à dire que la fraude sera sanctionnée par les politiciens. Les politiciens ne laisseront pas la stabilité des plus grandes banques de la nation être menacée par des droits contractuels.

Voici ce qui risque de se passer: le Congrès adopte une loi nommée à peu près comme ceci: « La modernisation de la loi sur la stabilité financière de 2010 » qui sera accordée rétroactivement aux prêts hypothécaires, leur octroyant les droits nécessaires dans les hypothèques sous-jacentes dont les gens sont inquiets. Tous les documents frauduleux, les notes de crédit perdues et les intérêts non attribués seront pardonnés par un acte législatif. Si le Congrès passe quelque chose de ce type, cela signifiera alors que l’anarchie est permise! Cela signifiera que tous les contrats légaux pourront être réécrits en tout temps pour bénéficier à ceux qui sont au pouvoir. Comment peut-on avoir confiance en quelconque contrat légal, si l’État est en mesure de modifier ce contrat dans l’avenir seulement qu’avec l’aide d’une nouvelle législation?

Comment une fraude s’échelonnant sur plus d’une décennie peut-elle être sanctionnée? Comment ce gouvernement peut-il continuellement trahir le peuple, mais protéger les banques?

Barack Obama s’oppose à toute action qui pourrait déranger les banques. Ali Veschi de CNN essaie de vendre l’idée selon laquelle lire attentivement les allégations de fraude massive, autant des saisies immobilières que des surventes de titres originaux adossés à des hypothèques (mortgage-backed securities), ralentirait la « reprise économique ». En d’autres termes, si les Américains ne pardonnent pas Wall Street en plus d’oublier ce viol collectif de la classe moyenne s’étant déroulé au cours des dix dernières années, Wall Street et le gouvernement fédéral les rendront encore plus pauvre. C’est une brutalité du plus bas niveau; pas mieux qu’un homme qui vole dans un magasin et met en garde le magasinier que s’il se plaint, il reviendra pour dévaliser le magasin de nouveau!

Shuan Donovan s’est prononcé lors d’une allocution pour la Maison Blanche et a déclaré que l’administration se concentre sur l’avenir pour s’assurer que les normes seront respectées, plutôt que de regarder en arrière pour s’assurer que propriétaires et les investisseurs n’ont pas été lésés pendant ces années fastes et sans vergogne pour les banquiers. «Nous n’avons pas trouvé de preuve à ce stade-ci de problèmes systémiques dans les documents juridiques sous-jacents, ou d’autres qui ont été examinés », a-t-il laissé savoir.

Autrement dit, la Maison Blanche a fait savoir qu’ils mettront fin à la fraude (comme ils ont promis qu’ils mettraient fin aux guerres), mais cela n’aura aucun effet sur les milliers de milliards de dollars en dettes ajoutées sur le dos des gens pour racheter les frauduleux titres adossés à des hypothèques survendues.

C’est comme si un policier se tenant dans votre maison venant d’être pillée vous disait qu’il ne demandera pas aux voleurs de remettre les meubles en place, mais qu’il leur demandera gentiment de ne pas le refaire à nouveau! C’est à se demander pour qui le flic travaille vraiment.

Dans ce cas, puisque le gouvernement des États-Unis ont aidé à appâter des emprunteurs de subprimes dans l’escroquerie à l’aide de ce crédit d’impôt de $8000, le gouvernement a travaillé – et travaille toujours – fermement aux côtés des banquiers criminels.

37 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, François Marginean

Quand le prof Léo-Paul parle pour rien…


Le Professeur Léo-Paul Lauzon vient encore de parler pour rien.  Il vient de publier une quatrième étude  en 6 ans sur les banques canadiennes.   Il nous a déjà parlé quelques fois d’évasion fiscale, de paradis fiscaux… le quotidien, quoi …  Cette fois, il examine le comportement des banques canadiennes en temps de crise.

Car il y a une crise, vous savez., et les banques… Chuuut ! On pourrait nous entendre.  Le Professeur Lauzon nous parle de l’industrie bancaire canadienne durant cette crise. De la situation financière actuelle des banques, de leur profitabilité, de l’utilisation qu’elles font de leurs profits et de leurs impôts.

Il a fait une étude pour la période allant de 2004 à 2009 sur les 6 plus grandes banques canadiennes: Royale, TD, etc – qui ne les connaît pas ! – et il nous confirme  qu’elles font du fric.  46 milliards de profits en 2009.  Réjouissez-vous, nos banques se sortent bien de la crise.  Il y a longtemps – depuis 1998, au moins – que je dis qu’il faut se réjouir….

Elles s’en sortent d’autant mieux que nous avons un gouvernement prudent.  Même si les banques font plus de profit que jamais, l’État, depuis 6 mois, via le Programme d’achat des prêts hypothécaires assurés (PAPH) leur  a alloué une aide d’environ 125 milliards de dollars…   C’est 4 000 $ par Canadien, incluant les nourrissons et les grabataires…  C’est beaucoup. C’est trois (3) fois le programme de soutien à l’économie de 40 milliards dévoilé par Ottawa lors du budget de janvier dernier.

C’est une application du principe que la meilleure aide est celle qui fera que celui qu’on aide n’aura pas besoin d’aide.   Un principe qui ne s’applique que pour les riches, bien sûr, car, pour les pauvres, il est trop tard.  De toute façon, les pauvres administrent l’argent d’une façon lamentable: dès qu’on leur en donne, ils le dépensent ! Heureusement qu’on ne leur en donne pas beaucoup, sans quoi où irions-nous !

Le professeur Lauzon parle pour rien, car il est clair que nous avons déjà trouvé la meilleure façon d’aider nos banques. D’ailleurs notre Premier Ministre lui-même nous l’a dit – en passant par le Financial Times, ce qui fait encore plus crédible – :  » Nous avons le secteur financier reposant le plus sur la libre entreprise. Nous sommes les seuls à ne pas nationaliser ou nationaliser en partie notre système financier “.

Les seuls !  Selon une étude du FMI du 18 février, le Canada serait au 3e rang mondial en % du PIB, quant au coût de l’ensemble des mesures de soutien public aux banques:  8.8%.  Devant, les États-Unis à 6.3%, où pourtant on se plaint tellement…. Dur, mais nous serons récompensés de nos efforts, car il semble qu’on pourrait mêmeacquérir quelques banques américaines: ils en ont trop. Ils en ont de moins en moins, avec les faillites, mais ils en ont encore trop. On les achète. Nous aurons des banques plus riches…

Des banquiers riches, aussi.  Les dirigeants des six (6) plus grandes banques du pays ont reçu des millions d’options d’achat d’actions à prix d’aubaine en 2009. Grâce à ces options, ils ont réalisé des bénéfices de 251 M$.   C’est là qu’on voit la sagesse de nos gouvernants. Cette performance aurait été impossible si on avait gaspillé cet argent en programmes d’aide à l’emploi.

Parler pour parler, le professeur Lauzon pérore encore plus inutilement. Il parle de NATIONALISER les banques !  Ridicule, car ce serait ILLÉGAL. La Loi (fédérale) sur les Banques prévoit que les actions des grandes banques doivent demeurer « largement reparties ».  L’État ne pourrait donc pas être propriétaire d’une banque  CQFD. Pourquoi ?   M’énervez pas avec vos questions…!

Et à Québec ?  Eh bien à Québec,  rien, parce que c’est Ottawa qui a juridiction.  Vous voyez comme c’est simple ? Alors Jacques Delorme, de la Direction des communications du Ministère des finances – cité dans le journal Métro de Jeudi 6 mai – résume tout à la perfection:  “La nationalisation  des banques  est une question tellement hypothétique. Personne n’étudie ce genre de scénario.” Ouf ! heureusement, car un enfant de 10 ans comprendrait que c’est la seule solution. Mais si on ne l’étudie pas…

Alors le Professeur Léo-Paul Lauzon parle pour rien. Parce que le système bancaire est une escroquerie institutionnalisée et que ceux qui décident de ça et du reste sont les complices de cette escroquerie. Surtout, il parle pour rien parce qu’on ne l’écoute pas… ILS sont gros, nous sommes petits…  Alors acceptons que nous sommes des cancres. Ça évitera de devoir admettre que nous sommes des lâches.

Pierre JC Allard

41 Commentaires

Classé dans Actualité, Pierre JC Allard

L’arnaque

Philippe David.

Il n’y a pas très longtemps, dans mon billet «Le pays de la responsabilité fiscale», je dépeignait un tableau plutôt alarmant de l’endettement des ménages au Canada. Dans sa chronique, Richard Martineau fait un constat similaire, tout en concluant:

La vérité est que nous sommes extrêmement mal placés pour faire la leçon aux gouvernements. Comme eux, nous dépensons trop, sommes beaucoup trop endettés et avons les yeux plus gros que la panse…

Jusqu’à un certain point, il a raison. Nous surconsommons et nous nous endettons pour le faire. Si nous sommes conséquents, nous reconnaitrons notre part de responsabilité dans la chose. Mais il existe tout de même une bonne explication pourquoi collectivement nous agissons ainsi. C’est parce que l’élite dirigeante le veut ainsi.

Pensez-y. Combien de fois entend-on les politiciens nous encourager à consommer pour faire tourner l’économie? Lorsque nous tombons en récession, ils sont là à nous dire: «Dépensez, dépensez, dépensez!» Cette mentalité provient de la croyance erronée que les récessions sont causée par une baisse de la demande agrégée et que nous devons absolument renflouer cette demande coûte que coûte. Les politiciens adorent ce genre de chose parce que ça leur permet de passer pour des héros avec leurs plans de relance. La réalité est que la reprise éventuelle dont ils s’accaparent le mérite aurait eu lieu de toute façon. Même qu’elle aurait probablement eu lieu plus tôt.

La seconde raison est que les taux d’intérêts sont artificiellement bas. Ils sont particulièrement bas présentement, mais ils ont presque toujours été plus bas qu’ils ne l’auraient normalement été si les banques centrales de ce monde cessaient de les manipuler pour «stimuler» l’économie. Cette stimulation artificielle par le crédit facile encourage justement l’endettement et décourage l’épargne. À quoi bon épargner si les taux d’intérêt sont dérisoires et que par opposition, le crédit est relativement peu coûteux? Dans un marché libre, les taux d’intérêt seraient fixés selon la disponibilité d’épargnes réelles pour financer les crédit, ce qui naturellement donnerait des taux plus élevés qui stimulerait l’épargne et limiterait la demande de crédit à ceux qui en ont vraiment besoin. En effet quel mal y a-t-il à économiser un peu avant de se payer quelque chose? Pourquoi doit-on essayer de tout avoir tout de suite? Si les taux d’intérêt étaient plus élevés, la question ne se poserait pas.

Est-ce que l’économie souffrirait si on changeait cette façon de faire? Il y aurait très certainement des répercussions à court-terme pendant que l’économie se réajuste, mais à long-terme, une économie fondée sur l’épargne aurait une base plus solide qu’une économie gonflée au crédit facile de l’argent créé à partir de rien. Nos politiciens, guidés par certains idiots avec des prix Nobel, croient que l’économie doit être constamment stimulée un peu comme un athlète qu’on pompe aux stéroïdes. Sauf qu’à la longue, l’athlète finit par claquer. Bientôt, il sera au bord de l’overdose.

54 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Philippe David

La volte-face Jérôme-Forget

J’ai presque honte d’en parler, tellement c’est de la petite politique… Sauf qu’en même temps, ça touche quelque chose de tellement important.

C’était écrit dans le ciel que Monique Jérôme-Forget bluffait quand elle annonçait avec son grand sourire qu’il n’y aurait pas de déficit dans le présent exercice. Ainsi va la politique partisane quand les résultats d’une élection sont en jeu.

C’est à se demander si cela n’a pas beaucoup participé au cynisme et au résultat si faible du taux de votation qu’on connaît. On a beau vivre sur l’espoir, mais il était irrationnel de croire que le Québec était dans une bulle presque étanche devant les explosions économiques aux alentours. Si oui, c’était une maison de verre pas trempé!

Ce n’est pas dans mes habitudes (ça tombe bien, les habitudes sont à casser le plus possible!), mais je commence à croire, comme les amants du libre marché, que ce n’est pas une bonne idée de s’endetter collectivement pour la simple espérance de voir cela régler les problèmes, au lieu de se serrer la ceinture, comme tout bon citoyen le fait à un moment dans sa vie, suite à un laisser-aller au niveau du crédit.

11 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Renart L'Eveillé

Si les élections pouvaient changer quoi que ce soit…

Il semble que le Québec va bientôt procéder à son maquillage démocratique périodique. Le moment semble venu, mais 70 % de la population préférerait que cet exercice n’ait pas lieu. Réflexe d’une population satisfaite qui ne voit pas la nécessité d’une remise en question… ou lassitude résignée de cette population, qui préférerait autre chose que ce traitement cosmétique ? Le peuple serait-il si réticent à s’exprimer, si on lui posait les  questions auxquelles il ne demande qu’à répondre ? N’y a-t-il pas certaines questions qui déclencheraient l’enthousiasme qui a amené 95 % de la population à se prononcer, lors du dernier référendum ?

OUI, il y a de ces questions … mais on veut en détourner l’attention. Parmi ces questions, bien sûr, il y a celles sur la souveraineté, la place du français et la composition démographique que l’on souhaite au Québec.   Choisira-t-on une immigration qui permettra de faire face plus facilement à nos obligations envers nos retraités… ou la restreindra-t-on pour garder au Québec le visage que nous lui connaissons ?  Souveraineté, langue et immigration sont trois (3) sujets  sur lesquels la population voudrait bien qu’on lui propose des choix.

Ne pas croire, toutefois, que l’intérêt de la population se borne à ces trois (3) thèmes.  Il y aurait aussi des débats passionnants à faire sur  l’éducation, question si préoccupante qu’on préfère ne pas s’en occuper.  Sur la santé, à laquelle tout le monde pense, mais sans vouloir trop y penser, parce qu’il y a des choix à faire qu’on ne veut pas faire. Des choix financiers, mais aussi des choix techniques, une remise en question des fonctions des intervenants en santé  – de celles  des spécialistes à celles des préposés aux soins.  Une révision gênante à faire du rôle des élites traditionnelles, de leurs privilèges et de leurs droits acquis.

On aimerait bien, aussi, parler de l’accès à la justice. Il n’y a pas de justice au Québec pour le monde ordinaire ; la justice est  biaisée en faveur de ceux qui possèdent et contre ceux qui n’ont rien.  La population de n’abstiendrait pas de voter si on lui parlait de réformer cette justice qui n’est qu’apprivoisement de l’injustice.

Elle ne se détournerait pas non plus, si on lui parlait de sécurité.  Il semble bien que la hausse vertigineuse de la criminalité à laquelle nous avons assisté durant quelques années se soit arrêtée, mais est-ce  bien vrai ? N’est-ce pas plutôt que, comme une tache qui s’estompe sur un vêtement qui devient uniformément sale, le crime se discerne moins dans une société qui devient uniformément plus violente ? Est-ce que nous ne sommes pas à apprivoiser l’insécurité, comme nous avons apprivoisé l’injustice ?

Et si on parlait du système carcéral ? La prison traditionnelle  a-t-elle encore un sens dans notre société ? Il y a des façons plus efficaces  de punir si on veut punir et de réhabiliter et si on veut s’en donner la peine, mais, surtout de protéger la population adéquatement…  Si on consultait la population et qu’on revoyait tout ça ?

Il faudrait penser aussi à ce qu’il adviendra de l’État de droit, si nous laissons le népotisme et la corruption pervertir la démocratie. Ici, comme dans tous les pays qui se prétendent démocratiques, il est de plus en plus difficile de croire que, derrière le cirque médiatique qui nous distrait, le peuple ait encore un contrôle sur les décisions qui sont prises et sur le sort qui lui est fait.  On s’empresse pourtant de mettre une pelletée de terre chaque fois qu’on sent bouger le cadavre de la démocratie.

Il faut démocratiser la gouvernance, mais se souvenir aussi que la gouvernance ne s’exprime que par une administration. Sommes-nous bien administrés ?  Échappons à l’arbitraire des décisions bureaucratiques ?  Évitons-nous cette procrastination qui va de paire avec la désuétude des moyens dont nous disposons pour que la prise des décisions soit efficace dans une société complexe ?  Que voudrait la population ?  On pourrait le lui demander.

Pourquoi, par exemple, se déplacer pour allers chercher un permis dans une officine de l’État, alors que ce permis pourrait être envoyé par courriel à son titulaire, puis à quiconque aurait l’autorité de l’exiger ou auquel le titulaire en autoriserait la divulgation ? Si l’on mettait à profit les moyens de communication dont on peut maintenant disposer, on pourrait réaliser en ligne  le plus clair des échanges documentaires entre les citoyens et les administrations publiques.   Sur ça aussi, nous aimerions tous voter, si quelqu’un prenait la peine de faire une proposition intelligente pour renvoyer à domicile une large part du fonctionnariat

Voter, aussi, sur la place de l’information dans la société et le rôle de l’État dans l’information. Quelle devrait être la responsabilité de l’État pour diffuser la nouvelle?  De quels moyens de contrôle sur cette responsabilité l’État devraient disposer les citoyens ? Les médias traditionnels seront rejoints, puis un jour remplacés, par une multitude de blogues et de journaux citoyens qui viendront compléter l’information et garantir la transparence de notre société.  Ce sera une nouvelle donne. Il faudrait peut-être en parler…

il y a aussi toute la question de l’environnement.  Quels moyens prendrons-nous pour assurer notre approvisionnement en énergie, condition incontournable d’un développement continu ?  Cette question s’inscrit dans une problématique plus large : continuer dans la voie d’une consommation en constante expansion … ou bifurquer  vers une société plus frugale de simplicité volontaire. La population doit comprendre que la stabilisation de la consommation des biens matériels ne veut pas dire un arrêt du progrès, seulement une réorientation vers des valeurs intellectuelles, culturelles, spirituelles…

Pourquoi toujours occulter le débat sur la notion d’équité et d’une plus juste distribution de la richesse ?  On n’y coupera pas, car dans une société complexe et donc d’interdépendance, la solidarité n’est plus une vertu, mais une exigence technique. Il faut revaloriser le travail comme facteur de production, mais cela ne suffira pas pour distribuer équitablement le revenu  L’assistanat, sous une forme ou sous une autre, prendra de plus en plus d’importance et une politique d’assistanat plus envahissante est inévitable.  Il faut que la population se prononce sur les modèles de relation du travail à l’assistanat car, sans un consensus social, l’assistanat n’est qu’une variante de l’exploitation et du favoritisme.

Dans le contexte  de la crise financière actuelle, la population ne devrait-elle pas aussi être consultée sur les modifications à apporter à notre système financier, aux régimes fiscaux, au crédit, à l’émission de la monnaie dont nous avons vu que la gestion paternaliste par une toute petite élite financière nous a conduits au désastre ?

Il y a des décisions sociétales à prendre.   Il y a des choix qu’il faut demander à la population de faire, parce que c’est à elle de prendre ces décisions. La manière de faire ces choix devrait elles-mêmes faire objet de débats. Peut-on intégrer la notion de référendum à notre structure de gouvernance ?  La démocratie directe est maintenant devenue techniquement possible. Veut-on s’en approcher pour la gestion de notre quotidien ?

Si on consultait vraiment la population, il ne serait pas difficile de la motiver. Trop complexe ?  IL N’Y A RIEN  QU’ON NE PUISSE  FAIRE COMPRENDRE À UN INDIVIDU D’INTELLIGENCE MOYENNE. S’il veut comprendre et si on prend le temps de le lui expliquer.

Il  y a beaucoup à discuter. Pourtant, on se prépare à des élections où, comme d’habitude, on restera au niveau des insignifiances, en évitant soigneusement tout ce qui pourrait ressembler à une véritable consultation du peuple. Encore une fois, on va demander à la population de choisir ses maîtres au lieu de lui offrir une plus grande maîtrise sur son destin.

On a déjà dit : « Si les élections pouvaient changer quoi que ce soit, elles seraient interdites. »    Ne faudrait-il pas plutôt se hâter d’interdire toutes les élections qui ne peuvent rien changer ?

Pierre JC Allard

 

31 Commentaires

Classé dans Actualité, Pierre JC Allard

Une crise de confiance

D’où vient la crise financière que nous sommes à vivre ? Ceux qui veulent en connaître les causes profondes doivent remonter LOIN EN ARRIÈRE. On peut se contenter, toutefois, de voir la dernière scène du dernier acte. Le rideau se lève sur les économistes de Reagan, mettant fin aux politiques keynésiennes et de redistribution de la richesse qui avaient permis ces trois décennies de prospérité qu’on a appelées les Trente Glorieuses.

Pour protéger les avoirs des capitalistes, on a appliqué les freins, au début des années « 80, cessant la redistribution qui avait créé l’Âge d’Or. Bien sûr, la bicyclette a cessé de rouler. On a stoppé net la croissance en termes réels du pouvoir d’achat; ­ le revenu moyen en dollars constants, aux USA n’augmenterait plus pendant 25 ans ! – alors même que les progrès de la technologie permettaient de produire plus et EXIGEAIENT plus que jamais que l’on consomme davantage.

La contrainte technique inhérente au capitalisme industriel – cette relation de dépendance envers le consommateur et la demande effective – ne cessant pas pour autant d’exister, l’enrichissement réel du capitaliste s’en est trouvé lui aussi stoppé net. Plutôt que de reconnaître son erreur et de reprendre la redistribution en augmentant la valeur du travail, enrichissant d’abord les travailleurs, puis éventuellement les capitalistes eux-mêmes, le Système a choisi la solution périlleuse de contenter tout le monde. En trois (3) mouvements.

Le Système a d abord mis les riches à l’abri de tout nouvel effet de redistribution, en réduisant les impôts qui leur avaient été imposés et en rétablissant un taux d’intérêt assez supérieur à l’inflation pour que, toute fiscalité prise en compte, un riche puisse encore devenir plus riche en ne faisant rien et sans courir aucun risque, par simple accumulation des intérêts sur un capital oisif.

Ensuite, pour se concilier la strate supérieure de la classe moyenne, celle qui contrôle de fait le processus démocratique qui sert de faire valoir au Système et est essentiellement composée de propriétaires, on a aussi tenu ceux-ci indemnes de toute contribution au processus de redistribution, leur faisant réaliser, par l’inflation, un gain en capital sur leur propriété supérieur à ce qu’ils contribuaient en impôts.

Qui allait subventionner la consommation les laissés pour compte, toujours nécessaire au fonctionnement de l’économie, si ni les capitalistes, ni les propriétaires n’y contribuaient? La seule cible restait la strate inférieure de la classe moyenne, ceux qui payaient des impôts à la source et qui, n’étant pas propriétaires, ne bénéficiaient pas de l’inflation.

Il était manifestement impossible, cependant, sans les paupériser eux-mêmes, de soutirer des seuls travailleurs/locataires le coût de la subsistance des pauvres et de l’enrichissement constant des nantis. Il fallait donner aux pauvres le pouvoir d’achat qu’il fallait et permettre aux propriétaires de tirer leur épingle du jeu, tout en laissant les riches engranger des intérêts, mais sans faire basculer une majorité des travailleurs dans la pauvreté.

Le Système a choisi la solution de la fuite en avant : il à simplement créé l’argent qui lui manquait. Il l’a fait en maintenant les intérêts élevés, alors que la surabondance de capitaux aurait du mener à des taux bas ou même négatifs. Au Canada, par exemple, des obligations de l’État portant 19 % d’intérêt ont pu débuter en 1982 leur généreuse carrière et la poursuivre entre les mains de ceux qui les avaient acquises, pendant que les politiques de l’État ramenaient à 2 % l’inflation de 14 % qui avait justifié leur émission.

Pendant 25 ans, le niveau de vie en dollars constants des classes moyenne aux USA n’augmenterait pas d’un iota – et celui des plus défavorisés diminuerait, même ! – pendant que l’indice Dow-Jones passerait de 800 à 13 000, multipliant par 17 la valeur des stocks. C’était un ajout au patrimoine des nantis d’une valeur monétaire supérieure à celle de tout le patrimoine de la France ! Mais que valait RÉELLEMENT cet ajout ?

Les actions d’une compagnie confèrent un droit au partage des profits à tirer de la vente de ce que celle-ci produit. Mais si la population n’a augmenté que modestement et son revenu par tête encore moins, l’espérance des profits à retirer des biens et services qu’on peut vendre au consommateur est-elle si supérieure à ce qu’elle était au début de la période ? On créait en bourse une valeur fictive colossale qui ne représentait aucune réalité et qui, comme un arc-en-ciel n’existait que dans la mesure où l’on n’étendait pas la main pour y toucher. Une chimère qui n’existerait qu’aussi longtemps qu’on feindrait d’y croire.

Pour régler ses fins de mois, le système allait créer une richesse virtuelle illimitée, répartie uniquement entre ceux dont l’aisance assurait que cette richesse ne trouverait pas sa voie vers la consommation de biens et services, mais demeurerait totalement investie. En distribuant uniquement cette richesse virtuelle aux riches, on pouvait satisfaire l’ambition de ces derniers dont le pourcentage de la richesse reviendrait au niveau de naguère, mais sans risque d’inflation, puisque cet argent ne serait jamais utilisé pour la consommation, mais uniquement comme un outil de pouvoir.

Le problème, c’est qu’en l’absence d’une inflation qui, même désagréable, aurait au moins maintenu un rapport entre la réalité et son symbole, on a permis qu’il ne subsiste plus aucune commune mesure entre les biens réels et la masse monétaire qui prétend les représenter. Le Système a fait plaisir à tout le monde en distribuant largement de l’argent qui ne correspond à aucune valeur réelle. On a plongé dans l’imaginaire. Au lieu de récompenser ses enfants doués en leur donnant plus de friandises, le Système ne leur a plus offert que des images.

La monnaie est un symbole qui n’a que la valeur qu’on veut bien lui donner. Une illusion primaire sur laquelle on en bâtit de plus subtiles. Plus loin que la monnaie, en effet, dans l’hyperespace financier, il y a les chèques, billets, bons et obligations qui ne sont que la promesse d’un paiement en monnaie. Prenez encore plus de distance avec le réel et, par-delà la valeur des obligations, pensez à la valeur fluctuante d’une action cotée en bourse et qui confère le droit à une part d’un profit problématique sur d’hypothétiques transactions, un profit payable lui aussi en monnaie, bien sûr.

Allez encore plus loin et concevez maintenant un « produit dérivé », une valeur qui se construit autour des fluctuations de la valeur de ces actions et de la monnaie elle-même. Vous voyez encore la réalité dans le lointain? Si vous voyez encore la réalité et qu’elle vous dérange, faites un autre grand saut dans l’hyperespace. Puisque le crédit est là qui ne demande qu’à grandir, créez d’un acte de volonté audacieux le concept d’une « ligne de crédit » – un droit de dépenser – qui reposera sur la garantie de vos « produits dérivés »… Ensuite, faites confiance aux copains et confiez le pouvoir d’animer ces lignes de crédit à des banques qui inscriront à leur livres, comme un actif, les sommes que vous reconnaissez leur devoir quand vous utilisez ces lignes de crédit.

Ces actifs permettront des activité « hors-bilan », d’où résultera un accroissement constant de la valeurs monétaire des titres boursiers qui serviront d’aval au crédit. Ne vous tracassez pas de ce qui est aux livres sans être au bilan : ce sont de simples singularités de l’imaginaire, des trous noirs qui absorbent de l’énergie et du travail, mais dont il ne ressort rien. Ne vous tracassez surtout pas, car votre pauvre coeur en prendrait un coup en voyant que ces activités hors-bilan représentent désormais 85 % des activités bancaires.

L’imaginaire est insondable et les possibilités de jeu dans l’hyperespace financier sont infinies. La valeur monétaire de tout ce qu’il y a sur cette planète est estimée à USD$ 145 trillions. Chaque jour, il se fait USD$ 3 trillions de transactions. Pensez que tous les biens meubles et immeubles sur cette terre sont échangés, vendus, achetés à chaque 7 semaines, puis encore, et encore…. Ils ne le sont pas, bien sûr, mais pour chaque pseudo transaction, un agio est payé à qui contrôle cet argent.

On a attribué à cette richesse monétaire, coupée de tout lien efficace avec le réel, une valeur nominale qui équivaut à 10 ou 100 fois – on ne sait plus très bien – celle des biens dont on prétend qu’elle est le symbole. À l’actif d’individus et de corporations sont inscrits des dizaines de trillions de dollars, qui ne pourraient être mis en circulation sans que l’on ne se rende compte qu’ils ne représentent aucune valeur.

La plupart de ces trillions de dollars sont en Bourse, aux confins de l’hyperespace, constituant une valeur totalement évanescente qu’il suffirait d’une crise de confiance pour faire disparaître.

Confronté a une crise de confiance, le système n’a d’autres remèdes que de distribuer encore des images – 700 milliards d’images, cette semaine – et de mentir. L’avenir est bien incertain…

Pierre JC Allard

20 Commentaires

Classé dans Actualité, Pierre JC Allard