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Quand la Boussole électorale ne va pas dans le même sens pour le Québec et le Canada…

Par Renart Léveillé

Lors de la dernière élection fédérale, la Boussole électorale ne semblait pas faire l’unanimité. Quoi qu’il en soit, les résultats sont maintenant en ligne, et « plus d’un million de Canadiens ont répondu » à ce sondage, ce qui semble un échantillonnage assez important. Il faut quand même regarder ces résultats avec prudence, mais il y a tout de même des tendances importantes qui en ressortent.

Ce qui ressort le plus, c’est que le Québec est sans conteste une société distincte. Chaque question est illustrée par une carte du Canada où les couleurs de chaque région démontrent dans quel sens vont les opinions. Et dans la majorité des cartes, on voit que les Québécois pensent différemment du ROC, cela dit en ne dissimulant pas la diversité d’opinion des Québécois eux-mêmes. Je le répète, il est bien sûr question de tendances.

Là où les Québécois sont vraiment différents de la majorité des Canadiens, il n’y a pas d’équivoque. Ils sont beaucoup plus contre la mission afghane, contre la présence militaire en Arctique, contre les dépenses militaires tout court. Aussi, ils sont pas mal les seuls à vouloir d’avantage de relations économiques avec les États-Unis et à vouloir se doter d’une taxe sur le carbone. Pour continuer dans les enjeux environnementaux, le Québec est vraiment plus du côté de croire que l’industrie des sables bitumineux d’Alberta cause des dommages, contrairement au ROC qui pense plus que c’est de l’exagération. Encore, le Québec partage avec une infime partie du Canada un désir plus grand de normes environnementales plus sévères, « même si elles entraînent une augmentation des prix pour les consommateurs ».

Pour ce qui est de la question de la place du secteur privé dans le système de santé, le Québec partage une préférence minoritaire pour davantage de place avec certaines autres régions. Pour ce qui est de l’immigration, le Québec est le plus favorable avec le fait d’exiger l’anglais ou le français comme condition d’admission pour les immigrants. Encore à ce sujet, et ce n’est pas très surprenant, ce sont les Québécois qui ont le plus, et de beaucoup, répondus « Préférence pour moins » à la question : « Combien d’efforts devrait-on faire pour accommoder les minorités religieuses au Canada? »

Encore, ils sont les plus modérés quant à juger comme des adultes les « jeunes délinquants qui commettent des crimes violents », les moins d’accord avec l’abolition du registre des armes à feu et plus en accord avec « le droit de mettre fin à leur vie avec l’aide d’un médecin » des « patients en phase terminale ». Du côté politique, ils sont le plus contre le Sénat, les moins d’accord avec des coupures au niveau du financement public des partis politiques et, la différence est extrême, pour que seules les personnes bilingues (anglais et français) puissent être nommées à la Cour suprême.

Pour ce qui est des questions constitutionnelles et du rapport entre le Québec et le Canada, à contrario du Québec, le ROC pense que « Le gouvernement fédéral devrait avoir son mot à dire dans les décisions concernant la culture au Québec », n’est franchement pas favorable à ce que « Le Québec [soit] formellement reconnu en tant que nation dans la Constitution » et, bien sûr, à ce que « Le Québec [devienne] un État indépendant ».

Et, pour terminer, les Québécois sont plus amplement d’accord que « Les travailleurs devraient contribuer davantage à leur régime de pension (RPC/RRQ) pour avoir des pensions plus généreuses », et que les plus riches devraient payer plus d’impôt, idem pour les entreprises.

À la lumière de tout cela, et avec les résultats de la dernière élection fédérale où le Québec a placé le NPD comme opposition officielle, il n’y a pas de doute que le Québec fait cavalier seul et ne se retrouve pas dans cette fédération centralisatrice, qui sera menée par un gouvernement conservateur, ce parti très impopulaire dans la belle province. Est-ce que les Québécois pourront continuer de faire du déni alors que le ROC est farouchement contre le caractère particulier du Québec? La quintessence de cette hypocrisie étant, pour les Canadiens hors Québec, le total refus de reconnaître la nation québécoise alors que le parti qu’ils ont porté au pouvoir se vante de l’avoir reconnu (bien que ce soit en réalité de la poudre aux yeux!).

Dans ces conditions, le statu quo qui prévaut encore en ce moment est une insulte à l’intelligence. Si le Québec était un individu, franchement, comment peut-il se regarder dans le miroir? L’amour-propre, cela veut-il encore dire quelque chose?

(Photo : topsteph53)

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Question de tirer au fusil sur les subventions publiques aux partis…

Durant cette campagne électorale, il y a deux thèmes chers aux conservateurs qui me font tiquer : la promesse de Stephen Harper d’abolir une grande partie du registre des armes à feu et son voeu de couper les subventions publiques aux partis politiques.

Pour ce qui est des armes à feu, il y a quelque chose qui me semble contradictoire. N’est-il pas celui qui donne beaucoup d’importance à la lutte contre la criminalité (à sa manière) en allongeant « les peines minimales pour les crimes graves commis avec des armes à feu »? N’est-il pas celui qui a fait augmenter les dépenses dans les services correctionnels « de près de 80 % »?

Il ne veut pas améliorer le registre, mais bien l’abolir, enfin, « abolir l’obligation d’enregistrer les armes longues, comme les fusils de chasse » (lire : faire plaisir aux chasseurs). Ça dépasse l’entendement quand on ne comprend pas ce que cela signifie entre les lignes. ll y a un lien à faire avec ce satané désir de liberté calqué sur nos voisins du sud, comme quoi l’État ne va pas nous dire quoi faire (je suis d’accord en partie avec ça, mais il y a des limites : posséder une arme n’est pas la même chose que faire ce qu’on veut dans notre chambre à coucher). Pourtant, ça prend un permis pour conduire une voiture et il faut qu’elle soit enregistrée (même que le coût de tout ça n’est jamais remis en question). On parle d’armes, pas de jouets pour les enfants. Et quand on sait que les « corps de police canadiens, dont la SQ et la GRC, sont contre l’abolition », c’est encore plus absurde.

D’un côté, on amplifie la répression alors que le taux de criminalité baisse (au Canada — et aux États-Unis, où « on incarcère cinq fois plus qu’au Canada »). Et de l’autre on veut laisser libre court à la liberté des armes de chasse, celles-là mêmes qui peuvent autant tuer des humains que les autres. C’est là où le bât blesse. Parce qu’en soi, une arme, c’est un condensé de possibilités de meurtres. Le seul fait qu’elle existe crée un danger qu’il faut au moins baliser. C’est la moindre des choses. Et puis, je ne comprends tout simplement pas ce qu’il y a de si excitant pour les chasseurs et agriculteurs dans cette promesse électorale. Est-ce vraiment une si grande insulte à leur intelligence que de leur demander d’inscrire leurs armes dans un registre? À moins que cette obligation ne soit prise comme une injure, l’injure d’être mis dans le même panier que les membres des clubs de tirs…

Pour ce qui est de la question de couper les subventions publiques aux partis politiques, elle est très certainement partisane. C’est bien connu, le parti conservateur n’a pas trop de problèmes, comparativement aux autres partis, à remplir ses coffres. Il ferait ainsi une pierre deux coups! Couper l’herbe sous le pied de ses adversaires et, pour l’avenir, s’installer comme nouveau parti naturel de gouvernance du Canada « (Natural Governing Party) ». Mais, globalement, le plus grave dans tout ça, c’est que ce possible abandon des subventions aux partis ouvre toute grande la porte à une augmentation du pouvoir des plus riches, à une ploutocratie. Déjà que la démocratie comme on la vit est déjà bien malmenée.

Dans le fond, il n’y a rien de plus simple comme calcul. Ce ne sont pas les pauvres ni même la classe moyenne qui ont les moyens d’encourager les partis politiques. Quel que soit le parti qui donnera le plus de bonbons à la classe riche, il obtiendra le plus d’argent. Oublions alors l’idée même d’équité en politique et quelque chose qui ressemblerait un peu à l’équilibre des chances. Encore plus loin, imaginons tous les partis tentant de séduire la classe riche dans le but de simplement survivre. Pour contrer cela, il faudrait un puissant mouvement populaire qui ne semble pas près de poindre à l’horizon.

Certains argueront qu’il est question de liberté individuelle versus de la mainmise de l’État, mais ils oublieront de dire qu’au final cette idée de liberté se monnaye. Dans ce cas, peut-on encore parler de liberté?

 

(Photo : roel1943)

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La déchéance d’Israël & l’indécente partialité des médias

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« Je veux vous dire ceci très clairement, ne vous en faites pas à propos de la pression américaine sur Israël, nous, les Juifs, contrôlons les États-Unis, et les Américains le savent. » – Ariel Sharon parlant à  Shimon Peres, le 3 octobre 2001, rapporté à la radio Kol Yisrael.

Comme dans le passé, les conflits du Moyen-Orient sont rapportés par les médias occidentaux et commentés par les politiciens en suivant la ligne des points de presse d’Israël. Ceci a été une composante essentielle du succès d’Israël dès ses débuts et aussi de son habilité à prolonger les hostilités sans devoir faire face à des pressions des États-Unis. Découlant de cette compréhension de l’importance de la guerre de la propagande, Israël combat sur ce front de façon aussi vigoureuse et disproportionnée qu’elle s’engage sur le champs de bataille.

Voici comment ils s’y prennent: si vous définissez les termes du débat, vous le gagnerez. Très tôt, les Israéliens travaillent pour définir le contexte, le point de départ et la ligne narrative qui vont former et mouler la compréhension du conflit. Si les informations ne coïncident pas avec le narratif désiré, déniez, déniez, déniez. En dernier recours, lorsque toutes les autres options ne fonctionnent pas, on peut toujours blâmer la critique d’être antisémite. La technique peut être répugnante et trop utilisée, mais elle peut imposer le silence et mettre les critiques sur la défensive. La machine de propagande sioniste est très bien huilée. Il faut savoir faire la distinction entre l’antisémitisme qui est la haine de ce que les gens sont et la critique légitime de leurs actions.

Dans le présent cas qui nous concerne, à Gaza, ils ont essayé d’établir par répétition constante que le point de départ du conflit était le 19 décembre, soit la fin du cessez-le-feu de six mois, qu’Israël a décrit comme « unilatéralement terminé par le Hamas ». Ce faisant, ils ont ignoré le fait qu’ils ont brisé le cessez-le-feu en premier le 4 novembre 2008 en tuant six militants palestiniens, fait confirmé par l’ONU et CNN, alors qu’ils ont admis que le Hamas avait respecté en tous points les termes, qu’aucune roquette ne fut lancée pendant les six mois de la trêve. Les autorités israéliennes ont bien sûr ignoré leur refus d’honorer les termes du cessez-le-feu et d’ouvrir les frontières de Gaza qui est sous un véritable état de siège, créant ainsi une catastrophe humanitaire sans pareil tout en gardant à genoux les Palestiniens dans une dépendance totale pour tout ce qui entre et sort de Gaza, incluant médicaments, pétrole, électricité, nourriture.

Ce processus a débuté bien avant le retrait des Israéliens de la bande de Gaza en 2005 et s’est poursuivit jusqu’à maintenant. On ignore aussi le fait que le Hamas dans ses débuts fut une création du Mossad, que plusieurs de leurs agents ainsi que des soldats israéliens se font passer pour des « terroristes » du Hamas et que finalement, le Hamas n’a pas pris le pouvoir de force par un coup d’état, mais fut bel et bien démocratiquement élu par les Palestiniens qui les perçoivent comme étant les seuls capables de les protéger.

Il faut reconnaitre que les stéréotypes fonctionnent bien. Pendant des générations, le conflit israélo-palestinien a été définit avec des images culturelles positives d’Israël et des stéréotypes négatifs des Palestiniens. Cette histoire a depuis longtemps été perçue comme « l’humaine et morale Israël confrontant le problème palestinien » avec la couverture médiatique qui montre tout conflit commençant avec la façon dont « le problème » affecte les israéliens. Comme Golda Meir le décrivait: « Nous pouvons pardonner les Arabes de tuer nos enfants, mais nous ne pouvons jamais leur permettre de nous forcer à tuer leurs enfants« .

Ainsi donc, il n’est pas surprenant que malgré la souffrance sans parallèle des Palestiniens, la couverture médiatique a essayé de « balancer » le récit, accordant un vaste traitement dramatique à la situation des Israéliens « terrifiés » et aux impacts que cette « guerre » a sur eux. Depuis le début, lorsque le traitement des médias comptait le plus, les Palestiniens furent réduit, comme toujours, à de simples nombres, ou objectivés comme « dommages collatéraux ».

Comme nous le voyons, dans ce conflit, comme dans toute guerre moderne, la propagande joue un rôle majeur. Le ratio de la disparité des forces entre l’armée israélienne – avec ses avions de guerre, hélicoptères de combat, drones (ASV), bateaux de guerre, artillerie, chars d’assaut, sous-marins et sans oublier ses 400 bombes nucléaires – et les quelques milliers de combattants légèrement armés du Hamas est de l’ordre d’un à mille, ou peut-être même d’un à un million. Dans l’arène politique, l’écart est encore plus grand. Mais dans la guerre de propagande, cet écart est à toute fin pratique infini. Presque tous les médias occidentaux ont initialement répété la ligne de propagande officielle israélienne. Ils ont quasiment ignoré entièrement la version de l’histoire des Palestiniens, sans compter les démonstrations quotidiennes du camps pour la paix chez les israéliens et juifs dans le monde.

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La raison du gouvernement israélien (« l’État doit défendre ses citoyens contre les roquettes Qassam« ) a été acceptée comme étant l’entière vérité. L’autre face de la médaille, celle qui explique que les roquettes sont une forme de résistance et de révolte contre l’état de siège qui a carrément affamé un million et demi d’habitants de la bande de Gaza (sans oublier les dizaines de patients qui sont morts dans les hôpitaux sans médicaments et électricité) qui est sous occupation militaire depuis 60 ans, n’a pas été mentionné du tout. C’est seulement lorsque les scènes horribles de Gaza ont commencé à apparaitre sur les écrans de TV que l’opinion publique a graduellement changée.

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Les planificateurs de cette agression israélienne de 22 jours dans la bande de Gaza, causant la mort de plus de 1300 personnes et blessant plus de 6000 autres, majoritairement des civils dont des enfants et femmes, avait pour but de faire cesser les tirs de roquettes et renverser le Hamas en pensant que d’imposer l’enfer sur les Palestiniens les feraient renoncer à supporter le Hamas. C’est une hypothèse erronée, car au contraire, cette violence gratuite ne fera qu’unifier la population derrière le Hamas et va renforcer leur détermination de résister à l’agresseur. Celui qui donne l’ordre d’attaquer un espace si dense en population avec de telles méthodes barbares sait très bien qu’elles entraineront la mort terrible de nombreuses innocentes victimes. Apparemment que cela n’a pas touché ce commandant. Ou bien il a cru que cela ferait en sorte « qu’ils vont changer leur façon de faire » et « leur faire prendre conscience » que dans le futur il n’oseront pas résister à Israël.

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Ces mêmes planificateurs pensaient qu’ils pouvaient empêcher le monde de voir ces images en interdisant les journalistes et la couverture de presse de la bande de Gaza. Mais dans la guerre moderne, une vue stérilisée et manufacturée de la sorte ne peut exclure totalement toutes les autres – les nombreuses caméras et téléphones cellulaires, à l’aide d’Internet ne peuvent pas être contrôlés. Aljazeera a fait un effort notable de transmission de ces images depuis le début de la crise qui ont atteint tous les foyers du monde.

Dans cette guerre, hommes politiques et généraux ont cité à plusieurs reprises les mots suivants : « Le patron est devenu fou ! » crié à l’origine par les vendeurs de légumes sur le marché, dans le sens de « Le patron est devenu fou et il vend les tomates à perte ! » Mais, le temps passant, la plaisanterie s’est transformée en une doctrine meurtrière implacable qui apparaît souvent dans le discours public israélien. Pour faire reculer nos ennemis, nous devons nous comporter comme des fous, tout saccager, tuer et détruire sans merci.

Dans cette guerre, c’est devenu un dogme politique et militaire : ce n’est que si nous « les » tuons disproportionnellement – mille d’entre « eux » pour dix des « nôtres » – qu’ils comprendront qu’il vaut mieux ne pas se frotter à nous. Ce sera « marqué dans leur conscience » (phrase israélienne favorite ces temps-ci). Après quoi, ils réfléchiront à deux fois avant de lancer d’autres roquettes Qassam contre nous, même pour riposter à ce que nous ferons, quoi que nous fassions.

Il est impossible de comprendre la brutalité de cette guerre sans prendre en compte son arrière-plan historique : le sentiment d’être des victimes après tout ce qui a été fait aux Juifs à travers les âges, et la conviction qu’après l’Holocauste ceux-ci ont le droit de tout faire, absolument tout, pour se défendre, sans aucune restriction légale ou morale. (Source: Le patron est devenu fou)

Noam Chomsky écrit aussi dans un texte intitulé « Exterminer toutes les brutes: Gaza 2009 » qu’Israël a fait le calcul qu’il serait avantageux d’avoir l’air de devenir « fou », causant une terreur largement disproportionnée, une doctrine remontant aux années 1950. Jonathan Cook décrit comment, après avoir rapidement manqué de nouvelles cibles à attaquer dans les premiers jours de l’agression de Gaza, la définition des cibles reliées au Hamas a été élargie pour inclure mosquées, universités, cours de justice, écoles, ambulances, hôpitaux, ponts, routes, station de production d’électricité, égouts, manufactures, boutiques et endroits de travail. Mieux encore, selon le Jerusalem Post, le président israélien Shimon Peres a déclaré lors d’une rencontre avec une mission de l’AIPAC en visite en Israël que « l’objectif des attaques était de livrer un dur coup aux habitants de Gaza pour leur faire passer le gout de tirer sur Israël« . Ceci explique la joie de Shimon Peres à propos du déroulement du processus: « La mise en place des opérations courantes ont procédé à 90% en accord avec les plans« . Dans un article publié dans le journal israélien Haaretz en octobre 2008, les militaires israéliens ont exposé leur plan « d’utiliser une force disproportionnée » contre tous les villages qui résisteront dans une prochaine guerre prévue contre le Liban, de « causer d’immenses dommages et destruction« . (Source)

Une nation folle, mais tout de même aux commandes d’armes nucléaires, faut-il le rappeler, avec l’appui financier et militaire des États-Unis et le consentement des médias.

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Un nouveau « cessez-le-feu »

Un nouveau cessez-le-feu a été établit entre le Hamas et Israël,  exigé à temps pour ne pas gêner l’inauguration magistrale de Barack Obama, mais déjà Israël se retient pas de le violer avec des attaques aériennes et navales, utilisant encore des armes chimiques telles que le phosphore blanc. Israël empêche encore les équipes médicales et la nourriture d’entrer à Gaza, continuant ainsi la punition collective des Palestiniens. On ne se prive pas d’arrêter et incarcérer des jeunes de 12 ou 13 ans pour lancer des roches. C’est la répétition: Israël déclare un arrêts des hostilités question de soigner son image internationale tout en continuant d’attaquer les Palestiniens, gardant les points de surveillances fermés et en bloquant l’assistance humanitaire. (voir cette vidéo pour bien saisir tout le paradoxe de la situation)

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Les médias sont rapides et persistants pour dénoncer le terrorisme comme dans le cas des attaques à Mumbai, en Inde, plaçant hâtivement le blâme sur le dos large de l’Al Qaïda (création de la CIA), mais lorsqu’il s’agit des crimes de guerre et du terrorisme des États-Unis ou d’Israël, un silence assourdissant se fait entendre, si ce n’est pas un flot de désinformation et de propagande pour les justifier. 195 personnes massacrées à Mumbai est terrible et constitue du terrorisme, mais 1300 Palestiniens massacrés ou 1191 Libanais tués par Israël en 2006 avec des armes et équipement militaire made in USA est complètement normal, justifiable et constitue non pas du terrorisme, mais des « dommages collatéraux inévitables » qui nous brisent le coeur. Les roquettes artisanales Qassam du Hamas qui ont tué une vingtaine d’Israéliens la dernière décennie en résistance contre l’occupation militaire et le vol de plus de 80% du territoire palestinien est classifié comme du terrorisme. D’accord. Par contre, pourquoi ne pas nommer les actes de Barack Obama qui a décidé d’autoriser le bombardement d’un village au nord du Pakistan, tuant d’un coup 22 personnes, de terrorisme? Pourquoi est-ce qu’Israël peut tuer autour de 300 bébés et enfants impunément en clamant se défendre sans être accusé de terrorisme? (Ils sont même allés jusqu’à accuser le Hamas de tuer leurs propres enfants pour faire mal paraitre Israël dans les médias) Est-ce que ces jeunes êtres humains étaient une menace terroriste pour Israël? Jusqu’où devons-nous descendre avant de frapper le fond de la faillite mentale humaine? Jusqu’à quand accepterons-nous que des psychopathes courent en liberté et contrôlent des armées et pire, on le doigt sur le commandes des bombes nucléaires?

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Les mensonges, les deux poids deux mesures, sont la norme de nos médias traditionnels qui se rendent ainsi aussi coupables et responsables que les agresseurs en ne rendant pas une image de la réalité objective. Heureusement que certains journalistes commencent à redévelopper un peu de courage et d’intégrité et osent nommer les choses par leur nom en nommant la ministre des affaires étrangères, Tzipi Livni, de terroriste. La Belgique pourrait aussi la placer sous mandat d’arrêt pour crime de guerre. Le journal britannique The Times a été un des rares à interpeler l’utilisation du phosphore blanc dès le début par Israël, dans des zones populeuses de Gaza, dont sur une école de l’ONU connue d’Israël, causant la mort d’une quarantaine d’enfants venus se réfugier en lieu « sûr ». La trame de mensonges et de déni de la part d’Israël serait comique si elle n’était pas aussi tragique:

Le 5 janvier, l’équipe du journal The Times rapporte des trainées de fumée trahissant l’utilisation de phosphore blanc en milieu urbain. Israël nie tout.

Le 8 janvier, des évidences photographiques émergent montrant des obus de PB, mais l’armée répond qu’il s’agit « d’obus silencieux » ne contenant rien d’explosif ni de phosphore blanc à l’intérieur.

Le 12 janvier, The Times rapporte que 50 victimes brulées à vif sont traitées à l’hôpital Nasser. Un porte-parole de l’armée israélienne nie catégoriquement l’utilisation de phosphore blanc.

Le 15 janvier, des carcasses d’obus à phosphore blanc sont retrouvées; l’armée refuse de discuter des spécifications précises de armes utilisées mais nous assure que le tout est à l’intérieur de ce qui est permis par la loi internationale.

Le 16 janvier, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient est la proie de munitions au phosphore blanc, 1000 tonnes de nourriture d’urgence sont détruites; Israël continue de nier l’utilisation de telles armes.

Le 17 janvier, c’est au tour d’une école de l’ONU. Israël va ouvrir une enquête concernant « cet incident unique et spécifique« .

Le 21 janvier, Avital Leibovich, porte-parole de l’armée israélienne admet que du phosphore blanc est employé, mais « en accord avec les lois internationales« .

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Israël s’est justifié d’affamer la population entière de Gaza pendant des mois (punition collective, crime de guerre) en accusant le Hamas d’être armé par l’Iran. Après un carnage sans répit de 22 jours, où sont ces armes iraniennes? On a pu voir régulièrement, grâce à des caméras branchées sur la toile Internet, des hélicoptères Apaches voler à basse altitude au-dessus de différents quartiers dans la bande de Gaza, démontrant qu’ils ne craignaient pas être atteints par des missiles surface-air sophistiqués; aucun chars d’assaut n’a été détruit et une poignée seulement de soldats israéliens furent tués, dont quelques-uns par le tir accidentel de leur propre confrères. Qu’à cela ne tienne, Israël annonce déjà une attaque prochaine de Gaza dans les mois à venir et continue de confisquer des terres palestiniennes en Cisjordanie pendant que l’attention médiatique est détournée ailleurs.

Israël a essayé de déshumaniser le Hamas en les accusant de se cacher parmi la population et de s’en servir comme bouclier humain. Les médias rapportent cette propagande comme une réalité sans effectuer de réelles  vérifications (un représentant de l’ONU explique que c’est un mensonge). Le Hamas est le gouvernement élu des Palestiniens et ils sont vus comme étant les seuls défenseurs du peuple. Ils ont un bras armé, mais ils sont largement impliqués au niveau social, éducatif et aident plusieurs familles à se vêtir et se nourrir. Ce qui n’est jamais vraiment rapporté dans ces médias est le refus d’Israël de se plier aux exigences de leur Cour suprême israélienne leur défendant d’utiliser des Palestiniens comme boucliers humains.

Cette campagne de déshumanisation est aussi vielle que le mouvement sioniste lui-même; qui fut articulée par Golda Meir ( ancienne premier ministre israélienne) qui déclara: « La paix viendra lorsque les Arabes vont plus aimer leurs enfants que de nous haïr« . Ce commentaire raciste et désobligeant est souvent propagé dans les médias occidentaux sans arrière pensée quant à ses conséquences déshumanisantes, peignant une image des Arabes comme étant des créatures sous-humaines qui n’ont ni affection, ni amour pour leurs propres enfants.

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Le biais flagrant des médias

Les grands médias sont en général très biaisés dans leur couverture des évènements au Moyen et Proche-Orient. La BBC vient de s’embourber dans une sale affaire en refusant de diffuser une annonce ayant pour but d’amasser des fonds pour venir en aide aux victimes de la bande de Gaza sous prétexte « de ne pas vouloir être impartial« . Vous pouvez voir cet appel que la BBC ne veut pas présenter sur son réseau ici. Nous commençons à voir clairement la main sioniste qui manipule les grands réseaux d’information et plusieurs gouvernements comme ceux des États-Unis et du Canada. Le Canada s’est d’ailleurs particulièrement distingué en étant le seul pays sur 47 à refuser une motion condamnant les attaques d’Israël se rendant ainsi complice de crimes de guerre.

Cette étude de la couverture médiatique en 2004 de Associated Press Newswire (AP), du journal The New York Times et des majeurs réseaux de télévision ABC, NBC et CBS, a été effectuée par le groupe If Americans Knew. C’est aussi la source des graphiques et statistiques qui vont suivre.

Ils ont choisi d’étudier le cas de AP parce qu’il s’agit d’une  source principale de nouvelles pour les Américains. Selon les informations disponibles sur leur site Internet, Associated Press Newswire est une des plus vieilles et plus grosses agences d’information dans le monde. Plusieurs journaux dépendent d’eux pour leurs nouvelles internationales. Une corrélation significative a été trouvée entre les chances qu’une mort reçoive une couverture médiatique et la nationalité de la personne tuée.

En 2004, il y a eu 141 rapports de mortalité israélienne dans les titres ou dans les premiers paragraphes de l’agence AP. Durant cette période, il y a eu en réalité 108 Israéliens tués (la différence venant du fait que certains décès furent rapportés plus qu’une fois)

Dans la même période de temps, le décès de 543 de Palestiniens furent rapportés dans les titres ou premiers paragraphes, alors que 821 Palestiniens perdaient la vie. En d’autres mots, 131% des Israéliens et 66% des Palestiniens tués ont été rapportés dans les titres de AP, ou dans les premiers paragraphes. C’est donc dire que AP rapporte la mort d’Israéliens deux fois plus souvent que celle des Palestiniens. En réalité, 7,6 fois plus de Palestiniens furent tués que d’Israéliens en 2004.

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La situation est pire lorsqu’on observe les mortalités d’enfants (« enfants » est défini comme des jeunes de 17 ans et moins). La mort de 8 enfants israéliens fut rapporté 9 fois en 2004, alors que durant la même période, la mort de seulement 27 enfants Palestiniens sur 179 fera les titres de AP. Dans cette année, 22 fois plus d’enfants palestiniens trouveront la mort que les israéliens. AP a donc rapporté 113% des enfants israéliens tués dans leurs titres ou dans les premiers paragraphes de leur articles alors qu’un maigre 15% des enfants palestiniens l’étaient: un taux de 7,5 fois moins.

De plus, la proportion des enfants palestiniens par rapport au nombre total des Palestiniens tués est notablement plus élevée, se chiffrant à 21,8% contrairement aux proportions du côté israélien avec 7,4% durant la même période de 2004.

Sommaire des données (Compilation de If Americans Knew)

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2004

Israelien

Palestinien

Nombre réel de personnes tuées (Tout âge)

108

821

Nombre de morts rapporté

141

543

Pourcentage de mortalité rapporté

130.6%

66.1%

Ratio (Israelien % : Palestinien %)

2.0 : 1

Nombre réel d’enfants tués

8

179

Mortalité d’enfants rapportée

9

27

Pourcentage de mortalité d’enfants rapporté

112.5%

15.1%

Ratio (Israélien % : Palestinien %)

7.5 : 1

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ABC World News Tonight, CBS Evening News, and NBC Nightly News

La couverture des israéliens tués par ABC, CBS, et NBC sont respectivement 4, 3,8, et 4,4 fois plus fréquentes que pour les Palestiniens tués. Encore une fois, les statistiques des décès d’enfants sont encore plus tordues avec ABC, CBS, et NBC rapportaient les enfants tués du côté israélien respectivement 9, 12,8, et 9,9 fois les taux d’enfants palestiniens tués. Le fait qu’en 2004 il y a eu 22 fois plus d’enfants palestiniens tués que d’israéliens, cette catégorie a une signification particulière. Aucune base explicative peut justifier cette inégalité de couverture médiatique.

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Figure 11

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Ensemble, les trois réseaux de nouvelles ont rapporté la mort d’Israéliens en moyenne 4,1 fois plus souvent que celle des Palestiniens.

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Figure 13

En moyenne, ces mêmes réseaux ont rapporté 83% des enfants israéliens tués contre 8% des enfants palestiniens. donc, la mort d’un Israélien a 9,9 plus de chance d’être rapporté que celle d’un Palestinien.

Une représentation visuelle de ce pattern d’omission donne un sens quant à la taille de cette disparité de traitement médiatique.

Couverture médiatique du New York Times

En 200, le New York Times publia 159 items concernant des décès d’Israéliens dans ses titres ou dans les premiers paragraphes de ses articles. Durant cette période, 107 Israéliens furent tués (la différence vient encore du fait de la répétition du traitement de certaines victimes). Pendant ce temps, la mort de 334 Palestiniens furent rapportées alors que 818 Palestiniens perdirent la vie.

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Chart showing that 107 Israelis and 818 Palestinians were killed during 2004.

En d’autres termes, 149% des victimes israéliennes et 41% de celles des Palestiniens seront rapportées par le New York Times, donc 3,6 fois plus souvent pour les Israéliens tués alors que qu’il y avait 7,6 fois plus de Palestiniens tués dans cette période.
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Chart showing that <i>The New York Times</i> reported 149% of Israeli deaths and 41% of Palestinian deaths in 2004.

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Chart showing that 8 Israeli children and 176 Palestinian children were killed during 2004.

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Durant cette même année 2004, le journal The Times rapportait 50% des enfants israéliens tués contre seulement 7% des enfants Palestiniens.

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Chart showing that <i>The New York Times</i> reported 50% of Israeli children's deaths and 7% of Palestinian children's deaths during 2004.

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Encore une fois, comme c’était le cas pour les autres grands médias, une grande inégalité de la couverture médiatique est observée: The Times rapportera la mort d’enfants israéliens 7,3 fois plus souvent que la mort d’enfants palestiniens alors que 22 fois plus d’entres eux ont été tués.

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Chart showing that 4 Israeli children's deaths and 164 Palestinian children's deaths were omitted from <i>New York Times</i> coverage in 2004.

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Israël prétend avoir gagné la « guerre » contre Gaza. La réalité est qu’ils ont perdu cette guerre de relations publiques et le contrôle de l’information, en grande partie grâce au travail chevronné d’activistes pour la vérité sur Internet, de protestants qui sont descendu par centaines de milliers dans les rues du monde entier pour manifester contre la violence d’Israël et de plusieurs médias alternatifs. Des survivants de l’holocauste qualifient les attaques d’Israël de semblables aux tactiques employées par les nazis.

Israël a perdue son masque de victime menacée et apparait maintenant pour ce qu’elle est, l’image d’un monstre taché de sang, prêts à tout instant à commettre des crimes de guerre et qui refuse de respecter quelques principes moraux que ce soit. Ceci aura de sérieuses conséquences à long terme.

François Marginean

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