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Le symptôme usuraire

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On connaît tous l’image de l’usurier. Shylock, le Père Grandet, Séraphin Poudrier. Notre compréhension de la réalité de l’usure et surtout de ce qu’elle révèle socio-économiquement est, par contre, souvent plus émotionnelle que rationnelle. Notre analyse du fait usuraire –plus précisément du symptôme usuraire– est souvent un grand exercice larmoyant de moralisme passionnel (et indigné), dans le genre de celui que nous assène le bien décevant film Capitalism: A love story de Michael Moore, cette lamentation christianisante stérile, aux très pauvres vertus analytiques, et très semblable, au demeurant, aux reproches qu’on voit maint héros romantiques adresser à leurs prêteurs sur gages aux cœurs secs et aux pratiques intellectuellement incomprises.

Partons, si vous le voulez bien, des banques. Il fut un temps, pas si lointain, où les banques se contentaient, sans frais pour nous, de faire circuler notre argent en direction de la production effective et de s’enrichir exclusivement des profits de l’investissement agricole, manufacturier ou industriel, avec tout ce pognon des autres. La banque était actionnaire d’entreprises productives et ses revenus étaient le résultat direct de la production de valeur issue de l’économie réelle. On peut dire alors que, dans une logique capitaliste diurne et triomphante, il y avait profits des banques. Elles gardaient le gros de ces profits et nous en distribuaient des miettes sous formes de dividendes de toutes farines, infinitésimaux habituellement, mais bel et bien effectifs. Ce dispositif jojo et efficace était le symptôme non pas de quelque prospérité abstraite perdue mais bien de l’aptitude du secteur productif à dégager des profits nets, matériels et aisément privatisables, dans le cadre strict du programme capitaliste.

La baisse tendancielle du taux de profit, analysée par Karl Marx, est un phénomène économique à long terme qui tient tant à la nature des investissements qu’à l’organisation de la répartition de la propriété collective. En gros, un petit parc d’usines de charbon du 19ième siècle n’engageait que dix mille dollars d’investissement et ne dégageait que neuf cent dollars de profit annuel (9% de taux de profit). Un quartel pétrolier contemporain lève deux milliards de profit annuel mais doit engager trente-trois milliards d’investissement pour y parvenir (6% de taux de profit. Baisse tendancielle, donc). La quantité de profit brut augmente pharaoniquement, donnant une illusoire impression d’abondance et de progrès, mais le taux de profit diminue à mesure que le capitalisme croule et s’étouffe sous la lourdeur des investissements financiers requis par la technologie et les divers avatars de la distribution, de l’encadrement, de l’élimination de la concurrence, de la promotion publicitaire, de la propagande écolo-baratinante, du lobbying, de l’ajustement inflationniste minimal des salaires, des actionnaires à bien engraisser pour ne pas qu’ils détalent et de toutes les activités douteuses en augmentation chronique. Bilan: il faut de plus en plus une grue immense et complicouille pour soulever un caillou. Un investissement rapporte de moins en moins en proportion. Il enrichit donc moins celui qui s’y adonne.

Revenons à notre banque de tout à l’heure. Face à la crise structurelle du capitalisme qui se définit dans la baisse tendancielle du taux de profit, notre susdite banque trouve une solution subite, facile, dopante et, à court terme, incroyablement «profitable» (au sens fallacieux du terme cette fois-ci). Notre banque, pour compenser les pertes que lui impose inexorablement la complexité croissante du monde de la production matérielle des biens et services, instaure les frais aux usagers. Elle lève alors des montants subits, comme les plumes d’une grosse bataille de polochons. Cette profusion, cette danse des milliards, ne doit pas faire illusion. Derrière elle se profile son contraire: le resserrement des profits productifs effectifs. Aussi, si on peut encore parler de revenus des banques, on peut de moins en moins parler de profits des banques. Le pourcentage d’argent extorqué, changeant simplement de poches sans être associé à une production matérielle de valeur, est en constante augmentation. Le banquier est devenu usurier.

Que fait fondamentalement un usurier. Réponse: il monnaye un service improductif. Il vous fait payer pour accéder à un avoir financier élémentaire. La dimension élémentaire du service usuraire est cruciale ici. Dans le shylockingpégreux, par exemple, tu empruntes mille dollars et tu dois rendre mille deux cent dollars en soixante douze heures où on te casse les jambes. Notre culture économique nous a habitué à payer un certain taux d’intérêt (d’ailleurs tendanciellement le même pour tout le monde) pour de gros emprunts ne pouvant pas se contracter auprès d’un particulier (genre hypothèque). On continue de sentir que, sur un tel monceau de pognon, on paye pour le service qui nous y fait accéder, d’où le ci-devant loyer de l’argent. Mais la pratique consistant à vous faire payer pour simplement déposer un chèque ou extirper une pincée de biftons d’un guichet est le monnayage d’un service financier trop élémentaire pour qu’un bond qualitatif ne soit pas franchi ici. Le banquier est devenu usurier. Il n’investit plus au «profit» de son client. Il l’extorque, candidement, pour éviter de se lancer dans l’aventure de l’investissement, devenue hasardeuses, sans entamer ses revenus. Le phénomène se généralise à l’assurance. Il fut un temps où le montant d’une assurance était infime, le service se finançant grâce au flot des avoirs des assurés n’ayant pas réclamé (le tout se complétant des profits d’investissement classiques). Aujourd’hui l’assureur se contente de vous monnayer une empilade de monceaux de pognon que vous pourriez presque faire par vous-même, sous votre matelas, en vous assurant tout seul. Inutile de dire que l’assureur contemporain investit aussi énormément dans le labeur de ceux qui œuvrent à dénicher les faiblesses de votre contrat de police initial pour ne pas payer les réclamations. Devenue intrinsèquement malhonnête, l’assurance est de plus en plus une extorsion simple. Le service qu’elle monnaye devient si élémentaire qu’il tend vers l’inexistence.

C’est ici que l’agacement collectif face à l’usure ne doit pas masquer notre compréhension rationnelle du symptôme usuraire. La grande usure classique (Shylock, les banquiers lombards, etc.) apparaît, à la fin du Moyen-Âge, au moment du déclin du pouvoir aristocratique. Le déclin de l’aristocratie terrienne n’est pas le déclin de la productivité de la terre. C’est plutôt le déclin de la propriété exclusive par l’aristocratie des profits productifs globaux. L’aristocrate ne finit pas ruiné parce que ses terres produisent moins (souvent leur productivité progresse en fait, avec les technologies et l’amélioration des transports). Il finit ruiné parce que le taux de profit qu’il détient diminue devant celui du marchand, du potier, du drapier, du banquier. Ce n’est pas son secteur de production qui est en disparition, c’est sa classe sociale… Pour surnager dans ce nouvel espace concurrentiel, l’aristocrate se tourne vers l’emprunt à court terme et les usuriers pullulent. L’aristocrate devient de facto l’assisté de son banquier lombard ou juif (l’antisémitisme trouve son terreau putride juste là et pas ailleurs, d’ailleurs). Il met ses biens, trousseau, meubles et immeubles, au clou, en un ultime troc improductif où l’usurier triche à son propre avantage. Le symptôme usuraire du Marchand de Venise est l’indice de la crise irréversible de la propriété aristocratique.

Les capitalismes, commercial puis industriel, dans leurs phases florissantes, tendant à restreindre l’usure à sa part congrue. Les activités bancaires productives sont difficilement compatibles avec l’usure, service financier localement rentable mais socialement improductif, qui thésaurise statiquement plus qu’il n’investit dynamiquement. Puis quand la crise de la propriété capitaliste s’installe pour de bon, comme c’est le cas aujourd’hui, le symptôme usuraire réapparaît, sous une forme amplifiée, magnifiée, hautement nuisible et pernicieuse. Comme l’aristocrate de jadis était dépendant de son banquier lombard pour continuer de mener ses guerres de propriété foncière, l’investisseur d’aujourd’hui, nouvel assisté en voie de déclassement, attend scrupuleusement que la Fed lui alloue sa certitude de revenu non productif. Z’avez pas remarqué que l’investissement industriel contemporain (et son indice boursier en cisaille) n’attend plus après les cours usiniers ou manufacturiers, les marges de profit des secteurs, les tendances des marchés et de la production, les chiffres de l’emploi et de la consommation, mais bel et bien après les «mesures de relance» de la Fed (entendre: le rachat des mauvaises créance, c’est-à-dire, l’extorsion institutionnalisée du bien collectif pour renflouer l’investisseur déclinant). Le capitalisme au complet se transforme graduellement en une vaste assistance financière. Les ressources collectives sont de plus en plus ponctionnées pour faire flotter l’accapareur privé dans sa perpétuation stérile. Accaparement improductif. La grosse machine tourne de plus en plus à vide. Elle ne se finance plus que par la rapine d’état et les ponzifiades de tous tonneaux.

Reflux économique majeur, le symptôme usuraire contemporain signale la généralisation de la crise de propriété du mode de production capitaliste. La disparition du profit des actionnaires ne marquera pas la fin de la production mais simplement la conclusion de la phase d’accaparement privé que banques extorqueuses et investisseurs frileux retardent, à la petite semaine, en recourant au pis-aller terminal de l’extorsion usuraire improductive de toute la société civile, via les relais, encore temporairement dociles, des grands organismes régulateurs-serviteurs. La classe capitaliste est en train de disparaître.

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La spéculation comme prospective hasardeuse

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Il y a deux sortes de spéculation. La spéculation sur production et la spéculation sur mouvements financiers. Il est important de ne pas les confondre car leur caractère hasardeux n’est pas tributaire des mêmes avatars.

Spéculation sur production: Une usine de machines à coudre de Shanghai voit sa production augmenter de huit cent unités par mois. Éventuellement, elle ne fournit plus à la demande. Il vient donc un moment où, devant cette croissance sensible bien attestée, elle doit s’ajuster. Elle doit amplifier ses infrastructures, augmenter ses acquisitions de matières premières, embaucher plus de travailleurs. Une banque accepte de la financer sur la foi prospective de cette augmentation stable de huit cent unités par mois. L’industriel, et la banque qui le finance, misent ensemble que cette augmentation va se poursuivre avec constance sur un laps de temps suffisamment long (fantasmatiquement, infini en fait) pour que l’investissement et l’amplification de la production s’avèrent fructueux. Ce type de spéculation industrielle, inévitable dans la situation d’investissement productif la plus ordinaire, est à l’origine de la majorité des crises de surproduction. On connaît bien, depuis 1929, la grandeur et les misères de la spéculation directe sur production… or justement, les pays émergents n’étaient pas dans le tableau du capitalisme industriel en 1929. Pour eux, ce sont encore les années folles…. Ouille, ouille, pour la suite… On doit mentionner ici, aussi, la spéculation foncière, qui est une spéculation indirecte sur production. Un investisseur achète un terrain en calculant qu’il le vendra plus cher plus tard. Si c’est le cas, c’est parce que ledit terrain deviendra agricolement exploitable, où qu’on y trouvera des mines, ou qu’on y fera passer un chemin de fer où qu’on y construira des maisons, parce qu’une usine ou des bureaux administratifs s’installent dans le coin. Dans tous ces cas la spéculation foncière mise indirectement sur le fait que la production et son développement rendront la terre plus chère. Comme la spéculation sur production industrielle, la spéculation foncière reste raccordée aux portions primaires et secondaires (éventuellement tertiaires aussi) de l’économie réelle.

Spéculation sur mouvements financier: Un investisseur matois se voit promettre un retour de 15% sur son placement. Il flaire qu’il s’apprête à faire un investissement dans un schème de Ponzi. Ce dernier semble en phase d’amorce et la police de la bourse n’a rien vu encore. Notre investisseur joue l’argent (des autres) qu’il gère et le place dans ce mécanisme pour trois ans. Trois ans plus tard, pari gagné, le schème n’est pas encore éventé, cet investisseur là retire son placement et sa mise. Il est indemne, et le château de carte s’écroulera un peu plus tard, sans risque désormais pour lui. Fiiiooouuu…Par parenthèse, ceux qui se demandent où est passé l’argent, lors du démantèlement d’un schème de Ponzi. Il est là, chez les investisseurs qui ont su s’envoler avant que la vague ne retombe. Ponzi se fait pincer mais l’investisseur matois à qui il a servi de paravent court toujours. Un autre exemple de spéculation sur mouvements financiers, c’est l’achat massif de devises. Le Yuan est bas, vous en achetez pour des millions en Euros, en assumant qu’il va remonter. Quand le Yuan remonte effectivement, vous revendez vos Yuans pour plus d’Euros que la somme initialement engagée. Ta-daaaam, vous venez de faire un coup d’argent facile en faisant jouer la fluctuation des changes à votre strict petit avantage privé.

Le principal avatar de la spéculation sur production est la surproduction. Prenez les ordis personnels. En 1983, il n’y en a presque pas. En 1990, ils sont partout. En moins d’une décennie, la production de cette invention nouvelle s’est intégralement mise en place. Non sans myopie, on projette alors spéculativement la croissance de leur consommation sur la base de la production résultant de leur apparition intégrale. On fantasme qu’il faudra continuer d’en sortir autant qu’à l’époque où ils apparaissaient intégralement et pour la toute première fois dans le monde. Le vieux serpent de mer increvable de la surproduction des biens de consommation semi-durables, bagnoles, ordis, cahutes (et les machines à coudre de mon industriel de Shanghai) se remet alors à hanter l’industrie. J’ai acheté quatre PC et deux portables pour moi et ma famille dans la dernière décennie. Je ne vais pas en acheter autant dans la décennie prochaine, vu que je les ai… Leur usure ne sera pas un facteur aussi massivement déterminant que leur littérale apparition dans l’existence. Parfois on dirait que, même en Occident, on n’a rien appris de 1929 et qu’on continue de projeter l’exponentiel rose fluo jusqu’à ce que cela se mette à nous refouler dans la gueule.

Le principal avatar de la spéculation sur mouvements financier est l’improductivité. Fricoter dans les bouts de papier, flagosser dans le mouvement des changes, spéculer main dans la main avec Ponzi, Madoff et consort change la richesse de place mais n’en produit pas de nouvelle. En Occident, la poussée productive liée aux inventions des nouvelles technologies a produit les grands parcs informatiques contemporains. Ce n’est pas rien. Pour trouver un équivalent économique de ce phénomène vraiment peu fréquent, il faut remonter à l’invention de l’automobile, ou à celle du téléviseur. Cette productivité innovante des années 1990 a été suivie d’un crise croissante de surproduction (trop de téléphones portables, trop d’ordis, trop de logiciels, trop de «versions» de tout, et leur dévaluation en pagaille) et d’un glissement vers l’illusoire valeur refuge de la spéculation sur mouvements financier. Remplacer une spéculation d’investissements, engorgée par la surproduction, par une spéculation de placements, improductive et mordorée de rouerie et d’astuces, ne sert que des intérêts circonscrits, temporaires et est hautement nuisible socialement. Pas étonnant que les financiers contemporains basculent dans le plus grossier des banditismes, trait de plus en plus ordinaire de la guerre interne du capitalisme.

Au jour d’aujourd’hui, la spéculation sur production est surtout chinoise. Leur culture économique (comme celle de tous les pays émergent) n’a pas encore vécu un vrai équivalent de 1929 et n’a pas encore rencontré un vrai équivalent de Roosevelt. Excès de confiance, jubilation, jovialisme et tous les autres traits comportementaux du capitalisme sauvage sont en place. Le réveil sera difficile quand la crise de surproduction frappera (surtout avec, en complément de leur marché intérieur insuffisant, la baisse inexorable de la capacité de consommation de l’Occident). La spéculation sur mouvements financier est surtout américaine. C’est la fameuse Bubble & Burst Economy que dénonce Obama. Tertiarisée, improductive, de plus en plus enracinée dans la boue gluante du baratin, de l’ésotérisme abscons de boursicotard, de l’arnaque et du court terme, cette autre spéculation est un signe patent du déclin du capitalisme occidental. Les leviers financiers effectifs vont de plus en plus suivre la production effective, du nord vers le sud. À la crise de l’économie mirage de 2008, succédera une crise de l’économie réelle, industrielle, non balisée, non-rooseveltisée des pays émergents. Un 1929 à la puissance mille.

Ce que ces deux types de spéculation ont en commun c’est d’être une prospective optimiste et mécaniste sur l’augmentation de gains futurs. Spéculer c’est miser. Inutile de dire aussi qu’investir c’est fondamentalement spéculer sur un gain. Investir à perte, ce n’est plus investir, c’est renflouer. On connaît alors la rengaine instaurée par la fameuse crise de 2008: privatisation des profits, collectivisation des pertes. La spéculation est un trait essentiel, fondamental du capitalisme. Elle est à la fois sa force et sa faiblesse. Mais il faut garder à l’esprit qu’il y a spéculation et spéculation. Une spéculation durillonne de capitalisme jeune, triomphaliste et inconscient et une spéculation mollassonne de capitalisme vieilli, avachi et cynique, Et surtout, il semble bien qu’il ne sera pas possible de se débarrasser ni de la spéculation, cette fichue de prospective hasardeuse, cette gageure privée aux effets colossaux, ni de ses terribles dommages, sans se débarrasser du capitalisme même.

On notera finalement que les deux grands types de spéculation peuvent parfaitement  s’enchevêtrer et cumuler leur impact nocif. La Bulle Facebook en est l’exemple actuel le plus criant. On a d’abord une présomption de profits publicitaires mal étayée qui met en valeur ce grand vivier populaire tertiaire en le corrélant à un éventuel soubresaut de la production effective visant à fournir les marchandises rendue visibles à ces millions de consommateurs (potentiels, pour ne pas dire éventuels) par des bannières d’annonces n’ayant pas vraiment fait leurs preuves (le cas échéant, comme on anticipe ou fantasme une demande à venir, on a bel et bien une spéculation sur production, molle mais indubitable). Entrent en action ensuite (surtout!), dans une phase intimement intriquée mais distincte, une nuée virulente de spéculateurs puissants et spécialisés qui, selon une procédure finalement assez analogue à celle des scalpeurs de billets de concerts rock ou de parties de hockey, achètent et revendent des parts en masses colossales et vite, (spéculation très dure sur mouvement financier) gonflant artificiellement une valeurs déjà en soi hautement instable. L’art de démultiplier l’ampleur d’un krach en ne produisant strictement rien de profitable pour la société civile ou même, pour les entrepreneurs eux-mêmes, dont même la logique arriviste étroite est spoliée par la classe parasitaire des financiers spéculateurs, cancer économique par excellence de ces temps de capitalisme troublé.

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Les œuvres sans la foi

L’Occident, qui gère le monde depuis quelques siècles, le fait de droit divin.  Vous  ne saviez pas ?  C’est que vous n’avez pas prêté attention au discours en sourdine derrière les bruits de bottes. Parce que nous avons conquis le monde au son d’une musique militaire, vous avez vu comme un simple prêchi- prêcha, l’antienne de la mission civilisatrice qui fait alterner la croix et le sabre.

Erreur.  Car si on ne croit pas que Dieu est avec nous, Chrétiens, et qu’a défaut de faire du bien aux corps qu’on maltraite on fait du bien aux âmes, bien des gestes héroïques apparaissent comme d’assez répugnantes saloperies.

Voyez comment, après les règlements de compte entre hérésies qui ont été les premiers divertissements de l’Occident chrétien, on a eu les schismes, les croisades, les guerres de religions puis la colonisation des colorés de toutes teintes sous couvert d’évangélisation. Voyez comment, christianisme bien en place sur la planète, on est passé à nos guerres entre Chrétiens, toujours menées au nom de notre éthique chrétienne, par des « bons » contre des « méchants ».

Ces guerres se sont toujours terminées par la victoire des « bons », puisque le certificat de bonne conduite était délivré au gagnant avec le reste du butin.  C’est ainsi que, de victoires en victoires – Dieu  toujours solidement avec eux –  les « bons » se sont enrichis au détriment des autres en ne faisant que du bien et que le droit divin s’est imposé. Le droit de l’Occident chrétien à gouverner le monde et celui des riches à gouverner l’Occident.

Tout se passait bien. Mais là, sans réfléchir, on a tué Dieu ! Grave erreur.Des philosophes brillants, honteux d’avoir l’air sot, ont tué la notion de Dieu, parce qu’elle avait été jointe à des religions reposant sur des tissus d’absurdités. Triste coquetterie, car on a ainsi jeté le bébé avec l’eau du bain.

En enlevant la notion de Dieu, d’un Dieu qui soutenait les Chrétiens – et que Dieu existe ou non n’a ici aucune importance –  on a enlevé le « droit divin » qui légitimait la gouvernance de l’Occident et celle des riches.

Dieu parti, les yeux humblement  fermés s’ouvrent et l’on voit tout sous un jour nouveau. Aujourd’hui, par exemple, on voit comme une répugnante saloperie – parmi tant d’autres, mais c’est la plus récente – la « geste héroïque » d’avoir été tuer chez eux des milliers de Libyens sans défense et qui ne nous avaient rien fait.

Dieu parti, on s’enhardit et on regarde de plus près comment quelques familles milliardaires, gérant quelques douzaines de consortiums, ont pris non seulement la gouvernance, mais la PROPRIÉTÉ du monde… On voit tout à coup comme une impardonnable couardise de les laisser continuer. Il y a donc des gens dans la rue pour protester, à Wall Stret et ailleurs. Simple question de temps avant qu’on ne passe des cordes aux lanternes.

La vieille morale apprise par cœur et acceptée comme divine apparaît soudain humaine, trop humaine… et contestée. On pense à d’autres solutions… Rien de mal à y penser, mais n’oublie-t-on pas l’essentiel ?  De quel droit va-t-on gouverner, si ce n’est pas de « droit divin » ?

Démocratie ? On sait bien que la démocratie n’est PAS une valeur absolue, seulement un mécanisme.  Quelqu’un croit-il que, dans un groupe de trois (3), deux (2) aient le droit de se mettre d’accord pour décider de la vie du troisième ?  Pense-t-on qu’une génération qui se proclame de « purs Aryens » puisse légitimement, parce qu’ils sont une majorité, décider de l’extermination d’une minorité de Juifs ?

Il faut un « droit divin ».  Il faut une éthique transcendante, quel que soit le nom qu’on lui donne  – Constitution, contrat social, etc ... –  qui encadre et limite la démocratie, puisse évoluer avec le temps selon sa propre dynamique…  mais qu’on ne s’accorde pas la liberté de modifier au gré des engouements et des caprices !

En Occident, cette éthique transcendante se confond avec la morale chrétienne qui a servi de tuteur à la croissance de notre culture. Cette morale chrétienne est dans toutes nos fibres. Elle a évolué depuis des siècles pour intégrer des concepts plus raffinés de justice, d’égalité, de liberté  – et, paradoxalement, de laïcité !    C’est la seule éthique qui puisse faire  consensus chez-nous.  Ce qui s’y opposerait serait  rejeté comme un greffon incompatible…  à moins de parvenir à faire mourir l’arbre lui-même.

Attention, pourtant, de ne pas confondre cette éthique avec l’un ou l’autre des salmigondis de croyances plus ou moins ridicules que des meutes de clercs ont érigé en dogmes au cours des siècles, pour marquer leurs territoires de prédation et d’extorsion !  On ne parle pas ici de religion, car l’éthique est affaire de comportements. St-Jacques, dans une Epître qui a fait une belle carrière, dénonçait « la foi sans les oeuvres » . Faisons un pas de plus et parlons d’une éthique où la foi n’a même pas sa place. Une éthique qui ne juge que des œuvres.

On pourrait définir ici cette « morale chrétienne »  comme « le plus grand commun diviseur » des interdits que s’imposent et des contraintes auxquelles s’astreignent tous ceux  qui adhèrent au précepte du Christ de s’aimer les uns les autres.  Que celui qui respecte cette exigence se définisse ou non comme chrétien est sans importance ; ce sont ses « œuvres » qui importent.

Sans importance aucune, non plus, pour la société, que celui-ci ait une foi, une autre, ou aucune en un dieu quelconque : il peut avoir les œuvres sans la foi… Il peut bien, en son for intérieur, croire en tout ce qu’il veut et même créer ses propres superstitions… mais sans embêter personne, C’est ça le vrai sens de la laïcité.

Quand le corps social fait consensus et que cette morale chrétienne, expurgée de tout dogme et de toute croyance, est acceptée comme l’éthique transcendante qui détermine en dernier ressort de la légalité des règles, il y a harmonie entre l’ordre civil et cette morale dont le respect joue alors le rôle de l’appartenance à une religion sans en avoir les défauts.

C’est cette « religion » sans dogme, tout entière définie par une éthique et où il n’y a plus que les oeuvres qui comptent, qui serait la seule acceptable en société. Ne serait-il pas opportun que tous les Chrétiens de toutes obédiences s’y rallient, libre à chacun de croire aussi tout ce qu’il veut, mais sans l’imposer à qui que ce soit ?

Les Chrétiens – en fait tous ceux qui veulent témoigner de la parole du Christs pour l’amour et la charité – constitueraient alors une force énorme pour le bien dans le monde. Ils pourraient, ensemble, se choisir un « Pape », lequel  n’aurait aucun pouvoir matériel, mais une autorité telle, grâce à ce mandat universel qu’il aurait reçu, que sa parole pèserait lourd pour séparer le bien du mal au palier des consciences … là où des individus libres doivent décider des gestes qu’ils posent.

Pourquoi un synode épiscopal universel, auquel seraient invitées à participer aussi les églises protestantes et orthodoxes,  n’élirait-il pas le prochain homme – ou la prochaine femme – qui siègera sur le trône de Pierre ?   Le monde changerait si nous avions ce pape-guide, avec pour seul objectif que ce qui est BIEN soit clairement énoncé au profit de tous les hommes de bonne volonté… même ceux qui ne croient en rien.

Pierre JC Allard

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La Bourse et/ou la vie!?

 

Par Renart Léveillé

Les récents soubresauts de la Bourse donnent des sueurs froides à certains plus qu’à d’autres, mais au final le risque reste somme toute assez généralisé. Si le château de cartes s’effondre, les répercussions se feront sentir partout.

C’est pourquoi il serait intéressant de regarder la dynamique sociétale qu’accompagne le système de la spéculation boursière. Puisque justement ce jeu est plus qu’un simple jeu. On pourrait aller jusqu’à dire que la santé de la société en dépend : dans l’optique où l’économie y compte pour beaucoup, étant donné qu’elle est liée à la satisfaction des besoins essentiels. L’économie est bien sûr aussi très liée aux autres besoins (ceux qui ont entre autres été créés pour l’alimenter dans la fuite en avant de la croissance rapide) mais nous nous entendrons pour pointer l’importance de la survie (ou le confort) du plus grand nombre. Et avec en tête qu’une crise financière importante ne fait jamais en sorte que « les derniers seront les premiers »…

Alors, il est très facile de faire une ligne directe entre la spéculation boursière et l’équilibre sociétal, pour ne pas dire le bonheur social (selon le contexte actuel, sans pour autant occulter son imperfection et ses problèmes). Il serait donc honnête d’affirmer que la pérennité du bonheur social n’est pas entre les mains de tous, mais bien entre les mains d’une élite ayant les moyens financiers de mettre son poids dans la balance (de la Bourse). Parce qu’il faut se le dire franchement, ce qu’on pointe comme étant « la confiance dans les marchés » a tout à voir avec l’individualité, rien avec la collectivité.

À la base, les choix d’un investisseur ne concernent que son propre investissement. Il n’a pas de lien avec la causalité externe dans son cheminement décisionnel. Son but n’est que de préserver ou de faire fructifier son portefeuille, ce qui semble tout à fait légitime d’un point de vue individualiste. Pourtant, c’est l’addition de décisions de non-confiance dans les marchés qui est dangereuse pour le château de cartes (l’externalité que le spéculateur n’a pas en tête lors de sa prise de décision transactionnelle). Beau paradoxe.

Dans la possibilité d’un krach, suite à un effet domino, c’est là où la multiplication d’individualités ne va pas dans un sens positif pour le plus grand nombre : c’est par conséquent l’individu contre la collectivité. Devant ce paradoxe, serait-il utile de se poser la question à savoir pourquoi un pouvoir décisionnel aussi important est laissé à des individus qui n’ont qu’un intérêt individuel, et qui en plus n’ont aucunement conscience de son hypothétique portée collective? Sans oublier l’intrinsèque absence de coupables! (C’est à dire que le point de départ d’un effet domino ne pourrait être pointé, ni même accusé s’il pouvait être pointé; donc, aucune imputabilité possible.)

Mis à part la possibilité de faire de l’« investissement socialement responsable », il semble que l’éthique échappe tout à fait à cette activité. Et la morale de même. Il est toujours seulement question de profitabilité pure sans calcul de responsabilité. C’est pourquoi il serait bien difficile de culpabiliser qui que ce soit. Cependant, la question reste la même : sommes-nous à la merci d’un pouvoir extérieur à la société, puisque ce pouvoir n’a jamais en tête le bien de son ensemble (même si le système financier participe quand même à faire « rouler l’économie »)?

Toute cette analyse donne à penser que le système actuel n’a jamais pris en compte dans sa construction ses incohérences. C’est comme si le château de cartes avait un système d’autodestruction activé par un levier que personne ne voit, mais que quiconque peut accrocher par inadvertance (l’inadvertance étant ici la peur de tout perdre). Nous pouvons sérieusement nous demander si ce système est déjà désuet dans son évolution quand même récente. Au lieu d’un système d’autodestruction, il lui faudrait un système d’autorégulation. L’on pourrait pointer comme solution l’État ou son absence, mais cela serait beaucoup trop facile…

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La délocalisation : aux urnes citoyens!

 

Gaëtan Pelletier

( En remplacement de François Marginean)

Présentation des éditeurs :
Ce livre révèle que le monde des affaires mène une véritable guerre contre l’emploi. Des milliers de postes, même hautement qualifiés, sont constamment détruits en France, en Europe, comme aux États-Unis, pour être transférés en Chine et en Inde. Une quête du profit à court terme où les salaires sont sacrifiés à l’avidité des actionnaires.

Le scandale des délocalisations entraîne le lecteur dans les coulisses d’une réalité, dont l’ampleur et la gravité sont soigneusement occultées par les dirigeants d’entreprises et les responsables politiques. Il découvrira comment un fonds crée par Nicolas Sarkozy pour lutter contre la crise finance les délocalisations. Il apprendra comment l’Union européenne, déjà impuissante à créer des emplois, s’empresse de détruire ceux qui existent.

En délocalisant massivement, les industriels occidentaux sont tombés dans un véritable piège, soigneusement tendu par l’Inde et la Chine, et les bénéfices de la mondialisation leur échappent désormais.

Au terme de cette enquête emplie de révélation, Le scandale des délocalisations pose une question cruciale : un pays peut-il perdre ses emplois et continuer de prospérer ?

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Le phénomène

La délocalisation est loin d’être un phénomène nouveau. On parle de 1980… Mais la dernière décennie a été un jeu de « cycles économiques » qui a accentué une manière de faire des industries qui pourrait amener le déclin de l’Occident. Du bien pour certains, pour d’autres, d’ici peu, elle pourrait mettre à  genoux les sociétés dites développées.

Si on mettait bout à bout tous les « déménagements » depuis cette dernière décennie, le « profil comptable » pourrait avoir l’allure d’un graphique aux courbes en chutes.

Sim  pour les compagnies, les raisons évoquées sont évidemment les coûts de main-d’œuvre, dans certains cas il peu s’agir d’une manière camouflée d’augmenter les profits sans regard aux dommages faits à la classe ouvrière, ni aux « pays ».

La paupérisation des travailleurs des pays  industrialisés peut même coûter très cher si on combine les effets dévastateurs des pertes d’emploi et des petits salariés qui finissent par être soutenus par l’État.

La question suivante est celle-ci : la délocalisation va-t-elle éponger un peu la misère des pays émergents?

Rien n’est sûr.

EXTRAIT ( Le journal du net )

Le racket sur l’argent public

« Un employé de Wal-Mart coûte annuellement 2 103 dollars aux contribuables. »

« Malgré des revenus, huit fois supérieurs à ceux de Microsoft, la rapacité des dirigeants du groupe reste sans limites. Ils ont détruit l’emploi aux États-Unis mais mettent à contribution  l’État  et les contribuables américains, contraints de payer pour leurs employés trop mal rémunérés.

Ces « travailleurs pauvres » ont fait l’objet d’une enquête accablante. Réalisée par le groupe démocrate au sein du Comité de la Chambre des Représentants pour l’Éducation et le Travail. Elle a conclu que bon nombre de salariés de Wal-Mart sont si mal payés qu’ils ont droit à l’aide gouvernementale pour les plus démunis, malgré un système de protection sociale pourtant peu réputé pour sa générosité.

Selon les calculs effectués, le gouvernement fédéral américain (et donc les contribuables) dépense notamment pour deux cents employés de Wal-Mart 108 000 dollars par an pour les frais de santé aux enfants, 125 000 dollars en crédits et déduction d’impôts, 42 000 dollars pour une aide au logement.

Le rapport conclut que ces deux cents employés de Wal-Mart coûtent annuellement aux contribuables un total de 420 000 dollars soit 2 103 dollars par employé. »

PREMIER EXEMPLE

LONDRES, 6 mars (Reuters) – HSBC (HSBA.L: Cotation)(0005.HK: Cotation) pourrait délocaliser son siège londonien à Hong Kong, selon un article publié dimanche par le Sunday Telegraph.

La première banque d’Europe estime les taxes trop élevées à Londres et l’administration trop lourde. Le journal cite des investisseurs anonymes qui disent avoir compris qu’un déménagement était « plus que probable ».

« Aucune décision n’a pour le moment été prise », a fait savoir un porte-parole, qui a reconnu que de nombreux investisseurs institutionnels s’interrogeaient sur le poids financier que représente pour la banque un siège à Londres.

La nouvelle taxe sur les actifs bancaires qui sera mise en place cette année en Grande-Bretagne coûterait environ 600 millions de dollars à HSBC, au regard du bilan de fin décembre.

Face au mécontentement du contribuable britannique, qui a supporté le coût des sauvetages des banques RBS (RBS.L: Cotation) et Lloyds (LLOY.L: Cotation), et qui voit d’un mauvais oeil l’augmentation des bonus des banquiers, la classe politique britannique se montre de plus en plus offensive en matière de mesures prises à l’encontre

(Rosalba O’Brien et Keith Weir, Catherine Monin pour le service français) Fr Reuters

La délocalisation au Québec

Whirlpool

En 2002, l’usine d’appareils électroménagers Whirpool, de Montmagny, sur la Rive-Sud du Saint-Laurent près de Québec, a fermé ses portes, jetant à la rue ses 550 employés tout en semant la consternation dans la population de cette petite municipalité mono-industrielle typique du Québec des années cinquante.

GE

L’année suivante, en 2003, c’était au tour du géant GE – passé dans le giron de l’entreprise mexicaine Camco – de fermer son usine ontarienne de Hamilton pour concentrer toute sa production dans ses installations de Montréal-Est, la seule et dernière usine canadienne où l’on fabriquera encore, en 2013, des appareils électroménagers. Rue Frontenac

Stryker Medical

Et tout récemment, à L’Islet, tout près de Montmagny,   Stryker Médical a décidé de transférer ses installations au Mexique. 300 emplois dans un village de 4,000 habitants.

U.S. Cotton

Le fabricant de tissus cosmétique et médical U.S. Cotton ferme son usine située à Lachine, à Montréal, et délocalise ses emplois aux États-Unis.

Les employés montréalais gagnaient entre 15 et 20$ de l’heure. Selon ce qu’on nous a dit, ces salaires seront plutôt de 12$ de l’heure. En commençant, les employés touchent bien souvent en bas des 10 $ de l’heure.

Électrolux

Aussi soudaine et inattendue qu’elle a semblé, l’annonce de la fermeture de l’usine d’Electrolux de L’Assomption et la mise à pied de ses 1 300 travailleurs d’ici 2013 s’inscrivent par ailleurs dans une logique industrielle très prévisible.

L’usine de L’Assomption, où l’on fabrique un éventail d’appareils électroménagers pour le compte de la multinationale suédoise Electrolux, est un rare vestige de l’époque post-industrielle de production d’objets de consommation de masse. À l’exception de l’usine Camco, dans l’est de Montréal, toutes les usines de fabrication d’appareils électroménagers ont disparu du paysage industriel canadien. . Rue Frontenac

Pourquoi déménager l’usine de l’Assomption à Memphis? La compagnie avait reçu une aide de 2.5$ millions d’investissement Québec. Perdu? Et qui est Investissement Québec?

En fin de compte, le travailleur.

***

Les discussions ne sont toujours pas terminées. Il reste aussi à savoir ce qu’il adviendra du déficit du régime de retraite, qui s’élève à 10 millions de dollars. La fermeture de l’établissement devrait coûter 65 millions.

Electrolux, qui a dégagé un bénéfice de 615 millions en 2010, a justifié sa décision en prétendant que les coûts de transport sont trop élevés au Québec. Elle a aussi insisté sur les généreuses subventions reçues de l’État du Tennessee. Là-bas, le géant mondial s’est effectivement fait dérouler un tapis rouge de 132 millions de dollars. La Ville de Memphis et le comté ont promis de lui verser 20 millions chacun. L’État fournira pour sa part une enveloppe de 92 millions. La construction de l’usine, un complexe de 700 000 pieds carrés qui coûtera 190 millions, commencera en 2011. Elle embauchera 1200 personnes. Le Devoir

Pour abréger l’histoire, la plupart des mouvements de délocalisation avalent une richesse collective et s’en vont ailleurs… pour aller ailleurs.

Pour Memphis, c’est de la relocalisation. Qui sait si dans 10 ans, après avoir siphonné la ville, le pays, Électrolux n’ira pas s’implanter en Inde ou au Mexique?  C’est plus proche. Proche du profit…

 

Après deux siècles de pauvreté et d’humiliation,

la Chine impose à présent au monde entier ses conditions.

Chine, Inde, Russie, Mexique…

Tous ces pays, jadis de « sous-traitance », imposent de plus en plus leurs conditions. Mais l’histoire n’est pas terminée : avec ça, on importe les cerveaux qui vont avec la Hig-Tech.

Externalisation. Beau terme!

Carri-All… Voilà que le transfert porte bien son nom

La fermeture de l’usine et du centre de distribution situé à Pointe-aux-Trembles entraînera à terme la perte de 375 emplois, dont 210 employés permanents et environ 165 travailleurs temporaires ou sur appel. La fabrication de systèmes d’étagères se terminera en mars, tandis que celle de chariots de provisions prendra fin en juin. Cari-All explique sa décision par la montée du dollar canadien et la concurrence chinoise.

C’était en 2008.

La méthode pour garder ces usines est d’aller supplier  ces compagnies,  et cela, sans effet.

La Caisse de dépôt et placement du Québec continue de chercher des solutions dans le dossier Cari-All

Évidemment, l’opération n’a pas réussi. Voici la réponse dans une lettre d’échange.

Qu’a donc emporté Cari-All avec elle?

Monsieur,

Vous avez fait valoir par la voie des médias que la Caisse de dépôt et

placement du Québec, à titre d’actionnaire de la société Cari All, aurait dû empêcher la fermeture de l’usine de Marien. Nous vous rappelons que la Caisse est actionnaire minoritaire à la hauteur de 40 % de Cari All et que les autres actionnaires sont : le Régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario (OMERS), la famille fondatrice ainsi que la compagnie Wanzl formant la majorité de l’actionnariat. Branchez-Vous

40% de la Caisse de Dépôt, un régime de retraite ( l’OMERS), c’est peu. Bien sûr, ce n’est pas perdu. Du moins, en argent.

Allons voir Wiki :

Au plan social

Les délocalisations ont de nombreuses répercussions sur le plan social dans les pays subissant les délocalisations. Les principales sont de :

  • Générer des licenciements, et des pertes d’emplois indirects, difficiles à compenser dans les pays présentant des faiblesses compétitives.
  • Être utilisé comme une menace et donc comme un moyen de pression sur les conditions de travail (amplitude horaire quotidienne, travail de nuit, durée des congés payés, sécurité sociale, âge et taux de retraite) lorsque celles-ci posent un problème économique.
  • Entraîner la faillite de certains sous-traitants d’entreprises ayant délocalisé. Lorsqu’une entreprise délocalise en pays à bas coût et licencie son personnel, elle s’accompagne souvent également de la suppression d’emplois chez de nombreux sous-traitants directs (fournisseurs de pièces diverses) et indirects (restauration, artisans,…). Par exemple : lorsqu’un constructeur automobile délocalise (Ex: PSA), il ne supprime pas non seulement ses emplois, mais il supprime des milliers d’emplois chez ses fournisseurs (les équipementiers que l’on appelle les rang 1 : ex: Valeo, Faurecia,…) et les sous-traitants des équipementiers (les rang 2 : entreprises d’injection plastique, de découpage,…). Cette situation est d’autant plus difficile lorsque le sous-traitant réalise la majeure partie de son chiffre d’affaires avec le constructeur ; si celui-ci n’arrive pas à trouver de marché de compensation, il risque le dépôt de bilan !

Ces raisons expliquent pourquoi les délocalisations sont souvent mal vécues par les salariés et les sous-traitants des entreprises concernées.

Mal vécu?

Il me semble que c’est ça le but de la vie, bien vivre, autant sur le plan émotionnel que matériel. On ne parle pas des malaises psychologiques, des érosions des sociétés sur le plan humain. Il n’en est pas question.

La lente érosion n’est jamais visible d’un coup. Ni sur le plan « matériel »…

 

Détroit :cimetière à gratte-ciel

Peu de villes ont embrassé le vent galopant de l’industrialisation de masse comme l’a fait Detroit. Le déclin de « Motor City » n’en aura été que plus impressionnant, la baisse de la démographie et l’abandon de certains quartiers laissant sur place des écoles, des maisons, et des monstres architecturaux (à l’image de cette gare).

Ces photographies sont avant tout les témoins de cette tragédie humaine et urbaine dans une ville qui représentait également l’eldorado de la musique durant toute la deuxième moitié du 20ème siècle avec la maison de disque Motown, détruite depuis 2006. Comme si la ville avait subit l’arrivée incontrôlable et destructrice d’un virus ou d’une peste dévastatrice, de nombreux bâtiments symboles d’un feu effervescence architecturale comme la gare Michigan Central Station, splendeur de l’immigration ouvrière, ou le Michigan Theater semblent avoir été désertés après l’une des pires catastrophes naturelles.

Plutôt que de financer la rénovation ou la destruction, Detroit, dont l’avenue Grand Circus Park est aujourd’hui surnommée « cimetière à gratte-ciel », préfère laisser faire le temps et prôner l’abandon, contribuant de ce fait, à son propre déclin.

DETROIT, VESTIGES DU RÊVE AMERICAIN de Yves Marchand et Romain Meffre. Préface de Robert Polidori, introduction de Thomas Sugrue. Steidl, 228 pages, 88 euros. Sorti depuis le 16 décembre.

The ruins of Detroit

Le travailleur en poudre

Toute délocalisation apporte ses ruines. Les grandes, matérielles,  sont « étonnantes ».L es petites passent et repassent en laissant les travailleurs devenir les rameurs des galères des industries qui se déplacent et changent de rameur.

Hélas! Il n’y a pas de photographies pour faire le portrait de ruines intérieures de ces humains qui ont travaillé parfois toute une vie en laissant  un fonds de pension s’effriter, disparaître.

L’industrie de l’alimentation a inventé le café en poudre, le lait en poudre, la pomme de terre en poudre…etc.

Voilà l’ère du travailleur en poudre. Mourir à petit feu en laissant de petites cendres.

Ne reste plus qu’à  lui donner une urne au lieu d’une montre.

Là, il sera vraiment délocalisé…

C’est peut-être pour  cette raison qu’on nous invite à voter :

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Classé dans Actualité, Gaëtan Pelletier

Le syndrome du larbin et la révolution islandaise

Par Renart Léveillé

Deux trucs inédits pour moi voilà quelques heures encore, et que je me dois d’imprimer ici. À défaut d’être journaliste, et donc seulement blogueur (et d’aimer adorablement ce passe-temps ingrat), je peux au moins faire ça…

Le syndrome du larbin

Définition sommaire :


Chez un individu, le syndrome du larbin est un comportement pathologique visant à prendre systématiquement la défense des classes les plus favorisées au détriment de celles dont il est issu. Ce syndrome diminue les capacités d’analyse du larbin et se traduit par un blocage psychologique l’incitant à agir préférentiellement contre ses propres intérêts au profit de ceux qui l’exploitent.

Ne vous lancez pas sur votre téléphone pour conseiller à votre beau-frère un bon psychologue, c’est plus humoristique que sérieux, même s’il semble exister de véritables cas de ce syndrome. Il ne manque qu’un scientifique pour s’y pencher, mais je doute fort qu’il reçoive des subventions privées ou gouvernementales, alors c’est déjà mort dans l’oeuf…

En fait, si c’était vrai, ou plutôt avéré, la presque totalité des gens penchants à droite en serait, étant donné qu’il y a un très petit pourcentage de droitistes très riches. Mais je ne passerai pas trop de temps là-dessus, parce que dans le fond, ce sujet est seulement un clin d’oeil pour introduire le prochain.

La révolution islandaise

Visiblement, la population islandaise aurait un taux de syndrome du larbin assez bas si on regarde ce qui s’y passe depuis 2008.

C’est vraiment une histoire incroyable et pourtant, il n’y a vraiment pas eu beaucoup d’écho depuis ce qu’on a appelé « la révolution des casseroles », que relatait Le Figaro le 4 février 2009 :

Le tintamarre des casseroles et des poêles à frire, chaque samedi devant le Parlement, a fini par avoir raison du premier ministre islandais […] Geir Haarde, chef d’un Parti conservateur qui dominait la scène islandaise depuis l’indépendance du pays en 1944 […] Mais la «révolution des casseroles», comme on l’appelle à Reykjavik, n’est pas terminée : ce samedi, pour la 17e fois depuis le début de la crise [financière] en octobre, ils étaient encore plusieurs centaines à crier leur colère. «Rendez-nous notre argent !», proclament des pancartes. «On veut de nouvelles têtes dans les banques et au gouvernement » […]

Une coalition de partis de gauche ainsi qu’une première femme au poste de premier ministre, Jóhanna Sigurðardóttir, ont été portées au pouvoir, mais assez rapidement, le peuple a pris les choses en main en refusant par référendum à 93% le remboursement de la dette et en élisant une Assemblée citoyenne chargée de rédiger une nouvelle constitution (« Parmi les propositions qui reviennent le plus souvent, on peut noter la séparation de l’Église et de l’État, la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles et une séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif. »). Leurs travaux commenceront en février pour se terminer à la fin du printemps.

Le reste de l’Histoire est à écrire.

*

Avouez que c’est assez inspirant! C’est quelques crans au-dessus d’une pétition demandant la démission de notre premier ministre John James Charest, quand même… (Ce n’est surtout pas pour dénigrer la chose, si seulement c’est le début de quelque chose de plus vaste, espérons-le!)

Voilà la preuve qu’il y a plus grand et plus profond que la démocratie comme on la voit théoriquement. Les supposés chiens de garde de cette démocratie molle sont apathiques, il n’en tient qu’à moi, qu’à vous, citoyens, d’y fouetter les sangs!

Voilà mon humble contribution. Ne vous gênez surtout pas pour faire suivre.

*

(Merci à Eric Bondo de m’avoir pointé ces sujets.)

 

(Peinture : Pierre Marcel, « Bringing democraty », Acrylique sur toile, 150 x 150 cm, France 2001.)

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

En attendant vos relevés de cartes de crédit…

Dernièrement, nous avons assisté à deux sorties, une de Mark Carney, Gouverneur de la Banque du Canada, et une de Jim Flaherty, Ministre fédéral des Finances; nous enjoignant à la prudence. Voyez-vous, ils s’inquiètent maintenant du taux d’endettement des canadiens qui est à 148% de leur revenu, dépassant de ce fait celui de nos voisins du sud. C’est une situation qui n’est guère enviable. Nos joyeux lurons essaient donc maintenant de restreindre notre enthousiasme. Cependant, Ils sont très mal placés pour nous faire la leçon.

Depuis que M. Flaherty est Ministre des Finances (2006), la dette fédérale est passée de $460 milliards à $520 milliards, une augmentation de 13%. Pour mettre les choses en perspective, notre dette fédérale équivaut à 75% de notre PIB et nous place mondialement en 18e place au palmarès de l’endettement, juste derrière le Portugal qui est actuellement en train d’imploser.

M. Carney pour sa part, depuis qu’il a été nommé en 2008, a abaissé le taux directeur de 5% à 1%. Avec le taux d’inflation annuel actuel de 2%, nous nous retrouvons avec un taux d’intérêt réel négatif. Ce taux est un incitatif énorme à emprunter et dépenser et de ne pas épargner. Avec notre dollar qui perd son pouvoir d’achat à ce rythme, à quoi bon mettre son argent à la banque? Est-il donc surprenant que les ménages canadiens soient si endettés. Est-il aussi surprenant qu’alors que les américains renouent avec les vertus de l’épargne, atteignant un 6% actuellement, que les épargnes des canadiens aient fondu à 2.5%? Il ne faut pas être grand clerc ou même avoir un doctorat en économie pour réaliser que de ne mettre aucune épargne de côté pour les mauvais jours et de s’endetter jusqu’au cou n’est pas une façon de s’enrichir. C’est tout le contraire.

Les bas taux d’intérêt, couplés avec une garantie d’hypothèque de la Société Canadienne d’Hypothèque et de Logement (SCHL), ont aussi causée une bulle immobilière sans précédent au Canada. Dans des conditions comme celles-là, les actifs immobiliers pourraient perdre leur valeur très rapidement et voir plusieurs ménages avec des dettes dépassant largement la valeur de leurs actifs. Mais contrairement à nos voisins américains, abandonner notre hypothèque n’est pas une option pour nous. Nous restons enchainés à notre hypothèque. Bref, nous sommes en train de répéter le même scénario que les américains en 2007. Tout ça parce que M. Carney maintient les taux trop bas.

Depuis la crise financière américaine, nos politiciens ne cessent de nous dire de dépenser, dépenser, dépenser et la Banque du Canada se fait un plaisir de nous rendre la tâche plus facile avec des taux dérisoires et maintenant ils sont surpris de constater que nous sommes sur-endettés? M. Carney et M. Flaherty on tenu une partouze à bar ouvert pendant deux ans et ils sont surpris de voir leurs invités se promener à quatre pattes avec des abat-jours de lampes sur la tête.

Mais les nouvelles ne sont pas toutes mauvaises. Pendant ce temps, les grandes banques ont empoché des profits records et tous les amis de M.Carney ont sans doute eu droit à un épais bonus pour Noël. N’est-ce pas magnifique? J’ironise, bien sûr. Bien peu de gens le réalisent, mais le rôle de la Banque du Canada a toujours été de financer les excès de notre gouvernement (comment vous croyez qu’ils font pour financer des guerres, des programmes sociaux et tous ces petits contrats pour leurs amis?) et de bourrer les poches des banquiers. Il serait temps que les gens s’en rendent compte et qu’on l’abolisse.

Je vous souhaite un très joyeux Noël tout de même.

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Classé dans Actualité, économie, Philippe David

Les bulles pour les nuls

bulles

Suite à mon dernier billet dans lequel je rapporte les intentions du Président Obama d’exercer une surveillance accrue sur l’économie afin de contrôler la formation de bulles dans l’économie, j’entend vous exposer l’absurdité de cette proposition en vous donnant une explication de comment ces bulles sont formées. Chose que M. Obama et ses conseillers économiques semblent ignorer.

Une seule théorie en économie peut expliquer convenablement la cause de ces bulles: la théorie autrichienne des cycles économiques développée par Ludwig Von Mises et Friedrich Hayek. Je vais essayer de vulgariser le plus possible, mais ce n’est pas une mince affaire, alors j’apprécie votre patience de le lire jusqu’au bout. Je sais que ce n’est pas tout le monde qui s’intéresse à l’économie à ce point et je ne peux pas vous blâmer, mais s’il y a une théorie que vous devriez comprendre de nos jours, c’est celle-ci.

Introduction

La compréhension actuelle du phénomène des cycles économiques par la population en général nous vient de Karl Marx, qui le premier nota que depuis le début de la révolution industrielle, l’économie a commencé à montrer des phases cycliques de boums et de crises qui n’existaient pas avant. Marx en a donc conclu que ces cycles faisaient partie intégrale du libre-marché capitaliste. Même encore aujourd’hui, cette vision est largement acceptée, même par quelques-uns des plus éminents économistes. Pourtant, rien dans la théorie générale de l’économie de marché n’explique ces phases, puisque l’offre et la demande de produits sont toujours supposés tendre vers l’équilibre. Alors pourquoi ces cycles seraient-ils inhérents à l’économie de marché?

Un autre petit détail est qu’une économie de marché est supposée être un système qui punit les mauvais entrepreneurs en leur faisant subir des pertes et en les poussant vers la faillite (si le gouvernement n’intervient pas pour les sauver, bien sûr). Alors on s’attendrait à ce que la grande majorité de ceux qui restent dans le jeu sont raisonnablement bons à anticiper les demandes du marché. Alors comment expliquer qu’un si grand nombre d’entre eux se retrouvent dans la merde lors d’une récession?

Une autre chose qui est observable lors d’une récession, est que les secteurs de l’économie les plus touchés sont les biens capitaux, c’est-à-dire, la machinerie industrielle et agricole, la construction, les matières premières ainsi que les biens de consommation durables comme l’immobilier et l’automobile, plutôt que les ventes au détails? Si les récessions étaient causées par un déficit de la consommation, comme le prétendait Keynes, Ce devrait être le secteur du détail qui serait le plus touché.

Si on veut développer une théorie des cycle économiques qui se tienne, il faut qu’elle puisse expliquer tout ça.

C’est votre intérêt qui compte…

Avant d’entrer dans la théorie des cycles comme tel, je tiens à rafraichir votre mémoire sur le rôle du taux d’intérêt dans l’économie de marché. L’économie de marché réagit à des signaux: les prix. Ces prix communiquent aux différents acteurs du marché des informations sur l’offre et la demande de divers biens et services et guident leurs décisions. Le taux d’intérêt est également un prix. C’est le prix du temps. C’est à dire que c’est ce qui nous coûte de se procurer un bien maintenant plutôt que de le reporter à plus tard. Ce signal nous donne donc de l’information sur les préférences des consommateurs dans le temps. Préfèrent-ils emprunter pour acheter maintenant, ou préfèrent-ils épargner et acheter plus tard. En quoi est-ce important? Si vous êtes un entrepreneur, vous voudrez probablement profiter du temps où les consommateurs épargnent pour faire certains investissements comme du nouvel outillage pour lancer une nouvelle ligne de produits, par exemple, étant donné que les taux d’intérêts sont à la baisse lorsque les consommateurs épargnent. Le fait qu’ils épargnent indique aussi que les banques ont des réserves réelles à prêter puisqu’en principe, c’est cet argent qu’ils sont supposés vous prêter, dans un marché libre, du moins. Le problème est que le marché n’est pas complètement libre.

Les banques centrales et le système bancaire.

Dans mon billet «La fraude à grande échelle», il y a une vidéo qui explique assez bien comment les banques, de concert avec la banque centrale, créent de la monnaie à partir de rien, grâce aux réserves fractionnaires. Ce fût les économistes classiques David Hume et David Ricardo qui furent les premiers à établir un lien entre cette institution, qui a émergé en parallèle avec l’économie de marché, et les cycles économiques. La théorie Ricardienne se résume à ceci: Lorsque les banques font de l’expansion de crédit sous forme de notes bancaires et de chèques, au-delà de leur réserves physique d’or, le surplus de monnaie crée une illusion de prospérité qui alimente un boum. Il en résulte de l’inflation qui fait monter les prix des produits locaux. Cette hausse des prix locaux favorise l’achat de produits importés qui deviennent moins chers. Les marchands étrangers n’étant pas intéressés à conserver la monnaie de papier locale, la convertissait en or, faisant ainsi baisser les réserves de banques et ainsi de suite, jusqu’à ce que les banquiers commencent à s’inquiéter de ne pas pouvoir remplir leurs obligations. Les banquiers rappellent alors leurs prêts pour réduire la quantité de billets de banques en circulation. Le boum s’effondre et une récession suit. Pendant la récession, les prix locaux baissent entrainant une hausse des exportations et une baisse des importation et l’or recommence à rentrer au pays pour regarnir les réserves des banques. Lorsque les banques se sentent plus sécures, le bal recommence. C’est déjà une explication plus plausible que l’esprit animal de Keynes, mais ça n’explique pas tout ce qui est observé des récessions, notamment, pourquoi le secteur des biens capitaux est plus durement touché.

Arrivent les autrichiens…

Pour la raison ci-haut, l’économiste autrichien Ludwig von Mises et plus tard son élève Frederich Hayek, n’étaient pas satisfaits de l’explication de Ricardo. Ils entreprirent donc d’approfondir la question. Leur travail nous a donné la théorie autrichienne des cycles économiques. Largement oubliée des économistes « populaires », elle n’a cependant jamais été discréditée et reprend maintenant de la popularité depuis le début de la présente crise.

Nous avons vu plus haut le rôle du taux d’intérêt dans une économie de marché. Nous avons aussi vu que ce taux avait la fonction d’un prix dans le marché. Comme un prix, il tend à rechercher l’équilibre entre l’offre et la demande, dans ce cas-ci, l’épargne et le crédit. Ce point d’équilibre est appelé le taux naturel. Si une influence extérieure vient pousser le taux au-dessus ou en dessous du taux naturel du marché ça provoque une réaction de la part du marché. C’est ce qui arrive avec la politique monétaire des banques centrales. Lorsque celles-ci commencent à créer de la monnaie additionnelle, au-delà de ce qui est requis pour les ressources présentes sur le marché, les fonds additionnels crées à partir de rien se retrouvent dans le système bancaire, multiplié par les réserves fractionnaires. Ce surplus est interprété par le marché comme de l’épargne et pousse le taux d’intérêt vers le bas. Mais comme ce n’est pas vraiment de l’épargne, adossée à la production, cette baisse du taux est artificielle. Et elle induit les acteurs du marché en erreur. Puisque le taux est poussé en dessous du taux naturel, les entrepreneurs interprètent ça comme un signal qu’il est temps de faire des investissement capitaux, croyant que les consommateurs ont maintenant une préférence à l’épargne et donc, reportent leur consommation à plus tard. Les entrepreneurs se retrouvent donc à investir dans le développement de nouveaux produits, alors que la demande pour les produits existants n’est pas encore en déclin. En d’autre mots, ils investissent leurs ressources dans les mauvais produits. La baisse artificielle des taux d’intérêt peut aussi faire paraitre plus rentables des activités qui ne seraient pas rentables au taux du marché et elle encourage aussi la spéculation. Les banques aussi, en se retrouvant avec beaucoup plus d’argent à prêter, sont portées à réduire leurs exigences pour les prêts et prendre plus de risques. Avec les consommateurs et les entrepreneurs qui s’endettent et consomment en même temps, un boum s’installe. Le party commence. C’est là que des bulles commencent à se former dans certains secteurs. Les bulles sont tout simplement de l’activité économique qui a lieu dans un secteur en particulier qui n’aurait pas été profitable sans le boum. Puisque le boum est artificiel et insoutenable, lorsqu’il finit, les bulles éclatent.

Pourquoi les boums sont-ils insoutenables?

Lorsque la banque centrale fait baisser les taux d’intérêts artificiellement en injectant de l’argent neuf dans l’économie, plusieurs choses se produisent. Tout d’abord la demande de crédit augmente puisque les taux sont bas. Puisque le marché est à la base autorégulateur (malgré ce qu’en pensent certains), cette augmentation devrait pousser le taux d’intérêt à la hausse. Si la banque centrale continue à pomper de l’argent dans l’économie pour maintenir le taux d’intérêt artificiellement bas, c’est comme retenir un ballon sous l’eau. Aussitôt qu’on le relâche, il remonte violemment vers la surface. Or les dirigeants de la banque centrale sont très conscients qu’au fur et à mesure qu’ils injectent de l’argent neuf dans l’économie, la valeur de l’unité monétaire est diluée parce que la quantité de biens disponibles dans l’économie n’a pas augmenté en conséquent. Les prix commencent à grimper, particulièrement dans les secteurs de l’économie où il y a surchauffe grâce au boum. Alors pour maintenir le « contrôle » de cette inflation, la banque centrale doit éventuellement freiner son expansion pour éviter une inflation trop rapide des prix. Et le ballon remonte. Malheureusement, il remonte trop vite et la demande de crédit nécessaire à soutenir le boum ne s’ajuste pas immédiatement. Nous avons donc une crise de crédit. C’est la même chose quand on essaie de maintenir le prix d’une marchandise trop bas. Ça crée une pénurie. Lorsque la banque centrale cesse d’imprimer de l’argent, les banques doivent recommencer à prêter à partir de l’épargne accumulée dans leurs comptes, au lieu de l’argent neuf. Sauf que les réserves d’épargne sont sévèrement diminuées parce que les consommateurs n’épargnaient pas, ils étaient stimulés à dépenser par les taux maintenus artificiellement bas. Nous constatons donc maintenant toute la bêtise du contrôle des taux d’intérêt par les banques centrales et du système de monnaie fiduciaire qui crée de l’argent à partir de rien. Les banques n’ayant plus d’argent à prêter, serrent la vis et les activités qui dépendaient de l’abondance du crédit se retrouvent sans financement. Le party est fini, on retourne sur terre. C’est la récession.

La récession

Si on en croit les théorie de Lord Keynes, les récessions sont causées par une baisse de la consommation aggrégée, due au manque de confiance des consommateurs et des investisseurs dans les prospect économiques futurs. Ils paniquent. Pourquoi? Sais pas! Ce doit être « l’esprit animal ». Toujours est-il que pour compenser le manque de dépenses des consommateurs, il faut que le gouvernement dépense pour continuer à faire rouler l’économie. Mis à part le côté ridicule de ce raisonnement. On constate que Keynes ignorait complètement la cause sous-jacente des récessions, et donc prescrivait le mauvais remède. Mais puisque lorsque l’économie va mal, les gens ont tendance à réclamer l’intervention des politiciens et que Keynes leur a envoyé un os en prescrivant une solution qui donnait un rôle au gouvernement, ça ne devrait être une surprise pour personne pourquoi les théories de Keynes sont populaires auprès de la classe politique. Et comme la classe politique contrôle l’éducation, on ne devrait pas s’étonner que ce soit ces théories qui ont la cote dans nos universités. Que Keynes ait été complètement « à côté de la track » n’avait aucune importance. Dites aux pouvoir de l’état ce qu’il veut entendre, et vous serez une vedette. Faites le contraire, et vous serez enterrés.

La réalité, aussi impopulaire soit-elle auprès de la classe politique, c’est que la récession est plutôt ce que j’appellerais « la revanche du marché » qui nous punit pour nos excès. Loin d’être la panique causée par un esprit animal irrationnel, c’est la tentative naturelle du marché de se ré-équilibrer. Lorsque le boum se termine, les entrepreneur réalisent qu’ils ont mal investi et que cet investissement n’est pas profitable. Si vous faisiez face à ce même choix, vous feriez exactement la même chose. Vous liquidez pour récupérer tout ce que vous pouvez de votre investissement et vous le réinvestissez dans quelque chose de plus profitable. Pour leur part, les consommateurs se retrouvent avec un surplus de dettes et aucune épargne et des paiements d’intérêt plus élevés. Il est donc parfaitement sain et normal qu’ils réduisent leur consommation pendant un certain temps et qu’ils repayent leurs dettes et regarnissent leur compte de banque. Certaines compagnies feront faillite ou feront des compression à cause des pertes qu’elle auront subies en prenant trop de risques pendant le boum et beaucoup de gens perdont leur emploi. Les ressources de ces compagnies en faillite seront récupérées par d’autres qui n’avaient pas pris autant de risques et qui ont continué d’être productive. L’économie se débarasse ainsi de son « bois mort ». Il devrait aussi être apparent à n’importe quelle personne sensée que ce processus doit suivre son cours, si nous voulons que l’économie reparte sur des bases solides, sinon nous ne ferions que balayer la poussière sous le tapis pour qu’elle revienne nous hanter plus tard.

Mais, les banques privées ne font-elle pas partie du libre-marché?

Les banques ont beau être privées, mais leur pouvoir de créer de l’argent leur vient du gouvernement qui leur en a attribué le monopole. Dans le billet « La fraude à grande échelle », nous avons vu comment les gouvernements ont sanctionné et légalisé la fraude qu’est le système de réserve fractionnaire, mais en instituant une banque centrale et en lui donnant le pouvoir exclusif d’émettre des billets de banques, et en forçant les autres banques à y déposer leurs réserves, comme c’est le cas à la Réserve Fédérale américaine, on leur a conféré la faculté de faire de l’expansion monétaire de concert avec toutes les autres banques. De facto, elles forment un oligopole protégé par l’état et dans le cas de la Fed, qui n’a aucune supervision provenant des autres branches du gouvernement. Imaginez le pouvoir que ces banquiers tiennent dans leurs mains.Croyez-vous un instant qu’ils voudront qu’on leur enlève?

Dans un marché véritablement libre, un tel monopole ne pourrait pas exister. Des banques qui doivent survivre dans un environnement compétitif ne pourraient se permettre des prendre trop de risques sans se rendre vulnérable à ses compétiteurs. Si une banque venait à émettre trop de billets, ses compétiteurs pourraient accumuler ces billets et ensuite exiger de les convertir en or, poussant cette banque vers la faillite si ses réserves sont insuffisantes. C’est pourquoi dans un marché libre, les banque ne feraient guère plus que de servir d’intermédiaire entre les prêteurs (les déposants) et les emprunteurs, empochant une commission, soit la différence entre l’intérêt payé aux déposants et celui chargé aux emprunteurs. Ce serait moins profitable, mais plus sûr.

C’est la nature perverse de notre système bancaire qui crée les cycles de boums et récessions et qui perpétue le cycle, puisque typiquement, aussitôt que l’économie reprend, la banque centrale recommencera à faire de l’expansion monétaire et le cycle reprend de plus belle.

Conclusion

La théorie autrichienne est la seule théorie qui explique de façon logique et cohérente les mécanismes qui causent les cycles de boums et récession. Elle explique comment les boums se produisent et ensuite explique pourquoi il y a baisse de la consommation durant la récession et pourquoi les secteurs des biens capitaux, plus sensibles aux fluctations des taux d’intérêt sont plus touchés que le secteur de la vente au détail. Elle explique également la formation de bulles, ce qu’aucune autre théorie ne peut faire.

Mais si vous cherchez quelque chose d’un peu plus concret à vous mettre sous la dent. Je sais que ceux qui me lisent ici qui ont eu une éducation néoclassique sont friands de données économétriques. Je vais donc vous satisfaire. JC Clement est un fréquent contributeur dans les commentaires sur mon blogue, ce qui est très apprécié. Dans ce billet sur son blogue, il discute de signaux qui peuvent laisser prévoir à l’avance une récession. Un des signaux qu’il mentionne repose sur une interprétation particulière de la courbe des rendements des bons du trésor américain. Cette courbe est basée sur le différentiel entre les taux de bons à long-terme et ceux à court-terme et elle indique la préférence des investisseur soit vers des bons à court-terme, soit vers des bons à plus long termes. Un renversement de cette courbe vers le bas signale un retournement de cette préférence vers les bons à long-terme, ce qui présagent qu’ils cherchent à protéger leurs argent en prévision d’une situation économique incertaine. Historiquement, un tel renversement de la courbe se produit toujours peu de temps avant le début d’une récession. Ils appellent cela la théorie des attentes (Expectations Theory). Par contre, si on interroge les partisans de cette théorie sur le pourquoi et le comment que les investisseurs semblent pressentir l’approche d’une récession pour ainsi brusquement vouloir changer leur préférence vers les bons à long-terme, ils n’ont aucune réponse à vous offrir. « C’est psychologique », m’a dit JC.

Personnellement, je crois qu’il y a toujours une raison qui explique le comportement d’un individu ou un groupe d’individus. L’explication que c’est psychologique ne me satisfait donc pas, justement parce que la psychologie enseigne que tout comportement a une raison, qu’elle soit logique ou non. Or, si on reprend la théorie autrichienne des cycles économiques, on peut trouver une explication plus satisfaisante. En premier lieu, si on s’appuie sur cette théorie autrichienne, il existe un lien direct entre les cycles économiques et les fluctuations du taux directeur de la Fed. Or ce taux a une grande influence sur les taux des bons du trésor à court-terme, puisque pour imprimer de l’argent la Fed doit acheter des bons du trésor (à court-terme, bien sûr), les payant avec de l’argent nouvellement créé. Ceci influence directement le rendement des bons à court-terme. Lorsque la Fed cesse d’acheter des bons du trésor, ou décide de réduire la masse monétaire en les revendant, (comme c’est le cas lorsque la Fed veut freiner une poussée inflationniste) les taux de rendement des bons à court terme diminue et la courbe des rendements s’aplatit et commence à plonger. Voyant cela, un investisseur perspicace peu interpréter cela comme un signal propice à placer son argent à plus long-terme, puisque le rendement à long-terme devient meilleur qu’à court-terme. Ce mouvement complèterait le mouvement descendant de la courbe. Donc le véritable déclencheur du renversement de la courbe serait les transactions d’achat et revente de la Fed sur les bons à court-terme, et non le mystérieux sixième sens des investisseurs. Des preuves? Voilà:

Taux directeur vs Courbe de rendement.

Bel effet miroir n’est-ce pas? Des questions?

Pour les néoclassiques, je vous ai déniché un petit modèle du Dr Robert Murphy. Peut-être qu’il arrivera à vous convaincre.

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La tragédie grecque

La Grèce et le reste de l’Europe retiennent beaucoup l’attention ces temps-ci. Un signe avant-coureur de ce qui risque de se passer un peu partout dans la monde avant très longtemps. Le plan de sauvetage de la Grèce par l’Allemagne, la Banque centrale européenne et le FMI est ni plus ni moins que du vol de grand chemin qui transfère la richesse des moins nantis vers les grandes banques françaises et allemandes qui étaient les plus gros détenteurs de la dette grecque. Il ne faut pas se leurrer, nous payons tous pour ce sauvetage.

Le problème, c’est que cette solution n’en est pas une. La Grèce n’est pas sortie du bois pour autant. Pour éviter de faire défaut, il leur faut faire des coupes draconiennes dans leur budget, chose que les observateurs doutent fort et augmenter le fardeau fiscal de leurs citoyens qui sont déjà fortement taxés. Assez fortement d’ailleurs pour que les hausses de taxes soient totalement inefficaces, parce que comme l’économiste Arthur Laffer l’a démontré avec sa célèbre courbe, passé un certain point les hausses de taxes causent une diminution des revenus de l’état au lieu de les augmenter. Les grecs ont beau mettre leur pays à feu et à sang, ça ne les aidera pas à sortir de l’impasse. Ils n’arriveront pas à conserver leurs privilèges quoi qu’ils fassent. Dans un an ou deux, le gouvernement grec retournera voir le parlement européen avec le chapeau tendu. Un second sauvetage sera probablement nécessaire pour éviter qu’ils ne soient encore pris en défaut. Mais il est peu probable que le reste de l’Europe puisse les aider cette fois-la. La solution logique serait d’accepter la faillite. Au moins, les banquiers mangeraient leurs bas et les grecs pourraient essayer de reconstruire et s’adapter à la réalité. Ils pourront remercier leurs politiciens de les avoir roulés avec des fausses promesses qui ne pouvaient pas possiblement être tenues.

Pendant ce temps, l’Espagne et le Portugal sont aussi en difficulté et maintenant qu’on a « sauvé » la Grèce, il sera difficile de ne pas faire de même pour eux. Où va s’arrêter la folie? Les États-Unis ne sont pas vraiment en meilleure posture. Leur dette touche maintenant la marque de 94% de leur PIB et ils n’incluent pas les dettes de Fannie Mae et Freddie Mac qui ont été nationalisés et donc sont la responsabilité du trésor américain, ni les dettes actuarielles de la sécurité sociale, de Medicare et Medicaid qui totalisent 60 billions (trillions en anglais). En ajoutant ces obligations, le gouvernement américain aurait une dette qui dépasse 500% de son PIB. C’est beau la comptabilité créative. Contrairement aux pays de la zone Euro, les américains peuvent utiliser la planche à billet pour monétiser leur dette et ils le feront probablement. Dites-moi, qui d’entre vous croit qu’on peut s’enrichir en imprimant de l’argent à partir de rien? Tous les détenteurs de dollars américains vont en souffrir, les plus pauvres en particulier. Parce qu’éventuellement, une dette astronomique remboursée avec l’aide de l’assouplissement quantitatif ne peut aboutir qu’à un résultat: la destruction de la devise.

Certains y voient la fin du capitalisme, mais c’est plutôt la fin des monnaies fiduciaires. Comme dans toutes les autres expériences du passé à tenter de faire fonctionner une économie avec de l’argent de papier créé ex nihilo, comme la monnaie de cartes en Nouvelle France ou les assignats français ou les continentals et les greenbacks américains; cette nouvelle expérience avec ce type de monnaie se soldera par l’échec et l’effondrement. La raison est simple: nous ne pouvons pas remplacer du capital réel créé par l’épargne par de l’argent créé à partir de rien. Cet argent n’ajoute rien à la richesse et au contraire, il ne sert qu’à diluer la richesse qui existe déjà. L’épargne est une fraction de notre production que nous mettons de côté pour consommation future ou pour l’investir. L’argent que les banques produisent à parti de rien est en réalité une dette. Depuis des décennies, nous vivons sous l’illusion que cet argent-dette nous rend plus riches, alors qu’en réalité il nous appauvrit. Ce n’est pas l’économie de marché elle-même qui cause le transfert de richesse des pauvres aux riches, c’est le système de fausse monnaie que nous lui avons greffé et dont le marché pourrait très bien se passer. C’est aussi ce système qui a permis l’apparition de l’état-providence qui en dépend pour financer ses programmes sociaux et sa bureaucratie toujours plus obèse. Lorsque les banques s’effondreront, l’état-providence tombera également, affamé parce qu’aucune quantité de taxation directe ne pourrait le soutenir.

Ceux qui comprennent vraiment le fonctionnement des marchés savent que la stimulation artificielle de l’économie par la création monétaire et la manipulation des taux d’intérêts, sème les graines de sa propre destruction. En 2001, suite à l’éclatement de la bulle Nasdaq, l’économie américaine aurait dû passer à travers une sévère récession. Seulement, George Bush et Alan Greenspan ont refusé de laisser l’économie se réorganiser et ont baissé le taux d’intérêt à 1%. La récession qui aurait dû corriger les marchés à cette époque n’a jamais eu lieu, mais ça n’a fait que pelleter le problème vers l’avant. La nouvelle injection de crédit facile est venue nourrir une nouvelle bulle, la bulle immobilière et cette fois encore, ils ont réduit les taux à 0,25%. Notre classe politique, se reposant sur de dangereux mythes économiques, ne cesse de vouloir essayer de guérir un patient victime d’une overdose en pompant toujours plus de drogue dans son système. Il vient un temps ou la drogue n’a plus d’effet (c’est la fameuse « trappe de liquidité » keynésienne), mais ce qu’ils refusent de comprendre, c’est les dommages qu’ils causent. Comme pour le cas du drogué, les principaux organes commencent à défaillir parce qu’on refuse de laisser le système éliminer le poison. Les gouvernements de ce monde seront bientôt à cours de moyens et l’effondrement est inévitable.

Qu’est-ce qui viendra par la suite est un mystère. Certains semblent croire qu’une dictature mondiale émergera de l’effondrement du système actuel. J’espère sincèrement que ce ne sera pas le cas. Tous ceux et celles qui désirent rester maitres de leur destinée ont tout intérêt à combattre cette éventualité. Comme le soulignait Lord Acton, le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument. Les dictature sont rarement des havres de liberté.

Ne soyez pas si surpris par ma dénonciation dans ce billet. Le système monétaire et bancaire actuel sont la plus grande fraude jamais perpétrée dans l’histoire et aucun libertarien qui se respecte ne soutient ce système. Ron Paul n’est-il pas le fer de lance du mouvement pour abolir la Réserve Fédérale américaine? Ce système n’a rien à voir avec un marché libre et tout à voir avec une économie planifiée. L’effondrement qui vient ne sera pas le résultat d’un capitalisme sauvage, mais de près d’un siècle de planification centrale monétaire et d’inflation monétaire à outrance.

Pour ceux qui ont une affinité avec la langue de Shakespeare, je vous suggère de regarder ce documentaire et abandonner vos lunettes roses.

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Ajouter de l’eau à la soupe…

D’autres mesures fiscales à venir

De plus, l’indexation du régime fiscal à un peu plus de 2 %, la hausse de 500 $ à 1 000 $ de la déduction accordée aux travailleurs et la bonification du crédit d’impôt pour le maintien à domicile d’une personne âgée sont autant de moyens qui, appliqués dès le 1er janvier, devraient réduire de 800 millions de dollars la charge fiscale des particuliers.

« En 2003, le contribuable québécois payait, en moyenne, 592 $ de plus que ses voisins des autres provinces. Dès l’an prochain, cet écart sera ramené à 269 $ », conclut M. Tomassi.  guidemtnord

Joli rappel! Hein?  C’est là tout le problème… Nous consommons des promesses.

Je regardais les oiseaux mangers des vers dans mon potager. Toute une bande de petits Tomassi en culottes courtes… Et ils chantent toujours le même joli refrain.

Tom Assis

Vous vous méfiez de M. Tomassi?

C’est un chérubin de garderie. Un ange… Il a des ailes plantées dans le dos comme les sculptures de Jobin.

Le roi de la patate chaude.

L’insignifiant édulcoré.

La brèche du parti libéral.

Mais il n’est pas dangereux. Il est langé comme un bébé dans ses couettes d’argent, de discours engraissés aux savons des pousses  de couennes de cochons.

Ils ne sont pas tous comme « ça ». Mais ils se divisent pour régner…

Vous rêvez en pensant qu’il est dangereux.

Vous ne voyez que la couchette du lardé.

Dans un système mondialiste, c’est une écharde au doigt. Point. Et toutes les poules qui cacaillent   au parlement ne sont que  du même mouillement.

Comme disait mon beau-père, si la visite arrive, on ajoutera de l’eau à la soupe…

***

C’est une douceur M. Tomassi. Le monde a besoin de douceurs acides. Comme la tomate.

En fait, il ressemble à une carte postale des années 50. Gribouillée dans un coin de cerveau plus conformiste qu’un gardien de musée.

Et tous les jours, tous les  jours nous avons des nouvelles de la carte postale dans tous les journaux.

Nous voilà choqués, honteux, disgracieux, postillonnant sur cyberpresse, à la télé, et dans tous les ailleurs possibles.

La corrida des veaux dans l’enclos des  pis. On leur fournit  chaque jour le tétage dont ils ont besoin.

De mal en pis. Comme ils disent…

C’était en 2003

Je parle de la « promesse » de M. Tomassi.

Dans le « piaillage », la mémoire a tendance à oublier.

Les politiciens ne sont plus que les graffitis collés au mur de brique du parlement. Ils s’entrent-barbouillent eux-mêmes, se croyant dans une lutte importante. Des lutteurs dans la boue… Pendant que le solide, lui, efficace, roucoule dans l’arrière décor, se vautrant, s’enrichissant, ricanant à voir ces engrangés de luxe « parlementer ».

Ne nous demandons pas pourquoi il y a tant de corruption. La corruption a le temps de faire son propre « réingineering »   pendant la longue pause de l’inaction.

Il en est passé des politiciens sous les ponts.

2010

Comme disait le poète :

Sous le pont Mirabeau coule le cent… Le dollar, l’argent, l’or, et les cévéistes de passage…

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Guillaume Apollinaire, Alcool

Transposez.

Pas fou le poète!  Les politiciens sont comme l’eau, ils passent… Goutte à goutte.

Mais nous, nous sommes – en société – les locataires d’un pont, affriandés par le spectacle de la rivière. Hypnotisés par les reflets du soleil sur l’eau.

Et nous   voulons qu’ils démissionnent. Comme si on voulait se débarrasser d’une goutte pour refaire la rivière.

Il viendra bien une autre goutte pour nous trouer le front de la goutte qui fait déborder la vase :

Mélange de matières organiques et de terre qui forme un dépôt au fond de l’eau.

En  fait, ils s’arrangent pour être sédimentés au fond de la petite rivière du temps. À l’abri, formant une couche solide pour la « génération » suivante de gouttes d’eau.

C’est comme ça qu’ils restent « solides ». Car à travers l’eau brouillée, ils s’arrangent entre eux, se perpétuent dans le   futur par  un peuple figé, à la fois agacé, et qui participe au jeu de cartes.

On ne peut pas leur faire plus plaisir…

Envoyons-leur des fleurs! … Félicitons-les!  Pendant que M. Tomassi fait de la jonglerie avec sa défense basée sur le même principe que le découpage aux ciseaux auquel se livrent les enfants des garderies, on a l’âge de sauter et de barbouiller les sociétés.

C’est beau les dessins d’enfants…

Les desseins d’adulte, ça l’est moins…

Il paraît que la peau se régénère à tous les sept ans. C’est l’âge du mandat du PLQ. Normalement, il aurait passé de la garderie au primaire.

J’en veux un peu – et nous en voulons tous ( si seulement nous aurions pu nous souvenir) de décembre 2008.

Je donne toujours la chance au coureur.

Aux coureurs de fonds?

Je n’ai pas de préjugés. En politique, on coure tous le marathon des fonds…

Je suis toutefois obligé de constater que décembre 2008 était une période charnière pour donner au gouvernement libéral la chance de prouver qu’il pouvait être honnête dans sa démarche.

C’est bien là la grandeur  puérile  de M. Charest qui s’acharne à dire qu’il a enrichi le Québec.

Il faut lire à travers les lignes de son facies, comme ces gens qui lisent dans les rides des mains,  pour constater qu’il a l’air déçu. Je pense qu’il aurait aimé… Le  reste n’étant  que « politique » et combat.  Un jeu qu’il affectionne… Combattant!

Mais c’est anémiant pour un peuple que de payer autant de jouets à des gamins « de la trempe de M. Tomassi ».

Au fond, au fond des fonds et du tréfonds, M. Tomassi est pour un temps le jouet de M. Charest.

Pendant qu’on s’attaque à ceux qui font des ronds dans l’eau, ce cercle s’agrandissant en vaguelettes, nous oublions la cible : le mieux-être des citoyens.

La véritable corruption

Vous vous demandez à quoi je veux en venir avec cette réflexion aux dentelles étranges?

À ceci…

Pendant qu’on ne fait rien, le regard tourné vers la petite corruption – bien coûteuse, il faut l’avouer – la grande, elle, ne perd pas de temps.

Les garderies, c’est « tout petit  ». Les gros joueurs profitent du surplace des structures désuètes des sociétés en affinant leurs techniques de corruption.

Eux, ils l’ont, le « réingineering ».

Le résultat de l’efficacité d’une « pègre » mondialiste est si évident qu’il met en danger des pays :  Grèce, Japon, Potugal Québec,  et ceux à venir.  Car si on ne règle pas la dette vers 2014, on rejoint les rangs des cartes de crédit boursoufflées.

Les Godman Sachs ne discutent pas en circuit fermé : ils agissent.

La visite s’en vient… Ajoutons de l’eau à la soupe…

Gaëtan Pelletier

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