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L’occasion ratée

Jusqu’à la dernière minute, mardi soir dernier, je me suis demandé si j’allais le regarder ou non, le débat des chefs. Puis je me suis dit «pourquoi pas»? Qu’avais-je à y gagner? Rien. Je savais, et je sais toujours pour qui je vais voter. Qu’avais-je à y gagner? Rien non plus, mais au moins je les aurais entendus, ceux pour qui je ne vais pas voter. Je ne regrette pas. D’autant plus qu’en prime, j’ai pu les voir rater la réponse à LA question de la campagne.

Un peu partout autour de moi, le lendemain, amis et collègues se plaignaient de l’allure «foire d’empoigne» du débat. C’est un style que je ne déteste pas, mais je comprends que ça rend difficile, pour plusieurs, de suivre le fil des échanges.

Au fond, ce n’était pas tant le débat lui-même qui comptait que son impact sur l’intérêt envers la campagne électorale. De ce côté, si je me fie aux réactions dans les blogues de la Capitale, cet intérêt est demeuré au beau fixe. C’est-à-dire pas très élevé.

Je crois bien que cette campagne électorale va passer à l’histoire : jamais n’aura-t-on vu un tel désintérêt envers la «chose politique». Est-ce uniquement parce que les Québécois ont la tête ailleurs et que le petit tour de passe-passe du parti libéral les laisse plutôt indifférents? Après tout, moins il aura d’électeurs le 8 décembre, plus le parti au pouvoir a des chances de récolter les comtés.

Peut-être bine, après tous, que ce n’est pas de l’indifférence.

C’est au moment où les trois chefs ont répondu à LA question, celle sur ce qu’ils ont à nous offrir comme projet de société, que j’ai réalisé à quel point le problème pourrait bien venir d’eux et d’elle.

Aucun n’a su se démarquer en proposant un projet de société emballant. Les trois nous ont plutôt montré qu’ils veulent tout juste être de bons intendants. En attendant Godo.

Pourtant, il y en avait un beau projet de société à nous offrir, un qui ne demande qu’à être lancé par le parti politique qui aura enfin compris l’ampleur du défi qui nous attend pour les vingt ou trente prochaines années : réussir le passage d’un société de gaspillage à une société de conservation (certains parlent de durable, mais pour ma part je préfère mettre l’accent sur l’état d’esprit qui doit nous habiter que sur le résultat d’un tel état d’esprit).

À l’aube d’une récession qui pourrait se prolonger pour devenir dépression, l’expression «Green New Deal» image bien un tel projet de société.

Qu’attendons-nous ici pour l’entreprendre, ce grand chantier de rénovation dont l’éducation – la réponse venue spontanément à Mario Dumont et reprise à la volée par Pauline Marois – est une composante clé.

Changer les mentalités, changer les habitudes, changer les comportements, changer les manières de faire, bref, changer en profondeur le Québec. Ça, ça serait emballant comme projet de société! Pas nous ressortir la vieille rengaine de la «croissance économique» avec un slogan du style Go North Young Quebecers.

Mais peut-être avez-vous un autre projet tout aussi emballant en tête? On pourrait comparer, juger, choisir. Ça manque vraiment dans cette grisâtre campagne électorale.

PS.: je ne voterai pas Vert. Ce n’est pas bien sorcier pour vous de deviner à quel parti ira mon vote. Je vous expliquerai pourquoi.

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Débat des chefs : nul!

Bien cacophonique ce débat. Jean Charest m’a réellement tapé sur le petit nerf, il me semblait que son visage se déployait en plusieurs tons de rouge tout au long des deux heures. Peut-être que la population trouve Pauline Marois snob, mais Jean est fendant comme pas possible. À choisir entre quelqu’un de snob et quelqu’un de fendant, je choisi le snobisme, ça me semble plus doux à l’oreille et à l’oeil.

Justement, Pauline m’a bien fait rire avec ses commentaires aux paroles de Jean, malgré le fait qu’elle poussait la note réactive parfois un peu trop fort. Ses réactions étaient bien humaines pour une dame que l’on accuse de se placer sur un piédestal… En tant que spectateur, c’est bien à elle que je m’identifiais.

Mario Dumont m’a aussi bien impressionné par son sérieux. Moins pour ses idées, ça, c’est sûr! Dommage pour lui et ses partisans que son bilan comme chef de l’opposition soit si catastrophique, sa performance au débat l’aurait grandement aidé.

En réaction au titre d’un article de La Presse, « Match nul », Steve Proulx trouve que « c’était nul ». Je ne suis pas d’accord, parce que si je me suis amusé en le regardant, je ne peux pas trouver ça nul… Et puis, donner comme pronostic « match nul », c’est un peu trop faire gagner le chef du Parti Libéral à mon goût!

(Photo : Jérôme Mercier)

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Je n’ai pas regardé le débat des chefs

J’avais autre chose à faire mercredi soir que d’écouter le débat des chefs. Ce soir (jeudi soir), pris d’un remords, je me rends sur le site de Radio-Canada qui a archivé le tout. J’aurais mieux fait de faire autre chose. Le problème fondamental est la faiblesse des cinq chefs de parti. Aucun n’a le panache d’un Pierre-Eliot Trudeau, pour ceux qui l’ont connu, ni même celui d’un Lucien Bouchard, mais nous ne leur en demande pas tant. Seulement d’avoir l’air plus passionné.

La passion serait-elle devenue suspecte chez un politicien? Le premier débat présidentiel aux États-Unis a donné l’impression que c’est le cas. Aucun emportement, aucune formule-choc qui puissent mettre knock-out l’adversaire. Tout était feutré.

Même chose de ce côté-ci de la frontière. Lucien Bouchard, justement, disait cette semaine regretter les assemblées contradictoires d’antan. Je n’ai pas vraiment connu ces assemblées, quoique je me rappelle de fameux débats à la télévision.

Je me rappelle aussi avec nostalgie d’assemblées électorales que j’ai eu la chance de voir à la fin des années 1960, début des années 1970. Nous n’avions pas peur, alors, de nous rendre chez «l’adversaire», Jean Marchand, Jean Chrétien dans mon cas. Je n’étais pas d’accord avec eux, mais je reconnais qu’ils savaient soulever les foules. Il y avait aussi ces tribuns exceptionnels que j’ai pu voir en action : René Levesque, Pierre Bourgault, Claude ti-cul Charron.

À côté d’un John Diefenbaker, surnommé le lion des Prairies, Stephen Harper a l’air d’un mauvais sous-secrétaire d’État qui irait dans une classe de sixième année raconter sa journée. Boring.

Que faudrait-il pour donner plus d’âme aux campagnes électorales ? Il n’est pas facile de répondre à une telle question, mais je vais lancer quelques pistes de réflexion.

La première piste concerne l’éducation. Certes l’art oratoire n’était pas au programme de toutes les écoles autrefois, mais les tribuns dont je vous ai parlé ont en commun d’avoir développé cet art dans leur parcours scolaire. Qu’en est-il aujourd’hui ? Enseigne-t-on l’équivalent de la rhétorique ? Les futurs leaders politiques ont-ils la possibilité de se frotter entre elles et eux dans des débats contradictoires ?

La seconde piste de réflexion concerne les partis politiques. Ceux-ci semblent devenus allergiques à tout ce qui peut donner l’impression d’une division interne et surtout, à tout ce qui peut prêter à controverse. Cela donne des campagnes électorales insipides.

Il y a une différence entre ce que réclamait Jack Layton au cours du débat, c’est-à-dire le respect des personnes qui s’engagent dans la vie politique, et le fait d’oser mettre de l’avant des idées originales qui sont en totale contradiction avec celles des autres partis politiques ou de s’en prendre vigoureusement aux idées des adversaires.

Peut-on reprocher un certain cynisme des citoyens envers des politiciens alors que les programmes des partis politiques pour lesquels ils militent sont devenus blanc bonnet bonnet blanc ?

Qu’un politicien tel Thomas Mulcair puisse passer du Parti libéral du Québec au Nouveau Parti Démocratique pendant que Bob Rae se convertit au Parti libéral du Canada après avoir été chef du NPD de l’Ontario, qu’un Jean Charest ait pu passer du Parti Conservateur du Canada au Parti libéral du Québec, que de tels exemples de transfuges puissent se produire aussi facilement est très révélateur de ce magma politique que sont devenus les partis politiques.

Une autre piste est le financement des partis politiques. Parfois je me demande si le financement lié aux résultats électoraux est une bonne chose. Les partis politiques ont intérêt à attirer le maximum d’électeurs pour bénéficier des fonds publics, quitte à aplanir les différences avec le concurrent. Coke ou Pepsi ?

Je m’en voudrais de terminer sans attirer l’attention sur notre propre comportement d’électeurs. Est-ce que nous prenons tous les moyens de bien connaitre les idées des candidats qui demandent notre vote ? N’avons-nous pas plutôt tendance à faire de la procrastination électorale ?

L’adage demeure vrai qu’au bout du compte nous avons les politiciens que nous méritons.

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