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Arpi: muraliste et designer d’intérieur

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Graffeur dans l’âme

Plusieurs de ses toiles décorent le local de Café Graffiti. Il est certainement un des graffeurs les plus en vue à Montréal. Arpi, de son nom d’artiste, ne chôme pas et sa tête non plus. Les idées fusent de partout. Portrait d’un artiste qui n’arrête jamais.

Frédéric Lacroix-Couture Dossiers Culture, Hip-hop, Graffiti

graffiteur_montreal_arpi_graffeur_writer_hip_hop_graffiti_art_urbain Rester assis bien tranquille ou habiter à la même place, le graffeur né à St-Hubert ne connaît pas. Il se doit de bouger. «Je suis vraiment quelqu’un d’hyperactif», avoue-t-il. C’est d’ailleurs à cause d’un  manque d’interactivité qu’il a quitté le programme de graphisme au Collège Ahuntsic.

«J’ai trippé pendant une session et demi. J’étais avec plein de monde créatif et dynamique, mais un moment donné j’ai eu un épiphanie dans mon cours du matin. Tout le monde était assis à regarder leur écran. Ils étaient «vedge». Je me suis dit que je ne pouvais pas faire ça 40 heures par semaine.»

Portrait de l’artiste Arpi

Son intérêt pour l’art du graffiti a débuté dès son jeune âge. Sa sœur l’a initié au début des années 90, mais il ne faisait qu’observer les autres et dessiner des tags. À la suite d’un voyage d’un an dans l’Ouest canadien, il revient à Montréal et fait la rencontre de graffeurs où il travaille. À ce moment-là, il développe un peu plus son talent.

L’art par le train

arpi_trains_graffiti_art_urbain_artistes_de_la_rue_graffer_trains Ses premières toiles ont voyagé énormément. Les trains de marchandises ont en fait été ses premiers médiums. Le train a donné une belle visibilité à ses œuvres. Tellement qu’il s’est bâti une notoriété sans le savoir.

«Quand je suis retourné à Vancouver et à Calgary pour des contrats auprès d’événements, la plupart du monde que je rencontrais savait qui j’étais par rapport aux graffitis». Même que certains ont pris des photos de ses œuvres et les documentent. Arpi ne cache d’ailleurs pas qu’il veut que ses œuvres soient vu par le plus de monde possible.

Mise à part l’avantage de la visibilité, faire du graffiti sur un train ne cause pas de dommages, estime-t-il. «Ça n’affecte pas vraiment la fonction du wagon. Je pratique cet art dans une optique de création et non de destruction.»

Aujourd’hui, l’artiste hyperactif a délaissé le train pour des murales et des toiles. Il a fait plusieurs créations pour diverses organisations telles que Labatt, les magasins  Simons et les Francofolies.

C’est au retour d’un autre périple dans l’Ouest que des avenues professionnelles se sont débouchées. Il s’est rendu dans un Carrefour jeunesse-emploi où on lui a offert un travail qui, ironie du sort, consistait à enlever des graffitis sur des maisons, des écoles et des commerces. À la suite de cet emploi, on lui permet de faire un documentaire pour sensibiliser les jeunes aux vandalismes. Après ce projet, on lui demande de produire une dizaine de toiles.

«J’ai eu plein d’opportunités. Ça m’enrichi et m’a permis de développer mes projets personnels en tant qu’artiste indépendant. J’ai pu ajouter des cordes à mon arc», reconnait-t-il.

Pourquoi le graffiti?

Le choix du graffiti s’est imposé un peu par lui-même. Une façon de vulgariser ses pensées plus facilement. «Je peins parce que pour moi c’est plus facile de m’exprimer par des actions non-verbales. La communication visuelle comme la photo et la vidéo, ça parle tellement mieux que des mots. J’ai de la misère à vulgariser mes visions, mes idées et mes feelings par des mots. Je  trouve que ça  laisse à l’interprétation.»

Quel que soit sa forme, l’art reste toujours une manière de s’exprimer, selon lui. «C’est dans la nature de l’être-humain de vouloir extérioriser son intérieur afin d’avoir en même-temps un feedback. C’est comme une thérapie pour moi. Ça me remet en perspective par rapport à moi-même.»

Il trouve d’ailleurs important de sensibiliser les jeunes au vandalisme et de leur expliquer ce que c’est réellement le graffiti. «On ne peut pas seulement montrer le côté cool du graff sans promouvoir le système des valeurs. Aujourd’hui, n’importe quel jeune peut s’acheter une canne d’aérosol n’importe où et faire n’importe quoi.»

Projets : vidéos et voyager

Le jeune graffeur a commencé depuis peu à explorer le monde de la vidéo. Il compte maintenant 6 montages vidéos où sous fond de musique il partage sa vision des choses. Comme pour le graff, il s’inspire des gens, de tout ce qui l’entoure et…. du métro.

Comme il ne peut rester en place, l’artiste aimerait à l’automne repartir vers de nouveau pays comme visiter l’Asie. «Un de mes plus gros défis, c’est d être sédentaire.» Pour lui, la vie est un voyage perpétuel.

Pour rejoindre les artistes du Café-Graffiti, (514) 259-6900.

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Classé dans Actualité, Raymond Viger

Plaidoyer pour l’art contemporain

Mon confrère Yan Barcelo a, six fois plutôt qu’une, exposé sur Les 7 du Québec tout le mal qu’il pensait, et de l’art contemporain, et des institutions qui le supportent ( SIDA de civilisation – Les arts : Partie 123456). Et l’idéateur de ce blogue, Pierre JC Allard, a résumé sa pensée par ce qui va suivre :

la musique concrète est une forme de bruit particulièrement désagréable, et une bonne part de ce qui est accroché aux murs du Musée d’Art Contemporain est du niveau de la Période Jaune de mes enfants, c’est à dire celle où ils mouillaient encore occasionnellement leurs couches

Je ne peux pas faire autrement que de leur répondre, au moins minimalement, puisque je suis de l’autre côté de la clôture : étant Bachelier ès Art Plastique, ayant autrefois parfait une démarche singulière que l’on pouvait imbriquer dans la catégorie « art contemporain », et étant bien sûr un amateur dudit art, encore aujourd’hui.

À la base, je vois l’art dans une perspective historique, donc il me semble normal que les démarches des artistes tendent à se répondre, ce qui donne comme résultat que le public se retrouve souvent à la remorque, j’en conviens. Mais la question principale est : est-ce qu’il serait souhaitable de freiner la créativité des artistes parce que la majorité du public ne comprend pas (ou plutôt, ne veut pas comprendre) leurs oeuvres?

L’argument principal de Yan Barcelo tient dans le fait que l’art contemporain est beaucoup subventionné, donc qu’il devrait être redevable du public qui contribue par ses deniers. Comme réponse, j’ai le goût de faire un parallèle avec la recherche scientifique via les deux premiers paragraphes de la fiche « Financement de la recherche » sur Wikipédia :

Les activités de recherche scientifique, et particulièrement de recherche fondamentale, ne peuvent pas garantir une rentabilité commerciale à court ou moyen terme. Elle ne peut donc que marginalement être financée dans la cadre de la loi du marché en attirant des investisseurs au sens classique du terme.

Les États ont donc développé des systèmes spécifiques de financement pour ces activités, qui peuvent faire intervenir aussi bien des fonds publics que privés. Ces modes de financement doivent être adaptés à l’exigence d’autonomie de la science, et soulèvent le problème de l’évaluation de la pertinence des travaux effectués.

C’est tout à fait comme ça que je vois le financement étatique de l’art contemporain (cela, sans faire entrer là-dedans le débat de société concernant la place de l’État dans nos vies…). Pourquoi les résultats des recherches des artistes seraient-ils moins importants que celui des scientifiques? Parce qu’ils ne sont pas du domaine de l’utilitaire? Je suis bien d’accord que l’apport des artistes à la société est beaucoup moins palpable, surtout quantifiable, mais qui ira jusqu’à dire sérieusement qu’il est complètement nul?

Parfois, je me dis que j’aurais dû noter le nombre de fois où j’ai vu des influences de l’art contemporain dans des domaines comme le graphisme, la déco, la mode, même le style de vie, le web, et j’en passe. Et j’espère ne pas être le seul à le remarquer. En fait, je pense que je ne le note pas parce que je suis bien, contrairement aux détracteurs, avec le fait que l’art contemporain fait partie de la vie, conjoncturellement, qu’il n’est qu’une dénomination permettant de pointer l’art vivant aujourd’hui, et non pas un complot pour empêcher les vrais artistes de s’exprimer!

Pour terminer avec le problème de l’inaccessibilité des oeuvres, il n’y a que l’éducation pour le régler. Quand on pense qu’à l’époque où les impressionnistes commençaient à déconstruire la représentation, la majorité n’y voyait que des gribouillages, et aujourd’hui, c’est ce que les gens aiment, même que les peintres « populaires » répètent inlassablement la même formule. Est-ce que l’art contemporain serait alors un art pour le futur? Si la réponse est oui, moi je pense que le futur, c’est maintenant!

(Photo : oeuvre de Sam Jinks, trouvée sur Mange mon blog.)

Ajout :

Si le sujet vous intéresse plus amplement, Simon Dor a publié un billet où il réfute les arguments de Yan Barcelo : http://www.simondor.com/blog/2009/07/lart-contemporain-nest-pas-un-sida-de-civilisation.html

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