Par Renart Léveillé
La démission de Nathalie Normandeau… Tout d’abord, il me faut pointer le billet de la blogueuse Marilène Pilon : « Deux poids deux mesures : désinformation d’une crise ». Elle y fait le triste constat du traitement très différent de la nouvelle quand il s’agit du PQ ou du PLQ. Elle a bien raison : pourquoi la nouvelle du départ de la vice première ministre du Québec ne signifierait pas que le PLQ est en crise, comme on l’a ressassé à toutes les sauces pour les démissions au PQ? Parce qu’il ne faut pas se leurrer, le terme « crise » n’est pas neutre du tout, surtout dans l’imaginaire collectif.
C’est certain qu’il y a une différence entre une démission et des démissions, mais, comme le soulève Marilène, le PLQ a eu son lot de démissions, quand même assez récemment. Et encore plus récemment, comment ne pas faire le lien avec la démission d’Alexis St-Gelais, président du PLQ dans Jonquière?
Je ne pourrais le renier, il y a effectivement une crise au PQ, mais elle me semble bien nourrie : pourrais-je dire… par sensationnalisme? Et, serait-ce de l’exagération de dire qu’il y a aussi une crise au PLQ?
Passons là-dessus.
De son côté, le blogueur Daniel Lalonde revient sur le fait que Nathalie Normandeau, dans son discours, « en a profité pour dénoncer le cynisme de la population envers la classe politique. » Son excellente question à l’ancienne vice première ministre :
Pour la suite de son propos, un dénommé @EspritTordu l’a bien synthétisé par ce message, publié sur Twitter :
Sans oublier que « son départ en plein milieu de mandat force une élection partielle qui, si l’ont se fie à l’élection partielle de 2009 dans Rousseau, ne coûtera pas moins de 500 000 $. »
Et, bien sûr, comme je l’avais soulevé aussi sur Twitter :
En plus de cultiver le cynisme citoyen, toute cette histoire est un terreau très fertile pour le sarcasme.
Et je pourrais m’arrêter ici.
Le pouvoir
Mais à la lecture du billet de Cécile Gladel à ce sujet, dans la section où elle parle de l’avis de Josée Blanchette, j’ai une petite veine dans le front qui s’est mise à sursauter! Cette phrase en particulier :
Je ne sais pas si c’est juste moi, mais je n’aime pas du tout l’utilisation du terme « pouvoir » dans ce contexte. J’aurais préféré plutôt quelque chose pointant un poste de haut niveau ou quelque chose du genre. Parce qu’être parvenu au point de non-retour pour renoncer au pouvoir, ça donne l’impression que le pouvoir est en soi un joyau… Pour ceux qui ont lu et/ou vu la série « Le Seigneur des anneaux », nous ne sommes pas très loin de Gollum et de son « précieux »…
Et, si je ne m’abuse, le pouvoir de Nathalie Normandeau était assujetti au citoyen, contrairement au pouvoir du domaine privé. Et des politiciens qui visent la tête du gouvernement expressément pour goûter à l’étourdissement du pouvoir, le moins possible s’il vous plaît. Cela participe au cynisme ambiant. Le pouvoir, dans le contexte politique, ça devrait principalement concerner la possibilité de faire quelque chose pour les autres, et très accessoirement pouvoir s’appliquer à l’égo de la personne qui en a. D’autant plus qu’il ne manque pas d’argent à la clé. Ouin, le pouvoir et l’argent, le pouvoir de l’argent…
Et de voir cette formule de la plume d’une chroniqueuse très connue et appréciée, ça me donne des frissons.
Mais c’est sans doute juste moi.
La défense du français comme catégorie de racisme
Par Renart Léveillé
Le sujet de la défense du français est clairement un sujet glissant. Parce que dans la défense, il faut absolument prendre parti, avoir un parti-pris, et ainsi en quelque sorte délaisser. Mais est-ce que ce délaissement, cet abandon est pour autant un aveu de « détestation »?
C’est ce que semblent penser beaucoup de gens, dont l’attaché politique Pierre Morin, très présent sur Twitter, déclarant que le Parti Québécois (dont on connaît son implication pour la défense du français) « fait de la détestation des anglos un dogme ».
De l’accusation de détestation à l’accusation de racisme, il n’y a qu’un pas. Et il a presque franchit ce pas dans la mesure où il a fait un rapprochement pas même subtil entre le PQ et le Front national (parti à l’aura raciste, s’il faut le préciser). À mon avis, nous ne sommes pas loin de ce que j’ai appelé dernièrement la « godwinisation des débats », « l’aveuglement volontaire », « la lecture assistée par la mauvaise foi ». S’il faut que je le décrive aujourd’hui autrement, j’irais avec cette formule : la triste pratique de l’« extrémisation » des positions de l’adversaire.
Mais le plus bel exemple de ce glissement, c’est une discussion que j’ai eu sur Twitter à la suite du passage des deux natifs montréalais unilingues anglophones d’Epic Meal Time à TLMEP, que j’ai vertement critiqué dans mon billet « Epic Fail Time ». En réaction aux réactions très négatives des gens sur le fil #TLMEP face à ces unilingues anglos, une « Franco-Ontarienne contre l’indépendance du Québec! » a essayé de me convaincre que c’était du racisme :
Ce à quoi j’ai rétorqué, pour pointer le ridicule de la chose :
La discussion a durée assez longtemps, mais, entre autres, pour tenter de gagner son point, elle m’a référé à une partie de la définition du racisme selon l’Office Québécois de la langue française (ce qui est assez ironique, puisque, en arrivant sur la page d’accueil du site, à la Une il y a un article s’intitulant « Faire du français « la langue prioritaire »). Finalement, après quelques recherches, je me suis rendu compte que la partie qu’elle me copiait-collait (visiblement de ses notes de cours) ne se retrouve plus dans la définition du grand dictionnaire terminologique de l’OQLF (?), mais seulement sur le site du Mouvement estrien pour le français, sur une page qui date de 2001 :
Il serait intéressant de savoir pourquoi cela ne se retrouve plus dans le dictionnaire terminologique. Cela serait-il donc sujet à caution? À la place, on pointe une remise en question du concept même de « race humaine », ce qui dirige un peu, il faut l’avouer, les suppositions. (Màj : finalement, le passage en question se retrouve dans la section « Note(s) » à la suite de la définition du terme « hégémoniste ».) Quand même, il faut vraiment faire une extrême contorsion mentale pour réussir à faire un lien entre cette définition et la critique contre l’unilinguisme anglophone au Québec, ce qui n’est vraiment pas une critique générale contre les anglophones, et il faut vraiment que je le spécifie pour ceux qui n’auront pas encore compris. Si je voulais me faire un peu d’argent, je parierais que je vais encore me faire dire en commentaire que je suis anti-anglophone…
Je ne dis pas, s’il était question de faire la promotion du retrait du droit de vote des anglophones (ce qui serait bien sûr une absurdité), mais là, il est seulement question de donner son opinion, de ne pas être d’accord avec un état de fait. Est-ce que la notion de « l’égalité en droit des êtres humains » empêcherait toute possibilité de critique, même très négative, envers les Québécois anglophones qui ne parlent ni ne comprennent le français? Non. Parce que la notion de « l’égalité en droit des êtres humains » concerne seulement la discrimination, ce que la critique n’est pas, étant assujettie à la liberté d’expression. De toute façon, les francophones n’ont pas besoin d’ostraciser les unilingues anglophones, ils le font très bien par eux-mêmes dans un sens.
Et, bien sûr, je ne joue pas à l’autruche en niant qu’il existe des gens que l’on peut réellement traiter de « racistes» envers les anglophones. Je sais très bien qu’ils existent, et je ne me gênerai jamais pour les dénoncer. Mais il faut savoir de quoi on parle. Et de ne pas mélanger les cartes. Par exemple, qu’on soit d’accord ou non avec l’idée d’étendre les dispositions de la loi 101 aux cégeps, cette idée n’est pas du racisme dans le sens linguistique.
En fait, la sauvegarde du français ne prend pas du tout sa source du racisme, d’un rejet de l’autre. Mais c’est bien pratique d’essayer de le faire croire pour ceux qui sont contre l’idée d’être proactif dans ce sens. Ça me surprend toujours de le constater, parce que la défense du fait français est un projet positif. C’est ce qui devrait tous nous lier. C’est ce que nous devrions tous défendre jalousement pour espérer durer dans ce monde carré qui tend à nous avaler tout rond.
L’anglais comme langue mondiale commune est une bonne chose. Mais comme toute bonne chose, il y a de mauvais côtés. Est-ce que de les pointer est pour autant raciste?
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