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La fin de l’État Providence

Par Philippe David

Cette semaine, nous avons assité à une sérieuse correction boursière suite à une décote par Standard & Poor’s des États-Unis de AAA à AA+. Barack Obama aura donc l’honneur de passer à l’histoire comme étant le premier président ayant vu une décote pendant son terme. Et bien entendu, on blâme tout le monde sauf lui. On blâme S & P et pourtant ils ne sont que les messagers. Il ne font que signaler ce qui est évident: que l’empereur est nu ou qu’il y a un éléphant assis dans le salon. On blâme les membres du congrès élus par le Tea Party. Ces méchants radicaux qui osent exiger que l’État américain cesse de dépense comme un matelot en permission et ramène son budget en équilibre d’ici 7 ans! C’est drôle comment c’est devenu radical de nos jours de faire preuve de responsabilité et cesser d’endetter les contribuables au profit des banquiers de Wall Street. Pis encore, Ô sacrilège! Si on voulait renverser la vapeur et commencer à rembourser cette dette. On serait probablement portés au bûcher et brûlés pour notre impertinence.

Il serait injuste, toutefois, de blâmer uniquement Obama pour la situation actuelle, car les États-Unis n’y sont pas arrivés du jour au lendemain. C’est une situation qui se développe depuis des décennies. Depuis qu’on a décidé que l’État devrait fournir tout pour tout le monde. Depuis qu’on a décidé aussi que les États-Unis devraient être les policiers du monde, et pourquoi donc? Pendant ce temps ses alliés se payaient programme social par dessus programmes social avec l’argent qu’ils auraient dépensé pour leur défense sit les États-Unis n’avaient pas été là avec leurs missiles et leurs porte-avions. Ni les États-Unis, ni les autres États industrialisés n’ont eu d’égard envers les générations futures quand ils ont résolu de s’endetter pour s’offrir tous ces programmes de l’État-Providence, plutôt que de produire la richesse dont ils avaient besoin pour se les payer. Nous avons fait comme des parents qui achètent une maison, ne payant que les intérêts sur l’hypothèque, et même en contractant des prêts supplémentaires dans l’intention de laisser le remboursement du capital à leurs enfants. Un jour on se réveille avec la gueule de bois sans avoir aucune idée comment on va payer pour le party.

Mais voilà, on veut continuer le party, même s’il n’y a plus rien dans le compte de banque et que nos cartes de crédits sont à la limite. On essaie désespérément d’obtenir du crédit supplémentaire comme un toxicomane qui cherche frénétiquement sa prochaine dose et on ne veut surtout pas se faire dire « non ». Nous ne vivons pas une crise à cause de la cupidité des banquiers et des financiers, nous sommes en crise parce que nos Etats-Providence sont devenus des dépensiers compulsifs qui ne savent plus comment s’arrêter et il est beaucoup plus facile aux politiciens de promettre mers et mondes à crédit que de faire face à la réalité et prendre des décisions difficiles et impopulaires qui s’imposent. Pourtant, le gros bon sens dit que lorsqu’on est sur le bord de la faillite, on doit revoir notre budget et éliminer toutes les dépenses non-essentielles et mêmes les dépenses essentielles doivent être réduites au minimum. Quant aux cartes de crédit, on les passe aux ciseaux. C’est ça qu’il faut faire quand on est dans le trou et ce n’est pas différent pour un gouvernement ou un particulier. Est-ce que ça va faire mal? Absolument! Mais on a pas le choix.

Il ne faut pas se leurrer. Proportionnellement, la dette du Québec (et aussi la France), n’est guère reluisante. La décote n’est pas loin ici non plus. La seule chose qui permet au Québec de conserver sa cote actuelle, c’est la situation fiscale du fédéral qui fait l’effet d’un endosseur. Ce n’est pas parce que d’autres ont de pires problèmes d’endettement que nous devons rester assis sur nos mains.

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Les cancres – Réponse à Claude Picher

 
 

Cette semaine, le chroniqueur financier de La Presse, Claude Picher, y est allé d’une tirade à l’intention des détracteurs du sacro-saint modèle québécois en faisant une analyse de données de l’Institut de la Statistique du Québec prouvant, selon lui, que la perception que le Québec n’est qu’une province de quêteux est un mythe. Pour ceci, il base son analyse surtout sur une comparaison des montants de transferts fédéraux reçus par chaque province par rapport à leurs revenus respectifs, pour en conclure que nous ne sommes pas vraiment plus quêteux que les autres.

De la fumisterie malhonnête

Puisque tout le modèle québécois n’a jamais été autre chose qu’une illusion, nous ne devrions guère nous surprendre de voir ses défenseurs user de fumisterie pour aider à perpétuer l’illusion. Ainsi l’analyse de Claude Picher est passablement malhonnête en considérant que la seule part des transferts fédéraux dans les revenus d’une province par rapport aux autres, prouve que cette province ne vit pas au dépends des autres. Les transferts fédéraux aux provinces englobent plusieurs programmes de partage de dépenses qui sont presque tous évalués en proportion avec la population de la province. La seule composante de ces transferts qui soit une véritable redistribution de richesse des provinces riches aux provinces pauvres est la péréquation. Cette donnée est évidemment absente de l’analyse de M. Picher, tout autant que dans la publication de l’ISQ. Est-ce un oubli? Toujours est-il qu’on peut facilement l’obtenir du ministère des finances. Ainsi, si on compare les montants de péréquation reçus par rapport aux revenus, le portrait n’est certainement plus le même.

Péréquation par rapport aux revenus - Cliquez pour agrandir

Le Québec n’est certainement pas la province la plus dépendante envers les paiement de péréquation, mais je vois difficilement comment on pourrait se bomber le torse en se comparant à l’Île du Prince Édouard ou le Nouveau Brunswick. Par ailleurs on voit que la comparaison que M. Picher faisait avec l’Ontario ne tient plus la route. Mais il y a pire. Les transferts fédéraux aux gouvernements provinciaux ne sont qu’une fraction de ce que le gouvernement fédéral dépense dans une province, si on inclue toutes les dépenses fédérales faites dans chaque province, moins les recettes fédérales perçues dans cette province, on voit un portait encore plus différent.

Recettes Fédérales moins dépenses de programmes - Cliquez pour agrandir

Ce graphique démontre sans équivoque que le Québec est le plus grand bénéficiaire net de toutes les dépenses fédérales et donc le plus dépendant des programmes fédéraux. Et contrairement à ce que M. Picher peut penser, les ontariens ont toutes les raisons de ne pas nous tenir en haute estime, sans parler de nos compatriotes d’Alberta et de Colombie Britannique. Contrairement à ce que les souverainistes voudraient vous faire croire, nous ne donnons pas au fédéral plus que nous en recevons, c’est plutôt le contraire et un Québec souverain se retrouverait avec un manque à gagner considérable.

Tchick tchick

Comme si ce n’était pas suffisament honteux de vivre ainsi au dépends des autres provinces, nous ajoutons insulte à injure en nous donnant des programmes sociaux comme les garderies subventionnées, les congés parentaux les plus généreux, un programme d’assurance-médicament, des fécondations in-vitro et un amphithéatre payé entièrement par des fonds publics. Rien de trop beau! Même si nous ne sommes pas les pires dépendants des paiements de péréquation, au moins les autres provinces ont la décence de vivre selon leurs moyens. En attendant, ce que nous ne pouvons pas nous payer avec les impôts et taxes les plus oppressives au Canada, nous le mettons sur le dos des générations futures.

Dette nette par habitant - Cliquez pour agrandir

Et fort naturellement, nous voulons maintenir ce train de vie frivole tout en travaillant le moins possible.

PIB par habitant - Cliquez pour agrandir

Encore une fois, peut-être que nous ne sommes pas les pires, mais il n’y a pas de quoi se péter les bretelles. Non M. Picher, nous ne sommes pas des quêteux, nous sommes bien pires: nous sommes des cancres. Nous sommes des ados irresponsables qui croient pouvoir se payer une auto et une télé à écran géant et tout les loisirs et les gadgets qu’on désire, tout en tenant un emploi à temps partiel et en accumulant les dettes pendant que nous vivons encore sous le toit de nos parents. Telle est la grande fiction qu’est le modèle québécois. Certains diront que c’est un choix de société, mois je dis que nous devrions aspirer à mieux, et soit dit en passant, rien de ce qu’a proposé François Legault jusqu’ici ne viendrait changer la donne, sauf peut-être nous rendre encore plus dépendants.

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L’irresponsabilité.

« Une démocratie ne peut exister comme forme permanente de gouvernement. Elle ne peut exister que jusqu’à ce que les électeurs découvrent qu’ils peuvent se voter l’argent du trésor public. À partir de ce moment la majorité vote toujours pour les candidats leur promettant le plus d’argent du trésor public, avec le résultat que la démocratie s’effondre toujours sur une politique fiscale laxiste, suivie d’une dictature. » – Alexander Tyler

Cette citation est lourde de vérité quand on considère ce qui se passe dans la plupart des démocraties occidentales. Il y a cent ans, ces démocraties avaient un endettement négligeable. Leur empreinte sur leur économie était de moins de 10% du PIB. Aujourd’hui elles croulent sous les dettes et leurs dépenses annuelles peuvent atteindre au-delà de 50% de leur PIB dans certains cas. Cette croissance fulgurante des états n’est pas sans conséquences. Ces gouvernements doivent débourser des milliards en intérêts sur leur dette astronomique. Il est presque certain que le capital de cette dette ne sera jamais remboursé, mais il pourrait maintenir les générations futures dans l’esclavage pour encore bien des années.

Le niveau de leur dépenses étouffe l’investissement privé et par le fait même, limite leur croissance économique. Leur poids est de plus en plus lourd à porter pour les contribuables. On pourrait effectivement se demander comment les choses ont-elles pu dégénérer à ce point. La réponse est effectivement dans la citation ci-haut. Les électeurs se sont rendu compte qu’ils pouvaient se voter l’argent du trésor public, et les politiciens, soucieux de gagner leur votes, ne sont que trop heureux de leur promettre la lune pour se faire élire.

De simple protecteur à l’origine, l’état s’est attribué de plus en plus de missions, et de plus en plus de pouvoirs. Il s’aventure dans des guerres inutiles. Guerre aux drogues, guerre à la pauvreté, guerre au terrorisme; toutes les excuses sont bonnes. Il s’est donné pour mission de nous éduquer et de nous soigner, mais a failli misérablement dans les deux cas. Les politiciens dépensent sans compter comme des matelots en permission dans un bordel. Il n’y a aucune limite à leur perversion.

Même si on admet que l’état a un rôle à jouer dans l’établissement d’un filet social, ce qui est discutable, pourquoi les programmes sociaux ne ciblent-ils pas que les pauvres? N’est-ce pas eux qu’on devrait aider? À quoi bon que le gouvernement subventionne les plus riches avec des garderies subventionnées, des soins de santé gratuits, des frais de scolarité et des tarifs d’électricité trop bas. Ne pourrions-nous pas vraiment aider ceux qui en ont le plus besoin et laisser faire ceux qui en ont les moyens? Trop logique peut-être?

Mais voilà, côté électoral, ça ne serait pas payant parce qu’il n’y en aurait qu’une très petite minorité qui en bénéficierait. C’est bien plus payant pour nos politiciens de fournir des services mur à mur. Le mieux pour nous acheter avec notre propre argent. La plupart des électeurs n’y voient que du feu. Le problème, c’est qu’à long terme, c’est insoutenable.

On peut bien mettre les affaires sur la carte de crédit, mais quand on est rendu à rembourser notre hypothèque en se faisant des avances d’une de nos cartes de crédit et qu’ensuite on rembourse la carte avec l’aide d’une autre carte; la réalité finira un jour par nous rattraper et nous commençons à le voir maintenant. Plusieurs états américains sont sur le bord de la faillite et doivent couper leurs budgets de façon draconienne. Plusieurs pays d’Europe sont forcés de faire de même. Des enragés envahissent les rues pour protester ces coupes budgétaires. Le lait des mamelles de l’état est addictif. beaucoup auront de la difficulté à s’en passer mais les états n’ont pas d’autre choix. C’est soit couper un peu maintenant et arriver à maintenir certains services, ou tout s’écroule et personne n’a plus rien.

Ce que nous voyons arriver dans les états comme le Wisconsin et le New Jersey viendra un jour au Québec et je suis certain que beaucoup hurleront. Mais c’est ce qui arrive lors qu’on passe des décennies à vivre irresponsablement au-dessus de nos moyens et que vient le jour où quelqu’un passe notre carte de crédit aux ciseaux. La prochaine crise que nous vivrons n’aura absolument rien à voir avec le capitalisme, elle aura au contraire tout à voir avec l’étatisme et l’irresponsabilité.

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Bonne fête (en retard) Pierre Elliott Trudeau!

Je suis un peu en retard pour la fête de Pierre Elliott Trudeau, c’était au début de la semaine, le 18 octobre. Je ne suis pas désolé, comme il ne l’a jamais été, visiblement, pour son oeuvre.

Je suis tombé un peu avant cette date sur un texte parfait pour honorer sa mémoire, dans le sens le plus réaliste du terme. Ça vaut vraiment la peine de le lire, mais pour les paresseux, je pourrais bien en faire ressortir les grandes lignes.

L’héritage de P.E.T :

Dette publique : la majeure partie de l’endettement du Canada est due à ce grand gestionnaire… Pour « payer des programmes sociaux, des salaires, et plein de dépenses courantes. »

Les relations Québec-Canada : rapatriement de la Constitution sans l’accord du Québec, entre autres. « Nous sommes toujours dans ce vide constitutionnel ».

Politique favorisant le multiculturalisme : « Tout ça parce qu’un parano au pouvoir à l’époque a fait adopter cette politique dans le but d’empêcher les « Canadiens français » d’être les seuls à se distinguer de la majorité anglo-saxonne blanche et protestante. »

Charte des droits et des libertés : « J’ai le droit de me sentir insulté si la société dans son ensemble fête Noël, considère la femme égale de l’homme ou si on m’oblige à apprendre le français ou l’anglais. »

Aéroport de Mirabel (avec bien sûr les expropriations qui ont été avec) : « L’insulte s’est ajoutée à l’injure quand le gouvernement Chrétien a nommé l’aéroport international de Montréal en l’honneur de ce triste individu ».

Démantèlement du réseau de chemin de fer « pour favoriser le camionnage ».

Création de la FIRA (agence de tamisage des investissements): « on reconnaît aujourd’hui que cette Agence a considérablement freiné le développement économique du Canada. Pendant cette période, le nombre de chômeurs canadiens a presque quintuplé, passant de 300 000 à 1,4 million. »

Dire qu’il est un dieu pour certaines personnes…

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Vous êtes pas tannés de payer, bande de caves

Ceux qui connaissent la murale qui fut un temps controversée du Grand théâtre de Québec auront deviné tout de suite que mon titre est un pastiche de Claude Péloquin. Avouez-le sans honte : un chômeur est un voleur tandis qu’un banquier qui récolte des millions de dollars après avoir complètement failli à son devoir de prudence demeure toujours quelqu’un d’honorable.

Mercredi midi lors de l’émission Maisonneuve en direct qui portait sur le budget Flaherty, un auditeur a rappelé avec justesse que les médias n’ont pas couvert un fait pourtant capital : les banques canadiennes ont reçu une somme faramineuse d’aide publique. Maisonneuve a tenté de disculper ses collègues, mais le fait demeure : silence radio là-dessus !!!

Michel Chossudovsky chiffre le montant total, après l’ajout de quelque 50 milliards de dollars dans le dernier budget fédéral, à plus de 200 milliards de dollars. Ouf, ce sont des dollars canadiens. Le plus ironique, comme le souligne Chossudovsky, c’est que les banques vont financer l’aide que le gouvernement leur fournit.

Déjà en soi, cela serait inquiétant s’il n’y avait pire. Toujours selon Chossudovsky, l’effet de l’aide publique aux banques canadiennes sera de leur permettre de «consolider leur position et financer l’acquisition de plusieurs institutions financières américaines « en difficulté ».» Dans quelques années, on va se réveiller avec une dette publique énorme et des coupures de dépenses publiques à l’avenant tandis que nos banquiers toucheront toujours leurs riches émoluments.

Pendant ce temps, plus de la moitié des travailleurs qui contribuent à l’assurance chômage n’y ont pas droit. Non vous n’avez pas la berlue : 54% pour être plus précis. De cela non plus les médias ne parlent pas.

Non, mais pour qui ils se prennent ces travailleurs ! Zont pas honte d’imaginer que l’État va les encourager à la fainéantise en leur donnant du chômage. Ah la racaille ! Eh puis vous savez, c’est la crise. Il n’y en a plus de sous pour eux. La dette publique risquerait de beaucoup trop augmenter.

Combien vous voulez déjà, messieurs les banquiers ? 200 milliards. Vous êtes certains que c’est suffisant. Parce que vous savez, si vous en voulez plus, faut pas vous gêner. On vous a tellement remboursé notre dette publique ces dernières années que nos citoyens vont être rassurés même si on vous en donne plus encore.

On l’a remboursé avec quoi déjà la dette publique? Avec la caisse d’assurance chômage. Ah bon. Saprés travailleurs va. Toujours prêts à se sacrifier pour la patrie.

Un peu de caviar avec votre champagne, monsieur Rousseau ? Le bonus qu’on vous a donné pour avoir quitté volontairement votre emploi, il était assez généreux ? Parce que vous savez, si c’était pas assez, il faut nous le dire.

Il y a un petit bout de texte qu’on oublie trop souvent tout au bout de la question coup de poing de Péloquin : «C’est assez!»

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La simplification volontaire

Imaginez un boa avalant un cochonnet. La forme du cochonnet avance lentement dans le boa. C’est ainsi que les démographes imagent la génération des baby-boomers qui devient peu à peu celle des papy-boomers. Un de ces démographes vient de pousser l’analogie jusqu’à laisser entendre que nous, les baby-boomers, serions des cochonnets bien gras qui vont laisser derrière eux une société appauvrie s’ils ne se ressaisissent pas.

La solution avancée cette semaine dans Le Devoir par le démographe Jacques Légaré qui participe à la neuvième Conférence mondiale de la Fédération internationale du vieillissement qui a lieu présentement à Montréal, (Vieillissement de la population – Des décisions s’imposent) peut sembler d’une logique implacable: que les baby-boomers travaillent plus longtemps et qu’ils paient eux-mêmes leurs soins de santé et de services sociaux.

Moi je veux bien, mais alors je vais charger aux générations montantes ce que m’ont coûté les routes, les écoles, les hôpitaux et toutes les autres infrastructures qui soutiennent les services publics. Certes elles ne sont pas dans un état parfait, mais construisez-moi une Baie-James aujourd’hui et vous me direz, après, combien cela vous aura coûté. L’actif laissé par les baby-boomers du Québec est sans précédent dans notre histoire.

Du reste, cette vision comptable de l’avenir de nos enfants est un piège.

Monsieur Légaré est sans doute un excellent démographe, mais il devrait se contenter de faire de la démographie plutôt que de l’enrober de démagogie.

L’économiste Louis Gill a eu ce mot sarcastique à propos de la comptabilité publique : «C’est un outil que je qualifierais de translucide, pour employer un terme qui se rapproche de celui de lucide. Selon le dictionnaire, est translucide ce qui laisse passer la lumière dans toutefois permettre d’identifier distinctement les objets.»

Gill a écrit un ouvrage remarquable, très exigeant pour quiconque accepte de le lire, qui aide à comprendre les entourloupettes que nous font les cassandres de ce monde: Rembourser la dette publique: la pire des hypothèses. Gill y fait la démonstration que les méthodes comptables du ministre des Finances du Québec exagèrent nettement l’importance de la dette du Québec. Cette exagération fait le bonheur de ceux qui veulent réduire les services publics.

Jacques Parizeau avait aussi balayé du revers de la main, lors d’une entrevue diffusée le 22 octobre 2006 à l’émission Samedi et rien d’autre, cette propension à la simplification volontaire qui place les baby-boomers dans le camp du mal. Ce fut l’une des belles entrevues de Joël Le Bigot.

Certains se rappelleront l’époque où les curés nous abreuvaient d’un discours culpabilisant, nous promettant l’Enfer si nous ne restions pas dans le droit chemin. L’économie et la religion partagent ceci en commun qu’elles présentent comme certitudes ce qui n’est que dogmes, donc croyances occultes.

Lisez aussi le Petit cours d’autodéfense intellectuelle de Normand Baillargeon. Comme on le dit si bien en québécois: ça déniaise.

Vous n’avez pas remarqué à quel point la stratégie de la droite est cousue de fil blanc? Simplifiez, simplifiez, il en restera toujours quelque chose.

Dans un autre ordre d’idée, mais pas si éloigné que cela du titre de ce billet, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec lance une vaste recherche sur l’information locale. Nous aurons sans doute l’occasion d’y revenir.

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