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Notre sidérante affaire débute il y a deux ans environ, quand l’actrice et chanteuse Lindsay Lohan intente une poursuite de cent millions de dollars américains contre une agence de publicité, pour l’utilisation du prénom LINDSAY dans un commercial du Super Bowl portant sur une petite bébé turbulente ayant tendance, disons, à abuser du biberon… Insistons fermement d’abord –en ouverture– sur un point. Ici, ce n’est pas mademoiselle Lohan qui déraille. C’est, plus nettement, la notion de propriété privée qui s’emballe et qui devient follement totalitaire… Il faut prudemment voir à ne pas se laisser influencer par un titre ou un sous-titre de canard racoleur et populiste. L’affirmation “The world revolves around Lindsay. [Le monde gravite autour de Lindsay]” est un commentaire d’ouverture poudre aux yeux, dans le genre de cette image bien connue du président Obama, ce bourgeois raffiné et un rien hautain, s’amenant en bras de chemise dans ses meeting populaires pour faire peuple lui-même. En ouvrant ici l’exposé de la nouvelle dans cet angle du ci-devant narcissisme de mademoiselle Lohan, un certain journalisme vous oriente sciemment la pensée. On dévie ouvertement de l’enjeu critique en cause et on manipule le propos au départ, dans la direction du petit potin sans portée. Le commentaire d’ouverture correct serait: Le prénom de Lindsay Lohan fait-il partie de la propriété intellectuelle (privée) de sa marque de commerce? La réponse reste non, mais le topo n’est plus détourné dans le style ad hominem et creux des feuilles de chou mondaines. Qui donc veut confondre ici l’entreprise qui poursuit avec l’ego de la petite vedette en cause dans la poursuite? Personne de vraiment sérieux. Pendant qu’on tape sur les doigts de mademoiselle Lohan tous en choeur, le totalitarisme privé lui, reste, en douce, bien niché dans les implicites non questionnés. Cela vient vieux à terme, ce genre de journalisme de surface. Ceci était MON ouverture sur cette question.
Traitons ladite question dans sa dimension radicalement ethnoculturelle (plutôt que superficiellement potino-anecdotique). Le problème est assez ancien. Il rejoint (sans s’y confondre) la question, toujours sensible, de l’antonomase sur marques de commerce (kodak, kleenex, et, en anglais, les verbes to hoover, to xerox, pour n’égrener que de maigres exemples qui, vieillots, ont la qualité, fort prisée vue l’ambiance, d’être sans risque). Alors, bon, les prénoms MICKEY, ELVIS et MADONNA sont-ils associés à des objets culturels spécifiques? Personnellement, je pense que oui. Par contre, cette poursuite-ci de cent millions (cela ne s’improvise pas par narcissisme individuel, une poursuite de cette amplitude) tente tout simplement le coup d’ériger LINDSAY en objet culturel similaire… À tort, je pense… mais il ne serait pas si facile de formuler un net critère démarcatif. Le problème, déjà fort emmerdant, se complique ici, en plus, d’une facette diffamatoire. On découvre, dans l’article que j’ai mis en lien, un résumé de l’argument de la poursuite. Il se lit comme suit: “They used the name Lindsay,” Ovadia said. “They’re using her name as a parody of her life. Why didn’t they use the name Susan? This is a subliminal message. Everybody’s talking about it and saying it’s Lindsay Lohan [Ils utilisent le prénom Lindsay pour parodier sa vie, a déclaré Ovadia. Pourquoi n’ont-ils pas pris le prénom Susan? C’est un message subliminal. Tout le monde en parle en disant qu’il s’agit de fait de Lindsay Lohan].” Bon, la légende urbaine du subliminal, on a compris ce que ça vaut, depuis un moment, allez. Mais ce qui m’ennuie le plus ici c’est le “Everybody’s talking about it [Tout le monde en parle]”. J’aimerais bien qu’on me cite les sources datées qui établissaient cette corrélation AVANT le buzz de cette poursuite même, qui lui, justement, désormais, impose cette susdite corrélation. En d’autre termes, bien… moquez vous de Lindsay Lohan ici et ailleurs, en rapport avec cette affaire, et vous alimentez simplement l’argumentation malhonnêtement victimisante sur laquelle se fonde justement la toute rapace poursuite en diffamation. Bonjour, le piège à con…
Cette affaire, cette flatulente énormité juridique, n’est aucunement anecdotique. Elle est bien plus qu’un fait divers. Elle a une portée qui va beaucoup plus loin que la simple trajectoire artistique ou mondaine de Lindsay Lohan. Mon tout petit rédacteur de journaux à potin qui ne veut pas voir plus loin, laisse moi maintenant t’expliquer. Tu ramènes le tout de la chose à du fricfrac interpersonnel, prouvant ici que tu n’y vois goutte. Il y a une notion que tu ne comprends pas: celle de jurisprudence. Je vais d’abord t’inviter à corréler ce débat sur la propriété commerciale du (fort répandu) prénom LINDSAY à cette poursuite-ci, agression ouverte procédant d’une dynamique similaire (sans narcissisme personnel de petite vedette à pointer du doigt, cette fois). Une entreprise privée, le Marché Saint-Pierre, poursuit une autre entreprise privé, l’éditeur d’un polar, sur la base diffamatoire: ne parle pas de moi, tu me dénigres. Une entreprise privée, l’estate de Lindsay Lohan, poursuit une autre entreprise privée, le publicitaire E-trade, sur la base diffamatoire: ne parle pas de moi, tu me dénigres. Comme le diraient ces bons ricains que, cher rédacteur de journaux à potins, tu adores et que tu prétends si bien comprendre: is there a pattern here? Dans les deux cas, une réalité publique du tout venant (un prénom, un lieu) est l’objet du délit au sein d’une poursuite en appropriation… La manœuvre juridique est identique (le reste, c’est, au pire, de l’anecdote, au mieux, de la nuance). La jurisprudence, elle aussi, est identique. Si le forban qui poursuit plante le forban qui se défend, moi, dans mon petit coin, je me prends de toute façon les tessons dans la gueule PARCE QUE LE RÉSULTAT FAIT JURISPRUDENCE. Notons au passage qu’on est finalement bien loin du narcissisme, plus proche du totalitarisme. Je pourrais, demain, ne plus avoir le droit de dire ni MARCHÉ SAINT-PIERRE (ni, la peur jurisprudente jouant: LOUVRE, TOUR EIFFEL, TOUR CN, PLACE VILLE-MARIE, CANAL RIDEAU, CANADA) ni LINDSAY (ni, la peur jurisprudente jouant: MICKEY, ELVIS, MADONNA, BRANGELINA, BARACK, YSENGRIM ou le chiffre SEPT – des 7 du Québec). Que l’objet du délit soit vague (y a pas que mademoiselle Lohan qui se prénomme Lindsay) ou clairement cerné (c’est bien du Marché Saint-Pierre qu’il s’agit dans ce polar), la constante qui se stabilise est hautement inquiétante. On peut vous accuser impunément (surtout si on a les moyens de se payer un service juridique somptuaire) de DÉNIGRER du seul fait d’AVOIR NOMMÉ. Paniquant…
Alors maintenant, avançons encore d’un cran dans l’abus de droit du «droit». Au lieu d’une entreprise attaquant une entreprise, on a une entreprise attaquant un individu ordinaire, un simple pingouin de base sans défense. C’est le cas, tout récent tout chaud, de cette pauvre institutrice française, madame FIGARO, qui vient de se prendre sur le coin de la tête, pour son petit blogue personnel sans revenu s’adressant à ses élèves, une mise en demeure… du Figaro. Oh, oh, mais vous me direz pas, après ça, que les entreprises privées contemporaines ne sont pas littéralement atteintes d’un syndrome totalitaire. Oh, mais faites excuses, voici que je m’expose moi-même à une poursuite du Collège de Médecine pour dénigrement de la notion de syndrome… Enfin, bon, je préserve mes quelques chances de non-lieu, puisque les restaurateurs d’Italie ne sont pas (encore) parvenus à imposer une appellation contrôlée sur la notion de pizza (comme il y en a une sur les notions de bordeaux, de bourgogne, de champagne, qui ne se barouettent pas comme ça). Je m’efforce ici de vous faire un peu rire avec ceci mais, batince, je la trouve pas drôle du tout, en fait, pour dire le fond de ma pensée. Privé, privé, privé! Le privé s’empare d’objets physiques ou mentaux du tout venant et dit: “c’est à moi, taisez-vous, n’en parlez plus. Silence. Baillon.”. C’est atterrant.
Et, en plus, c’est outrageusement enrichissant. Car, en conclusion de ce petit billet fort marri (en attendant les prochains abus juridiques impudents de l’hydre entrepreneuriale sur ce front), il faut signaler que mademoiselle Lohan et son estate ont fini par abandonner leur poursuite peu après l’avoir intentée mais ce, non sans avoir tiré des revenus non précisés de l’entente hors cours s’étant conclue sans trompette (“the actress made some money out of the deal” – noter, encore ici, le traitement incroyablement potineux et creux, sciemment minimiseur, en fait). Bilan: dans le cloaque néo-libéral du laxisme légal contemporain, il y a toujours moyen, pour une entreprise puissante, de poursuivre, de gagner, de bâillonner, d’extorquer. Le principe fondamental est singulièrement répugnant. C’est la dictature du silence culturel imposée par les accapareurs possédants. C’est puant et cela s’étend. Je demande: qui donc mettra la bride à ce nouveau totalitarisme du contrôle des appellations? Et je signe:
PAUL (Newman’s Own me guette ici)
LAURENDEAU (ici c’est le journal Le Devoir)
Discrimination, racisme, xénophobie et autres confusions
Par Renart Léveillé
[Avertissement : lorsque vous lisez un texte, si vous n’êtes pas assez intelligent pour l’analyser et en comprendre les sens et les subtilités, comme l’ironie et le sarcasme, abstenez-vous donc de le commenter…]
C’est bien connu, je suis le pire des racistes. Puisque « pro-laïcité » et « athée » en sont des synonymes avérés, paroles de quelques génies autoproclamés. Dans son habitat naturel, qu’il voit sombre alors qu’il est en vérité rose nanane sucé longtemps, le raciste remet en question maladivement tout ce qui touche à la religion, ce qui est mal, par définition. Le Mal.
La preuve, je trouve vraiment très drôle l’image qui suit (en fait, je ne la trouve pas juste drôle) :

(Traduction maison, sujette à caution : La religion, c’est comme un pénis. C’est bien d’en avoir un. C’est bien d’en être fier. Mais S’IL VOUS PLAÎT, ne le sortez pas en public pour le montrer à tout le monde, et, DE GRÂCE, ne tentez pas de le faire avaler de force à mes enfants.)
Aussi, à la place d’écrire que quelqu’un est pour la défense du français au Québec, on peut écrire qu’il est raciste, ça va plus vite. Ça va moins vite d’écrire « xénophobe », mais ça fonctionne aussi. Petit tuyau, les chasseurs de racistes devraient regarder du côté de Charles Castonguay, un traître anglophone ontarien, qui avoue bien candidement qu’au Québec le français dégringole! alors qu’en vérité il n’y a vraiment, mais vraiment aucun problème (ce que je suis incapable de me rendre compte, comme tout bon xénophobe, ça va de soi).
En plus, je suis pour la discrimination (ici, il faut vraiment bien suivre). Je serais d’accord pour qu’on écrive « une loi qui prohibe la discrimination » arbitraire (Arbitraire : « Qui provient de la volonté, du caprice, du bon plaisir de qqn. » « Qui ne tient pas compte de la réalité, de la raison. » « Qui est choisi sans règles précises; qui ne relève d’aucune règle. »). Donc, pour ce qui est du marché du travail, je suis d’accord qu’à l’embauche il y a toujours lieu de faire de la discrimination, puisqu’il faut faire des choix et y aller par élimination. Par exemple, je crois que le critère de beauté est acceptable pour un patron de bar lorsqu’il a à choisir une nouvelle serveuse, et même de choisir exclusivement des femmes pour ce travail, comme des hommes pour le travail de « bussboy ». Et encore, et c’est là que ça rejoint le racisme comme c’est pas possible, je crois que « cela justifierait d’emblée le refus par l’État d’engager des gens incapables de ne pas arborer des signes religieux ostentatoires pendant qu’ils travaillent », dans le sens où l’État choisirait la laïcité stricte (mais bon, il serait raciste, alors…). Je sens vos regards froids en direction de ma turpitude.
Afin de finir de mettre la table à l’opprobre général en ma direction, je vous avoue avoir lu un article relatant une étude qui indique que l’adolescence (le règne de l’impulsivité) se termine à l’âge de 22 ans, et de tout de suite avoir fait un lien avec le sujet des permis de conduire délivrés à partir de l’âge de 16 ans. J’ai aussi pensé à la petite Bianca Leduc, fauchée par un testostéroné adolescent en 2007. Qu’est-ce que c’est si ce n’est pas un heureux mélange de discrimination et de xénophobie, alors qu’en plus j’entame la quarantaine? Et, si on pouvait trouver le moyen de classer les tranches d’âge par races, je serais encore plus raciste!
Mais le comble de mon ignominie, c’est d’avoir le goût d’acheter le livre du scientifique Stephen Hawking, « Y a-t-il un grand architecte dans l’Univers? », qui explique sans rire que « L’Univers n’a pas besoin de Dieu pour exister ». C’est raciste parce qu’il a des gens de toutes les races, la mienne incluse, qui croient le contraire et qui ne veulent surtout pas se faire contrarier, ce qui est bien normal. C’est aussi de la xénophobie parce qu’il y a des étrangers qui sont croyants. C’est discriminatoire, parce qu’en m’acoquinant de cet avis (minoritaire en plus!), je fais une séparation entre un groupe social et un autre, j’ostracise les croyants.
Je ne devrais même pas avoir le droit d’offrir gratuitement mes écrits sur le web.
(Image du haut trouvée là : http://www.webdesigncore.com/2009/12/15/30-unusual-and-incredible-surreal-artworks/)
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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé
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