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Élections québécoises de septembre 2012. Et les transfuges bifurqueront encore…

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Dans les dernières années, l’immense glacier poreux du Parti Québécois s’est lézardé. Il a perdu quelques lamelles sur sa gauche, notamment avec la fondation du petit parti monocéphale Option Nationale, mort le quatre septembre 2012. Les pertes à gauche au Parti Québécois sont moins parlementaires qu’électorales, en fait. Les électeurs gauchisants du Parti Québécois sont doucement, au compte-goutte mais inexorablement, ponctionnés, par la formation de centre-gauche Québec Solidaire qui, graduellement, se parlementarise. À gauche du grand glacier quadragénaire du Parti Québécois, on a donc un écoulement, une fuite chuinteuse, une liquéfaction pleureuse qui, de plus en plus perceptiblement, le mine.

Sur la droite du Parti Québécois, la fracture interne a été beaucoup plus abrupte. Le député ex-péquiste François Legault lève et mène la fronde d’une poigné de transfuges droitiers, quitte le Parti Québécois avec eux, d’un coup sec, et part fusionner avec ce petit parti de mouches du coche bombinantes de droite qu’était l’Action Démocratique du Québec. La bande des transfuges péquistes droitiers à Legault dissous et absorbe l’ADQ, en peu de mois, s’arrogeant, dans le mouvement, le nouveau nom, largement surfait, pompeux et insignifiant (du moins, pour le moment) de Coalition Avenir Québec.

Les pratiques politiciennes québécoises et canadiennes cultivent un certain nombre d’aberrations dont je vous épargnerai l’énumération. L’une d’entre elles est celle du transfuge politique ou vire-capot. Il s’agit d’un personnage, habituellement de peu d’envergure historique, élu sous une bannière et qui, en cours de mandat, d’un seul coup d’un seul, change tout simplement de parti politique, sans consulter ses électeurs, ni rien. Zone grise électorale s’il en fut, l’action foireuse du transfuge politique reste, on l’a bien vu aux élections du quatre septembre 2012, un coup largement hasardeux. Le député de ma circonscription, justement, dont je tairai pudiquement le nom, faisait partie de cette première vague de vire-capots ayant quitté le PQ pour fonder la CAQ. J’avais, à l’époque de ce petit geste de Jarnac, écrit une brève notule vesse-sec à mon député transfuge, pour lui signifier une façon de penser qui, elle, s’est avérée avoir une portée suffisamment générale dans le cœur des québécois et des québécoises pour que l’envie me prenne, en ce jour, de partager cette petite pièce de prose avec vous. Dont acte.

Monsieur, votre petite manoeuvre pose deux problèmes.

1- Vous vous tournez vers le mouvement Legault. Association de droite qui n’ose pas dire son vrai nom fétide, le mouvement de Legault, cet ADQ bis, est une organisation rétrograde, réactionnaire, nocive, véreuse, et dont le tapage médiatique qu’elle engendre ne prouve qu’une chose: la collusion compulsive des médias contemporains avec tout ce qui est de droite et vendu à la bourgeoisie. Je ne vote pas pour la droite. Vous venez donc de bien perdre mon vote.

2- La manoeuvre du transfuge, en soi, est une tactique politicienne qui s’assimile à une pure et simple trahison électorale. Tous transfuges devraient faire l’objet d’une élection partielle automatique, qu’on démarque bien ceux qui ont voté l’homme (peu) de ceux qui ont voté le parti (beaucoup). Dans un pays européen, ce type de tripotage aurait automatiquement électrocuté votre carrière politique. Le transfuge prouve ouvertement qu’il est un incohérent social.

Me voici donc dans l’obligation contrite de vous subir comme député incarnant le summum de ce pour quoi je n’ai pas voté. Je vous prévois une spectaculaire capilotade électorale aux prochaines.

À bon entendeur,

Paul Laurendeau

Prévision réalisée. Mon petit transfuge, un jeune homme très liant de trente-six ans, charmant communicateur naturel en costard, a fait une campagne énergique et tapageuse, puis a paisiblement mordu la poussière. Le péquiste régulier l’a battu par environ 1,300 voix de majorité. Les québécois et les québécoises, que voulez-vous, les vire-capots, ils n’aiment pas ça, et un certain nombre des frondeurs péquistes devenus caquiste ont crûment senti le plomb entrer dans l’aile de leur sotte décision, à l’élection. Ma petite notule et ses centaines d’équivalents, écrits ou cogités, se sont envolés dans de multiples directions, je le suppute.

Mais il y a bien plus que l’agacement face à la politique politicienne manœuvrière dans cette scientillante problématique du louvoiement. Il y a la réalité tangible du programme politique de la CAQ elle-même, en soi. Veut-on encore se faire dire de continuer de payer plus en recevant moins pour, ainsi, mieux engraisser les secteurs privé et financier? Franchement, soyons candide pour une fois… En la CAQ se synthétise l’art que cultive la démagogie de droite faussement «populaire» pour tenter de renouveler son allure nouvelle sans venir aux nouvelles et prendre la nouvelle qu’on ne veut pas des nouvelles-vieilles-idées de la si publicisée et claironnée et médiatisée nouvelle-droite. Je ne suis pas surpris au demeurant que ce genre de programme social soit relayé par un certain nombre de «fameuses» maisons de production «tendance», «nouvelles», néo-réac de fait… Ils sont partout, à la télé, les claironnants promoteurs d’autrefois de l’oublié André Boisclair, ancien jeune chef droitier éphémère du Parti Québécois, et ex-champion rhétoriqueur creux de ces pulsions nouvelle-droite dans le gros ventre gangrené et putride du PQ. Ils ont pignon sur rue, les porte-voix de la lézarde sur droite du susdit glacier PQ, notamment dans les médias privés. Et, de fait, si les médias parlent tant de ce courant, c’est parce qu’ils servent les mêmes maîtres que ce «nouveau» parti, pardi. Je ne suis pas étonné non plus du fait que la CAQ ait tassé le petit Mario Dumont (ancien chef co-fondateur de l’ADQ) et ses pâles successeurs, populistes foufous, flambés comme des  carcajous, trop sectaires et braqués, quand la ligne actuelle de ce «nouveau» mouvement c’est le louvoiement. Pourquoi ne pas admettre ouvertement, candidement, qu’il s’agit d’un parti de droite-droite bien rigide et bien cynique visant à ploutocratiser encore plus le Québec et à servir ouvertement la bourgeoisie. Y a qu’a mater les maîtres penseurs. Bouchard, l’éternel crypto-conservateur. Legault, le chef envoyant ses vire-capots au casse-pipe. Facal, le réac fiscal. Pourquoi louvoyer ainsi et ballonner tous ces ballons, en prétendant préconiser le «changement». Messieurs, s’il-vous-plait… Ne venez pas me raconter que c’est d’être l’émanation assumée de ce nouveau trait de la culture parlementaire québécoise: la chambre minoritaire. C’est bien plutôt que vous cherchez à vous vendre insidieusement à une populace qui ne veut pas de votre camelote de bourgeois.

Louvoiement, c’est le nouveau maître mot. Legault vient d’ailleurs de s’y mettre. Avant l’élection, il menaçait de casser la chambre promptement, si elle était minoritaire (la déjà fameuse petite phrase: Je ne serai pas patient). Maintenant que les gros blocs de glace flacotent et toquent les uns contre les autre sur le grand cloaque (le moindre n’étant pas le Parti Libéral du Québec qui, avec cinquante députés –seulement quatre de moins que le nouveau parti ministériel- forme l’opposition officielle et ne prend pas la capilotade qu’on lui prévoyait), Legault, avec sa courte vingtaine de gogos, se virant de bord de nouveau, vient de lâcher une autre petite phrase: Nous détenons la balance du pouvoir.

Et les transfuges bifurqueront encore, au fil des clapotis. On ne se refait jamais fondamentalement et la girouette ne se fera pas aigle. Les caquistes se rapprochent -temporairement toujours- de la fissure qu’ils avaient initialement initiée, dans le gros glacier fatiké, comme pour se ré-enchâsser -par la droite toujours- dans l’espace le plus momentanément crédibilisé de la chambre, celui du bercail politique péquiste. Reste plus qu’a laisser les libéraux se réjuvéner encore, changer de chef, secouer leur mollesse doctrinale, rabattre pudiquement les rideaux sur leurs solides provignements pégreux et compradore. Il sera temps, dans deux ou trois ans, d’aller, comme dans le ballet fermé du Huis clos de Sartre, se coller à eux et ne plus se coller à l’autre. Après tout, c’est bel et bien une «coalition» qu’on nous annonce, pour l’«avenir». Entendre: un cartel des droites revampées. Il s’en vient tranquillement, au rythme du mouvement des quatre icebergs qui cliquètent en chambre, sur une eau si saumâtre et si morte. Dans ce dispositif d’équilibriste, passablement malsain et hostile au demeurant, le Parti Québécois représente de plus en plus le Centre étriqué et cerné de la politique parlementaire québécoise. En cela, il reflète de moins en moins la société civile (toujours passablement survoltée par les luttes récentes ayant mobilisé toute une génération au sens critique de plus en plus en alerte) qu’il croit pourtant encore représenter.

Rappel du résultat des élections du 4 septembre 2012 au Québec

Nombre de sièges à l’Assemblée Nationale: 125
Nombre de sièges requis pour détenir une majorité parlementaire: 63
Nombre de sièges au Parti Québécois: 54
Nombre de sièges au Parti Libéral: 50
Nombre de sièges à la Coalition Avenir Québec: 19
Nombre de sièges à Québec Solidaire: 2
Nombre de sièges à Option Nationale: 0
Nombre de sièges au Parti Vert: 0

Gouvernement minoritaire du Parti Québécois avec le Parti Libéral formant l’Opposition Officielle et la Coalition Avenir Québec formant la Seconde Opposition.

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La politique politicienne au Québec, matée par le bout de la lorgnette du conflit étudiant

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Pas de gossage à matin. Gabriel Nadeau-Dubois vient de quitter ses fonctions de porte-parole étudiant. Il retourne à la base et la lutte continue, implacable. Voici donc les partis en lice lors de la prochaine élection québécoise (prévue pour le 4 septembre 2012) et leur position commentée sur la question de l’heure: la hausse des frais de scolarité. On ira ensuite raconter que la politique politicienne, au Québec et dans le monde, n’est pas le reflet folklo et distendu de la lutte des classes.

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 Parti Libéral du Québec (chef: Jean Charest)
– Hausse des frais de scolarité de $254 par année pendant sept ans
– Entrée en vigueur de ladite hausse dès l’automne
– Maintien de la loi spéciale (Loi 12) limitant le droit de manifester

Le PLQ (au pouvoir depuis neuf ans) est un parti de droite-droite-droite, ronron, journalier, gestionnaire des affaires de conciergerie courantes, suppôt du libéralisme (comme son nom l’indique), bien engoncé dans la magouille politicienne et les combines des traditions électorales québécoises les plus fétides, intendant bonhomme et pro-capi du pouvoir. Ce gouvernement a appliqué les tactiques les plus basses et les plus malhonnêtes imaginables pour tenter de casser le mouvement des carrés rouges. Misant d’abord sur les regroupements étudiants les plus conciliants et négligeant le seul mouvement vraiment légitime, la CLASSE, le gouvernement a cherché à «négocier» avec les éléments du mouvement étudiant semblant représenter le mieux les positions gouvernementales. La proposition initiale du pouvoir était d’étaler la hausse dans le temps sans l’altérer significativment. Devant la solidité de la résistance, il proposa alors de bidouiller des combines au niveau (comme on dit dans le jargon tertiaire) des (gros) prêts et (petites) bourses pour soi disant faciliter la réception de la hausse dans les masses. Tactique typique du libéralisme québécois minus: on vous pousse dans les bras des banques en faisant semblant de vouloir vous faciliter la vie. En affectant de vous servir, on continue de servir ses maîtres du secteur privé. Mais même les associations étudiantes moins militantes n’ont pas marché dans cette criante attrape. Le fait est que les éléments étudiants conciliants sont distordus par le dilemme de leur posture veule. Ils se souviennent amèrement de grèves antérieures où ils avaient été instrumentalisés pour fracturer le mouvement. Ils n’ont pas mordu cette fois, parvenant à maintenir, bon an mal an, une ligne cohérente avec l’aile plus avancée du mouvement. Le gouvernement s’est alors appuyé sur le mythe excessivement médiatisé du carré vert, groupe étudiant croupion et infinitésimalement minoritaire, censé vouloir rentrer en classe. L’absence de base effective de cette organisation factice forca ensuite le gouvernement à brandir l’épouvantail d’une loi spéciale. Singeant ouvertement les lois spéciales de retour au travail, ce trait typique des négociations de style reaganien en Amérique du Nord, on a tenté de faire rentrer les étudiants dans les facs et les cégeps comme on ferait rentrer au travail les travailleurs de secteurs sensibles ou «esssentiels». Le droit de manifester fut ouvertement attaqué dans la Loi 78 (devenue depuis la Loi 12) mais, subtilité inattendue, vivant la chose comme un pelletage de factures dans leurs cours, les autorités constabulaires municipales (montréalaises notamment) ont appliqué la loi avec ce type de réalisme feutré visant subrepticement à ramener le parlement national à ses responsabilités décisionnelles. Flairant matoisement cette contradiction, les étudiants n’ont pas plié, malgré l’augmentation de facto des abus policiers ponctuels implicitement autorisés par cette loi. On a vu notamment des citoyens portant le carré rouge se faire harceler par la police, dans les rues de Montréal. L’échec sur le terrain de la Loi 78 (devenue depuis la Loi 12) a entraîné la démission d’une ministre de l’éducation. Elle fut remplacée par une seconde ministre qui proposa un $35 annuel de réduction de la hausse. Je revois encore la gueule de mon fils cégépien et de mon fils universitaire dans la cuisine, le matin de cette annonce: «On a pas fait tout ça pour aller chercher un malheureux $245 sur sept ans. Ils rient de nous autre». Le mouvement étudiant n’a évidemment pas mordu à cet appât minable. Il est, au jour d’aujourd’hui, de plus en plus déterminé à relancer le mouvement de grève (qui, de fait, n’a rien perdu de sa remarquable dimension de masse) en septembre si le gouvernement ne bouge pas au plan fondamental. Je ne peux qu’exprimer mon entière admiration pour nos enfants. On a raconté toutes sortes de fariboles sur le mouvement du carré rouge, l’accusant notamment de s’être égaré dans du sociétal généraliste et d’avoir perdu la perspective de la lutte ponctuelle contre la hausse des frais de scolarité. On notera, au contraire, que, dans le regard des militants étudiants, la question de la hausse (et celle, plus fondamentale, de la gratuité scolaire) n’est aucunement devenue marginale. C’est le pouvoir qui a dérapé de la hausse,  à l’étalement de la hausse, au bidouillage des prêts et bourses (pousser les jeunes et leurs parents vers plus d’endettement bancaire), aux injonctions sectorielles (procédant d’une judiciarisation biaisée et tricheuse du conflit, que le fermeté militante a su solidement contenir), au sabordage empiriste, superficiel et autoritaire du droit de manifester (dicté par la fort spéciale Loi 78 devenue 12). La province chercha donc par tous les moyens à faire dérailler le mouvement en le zigzagant et le barouettant dans toutes les directions mais les étudiants n’ont jamais perdu le focus de leurs exigences: gel de la hausse des frais de scolarité sur le court terme, gratuité scolaire à tous les niveaux, sur le long terme. Pas de fafinage. Je les appuie de tous cœurs et m’incline respectueusement devant la formidable leçon de cohérence politique qu’ils nous donnent. On m’autorisera ici une petite note personnelle. Étranger, j’ai pu faire mon doctorat (en France) à l’Université Denis Diderot, suivre des séminaires en Sorbonne, à l’École des Hautes Études en Sciences sociales, au Collège de France et à la Maison des Sciences de l’Homme auprès de sommités, le tout gratuitement, et il faudrait payer des mille et des cents pour étudier à l’Université du Québec à Saint Tite des Caps? Comme le disent les jeunes eux-mêmes: Bitch, please…

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Parti Québécois (cheffe: Pauline Marois)
– Gel des frais de scolarité jusqu’à la tenue d’un sommet sur l’éducation
– Seule hausse envisagée: l’indexation des frais de scolarité au coût de la vie
– Abolition de la loi spéciale (Loi 12)

Le PQ (qui n’a pas été au pouvoir depuis 2003) est un parti nationaleux (au nationalisme de plus en plus dépité, larmoyant et opportunistement épisodique), de centre-droite, à la fois planificateur et affairiste, promoteur convulsionnaire de Québec Inc, insidieusement et semi-inconsciemment crypto-xéno, et dont la consolation minimale serait de faire élire la première femme Première Ministre du Québec. Le poncif classique nationaliste-souverainiste de ce fier parti du cru est en grande partie relégué (une fois de plus) aux calendes par les crises du moment. Madame Marois, qui un moment porta le carré rouge en chambre, a lancé une analyse (c’est pas souvent que les politiciens politiciens hasardent des analyse…) que je médite encore et à laquelle je reconnais un mérite non négligeable. Madame Marois affirme que la crise étudiante a été, pour le gouvernement Charest, une diversion-spectacle, sciemment maintenue et perpétué par lui pour distraire l’attention du public sur le bilan nuisible et toxique des libéraux. Gaz de schiste hyperpolluant (la résistance citoyenne au sujet d’icelui ayant causé la démission d’une autre ministre), Plan Nord néo-colonial, corruption et collusion entre pègre et partis politiques dans le secteur des grands travaux d’infrastructure (le choix même de la date des élections serait, selon madame Marois, une astuce estivale pour esquiver la portion lourde et compromettante des travaux de la Commission Charbonneau, en automne). Tout cela a été effectivement bien embrumé dans le show de la fallacieuse fermeté paterne face au mouvement des carrés rouges. La solution de Madame Marois sera de noyer le poisson de la hausse dans un grand blablabla collectif la suspendant/reportant/retardant, le temps que les étudiants rentrent dans les facs et les cégeps… tout en se ménageant la possibilité de revenir hausser les frais de scolarité plus tard si les choses se tassent. Mon pronostic: le Parti Québécois va gagner cette élection avec l’appui (contrit) de la jeunesse. Mais cette dernière va remplacer le vote illusoirement passionné de ma génération (j’ai fait rentrer Jacques Parizeau dans l’Assomption à dix-huit ans, en 1976) par le vote utile, froid et méthodique, des pragma-temps contemporains. Et, même sous un régime Marois, si la hausse revient, les carrés rouges reviendront aussi. Cohérence un jour…

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Coalition Avenir Québec (chef: François Legault)
– Hausse des frais de scolarité de $200 par année pendant cinq ans
– Abolition partielle du crédit d’impôt pour les études supérieures
– Suspension des articles de la Loi 12 qui limitent le droit de manifester

La CAQ (qui n’a jamais été au pouvoir) est un parti démagogue, rétrograde, bien à droite, girouette, incohérent, flagorneur, arriviste, xénophobe, sorte d’équivalent québécois populiste et mollement francophiliaque des Conservateurs. Ces néo-réactionnaires insidieux et rampants maintiennent une version cosmétiquement atténuée de l’option gouvernementale actuelle tout en faisant bien sentir qu’ils sont de droite (fiscal conservative, diraient nos bons ricains) et s’assument. Un certain nombre de vesses verbales bien senties envers les carrés rouges, émises avec fracas par les dirigeants de ce parti de suppôts veules du capitalisme crispé, prouvent indubitablement que ce sont des autoritaires. Mets le manche dans les mains de ceux-là et prépare-toi à te faire batter en grande dans le champ gauche. À fuir.

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Québec Solidaire
(collectif de direction: Amir Khadir et Françoise David)
– Gratuité scolaire et élimination de tous les frais facturés aux étudiants
– Bonification du système d’aide financière aux études
– Suppression de la loi spéciale (Loi 12)

QS (qui n’a jamais été au pouvoir) est un conglomérat de différents partis et mouvements de gauche et populaires initialement réunis sous deux parapluies, l’Union des Forces Progressistes et le mouvement Option Citoyenne, et qui se sont ensuite fusionnés en un parti politique unique. C’est, en ce moment, un parti qui se donne comme écologiste, féministe, altermondialiste et, quoique plus mollement, anti-capitaliste. Leur programme sur les frais de scolarité, c’est l’idéal. Leur défaut, c’est qu’ils ne gagneront pas cette élection-ci. Je vous reparlerai plus explicitement plus tard des grandeurs et des faiblesses de cette gauche molle, déjà entrée en phase conciliante…

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Voilà donc le tableau. Au moment de diffuser, les associations étudiantes n’avaient pas encore explicitement émis leurs consignes de vote en termes politiciens, se contentant de formuler leurs exigences politiques globales (et ce, pas seulement en éducation). S’ils en viennent à émettre des recommandations favorisant des partis spécifiques, je ne doute pas une seconde qu’elles seront articulées et subtiles, tout comme, justement, le reste de leur analyse sociétale. Nos jeunes de la ci-devant génération Dolan (pour reprendre le mot pas trop mauvais d’un de nos folliculaires) nous ont prouvé lumineusement que la politique politicienne, eh ben, ils laissent cela à leurs petits porte-paroles modérés transfuges

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Sur le féminisme de droite

La question ressurgit de temps en temps chez nos folliculaires. Les organismes féminins gauchisants contemporains sont-ils des représentants légitimes de l’intégralité de la masse des femmes. Les femmes de droite répondent habituellement ouvertement par la négative à cette question épineuse. Elles sont bien en rogne qu’on prétende les représenter en mobilisant des portes-paroles qu’elles qualifient rageusement (et, en fait, pas très honnêtement) de «granolas lesbianisantes aux idées extrêmes». Sans vouloir jouer les esprits paradoxaux, j’ai quand même, spontanément, envie de poser la question suivante, un peu perfide: les femmes de droite, numériquement minoritaires, ouvertement élitaires, n’ont elles pas pourtant tout plein d’organismes (masculins ou mixtes) pour parler pour elles? Conseil du Patronat, Chambres de Commerces, comités et regroupements corporatifs de toutes farines, grands syndicats des médias, conseils ministériels, etc… Ma question ici postule, naturellement, que la femme de droite n’est pas trop distincte de l’homme de droite (ce postulat est respectueusement ouvert à discussion) et surtout, mon interrogation pose conséquemment la question toute simple et directe de savoir s’il y a un féminisme de droite

D’abord, il n’y pas à se conter de menteries. Il y a des noirs de droite, des gais et des lesbiennes de droite, des aborigènes canadiens de droite (et même antisémites), des handicapés de droite et indubitablement des femmes de droite. Les groupes sociaux à bases biologique ou ethnologique ne sont pas des classes sociales et l’appartenance à ces derniers n’est en rien le garant d’une position de classe conséquente. Mazette, il y a même des ouvriers, des chômeurs et des assistés sociaux de droite, alors je vous demande un peu… Il faut aussi assumer que la réflexion, spontanée ou articulée, sur la condition féminine n’est certainement plus un monopole à gauche. On dégage alors inexorablement deux types de femmes de droite. Il y a d’abord les femmes de droite qui sont ignorantes du féminisme ou le combattent. Elles vivent dans l’ombre de leur homme, jugent que tout va bien dans l’ordre machique et phallocrate des choses et que les valeurs traditionnelles priment. Dire qu’il y a des femmes de droite qui sont non féministes, c’est un truisme. Ces figures d’arrière-garde existent bien toujours mais, par contre aussi, il est légitime de suggérer que leur impact social est voué, dans la dynamique contemporaine, à demeurer faiblard. Que voulez-vous, c’est inévitable. Faire compulsivement la promotion de la soumission ne rend ni insoumise, ni puissante, ni même particulièrement active socialement. Sorte de caricature du passé, la femme soumise rétrograde, dont la cause est indubitablement foutue, servira, en fait, de repoussoir extrême, fort utile au féminisme de droite. Il est en effet toujours utile d’être (ou de paraître) en avance sur une autre instance et de s’en glorifier.

Il y a ensuite les femmes de droite qui font une promotion active (et parfaitement légitime, dans la logique, réformiste mais non révolutionnaire, qui est celle de tous les segments de la droite «novatrice») de la femme, de l’efficacité des femmes, du pouvoir des femmes, de l’éthique professionnelle des femmes, de la légitimité des particularités de la culture intime des femmes, de l’esprit de corps des femmes. Les femmes de droites, actives dans l’entreprise, le commerce, les médias et la politique observent vite la persistance rampante, un peu poisseuse, d’une mentalité masculine vieillotte, surannée, ou, plus insidieusement, d’une propension semi-consciente des hommes bien installés à imposer leur culture intime comme si c’était un implicite absolu et incontestable. Les chicanes sans fin sur la climatisation des bureaux, l’intendance des chiottes, les activités sociales d’entreprise, l’éthique entrepreneuriale et la tenue des cuisinettes attenantes aux salles de réunion est un symptôme tout à fait parlant du phénomène beaucoup plus vaste du choc des sexages parachevant le positionnement entrepreneurial des femmes. Inutile d’ajouter que les questions sérieuses où les femmes d’affaire sont solidement actives et en position de pouvoir sont, en fait, sans sexe et neutres en sexage. Ces femmes les traitent, y agissent, y jouent leur rôle et tout est dit.

On suggérera donc qu’un féminisme de droite considère simplement que la femme est l’égale de l’homme et mérite le même salaire, les mêmes tâches et la même considération MAIS, ce… dans un espace concurrentiel capitaliste que, d’autre part, le féminisme de droite promeut, postule et ne remet aucunement en cause. Ce féminisme, égalitaire mais non révolutionnaire, développe aussi un solide corporatisme féminin, c’est-à-dire une promotion ferme, solide, de toutes les particularités de la culture intime des femmes comme facette de la réalité sociale (capitaliste) postulée et axiomatisée. Il est d’ailleurs parfaitement usuel, pour l’esprit de corps féminin de droite, de nier purement et simplement être un féminisme. Le féminisme de droite en est pourtant bel et bien un. Le nier, c’est occulter son importante facette progressiste, bien sûr circonscrite, souvent bafouée (y compris en son sein même) mais bien réelle. Et le féminisme de droite est, de plus, extrêmement important pour la gauche parce qu’il contribue à démonter une des grandes illusions de ladite gauche, celle voulant (encore) que cause des femmes et lutte des classes soient intimement confondues et comme inextricablement fusionnées. Cette fausseté théorique est mise en relief par l’impact social croissant du féminisme de droite contemporain. Le féminisme de droite revendique une meilleure place pour les femmes d’affaire dans un monde des affaires qu’il n’a aucunement l’intention de questionner. Le féminisme de droite entend que les femmes de droite prennent leur place au côté des hommes de droite dans un système social toujours fondamentalement affairiste, ploutocrate, oppresseur et bourgeois. Progressiste en son espace strict, novateur dans le cadre restreint du dispositif qu’il postule, le féminisme de droite relègue inexorablement dans la fosse fétide de l’extrême droite ruinée la cause androhystérique de la soumission de la femme à l’homme et toute les facettes de l’anti-féminisme féminin (ou masculin) passéiste. Cette cause là est entendue autant pour le féminisme de droite que pour le féminisme de gauche. L’ensemble des femmes de droites se subdivise donc finalement en trois sous-ensemble: 1- les femmes effectivement non-féministes (ne les cherchez pas dans le milieu du travail. En bonne cohérence objective, elles sont devant leurs poêles); 2- les féministes de droites non assumées (elles refusent fermement de se dire féministes parce que cette notion pue la gauche à leurs narines. Ce sont souvent les «anti-féministes» les plus virulentes, du moins subjectivement, verbalement. Il faut observer leurs actions effectives, pas les illusions qu’elles entretiennent sur elles mêmes); 3- les féministes de droite assumées (les championnes explicites de l’esprit de corps féminin, implicitement affairiste et bourgeois).

L’existence du féminisme de droite (et le fait qu’il a de plus en plus pignon sur rue, notamment dans la politique et les médias) pose des problèmes très délicats à l’action militante. Le fait est qu’il faut combattre le féminisme de droite (surtout lorsqu’il est assumé, car alors il se légitimise sciemment comme progressiste) non pas parce qu’il est un féminisme mais bien parce qu’il est de droite. Il est donc indispensable de le dissoudre, méthodiquement et sans minimiser sa spécificité innovante, dans le reste de l’idéologie de droite qui, elle, est désormais de plus en plus sans sexe ni genre et sans doctrine spécifique du sexage. Et l’exemple cardinal ici, c’est nul autre que celui de notre bon gros Tony Soprano. Suivez-moi bien. Tony Soprano est un malfrat teigneux, un criminel notoire. Quand le FBI le serre de près, il pose un geste rhétorique tout particulier. Il se met à se lamenter parce qu’en s’en prenant à lui, on s’en prend(rait) à la communauté italo-américaine toute entière, qu’on empêche(rait) de s’épanouir. Certains aborigènes, ou pseudo-aborigènes (masqués), trafiquants de cigarettes, d’armes ou de cannabis, jouent la même carte. Quand la brigade des crimes économiques ou des stupéfiants les serre de trop près, ces criminels de droit commun, bien planqués dans le maquis de la légitimité de la cause aborigène, se mettent à dégoiser sur l’oppression de leur peuple par l’homme blanc… Il faut alors prudemment se dégluer de cette dangereuse chausse-trappe sociologique, en expliquant calmement à Tony Soprano que ce sont ses activités criminelles, et non son profil ethnique, qui lui méritent ses ennuis actuels. Vive la communauté italo-américaine. Vive les aborigènes. Haro sur la criminalité. Même message ici: vive l’augmentation du pouvoir des femmes tous azimuts et inconditionnel, haro sur le capitalisme et sur les femmes et les hommes qui en profitent. Car il est, lui aussi, rien de moins qu’un crime.

J’y faisais allusion en ouverture, le féminisme de droite combat ouvertement et farouchement le féminisme de gauche, non pas parce qu’il est un féminisme, mais bien parce qu’il est de gauche. C’est la base de l’accord sur la cause collectivement endossée et légitime (la cause féministe, dont la validité est incontestable) qui sert de vivier pour la lutte la plus fondamentale, la plus implacable, la plus cruciale: la lutte des classes. Si le féminisme de gauche a tort de croire qu’il parle pour l’intégralité des femmes (le capitalisme ayant su se réformer un petit peu en faveur des femmes de droites), le féminisme de droite a bien plus profondément tort de s’imaginer que l’arène exclusive de la lutte des femmes (comme êtres humains, en solidarité avec tous les êtres humains) est exclusivement cette société capitaliste inique dont les petites cheffes et les soldates n’ont pas plus de décence sociale que ses petits chefs et ses soldats.

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Laïcité et valeurs, le dernier combat

Par Renart Léveillé

Depuis quelque temps, le sujet de la laïcité revient et revient sous ma plume alors que je me dois d’écrire pour mon texte de la semaine sur Les 7 du Québec. C’est un hasard, et je le trouve heureux.

Juste comme je réfléchissais à quoi choisir comme sujet, je tombe via un tweet de Jeff Plante (@JF_Plante) sur le billet « Laïcité et éthique chrétienne ». Il y est question des avis divergents de Normand Baillargeon et Jean-Marc Piotte face au livre « La culture religieuse n’est pas la foi — Identité du Québec et laïcité » de Guy Durand, défendu par Jean Laberge, l’auteur dudit billet.

Dans le premier chapitre, Durand recueille de très nombreux témoignages de Québécois qui, aujourd’hui comme hier, ont façonné le Québec par l’héritage chrétien et ce, dans tous les domaines d’activités, voire même dans les institutions démocratiques elles-mêmes du Québec. On sait que la question de la laïcité de l’État québécois s’est cristallisée autour du fameux crucifix de l’Assemblée nationale. Les tenants de la laïcité intégrale ou stricte l’ont en horreur, même des croyants. Durand plaide pour conserver le crucifix car il fait partie de notre fibre d’être québécois, que nous soyons ou non des croyants, voire chrétiens.

Premièrement, le crucifix à l’Assemblée nationale ne me semble pas tellement cristalliser la question de la laïcité, même que je crois que ce serait le dernier symbole religieux à garder sa place, vu son caractère très historique. Par contre, en fouillant plus profondément dans l’Histoire, justement, il est clair que ce crucifix, en plus d’être le premier symbole du christianisme, est le puissant symbole du contraire de ce que la laïcité prône : « ce crucifix a été donné par l’archevêque de Québec à Maurice Duplessis pour sceller l’alliance entre l’Église et l’État. »

Et j’ai pris la peine de spécifier qu’il fallait fouiller « profondément » parce qu’il est certain que ce détail de l’Histoire échappe à la grande majorité des Québécois. Alors, ça me fait bien rigoler de lire que ce crucifix « fait partie de notre fibre d’être québécois ». Et c’est encore plus drôle quand on se rappelle que le changement de dénomination (et identitaire), de Canadien-Français à Québécois, s’est produit grâce à la Révolution Tranquille, qui était beaucoup une réaction au règne de Maurice Duplessis… Tentative de réécriture de l’Histoire?

Mais je ne voulais surtout pas écrire un billet au sujet du crucifix à l’Assemblée nationale (même si je pourrais seulement me concentrer ici à développer qu’en fait la possible disparition de ce symbole fait bien plus peur aux détracteurs de la laïcité que sa présence ne fait peur aux pro-laïcité). La question qui m’intéresse concerne plus amplement le lien entre la culture (l’« Ensemble des formes acquises de comportement de l’être humain. ») et la religion au Québec. Parce que l’essentiel du discours de Jean Laberge, nourri par Guy Durand, consiste en une énumération de l’ « héritage chrétien », avec l’aide de figures emblématiques du Québec comme Michel Chartrand et Camille Laurin, afin de justifier la place de la religion, enfin de sa tradition, aujourd’hui.

Le problème que j’ai avec ce discours, c’est qu’il déborde de la question étatique. C’est que même la laïcité stricte ne pourrait empêcher la population, si elle le désire, de célébrer son héritage chrétien. La culture en est bien sûr imprégnée, et un mur vide où était précédemment un crucifix, et un employé de l’État qui laisse dans sa poche un pendentif avec une croix, et une employée d’un service étatique qui laisse son voile à la maison, ne pourront changer ça. Et, pour ce qui est des valeurs, ce vers quoi tout le discours de Laberge tend, j’ai un gros bémol…

Je vais l’écrire d’emblée, son message prône l’emprisonnement, voire même la prise en otage de la culture et des valeurs par l’héritage de la religion. Et je me pose la question à savoir si le but est d’actualiser le lien entre la société et la religion (bien sûr catholique). Je m’explique, premièrement avec une question : même si je suis d’accord que les valeurs des êtres humains ont beaucoup été influencées par la religion — par son omniprésence historique dans les sociétés —, est-ce que ces valeurs sont indissociables de cet héritage?

La réponse est bien sûr non. Et la transmission de ces valeurs ne dépend pas exclusivement de la pratique religieuse, en plus. Si « Sergio Leone, le réalisateur des fameux westerns-spaghetti, bon athée et anarchiste, n’a pu s’empêcher d’user d’images religieuses chrétiennes dans son cinéma que la longue tradition catholique lui a légué en héritage », comme le souligne Laberge dans son billet, un athée comme moi peu bien élever sa fille selon une majorité de valeurs que la religion catholique ne nierait absolument pas. Alors, pourquoi toujours revendiquer la paternité religieuse des valeurs puisqu’elles ne disparaissent visiblement pas avec la remise en question de la religion, qui vient entre autres avec la laïcité? J’irais encore plus loin, elles ne disparaîtraient pas si une pilule distribuée à la totalité de la population mondiale réussissait à faire disparaître le phénomène religieux et la croyance en Dieu. Je dis qu’elles ne disparaissent pas, mais je sais très bien que le discours religieux actuel trouve justement sa base sur la peur, ou une certaine constatation — qui relève beaucoup à mon avis de l’hypocondrie — de la perdition du mode de vie occidental. À la base, c’est le propre du conservatisme et du traditionalisme d’avoir peur de l’évolution et du changement, alors ce n’est pas bien difficile à réfuter.

Et, parlant d’évolution, je crois que la religion a été nécessaire à l’évolution des sociétés humaines (beaucoup vers la gauche au Québec comme le souligne Laberge, et pourtant beaucoup vers la droite par exemple aux États-Unis…). La religion a institué une cohésion sociale qui aujourd’hui est bien assimilée (pas toujours avec bonheur, j’en conviens). Ce que la société rejette aujourd’hui de la religion est seulement ce qu’il lui reste de poussiéreux, d’archaïque. Et la religion était bien utile là où l’éducation était quasi inexistante. Alors, je crois que le défi actuel, étant donné que la population est beaucoup plus éduquée, est de remettre en question ces valeurs héritées de notre passé et, une fois le test remporté, de les célébrer en toute connaissance de cause. Cela serait bien tout le contraire d’écrire tout bonnement, comme l’a fait Guy Durand, comme une gifle à l’intelligence humaine : « Les valeurs chrétiennes sont nécessaires à la vie. » J’admets qu’en gommant l’adjectif « chrétiennes » l’énoncé a du sens, mais en gommant aussi la définition biologique en lien avec la vie. Personne ne peut mourir par manque de valeurs, encore moins chrétiennes…

Et dans cette idée de défi actuel, ce pour quoi toutes ces questions me sont intéressantes, il y a pour moi la conviction que l’abandon total de la religion (comme béquille sociale) ne pourrait que donner un coup de main à la réflexion globale. Et c’est déjà en cours de toute façon, depuis que l’État a purgé la religion de ses entrailles. Mais il reste encore des stigmates à éliminer, alors on voit clairement la terreur dans les yeux de certains croyants.

(Photo : brioso)

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La laïcité instrumentalisée

 

Par Renart Léveillé

Contrairement à moi, certains trouvent la laïcité trop stricte. Elle devient alors la laïcité ouverte. Mais en y accolant l’adjectif « ouverte », elle perd tout son sens. Il n’est plus tellement question de laïcité, mais bien seulement d’une version fade d’elle-même qui, si ça lui était possible, l’empêcherait de se regarder dans le miroir…

C’est une manière comme une autre d’instrumentaliser un concept pourtant clair : séparation de l’État et de la religion, avec tout ce que cela implique au niveau des institutions, particulièrement au niveau de l’éducation. Et il y a l’interculturalisme, comme le décrit Louise Mailloux, « Professeure de philosophie au Collège du Vieux Montréal, intellectuelle athée, féministe et laïque », dans son billet « L’interculturalisme: une imposture anti-laïque » :

En mars dernier, dans une entrevue au journal le Devoir, Gérard Bouchard affirmait que le débat sur la laïcité piétine, qu’un consensus semble impossible et qu’il conviendrait d’élargir ce débat en parlant d’interculturalisme. Deux mois plus tard, lors du Symposium international sur l’interculturalisme organisé par Gérard Bouchard et son église, ce dernier réclamait du gouvernement, une loi sur l’interculturalisme. Coïncidence ou non, les jeunes libéraux, réunis en congrès au mois d’août, réclament pour leur part, une loi pour définir la laïcité ouverte et demande à Jean Charest de créer un Office québécois d’harmonisation interculturelle.

La pilule de la laïcité ouverte ne passant pas dans la population, il faut donc l’enrober d’une gélatine afin qu’elle glisse tout en douceur. Une loi-gélatine sur l’interculturalisme, votée par l’Assemblée nationale, qui servirait  à imposer une politique de laïcité ouverte. Parce qu’ici, il ne faut pas s’y tromper, l’ouverture à la culture de l’autre, c’est l’ouverture à sa religion. Et que le respect de la diversité culturelle, c’est le respect de la religion.

Là où le bât blesse, c’est que deux blogues qui ont diffusé des extraits de ce billet l’ont introduit avec un texte où se trouvent ces mots, qui portent vraiment à confusion :

Leur seul travail consiste à infiltrer la religion des Autres dans nos institutions

Y a-t-il derrière ça le message que la religion catholique a sa place dans nos institutions, puisqu’elle ne vient pas « des Autres »? Si la laïcité sert seulement à repousser les autres religions pour laisser le champ libre au catholicisme, elle est aussi instrumentalisée. Et les deux blogues en question, ce sont « Poste de veille » et « République de Bananes », tous deux dans le même conglomérat de droite que « Pour une école libre au Québec », clairement pro-religion (en tout cas occidentale), pro-famille (je suis parent et je suis plutôt pro-choix de vie – et le nom de Jeff Plante derrière tout ça en dit déjà beaucoup) et soutenant la cause de la liberté d’expression sans limites des homophobes. Et sa participation à la campagne CLÉ montre clairement son parti-pris antilaïque, puisque cette coalition ne vise pas seulement le retrait de l’imposition obligatoire du cours « Éthique et du culture religieuse » aux jeunes, mais bien aussi à défendre certains parents et « leur indignation face à la perte de leur droit de choisir pour leurs enfants un enseignement moral ou religieux à l’école en accord avec à leurs croyances et leurs convictions. »

Il faut être logique. La laïcité va de pair avec l’idée d’État, qu’il soit minimal ou éléphantesque. On ne peut pas d’un côté défendre l’évacuation du religieux en appuyant les laïques et de l’autre participer au maintient de l’enseignement religieux dans les écoles, qui sont encore du ressort de l’État. C’est un double discours franchement tordu.

Et il y a une grosse différence entre avoir un parti-pris laïque et être contre l’islam (ce qui ressort clairement du blogue « Poste de veille »). Ce que les deux ont en commun, c’est d’être contre les tentatives de la religion d’entrer dans l’espace commun. Le premier met toutes les religions sur le même pied d’égalité. Le deuxième vise une religion en particulier, et c’est selon, tente par cela de magnifier les autres religions, du moins de leur redonner un peu de lustre.

Pour ma part, étant pro-laïcité, je suis également interpellé par toutes les tentatives d’intrusions de la religion dans la société, qu’elles viennent d’une ou l’autre. Étant donné que l’islamisme est en soi plus combatif, c’est tout à fait normal que ses tentatives d’intrusions soient plus évidentes, voire même spectaculaires : regardons l’exemple des dossiers de la charia ainsi que celui des voiles islamistes. Pour ce qui est du judaïsme, c’est beaucoup plus subtil, et ça semble se retrouver surtout du côté politique (le judaïsme ne cherchant pas à convertir). Pour ce qui est du catholicisme (et du protestantisme, par extension), la question ne se pose même pas, il a ici ses bases et joue de sa survie. Son combat est ainsi omniprésent.

La difficulté du laïcisme dans les débats publics, et surtout politiques, c’est que la guerre entre la gauche et la droite repose en partie sur des partis-pris religieux, même si pour certains c’est surtout en surface. Pour aller au plus simple, la droite se rallie au judaïsme et au christianisme, alors que la gauche se rallie à l’islamisme. Alors, un laïque qui pourfend l’islamisme se voit placé dans la case droite, et s’il pourfend quoi que ce soit en lien avec les deux autres, c’est dans la case gauche qu’il atterrit, nonobstant de sa réelle position. Rien pour simplifier le débat… Ma vision : la droite se sert de la laïcité comme je l’explique plus haut, la gauche s’aveugle des débordements de l’islamisme avec les bons sentiments, quelque chose qui ressemble à de la fraternité, de la solidarité, et où l’humain et sa religion sont à tort entremêlés (par exemple : supporter la cause de la Palestine et des habitants de la bande de Gaza — que l’on ne peut séparer de l’islamisme au niveau religieux — ne devrait pas pour autant donner le feu vert à leurs coreligionnaires…). Ainsi, dans le cas de la gauche, la laïcité est à la carte (une autre manière de dire « laïcité ouverte »).

Quoiqu’il en soi, la laïcité devrait servir à faire table rase des différences ethno-religio-culturelles, afin de mettre l’emphase sur le respect global. S’en servir pour mettre de l’avant ses intérêts, ce n’est pas très loin de l’ignominie.

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Le problème avec l’Islam et le multiculturalisme

  

Par Philippe David

Mon billet sur Anders Behring Breivik m’a valu quelques critiques, en particulier au sujet de ma position sur l’Islam et le multiculturalisme. Permettez-moi donc de préciser ma pensée à ce sujet.

L’islam politique

Le problème ne provient pas de l’Islam en tant que religion, il provient plutôt de l’Islam en tant que mouvement politique. Nous ne voyons que très peu de l’aspect spirituel de l’Islam, qui est en réalité très proche du christianisme et du judaïsme et partage une source commune avec ces deux religions. Aussi n’est-il donc pas surprenant d’y retrouver également des valeurs communes de dévotion à Dieu, de charité et de bonne volonté envers ses proches. Je ne nierai donc pas que ces valeurs existent dans le cœur de tout bon musulman. Mais l’Islam n’a pas encore eu son ère des lumières.

Il y a de cela quelques siècles, les chrétiens n’étaient pas très différents des musulmans. Il n’existait que peu de distinction entre l’Église et l’État et même les rois les plus puissants puisaient la légitimité de leur pouvoir temporel de l’autorité spirituelle de l’Église et s’inclinait devant le Pape. Ainsi il en est encore de l’Islam aujourd’hui. Dans le Coran et les Hadith, on retrouve des passages dictant les comportements que tout bon musulman doit adopter dans absolument tous les aspects de sa vie. Ce qu’il doit manger ou ne pas manger, boire ou ne pas boire, comment gérer ses finances ou comment vivre sa vie politique. Il n’existe pas vraiment de distinction entre le temporel et le spirituel.

Une apostate notoire de l’Islam, Ayan Hirsi Ali, décrit la différence entre la mentalité musulmane et la mentalité occidentale en décrivant la mentalité musulmane comme une philosophie de « l’au-delà », alors que celle de l’occident est une du « ici et maintenant ». Pour le musulman, la vie n’est qu’un court passage en chemin vers la vie éternelle. Ce passage transitoire est un test d’admission. Tous les musulmans ont un ange sur l’épaule gauche qui écrit dans un livre tous les actes proscrits (haram) que commet le fidèle commet, tandis qu’un autre sur son épaule droite écrit les bons gestes (halal) qu’il pose durant sa vie. Pour réussir le test, il faut que le fidèle ait un livre droit plus épais que le livre gauche. Puisqu’il s’agit de préserver l’âme éternelle des fidèles, toute les pratiques coraniques n’existent que pour garder les fidèles loin du péché, d’où les châtiments cruels de la Chariah. Allah est très exigeant de ses fidèles. Essayez de prier cinq fois par jour ou abstenez-vous de manger ou boire du lever au coucher du soleil pendant tout le mois d’Août et vous serez convaincu que pour être un bon musulman, il faut soit avoir une très grande foi ou être totalement timbré.

Par contraste, les chrétiens ne vivent pas pour l’au-delà. Ils y croient, mais ils ne sacrifient plus leur vie sur terre pour y parvenir. Plus maintenant. Nous croyons important de profiter de notre séjour sur terre pour y vivre heureux. Nous ne croyons plus qu’il soit nécessaire d’infliger des punitions cruelles pour tenir les gens sur le droit chemin. Nous ne croyons plus que la légitimité de l’État provient de Dieu et que par conséquent, l’État ne représente pas Dieu, il représente le peuple et est supposé tirer sa légitimité du consentement des gouvernés. Puis qu’il représente le peuple, il représente aussi ses traditions et ses valeurs comme la liberté individuelle de libre-expression, de conscience et de religion. L’État, s’il doit en avoir un, est sensé protéger ces droits et non les bafouer. Il ne devrait donc pas être surprenant qu’entre l’Islam et l’Occident, il y ait un choc de cultures.

La religion peut être un puissant outil de manipulation des foules. Convainquez des gens qui ne cherchent qu’à se soumettre à Dieu que ce que vous leur demandez de faire est la volonté de Dieu et ils feront tout ce que vous voudrez. Il n’y a qu’à regarder l’époque où l’Église catholique dominait la politique québécoise. Il en est de même de l’Islam. Certains groupes au sein de l’Islam se servent de cette religion pour servir un agenda politique. Ils désirent voir un jour l’Islam dominer le monde, à la pointe de l’épée si nécessaire. Cet agenda politique est totalitaire. Il vise à créer un califat mondial. Il est moyenâgeux. Il désire instaurer la loi de la Chariah partout. Il est misogyne. Il veut reléguer les femmes au rôle de citoyen de seconde classe. Il est homophobe. Il soutient que les gais et lesbiennes soient mis à mort. Il est intolérant. Il ne tolère aucune autre religion. Bref, cette idéologie veut réduire le monde à exactement le même genre de servitude qui existe en Arabie Saoudite. Aussi ne devrait-il pas être surprenant que ce soit le royaume des Saud qui finance en grande partie ces activités.

En Amérique du Nord, nous sommes lois d’être étrangers à l’immigration. Le Canada et les États-Unis ont été bâtis au fil des vagues successives d’immigration et dans les 400 dernières années, aucun groupe d’immigrants n’a posé de réel problème d’intégration, sauf les musulmans. Dites-moi, pourquoi des immigrants qui seraient supposément venus émigrer dans un pays pour ce qu’il a à offrir, voudraient ensuite transformer leur pays d’accueil pour qu’il ressemble plus au pays qu’ils ont quitté? N’aurait-il pas été plus facile de rester chez eux? Je ne parle pas ici de simplement pratiquer leur foi, parler leur langue entre eux ou introduire leur cuisine ou certaines traditions, mais vouloir modifier le système légal et les institutions publiques pour les accommoder. En d’autres mots, pourquoi les musulmans quitteraient-ils le Dar al Islam pour islamiser ensuite leur pays d’accueil? À Londres, des militants islamistes ont même tenté de délimiter des zones de la ville comme étant sous le contrôle de la Chariah. Pourtant la population musulmane de la Grande-Bretagne ne compte que pour environ 5% de la population, mais déjà ils tentent de contrôler certaines régions où ils sont concentrés. Il n’existe qu’une réponse à la question « pourquoi essaient-ils de transformer leur pays d’accueil? » La réponse est qu’ils sont en train de nous coloniser.

Farfelu? Pas tant que ça. Les amérindiens se sont fait faire le même coup. Au départ, ils ont innocemment accueilli les européens en amis, pour être ensuite submergés par les vagues d’immigration, quasi exterminés et relégués sur de petits lopins de terre dans lesquels ils ne peuvent pratiquer que peu d’activités économiques pour se soutenir à part le jeu et la contrebande. Ils n’ont jamais su ce qui les a frappés. Les européens les ont dominés par les nombres et les armes et leur ont imposé leur culture et leurs institutions. Pourquoi les européens l’ont-ils fait? Tout simplement à cause d’une forte réduction de la mortalité infantile qui a amené un boum démographique en Europe. De nos jours, quelle culture profite d’un boum démographique similaire? Je vous donne un indice : Ça commence avec un « I » et ça se termine en « slam ». Pendant ce temps les démocraties occidentales sont en voie de dépopulation. Mark Steyn s’est fait poursuivre devant trois de nos commissions des droits de la personne pour avoir émis ce simple constat. Pourtant, les mathématiques sont simples quand on considère que dans la plupart des pays musulmans le taux de fécondité dépasse 6 enfant par femme et que dans l’Occident, seul les États-Unis arrivent à maintenir le taux de maintient d’une population de 2,11. En Europe, le taux de fécondité des non-musulmans se situe autour de 1,2. Donc ils sont jeunes et de plus en plus nombreux, tandis que notre population est vieillissante et en déclin. Sans vouloir justifier les geste d’Anders Behring Breivik, ses craintes au sujet de l’islamisation de l’Europe sont bel et bien réelles.

Donc si on prend pour acquis le but avoué des islamiste, qui est d’établir un califat mondial, nous sommes effectivement en train de nous faire coloniser et chaque acte des islamistes doit être interprété comme ayant ce but ultime en tête. Que ce soit pour la ségrégation hommes/femmes dans des piscines, le port du hijab dans les institutions publiques ou de faire enlever une crèche du hall d’entrée d’un hôpital, tous ces actes de militantisme ont pour but de nous faire plier et abandonner nos propres valeurs. Toutes ces demandes se succéderont pour finalement nous faire accepter la Chariah en l’intégrant graduellement dans notre système légal. Tant que nous acceptons, ils s’enhardissent et demandent plus. Quand nous commençons à leur résister, ils haussent le ton et commencent à utiliser la violence. La tactique ressemble franchement à celle d’un bambin de 2 ans qui pique des crises quand il veut un jouet au magasin. Si les parents cèdent et lui achètent, il recommencera le numéro. Si les parents cèdent de façon constante, et qu’ensuite, ils tentent de résister, les crises gagneront en intensité puisque le bambin sait qu’ils finiront par céder s’il crie plus fort. C’est exactement ce même mode d’opération qu’on voit chez les islamistes et plus ils seront nombreux, pire ce sera.

Le multiculturalisme

Ce que le multiculturalisme professe, grosso modo, est qu’aucune culture n’est supérieure à une autre , elles s’équivalent toutes et que nous devons par conséquent être tolérants des différences culturelles des autres et les accepter. C’est bien intentionné, mais c’est faux. Certaines valeurs sont supérieures à d’autres. En occident, nous avons menés de grands combats pour ces valeurs comme l’égalité des sexes, l’égalité des races, la liberté de religion, la liberté de conscience et la liberté d’expression. Ces valeurs de la société occidentale devraient être sacrées et non-négociables dans toute démocratie occidentale, mais les croyances des islamistes sont diamétralement opposées à ces valeurs. C’est bien d’être tolérant envers l’autre, et personnellement je n’ai aucun problème à ce que l’autre pratique la religion de son choix, mais je n’ai aucun désir de me faire imposer cette religion, en particulier si elle est opposée à mes propres valeurs.

Or, c’est exactement ce que les islamistes tentent de faire. Ils exigent notre tolérance, mais ils ne sont aucunement tolérants envers nous. Ils utilisent notre concept de liberté de religion pour nous imposer leurs croyances. En Europe, ils ont commencé à envahir l’espace public, en bloquant des rues complètes pour la prière. Ce genre de comportement serait-il toléré des chrétiens ou des juifs en Dar al Islam? Absolument pas! Les juifs et les chrétiens doivent pratiquement se cacher pour pratiquer leur religion en territoire musulman et à certains endroits, les églises et synagogues sont interdites. La tolérance est un chemin à deux voies. Dans le cas des islamistes, nous les tolérons, mais ils ne nous tolèrent en aucune façon. Ils ne cessent de dire que nous sommes une société décadente et ils rejettent d’emblée toutes nos valeurs. Devons-nous alors renier nos propres valeurs au nom de la tolérance? Moi je dis non! Je crois que cette position est parfaitement raisonnable. La tolérance n’est pas le déni de soi ou de ses valeurs fondamentales. Nous n’avons pas à nous excuser de qui nous sommes et nos valeurs sont justes et elles méritent d’être défendues.

Beaucoup incorporent le combat contre l’islamisme dans le schéma gauche-droite en étiquetant ceux qui s’opposent à l’islamisme et au multiculturalisme « d’extrême-droite » alors que ce n’est pas un combat gauche-droite du tout, mais un combat occident/anti-occident. Si vous chérissez les valeurs occidentales de liberté d’expression, de liberté de conscience, de liberté de religion, d’égalité des sexes, d’égalité raciale et d’égalité devant la loi, il ne devrait faire aucun doute dans quel camp vous devriez vous situer. Pourtant, il semble que la gauche ait choisi, au nom de la tolérance, le mauvais camp . En faisant ce choix, mes amis gauchistes se font les idiots utiles de l’islamisme. Ils signifient qu’en réalité, nos valeurs, pour certaines desquelles ils ont eux-même combattu (pensons à l’égalité des sexes, par exemple), ne sont pas supérieures à celles des islamistes et qu’il serait tout à fait acceptable de vivre sous la Chariah. Je crois qu’ils font une grave erreur. Nos valeurs sont supérieures et non-négociables et elles doivent à tout-prix être défendues. Ce n’est aucunement un signe de xénophobie ou d’intolérance de défendre ses propres valeurs et de se faire respecter. Pour obtenir le respect des autres, il faut d’abord se respecter soi-même, Si nous ne nous battons pas pour notre culture et nos valeurs, personne ne le fera à notre place et ironiquement, ceux qui se font les plus ardents défenseurs de la culture québécoise contre les « méchants anglais » sont aussi ceux qui sont le plus vite à faire la carpette devant les islamistes, qui sont une bien plus grande menace à la culture québécoise que les anglais le seront jamais. Telle est le manque de cohérence de la gauche nationaliste au Québec. Les islamistes parlent français, alors qu’importe si leurs valeurs sont diamétralement opposées aux nôtres et qu’ils soient disposés à mourir pour faire prévaloir leurs valeurs au détriment des autres?

Le jeu des islamistes est de nous amener à nier nos propres valeurs pour nous faire avaler les leurs. Ne jouons tout simplement pas à ce jeu et refusons tout accommodement contraire à nos valeurs. Un immigrant est supposé respecter sa terre d’accueil, s’il ne la respecte pas, et qu’ils y est si malheureux et qu’il ne peut pas accepter nos valeurs, dans notre pays il dispose de toute la liberté de s’acheter un billet d’avion et d’aller là où les valeurs du pays coïncident avec les siennes.

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Suggestions de lecture:

The trouble with Islam Today – Irshad Manji

Infidel – Ayaan Hirsi Ali

America Alone – Mark Steyn

Ma vie à contre-Coran – Djemilah Benhabib

Shakedown – Ezra Levant

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La violence à l’extrême

 

La prémisse même de toute idéologie et que ce qu’elle enseigne est vrai et que tout le reste doit forcément être faux. On peut donc conclure que toute idéologie poussée à l’extrême peut mener à la violence. Personne ne peut avoir le monopole de la vertu et la minute que l’on commence à croire que nous avons ce monopole, il devient tentant d’utiliser la violence pour mâter ses opposants. Anders Behring Breivik est certainement un exemple d’idéologie à l’extrême, couplée avec une tendance psychopathe. Malgré ce que les médias rapportent, cette idéologie est plutôt confuse d’ailleurs. Mais on s’est empressé de l’affubler d’étiquettes comme « fondamentaliste chrétien » et « extrême-droite », presque avec abandon. Ces mêmes médias associent aussi fréquemment cette étiquette d’extrême-droite et fondamentalisme chrétien aux Parti Conservateur, à la droite américaine, aux Tea Parties, aux libertariens et par la bande, à des organismes comme le RLQ. Et hop, nous voilà tous coupables par association d’un carnage insensé causé par un psychopathe.

Ce genre de raccourci intellectuel est la marque de commerce des médias traditionnels. Quoi de mieux pour traîner ses adversaires idéologiques dans la boue que des les associer à un carnage? Cependant, c’est de l’ignorance crasse. Tout comme pour Jared Loughner, la paresse intellectuelle pousse les médias à sauter aux mauvaises conclusions. Ainsi on avait aussi mis la droite américaine au banc des accusés pour cette tuerie, alors que le tueur n’y a jamais été affilié. Les médias qui ont à tort, accusé Sarah Palin ou Rush Limbaugh d’être responsables pour la fusillade en Arizona ce sont-ils rétractés par la suite? Non, pas plus qu’ils ne se rétracteront maintenant. Gageons maintenant que si quelqu’un s’avise de critiquer l’Islam ou le multiculturalisme, il sera irrémédiablement associé à ce malade. Pourtant, il est certainement légitime de critiquer une religion qui est mue par une idéologie totalitaire et moyen-âgeuse, qui relègue les femmes à un statut de citoyen de seconde classe et qui inflige des châtiments barbaresques tels que la lapidation, la décapitation, l’amputation et la bastonnade pour des offenses allant de l’adultère à l’homosexualité. Il est aussi franchement légitime de critiquer toute politique qui considérerait qu’une culture basée sur ces préceptes puisse être équivalente à la nôtre et que nous devrions l’accepter béatement et nous y adapter.

Malgré ses tendances islamophobes et anti-multiculturalistes et anti-rectitude politique, l’étiquette d’extrême-droite est difficile à soutenir quand dans son manifeste, il cite quasi-verbatim des longs passages du manifeste de Ted Kaczinsky, mieux connu sous le sobriquet de « Unabomber », pourtant notoire de l’extrême-gauche. Il se disait chevalier d’un ordre pourtant défunt depuis l’an 1312 et était aussi un franc-maçon. Son manifeste est un amalgame de contradictions. Il semble tout simplement utiliser diverses idéologies pour justifier sa psychose. Anders Behring Breivik était un loup solitaire détraqué qui n’est ni vraiment à droite, ni vraiment à gauche.

Étant donné l’étiquette qu’on a trop facilement collé à Breivik, il ne sera pas surprenant que certains sortent l’épouvantail du terrorisme d’extrême-droite, seulement, pour remettre les choses en perspective, je vous laisse tirer vos propres conclusion quant au danger que représente cette menaçante extrême-droite avec ce graphique produit par l’agence policière Europol des attentats terroristes des deux extrêmes du spectrum politique:

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Quelque soit la cause, la violence n’est jamais la solution. La violence est le recours de celui qui n’a plus d’arguments pour exprimer ses idées. Il peut alors soit appliquer la violence directe, ou par le biais de l’État, en faisant du lobbying, mais le résultat est le même au bout de la ligne: il y a violence ou menace de violence. Le libertarianisme est en fait, la seule idéologie qui dénonce la violence sous toutes ses formes, qu’elle soit légalisée ou non. Notre pacifisme nous rend résolument contre l’État, qui est l’incarnation de la violence organisée dans notre société. Nous ne croyons qu’en une seule chose: la coopération paisible entre individus. La violence et la haine ne fait que générer plus de haine et de violence. Le redressement d’un supposé tort par la violence ne fait que nous descendre au niveau de notre agresseur. L’usage de la violence discrédite irrémédiablement toute idée que vous défendez. Breivik dit dans son manifeste avoir été intéressé par le libertarianisme, mais l’a rejeté parce qu’il était en contradiction de ses instincts nationalistes. Dommage. S’il avait embrassé le libertarianisme comme philosophie personnelle, il n’aurait pas pu faire ce qu’il a fait sans renier tous ses principes.

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Dans la mire d’Anders Behring Breivik

Par Renart Léveillé

J’ai bien fait de ne pas trop commenter à chaud le « gauchocide » d’Anders Behring Breivik. Parce qu’avec les infos que j’ai pu grappiller çà et là, je me suis permis ce discutable statut Twitter :

Le gros problème avec #AndersBehringBreivik, c’est qu’il s’est mis sur la même balance de religiosité que les musulmans extrémistes.

Par contre, je ne renierai pas ces deux-là :

L’extrémisme est toujours le fléau de déshumaniser les questions sociales. #AndersBehringBreivik

Les apôtres du multiculturalisme doivent jubiler en ce moment… #AndersBehringBreivik

Alors voilà, après avoir lu un peu plus sur le sujet, je ne crois plus que les gestes d’Anders Behring Breivik étaient de nature religieuse (donc en lien avec l’épithète de « fondamentaliste chrétien » qu’on lui a prêté), même si cela me confortait agréablement dans ma haine des extrémismes que permet l’adhésion fanatique à une religion. (Sa vidéo « Knights Templar 2083 » est remplie de références à la chrétienté, mais je crois qu’il faut l’analyser plus dans un sens culturel. Aussi, peut-être, dans l’optique symbolique d’un combat entre le Bien et le Mal : le Mal étant représenté par la religion musulmane, toujours actuelle, le Bien, étant représentée par l’image des croisades, bien sûr moyenâgeuses.)

Non, il semble que tout soit plutôt relié à l’immigration musulmane que soutien le multiculturalisme norvégien. Alors oui, peut-être, nationalisme, conservatisme, extrême-droite dans ce sens-là, mais il faut faire attention, comme le souligne l’Antagoniste, de ne pas mêler les libertariens à ça, même si on a l’habitude de les classer à droite…

Et même, je me permets un bémol encore plus grand en mettant tout mon poids dans la balance. Je ne me cache pas d’être contre le multiculturalisme, tout comme Anders Behring Breivik, mais à la mesure de ma réalité francophone et américaine (et je ne crois pas avoir besoin de spécifier que je condamne comme la plupart les moyens qu’il a pris pour se faire entendre). Pourtant, je ne me considère pas nationaliste, ni conservateur, encore moins d’extrême droite. De ce fait, n’y a-t-il pas quelque chose qui cloche dans ce désir d’expliquer cette tragédie en pointant systématiquement le nationalisme, le conservatisme et l’extrême droite alors que tout pointe l’antimulticulturalisme? Alors que l’antimulticulturalisme est tout à fait capable d’être sans se faire cannibaliser? Il y a des amalgames qui semblent évidents, mais qui ne le sont pas. Ainsi, est-ce que cette tuerie serait l’instrument idéal pour donner le coup de grâce à la critique antimulticulturaliste?

Aussi, il y a la théorie qui va dans le sens que ces gestes seraient en lien avec le sionisme, ce qui met de la chair autour de l’os de l’accusation d’islamophobie. Et quand on ajoute à cela le fait qu’il soit franc-maçon, ça sent la position pro-Israël à plein nez… Pourtant, au Québec, nos médias « mainstream » n’ont aucunement soulevé cette possibilité (pour m’en assurer, j’ai fait des recherches sur Cyberpresse, Radio-Canada.ca et Canoë avec le nom du tueur, ainsi que les mots-clés « Israël », « sioniste » et « sionisme », sans aucun résultat concluant). L’ami qui m’a propulsé sur cette piste me disait que c’est pour cette raison que les autorités norvégiennes ont voulu le huis clos, prononcé bien sûr par le juge. Quoi qu’il en soit, cela donne le beau jeu à tous de tirer la couverture de son bord, puisqu’il y a un manque flagrant de transparence. Ce qui est dommage, puisque cet événement est éminemment important.

Mais s’il faut se poser la question « quoi sert qui? », la réponse ne pourrait qu’être nébuleuse. Même en lisant la totalité du document de 1500 pages, ce qui est bien sûr le contraire de la concision… Alors, je ne tenterai pas ici de proposer la mienne. Tout ce que je peux faire, c’est constater que la dynamique inscrite depuis septembre 2001 prend une tout autre allure alors que l’air du temps semble faire germer ce qu’on appelle le « loup solitaire ».

Dans un monde complexe comme le nôtre, il était peut-être temps de constater que l’« ennemi » est réellement d’un flou désarmant.

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Quebecor = contrôle de l’information?

Parfois, l’actualité ne cesse de nous titiller. Après avoir fait des démarches sur un sujet, j’ai abandonné, et puis là, je m’y remets, armé de quelque chose comme une coïncidence.

Gilbert Lavoie du Soleil soulève un doute sur le contrôle que ferait Quebecor de l’information. À la base, il s’agit d’une chronique d’Éric Duhaime « dénonçant la position d’Amir Khadir sur le Plan Nord ». Les faits :

Vendredi soir, Quebecor a d’abord publié, puis retiré de son site canoe.ca un texte du journaliste Taïeb Moalla donnant la réaction de Khadir à cette chronique. Censure? La question a vite fait le tour des réseaux sociaux.

Ce même doute, je l’ai eu voilà pas si longtemps alors que je cherchais à retrouver une vidéo d’un segment d’une émission de Jean-Luc Mongrain. Cet extrait avait fait le tour de la blogosphère et des médias sociaux, même Patrick Lagacé en avait parlé :

Montée de lait épique de Jean-Luc Mongrain, de LCN, sur le contrôle médiatique du Parti conservateur. La méthode qui « sent le totalitarisme », selon Mongrain. Exagération, bien sûr, sauf que l’exagération est peut-être la seule réponse possible au délire conservateur, démontré avec panache par l’animateur, images à l’appui : on voit des journalistes se faire tasser par des taupins du Parti, pour les empêcher de poser des questions.

Là où le bât blesse, c’est que la vidéo a été retirée du site YouTube depuis. Et, pour avoir fait le tour du site de l’émission Mongrain, j’ai pu remarquer que toutes les vidéos sont maintenant hébergées directement sur le site (ce qui semble le rendre plus lent, en plus), mais aucune trace du populaire extrait, ni de toute vidéo hébergée sur YouTube (il y a maintenant plutôt de très courtes capsules, sortes de pubs pour l’émission, ainsi que des entrevues). J’ai pris la peine de faire une demande de renseignement via un formulaire sur le site, sans autre réponse qu’un message formaté me promettant une réponse.

Je sais que c’est bien mince, mais on parle quand même d’un changement advenu pas très longtemps après la montée en épingle virale de ladite vidéo. Oui, il reste encore une entrée de blogue en date du 7 avril où les propos de l’émission sont synthétisés, mais il n’y a rien comme des images pour convaincre du sérieux d’un propos. Justement, je la cherchais, à la veille de la dernière élection fédérale, pour prouver à un utilisateur Twitter que le Parti Conservateur s’appliquait manifestement à contrôler les médias.

Personne ne tombera des nues si j’écris que le lien est facile à faire avec le penchant idéologique que prend Quebecor, via ses médias, vers la droite. Alors, magnifier la parole d’Éric Duhaime en supprimant la réplique va tout à fait dans ce sens. Et, à moindre mesure, supprimer du web cet extrait d’émission rend un tout petit petit service à notre nouveau gouvernement canadien de droite, quelle que soit la raison d’effacer ces archives disponible pour le public. Parce que ce n’est pas rien de le faire, dans un contexte où la transparence est de plus en plus importante, socialement.

Je le répète, mon doute ne tient pas sur grand-chose. Et c’est bien pour cette raison que j’avais décidé de ne pas écrire là-dessus. Mais cette histoire soulevée par Gilbert Lavoie agit comme le faisceau d’une lampe de poche pour mettre cette autre en lumière.

Les doutes ne sont bien sûr pas des faits, mais s’ils continuent de s’accumuler, ça deviendra de plus en plus inquiétant.

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Canada : Parti Conservateur – Québec : Nouveau Parti Démocratique

Par Renart Léveillé

(Ce billet a été publié originalement sur mon blogue vers la fin de la soirée électorale. Une mise à jour suivra.)

Je suis évidemment très déçu des résultats de cette dernière élection fédérale avec cette majorité conservatrice. Et le scénario de la chute du Bloc, que je craignais depuis la précédente élection, est avéré.

Par contre, pour un souverainiste comme moi, cela ressemble à quelque chose comme des conditions gagnantes. Le Québec est balayé par la victoire du NPD, qui est sans conteste un parti de gauche, contrairement au Bloc, qui, parce qu’il était centré sur la souveraineté, pouvait quand même accueillir le vote de droite. Et le Canada, plutôt le ROC, a donné majoritairement sa confiance à un parti manifestement à droite.

Dans le fond, nous étions mieux servis avec le Bloc (peut-être trop d’ailleurs…) que nous le serons avec le NPD centralisateur, bien que de gauche. Cela nous donnera plus de raisons de remettre en question ce grand pays qui semblera de moins en moins fait pour nous.

Non, malgré ce que pensent certains fédéralistes québécois, cette élection n’est pas un référendum contre la souveraineté…

(Mise à jour)

L’histoire de Ruth Ellen Brosseau, candidate-poteau pour le NPD, donne à penser que l’exercice démocratique peut vraiment surprendre et surtout, démontre les ratés de notre système.

Pour ce qui est du parlementarisme, ce n’est pas bien difficile à voir, juste quand on compare les résultats de cette élection avec ce à quoi ils ressembleraient avec un système de style proportionnel (pour aller au plus simple, les Conservateurs ne seraient pas majoritaires). Aussi, il est bien évident qu’on a ici le pire cas de montée d’un parti en raison du culte du chef, où le lien candidat-comté est des plus absurdes (du genre de téléreporter une candidate unilingue anglophone dans un comté très francophone et de la voir se faire élire…).

Et c’est notre bon fédéralisme qui permet tout ça…

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