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Les agrocarburants qui alimentent l’exclusion

Quand on compare les mérites des agrocarburants à leurs désavantages, il nous vient vite à l’esprit leur rôle dans la crise alimentaire ou les sérieux doutes sur la diminution réelle des gaz à effet de serre qu’ils entraîneraient. On oublie cependant trop souvent un troisième aspect : la dépossession de leur terre dont sont victimes de nombreux petits propriétaires terriens à travers le monde. Une récente étude de l’International Institute for Environment and Development – Fuelling exclusion? The biofuels boom and poor people’s access to land – attire l’attention sur cette face cachée de la filière de ces carburants dits propres.

Là où on laisse jouer les «lois du marché», ont constaté les auteurs de l’étude, c’est plutôt la loi de la jungle qui prévaut. Les petits paysans perdent carrément l’accès à la terre au profit des producteurs d’agrocarburant que ce soit en Afrique, en Asie ou en Amérique latine.

En revanche, les auteurs ont trouvé des cas où les petits producteurs ont pu profiter de ce nouveau marché pour améliorer leur sort.

Comment expliquer qu’il y ait des perdants et des gagnants? Il semble que les gouvernements ont un rôle clé à jouer en assurant qu’il y a de solides garde-fous protégeant les petits producteurs.

Le fait pour les producteurs d’être regroupés n’est pas étranger non plus à leur capacité de profiter des marchés. Des modèles alternatifs à celui de la très grande propriété foncière sont tout à fait viables, pour peu qu’on leur donne la chance de se développer.

Les ONG et autres organisations de la société civile peuvent aussi être d’excellents chiens de garde contre des décisions qui défavorisent les petits propriétaires fonciers et la population en général (dans ce dernier cas en la rendant dépendante des marchés internationaux pour se nourrir convenablement).

En somme, il faut cultiver la démocratie participative pour récolter le mieux-être collectif.

Faut-il pour autant accepter les agrocarburants?

L’étude au format PDF (en anglais)

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Classé dans environnement, Michel Monette

L’occasion ratée

Jusqu’à la dernière minute, mardi soir dernier, je me suis demandé si j’allais le regarder ou non, le débat des chefs. Puis je me suis dit «pourquoi pas»? Qu’avais-je à y gagner? Rien. Je savais, et je sais toujours pour qui je vais voter. Qu’avais-je à y gagner? Rien non plus, mais au moins je les aurais entendus, ceux pour qui je ne vais pas voter. Je ne regrette pas. D’autant plus qu’en prime, j’ai pu les voir rater la réponse à LA question de la campagne.

Un peu partout autour de moi, le lendemain, amis et collègues se plaignaient de l’allure «foire d’empoigne» du débat. C’est un style que je ne déteste pas, mais je comprends que ça rend difficile, pour plusieurs, de suivre le fil des échanges.

Au fond, ce n’était pas tant le débat lui-même qui comptait que son impact sur l’intérêt envers la campagne électorale. De ce côté, si je me fie aux réactions dans les blogues de la Capitale, cet intérêt est demeuré au beau fixe. C’est-à-dire pas très élevé.

Je crois bien que cette campagne électorale va passer à l’histoire : jamais n’aura-t-on vu un tel désintérêt envers la «chose politique». Est-ce uniquement parce que les Québécois ont la tête ailleurs et que le petit tour de passe-passe du parti libéral les laisse plutôt indifférents? Après tout, moins il aura d’électeurs le 8 décembre, plus le parti au pouvoir a des chances de récolter les comtés.

Peut-être bine, après tous, que ce n’est pas de l’indifférence.

C’est au moment où les trois chefs ont répondu à LA question, celle sur ce qu’ils ont à nous offrir comme projet de société, que j’ai réalisé à quel point le problème pourrait bien venir d’eux et d’elle.

Aucun n’a su se démarquer en proposant un projet de société emballant. Les trois nous ont plutôt montré qu’ils veulent tout juste être de bons intendants. En attendant Godo.

Pourtant, il y en avait un beau projet de société à nous offrir, un qui ne demande qu’à être lancé par le parti politique qui aura enfin compris l’ampleur du défi qui nous attend pour les vingt ou trente prochaines années : réussir le passage d’un société de gaspillage à une société de conservation (certains parlent de durable, mais pour ma part je préfère mettre l’accent sur l’état d’esprit qui doit nous habiter que sur le résultat d’un tel état d’esprit).

À l’aube d’une récession qui pourrait se prolonger pour devenir dépression, l’expression «Green New Deal» image bien un tel projet de société.

Qu’attendons-nous ici pour l’entreprendre, ce grand chantier de rénovation dont l’éducation – la réponse venue spontanément à Mario Dumont et reprise à la volée par Pauline Marois – est une composante clé.

Changer les mentalités, changer les habitudes, changer les comportements, changer les manières de faire, bref, changer en profondeur le Québec. Ça, ça serait emballant comme projet de société! Pas nous ressortir la vieille rengaine de la «croissance économique» avec un slogan du style Go North Young Quebecers.

Mais peut-être avez-vous un autre projet tout aussi emballant en tête? On pourrait comparer, juger, choisir. Ça manque vraiment dans cette grisâtre campagne électorale.

PS.: je ne voterai pas Vert. Ce n’est pas bien sorcier pour vous de deviner à quel parti ira mon vote. Je vous expliquerai pourquoi.

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Classé dans Michel Monette