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Impôts aux entreprises : fiction et réalité

Je vais faire ici un peu de politique-fiction. Pas dans le sens d’un scénario avec une histoire, des protagonistes, etc., mais dans le sens d’une anticipation théorique. Et sans désir, bien entendu.

En lien avec une étude du stratège géopolitique de la Financière Banque Nationale Pierre Fournier, je discourais voilà pas si longtemps dans un billet de la mondialisation du marché du travail qui est en train de fragiliser nos sociétés occidentales par les pertes d’emplois qu’elle occasionne, pour y aller au plus simple. Tout cela est franchement sujet à débat, mais ce n’est pas le but ici.

D’un autre côté, une partie de la population — ceux que j’ai déjà nommés bien « amicalement » les éconocentrophiles — voudrait bien que les gouvernements abolissent les impôts aux entreprises pour encourager l’économie, et je me dis qu’il faudrait bien lier ces deux points.

Donc, voilà, dans le cas où collectivement nous arrivions à la conclusion que les entreprises ne devraient pas payer directement d’impôt (il faut rappeler que c’est de la fiction, puisque si ça arrive, c’est clair que cela nous sera imposé), je crois que ce cadeau devrait être conditionnel. Et j’espère que vous me voyez venir!

L’idée serait que dans le cas où une entreprise d’ici ferait de la sous-traitance dans un autre pays, il y aurait une pénalité en impôt à payer en lien avec le nombre d’emplois perdus (ou non créés) ici. Je n’irai pas jusqu’à échafauder un système vraisemblable pour ma démonstration, mais il faut quand même comprendre que le but serait de faire en sorte qu’il ne soit pas bon marché pour une entreprise de déménager une partie de ses emplois ailleurs. Si une entreprise fait du profit avec ses activités ici (et qu’en plus elle ne paye pas d’impôts), je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas la pénaliser dans ce sens.

Rendu-là, c’est certain que nos éconocentrophiles trouveraient le moyen de pointer la chose comme étant du protectionnisme malsain, parce que pour eux la mondialisation est la perfection incarnée, et la liberté entrepreneuriale est au-dessus de toute liberté, surtout celle des individus!

Voilà pour la fiction. Même si la fin est manifestement bâclée…

Donc, j’aurais bien pu terminer ce billet là-dessus, mais je vais transformer cette fiction en réalité, du moins du côté de la vraisemblance et en lien avec le contexte actuel.

C’est simple, la prochaine fois qu’un gouvernement considérera abaisser le taux d’imposition des entreprises, il devrait le faire seulement pour les entreprises qui n’ont jamais transféré d’emplois dans d’autres pays, qui ne font affaire qu’avec des employés d’ici, selon des barèmes tenant en compte les types d’entreprises, si ce sont des multinationales, etc.

Pour qu’un jour ça ne soit plus rentable d’être infidèle au pays qui nous permet de bien brasser des affaires. Parce que dans le fond c’est bien ça la pratique de la délocalisation, c’est un flagrant manque de loyauté au nom du profit!

Mais bon, la loyauté, mis à part pour les employés, ce n’est tellement pas une valeur importante…

(Photo : rangerrick)

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La fin de l’Âge du Labeur


Dans le sillage de la crise financière en marche et du chômage qui en découle, on voit poindre à nouveau maintenant les interrogations sur l’évolution de la main-d’œuvre qui réapparaissent de temps en temps et qu’on fait tout pour faire oublier.  Il faudrait peut-être, cette fois, faire le point avec lucidité. La révolution industrielle nous a apporté l’abondance… et le chomâge.

Le chômâge qui vient de notre manque d’imagination pour réaffecter une RESSOURCE précieuse – la main-d’œuvre – à des tâches utiles, sans provoquer l’opposition féroce de ceux qui, par leur propriété du capital, ont la main mise sur la production, donc sur la richesse, donc sur la gouvernance.   Mais cette opposition n’est pas invincible… et n’est même pas inévitable…

On est maintenant dans une économie tertiaire où le capital humain a la primauté sur le capital matériel. Pas par quelque grandeur d’âme d’un quelconque providence, mais par la simple et rigoureuse logique de la rareté respective de ces deux facteurs et des contraintes techniques à leur appropriation.  C’est la logique du marché qui soumet le capital au travail. On doit en tirer les dix  (10) conclusions en sorite qui s’imposent, quant à un inévitable transformation de la nature et du rôle du travail dans la production

1. Les emplois dans le secteur industriel doivent disparaître pour assurer la productivité: le travail de jadis, ce sont maintenant des machines qui le font et elles peuvent produire bien plus que nos besoins matériels l’exigent. La haute technologie ne créera qu’un nombre relativement minime d’emplois et, si un investissement en équipement n’est pas rentable, c’est le travail à vil prix des pays en voie de développement qui prend la relève.

2. Nous n’avons donc besoin que de moins en moins de travailleurs industriels. Ce dont nous avons besoin, désormais, c’est de produire plus de services dans les secteurs éducation, santé, culture, loisir, sécurité, communications, distribution, et d’assurer la gestion courante et le progrès de notre économie et de notre qualité de vie.

3. Même dans le tertiaire, les emplois répétitifs vont de plus en plus être confiés à des ordinateurs et la hausse de notre niveau de vie, qui découlera de la rationalisation du secteur industriel, rentabilisera la programmation de toute une gamme de services « simples », éliminant encore d’autres emplois.

4. Les services « simples » qui ne seront pas programmés ne pourront offrir à court terme qu’une rémunération au niveau de subsistance ou plus bas; ils vaudront uniquement pour apporter un revenu d’appoint. Il en sera ainsi jusqu’à ce que le développement de l’éducation ait ouvert à la masse des travailleurs l’accès à la fourniture de services complexes et ceci prendra … disons quelque temps.

5. En attendant, le revenu découlant des services simples restera « au noir » et créera des problèmes croissants, jusqu’à ce qu’on ait la sagesse de le « blanchir », c’est-à-dire de le traiter comme un revenu d’appoint acceptable et accessible à tous, en parallèle à un emploi et à un paiement de transfert.

6. . À moyen terme, tout ce qui peut être fait par une machine sera fait par une machine. Le plus tôt sera le mieux, car il n’y a rien d’évolutif à demander à un être humain un travail d’automate. Le travail digne d’un être humain, ce sont les fonctions de créativité, d’initiative et de relations humaines, celles que la machine ne peut pas fournir. Tous les emplois qui ne font pas appel à une ou plusieurs de ces trois (3) aptitudes fondamentalement humaines doivent disparaître et VONT disparaître. Toutes les fonctions et tâches qui ne consistent pas uniquement à appliquer ces aptitudes « inprogrammables » seront modifiées pour restreindre le travail humain  à celles-ci

7. Dans le domaine des activités inprogrammables, il y a un travail infini à faire, mais un emploi salarié traditionnel n’est pas le meilleur encadrement pour ce genre de travail. Les employeurs privilégient la substitution par des machines et la réduction des coûts plutôt que l’amélioration des services, tandis que la structure d’emploi empêche l’utilisateur, qui est seul capable de le faire, de contrôler les aspects essentiels de la qualité du service inprogrammable qui lui est rendu. Ce sont donc des travailleurs professionnels autonomes qui prendront peu à peu la relève des travailleurs salariés dans une structure d’emploi.

8. Quant à la masse des décideurs, à tous les niveaux de la structure de production, la tendance est claire vers de nouvelles modalités de relations de travail et de rémunération qui se rapprochent bien plus du travail autonome que de l’emploi traditionnel. Il restera toujours des salariés dans le secteur public – juges et ministres, par exemple – mais ce sera ceux dont on peut raisonnablement supposer que le salaire n’est qu’un aspect trivial de leur motivation. Pour l’immense majorité des travailleurs, la « job » est une structure désuète d’encadrement du travail.

9. Cessons donc de nous leurrer et d’agir comme si nous vivions une récession comme les autres et qu’on devait espérer que demain, l’année prochaine, ou dans 20 ans, ‘il y aura, comme avant, « une job steady et un bon boss » pour tout le monde. Nous ne vivons pas une récession, mais la phase finale, engagée depuis quelques décennies, d’une transition en marche depuis le début de la révolution industrielle.

10. Nous ne vivons pas une crise québécoise, mais une crise mondiale. Il y aura de moins en moins d’emplois, jusqu’à ce qu’il n’en reste que ce qu’il faut pour encadrer  avec souplesse et protéger une masse de travailleurs autonomes qui ne penseront pas dur labeur, sueur et corvée, mais recherche, reflexion et communications.

L’Âge du labeur est fini. L’avenir du travail, c’est le travailleur qui découvre qu’il est un entrepreneur.

Il manque un gouvernement qui ait le courage de faire ce qui doit être fait pour adapter la main-d’oeuvre à cette réalité.

Pierre JC Allard

Pour ceux qui lisent l’anglais et ont un peu de temps…  Crisis and Beyond

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Montréal, Capitale de l’Été

( Cet article  de Pierre JC Allard remplace celui de Yan Barcelo qui sera publié dimanche prochain)

On parle de Grand Prix F1 à Montréal. Amusant. Utile, aussi, pour assurer la VISIBILITÉ. Pourquoi la visibilité ? Pour faire des sous… et surtout pour créer des emplois. Ce qui demande un mot d’explication…

Le monde est en crise, on le sait. Crise financière, bien sûr, mais, en Occident, derrière la crise financière se cache une crise industrielle qui n’a rien à voir avec une quelconque récession; les secteurs de production industrielle qui ont fait notre richesse sont simplement en déclin, leurs marché saturés et leurs méthodes de production désuètes. L’emploie diminue…

Il n’y a qu’une solution définitive à la crise et c’est de remettre tout le monde au travail. Or, ne nous leurrons pas, une ville n’a que peu de marge de manoeuvre pour créer des emplois industriels. Ce n’est pas Montréal qui contrôle, ni ne devrait contrôler, les politiques de main-d’oeuvre ni les politiques monétaires: nous ne règlerons pas la crise du pays par des mesures au palier municipal.

On peut attendre que Québec et Ottawa règlent la crise, mais ce n’est pas très astucieux… car ces secteurs industriels en crise ne créeront plus d’emplois. On peut penser à un protectionnisme qui fermerait les frontières à la concurrence imparable du tiers monde, mais les travailleurs Occidentaux ne veulent pas travailler pour des salaires chinois, ce qui d’ailleurs ne serait pas souhaitable. L’industrie ne reviendra donc qu’en substituant des machines aux travailleurs: ces secteurs peuvent renaître après la crise, mais rien ne permettra jamais d’y créer beaucoup d’emploi.

Si nous voulons que les travailleurs travaillent, il faut donc créer des emplois dans le secteur tertiaire… et là, une ville peut faire quelque chose. Montréal peut créer un foyer de prospérité et générer des revenus qui se diffuseront sur toute sa population, si on met à profit une ressource que Montréal possède en abondance: l’hospitalité et la joie de vivre de sa population.

On néglige trop souvent que le tourisme est devenu la première industrie du monde et que nous possédons des ressources et des avantages concurrentiels importants pour miser sur cette industrie tertiaire à forte intensité de main-d’oeuvre et donc créatrice d’emploi. Montréal est une ville de fêtes. Expo 67, Jeux Olympiques, Festival du Jazz, sa réputation est faite.

Son avantage extraordinaire, en plus des qualités propres à sa population même, c’est qu’elle est une ville d’été. La plupart des villes du monde se vident de leurs habitants en été et en perdent leur âme. Montréal, avec ses festivals et la profusion de théâtres saisonniers qui l’entourent, a cette rare caractéristique d’être une ville où l’été est la saison active. Il faut exploiter le potentiel touristique de cette singularité en y joignant l’effet d’attraction du visage français et multiculturel de Montréal.

Grand Prix ? Si on veut, mais on faire bien plus pour beaucoup moins… L’administration muicipale pourrait agencer les événements déjà récurrents chaque année à Montréal de la fin mai à la fin septembre – et en ajouter d’autres – de façon à offrir au touriste un calendrier ininterrompu d’activités qui ferait de Montréal la 
“CAPITALE DE L’ÉTÉ” en Amérique.

Dans le cadre de ce calendrier, chaque communauté culturelle de Montréal qui en ferait la demande recevrait la collaboration technique et une aide financière de la ville pour organiser, au cours de l’été un festival mettant en évidence sa spécificité culturelle dans un secteur de Montréal signifiant pour cette communauté. Quartier Italien, Grec, Juif, Latino. Haïtien, libanais, etc…

Cette communauté deviendrait alors, durant cette période, non seulement l’hôte des autres éthnies de Montréa,l mais aussi, si elle fait de cet événement un succès, le point de ralliement en Amérique du Nord de tous les membres de cette communauté. Avec uin peu d’aide, elle générerait sa propre visibilité sur sa clientèle ciblée. À coût modique.

Mettant à profit la relâche des activités culturelles en France durant la période estivale, Montréal pourrait aussi établir, dans le Parc Jean-Drapeau ou ailleurs, avec la collaboration des industries culturelles et des restaurateurs de France, une ambiance complètement française à prix nord-américains qui compléterait la séduction de la clientèle américaine.

RIEN ne peut apporter à Montréal un essor économique et des emplois aussi rapidement que le tourisme, surtout si on y joint la promotion de l’industrie des congrès, où Montréal est déjà très bien positionnée en Amérique du Nord et le serait bien sûr davantage si elle devenait cette Capitale de l’Été.

Cette hospitalité est la meilleure clef de notre développement. Il faudrait invoquer la mémoire de Jean Drapeau et évoquer ses mânes pour que l’imagination et l’enthousiasme se réincarnent à Montréal au plus tôt et que l’on joue habilement nos atouts.

Pierre JC Allard

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C’est la fin de la récession (!?!) ;-)

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Ceux qui ont dénié jusqu’en septembre 2008 que nous étions en récession et qui disaient ne pas l’avoir vu venir, nous assurent maintenant que la récession touche à sa fin. Alors ne paniquez pas, vous pouvez maintenant respirer, recommencer à aller magasiner et dépenser de l’argent que vous n’avez pas. Endettez-vous, nom de Dieu. Soyez patriotes. Dans un système de Ponzi basé sur la création de l’argent en tant que dette, nous avons toujours besoin de plus de dettes pour que ce système puisse continuer de fonctionner. Comme toute bonne arnaque financière pyramidale. Mais cette fois, nous en avons fait notre nouveau Dieu. L’argent. Celui qui ne vaut plus rien et qui est basé sur rien de valeur ou de tangible, qui plus est. On y reviendra plus loin.

Ainsi donc, au Canada, les canaris de la Banque du Canada se sont mis à chanter à qui veut l’entendre que l’économie canadienne est voie de sortir de la récession dès cet automne. J’aimerais bien y croire. Mais le problème est qu’une économie ne se relève pas tant qu’il n’y a pas création d’emplois, donc plus de travailleurs qui gagnent de l’argent qu’ils peuvent ensuite dépenser, payer des impôts et faire rouler l’économie réelle locale. Nous vivons la pire récession depuis la Deuxième guerre mondiale, coutant aux Canadiens plus de 369 000 emplois et anéantissant presque $40 milliards en valeur immobilière et boursières (1.3 trillion pour les Américains), sans compter le profond déficit budgétaire de $172 milliards sur les 5 prochaines années que le gouvernement Harper vient de nous creuser pour «sauver» l’économie en transférant notre argent à des banques privées (pour qu’elles puissent aller acheter d’autres banques en difficultés aux États-Unis et vous prêter votre argent avec intérêts!) et des compagnies sur l’assistance sociale comme General Motors. Il s’agit de la plus sérieuse crise de la dette publique dans l’histoire du Canada. Dire qu’on se permet quand même des investissements de cinq milliards de dollars dans le secteur de la défense, tel que dévoilé par le ministre Peter Mackay le 8 juillet dernier, comme si c’était une priorité financière pour le peuple canadien.

Aux États-Unis, Ben Bernanke, le patron de la banque centrale privée nommée la Federal Reserve, parle de «pousses vertes» et de possiblement de chants de sirènes. Des pousses vertes, c’est joli, mais encore là, il faudrait bien s’assurer que vue de proche, elles ne soient pas d’une autre couleur. En juin, 465 000 emplois furent perdus et le nombre d’heures travaillées chute pareillement à la période de chute libre de l’économie d’octobre à avril dernier. Les taux de chômage dépassent les 10% en moyenne à l’échelle du pays et jusqu’à 15% dans certains états comme celui du Michigan. Les magasins ferment partout, faute de consommateurs. Des plans pour bulldozer des villes ou des parties d’elles sont élaborés dans le but d’arrêter la perte de valeur des hypothèques des autres maisons, protégeant ainsi encore une fois les institutions financières qui sont prises avec ces centaines de milliers de reprises de finance.

La grande contraction du crédit va commencer et le système ne va pas s’effondrer, il va s’évaporer. Le prospect de voir toutes les banques fermer pour une certaine période de temps se pointe à l’horizon, possiblement à l’automne, évoquant la mesure prise par Franklin Roosevelt qui déclara un «bank holiday» durant la Grande dépression de 1929, un jour férié pour les banques pour éviter l’effondrement du système financier tout entier. L’accès au crédit s’évapore. Les emplois et les revenus s’évaporent, qui en retour causent la perte de valeur des propriétés. Ensuite, la valeur réelle s’évapore au moment même où les plans de sauvetage pour les larges corporations ou individus lancent de l’argent dans un trou noir et l’allume en feu. Ceci résulte en l’évaporation des revenus du gouvernement en parallèle avec l’augmentation de ses dépenses, qui mène à une explosion exponentielle des déficits budgétaires. Cela fait paraitre les poussent vertes pour des racines rouges.

Ce serait une bien terrible erreur que de confondre la solvabilité temporaire du secteur financier – achevée à grands coups d’assouplissement quantitatif et par l’appropriation massive d’argent public –  et la santé à long terme de nos économies. La seule chose qui s’est réellement passée est un massif transfert des obligations des banques privées vers le public avec des dettes montantes pour les générations futures. Un baume temporaire qui ne fait que repousser l’inévitable écroulement du système financier et du système fractionnaire bancaire basé sur la dette. Un tiers des emplois du secteur manufacturier ont disparus en une décennie et cela ne manquera pas d’alimenter ces pousses vertes qui se nourrissent d’encre rouge. Même les gros joueurs tels que Warren Buffett ne voit pas de nouvelles pousses à l’horizon, que des herbes jaunes. C’est que dans le désert, n’importe quoi a l’air de pousses vertes, nous disent ces économistes et experts; et le prix du baril de pétrole qui tend à la hausse risque de les anéantir. Est-ce pour cela que les géants de la finance tels que JP Morgan Chase ont commencé à emmagasiner des réserves de pétrole? Et avec l’argent de qui?

La Californie qui a un plus gros PIB à elle seule que la Russie, le Brésil, le Canada ou l’Inde, est en train de faire banqueroute et de s’effondrer. Si cet effondrement ne peut être évité en Californie, avec sa plus grande population et base manufacturière des États-Unis, le reste du pays va inéluctablement suivre. L’activité économique dans le secteur manufacturier est en déclin depuis 16 mois consécutif.

Serait-ce qu’on manipule les marchés boursiers pour faire croire aux petits investisseurs que l’économie va mieux dans le but de les faire réinvestir leurs dernières billes dans le système avant que le tout ne s’écroule de nouveau, pour ainsi minimiser leurs pertes encourus depuis le début de la crise en revendant rapidement leurs titres momentanément artificiellement surévalués? C’est qu’il ne faut pas oublier que la plus grande des bulles financières de l’histoire n’a pas encore véritablement éclatée, celle du marché des produits dérivés qui totalise environ 700 000 milliards de dollars selon la Banque des règlements internationaux (BRI), de quoi faire réfléchir quand on sait que la valeur totale de tous les marchés boursiers du monde ne dépassent pas les 50 000$ milliards, selon la World Federation of Exchanges.

Le rapport du LEAP/E20202 prévoit que l’Angleterre et les États-Unis pourrait faire défaut de paiement sur leurs dettes publiques dès la fin de l’été. Le groupe anticipe une massive vague de chômage qui va continuer de frapper l’Amérique, l’Europe, l’Asie, le Moyen-Orient et l’Afrique; une série de banqueroutes de compagnies, banques, provinces et états, municipalités et dans le secteur immobilier, et une vague terminale de la crise du dollar US, des US Treasury Bonds et le retour de l’inflation. Même les normalement très polis et respectueux Chinois ont rit en plein visage du secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, alors qu’il essayait de les rassurer à propos de la sécurité de leurs investissements et financement de la dette des États-Unis. Plusieurs pays commencent à songer à diversifier leur investissement loin de l’économie et du dollar américain, comme le Brésil, la Chine, la Russie, le Japon, quitte à créer une nouvelle monnaie internationale comme celle annoncée et présentée par le président russe Dmitry Medvedev lors du dernier sommet du G8.

Comment les blâmer? La Fed s’est enfoncée dans un trou financier gigantesque d’environ 13.9 trillions de dollars sur le dos des payeurs de taxes américains pour financer ses plans de sauvetage de l’économie en moins d’un an (Rapport financier de la FDIC en PDF). Cela a eu pour effet de doubler la dette extérieure des États-Unis en moins d’un an! Sous l’administration Obama, cette dette nationale risque fortement de doubler encore, selon leurs propres projections.

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Imaginez maintenant que les taux d’intérêts doublent eux aussi – pas difficile puisqu’ils sont si bas – et voyez ce qu’il adviendra de la capacité de rembourser des États-Unis et de leur conséquente solvabilité. Ce n’est que la pointe de l’iceberg, puisque le montant total des dettes américaines, incluant celles des entreprises, des particuliers, des états et municipalités, des cartes de crédit et hypothèques et autres, pourrait se chiffrer dans les centaines de trillions de dollars.

Le dernier facteur à prendre en compte est l’érosion phénoménale du pourvoir d’achat du dollar américain. À force de créer de l’argent en terme de crédit, on fini par doubler plusieurs fois la masse monétaire et conséquemment nait l’inflation qui est due à la dépréciation équivalente de chaque dollar de plus en circulation. Ainsi, cette charte ci-bas vous montre ce qu’on voudrait que vous ne voyiez pas: le pouvoir d’achat du dollar sur les 76 dernières années a décliné de 94%. Situation identique pour le dollar canadien. Et au rythme avec lequel nos gouvernements dépensent, en combinaison avec nos politiques financières et monétaires actuelles, nous risquons de perdre un autre 94%, mais en 76 mois cette fois-ci. (Source)

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Alors, la prochaine fois que vous entendrez que l’économie est en train de sortir de la récession, vous pourrez peut-être vous permettre de vous esclaffer et demander l’économie de quelle minorité s’améliore; parce que pour la grande majorité de la population, si on se sort de la récession, c’est surement parce que nous sommes en train d’entrer en dépression!

😉

François Marginean

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GM, Harper, Démocratie 2.0 et privatisation de Radio-Canada

Le dernier billet de mon blogue, qui était à la base seulement un montage graphique transformant « GM » en « GouverneMaman » commenté minimalement de ma part, a été, par la discussion qui a suivi, le laboratoire de celui qui va suivre. Et je me réjouis de l’interaction entre les citoyens que permettent les blogues, et je remercie ceux qui, chez moi, ici ou ailleurs, participent à cette aventure.

Au départ, je crois depuis longtemps à l’avènement d’une Démocratie 2.0, et l’histoire autour de GM, même seulement au Canada, est un bon exemple pour illustrer son non-avènement. On a entendu du côté des conservateurs que l’idée derrière tout ça est de conserver des emplois, mais on se rend compte, même si le calcul est difficile à faire, que la note par emploi conservé est très salée, s’approchant du million de dollars. Alors, j’en viens à penser qu’on aide plus un symbole à perdurer que des gens à garder leurs emplois.

Le monde change et GM est dans cette situation parce qu’elle n’a pas su se mettre au devant. Sérieusement, je doute fort que les citoyens canadiens aient donné l’aval à Stephen Harper pour ce sauvetage, puisque justement ce sont eux qui dictent, par l’évolution des mentalités, ces changements. Je qualifiais de « grosse balourde » la compagnie GM et je fais donc de même pour le système politique actuel. Tant d’argent public ne devrait pas se jouer aussi facilement, surtout quand les conséquences sont si importantes. Il serait donc temps qu’un vrai dialogue s’amorce entre les citoyens et les décideurs. Le seul suffrage électoral plus ou moins aux quatre ans est devenu insuffisant dans un monde où la rapidité et l’efficacité sont si présentes.

Mais pour pointer les agissements du gouvernement actuel, il y a une absurdité à constater qu’un d’un côté on met tant d’argent pour sauver GM et de l’autre on veut vendre des sociétés d’État comme Radio-Canada. Est-ce qu’après avoir fâché la droite économique les conservateurs tentent de se racheter en jouant le jeu idéologique de la privatisation? Ça en a tout l’air. Est-ce que le symbole de GM, lié à l’économique, est plus important que celui de Radio-Canada, lié à la culture?

Bon, il semble que Radio-Canada ne soit pas vraiment en danger, mais, quand même, trouvez l’erreur : « le diffuseur public faisait face à un manque à gagner de 171 millions de dollars » tandis que « Les gouvernements du Canada et de l’Ontario ont confirmé lundi le versement d’une aide de 10,6 milliards de dollars (9,5 milliards de dollars américains) à General Motors afin de procéder à sa restructuration. » (« Le gouvernement fédéral débourse 7,1 milliards de dollars et le gouvernement ontarien 3,5 milliards. »)

Qui peut croire que le gouvernement actuel est pragmatique?

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