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Un Joyeux Noël et de l’espoir pour l’humanité

Par François Marginean

Après cette longue année mouvementée, voici arrivé la fin de 2010 avec cette période des réjouissances qu’apporte Noël et le Jour de l’An. Nous avons couvert une multitude des sujets les plus chauds, incluant la « pandémie » de grippe A/H1N1, la catastrophe de BP dans le golfe du Mexique, les dessous de la crise économique mondiale, la fraude du réchauffement climatique, l’attaque barbare en eaux internationales par Israël de la flottille d’aide humanitaire destinée aux Palestiniens, la chute des médias traditionnels, la montée de la tyrannie, du terrorisme et de ses véritables origines, du fonctionnement du système, de la fluoration et de beaucoup d’autres. Vous pouvez d’ailleurs retrouver la compilation complète de tous ces articles sur Les Nouvelles Internationales.

Bien que cela puisse être parfois déprimant, nous devons nous rendre compte d’une chose qui est très positive: l’information circule et la conscience des individus et de l’humanité ne cesse de croître. Si nous voyons des mensonges, de la corruption, de la collusion et des fraudes partout, c’est que nous en avons pris conscience plus que jamais auparavant. Cette ère du pouvoir brut se termine et une nouvelle prend définitivement sa place. Il s’agit de l’ère de l’éthique et de la conscience universelle. Nous sommes en route vers une conscience universelle de co-création. Mais avec le pouvoir, vient la responsabilité devant la vie.

Alors, en ce temps des fêtes, au lieu de discuter de sujets difficiles et peut-être un peu déprimants, je préférerais jeter un regard à ce qui est positif. Malgré tout, je conserve une confiance inébranlable en l’esprit humain et l’humanité. La science est en train de prouver que la pensée est littéralement créatrice, qu’elle influence l’organisation de la matière et même des particules. Plus ça va, plus on réalise que la pensée est créatrice et que l’intention joue un rôle primordial dans les processus de la création, d’où notre prise de conscience graduelle que nous sommes des êtres co-créateurs. Est-ce la signification profonde de l’homme créé à l’image de Dieu?

En conséquence, il apparait donc que rien n’est plus important que ce que nous pensons. Dans cette perspective, on commence à comprendre pourquoi il y a tellement d’argent dépensé pour influencer et contrôler ce que l’on pense. Il y a clairement des avantages à maintenir une population dans la peur et l’insécurité. Il y a des raisons évidentes de mal informer les gens, de les arroser de désinformation, de propagande et de mensonges. De les abrutir via le système d’éducation. De les faire sentir impuissants et incapables de se gérer soi-même. Mais à force de manquer de vision pour nous-même en tant qu’humanité et pour notre futur, nous risquons de mettre en marche les mécanismes de notre propre disparition. Plusieurs peuples et civilisations sont venus et disparus. Nous ne serions certainement pas les premiers ni les derniers.

Certains peuples n’ont pas su s’imaginer de futur et donc, ils n’en ont jamais eu. Il faudrait songer à éviter ce piège.

La plus ancienne loi de l’univers est celle-ci: «Ce à quoi vous portez attention, est ce dont vous prenez conscience».

Ce dont nous sommes devenus plus conscients en 2010, c’est l’état de pourriture du système et aussi que nous sommes menés par des gens qui sont majoritairement inconscients et insensibles, sans empathie pour la vie en général. N’est-ce pas là la définition même de la psychopathie? Si cela a pu être possible, c’est parce que nous avons laissé les choses aller, nous avons remis notre pouvoir entre de mauvaises mains, s’en remettant à des autorités extérieures au lieu de l’autorité intérieure. Nous sommes responsables de l’état du monde. Même si nous n’avons pas directement causé tous les maux auxquels nous faisons face en tant qu’humanité, population mondiale, nous en sommes responsables en notre ignorance, notre indifférence et acceptation de l’inacceptable. Mais cela change, imperceptiblement en premier lieu, mais attention au jour où cela devient apparent dans la dimension physique, car ce jour-là, tout devient possible.

L’univers et la vie ont un agenda, un sens et donc un but. Ils tendent tous deux vers plus de conscience et tout est instrument pour y parvenir. Si c’est en passant par l’expérience de fraudes monumentales, de manipulations et de sacrilèges contre la vie, ainsi soit-il. La vie est implacable. Nous avons le libre-arbitre, nous sommes libres de ne pas suivre le sens de la vie garant de la joie de vivre et de la satisfaction profonde et durable de la vie, mais nous ne sommes pas libres d’en subir les conséquences. Je vous le rappelle, des civilisations entières se sont détruites elles-mêmes, à plusieurs reprises, dans cette longue aventure de l’humanité. La vie et l’univers sont patients. S’il faut recommencer à partir de zéro, ainsi soit-il. Ceux qui ont le plus à perdre, c’est nous. Nous avons reçu le cadeau inestimable – la vie – et notre responsabilité est d’en faire le meilleur usage. Lourde responsabilité, d’où la crise d’adolescence que l’humanité traverse présentement. Nous sommes en train d’évoluer et de devenir une espèce adulte, plus mature et consciente. Voilà la vue d’ensemble qui nous manque parfois, noyés que nous sommes dans la vie quotidienne et ses aléas.

Malgré tout, ces regrettables évènements nous poussent à évoluer et faire grandir notre conscience. Et cette conscience grandit avec l’amour. Tout a un sens.

Nous sommes en train de redéfinir notre réalité et de nous redéfinir nous-mêmes en tant qu’espèce. Nos motifs, nos valeurs et ce que nous voulons être. C’est probablement ce qui se passe avec Noël aussi. Plusieurs, dont moi le premier, se plaignent de la commercialisation de Noël. Les grands magasins commencent à vendre les items de Noël au mois d’août et on voudrait nous faire croire que tout a rapport avec la valeur des cadeaux que nous distribuons. Noël est dénaturé et vidé de son sens. Bien sûr, pour la religion chrétienne, c’est la naissance du Christ et tout ce que cela signifie. Mais pour le non-pratiquant que je suis, cela signifie davantage une question de valeurs qui nous animent. C’est la famille, les amis, l’amour et la joie. C’est le partage, tendre la main et penser à l’autre. Noël, c’est donner et célébrer en famille et entre amis, être heureux, tous ensemble. Au lieu de se plaindre de la commercialisation de Noël, il nous suffit d’en faire ce que nous voulons. Ce n’est certainement pas à propos de celui qui a le plus gros cadeau, mais plutôt de profiter de ce moment pour réfléchir et méditer sur le sens de la vie en général et sur le sens de sa propre vie, incluant nos valeurs, ce que nous voulons être et ce dont nous voulons vraiment faire l’expérience, de manifester cette intention et d’être intègre.

Car si l’humanité a un espoir, c’est au coeur de chacun d’entre nous qu’il se trouve. Le Christ, c’est un symbole qui signifie «la bonne nouvelle». De nombreux prophètes ont incarné cette bonne nouvelle qui signifie qu’il est humainement possible et réalisable d’atteindre ce niveau d’achèvement et d’harmonie intérieure. C’est l’incarnation d’un niveau de conscience élevée qui nous a été démontré. Là réside toute l’importance du message et du symbole. Voilà la tâche essentielle de chaque être humain face à la vie: s’harmoniser intérieurement et s’orienter dans le sens de la vie. L’ennemi commun que nous avons tous, c’est la vanité, ou vanitas – ce qui est vide de sens. Il nous faut délaisser l’amour du pouvoir pour retrouver le pouvoir de l’amour. Il faut chercher constamment la victoire sur la vanité, mais éviter qu’elle ne se transforme en vanité de la victoire.

Un moyen de demeurer humble devant la vie est de prendre conscience du côté sacré de la vie, ce qui n’a rien d’une religion, mais tout d’un sentiment de religiosité face à tout ce qui EST. De prendre régulièrement le temps de contempler ce côté sacré de la vie, d’être plein de gratitude face à tout l’univers et de montrer notre appréciation pour toute la création. Nous en faisons partie, nous ne sommes pas à l’extérieur de la création, de la vie, de l’univers et même de Dieu, pour les croyants. Il n’y a pas que des lois dans le monde physique, le monde extérieur, gérant le fonctionnement de la matière. Il existe aussi des lois immuables déterminant le fonctionnement du monde intérieur. Les découvrir, c’est aussi révéler le sens de la vie et les conditions de satisfaction de notre être. Ces lois n’ont rien à voir avec les dogmes religieux, le moralisme ou l’amoralisme. Ce sont des lois biogénétiquement fondées. Voilà, en fin de compte, pourquoi l’autorité extérieure est toujours appelée à être un échec. Seule l’autorité intérieure détient la vérité et toutes les réponses. Nous savons tous faire la différence entre ce qui est bien et ce qui est mal… à part peut-être les psychopathes inhumains jonchant cette planète. À nous d’en prendre conscience et d’agir conséquemment.

Pour terminer, j’aimerais vous partager une pensée qui sera mon cadeau de Noël pour, chers lecteurs. Il s’agit d’un passage du livre du Docteur Marianne Sedar, à la découverte de soi-même, basé sur la pensée et l’oeuvre de Paul Diel, que j’estime énormément pour sa lucidité à propos du fonctionnement du monde intérieur, ayant débouché sur l’élaboration de La psychologie de la motivation.

Pour ma part, je vous souhaite donc un vrai Joyeux Noël!

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Comprendre d’une part ce que la vie exige de chacun de nous et, d’une autre part, comment et pourquoi – pour quels motifs – nous nous détournons de cette exigence est le seul moyen de retrouver un critère de valeur sensé et de nous affranchir de tous préjugés, les croyances ou les superstitions qui nous conditionnent depuis l’enfance.

Nul ne peut changer les circonstances de sa vie passée, l’éducation qu’il a reçu,le milieu dans lequel il a grandi, les influences qu’il a subies, les frustrations de toutes sortes dont il a souffert. Mais chacun peut prendre conscience de la manière dont il réagit face à ces circonstances, de son attitude en face des accidents de la vie, et finalement des motifs qui le pousse à réagir toujours de la même manière. Pourquoi l’un se sent-il toujours coupable et inférieur? Pourquoi un autre n’admet-il jamais qu’il ait tort? Pourquoi un autre se prend-il sans cesse en pitié chaque fois qu’il lui arrive quelque chose de déplaisant? Pourquoi a-t-on peur de vivre? Pourquoi tant de personnes sont-elles angoissées, déprimées, inquiètes? Pourquoi souffre-t-on d’insécurité et de solitude?

Il y a le monde et la vie avec ses drames et ses conflits, et il y a notre manière propre de réagir face à eux. Cesser de réagir selon l’ornière creusée par nos motifs inconscients, par tous les faux jugements de valeur que nous avons emmagasinés, et agir selon des motifs plus justes et un critère plus satisfaisant est la seule démarche qui puisse faire de chacun un être responsable, libre et heureux de vivre.

Cela, c’est vivre pleinement. C’est devenir entièrement soi-même. C’est accepter de se voir tel que l’on est et c’est accepter les autres tels qu’ils sont. C’est donc devenir capable d’aimer authentiquement.

Comment y parvenir? En écartant les masques dont on est tenté de s’affubler, les comédies que l’on est tenté de se jouer, les mensonges que l’on est tenté de se raconter dans l’espoir vain de se prouver que l’on est bien tel que l’on «devrait» être. Pour devenir soi-même, il faut donc se connaître et se connaître c’est, avant tout, être capable de dépister toutes ces tentations qui menacent notre être authentique.

Être soi-même c’est finalement admettre que l’on est tour à tous bon et mauvais, juste et injuste, tendre et cruel, jaloux, possessif ou envieux et désintéressé et généreux, au lieu de se réduire à l’un ou l’autre de ces aspects de soi. C’est intégrer tous les sentiments, les émotions, les désirs qui font partie de nous-mêmes afin que de leur confrontation résulte une attitude plus sensée et plus satisfaisante.

Il ne s’agit pas de se changer par un effort de volonté, mais de s’accepter. Car s’accepter avec sa force et ses faiblesses, c’est changer. Se donner pour but de changer est au contraire refuser d’assumer ce que l’on est. C’est projeter dans un avenir plus ou moins lointain son espoir de mieux vivre. C’est se préparer sans cesse à vivre alors que la vie est ici et maintenant.

Se découvrir soi-même à chaque instant, sans se condamner ni se justifier, et à travers soi, découvrir l’humanité entière est l’expérience qui donne à la vie son prix et sa richesse. Cette expérience est à la portée de tous ceux qui cherchent à s’orienter dans un monde incertain et secoué, à trouver la voie de l’épanouissement.

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Depuis des années nous assistons, impuissants, à une détérioration croissante de la qualité de la vie – de notre vie. L’incommunicabilité entre les êtres, l’indifférence générale, le «chacun pour soi» qui en témoignent, sont devenus mots courants de notre langage, lieux communs ou presque exprimant un état de fait, une réalité avec laquelle chacun s’habitue à vivre et dont il ne se sent pas personnellement responsable. L’absence de motivation dont souffre une partie de la jeunesse n’est qu’une autre manière d’exprimer ses réticences, ses hésitations, son manque d’enthousiasme à l’égard de cette réalité qu’il lui est demandé d’assumer comme si elle était l’unique réalité de la vie: une vie sans amour et sans joie, une vie réduite à sa seule dimension matérielle, économique, une vie horizontale, linéaire et quantitative.

Dans cet océan d’indifférence quotidienne, seules surnagent les passions politiques et religieuses. Mais elles dressent l’homme contre l’homme par la conviction sur laquelle elles se fondent de détenir la vérité, à l’exclusion de tout autre. Reste la science. La science porteuse de tout l’espoir du XXe siècle. Mais une science dont il faut bien dire qu’elle est en train d’accélérer notre chute en réduisant l’être humain à l’état de matière, en niant l’esprit humain sous prétexte qu’il n’est pas constatable.

Crise de civilisation, décadence de la société, perte de nos valeurs morales, quels que soient les termes employés, ne recouvriraient-ils pas tous une même question angoissée: notre passion de vivre, notre passion pour la vie, serait-elle éteinte? Le courage, l’espoir et la foi en la vie nous auraient-ils abandonné? Nos âmes seraient-elles mortes, étouffées par nos préoccupations matérielles, nos tracas quotidiens, par les menaces de toutes sortes – chômage ou guerre – qui pèsent sur le monde et qui ne le spiritualisme des religions, ni le matérialisme scientifique ne nous apprennent à affronter calmement, véridiquement.

Entre la religion qui exalte l’esprit au détriment de la matière et le matérialisme scientifique qui exalte la matière au détriment de l’esprit, n’y a t-il pas place pour autre chose, d’autres certitudes, d,autres valeurs à partir desquelles nous pourrions réinventer notre vie? Entre le moralisme de la religion et l’amoralisme de la science entre lesquels le monde vacille alternativement, n’y aurait-il pas place pour une autre morale, une morale authentique sur laquelle nous pourrions fonder notre vie et l’épanouir? Qui ne serait pas fondée ni sur une idéologie spiritualiste, ni sur une idéologie matérialiste, qui ne serait pas croyance mais certitude, qui donnerait à notre existence une orientation et un sens, qui pourrait enfin nous servir de critère de valeur et donc de guide pour penser mieux, pour aimer mieux. Un guide pour mieux vivre, qui nous conduirait vers la satisfaction profonde de nous-mêmes et de la vie.

Un tel critère existe et au milieu de la désorientation angoissée et angoissante qui est la nôtre, il est possible à chacun de nous, individuellement, de le découvrir au fond de lui-même et de ranimer ainsi son espoir en la vie et sa joie de vivre. Paul Diel disait toujours: «Je ne vous offre pas une croyance mais une expérience».

Cette foi en la justice de la vie n’est autre que la certitude sentie et réfléchie que la vie a un sens et des lois, que s’y opposer conduit inéluctablement à la souffrance psychique, affective et même corporelle, et que s’y conformer nous conduit vers la liberté, la joie de vivre et l’amour.

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Classé dans Actualité, François Marginean

Gaz de schiste : Charest se bouche le nez

Alors que l’orgie juridique nommée Bastarache nous arrache du temps précieux, son instigateur opportuniste, John James « Jean » Charest, lève le nez sur la peur citoyenne de se voir tout bonnement empesté par les gaz de schiste. Donc, en bon capitaine (pirate…), « Charest maintient le cap sur l’exploitation des gaz de schiste » alors qu’il est dans plusieurs tempêtes jusqu’au cou!

Soit il est bien conscient d’échafauder son propre suicide politique, soit il veut en faire passer le plus possible pour ses copains (dans le sens de « copinage ») alors qu’il a la majorité avant de se faire abattre (politiquement, bien sûr). En réalité, il y a de fortes chances que ce soit tout ça. Mais il pourra bien faire ce qu’il veut jusqu’aux prochaines élections, ça ne fera pas de son électorat gagné d’avance des infidèles… Pour le reste de l’électorat, la mémoire est souvent trop courte!

Mais pour revenir à proprement parler aux gaz de schiste, le pire, c’est que de mon côté il n’y a aucun préjugé défavorable envers l’exploitation de cette ressource naturelle, si bien sûr on réussit à me prouver qu’elle ne va pas foutre un bordel monstre dans les environnements autant sociaux que naturels. C’est la position de beaucoup de gens, je crois, et non celle de simplement décrier le capitalisme par esprit de contradiction, comme certaines personnes de la droite aiment bien l’inventer pour mieux le crier. Il doit bien y en avoir une poignée de ces gens qui pensent de la sorte, et c’est bien pratique de gonfler le tout pour le spectacle.

Oui, dans un monde idéal je préférerais qu’on laisse dormir là ces gaz pour développer au lieu des énergies alternatives, mais nous ne sommes pas dans un monde idéal… Dans notre monde, les gens qui aurait le pouvoir de changer le paradigme énergétique se concentrent seulement à marcher comme des tortues, leurs lourdes carapaces étant le profit à court terme, c’est bien évident. Cette lenteur est par dépit ce qui nous tient lieu de dynamique et la vitesse des besoins économiques pour la masse n’a pas tellement les moyens de se doter de freins. Il n’y a donc que les citoyens qui sont concernés de près pour avoir ce poids. Et Jean n’a pas l’air de le sentir… il est déjà à plat ventre malgré son air enflé d’arrogance.

Il se meut encore, mais c’est sous la forme d’un reptile.

(Photo : celesterc)

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Une crise de civilisation et la vraie tragédie de l`homme

La vie est remplie de drames: la maladie, la mort, la misère, la faim, les gouvernements et banquiers privés hors de contrôle, et les programmes comme Loft Story. Bon, ce dernier n`est un drame que si on se préoccupe du niveau inquiétant d`abrutissement général de la population, mais il demeure qu`on se sent souvent impuissants devant eux. Pourtant, ce ne sont pas ces drames qui constituent la vraie misère de la condition humaine. La vraie tragédie de l`homme se passe à l`intérieur de sa propre psyché, impuissante à discerner le vrai du faux et le bien du mal parce que dominée par ses imaginations exaltées.

Nous avons une tendance à accorder une importance exagérée à certains de nos désirs en nous imaginant que par la réalisation de ce désir nous prouverons ce que nous sommes. C`est faire de nos actes la preuve de notre valeur. Si je fais telle chose, je réalise tel ou tel objectif – qu`il soit professionnel, social, politique, moral – cela prouve que je suis quelqu`un; si je ne le fais pas, cela prouve au contraire que je suis personne, inexistant. Ce raisonnement est l`erreur la plus commune à l`être humain. Elle consiste à croire qu`en réalisant un but particulier, il prouvera sa valeur en tant qu`homme et atteindra la satisfaction profonde et totale de sa personne entière. Nous avons tendance à nous servir de nos actes pour nous prouver ce que nous valons.

Nous sommes tentés de mettre dans nos actes ce qui ne s`y trouve pas, de leur attribuer une valeur et une signification qu`ils ne possèdent pas en réalité. Ce n`est, en effet, pas l`acte qui détermine la valeur de l`individu, mais le motif qui se trouve derrière cet acte. On voudrait sauver le monde, se donner des missions exaltées alors qu`on n`est pas maître en la demeure et c`est là le manque qu`il nous faudrait combler car nous parvenons difficilement à mettre un peu d`ordre parmi nos désirs qui nous agitent et nous divisent intérieurement.

En cherchant à prouver à l`aide de nos actes ce que nous sommes, c`est-à-dire notre valeur, nous essayons en réalité de justifier ce que nous ne sommes pas: des personnes harmonisées et qui ont développé leur propre potentiel. Chacun se forge une ainsi une image idéalisée de sa propre personne. L`imagination d`évasion, avec ses fausses promesses de satisfaction, nous conduit ainsi à une autre forme d`imagination: l`imagination de justification par laquelle nous nous excuserons de tous nos errements. Cette image idéalisée n`a d`autre but que d`éliminer l`insatisfaction coupable que crée en nous notre impuissance à maîtriser nos désirs.

Or, cette fausse image que nous portons tous en nous à quelque degré, est inhérente à l`espèce humaine tout entière. Elle est la possibilité latente, virtuelle, qui naît avec l`émergence du conscient et des désirs, avec la capacité de choix qui distinguent l `homme de l`animal. Elle est la tentation chez l`homme de croire que grâce à son intellect, il parviendra à se rendre complètement maître de l`univers et de la vie, à supprimer le mystère de ses origines, à mettre la vie en équation, c`est-à-dire à substituer ses propres lois aux lois de la nature tout entière.

Ébloui et grisé par son pouvoir, l`homme oublie qu`il est soumis aux lois de la vie comme tout ce qui est. Se jugeant une espèce achevée, parfaite dès sa naissance, il oublie d`évoluer. Il conquiert le monde et l`espace, il fait reculer la mort, il supprime les épidémies, il crée des industries, il bâtit des villes où l`on ne voit plus le ciel et où l`on ne respire plus que l`air du progrès technologique. Mais il devient l`esclave de ses progrès intellectuels, de ses projets, de ses découvertes et de ses conquêtes; il devient l`esclave de tous ses désirs multipliés sans frein ni limite, qu`il ne sait pas évaluer, harmoniser, contrôler et maîtriser.

Fasciné par le pouvoir que la nature lui a légué, l`homme oublie ses limitations et se crée de lui-même une fausse image. Cette fausse image qu`il se fait de lui-même est la faute que l`humanité naissante a commis et que nous répétons tous: la tentation de nous prendre pour des dieux, malgré notre impuissance à dominer nos désirs et à les contrôler. Notre erreur n`est pas de croire que nous possédons certains talents et qualités, mais uniquement de nous servir d`eux pour nous distinguer des autres, les surpasser, prouver notre supériorité et cela, dans le but subconscient de nous disculper de notre refus d`assumer le combat essentiel: la maîtrise relative de nos désirs. L`erreur est dans le faux calcul de satisfaction. En s`identifiant à une fonction, à un rôle particulier, on se crée une fausse identité sur laquelle repose le sentiment de notre valeur et que l`on est forcé de soutenir sans défaillance sous peine de perdre l`estime de soi. Cela ne signifie pas que tous ces objectifs sont erronés; au contraire, l`erreur est de croire qu`ils remplissent à eux seuls le sens de la vie, qu`ils sont susceptibles de nous apporter la joie suprême.

Le raté de la vie n`est pas celui qui ne réussit pas à être le premier, mais celui qui cherche à l`être. Car seule notre vanité nous fait croire que l`on pourrait acquérir une valeur absolue.

Tous les problèmes auxquels l`humanité se trouve confrontée aujourd`hui – qu`ils soient moraux, sociaux, religieux ou politiques – sont issus de l`aveuglement psychique de chaque individu. Du refus vaniteux de chaque individu à s`avouer la vérité à son propre égard émergent des sociétés fondées sur le même aveuglement, et caractérisées par conséquent, par la même impuissance à résoudre ses problèmes et ses conflits.

La crise de civilisation que nous traversons a sa source dans la faiblesse psychique de chaque individu. La société n`existe pas. Seuls existent les individus dont l`ensemble constituent la société. La société reflète l`ensemble de vérités et d`erreurs que les individus passés et présents ont découvertes et transmises. Elle est ainsi le reflet de l`état d`esprit des individus qui la composent. L`état d`esprit! Le langage lui-même indique la condition dont dépend le fonctionnement satisfaisant ou insatisfaisant des sociétés. Si l`esprit des individus est sain, c`est-à-dire clairvoyant et prévoyant, la société qu`ils fondent, est bien constituée. Si leur esprit est malsain, c`est-à-dire déformé et aveuglé par les imaginations sur le monde extérieur et intérieur, la société est mal constituée.

Or l`aveuglement de l`esprit des individus peut se manifester collectivement de deux manières différentes, opposées l`une à l`autre, ou ambivalentes. Il peut se manifester soit sous une forme d`un spiritualisme qui exalte l`esprit et minimise ou condamne les préoccupations terrestres matérielles et sexuelles. Cette erreur imposée comme vérité donne naissance à une idéologie dogmatique qui conduit au fanatisme: le besoin vaniteux d`imposer à tous les autres individus l`idée erronée dont se nourrit la vanité. L`aveuglement de l`esprit peut, au contraire, se manifester sous la forme d`un matérialisme fondé sur le refus ou le refoulement de l`esprit humain et l`exaltation de la matière, c`est-à-dire des désirs matériels et sexuels. Cette erreur donne naissance elle aussi à une idéologie dogmatique imposée comme vérité. Le béhaviorisme, les sciences sociales qui n`envisagent que l`influence des phénomènes extérieurs sur l`homme, et la société de consommation, en sont les produits. L`homme n`est rien et la société est tout. On peut étudier l `homme comme on étudie l`animal, en observant son comportement extérieur et non les motifs internes qui le poussent à agir de telle façon plutôt que de telle autre. La seule possibilité est de réunir ces deux pôles, de les harmoniser. L`esprit se matérialise et la matière se spiritualise. La joie de vivre réside en la réunification harmonieuse de l`esprit avec le corps.

De tous les temps, les sociétés ont ainsi vacillé entre le spiritualisme et le matérialisme, les deux pôles ambivalents d`une même erreur, de la même maladie de l`esprit: son aveuglement par la vanité. Les sociétés ne sont malades que parce que les individus qui les composent sont eux-mêmes malade de l`esprit. La conclusion qui s`impose est donc que l`on ne peut guérir les sociétés malades qu`en soignant l`esprit des individus. Sinon, toutes les améliorations extérieures, aussi bénéfiques qu`elles puissent être, seront tôt ou tard anéanties par l`esprit déformé des individus.

Mais pour cela, il faudrait d`abord que l`individu cesse de se considérer comme sain d`esprit et qu`il reconnaisse la maladie dont il souffre: la vanité. Le mot n`est choquant que parce qu`il désigne la faute individuelle inadmissible, inavouable et impardonnable: celle de ne pas être ce que l`on estime être. Il cesse de choquer dès qu`il est compris dans sa signification essentielle: dès qu`il cesse d`être la faute individuelle dont nous nous rendons coupables personnellement et se réfère à la faute, la faiblesse de la nature humaine à laquelle nul d`entre nous n`échappe. Cette faiblesse, c`est celle de la pensée, de l`intellect humain dont la véritable fonction est de réunir ce qu`il a séparé: l`homme de l`univers dont il fait partie, mais qui, déviant de cette fonction, séparer encore plus radicalement l`homme de ses racines biologiques. Au lieu de se séparer pour mieux réunir, l`intellect devient l`instrument de la séparation de l`homme et de la nature dont il oublie qu`il est assujetti à ses lois.

Notre vanité est caractérisée par le fait que nous prenons cette séparation pour le bien, le vrai, le juste. Ce qui est le fruit de notre faiblesse psychique devient ainsi à nos yeux le signe de notre valeur humaine. La résistance que nous opposons à notre propre instinct, à notre sens instinctif de la vie, devient le titre de gloire que l`homme s`attribue à lui-même. Le mensonge devient la vérité. Vanité vient de vanitas, qui signifie vide de sens.

Il n`y a pas d`âge pour entreprendre ce voyage au fond de soi-même, qui débouche sur notre relation véritable à autrui, qui nous relie à lui et à la vie sous toutes ses formes. Notre véritable révolution n`est ni économique, ni politique, ni idéologique; elle est intérieure et consiste à réétablir les valeurs morales immanentes à l`être humain, biogénétiquement fondées.

Sources: -À la découverte de soi-même, par Docteur Marianne Sedar;

– Voir aussi les ouvrages de Paul Diel, tel que La psychologie de la motivation

François Marginean

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