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L’état d’indolence

INDOLENCE

Prononciation : in-do-lan-s’
s. f.

Sens 1

Terme de médecine. Privation de sensibilité physique. L’indolence d’une tumeur.
Sens 2

Terme de philosophie. État d’une âme qui ne s’émeut de rien, ni du bien, ni du mal. L’indolence des stoïciens est difficile à concevoir. Épicure disait que c’était dans l’âme qu’il fallait planter l’indolence.

En ce sens, il vieillit.
Sens 3

État d’une personne peu sensible à ce qui touche ordinairement les autres hommes.
Sens 4
Nonchalance amoureuse des aises.
ÉTYMOLOGIE
Lat. indolentia, de indolens, indolent.

Au Québec, depuis quelques années, nous vivons une période d’apathie et de cynisme. C’est le constat que fait un de mes collègues blogueur Stéphane Lessard. En fait, il blâme la situation actuelle du Québec au fait que nous sommes trop passifs. Mais pourquoi au fait, le sommes nous?

Oublions les problèmes d’ordre économique que notre modèle québécois cause et le fait que nous fonçons allègrement sur un mur et le fait que notre dette est la 5e plus élevée de tous les pays industrialisés. Même si les Bill Gates et Warren Buffet de ce monde venaient nous signer un chèque pour tout payer, nous aurions quand même un problème. Le problème de fond n’est pas le coût de notre état-providence, mais le fait qu’il corrompt la relation entre l’état et le citoyen.

Dans notre belle province, comme dans la plupart des pays développés, l’état s’est accaparé progressivement de toutes nos responsabilités d’adultes. De la garde de nos enfants, nos soins de santé, le soin de nos ainés, l’état nous prend en charge du berceau à la tombe, de sorte que nous nous retrouvons coupés de nos instincts primaires, en commençant par notre instinct de survie. C’est d’ailleurs la raison pourquoi nous avons si peu d’enfants.

Dans l’érosion du sens des responsabilités, l’Europe mène le bal, tandis que les États-Unis ferment la marche. Nous nous retrouvons quelque part entre les deux. Le Québec se retrouve avec une décrépitude quelque peu plus avancée que le reste du Canada. Pour donner une idée de proportions, la Californie, qui doit faire des contorsions extrêmes pour ne pas se retrouver en faillite, a 30 millions d’habitants et le Québec en a 7,5 millions, mais les deux ont à peu près le même nombre d’employés publics. Ça vous donne un peu les proportions gargantuesques de l’état québécois, et à quel point cet état est incrusté dans toutes les facettes de nos vies. Au Québec, il est difficile de mettre un pied devant l’autre sans la permission de l’état.

Nous en avons développé une telle dépendance que pendant la dernière campagne électorale fédérale, au débat des chefs, plutôt que de demander d’exiger des solutions aux problèmes de notre système de santé, par exemple, ou de nos problèmes d’infrastructures, une dame n’a rien trouvé de mieux à demander aux chefs que de lui dégoter un emploi.

Ici au Québec, il devient de plus en plus difficile de trouver une entreprise qui ne reçoit aucune subvention, pourtant si seulement 2% de vos revenus proviennent du gouvernement, ça leur donne le droit de véto sur 100% de vos activités. Pour un individu, c’est encore pire. Juste le fait d’avoir l’état comme seul fournisseur de soins de santé lui donne le pouvoir de règlementer pratiquement tout dans votre vie. Après tout, si l’état paye pour vos soins de santé, il a tout intérêt à éviter que vous ayez besoin de soins. C’est l’argument derrière toute une panoplie de restrictions à vos liberté comme le port du casque obligatoire sur une moto, les ceintures de sécurité, la guerre au tabagisme, à la malbouffe et aux drogues. On a pas encore des nutritionnistes qui viennent prendre l’inventaire de notre frigo, mais il paraît qu’ils le font en Grande Bretagne. Ils ne sont pas encore sur le point de confisquer vos Jos Louis, mais ça viendra sûrement bientôt.

S’ils ne peuvent pas vous contrôler au nom de votre propre santé, il le feront au nom de celle de la planète. Depuis près de deux ans maintenant, la théorie selon laquelle ce sont nos émissions de gaz carbonique qui sont responsables de changements climatiques est tranquillement en train de se faire découdre. Même que le programme CLOUD du CERN a récemment démontré que l’influence du soleil sur les rayonnements cosmiques aurait une bien plus grande influence sur le climat que le CO2. Le soleil a une influence sur le climat? Qui l’eût cru! Malgré tout, nos gouvernements ne cessent de multiplier les mesures contre les émissions de carbone, quitte à nous retourner à l’âge de pierre. Il y a quelques années en Grande Bretagne (encore!), on a proposer d’imposer une surtaxe de 20% à ceux qui font des fréquents voyages. Naturellement, ce genre de chose n’aura pas lieu de restreindre les mouvements de gens comme Al Gore ou Michael Moore, mais ça restreint sérieusement le mouvements du reste du monde.

On s’amuse souvent à dire que tous les hommes ont soif de liberté, mais si l’histoire des pays développés depuis 1945 prouvent une chose, c’est qu’entre la liberté individuelle et la sécurité de l’état, les gens voteront plus souvent qu’autrement pour la sécurité et abandonneront leurs libertés. Mais une cage, aussi douillette qu’elle puisse être, demeure une cage.

Une fois qu’ils ont réussi à réguler votre comportement, ils commenceront aussi à réguler ce que vous devez penser. Les mésaventures de Mark Steyn et Ezra Levant avec les commissions des droits de l’homme canadiennes on démontré que pour une profession qui se croit courageuses, il y a plus d’un journaliste qui soit très content de se réfugier dans le conformisme de la rectitude politique. Il est impressionnant de savoir que 85% des journalistes québécois soi-disant « professionnels » ne voient aucun problème à voir leur profession microgérée par l’état. Qu’il puissent ensuite se réclamer indépendants tient de l’équivalent d’un bretzel intellectuel. Tous les champs d’action supposés être les avant-postes de l’indépendance d’esprit, l’art, les écoles ou les médias; ont soit une relation ambiguë avec ou carrément dépendante du gouvernement. Produire un film ici consiste à laisser un organisme gouvernemental nous subventionner pour ensuite produire un matériel osé et avant-gardiste qui ne nuit nullement à l’état.

Puis il vient un temps où même les mots deviennent des incitations à la haine. La moindre critique non-conforme au consensus social devient un crime. Ou simplement faire un lien vers un site internet que l’état juge haineux, peu importe les critères sur lesquels ce jugement repose, devient passible d’amende ou pire.

Comment expliquer que des adultes qui veulent avoir le choix de centaines de marques de céréales au supermarché ou de millions de chansons pour leur iPod, puissent ensuite abandonner tout choix en ce qui a trait à leur santé au seul gouvernement? Ne sommes-nous pas en train de devenir les ados les plus ridés du monde? Bons seulement à choisir notre collection de disques? Et encore! Ce n’est pas si sûr qu’en définitive, l’état nous laissera même choisir nos disques. L’état-providence nous tiendra toujours dans un état d’indolence.

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La grande fiction.

Frédéric Bastiat (1801-1850)



«L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde.»

Frédéric Bastiat (1801-1850), de l’article «L’État». Publié le 25 septembre 1848.



Rien ne pourrait être plus vrai aujourd’hui que cette citation de Bastiat, et pour cause! Car nous voyons à chaque jour les uns utiliser l’État pour piller les autres. L’État n’est plus que le véhicule par lequel tout le monde cherche à obtenir ce qu’il veut. C’est un « open bar », un coffre au trésor dans lequel tout le monde essaie de piger. De nos jours, braquer une banque est démodé. Pourquoi prendre ce risque alors qu’on peut voler légalement et sans remords? Il ne suffit que d’avoir des lobbyistes et on obtiendra tout ce qu’on veut.

Certains croient encore que l’État est au service du peuple. Quelle naiveté! Du peuple l’État prend toujours plus qu’il ne donne. Ça prend des ressources pour nourrir une bureaucratie toujours plus obèse. Les politiciens n’ont en réalité d’intérêt à aider ceux qui leur donneront des votes ou de l’argent. Les autres, il s’en foutent allègrement. Il ne faut pas se leurrer. La redistribution de la richesse se fait le plus souvent des masses aux amis du pouvoir. Du contribuable sans voix et sans lobby aux banques, aux corporations, aux centrales syndicales et autres groupes d’intérêt. Les deux seules choses qui intéressent un politicien est d’agrandir son pouvoir et de se faire réélire. Chaque décision qu’ils prennent vont donc passer à travers ces filtres. Peu importe quel parti politique ils représentent, ce sont tous des gens qui aspirent à guider la destinée des autres. Il n’espèrent que d’être en position pour dicter aux citoyens comment ils doivent vivre, ce qu’ils doivent manger, qui ils peuvent marier. Parce que, voyez-vous, ils sont plus sages et intelligents que vous. C’est pourquoi, lorsque s’installe une dictature, ce sont rarement des gens bienveillants qui prennent la gouverne, mais des despotes. L’expression « dictature bienveillante » est le roi des oxymores.

On attend beaucoup de l’État. On s’attend à ce qu’il nous donne du pain, du travail, qu’il prenne soins de nos maladies, qu’il nous soutienne dans la vieillesse, qu’il élève et éduque nos enfants, qu’il nous construise des routes, des ponts et des aqueducs, qu’il maintienne aussi l’ordre et la justice. Mais est-ce là vraiment son rôle? Est-ce vraiment à l’État d’élever nos enfants? Est-ce vraiment le rôle de l’État de nous prendre en main du berceau à la tombe? Ne nous reste-t-il pas une once de fierté et d’indépendance que nous soyons réduits à tout quémander de l’État? Nous, peuple fier, descendants de coureurs de bois et de pionniers qui ont à la sueur de leur front conquis ces quelques arpents de neiges inhospitaliers que nous appelons maintenant le Québec. Notre impatience à se tisser un filet social avant d’en avoir les moyens laissera nos descendants dans la ruine et esclaves d’une dette monstrueuse. Ce filet se désagrège maintenant parce que, comme nos viaducs, il a été confectionné à la hâte et mal entretenu. Nous avons sacrifié notre futur au confort présent et nos enfants et petits enfants sont ceux qui en paieront la note. Que diraient nos aïeux?

Contrairement à nous, nos voisins du sud ont eu une nation fondée sur la méfiance de l’État. Leurs pères fondateurs ont risqué leurs vies en combattant un tyran et se sont efforcés de mettre en place des mécanismes pour éviter qu’une telle tyrannie ne vienne subjuguer leurs descendants. Ils ont fondé la seule et unique république basée sur la philosophie libérale classique. Malgré leurs bonnes intentions, ils semble que leur création commence elle aussi à prendre les allures d’un Leviathan. Mais la soif de liberté fait encore partie de leur culture, c’est pourquoi le mouvement des «Tea Parties», si peu compris ici par nos élites gauchistes, existe et prend de l’ampleur. Ils n’ont pas oublié pourquoi la préambule de leur constitutions commence par ces mots en caractères plus grands et plus foncés que tout le reste: «Nous le peuple». Leur déclaration d’indépendance dit que l’État doit gouverner avec le consentement du peuple. Dans un récent sondage Rasmussen, on a demandé aux répondants s’ils croyaient que leur gouvernement fédéral avait ce consentement. 61% des répondants ont répondu par un retentissant «Non», et ce peu importe quel parti est au pouvoir. Les américains ont les yeux grand ouverts pendant que nous sommeillons encore dans les bras de la grande fiction de l’État-providence.

Je termine avec un autre extrait de « l’État » de Bastiat:

«Quant à nous, nous pensons que l’État, ce n’est ou ce ne devrait être autre chose que la force commune instituée, non pour être entre tous les citoyens un instrument d’oppression et de spoliation réciproque, mais, au contraire, pour garantir à chacun le sien, et faire régner la justice et la sécurité.»

Philippe David. Le Minarchiste Québécois.

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