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Les JEUX OLYMPIQUES DE VANCOUVER, y pensez-vous encore?

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Bon, eh sicroche, barbez-moi! Londres, rah, rah, rah… Encore une de ces foutues années olympiques. La dernière, c’était en 2010. Vous vous souvenez? Les Jeux Olympiques de Vancouver (Canada), y pensez-vous encore? La bassinade les concernant est déjà vieille, elle, de trois ans, en fait. En effet, la couverture médiatique des Jeux Olympiques de Vancouver s’amorce dès octobre 2009, et on nous explique alors (vous en rappelez-vous?) que les athlètes canadiens devraient se faire vacciner contre la grippe H1N1. Des développements amphigouriques et soporifiques sont alors aussi servis sur le bilinguisme promis des Jeux. Puis, à partir de décembre 2009, on se met à suivre le trajet de la flamme olympique. Parfois, comme en Montérégie (au Québec), des résistants autochtones menacent de bloquer le parcours de ladite flamme olympique. On évoque le souvenir des Jeux Olympiques de Montréal, en 1976 (le maire du Montréal de 2009 affirme ne pas vouloir ravoir les Jeux) et on porte une attention particulière aux athlètes qui se blessent à l’entraînement et rateront ainsi les Olympiques. On analyse en long et en large les «espoirs» québécois. On évalue (et hypertrophie hyperboliquement) ce que les Jeux feront pour l’image mondiale du Canada. À partir de janvier 2010, on commence à solliciter l’attention des lecteurs et des auditeurs, beaucoup plus assidûment. On conditionne. On chauffe au rouge, on chauffe à blanc. La publicité emboîte alors le pas. La Société des Transports de Montréal parle de sa présence à Vancouver. Bell Canada utilise l’image d’athlètes olympiques dans ses encarts publicitaires. La Fondation David Suzuki donne une «médaille de bronze» environnementale aux préparatifs des Jeux. À partir du 7 février 2010, une chronique spéciale sur les Jeux Olympiques est ouverte dans la section des sports des principaux quotidiens canadiens. L’aspect touristique n’est pas négligé non plus. On décrit ostensiblement les atouts récréatifs et paysagers de Vancouver et de Whistler. Tout démarre officiellement au 14 février 2010. Le Canada apparaît vite comme un arriviste compétitif insensible, qui veut gagner à tous prix. Trente athlètes d’autres pays se font pincer pour du dopage avant que tout ne commence. Mort tragique d’un lugeur géorgien (pourriez-vous me dire son nom?) sur une piste trop rapide et insécuritaire. On le fera passer pour un maladroit et un inexpérimenté. Gloire d’Alexandre Bilodeau (dans quelle discipline déjà?). Drame du deuil et de la médaille de bronze de Joannie Rochette. Victoire de l’équipe masculine et de l’équipe féminine de hockey. On observe (sans trop l’analyser) la supériorité athlétique des femmes canadiennes, notamment des hockeyeuses et des patineuses de vitesse. Tout retombe abruptement, et sort vivement de l’actualité, aussitôt que les Jeux Olympiques d’hiver sont terminés. On nous annonce encore, le 16 mars 2011, que Joannie Rochette ne participera pas aux championnats du monde de patinage artistique. Notons, en toute impartialité critique, justement pour mémoire, que Mademoiselle Rochette a totalement eu raison de continuer sa quête olympique malgré un deuil. Je ne cite pas souvent Jésus, mais là, ça s’impose: Laisse les morts enterrer les morts et occupe toi des vivants. Aussi: Enfin cela introduisit un peu de vibrato dans ces Olympiques de Vancouver, autrement largement soporifiques (cette seconde citation est à considérer comme apocryphe)… Et… bon… pour ce qui en est de sa performance (sa médaille de bronze), ce serait un peu le temps de rappeler le fameux aphorisme des Olympiques de grand-papa: «L’important, c’est de participer». Oh, mais excusez-moi, faites excuses… L’Olympisme Stéroidal Néo-Libéral Contemporain a pulvérisé ce point de doctrine parcheminé. Il n’existe tout simplement plus. Tant pis pour nous tous, hein. Le deuil Rochette, c’est celui-là aussi… pourtant… Oh et, j’allais presque oublier, le 21 mars 2011, on mentionne discrètement trois médailles d’or canadiennes aux Jeux Paralympiques de Vancouver…

Bon, alors question. L’intox promotionnelle canadienne vous rejoint-elle encore, deux ans plus tard? Allons, admettez avec moi, quand on se repasse le ruban en accéléré, avec le recul, que c’est chiant en grande et que la magie de toc s’est quand même un peu pas mal racornie. La malhonnêteté des médias en matière de couverture des Jeux Olympiques n’est plus une nouveauté. Les Olympiques sont une foire ouverte de propagande que chaque pays utilise pour se faire mousser. Les médias canadiens n’ont pas couvert la chose autrement. Chauvinisme crasse et partialité veule. Gros titres pour les victoires canadiennes, entrefilets pour les défaites canadiennes et les victoires des autres. Promotion de soi. Mutisme sur les autres. Impossible de relativiser la position du Canada dans le concert musclé-dopé des nations, avec ce genre de couverture. Lyrisme et faux héroïsme, «courage», «persévérance», tous ces fallacieux mérites de l’industrie du sport-spectacle sont hypertrophiés. Il y a vraiment peu d’informations utiles pour une véritable compréhension critique du monde, des politiques sportives canadiennes, de l’impact social du sport professionnel et de l’industrie multinationale du sport, dans ces événements et leur couverture contemporaine. Il est passé dans quel goulot d’évacuation, le journalisme, bondance de la vie!

Et ce cirque inique et pharaonique se déploie désormais mécaniquement, aux deux ans (hiver, pause, été, pause, hiver, pause, été, etc). La barbe, la barbe, c’est reparti…

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Classé dans Actualité, Paul Laurendeau

Sur le féminisme de droite

La question ressurgit de temps en temps chez nos folliculaires. Les organismes féminins gauchisants contemporains sont-ils des représentants légitimes de l’intégralité de la masse des femmes. Les femmes de droite répondent habituellement ouvertement par la négative à cette question épineuse. Elles sont bien en rogne qu’on prétende les représenter en mobilisant des portes-paroles qu’elles qualifient rageusement (et, en fait, pas très honnêtement) de «granolas lesbianisantes aux idées extrêmes». Sans vouloir jouer les esprits paradoxaux, j’ai quand même, spontanément, envie de poser la question suivante, un peu perfide: les femmes de droite, numériquement minoritaires, ouvertement élitaires, n’ont elles pas pourtant tout plein d’organismes (masculins ou mixtes) pour parler pour elles? Conseil du Patronat, Chambres de Commerces, comités et regroupements corporatifs de toutes farines, grands syndicats des médias, conseils ministériels, etc… Ma question ici postule, naturellement, que la femme de droite n’est pas trop distincte de l’homme de droite (ce postulat est respectueusement ouvert à discussion) et surtout, mon interrogation pose conséquemment la question toute simple et directe de savoir s’il y a un féminisme de droite

D’abord, il n’y pas à se conter de menteries. Il y a des noirs de droite, des gais et des lesbiennes de droite, des aborigènes canadiens de droite (et même antisémites), des handicapés de droite et indubitablement des femmes de droite. Les groupes sociaux à bases biologique ou ethnologique ne sont pas des classes sociales et l’appartenance à ces derniers n’est en rien le garant d’une position de classe conséquente. Mazette, il y a même des ouvriers, des chômeurs et des assistés sociaux de droite, alors je vous demande un peu… Il faut aussi assumer que la réflexion, spontanée ou articulée, sur la condition féminine n’est certainement plus un monopole à gauche. On dégage alors inexorablement deux types de femmes de droite. Il y a d’abord les femmes de droite qui sont ignorantes du féminisme ou le combattent. Elles vivent dans l’ombre de leur homme, jugent que tout va bien dans l’ordre machique et phallocrate des choses et que les valeurs traditionnelles priment. Dire qu’il y a des femmes de droite qui sont non féministes, c’est un truisme. Ces figures d’arrière-garde existent bien toujours mais, par contre aussi, il est légitime de suggérer que leur impact social est voué, dans la dynamique contemporaine, à demeurer faiblard. Que voulez-vous, c’est inévitable. Faire compulsivement la promotion de la soumission ne rend ni insoumise, ni puissante, ni même particulièrement active socialement. Sorte de caricature du passé, la femme soumise rétrograde, dont la cause est indubitablement foutue, servira, en fait, de repoussoir extrême, fort utile au féminisme de droite. Il est en effet toujours utile d’être (ou de paraître) en avance sur une autre instance et de s’en glorifier.

Il y a ensuite les femmes de droite qui font une promotion active (et parfaitement légitime, dans la logique, réformiste mais non révolutionnaire, qui est celle de tous les segments de la droite «novatrice») de la femme, de l’efficacité des femmes, du pouvoir des femmes, de l’éthique professionnelle des femmes, de la légitimité des particularités de la culture intime des femmes, de l’esprit de corps des femmes. Les femmes de droites, actives dans l’entreprise, le commerce, les médias et la politique observent vite la persistance rampante, un peu poisseuse, d’une mentalité masculine vieillotte, surannée, ou, plus insidieusement, d’une propension semi-consciente des hommes bien installés à imposer leur culture intime comme si c’était un implicite absolu et incontestable. Les chicanes sans fin sur la climatisation des bureaux, l’intendance des chiottes, les activités sociales d’entreprise, l’éthique entrepreneuriale et la tenue des cuisinettes attenantes aux salles de réunion est un symptôme tout à fait parlant du phénomène beaucoup plus vaste du choc des sexages parachevant le positionnement entrepreneurial des femmes. Inutile d’ajouter que les questions sérieuses où les femmes d’affaire sont solidement actives et en position de pouvoir sont, en fait, sans sexe et neutres en sexage. Ces femmes les traitent, y agissent, y jouent leur rôle et tout est dit.

On suggérera donc qu’un féminisme de droite considère simplement que la femme est l’égale de l’homme et mérite le même salaire, les mêmes tâches et la même considération MAIS, ce… dans un espace concurrentiel capitaliste que, d’autre part, le féminisme de droite promeut, postule et ne remet aucunement en cause. Ce féminisme, égalitaire mais non révolutionnaire, développe aussi un solide corporatisme féminin, c’est-à-dire une promotion ferme, solide, de toutes les particularités de la culture intime des femmes comme facette de la réalité sociale (capitaliste) postulée et axiomatisée. Il est d’ailleurs parfaitement usuel, pour l’esprit de corps féminin de droite, de nier purement et simplement être un féminisme. Le féminisme de droite en est pourtant bel et bien un. Le nier, c’est occulter son importante facette progressiste, bien sûr circonscrite, souvent bafouée (y compris en son sein même) mais bien réelle. Et le féminisme de droite est, de plus, extrêmement important pour la gauche parce qu’il contribue à démonter une des grandes illusions de ladite gauche, celle voulant (encore) que cause des femmes et lutte des classes soient intimement confondues et comme inextricablement fusionnées. Cette fausseté théorique est mise en relief par l’impact social croissant du féminisme de droite contemporain. Le féminisme de droite revendique une meilleure place pour les femmes d’affaire dans un monde des affaires qu’il n’a aucunement l’intention de questionner. Le féminisme de droite entend que les femmes de droite prennent leur place au côté des hommes de droite dans un système social toujours fondamentalement affairiste, ploutocrate, oppresseur et bourgeois. Progressiste en son espace strict, novateur dans le cadre restreint du dispositif qu’il postule, le féminisme de droite relègue inexorablement dans la fosse fétide de l’extrême droite ruinée la cause androhystérique de la soumission de la femme à l’homme et toute les facettes de l’anti-féminisme féminin (ou masculin) passéiste. Cette cause là est entendue autant pour le féminisme de droite que pour le féminisme de gauche. L’ensemble des femmes de droites se subdivise donc finalement en trois sous-ensemble: 1- les femmes effectivement non-féministes (ne les cherchez pas dans le milieu du travail. En bonne cohérence objective, elles sont devant leurs poêles); 2- les féministes de droites non assumées (elles refusent fermement de se dire féministes parce que cette notion pue la gauche à leurs narines. Ce sont souvent les «anti-féministes» les plus virulentes, du moins subjectivement, verbalement. Il faut observer leurs actions effectives, pas les illusions qu’elles entretiennent sur elles mêmes); 3- les féministes de droite assumées (les championnes explicites de l’esprit de corps féminin, implicitement affairiste et bourgeois).

L’existence du féminisme de droite (et le fait qu’il a de plus en plus pignon sur rue, notamment dans la politique et les médias) pose des problèmes très délicats à l’action militante. Le fait est qu’il faut combattre le féminisme de droite (surtout lorsqu’il est assumé, car alors il se légitimise sciemment comme progressiste) non pas parce qu’il est un féminisme mais bien parce qu’il est de droite. Il est donc indispensable de le dissoudre, méthodiquement et sans minimiser sa spécificité innovante, dans le reste de l’idéologie de droite qui, elle, est désormais de plus en plus sans sexe ni genre et sans doctrine spécifique du sexage. Et l’exemple cardinal ici, c’est nul autre que celui de notre bon gros Tony Soprano. Suivez-moi bien. Tony Soprano est un malfrat teigneux, un criminel notoire. Quand le FBI le serre de près, il pose un geste rhétorique tout particulier. Il se met à se lamenter parce qu’en s’en prenant à lui, on s’en prend(rait) à la communauté italo-américaine toute entière, qu’on empêche(rait) de s’épanouir. Certains aborigènes, ou pseudo-aborigènes (masqués), trafiquants de cigarettes, d’armes ou de cannabis, jouent la même carte. Quand la brigade des crimes économiques ou des stupéfiants les serre de trop près, ces criminels de droit commun, bien planqués dans le maquis de la légitimité de la cause aborigène, se mettent à dégoiser sur l’oppression de leur peuple par l’homme blanc… Il faut alors prudemment se dégluer de cette dangereuse chausse-trappe sociologique, en expliquant calmement à Tony Soprano que ce sont ses activités criminelles, et non son profil ethnique, qui lui méritent ses ennuis actuels. Vive la communauté italo-américaine. Vive les aborigènes. Haro sur la criminalité. Même message ici: vive l’augmentation du pouvoir des femmes tous azimuts et inconditionnel, haro sur le capitalisme et sur les femmes et les hommes qui en profitent. Car il est, lui aussi, rien de moins qu’un crime.

J’y faisais allusion en ouverture, le féminisme de droite combat ouvertement et farouchement le féminisme de gauche, non pas parce qu’il est un féminisme, mais bien parce qu’il est de gauche. C’est la base de l’accord sur la cause collectivement endossée et légitime (la cause féministe, dont la validité est incontestable) qui sert de vivier pour la lutte la plus fondamentale, la plus implacable, la plus cruciale: la lutte des classes. Si le féminisme de gauche a tort de croire qu’il parle pour l’intégralité des femmes (le capitalisme ayant su se réformer un petit peu en faveur des femmes de droites), le féminisme de droite a bien plus profondément tort de s’imaginer que l’arène exclusive de la lutte des femmes (comme êtres humains, en solidarité avec tous les êtres humains) est exclusivement cette société capitaliste inique dont les petites cheffes et les soldates n’ont pas plus de décence sociale que ses petits chefs et ses soldats.

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Démission de Normandeau : même pas une tempête dans un verre d’eau…

Par Renart Léveillé

La démission de Nathalie Normandeau… Tout d’abord, il me faut pointer le billet de la blogueuse Marilène Pilon : « Deux poids deux mesures : désinformation d’une crise ». Elle y fait le triste constat du traitement très différent de la nouvelle quand il s’agit du PQ ou du PLQ. Elle a bien raison : pourquoi la nouvelle du départ de la vice première ministre du Québec ne signifierait pas que le PLQ est en crise, comme on l’a ressassé à toutes les sauces pour les démissions au PQ? Parce qu’il ne faut pas se leurrer, le terme « crise » n’est pas neutre du tout, surtout dans l’imaginaire collectif.

C’est certain qu’il y a une différence entre une démission et des démissions, mais, comme le soulève Marilène, le PLQ a eu son lot de démissions, quand même assez récemment. Et encore plus récemment, comment ne pas faire le lien avec la démission d’Alexis St-Gelais, président du PLQ dans Jonquière?

Je ne pourrais le renier, il y a effectivement une crise au PQ, mais elle me semble bien nourrie : pourrais-je dire… par sensationnalisme? Et, serait-ce de l’exagération de dire qu’il y a aussi une crise au PLQ?

Passons là-dessus.

De son côté, le blogueur Daniel Lalonde revient sur le fait que Nathalie Normandeau, dans son discours, « en a profité pour dénoncer le cynisme de la population envers la classe politique. » Son excellente question à l’ancienne vice première ministre :

déplorerait-elle le cynisme d’une femme envers les hommes après qu’elle se soit fait tromper à répétition?

Pour la suite de son propos, un dénommé @EspritTordu l’a bien synthétisé par ce message, publié sur Twitter :

Nathalie Normandeau: une prime de départ de $150,000 après sa démission. Essayez seulement de demander du chômage si vous démissionnez!

Sans oublier que « son départ en plein milieu de mandat force une élection partielle qui, si l’ont se fie à l’élection partielle de 2009 dans Rousseau, ne coûtera pas moins de 500 000 $. »

Et, bien sûr, comme je l’avais soulevé aussi sur Twitter :

Faudrait organiser un « pool » sous le thème : Dans combien de temps Nathalie Normandeau aura son retour d’ascenseur pour services rendus.

Démission de Normandeau : « la volonté de se consacrer un peu plus à sa vie privée. » – Un peu plus à sa vie « au privé »?

En plus de cultiver le cynisme citoyen, toute cette histoire est un terreau très fertile pour le sarcasme.

Et je pourrais m’arrêter ici.

Le pouvoir

Mais à la lecture du billet de Cécile Gladel à ce sujet, dans la section où elle parle de l’avis de Josée Blanchette, j’ai une petite veine dans le front qui s’est mise à sursauter! Cette phrase en particulier :

Il faut beaucoup de lucidité ou être parvenu au point de non retour (sic) pour renoncer au pouvoir ainsi, aussi ouvertement, en baissant les bras, tout simplement.

Je ne sais pas si c’est juste moi, mais je n’aime pas du tout l’utilisation du terme « pouvoir » dans ce contexte. J’aurais préféré plutôt quelque chose pointant un poste de haut niveau ou quelque chose du genre. Parce qu’être parvenu au point de non-retour pour renoncer au pouvoir, ça donne l’impression que le pouvoir est en soi un joyau… Pour ceux qui ont lu et/ou vu la série « Le Seigneur des anneaux », nous ne sommes pas très loin de Gollum et de son « précieux »…

Et, si je ne m’abuse, le pouvoir de Nathalie Normandeau était assujetti au citoyen, contrairement au pouvoir du domaine privé. Et des politiciens qui visent la tête du gouvernement expressément pour goûter à l’étourdissement du pouvoir, le moins possible s’il vous plaît. Cela participe au cynisme ambiant. Le pouvoir, dans le contexte politique, ça devrait principalement concerner la possibilité de faire quelque chose pour les autres, et très accessoirement pouvoir s’appliquer à l’égo de la personne qui en a. D’autant plus qu’il ne manque pas d’argent à la clé. Ouin, le pouvoir et l’argent, le pouvoir de l’argent…

Et de voir cette formule de la plume d’une chroniqueuse très connue et appréciée, ça me donne des frissons.

Mais c’est sans doute juste moi.

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Pour la transparence éthique du commerce

Par Renart Léveillé

 

Sur Générations d’idées, Marc Saindon lance une bonne idée au sujet du commerce éthique. Il est question de ce qu’il appelle la certification Janus, inspirée du « nom de la divinité romaine à deux visages, gardienne de la paix ». Et son idée part de cette prémisse, qui est tout à fait probante :

Si acheter c’est voter, on devrait être capable de savoir pour qui on vote quand on fait ses achats.

Question de synthétiser, il s’agirait d’apposer une étiquette négative aux produits des « entreprises qui ont des comportements inacceptables ». Comme exemple, l’auteur pointe la firme Unilever, qui d’un côté avec son marketing pour Dove pointe le problème de la pression médiatique que subissent les femmes pour être mince, et de l’autre y participe avec ses produits Axe (ou le cliché de la femme-mince-objet est magnifié dans ses pubs) et, la goutte qui fait déborder le vase, ses produits diètes Slim Fast. Et à regarder la liste des marques d’Unilever, disponible dans le billet, il est bien drôle de constater qu’on y trouve quelques produits dits « engraissants »… Et personnellement, je constate que je contribue aux profits de cette compagnie puisque je ne jure que par certains de ses produits. Que je ne nommerai pas!

Pour appuyer son idée, l’auteur soulève l’existence d’« étiquettes pour encourager l’achat de produits vendus par des entreprises qui ont des comportements éthiques, verts et équitables » mais je ne crois pas qu’une étiquette Janus serait aussi simple à faire passer dans la réalité, donc dans les commerces et la société. À la base, quel patron de commerce voudrait se mettre à dos ses fournisseurs de produits en permettant un étiquetage négatif? Et, pour outrepasser cela, il faudrait encore une loi étatique pour l’imposer à tous, ce qui serait bien le comble de l’affront aux amants de la liberté individuelle (surtout de la liberté commerciale), et qui n’est pas à prendre à la légère.

Non, je crois qu’il faudrait plutôt opter pour une solution plus en phase avec la technologie (mobile) : les gens intéressés par l’achat éthique pourraient avoir simplement accès à de l’information complète sur les produits offerts en magasin via leur téléphone « intelligent ». Pour ce faire, un site d’éthique commercial pourrait tout à fait être géré par un regroupement d’organismes comme l’Office de la protection du consommateur et Équiterre, pour ne nommer que ceux soulevés par l’auteur.

Je vois très bien l’intérêt de pointer du doigt, mais malheureusement je crois qu’il faut laisser le loisir aux gens de faire au moins l’effort de se renseigner un minimum par eux-mêmes, surtout dans l’optique d’un accès facile à l’information, comme je le propose. Et, par cela, de laisser tranquille ceux qui ne veulent pas entendre parler directement de ces questions d’éthique. Mais je ne doute pas que ça va finir quand même par les rattraper, qu’ils soient majoritaires, comme je le soupçonne…

Même un petit phénomène, surtout s’il fait fléchir les chiffres de vente, peut faire bouger les grands joueurs. Et ainsi de suite…

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Le syndrome du larbin et la révolution islandaise

Par Renart Léveillé

Deux trucs inédits pour moi voilà quelques heures encore, et que je me dois d’imprimer ici. À défaut d’être journaliste, et donc seulement blogueur (et d’aimer adorablement ce passe-temps ingrat), je peux au moins faire ça…

Le syndrome du larbin

Définition sommaire :


Chez un individu, le syndrome du larbin est un comportement pathologique visant à prendre systématiquement la défense des classes les plus favorisées au détriment de celles dont il est issu. Ce syndrome diminue les capacités d’analyse du larbin et se traduit par un blocage psychologique l’incitant à agir préférentiellement contre ses propres intérêts au profit de ceux qui l’exploitent.

Ne vous lancez pas sur votre téléphone pour conseiller à votre beau-frère un bon psychologue, c’est plus humoristique que sérieux, même s’il semble exister de véritables cas de ce syndrome. Il ne manque qu’un scientifique pour s’y pencher, mais je doute fort qu’il reçoive des subventions privées ou gouvernementales, alors c’est déjà mort dans l’oeuf…

En fait, si c’était vrai, ou plutôt avéré, la presque totalité des gens penchants à droite en serait, étant donné qu’il y a un très petit pourcentage de droitistes très riches. Mais je ne passerai pas trop de temps là-dessus, parce que dans le fond, ce sujet est seulement un clin d’oeil pour introduire le prochain.

La révolution islandaise

Visiblement, la population islandaise aurait un taux de syndrome du larbin assez bas si on regarde ce qui s’y passe depuis 2008.

C’est vraiment une histoire incroyable et pourtant, il n’y a vraiment pas eu beaucoup d’écho depuis ce qu’on a appelé « la révolution des casseroles », que relatait Le Figaro le 4 février 2009 :

Le tintamarre des casseroles et des poêles à frire, chaque samedi devant le Parlement, a fini par avoir raison du premier ministre islandais […] Geir Haarde, chef d’un Parti conservateur qui dominait la scène islandaise depuis l’indépendance du pays en 1944 […] Mais la «révolution des casseroles», comme on l’appelle à Reykjavik, n’est pas terminée : ce samedi, pour la 17e fois depuis le début de la crise [financière] en octobre, ils étaient encore plusieurs centaines à crier leur colère. «Rendez-nous notre argent !», proclament des pancartes. «On veut de nouvelles têtes dans les banques et au gouvernement » […]

Une coalition de partis de gauche ainsi qu’une première femme au poste de premier ministre, Jóhanna Sigurðardóttir, ont été portées au pouvoir, mais assez rapidement, le peuple a pris les choses en main en refusant par référendum à 93% le remboursement de la dette et en élisant une Assemblée citoyenne chargée de rédiger une nouvelle constitution (« Parmi les propositions qui reviennent le plus souvent, on peut noter la séparation de l’Église et de l’État, la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles et une séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif. »). Leurs travaux commenceront en février pour se terminer à la fin du printemps.

Le reste de l’Histoire est à écrire.

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Avouez que c’est assez inspirant! C’est quelques crans au-dessus d’une pétition demandant la démission de notre premier ministre John James Charest, quand même… (Ce n’est surtout pas pour dénigrer la chose, si seulement c’est le début de quelque chose de plus vaste, espérons-le!)

Voilà la preuve qu’il y a plus grand et plus profond que la démocratie comme on la voit théoriquement. Les supposés chiens de garde de cette démocratie molle sont apathiques, il n’en tient qu’à moi, qu’à vous, citoyens, d’y fouetter les sangs!

Voilà mon humble contribution. Ne vous gênez surtout pas pour faire suivre.

*

(Merci à Eric Bondo de m’avoir pointé ces sujets.)

 

(Peinture : Pierre Marcel, « Bringing democraty », Acrylique sur toile, 150 x 150 cm, France 2001.)

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Bonne fête (en retard) Pierre Elliott Trudeau!

Je suis un peu en retard pour la fête de Pierre Elliott Trudeau, c’était au début de la semaine, le 18 octobre. Je ne suis pas désolé, comme il ne l’a jamais été, visiblement, pour son oeuvre.

Je suis tombé un peu avant cette date sur un texte parfait pour honorer sa mémoire, dans le sens le plus réaliste du terme. Ça vaut vraiment la peine de le lire, mais pour les paresseux, je pourrais bien en faire ressortir les grandes lignes.

L’héritage de P.E.T :

Dette publique : la majeure partie de l’endettement du Canada est due à ce grand gestionnaire… Pour « payer des programmes sociaux, des salaires, et plein de dépenses courantes. »

Les relations Québec-Canada : rapatriement de la Constitution sans l’accord du Québec, entre autres. « Nous sommes toujours dans ce vide constitutionnel ».

Politique favorisant le multiculturalisme : « Tout ça parce qu’un parano au pouvoir à l’époque a fait adopter cette politique dans le but d’empêcher les « Canadiens français » d’être les seuls à se distinguer de la majorité anglo-saxonne blanche et protestante. »

Charte des droits et des libertés : « J’ai le droit de me sentir insulté si la société dans son ensemble fête Noël, considère la femme égale de l’homme ou si on m’oblige à apprendre le français ou l’anglais. »

Aéroport de Mirabel (avec bien sûr les expropriations qui ont été avec) : « L’insulte s’est ajoutée à l’injure quand le gouvernement Chrétien a nommé l’aéroport international de Montréal en l’honneur de ce triste individu ».

Démantèlement du réseau de chemin de fer « pour favoriser le camionnage ».

Création de la FIRA (agence de tamisage des investissements): « on reconnaît aujourd’hui que cette Agence a considérablement freiné le développement économique du Canada. Pendant cette période, le nombre de chômeurs canadiens a presque quintuplé, passant de 300 000 à 1,4 million. »

Dire qu’il est un dieu pour certaines personnes…

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La laideur comme élément discriminatoire

On peut aussi contester les critères liés à l’apparence s’ils sont discriminatoire­s. Pour cela, il faut montrer qu’ils excluent des employés sur la base de leur âge, de leur sexe, de leur origine ethnique, de leur religion, de leur handicap ou d’un autre facteur de discrimination prévu par la Charte des droits et libertés de la personne. « L’apparence physique et le poids n’en font pas partie. Si on refuse de vous engager parce que vous êtes très laid, c’est injuste ; mais ce n’est pas un motif interdit de discrimination. Par contre, si votre image dérange parce que vous êtes en fauteuil roulant, grand brûlé, amputé ou obèse morbide, vous pourriez invoquer le motif du handica­p », explique Hélène Tessier, avocate spécialisée en droits de la personne, psychanalyste et professeure à l’Université Saint-Paul, à Ottawa. Si on vous rejette parce que vous avez l’air trop vieux, vous pourriez porter plainte pour discrimination selon l’âge.

(Source : L’actualité, « Code vestimentaire : que dit la loi québécoise ? » de Noémie Mercier, paru le 19 août 2010 – merci à Nicolas Roberge de m’avoir doublement pointé l’article sur Twitter.)

Donc, voilà, comme me le spécifiait Nicolas, « Ils ont limité la discrimination à l’âge, le sexe et la religion. Les bars pourront encore embaucher que des pitounes. » Je lui ai spécifié, en d’autres mots, qu’il reste que les bars « vendent » un peu ça, quand même, des employés d’apparence agréable, pour accompagner les alcools. Mais j’aurais voulu étayer un peu plus ma pensée, surtout la développer, mais les 140 caractères maximums de Twitter sont un carcan trop mince pour y arriver… (Voilà aussi pourquoi les blogues ne mourront pas de sitôt!)

On le sait tous que dans n’importe quel emploi (qui ne demande pas de préalable d’apparence), à compétence égale on choisira même sans s’en rendre compte le candidat le plus beau, c’est dans la nature humaine. (S’il s’agit d’un homme et d’une femme et non de deux candidats du même sexe, la femme aura beau être superbe, c’est moins sûr que la balance penchera de son côté… Mais bon, c’est un autre débat.) Alors, il est bien évident qu’il y a de la discrimination en jeu pour la personne moins belle, malgré ce trou dans la loi! Voilà où se trouve la limite de la Charte pour aplanir les différences.

La Charte des droits et libertés de la personne proscrit la discrimination « fondée sur la race, la couleur » et pourtant le concept même de « race humaine » est scientifiquement fortement contesté. Ce qu’on appelle communément « race » est en fait le résultat d’une évolution de proximité génétique à très long terme. Quoi qu’il en soit, il est question de juger quelqu’un sur des considérations hors de son contrôle, soit son hérédité, sa génétique. Tout comme la personne laide en fait, même si le résultat est dû à une loto génétique qui concerne plus particulièrement la parenté immédiate.

Je crois donc qu’il faudra revoir un jour cette question, si on veut conserver une certaine logique dans cette charte. Un beau projet pour activer grandement les méninges des gens qui pensent et rédigent ces lois!

(Photo – modifiée : ventanazul)

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Gardiennes de prison pour hommes

Au  début, dans les prisons, les femmes étaient présentes à des postes administratifs les rendant invisibles pour la majorité des détenus. En 1982, une dramatique émeute dans un pénitencier à sécurité maximum, a été l’un des éléments déclencheurs favorisant l’arrivée des femmes parmi les agents correctionnels.

Jean-Pierre Bellemare, prison de cowansville Chronique du prisonnier

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Travailler dans une prison pour hommes n’avait rien pour attirer les postulantes. Une amélioration des conditions de travail et une sécurité accrue ont suffisamment changé l’image du poste pour que plusieurs femmes se laissent tenter, même si leur intégration s’est effectuée progressivement.

Femmes gardiennes de prison, une menace?

À leur façon, les agents correctionnels, tout comme les détenus, ont signifié leurs griefs. Les gardiens en place n’étaient pas vraiment enthousiastes à l’idée d’accueillir des femmes parmi eux. Ceux qui ont participé à cette transition ont candidement avoué leurs réticences. L’arrivée des femmes fut perçue par plusieurs gardiens comme une menace à leur sécurité. La peur qu’une femme ne puisse assurer leurs arrières durant leur quart de travail justifiait, d’après eux, leur opposition. Étonnamment, ce n’est pas la sécurité des femmes mais la leur qui semblait primer.

Du côté des détenus, la résistance venait surtout de ceux qui étaient condamnés pour des crimes de violence conjugale. La position d’autorité d’une gardienne semblait les mettre hors d’eux-mêmes, entraînant des commentaires disgracieux et méprisants. En prison, les machos prolifèrent comme des bactéries. Les hommes roses sont plutôt du type rouge sang!

Femmes et diminution de la violence

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Pourtant, le changement le plus important depuis l’arrivée des femmes dans le milieu carcéral, a été une diminution significative de la violence. Lorsque deux détenus se bagarrent, les gardiennes interviennent avec une approche beaucoup plus conciliante que répressive, désamorçant ainsi la crise. Les hommes perçoivent trop souvent la négociation comme une faiblesse, une remise en question de leur autorité. J’ai vu des gardiens pousser des femmes à bout par simple malice. J’ai vu des détenus faire la même chose.

Des gardiens ont refusé de travailler en équipe avec des femmes et des détenus ont refusé d’être fouillés par elles. Aujourd’hui, les choses se sont améliorées. L’augmentation des gardiennes dans les pénitenciers a fortement contribué à la diminution du stress en milieu carcéral.

Par ailleurs, ce n’est pas plus dangereux pour une femme de travailler dans un pénitencier que pour un homme. Elles ne sont pas des butch (femmes bucheronnes). Elles sont représentatives de ce que l’on peut retrouver dans une entreprise conventionnelle.

L’arrivée des femmes au pénitencier est comme un vent d’humanité. Malgré quelques exceptions, leur côté maternel permet une approche bienveillante. Il y a eu une nette amélioration des communications des deux côtés de la clôture, au bénéfice du bon fonctionnement des pénitenciers.

L’évolution du pouvoir de la femme dans la société ne s’est pas laissé ralentir par les murs de préjugés qu’ont érigés les pénitenciers.

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1ere illustration, Zeck, 2e illustration, Mabi

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Classé dans Actualité, Raymond Viger

L’émancipation féminine et l’aviation

Ah, encore un beau visage et une allure délurée de fille qui ne ne se laisse pas faire. C’est celui d’Elinor Smith, une photo d’elle prise alors qu’elle a 31 ans déjà. Un garçon manqué ? Même pas : à cette époque s’habiller comme un homme et porter des vêtements de « mec » est un acte franchement provocateur, celui de femmes qui n’ont pas attendu les suffragettes pour se faire entendre. En France, on aura une Coco Chanel, tout aussi provocatrice, qui fera de même. S’affubler d’un pantalon, à cette époque est un des moyens de s’emparer du machisme existant : l’irrésistible et insaisissable Louise Brooks en sera la meilleure représentante. C’est en effet la période de ce qui sera appelé le style « garçonne » : le livre « scandale » de Margueritte est sorti en 1922 (l’auteur y perdra sa légion d’honneur !). A l’époque de Smith, c’est plutôt Charlotte Andler qu’on regarde. L’androgynie est à la mode et Marlene Dietrich s’y essayera. Louise Brooks sera reconnue bien plus tard, dans les années 70 seulement : trop sulfureuse pour le moment. Pour s’imposer alors, les femmes doivent d’abord singer les habitudes des hommes, et porter pourquoi pas leur vêtements. Pour se distinguer, imiter n’est peut-être pas la meilleure façon de faire, en définitive. D’autres seront plus radicales, en s’attaquant aux fiefs des hommes, notamment la mécanique, avec une nette prédilection pour l’aviation.

L’aviation, dans ce sens, a en effet offert à plusieurs d’entre elles l’occasion de se faire entendre et de se faire respecter d’une tout autre façon qu’en se déguisant en garçons. On songe bien sûr à Amelia Earheart, dont je vous parlerai bientôt, promis, mais aussi à Florence Pancho Barnes, celle qui tenait le bar perdu au milieu du désert où venaient s’attabler tous les pilotes émérites dont la plupart deviendront les premiers cosmonautes US (voir « l’Etoffe des Héros »). On songe aussi plus tard aux fusées, et à Valentina Terechkova qui ne doit son éclipse, après son exploit, qu’à un caractère de cochon qui en a dépité plus d’un (surtout son directeur de vol- le mystère de son siège en miettes n’ayant pas eu d’explications). Ou plutôt à Marina Raskova, elle aussi recordwman (d’un vol de 6000 km entre Moscou et Komsomolsk), devenue le leader de l’escadrille féminine russe de la seconde guerre mondiale, fort redoutée par les allemands. L’une des « sorcières de la nuit » comme on les avait surnommées.

La femme a-t-elle profité des débuts de l’aviation pour s’offrir les ailes qui lui manquaient dans une société dominée par des machos ? Sans nul doute, et la France n’a pas été en reste, dans ce mouvement libérateur, avec des personnalités telles qu’Hélène Boucher, Maryse Bastié ou avant elles Raymonde de la Roche …. sans oublier aux Etats-Unis le cas incroyable de la très belle Bessie Coleman, foudroyée à 34 ans, lors du crash de son avion : noire, elle était allé chercher sa licence… en France, au Crotoy, chez les frères Caudron, en 1921 : elle était revenue en étant la première femme noire au monde à piloter un avion ! Le Crotoy, d’où l’on tentera aussi des records. Elle était devenue en meeting la « Queen Bess », ou « l’Ange Noir » aux prouesses acrobatiques impressionnantes. Si elle avait survécu un peu plus longtemps, la barrière du racisme, en aviation, serait tombée bien avant la seconde guerre mondiale ! Dans ses meetings, la reine Bessie avait fait imposer un principe révolutionnaire : elles étaient pour la première fois mixtes, noirs et blancs côte à côte ! Tout cela bien avant l’épopée des célèbres Tuskogee Men… autres relégués talentueux ! Les femmes, c’est bien connu, ça ne sait pas voler non plus !

La femme qui vient de disparaître le 19 mars dernier s’appelait Elinor Smith, donc, et était de la trempe d’une Bessie Coleman, et avait surtout commencé plus tôt. Emmenée à 6 ans par son père, un comédien de vaudeville, dans un biplan Farman à hélice propulsive, elle avait décidé ce jour là que c’était ça qu’elle voudrait faire plus tard : aviatrice. Les femmes ont cette faculté à pouvoir gérer le temps autrement : les hommes sont impatients, les femmes beaucoup plus tranquille vis-à- vis du temps (en même temps fort tenu par la capacité à gérer une grossesse selon l’âge) : ce qu’elles ne peuvent pas faire le mardi, là où un homme perdra toute sa journée, elles le feront…. un autre jour. Notre Elinor, elle, a eu la chance de ne pas avoir trop à attendre, et à vite enchaîné le dimanche avec le lundi : elle habitait à Long Island, en face d’un terrain d’aviation où l’entraînaient très tôt son frère et son père : à 10 ans, elle volait déjà, avec des oreillers pour la coincer et des rallonges de bois fixées au palonnier, à 15 ans elle passait déjà son brevet, et l’année suivante, en 1928, elle devenait tout simplement la pilote la plus jeune du monde ! Pour marquer le coup, ou affirmer son désir d’en découdre avec les « mecs » qui la prenaient de haut, elle va tout de suite mettre les pendules à l’heure. Et de quelle manière ! En passant en enfilade sous quatre ponts consécutifs de l’East River, à New-York, ce qu’aucun pilote n’avait jamais fait, et qu’aucun n’a osé refaire depuis ! Elle passera en effet sous le pont de Queensboro, de Williamsburg, celui de Manhattan et de Brooklyn ! Elle n’alors que 17 printemps ! Comme la salue le Washington Post, à ce moment-là, c’est simple, elle était « unstoppable » !

Tout de suite, et très jeune, elle s’imposait… comme étant hors normes ! La même année, notre casse-cou féminin va s’attaquer à des records, ceux dont les hommes se targuent tant. Le record d’altitude notamment : grimpée à 11 889 pieds (3623 m), sans masque à oxygène, elle y perdra conscience et devra à un appareil docile (un superbe Waco 9) de la ramener à bon port : elle se réveillera avec le vent relatif, alors que son avion plongeait doucement mais mortellement vers le sol, au dessus du Chrysler Building de Manhattan, elle toujours abasourdie par le manque d’oxygène ! En mars, elle franchit 27 419 pieds, cette fois avec un masque, (8357 m), puis 32 576 (9929 m) toujours à Roosevelt Field mais le record ne pourra être homologuée faute de capteur étalonné : elle n’a que 18 ans alors ! Altitude ou bien vitesse pure : en 1929, elle franchit les 190,8 miles/h (353 km/h) à bord de son Curtiss Falcon.

Les femmes ont plein d’avantage sur les hommes : leur endurance, par exemple. Les hommes, en général, ont comme plus grand exploit dans le genre le nombre d’heures restés dans la salle d’attente lors des accouchements, pendant que leur femme donne naissance à leur progéniture. Comme quoi c’est bien une notion fort relative, celle de la résistance physique ! Elinor, elle, va jouer une version d’ « On achève bien les chevaux » version biplan, en restant en l’air 30 heures et 16 minutes à bord de son Brunner Winlkle Bird, triplace, en plein mois de janvier 1930, arc-boutée à son manche à balai qu’elle maintient parfois avec les jambes, faute de force dans les bras dans les virages serrés. Dehors, il fait zéro au sol et elle n’a même pas de radio à bord ! L’avion qu’elle avait choisi à vrai dire était aussi un vrai régal à piloter, hors record, au point que Charles Lindbergh en personne en offrit un à son aviatrice de femme Anne Morrow Lindbergh. Elle rééditera un exploit similaire en volant au dessus de Los Angeles pendant 42 heures d’affilée, cette fois avec une autre partenaire, Bobbie Trout. Dans de nombreux documentaires sur l’aviation, on montre ces ravitaillements qui paraissent aujourd’hui du domaine du bricolage, sans jamais mentionner son nom ni le fait que c’est une femme qui pilote. Un duo de femmes à bord, qui posera un jour avec d’autres, dont la non moins fameuse Florence Pancho Barnes.

Un cliché fait en 1929 qui est tout un symbole d’émancipation féminine : c’est pour le premier concours d’aviation uniquement réservé aux femmes . Au milieu, Amelia Earhaert. Une douzaine de femmes, qui traverseront les Etats-Unis en subissant toutes les avanies d’une société qui ne souhaite pas encore leur ilberté : leur parcours sera jonché de sabotages, dus à chaque fois à des ligues réactionnaires de machos ou religieuses ! L’une d’entre les vingt perdra la vie lors de la course lors d’un crash. Le 4 janvier 1931, Trout, cette fois accompagnée d’Edna Mae Cooper, actrice chez Cecil B. DeMille (elle a joué dans les premiers fils mais aussi âgée dans les 10 Commandements, en 1956) et aviatrice, battra le record d’Elinor en le portant à 122 heures avec un avion ravitailleur (par un tuyau et par gravité !) en tenant s 5 jours donc à bord du monoplan à aile haute baptisé Lady Rolph, un superbe Bellanca CH. L’avion, justement, que vient de se voir remettre Elinor ! Son Bellanca à elle lui avait été offert, chose rarissime, par Guiseppe Mario Bellanca, le champion et fabricant incontesté de l’époque, immigré d’Italie l’année de la naissance d’Elinor (1911), alors que Lindbergh en personne avait vainement essayé de lui en acheter un, car les Bellanca valaient une véritable fortune. Mais Guiseppe avait choisi le talent à la place de la fortune, à moins que l’idéologie trimballée par Lindbergh, ouvertement néo-nazi, n’ait bloqué le constructeur. Elinor, à partir de là, est nommée pilote d’essai Bellanca, et assure le même rôle aussi chez Fairchild. En 1930, à 19 ans seulement, on lui décerne le prix de meilleur aviatrice du pays, devant… Amelia Earheart, qui connaîtra la gloire que l’on sait peu après ! Elinor sera approchée un temps par George Putnam, qui deviendra le mari d’Earheart et financera sa dernière expédition : Elinor aurait très bien pu être à la place d’Amelia… En 1931, un des avions de Bellanca, Miss Veedol, est le premier à traverser le Pacifique, du Japan à l’état de Washington. Elinor peut rêver encore à d’autres records, dont celui de la traversée de l’Atlantique par une femme.

En 1931, un sponsor, Powel Crosley, un fabricant de radios , lui offre la Rolls de l’époque : un Lockheed Vega V, un magnifique monocoque de contreplaqué, revu par la NACA, le même avec lequel Amelia Earheart franchira pour la première fois l’Atlantique le 20 mai 1932. Elinor ne laissera pas son nom sur les tablettes ! Une autre femme s’illustrera à bord d’un Lockheed Vega : Ruth Rowland Nicols, sponsorisée elle aussi par Crosley. La première à posséder en même temps record de vitesse, d’altitude et de distance. Pour elle, émancipation signifiait quelque chose : sa mère était une Quaker, façon stricte. Eclectique, elle fut aussi la première femme à posséder une licence de vol sur hydravion ! Elinor projetant elle de tenter le record de traversée jusque Rome, une fois la traversée d’Earheart réussie, mais elle n’arrivera pas à réunir l’argent pour le faire et restera longtemps une abonnée aux meetings aériens américains. Une dépression tenace aussi, qui l’envahit à ce moment là depuis pratiquement 1929, la prive d’espoirs de battre de nouveaux records.

La dépression passée, elle peut s’adonner aux joies du mariage et de la procréation avec un avocat, qu’elle épouse en 1933, à 22 ans donc. Elle se range quelque peu des ailes et se consacre alors entièrement à élever ses quatre enfants, en renonçant à tout espoir de record. Mais le démon aérien la reprendra, fort tardivement il est vrai. Au décès de son mari elle revient à ses premiers amours en s’engageant dans l’Air Force Association, en 1956. Au sein de l’organisation, elle volera à nouveau sur T-33, un avion d’entraînement très connu (celui des « Tanguy et Laverdure« ) mais aussi sur le transporteur lourd C-119 « Flying Boxcar », pour servir de banc de largage de parachutistes. En 1981, elle rédige enfin ses mémoires, intitulées « Aviatrix« . Le néologisme créé pour les aviatrices qu’elle incarnait parfaitement à elle seule. Les femmes lui doivent beaucoup : elle a montré il y a plus de 80 ans que ce n’était ni l’âge ni le sexe qui pouvait empêcher une détermination. Elle avait dévoré sa jeunesse à une vitesse phénoménale, à la vitesse d’une aviation naissante, passée en quelques années à des appareils inimaginables peu de temps auparavant. Les avions firent bientôt régulièrement le tour de la terre, et les idées sur l’émancipation des femmes de même. Il faudra pourtant attendre l’âge de la réaction pour que ça se concrétise dans les institutions. Les avions vont toujours plus vite que les êtres humains, il semble bien.

PS : Elle apparait dans Daredevils Dreamers comme documentaire :

http://www.michaeljlaurence.net/ddc…

On ajoutera à cet hommage une très grande dame disparue, que je suis déjà allée saluer à plusieurs reprises ailleurs : le commandant Caroline Aigle, première femme brevetée pilote de chasse de l’Armée de l’air française en 1999, décédée d’un cancer foudroyant le 21 août 2007.

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Classé dans Six de l'Hexagone, Stéphane Bouleaux

Yoyolande James

C’est par un billet de la blogueuse Nicole que j’ai appris que Yolande James, la ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles, a présenté la nouvelle stratégie de son gouvernement (synthétisée ici par Louise Leduc de La Presse):

Dès 2009, avant d’arriver au Québec, les immigrants devront avoir signé une déclaration démontrant qu’ils comprennent les valeurs du Québec, une société libre et démocratique où les hommes et les femmes ont les mêmes droits et où le français est la langue officielle.

Pourtant, le 22 octobre dernier, Madame James annonçait en grande pompe qu’il n’était « pas question que le gouvernement oblige tous les candidats à l’immigration à connaître le français avant de débarquer au Québec ». Il semble y avoir volte-face, mais la réponse se trouve à la fin du premier article cité :

En cas de bris de contrat (sic), l’immigrant ne pourra cependant pas être renvoyé dans son pays d’origine puisque (sic) aucune coercition ne sera exercée.

Visiblement, c’est une tentative de réunir l’opinion publique autour d’un double message. C’est le même désir d’en donner beaucoup pour calmer la crainte des francophones de voir le français reculer avec l’arrivée massive d’immigrants et de satisfaire à la fois les autres qui n’en ont rien à faire. C’est du symbolisme, autant que celui de la nation Québécoise dont nous a servi Stephen Harper et qui leur sert d’argumentaire. En espérant quand même qu’il sera porteur pour les nouveaux arrivants et qu’ils ne se seront pas fait dire le truc en catimini… Avec Immigration Canada dans les parages, j’en doute fortement.

Nicole se demandait : « est-ce que ça aurait un quelconque rapport avec la tenue possible d’élections en décembre? » Je dirais que oui simplement parce qu’il n’y a qu’une semaine entre les deux annonces. Le parti libéral a travaillé très fort pour se donner une aura consensuelle sur la question de l’immigration. Sans oublier la question linguistique.

Encore, une phrase de l’article de Louise Leduc me questionne beaucoup :

Au surplus, les immigrants devront commencer l’apprentissage du français avant de quitter leur pays d’origine.

Désolé, mais concrètement, je ne vois pas comment cela pourrait être contrôlé. Ce « contrat » ne semble pas être un test en bonne et due forme, alors tout repose seulement sur la bonne foi des candidats. Espérons que cela les influencera dans le sens voulu, en apparence.

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