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Massive manipulation du prix des métaux précieux

Par François Marginean

Image Flickr par digitalmoneyworld, Uncle Kick-Kick et Heaven360

Ceci est une des plus grandes histoires de fraude économique de la décennie. Une autre de plus. Il y a eu Enron, l’affaire Bernard Madoff, la crise des saisies immobilières, l’assouplissement quantitatif et les autres, sans oublier le dollar US qui est manifestement mûr pour une dévaluation catastrophique.

Il s’agit de l’impressionnante fraude et la manipulation qui a lieu dans les marchés des métaux précieux, dont particulièrement l’or et l’argent, par des institutions financières majeures. Une histoire un peu complexe qui sera ici expliquée en termes simples et compréhensibles. C’est d’une importance capitale puisque cette fraude a le potentiel de causer un massif effondrement économique.

Depuis un bon moment déjà, plusieurs observateurs et experts aguerris avaient de sérieux doutes que les prix de l’or et de l’argent étaient vastement manipulés. Cependant, grâce à un témoignage d’un très courageux informateur, la manipulation éclatante des marchés mondiaux des métaux précieux est maintenant exposée publiquement. Elle révèle aux yeux de tous l’incroyable corruption du système financier mondial. La U.S. Commodity Futures Trading Commission (CFTC) est une agence indépendante du gouvernement américain qui est chargée de la régulation des bourses de commerce, où se traitent les matières premières et qui a pour mission de protéger les usagers des marchés ainsi que le public de la fraude, manipulation et pratique abusive.

Mais il se trouve que la Commodities Futures Trading Commission s’est assis sur de solides évidences que l’élite bancaire manipule grossièrement les cours du prix des métaux précieux depuis au moins quelques années. Bien qu’ils aient reçu des informations claires et sérieuses à ce propos, ils n’ont absolument rien fait avec celles-ci. En novembre 2009, Andrew Maguire, un ancien opérateur des marchés de l’argent métallique (trader) de Goldman Sachs, rattaché au bureau de Goldman Sachs à Londres, avait contacté la CFTC pour signaler une manipulation illégale du marché de l’argent par les opérateurs de marché de JPMorgan Chase.

Avant de poursuivre, il est important de comprendre comment le marché des métaux précieux fonctionne. Plus de 95% des transactions de métaux précieux sur les marchés mondiaux sont des échanges de titres en papier et non de métaux physiques en tant que tel. C’est-à-dire que moins de 5% des détenteurs d’or ou d’argent possèdent physiquement ces métaux, sous forme de barres, de pièces de monnaie ou autres, alors que les autres 95% ne détiennent que des titres, des documents attestant qu’ils possèdent une certaine quantité d’or ou d’argent dans les coffres-forts d’une banque quelconque à quelque part. Or, il a maintenant été révélé que la majorité de ces métaux précieux transigés ne sont pas appuyés par de véritables réserves physiques et tangibles. Depuis longtemps, la plupart des gens ont assumé que le London Bullion Market Association (LBMA), le plus vaste marché d’or au monde, possédait suffisamment de réserves réelles pour garantir les «dépôts d’or» pullulant les banques majeures de la LBMA.

Mais ce n’est pas le cas. En fait, les gens commencent à réaliser qu’il existe bien peu d’or réel dans le système de la LBMA. Lorsque les gens pensent qu’ils achètent de «l’or» ou de «l’argent», ils ne font qu’acheter des morceaux de papier attestant qu’ils possèdent ces métaux. Mais est-ce vraiment le cas? Il semble que non. Soutenant cela, Jeffrey Christian de CPM Group a confirmé lors d’audiences publiques de la CFTC que les banques de la LBMA ont effectivement émis cent fois plus de titres d’or qu’il n’existe réellement de lingots d’or physique.

Oups.

Qu’arriverait-il si tout le monde décidait de vendre ou de prendre possession de leur or? Cela pourrait s’avérer être une catastrophe. En même temps, cela pourrait aussi être une arme redoutable entre les mains de la population pour punir et envoyer un puissant message au cartel des banquiers privés qui sont les artisans et les profiteurs de cette crise économique mondiale. De véritables terroristes économiques. Mais on y reviendra plus tard.

Le fait est que, de nos jours, la plupart des transactions sur le London exchange ne sont que du papier contre du papier. Les petits et grands investisseurs le savent, les banques centrales qui sont les plus grands acheteurs nets ces derniers mois sont tout aussi conscients que ce papier ne vaut rien. Alors, on assiste présentement à une nouvelle ruée vers l’or et les autres métaux précieux qui enflamme la planète entière. Les gens achètent ces métaux parce qu’ils sont une vraie commodité, un lieu où traditionnellement les gens se réfugient lorsque l’économie s’effondre ou que le dollar américain chute en valeur. Plus la monnaie fiduciaire perd de sa valeur, plus les gens se précipitent vers ces valeurs sûres, entrainant un effet de domino dangereux. C’est la raison pour laquelle les prix des métaux précieux sont manipulés à la baisse: pour éviter cette course folle vers les portes de sortie et entrainer un effondrement catastrophique des monnaies fiduciaires, dont l’important dollar américain. Cette facette sera abordée plus en détails sous peu.

Pour l’instant, il serait nécessaire de souligner que ce n’est pas vraiment le prix des métaux précieux qui augmentent, mais bien la valeur de la monnaie fiduciaire qui chute. L’inflation est une taxe cachée, car elle est le résultat d’une dépréciation de la monnaie fiduciaire et de la contraction de la masse monétaire. Il faut donner davantage de ces billets de papiers pour acheter les mêmes produits.

Le constat est qu’il y a des milliers de clients autour du globe qui pensent détenir d’énormes dépôts en or et en argent métallique sur lesquels ils paient des frais d’entreposage et pourtant, ces dépôts ne sont qu’imaginaires – la seule chose qu’ils possèdent vraiment est une pile de documents en papier.

Andrew Maguire expliquait cette situation de cette façon: « sur 100 clients qui se présentent, il y en a seulement un qui pourra réellement mettre la main sur son or ou argent. En d’autres mots, il y en a aura 99 qui repartiront les mains vides; et sans de nouveaux fonds arrivant dans les marchés, le seul fait de demander possession de cet or ou argent va créer un défaut de paiement ». (Source)

Qu’est-ce qu’un défaut de paiement? Voici une définition assez claire:

Le défaut de paiement désigne le fait qu’une entreprise ou un pays (NDLA: ou une banque, institution financière) ne soit pas en mesure d’honorer une partie ou la totalité de ses engagements envers un tiers.

Le défaut de paiement de la part d’une entreprise peut entrainer la faillite de celle-ci.

Conséquemment, il est simplement impossible pour la LBMA de remettre tout cet or et argent qu’ils doivent aux propriétaires de ces contrats. Sans doute, cela représente un gigantesque problème. Le pire est que ce type de situation n’est pas sans précédent. Par exemple, Morgan Stanley a dû verser plusieurs millions de dollars en 2007 pour régler les poursuites judiciaires qui les accusaient d’avoir prélevé des frais de stockage auprès de 22 000 clients propriétaires de lingots d’argent qui n’existait pas.

Adrian Douglas, est l’éditeur de MarketForceAnalysis.com et membre du conseil d’administration du Gold Anti-Trust Action Committee (GATA). Il estime qu’il y a jusqu’à 50 000 tonnes d’or inexistant qui aurait été vendu. Ceci, explique-t-il, « est l’équivalent de toutes les réserves minières d’or à travers la planète qui reste à exploiter, ou encore, l’équivalent de 25 ans de production minière d’or». Le système fractionnaire bancaire est donc aussi à l’oeuvre dans les marchés des métaux précieux et cette fraude pourrait totaliser 5 trillions de dollars ($5000 milliards). Soudainement, la fraude de $50 milliards de Madoff parait minuscule.

Adrian Douglas analysait dans cet article les données de la LBMA provenant de leur propre site Internet et il a calculé qu’environ 20 millions d’onces d’or sont échangés à chaque jour. Il cite Paul Mylchreest qui a fait une analyse détaillée de ces données sur les échanges quotidiens d’or sur les marchés de Londres et il en est venu à la conclusion que 2134 tonnes d’or transigeaient par jour. Ce chiffre est énorme puisqu’il c’est 346 fois plus d’or qui est extrait quotidiennement dans le monde.

Et cela, c’est sans parler des faux lingots d’or découvert par des fonctionnaires à Fort Knox, aux États-Unis, qui est censé être l’or du Trésor américain. Des millions de lingots d’or se sont avéré être des faux! Ils contenaient des noyaux de tungstène avec seulement un revêtement externe d’or véritable. Ce phénomène de lingots d’or avec un coeur de tungstène ont fait leur apparition en Allemagne, tel que rapporté par les médias allemands et américains, mais aussi en Chine et en Angleterre. Et que dire de cet or qui rouille en Russie?

Est-ce que quelqu’un essaie de faire peur aux petits investisseurs dans le but de les tenir loin de l’or pour les pousser vers les marchés boursiers, maintenant que nous nous dirigeons vers une autre vague de cette crise économique mondiale?

Manipulation du prix des métaux précieux

William Murphy, le président du Gold Anti-Trust Action Committee (GATA), a été invité à témoigner. GATA a compilé des données sur la manipulation des marchés de l’or et de l’argent pendant un bon moment déjà.

Quand on lui a demandé une preuve solide de la manipulation, Murphy a publié une bombe bien gardée par un informateur qui avait envoyé des courriels à la CFTC en expliquant comment les traders de JPMorgan ont truqué le marché de l’or pour ensuite s’en vanter. Le dénonciateur, un commerçant de Londres de métaux précieux nommé Andrew Maguire, avait des preuves assez accablantes contre le cartel, mais le panel du CFTC était visiblement réticent à en apprendre plus et ne demandait rien d’autre à ce sujet.

Maguire a expliqué à la CFTC la manière dont s’y prenaient les commerçants d’argent chez JPMorgan Chase et leur a révélé qu’ils se vantaient ouvertement de leurs exploits – y compris la façon dont ils envoient un signal à l’avance au marché afin que d’autres négociants puissent réaliser un profit au cours des épisodes de compression des prix.

Les traders sauraient reconnaître ces signaux et faire de l’argent en misant sur la baisse du cours des métaux précieux, aux côtés de JPMorgan Chase. Maguire a expliqué à la CFTC qu’il existe des manipulations systématiques du marché au moment des expirations des contrats, ainsi que lors d’autres moments stratégiques.

Le 3 février dernier, Maguire a envoyé un avertissement deux jours à l’avance par courrier électronique à Eliud Ramirez, qui est le chercheur principal pour la CFTC, à propos d’un événement de manipulation des marchés qui était pour se produire.

Maguire a averti Ramirez que le prix des métaux précieux serait supprimés lors de la publication des données de paie non agricoles, le 5 février. Comme la manipulation des marchés des métaux précieux se déroulerait le 5 février, Maguire envoyé des courriels supplémentaires à Ramirez, lui expliquant exactement la nature de ce qui se passait.

Ce n’était pas seulement le fait que Maguire avait prédit que le prix de l’argent serait forcé à diminuer qui surprend le plus, c’est surtout le niveau de précision qu’il a été en mesure de communiquer à la CFTC qui a été le plus spectaculaire. Il avait averti la CFTC que le prix de l’argent, peu importe l’état du nombre d’emplois, se retrouverait en dessous de $15 l’once. Au cours des deux prochains jours, le prix de l’argent a chuté, partant de $16,17 l’once jusqu’à un creux de $14,62 l’once.

Grâce à l’alerte de Maguire, la CFTC a pu observer un crime se dérouler en temps réel, directement sous leurs yeux.

Alors qu’est-ce que la CFTC a fait à ce sujet?

Rien.

Absolument rien.

Les marchés ont été supprimées par les grandes institutions financières depuis des années, ce qui a créé un « étranglement » potentiel sur les marchés des métaux précieux qui pourrait envoyer le prix de l’or et l’argent dans la stratosphère.

La réalité est qu’il n’y aurait plus d’or dans le monde entier si tous les fonds indiciels cotés (Exchange Traded Funds – ETF) demandaient la livraison physique de leurs avoirs.

En fait, Maguire affirme que l’arnaque des ventes à découvert par les grandes institutions financières se chiffre en milliers de milliards de dollars, ce qui en fait une des plus grandes fraudes financières de l’histoire.

Maguire nomme cela du  « terrorisme financier  » et il accuse les institutions financières impliquées dans cette fraude de «trahison», mettant ainsi la sécurité nationale en péril.

La sécurité nationale est menacée.

Parce que si la véritable ampleur de cette fraude venait qu’à se savoir, elle pourrait provoquer l’effondrement du système financier dans son ensemble.

(Source, traduction par l’auteur)

Voici une entrevue avec Andrew Maguire. Il est aussi possible de consulter ces différentes sources pour complément d’information:

Andrew Maguire finally exposes systemic fraud by CFTC & JPMorgan

A London trader walks the CFTC through a silver manipulation in advance

Media Blackout – Wall Street Journal Hiding Andrew Maguire Revelation Of JP Morgan Chase Gold/Silver Manipulation

Bill Murphy of GATA Reveals Whistle-Blower in Gold Price Suppression


Une arme redoutable entre les mains de la population

Depuis trop longtemps, les banquiers privés ont fait la loi et sont demeurés insensibles aux aléas économiques de la population. Les financiers et banquiers privés sont maintenant coupables de crimes et de fraudes financières extrêmement graves et finalement, de terrorisme économique. Pourtant, rien ne semble pouvoir les empêcher de continuer et d’éviter la prison à vie.

Il ne reste qu’une guerre à mener – celle qui va opposer l’humanité aux banquiers privés. Beaucoup d’individus commencent à comprendre que le système fractionnaire bancaire est le coeur de leur système frauduleux, mais qu’il est aussi leur talon d’Achille. Cette arme pour s’enrichir sur le dos de la population devenue esclave économique pourrait bien se retourner contre eux, avec des effets dévastateurs. Et cette arme se retrouve maintenant dans les mains de la population mondiale.

Déjà, les Français parlent de retirer massivement leur argent des banques le 7 décembre 2010 et invite le reste du monde à y participer:

StopBanque c’est l’appel au retrait massif d’argent en banque et a la fermeture des comptes secondaires (épargnes) le 7 décembre 2010.
StopBanque c’est 14 000 participants, 61 000 personnes en attentes, première initiative citoyenne spontanée pour se défendre de la corruption médiatique et politique, et de l’esclavage de plus en plus précis que nous impose le grand capital…
StopBanque c’est aussi un écho mondial !!!

Notre démarche est Légale, Pacifique, laïque, non politisée et non syndicalisée.

Parce que visiblement, aujourd’hui, manifester ne sert plus à rien pour se faire entendre de nos élites et que le vrai pouvoir est aux mains des banques internationales,
ALLONS TOUS COMME UN SEUL HOMME RETIRER NOTRE ARGENT DES BANQUES LE 7 DÉCEMBRE 2010 !!!

« Ils sont grands car nous sommes à genoux ! » (Source et voir aussi cette page)

À voir absolument, cette vidéo de Éric Cantona qui propose clairement cette solution pour faire la révolution:

La Révolution se fera en s’attaquant au coeur même du système:
Lors d’une interview pour le Quotidien « PressOcéan » , en marge d’un tournage d’un film à Nante le 8 octobre 2010, le célèbre footballeur Eric Cantona explique clairement une méthode de faire la révolution en s’attaquant directement au moteur du système qui sont les banques.
Ce sera une Révolution sans arme dit-il…

D’après lui, le fait de manifester dans la rue en masse n’est pas assez efficace pour faire bouger les choses… Il nous dévoile sa méthode, écoutez:

Eric Cantona parle de la Révolution selon lui.

«La révolution est très simple à faire. Le système, c’est quoi? Le système tourne autour des banques. Le système est bâti sur le pouvoir des banques. Donc, il peut être détruit par les banques! Au lieu qu’il y ait 3 millions de personnes qui aillent dans la rue, il suffit qu’il y ait 3 millions de gens qui aillent retirer leur argent des banques et les banques s’écroulent, 3 millions, 10 millions de gens… Et là, il y a une vraie menace, une vraie révolution! Pas d’armes, pas de sang, une révolution à la Spaggiari. C’est pas compliqué». Eric Cantona, 44 ans (Source)

Max Keiser, a proposé une autre façon d’envoyer un message clair aux banquiers privés en faisant s’écrouler JP Morgan en se procurant tous et chacun une once d’argent métallique ou de prendre physiquement possession de ses avoirs en métaux précieux. Cela est facile, puisque JP Morgan et les autres ont vendu 100 fois plus d’or et d’argent qu’il n’en existe réellement, alors ce ne serait pas long avant qu’ils soient obligés de déclarer faillite. Au prix actuel de l’argent, il n’en couterait qu’environ $26 US pour déclarer la guerre! Ensuite, il n’y aura qu’à regarder les prix des métaux précieux monter en flèche, dont l’or qui pourrait facilement atteindre la barre des $3000, $5000 et peut-être même jusqu’à $8000 l’once d’ici 2015, en plus de voir les banquiers paniquer et faire faillite!

La balle est dans notre camp. À nous de jouer!

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C’est la fin de la récession (!?!) ;-)

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Ceux qui ont dénié jusqu’en septembre 2008 que nous étions en récession et qui disaient ne pas l’avoir vu venir, nous assurent maintenant que la récession touche à sa fin. Alors ne paniquez pas, vous pouvez maintenant respirer, recommencer à aller magasiner et dépenser de l’argent que vous n’avez pas. Endettez-vous, nom de Dieu. Soyez patriotes. Dans un système de Ponzi basé sur la création de l’argent en tant que dette, nous avons toujours besoin de plus de dettes pour que ce système puisse continuer de fonctionner. Comme toute bonne arnaque financière pyramidale. Mais cette fois, nous en avons fait notre nouveau Dieu. L’argent. Celui qui ne vaut plus rien et qui est basé sur rien de valeur ou de tangible, qui plus est. On y reviendra plus loin.

Ainsi donc, au Canada, les canaris de la Banque du Canada se sont mis à chanter à qui veut l’entendre que l’économie canadienne est voie de sortir de la récession dès cet automne. J’aimerais bien y croire. Mais le problème est qu’une économie ne se relève pas tant qu’il n’y a pas création d’emplois, donc plus de travailleurs qui gagnent de l’argent qu’ils peuvent ensuite dépenser, payer des impôts et faire rouler l’économie réelle locale. Nous vivons la pire récession depuis la Deuxième guerre mondiale, coutant aux Canadiens plus de 369 000 emplois et anéantissant presque $40 milliards en valeur immobilière et boursières (1.3 trillion pour les Américains), sans compter le profond déficit budgétaire de $172 milliards sur les 5 prochaines années que le gouvernement Harper vient de nous creuser pour «sauver» l’économie en transférant notre argent à des banques privées (pour qu’elles puissent aller acheter d’autres banques en difficultés aux États-Unis et vous prêter votre argent avec intérêts!) et des compagnies sur l’assistance sociale comme General Motors. Il s’agit de la plus sérieuse crise de la dette publique dans l’histoire du Canada. Dire qu’on se permet quand même des investissements de cinq milliards de dollars dans le secteur de la défense, tel que dévoilé par le ministre Peter Mackay le 8 juillet dernier, comme si c’était une priorité financière pour le peuple canadien.

Aux États-Unis, Ben Bernanke, le patron de la banque centrale privée nommée la Federal Reserve, parle de «pousses vertes» et de possiblement de chants de sirènes. Des pousses vertes, c’est joli, mais encore là, il faudrait bien s’assurer que vue de proche, elles ne soient pas d’une autre couleur. En juin, 465 000 emplois furent perdus et le nombre d’heures travaillées chute pareillement à la période de chute libre de l’économie d’octobre à avril dernier. Les taux de chômage dépassent les 10% en moyenne à l’échelle du pays et jusqu’à 15% dans certains états comme celui du Michigan. Les magasins ferment partout, faute de consommateurs. Des plans pour bulldozer des villes ou des parties d’elles sont élaborés dans le but d’arrêter la perte de valeur des hypothèques des autres maisons, protégeant ainsi encore une fois les institutions financières qui sont prises avec ces centaines de milliers de reprises de finance.

La grande contraction du crédit va commencer et le système ne va pas s’effondrer, il va s’évaporer. Le prospect de voir toutes les banques fermer pour une certaine période de temps se pointe à l’horizon, possiblement à l’automne, évoquant la mesure prise par Franklin Roosevelt qui déclara un «bank holiday» durant la Grande dépression de 1929, un jour férié pour les banques pour éviter l’effondrement du système financier tout entier. L’accès au crédit s’évapore. Les emplois et les revenus s’évaporent, qui en retour causent la perte de valeur des propriétés. Ensuite, la valeur réelle s’évapore au moment même où les plans de sauvetage pour les larges corporations ou individus lancent de l’argent dans un trou noir et l’allume en feu. Ceci résulte en l’évaporation des revenus du gouvernement en parallèle avec l’augmentation de ses dépenses, qui mène à une explosion exponentielle des déficits budgétaires. Cela fait paraitre les poussent vertes pour des racines rouges.

Ce serait une bien terrible erreur que de confondre la solvabilité temporaire du secteur financier – achevée à grands coups d’assouplissement quantitatif et par l’appropriation massive d’argent public –  et la santé à long terme de nos économies. La seule chose qui s’est réellement passée est un massif transfert des obligations des banques privées vers le public avec des dettes montantes pour les générations futures. Un baume temporaire qui ne fait que repousser l’inévitable écroulement du système financier et du système fractionnaire bancaire basé sur la dette. Un tiers des emplois du secteur manufacturier ont disparus en une décennie et cela ne manquera pas d’alimenter ces pousses vertes qui se nourrissent d’encre rouge. Même les gros joueurs tels que Warren Buffett ne voit pas de nouvelles pousses à l’horizon, que des herbes jaunes. C’est que dans le désert, n’importe quoi a l’air de pousses vertes, nous disent ces économistes et experts; et le prix du baril de pétrole qui tend à la hausse risque de les anéantir. Est-ce pour cela que les géants de la finance tels que JP Morgan Chase ont commencé à emmagasiner des réserves de pétrole? Et avec l’argent de qui?

La Californie qui a un plus gros PIB à elle seule que la Russie, le Brésil, le Canada ou l’Inde, est en train de faire banqueroute et de s’effondrer. Si cet effondrement ne peut être évité en Californie, avec sa plus grande population et base manufacturière des États-Unis, le reste du pays va inéluctablement suivre. L’activité économique dans le secteur manufacturier est en déclin depuis 16 mois consécutif.

Serait-ce qu’on manipule les marchés boursiers pour faire croire aux petits investisseurs que l’économie va mieux dans le but de les faire réinvestir leurs dernières billes dans le système avant que le tout ne s’écroule de nouveau, pour ainsi minimiser leurs pertes encourus depuis le début de la crise en revendant rapidement leurs titres momentanément artificiellement surévalués? C’est qu’il ne faut pas oublier que la plus grande des bulles financières de l’histoire n’a pas encore véritablement éclatée, celle du marché des produits dérivés qui totalise environ 700 000 milliards de dollars selon la Banque des règlements internationaux (BRI), de quoi faire réfléchir quand on sait que la valeur totale de tous les marchés boursiers du monde ne dépassent pas les 50 000$ milliards, selon la World Federation of Exchanges.

Le rapport du LEAP/E20202 prévoit que l’Angleterre et les États-Unis pourrait faire défaut de paiement sur leurs dettes publiques dès la fin de l’été. Le groupe anticipe une massive vague de chômage qui va continuer de frapper l’Amérique, l’Europe, l’Asie, le Moyen-Orient et l’Afrique; une série de banqueroutes de compagnies, banques, provinces et états, municipalités et dans le secteur immobilier, et une vague terminale de la crise du dollar US, des US Treasury Bonds et le retour de l’inflation. Même les normalement très polis et respectueux Chinois ont rit en plein visage du secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, alors qu’il essayait de les rassurer à propos de la sécurité de leurs investissements et financement de la dette des États-Unis. Plusieurs pays commencent à songer à diversifier leur investissement loin de l’économie et du dollar américain, comme le Brésil, la Chine, la Russie, le Japon, quitte à créer une nouvelle monnaie internationale comme celle annoncée et présentée par le président russe Dmitry Medvedev lors du dernier sommet du G8.

Comment les blâmer? La Fed s’est enfoncée dans un trou financier gigantesque d’environ 13.9 trillions de dollars sur le dos des payeurs de taxes américains pour financer ses plans de sauvetage de l’économie en moins d’un an (Rapport financier de la FDIC en PDF). Cela a eu pour effet de doubler la dette extérieure des États-Unis en moins d’un an! Sous l’administration Obama, cette dette nationale risque fortement de doubler encore, selon leurs propres projections.

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Imaginez maintenant que les taux d’intérêts doublent eux aussi – pas difficile puisqu’ils sont si bas – et voyez ce qu’il adviendra de la capacité de rembourser des États-Unis et de leur conséquente solvabilité. Ce n’est que la pointe de l’iceberg, puisque le montant total des dettes américaines, incluant celles des entreprises, des particuliers, des états et municipalités, des cartes de crédit et hypothèques et autres, pourrait se chiffrer dans les centaines de trillions de dollars.

Le dernier facteur à prendre en compte est l’érosion phénoménale du pourvoir d’achat du dollar américain. À force de créer de l’argent en terme de crédit, on fini par doubler plusieurs fois la masse monétaire et conséquemment nait l’inflation qui est due à la dépréciation équivalente de chaque dollar de plus en circulation. Ainsi, cette charte ci-bas vous montre ce qu’on voudrait que vous ne voyiez pas: le pouvoir d’achat du dollar sur les 76 dernières années a décliné de 94%. Situation identique pour le dollar canadien. Et au rythme avec lequel nos gouvernements dépensent, en combinaison avec nos politiques financières et monétaires actuelles, nous risquons de perdre un autre 94%, mais en 76 mois cette fois-ci. (Source)

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Alors, la prochaine fois que vous entendrez que l’économie est en train de sortir de la récession, vous pourrez peut-être vous permettre de vous esclaffer et demander l’économie de quelle minorité s’améliore; parce que pour la grande majorité de la population, si on se sort de la récession, c’est surement parce que nous sommes en train d’entrer en dépression!

😉

François Marginean

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Prix à la consommation : comme une odeur de prise d’otage

Il y a de ces choses qu’on sait, mais quand on se les refait remettre en pleine face, elles puent. C’est ce qui m’est arrivé quand j’ai cliqué sur le lien donnant la réponse à la question d’un blogueur : « Combien ça coute à fabriquer les cochonneries que l’on achète? »

Ça m’a mené sur le site Sympatico, section Finances, où on explique combien ça coute approximativement produire un CD :

Le coût pour convertir les chansons d’un musicien en un CD inclut le prix de l’enregistrement et du mixage audio. Il faut aussi payer les droits d’auteur et la licence pour la distribution. Avec les dépenses supplémentaires des matières premières et de l’artwork, James Wilkinson de Goldirock Records évalue le coût de production pour une grande nouveauté à 2,50 dollars. L’album Dangerous – Remastered [de Michael Jackson] se vend présentement à 14,99 dollars.

Le site donne quelques autres exemples. L’iPod Nano (8 Go) coute 96 dollars à produire, « un chiffre qui n’inclut pas le coût de la main-d’œuvre », et il est vendu à l’Apple Store 169 dollars. Pour 300 grammes de café, le plus récent prix était de 85 cents, pour une revente de 5 dollars, après « avoir été torréfié, moulu et emballé ». Pour le riz, c’est 33 cents versus 3 dollars pour un kilo. Les souliers de course, 10 dollars versus 80 dollars (« ce chiffre n’inclut pas les budgets des compagnies en ce qui concerne la recherche et développement, la publicité et le transport »). Les jeans, 20 dollars versus 70 dollars.

D’un autre côté, on apprend que Sony ne fait pas de profit avec sa Playstation 3, mais se rattrape un peu avec son lecteur Blu-ray : 115 dollars versus entre 300 et 350 dollars. Apple avec son iPhone 3G en fait beaucoup moins que les premiers exemples : un prix de vente à 299 dollars pour un cout de production de 208 dollars. Et pour terminer, la voiture électrique Tesla se vend environ 120 000 dollars pour un cout de production de 90 000 dollars.

Je ne remettrai pas en cause ici l’idée du profit, mais il faut avouer qu’il y a de l’abus pour quelques produits, comme les CD de musique. Et il semble que les consommateurs prennent leur revanche en ce moment avec les possibilités de téléchargement illégaux, et même légalement, puisqu’on peut se payer des chansons à la pièce. Mais loin de moi l’idée de blâmer toute l’industrie de la musique. Elle était une pompe à fric pour les grands « majors », pas vraiment pour les petits joueurs, puisque pour ces derniers il n’y a pas de volume, enfin si peu.

Mais pour des produits comme le riz, aliment de base d’une grande partie de l’humanité, c’est tout à fait déraisonnable. Il y a comme une odeur de prise d’otage qui se dégage. L’article dit clairement que malgré une baisse de près de la moitié (de 62 cents à 33 cents le kilo), le prix coutant était à la hausse en 2008. En sachant cela, j’ai le loisir d’opter pour d’autres aliments, et je pourrais très bien arrêter mon raisonnement là…

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Classé dans Actualité, économie, Renart L'Eveillé

Vous êtes pas tannés de payer, bande de caves

Ceux qui connaissent la murale qui fut un temps controversée du Grand théâtre de Québec auront deviné tout de suite que mon titre est un pastiche de Claude Péloquin. Avouez-le sans honte : un chômeur est un voleur tandis qu’un banquier qui récolte des millions de dollars après avoir complètement failli à son devoir de prudence demeure toujours quelqu’un d’honorable.

Mercredi midi lors de l’émission Maisonneuve en direct qui portait sur le budget Flaherty, un auditeur a rappelé avec justesse que les médias n’ont pas couvert un fait pourtant capital : les banques canadiennes ont reçu une somme faramineuse d’aide publique. Maisonneuve a tenté de disculper ses collègues, mais le fait demeure : silence radio là-dessus !!!

Michel Chossudovsky chiffre le montant total, après l’ajout de quelque 50 milliards de dollars dans le dernier budget fédéral, à plus de 200 milliards de dollars. Ouf, ce sont des dollars canadiens. Le plus ironique, comme le souligne Chossudovsky, c’est que les banques vont financer l’aide que le gouvernement leur fournit.

Déjà en soi, cela serait inquiétant s’il n’y avait pire. Toujours selon Chossudovsky, l’effet de l’aide publique aux banques canadiennes sera de leur permettre de «consolider leur position et financer l’acquisition de plusieurs institutions financières américaines « en difficulté ».» Dans quelques années, on va se réveiller avec une dette publique énorme et des coupures de dépenses publiques à l’avenant tandis que nos banquiers toucheront toujours leurs riches émoluments.

Pendant ce temps, plus de la moitié des travailleurs qui contribuent à l’assurance chômage n’y ont pas droit. Non vous n’avez pas la berlue : 54% pour être plus précis. De cela non plus les médias ne parlent pas.

Non, mais pour qui ils se prennent ces travailleurs ! Zont pas honte d’imaginer que l’État va les encourager à la fainéantise en leur donnant du chômage. Ah la racaille ! Eh puis vous savez, c’est la crise. Il n’y en a plus de sous pour eux. La dette publique risquerait de beaucoup trop augmenter.

Combien vous voulez déjà, messieurs les banquiers ? 200 milliards. Vous êtes certains que c’est suffisant. Parce que vous savez, si vous en voulez plus, faut pas vous gêner. On vous a tellement remboursé notre dette publique ces dernières années que nos citoyens vont être rassurés même si on vous en donne plus encore.

On l’a remboursé avec quoi déjà la dette publique? Avec la caisse d’assurance chômage. Ah bon. Saprés travailleurs va. Toujours prêts à se sacrifier pour la patrie.

Un peu de caviar avec votre champagne, monsieur Rousseau ? Le bonus qu’on vous a donné pour avoir quitté volontairement votre emploi, il était assez généreux ? Parce que vous savez, si c’était pas assez, il faut nous le dire.

Il y a un petit bout de texte qu’on oublie trop souvent tout au bout de la question coup de poing de Péloquin : «C’est assez!»

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Classé dans Michel Monette

Si les élections pouvaient changer quoi que ce soit…

Il semble que le Québec va bientôt procéder à son maquillage démocratique périodique. Le moment semble venu, mais 70 % de la population préférerait que cet exercice n’ait pas lieu. Réflexe d’une population satisfaite qui ne voit pas la nécessité d’une remise en question… ou lassitude résignée de cette population, qui préférerait autre chose que ce traitement cosmétique ? Le peuple serait-il si réticent à s’exprimer, si on lui posait les  questions auxquelles il ne demande qu’à répondre ? N’y a-t-il pas certaines questions qui déclencheraient l’enthousiasme qui a amené 95 % de la population à se prononcer, lors du dernier référendum ?

OUI, il y a de ces questions … mais on veut en détourner l’attention. Parmi ces questions, bien sûr, il y a celles sur la souveraineté, la place du français et la composition démographique que l’on souhaite au Québec.   Choisira-t-on une immigration qui permettra de faire face plus facilement à nos obligations envers nos retraités… ou la restreindra-t-on pour garder au Québec le visage que nous lui connaissons ?  Souveraineté, langue et immigration sont trois (3) sujets  sur lesquels la population voudrait bien qu’on lui propose des choix.

Ne pas croire, toutefois, que l’intérêt de la population se borne à ces trois (3) thèmes.  Il y aurait aussi des débats passionnants à faire sur  l’éducation, question si préoccupante qu’on préfère ne pas s’en occuper.  Sur la santé, à laquelle tout le monde pense, mais sans vouloir trop y penser, parce qu’il y a des choix à faire qu’on ne veut pas faire. Des choix financiers, mais aussi des choix techniques, une remise en question des fonctions des intervenants en santé  – de celles  des spécialistes à celles des préposés aux soins.  Une révision gênante à faire du rôle des élites traditionnelles, de leurs privilèges et de leurs droits acquis.

On aimerait bien, aussi, parler de l’accès à la justice. Il n’y a pas de justice au Québec pour le monde ordinaire ; la justice est  biaisée en faveur de ceux qui possèdent et contre ceux qui n’ont rien.  La population de n’abstiendrait pas de voter si on lui parlait de réformer cette justice qui n’est qu’apprivoisement de l’injustice.

Elle ne se détournerait pas non plus, si on lui parlait de sécurité.  Il semble bien que la hausse vertigineuse de la criminalité à laquelle nous avons assisté durant quelques années se soit arrêtée, mais est-ce  bien vrai ? N’est-ce pas plutôt que, comme une tache qui s’estompe sur un vêtement qui devient uniformément sale, le crime se discerne moins dans une société qui devient uniformément plus violente ? Est-ce que nous ne sommes pas à apprivoiser l’insécurité, comme nous avons apprivoisé l’injustice ?

Et si on parlait du système carcéral ? La prison traditionnelle  a-t-elle encore un sens dans notre société ? Il y a des façons plus efficaces  de punir si on veut punir et de réhabiliter et si on veut s’en donner la peine, mais, surtout de protéger la population adéquatement…  Si on consultait la population et qu’on revoyait tout ça ?

Il faudrait penser aussi à ce qu’il adviendra de l’État de droit, si nous laissons le népotisme et la corruption pervertir la démocratie. Ici, comme dans tous les pays qui se prétendent démocratiques, il est de plus en plus difficile de croire que, derrière le cirque médiatique qui nous distrait, le peuple ait encore un contrôle sur les décisions qui sont prises et sur le sort qui lui est fait.  On s’empresse pourtant de mettre une pelletée de terre chaque fois qu’on sent bouger le cadavre de la démocratie.

Il faut démocratiser la gouvernance, mais se souvenir aussi que la gouvernance ne s’exprime que par une administration. Sommes-nous bien administrés ?  Échappons à l’arbitraire des décisions bureaucratiques ?  Évitons-nous cette procrastination qui va de paire avec la désuétude des moyens dont nous disposons pour que la prise des décisions soit efficace dans une société complexe ?  Que voudrait la population ?  On pourrait le lui demander.

Pourquoi, par exemple, se déplacer pour allers chercher un permis dans une officine de l’État, alors que ce permis pourrait être envoyé par courriel à son titulaire, puis à quiconque aurait l’autorité de l’exiger ou auquel le titulaire en autoriserait la divulgation ? Si l’on mettait à profit les moyens de communication dont on peut maintenant disposer, on pourrait réaliser en ligne  le plus clair des échanges documentaires entre les citoyens et les administrations publiques.   Sur ça aussi, nous aimerions tous voter, si quelqu’un prenait la peine de faire une proposition intelligente pour renvoyer à domicile une large part du fonctionnariat

Voter, aussi, sur la place de l’information dans la société et le rôle de l’État dans l’information. Quelle devrait être la responsabilité de l’État pour diffuser la nouvelle?  De quels moyens de contrôle sur cette responsabilité l’État devraient disposer les citoyens ? Les médias traditionnels seront rejoints, puis un jour remplacés, par une multitude de blogues et de journaux citoyens qui viendront compléter l’information et garantir la transparence de notre société.  Ce sera une nouvelle donne. Il faudrait peut-être en parler…

il y a aussi toute la question de l’environnement.  Quels moyens prendrons-nous pour assurer notre approvisionnement en énergie, condition incontournable d’un développement continu ?  Cette question s’inscrit dans une problématique plus large : continuer dans la voie d’une consommation en constante expansion … ou bifurquer  vers une société plus frugale de simplicité volontaire. La population doit comprendre que la stabilisation de la consommation des biens matériels ne veut pas dire un arrêt du progrès, seulement une réorientation vers des valeurs intellectuelles, culturelles, spirituelles…

Pourquoi toujours occulter le débat sur la notion d’équité et d’une plus juste distribution de la richesse ?  On n’y coupera pas, car dans une société complexe et donc d’interdépendance, la solidarité n’est plus une vertu, mais une exigence technique. Il faut revaloriser le travail comme facteur de production, mais cela ne suffira pas pour distribuer équitablement le revenu  L’assistanat, sous une forme ou sous une autre, prendra de plus en plus d’importance et une politique d’assistanat plus envahissante est inévitable.  Il faut que la population se prononce sur les modèles de relation du travail à l’assistanat car, sans un consensus social, l’assistanat n’est qu’une variante de l’exploitation et du favoritisme.

Dans le contexte  de la crise financière actuelle, la population ne devrait-elle pas aussi être consultée sur les modifications à apporter à notre système financier, aux régimes fiscaux, au crédit, à l’émission de la monnaie dont nous avons vu que la gestion paternaliste par une toute petite élite financière nous a conduits au désastre ?

Il y a des décisions sociétales à prendre.   Il y a des choix qu’il faut demander à la population de faire, parce que c’est à elle de prendre ces décisions. La manière de faire ces choix devrait elles-mêmes faire objet de débats. Peut-on intégrer la notion de référendum à notre structure de gouvernance ?  La démocratie directe est maintenant devenue techniquement possible. Veut-on s’en approcher pour la gestion de notre quotidien ?

Si on consultait vraiment la population, il ne serait pas difficile de la motiver. Trop complexe ?  IL N’Y A RIEN  QU’ON NE PUISSE  FAIRE COMPRENDRE À UN INDIVIDU D’INTELLIGENCE MOYENNE. S’il veut comprendre et si on prend le temps de le lui expliquer.

Il  y a beaucoup à discuter. Pourtant, on se prépare à des élections où, comme d’habitude, on restera au niveau des insignifiances, en évitant soigneusement tout ce qui pourrait ressembler à une véritable consultation du peuple. Encore une fois, on va demander à la population de choisir ses maîtres au lieu de lui offrir une plus grande maîtrise sur son destin.

On a déjà dit : « Si les élections pouvaient changer quoi que ce soit, elles seraient interdites. »    Ne faudrait-il pas plutôt se hâter d’interdire toutes les élections qui ne peuvent rien changer ?

Pierre JC Allard

 

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Après la crise…

La plupart des gens, ce matin, vont se lever et vaquer à leurs occupations tout comme la semaine ou le mois dernier. On n’a pas encore vraiment pris conscience des conséquences de la crise financière qui vient de se produire. Nous sommes comme la victime d’un accident, encore sous le choc, qui ne ressent pas encore la douleur et regarde son bras sectionné avec incrédulité.

Il faut arrêter l’hémorragie et on va lui poser un garrot. Il est essentiel, bien sûr, de faire tout de suite ce qu’il faut faire. Il faut nationaliser les institutions financières, rembourser la dette publique pour créer un afflux de liquidités, remettre sous contrôle de l’État et donc des citoyens le pouvoir de battre monnaie, car tout cet argent qu’on a connu et qui est là n’a plus aucune valeur ; la confiance est devenue le seul étalon.

On connaîtra une intervention de l’État à laquelle notre société capitaliste ne nous a pas habitués. On devra accepter des contrôles inusités sur l’économie, une mise en veilleuse, peut-être, de certaines libertés que nous tenons pour acquises. Il y aura un mauvais moment à passer. Il faudra parler bien davantage de cette crise et des façons d’en sortir. Nous le ferons, mais nous ne le ferons pas ici en 1 000 mots.

Aujourd’hui, avant d’entreprendre courageusement le traitement, prenons juste une minute pour comprendre d’abord que la crise était inévitable. Elle était inscrite dans les gènes de notre société qui avait atteint l’abondance, mais où s’étaient développés des malformations structurelles et des dysfonctionnements dont les signes les plus apparents étaient la misère et la violence. Une injustice omniprésente.

Nous avions développé une société d’abondance, bâtie sur la complexité et donc la complémentarité, sans vouloir comprendre que cette complémentarité allait de paire avec un interdépendance croissante et que la solidarité comme la liberté devenaient donc incontournables. Nous étions dans un cul-de-sac. Cette crise va nous forcer à remettre les facteurs de production dans le bon rapport de forces et à prendre une autre direction, créant une nouvelle société.

Une minute donc pour comprendre la crise, deux pour comprendre qu’au-dela de la crise les choses seront différentes. C’est en le comprenant qu’on retrouvera l’espoir, mais ne l’oublions surtout pas, car si un garrot est nécessaire, le moment critique est quand on l’enlève … Aujourd’hui, il faut vivre avec la crise. Demain il faudra vivre dans une nouvelle société. Quelle société ?

Cette nouvelle société se définira par une nouvelle façon de produire, de gouverner et d’offrir des services à la population. Le but d’une société est d’apporter à l’individu la satisfaction de ses besoins objectifs, sans porter atteinte à la liberté de chacun de chercher à satisfaire aussi tous ceux de ses désirs qui ne s’opposent pas aux besoins et à la liberté d’autrui.

La mission de l’État est de mettre en place et de gérer les structures qui permettront de protéger les sociétaires, d’assurer la communication entre eux, de favoriser leur mieux-être, leur enrichissement et leur épanouissement personnel selon les critères qu’eux-mêmes auront choisis. Pour le faire, une nouvelle société se réclamera toujours de la démocratie pour tout ce qui fera consensus, mais par-delà la démocratie elle créera un espace libertaire.

Le gouvernement démocratiquement choisi d’une nouvelle société ne prendra que les décisions qui doivent lier nécessairement tous les sociétaires pour que leur but commun soit atteint. Cette mission accomplie; pour tout ce qui n’est pas ainsi essentiel, il laissera le pouvoir de décision aux individus et à des structures organisationnelles auxquelles ceux-ci adhèreront librement.

La société en gestation sera tolérante et permissive. L’État assurera la sécurité et l’ordre public en mettant l’accent sur la prévention et la protection, plutôt que sur le châtiment et la réhabilitation. La résolution des conflits sera immédiate et gratuite, reposant sur une justice d’équité et souvent sur l’arbitrage.

La nouvelle société sera entrepreneuriale, mais garantira à tous un travail et un revenu adéquat. L’État n’y produira pas lui-même des biens et services, mais en assurera la disponibilité et en contrôlera la qualité. Les ressources naturelles y seront exploitées dans l’intérêt commun. Il sera mis fin à leur gaspillage et l’environnement sera protégé, mais une nouvelle société sera essentiellement humaniste. Gaïa y restera au service de l’Homme, non l’inverse.

Dans la société en gestation, la propriété privée est respectée, personne n’est spolié et la richesse n’est pas confisquée, mais les ressources financières globales sont mises en mouvement au profit de l’entrepreneuriat. L’enrichissement passif par la simple accumulation d’intérêts nous a conduit a la situation actuelle ; cette accumulation sera désormais contrecarrée par une inflation contrôlée et une politique fiscale qui taxera le capital plutôt que le revenu ou la consommation.

Dans une nouvelle société, l’éducation repose sur une relation personnalisée entre un enseignant et un apprenant, la santé sur une relation permanente entre l’individu et son médecin, à laquelle interviennent au besoin des spécialistes, mais où le patient est toujours le capitaine du navire. L’État prend en charge le coût des services essentiels, mais par capitation, en respectant le libre choix des utilisateurs de services et en y soumettant la rémunération des fournisseurs.

Une nouvelle société remettra continuellement en question toutes ses méthodes comme ses politiques. Elle aura le préjugé favorable au changement qui découle de la certitude que l’on marche dans la bonne voie. Vers plus de justice.

Qu’on marche vers la paix, aussi, car une société juste a pour destinée manifeste de devenir globale, servant de cadre à une confédération mondiale qui respecte les diverses cultures, chacune dans son aire. Ceux qui n’ont rien sont aidés à atteindre au plus tôt le seuil à partir duquel ils n’auront plus à l’être.

La nuit vient de tomber. Ce ne sera pas tout de suite la joie, mais l’aurore viendra et il y aura un jour meilleur. Pensons y deux minutes… Puis mettons nous au travail.

Pierre JC Allard

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Une crise de confiance

D’où vient la crise financière que nous sommes à vivre ? Ceux qui veulent en connaître les causes profondes doivent remonter LOIN EN ARRIÈRE. On peut se contenter, toutefois, de voir la dernière scène du dernier acte. Le rideau se lève sur les économistes de Reagan, mettant fin aux politiques keynésiennes et de redistribution de la richesse qui avaient permis ces trois décennies de prospérité qu’on a appelées les Trente Glorieuses.

Pour protéger les avoirs des capitalistes, on a appliqué les freins, au début des années « 80, cessant la redistribution qui avait créé l’Âge d’Or. Bien sûr, la bicyclette a cessé de rouler. On a stoppé net la croissance en termes réels du pouvoir d’achat; ­ le revenu moyen en dollars constants, aux USA n’augmenterait plus pendant 25 ans ! – alors même que les progrès de la technologie permettaient de produire plus et EXIGEAIENT plus que jamais que l’on consomme davantage.

La contrainte technique inhérente au capitalisme industriel – cette relation de dépendance envers le consommateur et la demande effective – ne cessant pas pour autant d’exister, l’enrichissement réel du capitaliste s’en est trouvé lui aussi stoppé net. Plutôt que de reconnaître son erreur et de reprendre la redistribution en augmentant la valeur du travail, enrichissant d’abord les travailleurs, puis éventuellement les capitalistes eux-mêmes, le Système a choisi la solution périlleuse de contenter tout le monde. En trois (3) mouvements.

Le Système a d abord mis les riches à l’abri de tout nouvel effet de redistribution, en réduisant les impôts qui leur avaient été imposés et en rétablissant un taux d’intérêt assez supérieur à l’inflation pour que, toute fiscalité prise en compte, un riche puisse encore devenir plus riche en ne faisant rien et sans courir aucun risque, par simple accumulation des intérêts sur un capital oisif.

Ensuite, pour se concilier la strate supérieure de la classe moyenne, celle qui contrôle de fait le processus démocratique qui sert de faire valoir au Système et est essentiellement composée de propriétaires, on a aussi tenu ceux-ci indemnes de toute contribution au processus de redistribution, leur faisant réaliser, par l’inflation, un gain en capital sur leur propriété supérieur à ce qu’ils contribuaient en impôts.

Qui allait subventionner la consommation les laissés pour compte, toujours nécessaire au fonctionnement de l’économie, si ni les capitalistes, ni les propriétaires n’y contribuaient? La seule cible restait la strate inférieure de la classe moyenne, ceux qui payaient des impôts à la source et qui, n’étant pas propriétaires, ne bénéficiaient pas de l’inflation.

Il était manifestement impossible, cependant, sans les paupériser eux-mêmes, de soutirer des seuls travailleurs/locataires le coût de la subsistance des pauvres et de l’enrichissement constant des nantis. Il fallait donner aux pauvres le pouvoir d’achat qu’il fallait et permettre aux propriétaires de tirer leur épingle du jeu, tout en laissant les riches engranger des intérêts, mais sans faire basculer une majorité des travailleurs dans la pauvreté.

Le Système a choisi la solution de la fuite en avant : il à simplement créé l’argent qui lui manquait. Il l’a fait en maintenant les intérêts élevés, alors que la surabondance de capitaux aurait du mener à des taux bas ou même négatifs. Au Canada, par exemple, des obligations de l’État portant 19 % d’intérêt ont pu débuter en 1982 leur généreuse carrière et la poursuivre entre les mains de ceux qui les avaient acquises, pendant que les politiques de l’État ramenaient à 2 % l’inflation de 14 % qui avait justifié leur émission.

Pendant 25 ans, le niveau de vie en dollars constants des classes moyenne aux USA n’augmenterait pas d’un iota – et celui des plus défavorisés diminuerait, même ! – pendant que l’indice Dow-Jones passerait de 800 à 13 000, multipliant par 17 la valeur des stocks. C’était un ajout au patrimoine des nantis d’une valeur monétaire supérieure à celle de tout le patrimoine de la France ! Mais que valait RÉELLEMENT cet ajout ?

Les actions d’une compagnie confèrent un droit au partage des profits à tirer de la vente de ce que celle-ci produit. Mais si la population n’a augmenté que modestement et son revenu par tête encore moins, l’espérance des profits à retirer des biens et services qu’on peut vendre au consommateur est-elle si supérieure à ce qu’elle était au début de la période ? On créait en bourse une valeur fictive colossale qui ne représentait aucune réalité et qui, comme un arc-en-ciel n’existait que dans la mesure où l’on n’étendait pas la main pour y toucher. Une chimère qui n’existerait qu’aussi longtemps qu’on feindrait d’y croire.

Pour régler ses fins de mois, le système allait créer une richesse virtuelle illimitée, répartie uniquement entre ceux dont l’aisance assurait que cette richesse ne trouverait pas sa voie vers la consommation de biens et services, mais demeurerait totalement investie. En distribuant uniquement cette richesse virtuelle aux riches, on pouvait satisfaire l’ambition de ces derniers dont le pourcentage de la richesse reviendrait au niveau de naguère, mais sans risque d’inflation, puisque cet argent ne serait jamais utilisé pour la consommation, mais uniquement comme un outil de pouvoir.

Le problème, c’est qu’en l’absence d’une inflation qui, même désagréable, aurait au moins maintenu un rapport entre la réalité et son symbole, on a permis qu’il ne subsiste plus aucune commune mesure entre les biens réels et la masse monétaire qui prétend les représenter. Le Système a fait plaisir à tout le monde en distribuant largement de l’argent qui ne correspond à aucune valeur réelle. On a plongé dans l’imaginaire. Au lieu de récompenser ses enfants doués en leur donnant plus de friandises, le Système ne leur a plus offert que des images.

La monnaie est un symbole qui n’a que la valeur qu’on veut bien lui donner. Une illusion primaire sur laquelle on en bâtit de plus subtiles. Plus loin que la monnaie, en effet, dans l’hyperespace financier, il y a les chèques, billets, bons et obligations qui ne sont que la promesse d’un paiement en monnaie. Prenez encore plus de distance avec le réel et, par-delà la valeur des obligations, pensez à la valeur fluctuante d’une action cotée en bourse et qui confère le droit à une part d’un profit problématique sur d’hypothétiques transactions, un profit payable lui aussi en monnaie, bien sûr.

Allez encore plus loin et concevez maintenant un « produit dérivé », une valeur qui se construit autour des fluctuations de la valeur de ces actions et de la monnaie elle-même. Vous voyez encore la réalité dans le lointain? Si vous voyez encore la réalité et qu’elle vous dérange, faites un autre grand saut dans l’hyperespace. Puisque le crédit est là qui ne demande qu’à grandir, créez d’un acte de volonté audacieux le concept d’une « ligne de crédit » – un droit de dépenser – qui reposera sur la garantie de vos « produits dérivés »… Ensuite, faites confiance aux copains et confiez le pouvoir d’animer ces lignes de crédit à des banques qui inscriront à leur livres, comme un actif, les sommes que vous reconnaissez leur devoir quand vous utilisez ces lignes de crédit.

Ces actifs permettront des activité « hors-bilan », d’où résultera un accroissement constant de la valeurs monétaire des titres boursiers qui serviront d’aval au crédit. Ne vous tracassez pas de ce qui est aux livres sans être au bilan : ce sont de simples singularités de l’imaginaire, des trous noirs qui absorbent de l’énergie et du travail, mais dont il ne ressort rien. Ne vous tracassez surtout pas, car votre pauvre coeur en prendrait un coup en voyant que ces activités hors-bilan représentent désormais 85 % des activités bancaires.

L’imaginaire est insondable et les possibilités de jeu dans l’hyperespace financier sont infinies. La valeur monétaire de tout ce qu’il y a sur cette planète est estimée à USD$ 145 trillions. Chaque jour, il se fait USD$ 3 trillions de transactions. Pensez que tous les biens meubles et immeubles sur cette terre sont échangés, vendus, achetés à chaque 7 semaines, puis encore, et encore…. Ils ne le sont pas, bien sûr, mais pour chaque pseudo transaction, un agio est payé à qui contrôle cet argent.

On a attribué à cette richesse monétaire, coupée de tout lien efficace avec le réel, une valeur nominale qui équivaut à 10 ou 100 fois – on ne sait plus très bien – celle des biens dont on prétend qu’elle est le symbole. À l’actif d’individus et de corporations sont inscrits des dizaines de trillions de dollars, qui ne pourraient être mis en circulation sans que l’on ne se rende compte qu’ils ne représentent aucune valeur.

La plupart de ces trillions de dollars sont en Bourse, aux confins de l’hyperespace, constituant une valeur totalement évanescente qu’il suffirait d’une crise de confiance pour faire disparaître.

Confronté a une crise de confiance, le système n’a d’autres remèdes que de distribuer encore des images – 700 milliards d’images, cette semaine – et de mentir. L’avenir est bien incertain…

Pierre JC Allard

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La simplification volontaire

Imaginez un boa avalant un cochonnet. La forme du cochonnet avance lentement dans le boa. C’est ainsi que les démographes imagent la génération des baby-boomers qui devient peu à peu celle des papy-boomers. Un de ces démographes vient de pousser l’analogie jusqu’à laisser entendre que nous, les baby-boomers, serions des cochonnets bien gras qui vont laisser derrière eux une société appauvrie s’ils ne se ressaisissent pas.

La solution avancée cette semaine dans Le Devoir par le démographe Jacques Légaré qui participe à la neuvième Conférence mondiale de la Fédération internationale du vieillissement qui a lieu présentement à Montréal, (Vieillissement de la population – Des décisions s’imposent) peut sembler d’une logique implacable: que les baby-boomers travaillent plus longtemps et qu’ils paient eux-mêmes leurs soins de santé et de services sociaux.

Moi je veux bien, mais alors je vais charger aux générations montantes ce que m’ont coûté les routes, les écoles, les hôpitaux et toutes les autres infrastructures qui soutiennent les services publics. Certes elles ne sont pas dans un état parfait, mais construisez-moi une Baie-James aujourd’hui et vous me direz, après, combien cela vous aura coûté. L’actif laissé par les baby-boomers du Québec est sans précédent dans notre histoire.

Du reste, cette vision comptable de l’avenir de nos enfants est un piège.

Monsieur Légaré est sans doute un excellent démographe, mais il devrait se contenter de faire de la démographie plutôt que de l’enrober de démagogie.

L’économiste Louis Gill a eu ce mot sarcastique à propos de la comptabilité publique : «C’est un outil que je qualifierais de translucide, pour employer un terme qui se rapproche de celui de lucide. Selon le dictionnaire, est translucide ce qui laisse passer la lumière dans toutefois permettre d’identifier distinctement les objets.»

Gill a écrit un ouvrage remarquable, très exigeant pour quiconque accepte de le lire, qui aide à comprendre les entourloupettes que nous font les cassandres de ce monde: Rembourser la dette publique: la pire des hypothèses. Gill y fait la démonstration que les méthodes comptables du ministre des Finances du Québec exagèrent nettement l’importance de la dette du Québec. Cette exagération fait le bonheur de ceux qui veulent réduire les services publics.

Jacques Parizeau avait aussi balayé du revers de la main, lors d’une entrevue diffusée le 22 octobre 2006 à l’émission Samedi et rien d’autre, cette propension à la simplification volontaire qui place les baby-boomers dans le camp du mal. Ce fut l’une des belles entrevues de Joël Le Bigot.

Certains se rappelleront l’époque où les curés nous abreuvaient d’un discours culpabilisant, nous promettant l’Enfer si nous ne restions pas dans le droit chemin. L’économie et la religion partagent ceci en commun qu’elles présentent comme certitudes ce qui n’est que dogmes, donc croyances occultes.

Lisez aussi le Petit cours d’autodéfense intellectuelle de Normand Baillargeon. Comme on le dit si bien en québécois: ça déniaise.

Vous n’avez pas remarqué à quel point la stratégie de la droite est cousue de fil blanc? Simplifiez, simplifiez, il en restera toujours quelque chose.

Dans un autre ordre d’idée, mais pas si éloigné que cela du titre de ce billet, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec lance une vaste recherche sur l’information locale. Nous aurons sans doute l’occasion d’y revenir.

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