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L’hypocrisie des syndicats des services publics

Par Philippe David

Si on doit en croire les représentants syndicaux des employés du secteur public, ces pauvres font face à une grande injustice vis-à-vis des travailleurs du secteur privé. Pour ajouter du poids à leurs paroles, ils pointent un étude de l’ISQ qui indique que les salaires des employés publics accusent un retard sur ceux du secteur privé. Voici ce qu’ils ne vous diront pas:

  1. L’étude en question ne compare le salaire des employés publics qu’avec ceux du secteur privé travaillant dans une entreprise de 200 employés et plus et qui sont syndiqués. Comparaison raisonnable? Pas si on considère que les salaires des employés du secteur public proviennent des taxes imposées au secteur privé. D’ailleurs, si vous ajoutez seulement les non-syndiqués des grandes entreprises, on se retrouve avec un avantage de 3,6% pour le secteur public. Je vous laisse imaginer comment l’écart peut se creuser si nous incluons la majorité des québécois qui travaillent pour une PME ou qui sont travailleurs autonomes. Ce sont eux qui paient la note sans avoir aucun avantage équivalent.
  2. Les employés du secteur public travaillent 147 heures de moins que ceux du privé. C’est l’équivalent de quatre semaines de congé de plus. C’est un avantage qui se paie.
  3. La légendaire sécurité d’emploi des employés publics fait que la plupart d’entre eux y passent leur carrière entière. Dans le privé, la plupart des travailleurs changent d’emploi plusieurs fois dans leur carrière avec des salaires et avantages très variables d’un employeur à l’autre.
  4. Les employés publics ont la Mercedes des plans de retraite à prestations déterminées qui leur garantit 70% de la moyenne de leur 5 meilleures années de salaire. Par comparaison, à peine 25% des employés du privé ont accès à un régime de retraite et la plupart sont à cotisations déterminés. Les régimes à prestations déterminées sont en voie de disparition au privé car ils sont de véritables gouffres financiers pour les employeurs et la plupart des régimes actuels sont sous-capitalisés. Selon ce récent document de l’IEDM, même si un travailleur du privé avait accès à un tel plan de retraite (ce qui est loin d’être le cas), grâce à leur sécurité d’emploi, les employés du public auraient 41% plus de capital accumulé dans leur plan de retraite. C’est donc un avantage considérable que les employés publics ont sur ceux du secteur privé. En particulier quand on considère que 75% d’entre eux n’ont aucun plan de retraite, mis à part ce qu’ils économisent dans leur REER. Pourtant, ce sont ces gens qui paient pour la retraite des employés du secteur public.


Mon point ici n’est pas de blâmer les employés de l’état pour la mauvaise gestion des finances publiques. Le blâme pour cette situation repose sur les épaules des politiciens et des syndicats, mais il n’empêche qu’ils en ont largement profité pendant bien des années et il faudra bien qu’un jour cette iniquité soit adressée. La seule façon de rétablir cet équilibre sera que les employés du public perdent de leurs acquis car aucune compagnie privée ne peut se comparer au gouvernement. On me dit que ce n’est pas aux employés publics de souffrir parce que l’état est mal géré (comme si certains d’entre eux ne prenaient pas justement part à cette gestion), mais est-ce aux contribuables de se serrer la ceinture à leur place?

À tout le moins, tous ces avantages doivent être pris en ligne de compte dans toute négociation avec les syndicats et si c’était le cas, je vois mal comment les augmentations de 11.25% sur trois ans ou même la contre-offre de 7% offerte par le gouvernement soient justifiées dans les circonstances. Les contribuables n’en ont pas les moyens. Le fait que le gouvernement ne rejette pas carrément les revendications du front commun n’est qu’une autre preuve du copinage entre le gouvernement et les syndicats.


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Classé dans Actualité, économie, Philippe David