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Pronostic 2012: Vers un nouvel ordre mondial social – Dernière partie

Image Flickr par SychiO

Ce texte est largement basé sur l’article de Richard K. Moore « Prognosis 2012: Towards a New World Social Order » qui méritait bien d’être traduit pour le bénéfice des lecteurs francophones. Il est présenté en différents volets, vu la longueur du texte original.

Voici donc le dernier volet de cette série.

Vous pouvez retrouver les deux parties précédentes là:

1- Pronostic 2012: Vers un nouvel ordre mondial social

2- Pronostic 2012: Vers un nouvel ordre mondial social – Seconde partie

3- Pronostic 2012: Vers un nouvel ordre mondial social – Troisième partie

François Marginean

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Pronostic 2012 – Un âge néo-Moyenâgeux

2012 peut ne pas être l’année exacte, mais il est difficile de voir la fin de partie prendre place beaucoup plus tard que cela et les maîtres de l’univers adorent le symbolisme, tel que le 911 (à la fois au Chili et à Manhattan), KLA 007 et d’autres. L’année 2012 est chargée de symbolisme, le calendrier maya par exemple, et l’Internet est très animé avec diverses prophéties à propos de 2012, des stratégies de survie,  des interventions anticipées d’extraterrestres, un alignement avec des champs de rayonnement galactique, etc. Et puis il y a le film d’Hollywood, 2012, qui décrit explicitement la disparition de la plupart de l’humanité , et le salut préparé d’avance d’un groupe très sélect. On ne sait jamais avec les productions d’Hollywood, ce qui est fantasmes d’évasion et ce qui est destiné à préparer l’esprit du public symboliquement pour ce qui est à venir.

Quelle que soit la date exacte, tous les fils vont se réunir, sur le plan géopolitique et national, et le monde changera. Ce sera une ère nouvelle, de même que le capitalisme était une ère nouvelle après l’aristocratie, et que l’âge sombre (Dark Ages) a suivi l’ère de l’Empire romain. Chaque époque a sa propre structure, son économie propre, ses propres formes sociales, et sa propre mythologie. Ces choses doivent être liées les unes aux autres de manière cohérente et de leur caractère résulte de rapports de force fondamentaux et la situation économique du système.

Dans notre monde d’après-2012, nous avons pour la première fois un gouvernement mondial centralisé et une clique d’élite au pouvoir, une sorte de famille royale élargie, les seigneurs de la finance. Comme nous pouvons le voir avec le FMI, l’OMS, l’OMC, et les autres pièces du gouvernement mondial embryonnaire, les institutions de gouvernance ne feront pas de prétentions par rapport à la représentation populaire ou de la réactivité démocratique. Le pouvoir sera mené par le biais de bureaucraties autocratiques mondiales, qui prennent leurs ordres de la famille royale. Ce modèle est exploité depuis un certain temps, à l’intérieur de ses différentes sphères d’influence, comme pour les programmes de restructuration forcés sur le tiers-monde, comme une condition pour obtenir un financement.

Chaque fois qu’il ya un changement d’ère, l’ère précédente est toujours diabolisé dans la mythologie. Dans l’histoire du jardin d’Éden, le serpent est diabolisé – un symbole qui était vénéré dans le paganisme, le prédécesseur du christianisme. Lorsque les républiques sont nées, la diabolisation des monarques était un élément important du processus. Dans le monde d’après-2012, la démocratie et la souveraineté nationale seront diabolisées. Ce sera très important, dans le but d’amener les gens à accepter la domination totalitaire, et la mythologie contiendra beaucoup d’éléments vrais…

Lors de ces sombres jours, avant l’unification bénie de l’humanité, l’anarchie régnait dans le monde. Une nation attaquait une autre, pas mieux que les prédateurs dans la nature. Les nations n’avaient aucune politique cohérente, les électeurs balançaient d’un parti à un autre, maintenant les gouvernements toujours en transition et dans la confusion. Comment ont-ils pu croire que les masses semi-éduquées de gens pourraient se gouverner et gérer une société complexe? La démocratie a été une expérience mal conçue qui a conduit uniquement à la corruption et à la gouvernance chaotique. Quelle chance nous avons d’être dans ce monde bien ordonné, où l’humanité a enfin grandi, et que ceux qui ont les meilleures compétences prennent les décisions.

Les fondements économiques de la non-croissance sont radicalement différents de l’économie capitaliste. L’unité d’échange est susceptible d’être un type de crédit du carbone, vous donnant droit de consommer l’équivalent d’un kilogramme de carburant. Tout aura une valeur de carbone, prétendument basée sur la quantité d’énergie qu’il a fallu pour le produire et le transporter vers le marché. La «conscience verte» sera une éthique primaire, en conditionnant très tôt les enfants. Se débrouiller avec moins est une vertu, l’utilisation de l’énergie est antisocial; l’austérité est une condition responsable et nécessaire.

Comme avec chaque monnaie, les banquiers voudront gérer la rareté des crédits du carbone, et c’est là que l’alarmisme du réchauffement de la planète devient important. Indépendamment de la disponibilité des ressources, des crédits de carbone peuvent être maintenus dans la rareté de façon arbitraire simplement en fixant des budgets de carbone, basés sur les directives du GIEC, un autre de nos unités émergentes de gouvernance bureaucratique mondiale. Ces directives du GIEC seront l’équivalent de la Réserve fédérale annonçant une modification des taux d’intérêt. Ces budgets définissent l’ampleur de l’activité économique.

Vraisemblablement, les pays continueront d’exister comme unités officielles de gouvernance. Cependant, la sécurité et la police seront en grande partie centralisées et privatisées. Comme les légions romaines, l’appareil de sécurité sera loyal au centre de l’empire, non pas à l’endroit où quelqu’un peut se trouver. Nous voyons déjà cette tendance aux États-Unis, puisque les mercenaires sont devenus de grandes entreprises, et que les forces de police sont de plus en plus fédéralisées, militarisées, et aliénées du grand public.

De même que les aéroports ont été fédéralisés, tous les systèmes de transport seront sous la juridiction de l’appareil de sécurité. Le terrorisme continuera comme étant un épouvantail, justifiant quelconques procédures de sécurité jugées souhaitables pour des fins de contrôle social. L’appareil de sécurité entier sera de nature monolithique, une similitude de caractère, indépendamment des tâches spécifiques de sécurité ou d’endroit. Tout le monde habillé de vêtements noirs de l’Empire du Mal, avec des grosses lettres fluorescentes sur le dos de leur veste pare-balles. Essentiellement, le dispositif de sécurité sera une armée d’occupation, la garnison de l’empereur dans les provinces.

Sur une base quotidienne, vous devrez traverser des points de contrôle de différents types, avec différents niveaux d’exigences de sécurité. C’est là que la biométrie devient importante. Si on peut implanter des puces aux gens, alors la plus grande partie de cette sécurité peut être automatisée et tout le monde peut être suivi à tout moment, et leur activité passée récupérée. Les puces sont reliées à balance de votre crédit, pour que vous puissiez avoir votre monnaie avec vous en tout temps, incluant votre dossier médical et beaucoup d’autres que vous ne connaissez pas.

Il reste très peu de la souveraineté nationale. Pas grand-chose restera en termes de politique extérieure significative. Avec la sécurité marchant selon sa propre loi et au son du batteur de tambour au loin, le rôle principal du soi-disant «gouvernement» sera de répartir et d’administrer le budget des crédits du carbone qu’il reçoit du GIEC. Le GIEC décide combien de richesses une nation recevra en une année donnée, et le gouvernement décide alors comment répartir cette richesse sous forme de services publics et des droits. La richesse étant mesurée par le droit de dépenser de l’énergie.

Fondamentalement, les choses sont déjà ainsi, à la suite de l’effondrement économique et des plans de sauvetage. Parce que les gouvernements sont si profondément endettés, les banquiers sont en mesure de dicter les termes de budgets nationaux comme une condition de maintien de l’ouverture des lignes de crédit. L’économie du carbone, avec ses budgets déterminés au niveau central, offre un moyen de microgestion beaucoup plus simple et plus direct de l’activité économique et de distribution des ressources à travers le globe.

Afin de dégager la voie pour l’économie des crédits du carbone, il sera nécessaire que les monnaies occidentales s’effondrent, pour devenir sans valeur, au fur et à mesure que les nations deviennent de plus en plus insolvables et que le système financier mondial continue d’être systématiquement démantelé. La monnaie du carbone sera présentée comme étant un choix éclairé, une «solution» progressiste à la crise, une monnaie liée à quelque chose de réel et à la durabilité. L’ancien système monétaire sera diabolisé et de nouveau, la mythologie contiendra beaucoup d’éléments vrais…

La poursuite de l’argent est la racine de tout mal et le système capitaliste est intrinsèquement mauvais. Il a encouragé la cupidité et la consommation, et il ne se souciait pas du gaspillage des ressources. Les gens pensaient que plus ils avaient d’argent, mieux ils étaient. Combien plus sage sommes-nous maintenant, vivant selon nos moyens, et de comprendre que le crédit est un gage de bonne intendance.

Culturellement, l’ère néocapitaliste sera un peu comme l’époque médiévale, avec des aristocrates et des seigneurs au sommet, avec le reste étant des paysans et des serfs. Une classe supérieure et inférieure bien définie. De même que seule l’ancienne classe supérieure possédait des chevaux et des carrioles, seulement la nouvelle classe supérieure aura le droit d’accéder à de substantiels crédits du carbone. La richesse sera mesurée par des droits, plus que par des acquisitions ou des gains. Ceux qui sont à l’extérieur des hiérarchies bureaucratiques sont les serfs, avec des droits de subsistance. Au sein des administrations, les droits sont liés au rang dans la hiérarchie. Ceux qui opèrent dans les institutions centrales mondiales sont les seigneurs de l’Empire, avec un accès illimité aux crédits.

Mais il n’y a pas de saisie de la richesse, ou de construction d’empires économiques en dehors des structures des bureaucraties désignées. Les droits sont sur l’accès aux ressources et aux installations, à être utilisés ou non utilisés, mais pas être épargnés et utilisés comme capital. Les droits proviennent du haut, microgérés à partir du sommet. C’est une économie de rations, à tous les niveaux, autant pour les individus que pour les gouvernements – l’embrigadement de la consommation mondiale. En ce qui concerne l’embrigadement, la culture néocapitaliste sera aussi un peu comme le système soviétique. Voici votre carte d’admissibilité, voici votre affectation des tâches, et ici, c’est où vous vivrez.

Avec l’appareil de sécurité omniprésent, et la microgestion de l’activité économique, le scénario est clairement à propos d’un contrôle social serré, conformément aux directives centralisées et aux lignes de conduite. Vraisemblablement, les médias seront soigneusement programmés, avec du divertissement d’évasion, et une version sophistiquée de pensée de groupe du style 1984, de pseudo-nouvelles propagandistes, ce qui est à peu près ce que nous avons déjà aujourd’hui. L’internet non commercial, s’il y en a un, sera limité à des forums désignés de discussion suivis par les autorités ainsi qu’à d’autres types de forums aseptisés.

Avec un tel accent sur la microgestion sociale, je ne m’attends pas à ce que l’unité de la famille survive dans la nouvelle ère, et je m’attends à ce que l’alarmisme par rapport aux abus d’enfants soit le levier utilisé pour déstabiliser la famille. La table a été mise suite à toutes les révélations au sujet des abus sexuels à l’intérieur de l’église et autres abus d’enfants institutionnalisés . Ces révélations auraient pu être mises à jour à tout moment au cours du siècle passé, mais elles ne sont sortis qu’à un moment précis, alors que toutes ces autres choses transitoires se déroulaient. Les gens sont maintenant conscients que l’abus généralisé des enfants existe et ils ont été conditionnés à soutenir énergiquement de fortes mesures pour y mettre fin .

Chaque fois que j’allume la télé, je vois au moins une annonce de service public, avec des images choquantes d’enfants qui sont physiquement ou sexuellement abusés, ou criminellement négligés, dans leurs maisons, et il y a un numéro de téléphone d’urgence où les enfants peuvent appeler. Il est facile de voir comment la catégorie de l’abus peut être élargie pour inclure les parents qui ne suivent pas le calendrier de vaccination, ceux dont les registres d’achat n’indiquent pas une alimentation saine, ou qui ont un profil psychologique douteux, etc. L’état de pauvreté pourrait être jugé de la négligence abusive.

Avec la bonne présentation des médias, l’alarmisme au sujet des abus serait facile à faire mousser. En fin de compte, un «mouvement des droits de l’enfant» devient un mouvement antifamille. L’État doit protéger directement l’enfant dès la naissance. La famille est diabolisée…

Comment épeurant ont été les temps anciens, lorsque sans licence, les couples non formés avaient le contrôle total sur des enfants vulnérables, à huis clos, avec toutes ces névroses, toxicomanies, ou autres perversions que les parents pourraient avoir. Comment est-ce que ce vestige de l’esclavage patriarcal, cet antre d’abus en toute sécurité, a pu continuer à exister si longtemps sans être reconnu pour ce qu’il était? Combien mieux sommes-nous maintenant, avec les enfants éduqués scientifiquement, par un personnel qualifié, où on leur enseigne des valeurs saines?

Depuis que l’enseignement public a été pratiqué, l’État et la famille ont participé à contrôler le conditionnement de l’enfance. Dans les familles religieuses, l’Église a apporté sa propre contribution à ce conditionnement. Dans cet avenir néocapitaliste microgéré, avec sa doctrine choc de la naissance, il serait logique de saisir cette occasion pour mettre en œuvre la « solution finale » du contrôle social, qui est pour l’État de monopoliser l’éducation des enfants. Ceci éliminerait de la société le lien parent-enfant et ce partant, des liens reliés à la famille en général. Il n’y a plus un concept de famille. Il y a juste les abeilles ouvrières, les abeilles de sécurité, et des reines, qui rationnent le miel.

Post-scriptum

Cela a été un vaste et quelque peu détaillé pronostic, en ce qui concerne l’architecture du régime néocapitaliste, et le processus de transition nécessaire pour y parvenir. Le terme  » nouvel ordre mondial  »  est trop faible pour caractériser la nature radicale de la transformation sociale prévue dans le pronostic. Une caractérisation plus apte serait un « saut quantique dans la domestication de l’espèce humaine ». Micro-gestion de la vie, croyances et pensées microprogrammées. Anciennement une espèce de primates sauvages qui est maintenant transformé en quelque chose ressemblant davantage à une abeille ou une culture de fourmis. Inutile de dire que l’utilisation régulière de médicaments psychotropes sera mandatée, pour que les gens puissent faire face émotionnellement à un environnement aussi stérile et inhumain.

Pour qu’une telle profonde transformation soit possible, il est facile de voir qu’un très grand choc est nécessaire, d’une ampleur tel qu’un effondrement et un chaos social, et éventuellement à l’échelle d’un échange nucléaire. Il doit y avoir un mandat implicite de «faire tout ce qui est nécessaire pour faire fonctionner la société à nouveau». Le choc a besoin de laisser des gens dans un état d’impuissance totale comparable à celui qu’ont ressenti les survivants dans les décombres des bombardements de l’Allemagne et du Japon après la Deuxième Guerre mondiale. Rien de moins.

La précision du pronostic, en tant que prédiction, est bien sûr impossible à déterminer à l’avance. Toutefois, chaque partie du pronostic a été fondé sur des précédents qui ont été accomplis, le modus operandi qui a été observé, les tendances qui ont été initiées, des sentiments qui ont été exprimés, des signaux qui ont été donnés, et les actions qui ont été entreprises dont les conséquences peuvent être prédites avec assurance.

En outre, en regardant tous ces indicateurs ensemble, on voit un certain état d’esprit, une volonté absolutiste de mettre en œuvre la «solution idéale», sans compromis, utilisant des moyens extrêmes et avec une audace débridée. Les guerres mondiales ont été des répétitions pour ce moment historique. L’infrastructure de l’État policier est en place et a été testé. L’économie est en train de s’effondrer. L’ennemi est entouré par des missiles. Des pouvoirs arbitraires ont été assumés. Si ce n’est pas maintenant, le prix ultime, alors quand il y aura-t-il une meilleure opportunité?

Nos élites et planificateurs sont soutenus par des groupes de réflexion compétents et ils savent que la nouvelle société doit avoir une cohérence en plusieurs éléments. Ils ont beaucoup d’expérience en ingénierie sociale, de nourrir la montée de la tyrannie et de l’ingénierie de régimes d’après-guerre. Ils comprennent l’importance de la mythologie.

Par exemple, il y a le mythe de l’Holocauste, où l’histoire est exclusivement à propos des exterminations per se, et donc, l’histoire n’est pas racontée quant à la mission première des camps de concentration qui était de fournir des esclaves pour la production reliée à la guerre. Et certaines des entreprises qui utilisaient le travail des esclaves étaient de propriété américaine, et elles fournissaient la machine de guerre allemande. C’est ainsi que la mythologie, bien que contenant la vérité, parvient à cacher les pistes et les crimes de l’élite, en laissant les autres porter le fardeau de diabolisation historique.

Donc, je pense qu’il y a une base solide pour anticiper le genre de mythologie qui serait conçue pour abandonner et rejeter les anciennes méthodes, voyant les nouvelles comme un salut. Il existe un long précédent historique de changement d’ère lié aux changements mythologiques, souvent exprimés en termes religieux. Il y aura quelque chose de familier concernant cette nouvelle mythologie, un remixage et une mise en priorité de valeurs et de considérations  familières, de manière à ce qu’elles entrent en résonance avec la dynamique du nouveau régime.

La nature de l’économie du carbone a été en quelque sorte clairement signalée. Les budgets du carbone et les crédits de carbone, sont manifestement destinés à devenir des composantes principales de l’économie. Comme nous l’avons vu avec le mouvement sur réchauffement planétaire soutenu par l’élite et les activistes, la raréfaction arbitraire de crédits de carbone peut être facilement réglée avec le prétexte de l’écologie. Et l’alarmisme  au sujet du pic pétrolier est toujours disponible en tant que plan de rechange. Comme l’ont souvent exprimé les porte-parole de l’élite, le moment venu, les masses vont exiger le nouvel ordre mondial.

L’accent mis sur le contrôle de la consommation, des ressources et de la distribution est implicite dans l’accent mis sur les limites à l’utilisation de l’énergie, est latent dans la situation géopolitique, en ce qui concerne l’épuisement des ressources mondiales, et est indiqué par la nécessité d’un nouveau paradigme unificateur, puisque le paradigme de croissance n’est plus viable.

La nature de l’appareil de sécurité a été clairement indiquée par les réponses aux manifestations depuis 1998 à Seattle, par l’utilisation accrue de mercenaires endurcis à tuer à la maison et à l’étranger, par des comportements excessifs et abusifs de la police, par les procédures de sécurité dans les aéroports, par Guantanamo et les «transferts extraordinaires», par la création d’une branche nationale de l’armée qui se consacre à répondre aux situations d’urgence civile, et par la façon dont Katrina et Haïti ont été traités.

Ce serait une grave erreur de penser que ces deux dernières opérations furent ratées. Il s’agissait d’exercices de gestion de l’effondrement d’un certain genre, pour être appliqués à certaines populations, où la formation et l’équipement appropriés pour le combat en Afghanistan sont considérés comme étant appropriés pour la gestion de l’aide aux victimes civiles de catastrophes. Ces victimes sélectionnées de catastrophes seront considérées essentiellement comme une menace pour l’ordre civil, ou peut-être des indésirables devant être incarcérées ou éliminées. Elles seront diabolisées comme des émeutiers et des pillards. L’assistance viendra plus tard, voire pas du tout. Et tout cela peut être diffusé à la télévision, et en quelque sorte être considéré comme la façon dont les choses doivent être. Ces deux exercices n’ont pas été ratés du tout. Ils ont réussi de façon alarmante, notamment dans le cas de la mythologie de relation publique en temps réel.

Le rôle limité des gouvernements nationaux, étant principalement des allocataires des budgets qui leur ont été confiées, a été clairement indiqué par des politiques de longue date du FMI dans le tiers-monde, et par la façon dont les banquiers ont dicté aux gouvernements, dans le sillage des engagements exagérés des plans de sauvetage. Le paradigme du rationnement des droits du carbone accomplit une microgestion d’une manière beaucoup plus directe, et est le résultat naturel de la poussée vers les limites plus rigides du carbone.

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Classé dans Actualité, François Marginean

Pronostic 2012: Vers un nouvel ordre mondial social – Troisième partie

Image Flickr par Nomad Photography

Ce texte est largement basé sur l’article de Richard K. Moore « Prognosis 2012: Towards a New World Social Order » qui méritait bien d’être traduit pour le bénéfice des lecteurs francophones. Il est présenté en différents volets, vu la longueur du texte original.

Voici donc le troisième de la série.

Vous pouvez retrouver les deux parties précédentes là:

1- Pronostic 2012: Vers un nouvel ordre mondial social

2- Pronostic 2012: Vers un nouvel ordre mondial social – Seconde partie

François Marginean

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«La guerre contre le terrorisme» – préparer la voie à la transition

Partie 1: Préparer la voie à un nouvel ordre social

Dans un sens très réel, le prétexte du terrorisme est utilisé pour défaire tout ce que les Lumières et les révolutions républicaines ont pu apporter depuis deux siècles. Le cœur même de la Charte des droits – la sécurité juridique – a été abandonné. Le goulag, le camp de concentration, et l’arrestation secrète durant la nuit – tout ce que nous avons toujours associé à des dictatures fascistes et communistes – et maintenant, non seulement opèrent-ils sous la juridiction américaine, mais ils sont de plus justifiés publiquement par le président des États-Unis lui-même.
Existe t-il vraiment une menace terroriste pour la patrie, et est-ce que ces mesures constituent une réponse raisonnable à une telle menace? Les gens sont fortement divisés dans leurs réponses à ces questions. De nombreuses preuves criminalistiques ont depuis fait surface, incluant des liens à des agences du renseignement, et mon opinion est que la plupart des événements terroristes les plus dramatiques ayant eu lieu aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Europe ont été des opérations sous fausse bannière (false-flag operations).
Du point de vue historique, ceci ne serait pas aucunement surprenant. De telles opérations sont monnaie courante – Modus operandi – dans de nombreux pays, bien que nous ne recevions généralement des preuves que des années plus tard. Par exemple, chaque guerre dans laquelle les États-Unis ont été impliqués possède sa propre histoire bidon du type des incidents du golfe du Tonkin, ou de l’escroquerie des armes de destruction massive, sous une forme ou une autre. C’est une formule qui fonctionne. Mobilisation de l’opinion publique instantanée, prompte adoption sans débat de nouvelles résolutions et législations. En quoi la guerre contre le terrorisme serait-elle différente?
En ce qui concerne le motif: Alors que les musulmans n’ont que souffert à la suite de ces événements dramatiques, l’élite bancaire a été en mesure de créer une infrastructure d’État policier qui peut être utilisée pour faire face à toute résistance populaire prévue ou chaos civil qui pourrait émerger tandis qu’ils préparent la voie à leur avenir post-capitaliste.Avec l’effondrement, les plans de sauvetage et la défaillance totale d’exercer une quelconque stratégie efficace de recouvrement économique, les signaux sont très clairs: on laissera le système s’effondrer totalement, ouvrant ainsi la voie à une «solution»préfabriquée. Ground Zero peut être vu comme une métaphore, avec l’économie capitaliste comme étant le World Trade Center. Et les produits dérivés toxiques illustrent le fait que l’effondrement est, en fait, une démolition contrôlée.
Il me semble inévitable, compte tenu des nombreux signaux, que la loi martiale fera partie du processus de transition, sous prétexte de faire face aux problèmes de l’effondrement économique. Peut-être un effondrement de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, en raison d’un effondrement de la chaîne d’approvisionnement en énergie. Les réponses d’urgence des États-Unis à Nouvelle Orléans et de nouveau en Haïti nous donnent davantage de signaux, des tests et essais, du genre de «réponse d’urgence» que nous pouvons espérer.
D’abord et avant tout vient la sécurité des forces d’occupation. Ceux qui souffrent durant un état d’urgence sont traités plutôt comme des insurgés que des victimes ayant besoin d’aide. Dans le cas d’Haïti, de la réponse américaine ne peut être décrite que comme étant un projet de génocide intentionnel. Quand les gens sont coincés sous des décombres lors d’un séisme, les 48 premières et 72 heures, sont des moments tout à fait critiques, en rapport direct avec les taux de survie. Lorsque l’armée américaine a systématiquement bloqué l’aide pendant ces heures critiques, retournant des médecins et des équipes d’urgence, ils ont scellé le sort de milliers de personnes qui auraient pu être sauvées.
On peut imaginer plusieurs scénarios cauchemardesques, étant donné ces différents signaux, ces signes de mauvais augure. La Première et la Seconde Guerre mondiale étaient des cauchemars qui se sont réellement passés, avec des millions de gens tués, et ces mêmes dynasties bancaires ont orchestré ces scénarios et ont ensuite couvert leurs traces. Nous devons également garder à l’esprit la Stratégie du choc (Shock Doctrine), où la catastrophe est considérée comme étant une opportunité où des «choses peuvent être accomplies alors que ce serait autrement impossible ».Nous sommes toujours affectés par les ondes de choc qui ont été envoyées lors du 9 / 11, et à nouveau lorsque le système financier s’est effondré. Et le vrai grand choc, l’effondrement général de la société, est encore à venir. La version ultime de la Stratégie du choc: « Si l’effondrement est total, nous pouvons accomplir n’importe quoi, peut importe ce que nous voulons accomplir ».

 

Je ne vais pas avancer d’hypothèses sur la façon dont ce processus de transition se jouera, mais je pense que ce sera un cauchemar d’une façon ou d’une autre. Déjà, la population grandissante de sans-abri souffrent d’un cauchemar, selon toutes normes civilisées. Un jour, vous vivez dans une maison dont la valeur est à la hausse, possédant un bon emploi, et le jour d’après, vous apprenez que votre famille est dans la rue. C’est un cauchemar. Le temps de transition sera un moment difficile, mais ce sera une transition, elle ne sera que temporaire, comme une guerre. Et comme au lendemain d’une guerre, elle permettra à la reconstruction sociale et économique.
Considérez comment le Japon et l’Allemagne étaient socialement et politiquement transformés par le processus de reconstruction de l’après-guerre. Ceux-ci ont été des exercices d’ingénierie sociale, tout comme l’ont été les transformations précédentes sous Mussolini et Hitler. Bien que les résultats étaient très différents, dans chaque cas un effondrement total/défaite a été le préambule à la reconstruction. Un effondrement total de l’économie capitaliste est tout simplement l’application d’une formule éprouvée. La deuxième partie de la formule sera un certain nouvel ordre social, ou peut-être un ordre social ancien, ou mélange quelconque. Quelque chose qui sera approprié pour une économie sans croissance.

Cela est la première partie de la guerre contre le terrorisme: elle a permis la création d’infrastructures d’État policier nécessaires pour faire face à l’effondrement de la société, et pour assurer la sécurité du processus de reconstruction.

Partie 2: Préparer la voie à la domination globale

La deuxième partie de la guerre contre le terrorisme porte sur la dimension géopolitique d’une économie mondiale de non-croissance. Plus tôt, j’ai suggéré que la géopolitique était différente sous le capitalisme, qu’il ne l’était sous les monarques souverains. Toute la dynamique était différente et les résultats ont été mesurés sur une échelle différente. De même, beaucoup de choses vont changer lors d’un passage d’un capitalisme chaotique orienté sur la croissance vers un système économique centralisé et micro-géré.
Considérons, par exemple, l’importance du contrôle des réserves de pétrole. Dans une économie en croissance, les profits ont été le prix à remporter et de contrôler les marchés et les canaux de distribution se sont révélés être une main gagnante de la partie. Les dictateurs locaux pouvaient gérer les choses à leur guise et prendre leur part des revenus pétroliers, tant qu’ils honoraient leurs contrats avec les géants du pétrole, qui étaient heureux de vendre aux plus offrants.
Dans une économie de non-croissance, où l’accent est mis sur le contrôle direct sur l’approvisionnement et la distribution des ressources, il devient nécessaire de sécuriser, au sens militaire, les sources de pétrole et les routes de distribution. Il ne suffit plus de simplement profiter de l’exploitation débridée. La sécurisation des sources et l’allocation directe la distribution sont le fondement de la microgestion de l’économie de la non-croissance. Ceci s’applique à d’autres ressources essentielles comme l’uranium et les minéraux rares nécessaires à la «défense» et à l’industrie de l’électronique.
En fait, nous sommes au milieu d’une guerre pour mettre la main sur les ressources, avec la Chine et la Russie signant des contrats énergétiques à long terme avec l’Iran et le Venezuela, la Chine achetant des terres agricoles en Afrique, Washington qui conclue des ententes à long terme pour les biocarburants brésiliens, en plus de nombreux autres exemples. À plusieurs égards, l’impérialisme est en train de revenir à l’époque coloniale, lorsque l’administration directe était le modèle, plutôt que le modèle capitaliste: profitant des investissements des entreprises sous des dictateurs qui oppriment leurs populations.
Il se produit un retour naturel vers la dynamique du «bon vieux temps de l’empire», où les grandes puissances de l’Europe ont concentré leur activité économique au sein de leurs sphères d’influence individuelle. Tout le monde sait que les limites des ressources mondiales ont été atteints, causé en partie par les pressions démographiques, mais aussi dû en partie aux pratiques d’exploitation des ressources . Pour cette seule raison, nous avons la partie pacifique de la guerre pour les ressources.
En Irak, en Afghanistan et maintenant au Pakistan et au Yémen, les États-Unis, avec le soutien de l’OTAN, jouent la partie de la guerre pour les ressources de façon vraiment pas pacifique. C’est plutôt avec la main d’un tyran qu’ils le font: «j’ai le plus gros fusil, donc, je vais prendre ce que je veux». Ces actions agressives sont très provocatrices pour la Russie et la Chine et cela menace leurs intérêts économiques vitaux. Une attaque contre l’Iran serait plus qu’une provocation, ce serait une gifle directe dans la face, un défi: «Luttez maintenant ou résignez-vous à être soumis».
En plus de toutes ces prises de contrôle du pétrole, les États-Unis ont entouré la Russie et la Chine avec des bases militaires et ont récemment accéléré l’installation de systèmes antimissiles à leurs frontières, malgré de fortes objections de la part de la Russie et la Chine. Les États-Unis sont délibérément provocateurs et ils menacent les intérêts vitaux de ces adversaires potentiels.
En réponse à cela, les alliances se forment sur une base bilatérale et sous la forme de l’OCS. La Chine et la Russie sont très proches dans leur coopération militaire et le partage de la technologie. Leur planification stratégique est basée sur l’attente d’une attaque américaine, et leur réponse stratégique est basée sur le principe de la guerre asymétrique. Par exemple, un missile d’un million de dollars capable de détruire un porte-avions de plusieurs milliards de dollars. Ou peut-être une poignée de missiles capables de désactiver le commandement et contrôle par satellite des systèmes du Pentagone.
Pendant ce temps, les États-Unis dépensent des sommes astronomiques sur le développement d’une capacité de première frappe, avec un système d’armement spatiale, le contrôle des capacités du théâtre de conflit militaire, les avant-postes d’armes nucléaires « tactiques », etc. Ce nouveau système antimissiles est une partie importante d’une stratégie de première frappe nucléaire, réduisant la capacité de représailles de la Russie ou de la Chine. Ces systèmes sont plus que provocateurs. Ils sont l’équivalent moderne de marcher vos armées jusqu’à la frontière de votre adversaire.
Si un échange nucléaire advenait entre les grandes puissances dans le futur, les historiens citeraient toutes ces choses mentionnées ici comme «signes évidents» que la guerre était pour se produire. Des parallèles seraient tirés avec le scénario d’avant Première Guerre mondiale, alors que l’Allemagne éclipsait la Grande-Bretagne sur le plan économique, tout comme la Chine est en train d’éclipser les États-Unis aujourd’hui. Dans les deux cas, une « tentative désespérée de maintenir l’hégémonie » serait perçue comme la cause de la guerre.
Qu’il y ait une 3e guerre mondiale ou pas, tous ces préparatifs témoignent clairement que nos élites bancaires ont l’intention de présider un système mondial, de gré ou de force. S’ils voulaient un arrangement pacifique, une division de la tarte du tiers-monde, pour ainsi dire, cela pourrait être facilement organisé à tout moment, avec un substantiel désarmement nucléaire. La Chine et la Russie aimerait voir un monde stable et multipolaire; c’est seulement nos banquiers privés internationaux qui sont obsédés par la domination du monde.
Il est possible que la guerre nucléaire soit un «résultat souhaité», accomplissant une dépopulation et rendant l’effondrement encore plus total. Ou peut-être que la Chine et la Russie recevront une offre qu’ils ne peuvent pas refuser: «Abdiquez votre souveraineté économique pour notre système mondial, ou subissez-en les conséquences». D’une façon ou d’une autre, l’élite bancaire, les maîtres de l’univers ont l’intention de présider un système mondial de microgestion. Le projet d’effondrement est maintenant bien engagé, et le projet «d’entourer votre ennemi» semble être plus ou moins achevé. Du point de vue stratégique, il y aura un certain moment déclencheur, un moment clé dans le scénario de l’effondrement économique, lorsque la confrontation géopolitique sera jugée la plus avantageuse.
C’est un jeu d’échecs multidimensionnel et avec des enjeux aussi importants, vous pouvez être assurés que la synchronisation des différents actes sera soigneusement coordonnée. Et à partir de la forme générale du jeu, il semble que nous approchions de la fin de la partie.

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La semaine prochaine:

– Pronostic 2012

– Un Âge Néo-ténébreux – Post-scriptum

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Pronostic 2012: Vers un nouvel ordre mondial social – Seconde partie

Ce texte est largement basé sur l’article de Richard K. Moore «  Prognosis 2012: Towards a New World Social Order » qui méritait bien d’être traduit pour le bénéfice des lecteurs francophones. Il est présenté en différents volets, vu la longueur du texte original.

Voici donc la deuxième partie de Pronostic 2012: Vers un nouvel ordre mondial social.

François Marginean

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La fin de la croissance – les capitalistes vs le capitalisme

Il a toujours été inévitable, dans un système fermé qu’est la planète Terre, qu’il y ait une limite à la croissance économique. L’industrialisation a permis de se précipiter vers cette limite au cours des deux derniers siècles. La production est devenue de plus en plus efficace, les marchés sont devenus de plus en plus mondiaux et nous avons finalement atteint le point où le paradigme de la croissance à l’infini ne peut plus être maintenu.

En fait, ce point a été atteint vers 1970. Depuis lors, le capital n’a pas tant cherché la croissance par l’augmentation de la production, mais plutôt par l’extraction de plus grands profits d’une production qui est demeurée à des niveaux relativement plats; d’où la mondialisation qui a délocalisé la production vers des régions où se trouvent des travailleurs à faibles revenus, fournissant ainsi des marges de profits plus importantes. Et donc, conséquemment est apparu la tendance à la privatisation qui a pour effet de transférer les flux de revenus qui allaient auparavant aux budgets nationaux vers les investisseurs. Enfin, c’est le pourquoi des marchés dérivés et des marchés des devises qui créent l’illusion électronique de la croissance économique, sans produire quoi que ce soit dans le monde réel.

Si l’on étudie l’effondrement des civilisations, on apprend que le manque d’adaptation est fatal. Continuer sur la voie de la poursuite de la croissance serait un tel manque d’adaptation. Et si on lit les pages financières de nos jours, on constate qu’elles sont pleines de prophètes de malheur. Nous lisons que la zone euro est condamnée et que la Grèce n’était que la première victime. Nous lisons que les plans de relance ne fonctionnent pas, que le chômage augmente, que le dollar est en grande difficulté, que la croissance continue de stagner et que le secteur commercial de l’immobilier sera la prochaine bulle à éclater, etc. Il est facile d’avoir l’impression que le capitalisme ne parvient pas à s’adapter et que nos sociétés sont menacées de s’effondrer en sombrant dans le chaos.

Une telle impression serait en partie vraie et fausse. Afin de réellement comprendre la situation, nous devons faire une distinction claire entre l’élite capitaliste et le capitalisme lui-même. Le capitalisme est un système économique reposant sur la croissance; l’élite capitaliste est les gens qui ont réussi à prendre le contrôle du monde occidental alors que le capitalisme a fonctionné au cours des deux derniers siècles. Le système capitaliste a dépassé sa date limite de vente, l’élite bancaire est bien consciente de ce fait – et elle s’adapte.

Le capitalisme est un véhicule qui a aidé les banquiers à atteindre le pouvoir absolu, mais ils n’ont pas plus de loyauté envers ce système qu’ils en ont envers un endroit en particulier, ou envers quoique ce soit ou quiconque. Tel que mentionné précédemment, ils pensent à l’échelle mondiale, considérant les nations et les populations comme des pions. Ils définissent ce qu’est l’argent et ils le créent, tout comme le banquier dans un jeu de Monopoly. Ils peuvent aussi inventer un nouveau jeu avec un nouveau type d’argent. Ils ont depuis longtemps dépassé toute nécessité de s’appuyer sur un système économique particulier afin de maintenir leur pouvoir. Le capitalisme était pratique dans une ère de croissance rapide. En vue d’une ère de non-croissance, un jeu différent est en cours de préparation.

Ainsi, on n’a pas laissé le capitalisme mourir d’une mort naturelle. Tout d’abord, il a été mis sur un système de soutien artificiel de la vie, tel que mentionné ci-dessus, avec la mondialisation, la privatisation, les marchés des produits dérivés, etc. Ensuite, il a reçu une injection létale sous forme de produits dérivés toxiques. Et lorsque l’effondrement planifié s’est produit, plutôt que de sauver le capitalisme industriel, l’élite bancaire a été sauvé. Ce n’est pas parce que les banques étaient trop grosses pour faire faillite, mais plutôt parce que les banquiers étaient trop puissants politiquement pour faire échec. Ils ont fait une offre aux gouvernements qu’ils ne pouvaient refuser.

Les résultats du sauvetage de l’ordre de milliards de dollars étaient facilement prévisibles, bien qu’on ne l’apprenne pas à la lecture des pages financières. Les budgets nationaux étaient déjà très sollicités, et ils n’avaient certainement pas assez de réserves à leur disposition pour financer les plans de sauvetage. Ainsi, ces plans de sauvetage ont résulté en rien de plus que l’ajout d’immenses dettes par les gouvernements. Afin d’honorer les engagements des plans de sauvetage, l’argent sera emprunté auprès des mêmes institutions financières qui ont été renflouées.

Avec les plans de sauvetage, les gouvernements occidentaux ont livré leurs nations les mains liées aux banquiers. Les gouvernements sont désormais en perpétuelle servitude pour leurs dettes dues aux banquiers. Plutôt que les banques soient mises sous séquestre, ce sont les gouvernements qui sont maintenant sous séquestre. Le cabinet d’Obama et ses conseillers sont presque tous de Wall Street, ils sont à la Maison Blanche afin de surveiller de près leur nouvelle acquisition, les États-Unis anciennement souverains. Peut-être qu’ils présideront bientôt à sa liquidation.

Les banquiers sont maintenant en contrôle des budgets nationaux. Ils dictent ce qui peut être financé et ce qui ne le peut pas. Quand il s’agit de financer leurs guerres et la production d’armement, aucune limite n’est imposée. Quand il s’agit de services publics, on nous dit que les déficits doivent être tenus en échec. La situation a été très bien exprimée par Brian Cowan, le chef du gouvernement de l’Irlande. Dans la même semaine que l’Irlande a promis 200 milliards d’euros pour renflouer les banques, il lui était demandé pourquoi il coupait quelques millions d’euros des budgets des services de base les plus importants. Il répondit: «Je suis désolé, mais les fonds ne sont tout simplement pas là ». Bien sûr qu’ils ne sont pas là! Le trésor a été dilapidé. Les coffres sont vides.

Comme on pouvait s’y attendre, la plus haute priorité des budgets est le service de la dette envers les banques. Tout comme la plupart des pays du tiers-monde sont dans l’esclavage de la dette envers le FMI, l’Occident en entier est maintenant dans l’esclavage de la dette envers ses propres banques centrales. La Grèce est le signe avant-coureur de ce qui va se produire partout.

L’économie du carbone – contrôle de la consommation

Dans une économie sans croissance, les mécanismes de la production deviendront relativement statiques. Au lieu de corporations en compétition pour l’innovation, nous aurons des bureaucraties de production. Elles seront des bureaucraties semi-étatiques, semi-privées, préoccupées par les budgets et les quotas plutôt que par la croissance, un peu à l’instar du modèle soviétique. Un tel environnement n’est pas mu par un besoin de croissance du capital, et il ne permet pas un jeu de Monopoly rentable.

Nous pouvons déjà voir les mesures prises pour déplacer le modèle d’entreprise vers le modèle bureaucratique, par l’intervention accrue du gouvernement dans les affaires économiques. Avec le sauvetage de Wall Street, la restructuration forcée de General Motors, l’appel à la microgestion centralisée du secteur bancaire et industriel, et l’imposition de la couverture d’assurance santé, le gouvernement fait savoir que le marché est pour être remplacé par des directives gouvernementales. Non pas que nous devrions pleurer la disparition du capitalisme exploiteur, mais avant de célébrer, nous devons comprendre ce par quoi il est remplacé.

Dans une ère de capitalisme et de croissance, l’accent a été mis l’aspect production de l’économie. Le but du jeu visait le contrôle des moyens de la croissance: l’accès au capital. Le moteur de la croissance du capitalisme a créé la demande de capitaux, les banquiers contrôlaient l’offre. Les impôts étaient surtout basés sur le revenu, encore une fois liés à l’aspect production de l’économie.

Dans une ère de non-croissance, le point de mire du jeu sera sur l’aspect consommation de l’économie. Le jeu visera le contrôle des nécessités de la vie: accès à la nourriture et l’énergie. La population crée la demande pour les nécessités de la vie; les banquiers ont l’intention de contrôler l’approvisionnement. Les taxes seront principalement basées sur la consommation, en particulier de l’énergie. Et c’est là toute l’histoire de la crise du réchauffement de la planète, avec ses taxes sur le carbone et les crédits de carbone.

Déjà, en Grande-Bretagne, on parle de quotas sur le carbone, comme le rationnement de l’essence en temps de guerre. Ce n’est pas seulement que vous aurez à payer des taxes sur l’énergie, mais la quantité d’énergie que vous pouvez consommer sera déterminée par des directives du gouvernement. Des crédits de carbone vous seront émis et vous pourrez les utiliser pour la conduite, le chauffage, ou en de rares occasions pour des voyages aériens. Toujours en Grande-Bretagne, les routes sont câblés afin qu’il soit possible de surveiller le kilométrage que vous effectuez, pour vous taxer en conséquence, et vous pénaliser si vous dépassez votre limite permise. On peut s’attendre à ce que ce genre de chose se répande à travers l’Occident, puisque c’est les mêmes banquiers internationaux qui sont en charge partout.

En termes de propagande, ce contrôle sur la consommation est vendu comme une solution au réchauffement climatique et au pic pétrolier (peak oil). La campagne de propagande a été très réussie, et tout le mouvement environnemental est tombé dans le panneau de celui-ci. À Copenhague, les manifestants ont affronté la police, brandissant des pancartes appuyant les taxes sur le carbone et les crédits de carbone. Mais en fait, le régime de carbone n’a rien à voir avec le climat ou le développement durable. Cela a tout à voir avec la microgestion de tous les aspects de nos vies, ainsi que tous les aspects de l’économie.

Si les gens qui contrôlent les choses étaient réellement concernés par le développement durable, ils investiraient dans les moyens de transport publics efficaces et ils changeraient l’agriculture basée sur une énorme consommation de pétrole et d’eau pour des méthodes durables. Au contraire, ils poussent l’utilisation de biocarburants et nous vendent des voitures électriques qui ne sont pas plus viables ou plus efficaces au niveau du carbone que les voitures normales. En effet, le but réel derrière les biocarburants est un génocide. Avec les prix alimentaires qui sont liés aux prix de l’énergie, et les terres agricoles en processus de conversion de production de nourriture vers la production de carburant, le résultat ne peut qu’être une augmentation massive de la famine dans le tiers-monde. Le dépeuplement a longtemps été un objectif ouvertement déclaré dans les cercles élitistes, et la dynastie Rockefeller a souvent été impliqués dans des projets eugénistes de toutes sortes.

«La guerre contre le terrorisme» – préparer la voie à la transition

La soi-disant guerre contre le terrorisme comporte deux parties. La première partie est un prétexte à des abus arbitraires des droits des citoyens, chaque fois que le Homeland Security prétend que le geste est nécessaire pour des raisons de sécurité. La deuxième partie est un prétexte à l’agression militaire de la part des États-Unis partout dans le monde, chaque fois que la Maison Blanche prétend que Al-Qaïda est actif dans une quelconque région.

Le mot « prétendre » ci-dessus est utilisé parce que le prétexte du terrorisme est utilisé pour justifier des pouvoirs arbitraires, autant à l’intérieur du pays que globalement. Aucune preuve tangible n’a besoin d’être présentée au Congrès, à l’ONU, ou à toute autre personne, avant que certains pays soient envahis, que quelqu’un soit kidnappé et torturé en tant que « présumé terroriste », ou qu’une nouvelle mesure de sécurité invasive est mis en place. Lorsque les pouvoirs sont arbitraires, nous ne vivons plus sous le règne du droit, tant au niveau national qu’international. Nous vivons sous la domination des hommes, comme on peut s’y attendre dans une dictature, dans un royaume à l’ancienne ou sous un empire.

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La semaine prochaine:

La guerre contre le terrorisme

– Partie 1: Préparer la voie à un nouvel ordre social

– Partie 2: Préparation de la voie à la domination mondiale

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Pronostic 2012: Vers un nouvel ordre mondial social

Ce texte est largement basé sur l’article de Richard K. Moore «  Prognosis 2012: Towards a New World Social Order  » qui méritait bien d’être traduit pour le bénéfice des lecteurs francophones, ne serait-ce que pour stimuler la réflexion et soulever quelques débats nécessaires. Il sera présenté en différents volets vu la longueur du texte original.

François Marginean

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Contexte historique – l’Establishment de la suprématie capitaliste

Lorsque la révolution industrielle a commencé en Grande-Bretagne, vers la fin des années 1700, il y avait beaucoup d’argent à faire en investissant dans les usines et les fabriques, en ouvrant de nouveaux marchés, et en prenant le contrôle des sources de matières premières. Les gens qui avaient le plus d’argent à investir, cependant, n’étaient pas tant en Grande-Bretagne, mais plutôt en Hollande. La Hollande était la principale puissance occidentale dans les années 1600 et ses banquiers figuraient parmi les plus grands capitalistes. En quête du profit, le capital néerlandais a coulé sur le marché boursier britannique et donc, les néerlandais ont financé la montée en puissance de la Grande-Bretagne, qui a ensuite éclipsé la Hollande tant au niveau économiquement que géopolitique.

De cette façon, l’industrialisme britannique en est venu qu’à être dominé par de riches investisseurs, et le capitalisme est devenu le système économique dominant. Cela a conduit à une transformation sociale majeure. La Grande-Bretagne avait essentiellement été une société aristocratique, dominée par des familles propriétaires de terres. Alors qu’économiquement le capitalisme devenait dominant, les capitalistes devenaient dominants sur le plan politique. Les structures fiscales et des politiques d’import-export ont été progressivement modifiées pour favoriser les investisseurs par rapport aux propriétaires fonciers.

Il n’était plus économiquement viable de simplement maintenir un domaine à la campagne: il fallait le développer, le transformer pour en faire une utilisation plus productive. Les drames victoriens sont remplis d’histoires de familles aristocratiques qui connaissent des temps difficiles et qui sont forcées de vendre leurs propriétés. Pour des fins dramatiques, ce déclin est généralement attribué à un échec de certains personnages, un fils aîné faible peut-être. Mais en fait, le déclin de l’aristocratie faisait partie d’une plus grande transformation sociale provoquée par la montée du capitalisme.

L’activité du capitaliste est la gestion du capital, et cette gestion est généralement traitée par l’intermédiaire des banques et des maisons de courtage. Il ne devrait pas être surprenant que les banquiers investisseurs se soient retrouvés au sommet de la hiérarchie de la richesse et la puissance capitaliste. Et en fait, il n’y a qu’une poignée de familles bancaires, incluant les Rothschild et les Rockefeller, qui sont arrivés à dominer les affaires économiques et politiques dans le monde occidental.

Contrairement aux aristocrates, les capitalistes ne sont pas liés à un lieu, ou à l’entretien d’un lieu. Le capital est déloyal et mobile – il coule à l’endroit où la plus forte croissance se trouve, comme il a coulé de la Hollande à la Grande-Bretagne, puis la Grande-Bretagne vers les États-Unis et plus récemment, de partout en direction de la Chine. Tout comme une mine de cuivre peut être exploitée puis ensuite abandonnée, sous le capitalisme, une nation entière peut être exploitée pour être ensuite abandonnée, comme nous pouvons l’observer dans les régions industrielles en ruine de l’Amérique et de la Grande-Bretagne.

Ce détachement par rapport à un lieu en particulier conduit à un type différent de géopolitique sous le capitalisme que sous l’aristocratie. Un roi va à la guerre quand il voit un avantage de le faire pour sa nation. Les historiens peuvent «expliquer» les guerres datant des jours pré-capitalistes, en termes d’agrandissement des monarchies et des nations.

Un capitaliste déclenche une guerre pour faire des profits et en fait, les familles de banquiers d’élite ont financé les deux côtés de la plupart des conflits militaires depuis au moins la Première Guerre mondiale. C’est pourquoi les historiens ont beaucoup de difficulté à «expliquer» la Première Guerre mondiale en termes de motivations et objectifs nationaux.

Avant la venue de l’ère capitaliste, la guerre était comme les échecs, chaque côté essayant de gagner. Sous le capitalisme, la guerre ressemble plus à un casino où les joueurs s’affrontent aussi longtemps qu’ils peuvent obtenir un crédit pour plus de jetons, et le vrai gagnant s’avère toujours être la maison – les banquiers qui financent la guerre et qui décident qui sera le dernier homme debout. Non seulement les guerres sont-elles la plus rentable de toutes les entreprises capitalistes, mais par le choix des gagnants et la gestion de la reconstruction, les familles de banquiers d’élite sont en mesure, au fil du temps, d’adapter la configuration géopolitique en fonction de leurs propres intérêts.

Nations et populations ne sont que des pions dans leurs jeux. Des millions de personnes meurent dans ces guerres, les infrastructures sont détruites, et alors que le monde pleure, les banquiers comptent leurs gains et font des plans pour leurs investissements dans la reconstruction d’après-guerre.

À partir de leur position de pouvoir, étant les financiers des gouvernements, les élites bancaires ont perfectionné leurs méthodes de contrôle au fil du temps. Demeurant toujours dans les coulisses, ils tirent les ficelles contrôlant les médias, les partis politiques, les agences du renseignement, les marchés boursiers et les bureaux du gouvernement. Et leur contrôle sur les devises est peut-être leur plus grand levier de pouvoir. Par le biais de leur arnaque de la banque centrale, ils créent des cycles d’expansion et de récession économique et ils impriment de l’argent à partir de rien qu’ils prêtent ensuite avec intérêts aux gouvernements. Le pouvoir des élites bancaires est à la fois absolu et subtil…

«Certains des plus grands hommes aux États-Unis
ont peur de quelque chose. Ils
savent qu’il y a un pouvoir quelque part, si
organisé, si subtil, si vigilant, si
interconnecté, si complet, si envahissant
qu’il valait mieux ne pas parler à haute voix lorsqu’ils parlent en
condamnation de celui-ci.  »
– Le Président Woodrow Wilson

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La semaine prochaine:

– La fin de la croissance – les capitalistes vs le capitalisme

– L’économie du carbone – contrôle de la consommation

– «La guerre contre le terrorisme» – préparer la voie à la transition

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Dossier Santé (Conclusion): Un choix à faire.


Ceci est la conclusion de mon Dossier Santé dans lequel j’explore divers systèmes de santé à travers le monde dans le but de démontrer comment notre système pourrait être amélioré en puisant des idées qui ont déjà fait leurs preuves ailleurs.


Le constat

Force nous est de constater qu’au Québec, comme dans le reste du Canada, le système de santé accuse de sérieuses lacunes. Les temps d’attentes ne font qu’augmenter. Au Québec, le temps médian d’attente après avoir vu un omnipraticien jusqu’au traitement par un spécialiste est de 18 semaines. Il est monnaie courante de passer plus de 12 heures d’attente à une salle d’urgence. Nous nous sommes habitués à accepter l’inacceptable. De plus, nous n’en finissons plus de payer de plus en plus pour de moins en moins de service. La croissance des dépenses de santé dépasse la croissance des revenus de l’état, ce qui rend notre système insoutenable à long-terme. Le budget du MSSS atteindra bientôt la barre des 50% du budget total du Gouvernement du Québec, étouffant petit à petit les autres missions que se donne notre gouvernement. Même la Cour Suprême du Canada a reconnu que la loi sur l’assurance santé ne remplit plus sa mission et qu’elle met en danger la vie et la santé des québécois. Pourtant, il n’y a rien de nouveau là-dedans. Nous savons depuis des décennies que des changements s’imposent.

L’irresponsabilité politique

Si nous savons que nous avons un problème depuis si longtemps, pourquoi n’avons nous donc rien fait et même au contraire, empiré les choses? Je crois que la responsabilité revient aux politiciens qui promettent du bout des lèvres qu’ils vont régler le problème et qui ensuite se dégonflent devant les nombreux groupes d’intérêts qui trouvent leur compte dans le statut quo. Afin d’éviter de confronter ces groupes, dont certains ont un poids politique démesuré, on essaie d’étouffer le problème avec de l’argent que nous n’avons pas et en pelletant le problème par en avant. Le problème avec cette stratégie est que tôt ou tard, nous allons frapper un mur et c’est même discutable si nous ne l’avons pas déjà atteint. Et puisque nous avons été obsédés par la question nationale pendant les 40 dernières années, il n’y a jamais vraiment eu de débat de fond sur la santé. Que devrions-nous faire?

Les solutions

Heureusement, ce ne sont pas les solutions qui manquent, si nous arrivions seulement à greffer une paire de couilles à nos pleutres de politiciens. Avec ce dossier, j’ai cherché à démontrer comment les choses se font ailleurs dans des pays qui ont du succès à maintenir un système de santé soutenable et efficace. La plus grande erreur que nous avons fait au Québec est de confier notre système de santé à un double monopole, celui du Ministère de la Santé et des Services Sociaux et celui des syndicats de la fonction publique. Dans une dynamique de marché, rien n’est plus inefficace qu’un monopole et le pire des monopoles est un monopole public. Pourquoi? Parce qu’au minimum, un monopole privé dépend de sa clientèle pour générer un revenu. Un monopole public n’a pas à se soucier de sa clientèle parce que son financement est totalement déconnecté du service qu’il offre. Il l’obtient par la force à travers vos taxes. Il n’a donc aucun incitatif réel à servir sa clientèle, autre que la bonne volonté. On n’a qu’à ouvrir les yeux et regarder le manque de productivité dans la plupart des services publics pour s’en convaincre. Aussi n’est-il pas surprenant que tous les systèmes de santé qui dépendent strictement d’un monopole public, comme le NHS britannique, accusent des temps d’attentes excessifs et du rationnement des soins. À l’opposé, des systèmes comme celui de la Suisse et de Singapour démontrent depuis plus de 10 ans qu’une certaine dose de mixité public-privé permet de réduire les coûts, augmenter l’efficacité et assurer l’universalité d’accès aux soins de santé, peu importe le revenu. Certains vont continuer à essayer de vous faire croire que l’inclusion du privé en santé est la semence du Diable en personne. Qu’il est particulièrement vil de profiter de la maladie des autres. Mais si on pousse leur logique tordue jusqu’au bout, il serait tout aussi vil de profiter de la vente de nourriture. Devrions-nous nationaliser cette industrie? Je vous dirais tout de suite qu’à tous les endroits, où ils ont essayé ça, les tablettes des épiceries étaient vides et les gens dépendaient souvent d’un système de carte de rationnement, ou même dans certains cas extrêmes, crevaient de faim. Dans notre système de santé actuel, notre carte-soleil de la RAMQ est devenue très précisément une carte de rationnement. Nous travaillons la moitié de notre année pour nous acquitter de toutes les différentes taxes que nous payons et ce sont des bureaucrates qui décident à quel soins nous avons droit et quand nous pourrons les recevoir. Et si par hasard, les délais sont trop longs, nous n’avons absolument aucune alternative à part aller aux États-Unis. Certains osent appeler ça de la liberté.

Nous avons un choix à faire en tant que citoyens. Soit nous élevons nos voix en exigeant du changement, soit nous continuons de nourrir cette bête jusqu’à ce qu’elle nous dévore en entier:


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Dossier Santé (4ieme partie): La Hollande


Ceci est la 4ieme partie de mon Dossier Santé dans lequel j’explore divers systèmes de santé à travers le monde dans le but de démontrer comment notre système pourrait être amélioré en puisant des idées qui ont déjà fait leur preuve ailleurs. Cette semaine, je ferai une survol du système de la Hollande.

Pourquoi la Hollande?

La Hollande est un cas intéressant à étudier car elle partage certaines caractéristiques démographiques communes avec le Canada. Ce sont deux pays riches avec un âge médian et une espérance de vie similaires, et un taux de fécondité relativement bas qui fait les rend assez comparables au niveau du vieillissement de leurs populations respectives. En 2006, les hollandais ont entrepris une réforme en profondeur de leur système de santé qui a vu son gouvernement passer de gestionnaire principal du système au rôle de régulateur et qui a confié la gestion du financement, des coûts et de la prestation des soins par les assurances, les professionnels de la santé et les administrations d’hôpitaux. Leur système a beaucoup en commun avec celui de la Suisse. Il est devenu un marché contrôlé où les principaux acteurs sont les assureurs, les pourvoyeurs et les patients.


La Hollande en chiffres.

Canada

Hollande

Population (2007) en millions

32 876

16 419

Âge médian

39

4o

PIB par habitant ($ PPA int.)

35 310

39 310

Dépenses de santé % du PIB (2006)

10,0

9,4

Dépenses de santé par habitant ($ PPA int.)

3 673

3 481

Espérance de vie à la naissance (2007)

81

80

Nbre de Médecins par 10 000 habitants

19

37

Nbre d’infirmières et sages-femmes par 10 000 habitants

101

146

Nbre de lits d’hôpitaux par 10 000 habitants

34

48

(Source: OMS)

Les données de l’OMS de la Hollande se comparent favorablement avec les moyennes européennes, mais comme vous pouvez le constater, la Hollande surpasse de loin le Canada au niveau de la densité du personnel soignant et des lits d’hôpitaux. D’après mes lectures, il existerait des listes d’attentes dans certaines spécialités, mais elles deviennent de moins en moins longues. Malheureusement, puisque leur réforme est relativement récente, il n’existe pas de données assez récentes pour pouvoir constater s’il y a eu des améliorations, mais si on se fie aux résultats de la Suisse, on pourrait s’attendre à voir une différence.

Financement

Avant la réforme de 2006, le financement des soins était assuré par une mixité d’assurance publique obligatoire doublée d’assurances supplémentaires volontaires d’assureurs privés. La réforme de 2006 a tout changé. Les soins sont maintenant financés à 100% par des assureurs privés dans un marché régulé par l’état. Comme la Suisse, il existe une assurance de base obligatoire à tous et relativement peu coûteuse (90 euros/mois par adulte, gratuit aux moins de 18 ans). Contrairement à la Suisse, les Hollandais ont très peu à débourser de leurs poches, ce qui rend les soins très accessibles, mais augmente le risque moral. En n’étant pas exposés au coûts réel des soins, les hollandais ne seront pas aussi encouragés à changer certaines habitudes de vie, comme le font les suisses et les singapouriens et presque un hollandais sur deux est considéré comme obèse. Par contre, vu que le gouvernement ne s’est conservé qu’un rôle de régulateur de marché, les décisions médicales, les négociations des prix et des coûts sont maintenant entre les médecins, leurs patients et les assureurs.

L’assurance de base couvre:

  • Tous les soins médicaux prodigués par des médecins généralistes, spécialistes et hôpitaux
  • Les séjours dans un hôpital
  • Les soins dentaires jusqu’à l’âge de 18 ans. (Après quoi vous n’êtes couvert que pour les soins dentaires spécialisés et les prothèses et couronnes)
  • Appareils médicaux et orthopédiques
  • Médicaments
  • Soins pré-nataux
  • Transport par ambulance
  • Soins paramédicaux


En bref, presque tout. Les compagnies d’assurances ne peuvent refuser aucune application pour l’assurance de base. Par contre il est possible de souscrire à une assurance supplémentaire sous forme d’assurance-groupe ou personnelle pour couvrir ce qui n’est pas inclus dans le plan de base. Le gouvernement rembourse les frais encourus par l’achat de l’assurance de base par les moins nantis selon leurs revenus. Ce n’est pas une couverture mur à mur comme au Québec, mais ça assure l’universalité d’accès aux soins tout aussi bien. Les hollandais sont libre de souscrire avec l’assureur de leur choix et peuvent changer d’assureur une fois par an. Les assureurs ne peuvent imposer des tarifs basés sur l’âge et le niveau de risque, mais peuvent se faire compétition sur leur prix et la qualité de leur service. Soit dit en passant, 80% des assureurs en Hollande fonctionnent sur une base à but non-lucratif.

La prestation des soins.

Les soins primaires sont assurés par les médecins omnipraticiens en pratique privé dans des bureaux individuels ou en clinique groupée. Ils agissent en gardiens de barrière pour le reste du système. On ne voit de spécialiste que sur référence et ceux-ci sont généralement dans les hôpitaux. La plupart des hôpitaux à soins de courte durée en Hollande sont publics, tandis que ceux à soins de longue durée sont privés, dont plusieurs à but non-lucratifs. La Hollande possède aussi un réseau extensif de soins à domicile administré en grande partie par les municipalités. Seule ombre au tableau, la densité d’appareils sophistiqués de diagnostic comme les MRI et les CT Scan est relativement faible. L’accès au pharmaceutiques y est cependant excellente. Et ils n’ont certainement pas de problèmes de pénuries de médecins et d’infirmières.

Conclusion.

Le système de santé hollandais est un système à surveiller. Il sera intéressant de voir l’impact de leur récente réforme sur leurs statistiques. La nouvelle dynamique de leur système mets les décisions et les moyens dans les mains des gens sur le terrain, plutôt que dans les mains de bureaucrates et ça ne peut que le rendre plus efficace. Je m’attendrais à voir ce système rivaliser avec la Suisse à très court-terme.

Sources:

European Observatory on Health Systems and Policies Netherlands HiT (2010)

The Grass Is Not Always Greener: A Look at National Health Care Systems Around the World.

OMS: Statistiques Sanitaires Mondiales 2010

Autres articles dans ce dossier:

  1. Dossier Santé: Introduction
  2. Dossier Santé (1ere partie): La Suisse
  3. Dossier Santé (2ieme partie): Singapour
  4. Dossier Santé (3ieme partie): Cuba – L’apartheid médical

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Amour sans frontière

 

Deux amoureux se sont inventé un projet pour voyager ensemble: aidés d’Équiterre, ils vont dresser un portrait des réseaux cyclables d’Allemagne, de Suisse et de Hollande, pour inspirer le Québec.

Dominic Desmarais Dossier Famille, Environnement

Mark Schanzleh et Amélie Racine se sont rencontrés en Nouvelle-Zélande. Lui découvrait ce pays à vélo, elle, en voiture. Lui, originaire des Pays-Bas, elle du Québec. Mark a tout quitté pour venir rejoindre Amélie à Montréal. Ils viennent de partir pour un séjour de 6 mois en Allemagne, en Suisse et aux Pays-Bas. Mark et Amélie vont pédaler et s’informer sur le réseau cyclable de ces trois pays cités en exemples pour leurs aménagements cyclistes.

«On va voir si les services sont vraiment adaptés aux besoins des touristes. On veut rencontrer les penseurs, ceux qui ont eu l’idée des réseaux cyclables. Quel a été le rôle des gouvernements? Des commerçants? Est-ce qu’il y a un engouement général? On va assister à des congrès. On va créer un réseau», dit Amélie.

Boutique de plein-air et cyclo-tourisme

Mark est arrivé le 4 janvier à Montréal. Il repartait de zéro, après avoir vendu et remisé ses biens au Pays-Bas. Il ne parlait pas français. «Comme il n’est pas autorisé à travailler ici, on voulait créer notre emploi. On voulait ouvrir une boutique de plein-air, on souhaitait trouver un projet de voyage… Pas juste pour voyager. Pour travailler. Des fois, tu remets des choses à demain et tu ne les fais jamais.»

«Je connaissais Jeunes professionnels à l’étranger, un programme fédéral pour les moins de 30 ans. Notre projet a été accepté.» Il faut souligner qu’Amélie avait été sélectionnée par le Réseau de veille en tourisme de la Chaire de tourisme de l’UQAM. Au retour, le rapport du jeune couple pourra inspirer le Québec si la province se décide à développer un véritable réseau cyclable.

Équiterre et le vélo

Les deux tourtereaux ont bâti un projet qui leur ressemble : voyager, respecter l’environnement, apprendre, rencontrer des gens… «On s’est tourné vers l’organisme environnemental Équiterre puisqu’on partait à vélo. On s’est dit qu’on pouvait faire un geste concret.»

Le jeune couple partagera avec l’organisme les sommes amassées auprès des commanditaires qui leur donnent un certain montant pour chaque kilomètre. Une façon écologique de se déplacer.

On a sollicité des commanditaires, innovateurs, différents de la masse, avec un programme environnemental. On a été très sélectifs, car avec Équiterre, il y a des restrictions imposées par leur code d’éthique. On partage les dons avec Équiterre.» Leur site est traduit en 4 langues: français, anglais, néerlandais et allemand.

Du cyclisme international

Plus que tout, ce projet est une ouverture vers l’avenir du couple. Un pari en quelque sorte. «Pour nous, c’est d’être en mesure d’avoir une business ensemble. C’est dans nos projets et ça va marcher, on sait qu’on est capable si on veut développer d’autres entreprises.»

Mark et Amélie reviendront dans la prochaine édition nous raconter leurs aventures outre-mer. On peut suivre leur itinéraire sur leur site à l’adresse: www.equicycle.com ou encore leur écrire à info@equicycle.com.

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