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Grandeurs et misères de la technologie

Par Renart Léveillé

 

Comme ceux qui me lisent, enfin la plupart si je ne m’abuse, l’ère technologique dans laquelle nous nous trouvons m’apparaît tout à fait positive. Elle nourrit beaucoup plus mes espoirs que mon cynisme, bien que le flot d’informations tend à démontrer le contraire. C’est-à-dire qu’elle fait miroiter un futur plus en phase avec le citoyen, bien qu’elle cultive l’impatience de ne pas y être déjà parfaitement et de toujours avoir l’impression qu’il y a pelletage en avant. Tout ce qui touche à la politique en est déjà un bon exemple.

D’un côté, en Islande, les travaux pour reviser la Constitution de ce pays avec l’aide des citoyens via les médias sociaux sont un succès :

en trois mois et demi de travaux, il y a eu plus de 3600 commentaires et 370 suggestions

La démarche doit maintenant faire le test de la réalité parlementaire pour se voir approuvée, modifiée ou rejetée, mais voilà déjà une belle preuve de l’utilité de la technologie. Et en espérant qu’elle fera d’autres petits (« le Maroc a aussi mis en place un site Internet où les citoyens du royaume peuvent discuter de la réforme constitutionnelle en cours »).

Plus près de nous, le gouvernement du Québec a mis en ligne un site de « Consultation publique Web 2.0 » où on peut y soumettre des idées. Au moment où j’écris, 80 idées y ont été soumises et c’est par celle de Nicolas Roberge (concernant nos chères infrastructures), promulgué sur Twitter, que j’ai pu le découvrir. Je suis quand même bien surpris de ne pas en avoir entendu « parler » avant…

Pour ce qui est de l’Islande, il n’y a aucun doute que le processus marquera cette société, si ce n’est pas déjà fait. Pour ce qui est de l’initiative québécoise, j’ai bien peur que ce ne soit que cosmétique, mais l’avenir nous le dira. Parce qu’il faut bien se l’avouer, c’est tout à fait dans l’air du temps de se donner des airs participatifs. Avoir l’air de se soucier de ce que pense le citoyen est bien utile pour adoucir l’air de supériorité d’un gouvernement. Mais au final, si la valeur de cette consultation ne fait qu’égaler les échanges banals de n’importe qui sur Twitter, Google + et Facebook, cela ne fera qu’engraisser le cynisme déjà balourd à souhait. Cela ne sera que de l’air. Aussi inutile que le phénomène du « air guitar »!

Mais là où la technologie prend des airs de film d’horreur, c’est au niveau « du marquage électronique de l’humain » :

Le congrès des États-Unis d’Amérique vient il y a quelques mois d’adopter une loi (HR 3200) qui permet de pucer l’être humain. Sous prétexte d’un accès au remboursement des soins de santé, par une identification des patients et des informations relatives à la santé, cette loi qui était un projet datant officiellement du 10 Décembre 2004 obligera l’américain moyen à se faire implanter un transpondeur à radiofréquences (qui réagira donc aux ondes radios) sous cutané capable de durer l’équivalent d’une vie.

Pour dire vrai, si c’est sur une base volontaire, je ne suis pas contre l’idée de voir la technologie faire son entrée dans le corps humain. Mais vous lirez l’article d’Agoravox, c’est loin d’être une superbe introduction en la matière… Cependant, au-delà de ça, si notre expérience humaine peut se magnifier par un mariage heureux entre la biologie et la technologie, nous serions bien perdants de le rejeter parce que cela serait « contre nature ». À ce compte-là, depuis que l’humanité est sortie de sa nudité originelle, tous les progrès sont en soi contre nature. Alors pourquoi la peau serait-elle l’ultime barrière du progrès?

Mais il faut le dire, alors que la technologie devient de plus en plus intime, il y a un effet de balancier entre la peur de perdre le caractère privé de sa vie et l’immense joie de se la faciliter. C’est un cliché de dire que l’apparition de la radio en a épouvanté plusieurs, idem pour la télévision… C’est aussi un cliché de dire que nous n’avons pas besoin d’obligation pour embarquer dans le train des nouvelles technologies, puisqu’il y a l’effet d’entraînement pour jouer son rôle consensuel à merveille. Ceux-là diront que les médias sociaux sont une sorte de prison, et les prisonniers en question continueront avec raison leurs danses aériennes malgré leurs chaînes et leurs boulets. Tout ça pour dire que c’est du donnant donnant. Hier contre demain. On délaisse un peu d’un mode de vie pour en apprivoiser un nouveau. Et ainsi de suite.

Avec le progrès, la notion de liberté est en perpétuel changement. L’exemple du « puçage » états-unien est parfait pour jouer le rôle de signal d’alarme. Sinon, il faut creuser plus longtemps pour débusquer les possibles dangers (tous capable de tenir dans l’image du « Big Brother »), et la majorité des gens n’a pas de pelle, encore moins d’énergie pour creuser. Et entre l’alarmisme et l’angélisme, tenir en équilibre est assez étourdissant.

Voilà où nous sommes.

(Photo : lgb06)

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Les langues : derniers remparts de l’uniformisation culturelle?

Par Renart Léveillé

Le blogue Antagoniste publie de temps en temps des statistiques concernant le poids média des nouvelles au Québec et dans le ROC ainsi que des « Top 5 Twitter » des mots, noms et « hashtags » (mot-clic?) les plus populaires au Québec, au Canada, aux États-Unis et dans le monde. Mais je ne pointerai ici que la partie concernant Twitter.

Pour la semaine du 15 au 21 mars 2011, pour le Canada, les États-Unis et le monde, la première et la deuxième position sont, dans l’ordre, occupées par « Rebecca Black » et « #threewordstoliveby ». « Nate Dogg » est en troisième position pour ce qui est du Canada et des États-Unis et se retrouve en quatrième position dans la section « Monde ». « #supermoon » est en cinquième au Canada, quatrième aux États-Unis et troisième dans le monde. Les États-Unis et le monde partagent « #ificouldiwouldbringback » en cinquième position alors que cet « hashtag » ne se trouve pas dans le « Top 5 » du Canada, mais bien plutôt « #100factsaboutme », en quatrième position.

Pour ce qui est du Québec, les cinq positions sont occupées, en ordre, par « Lachute », « Ryan White », « Justin Trudeau », « Subban » et, finalement, « Jean Lapointe ». Comme vous pouvez le constater, il n’y aucune concordance avec le Canada, les États-Unis et le monde. Et si on regarde d’autres billets de cette série, parues auparavant sur le même blogue, c’est pratiquement toujours le même genre de concordances entre le Canada, les États-Unis et le monde, et de non-concordances avec le Québec.

Ne me dites pas que ça ne vous sonne pas une cloche? Qu’il n’y a pas de lien à faire entre l’anglais comme langue de la mondialisation et l’uniformisation culturelle? Cela dit, en prenant bien sûr l’idée du culturel dans son sens le plus large, soit ce qui est « Relatif aux comportements sociaux » (via le dictionnaire du programme de correction Antidote).

C’est certain que cette comparaison se fait dans le contexte d’une plateforme qui ne rend pas compte de toute la teneur de ce qui intéresse les gens, et des échanges d’informations au Québec, au Canada, aux États-Unis et dans le monde. Par contre, cela reste un bon indicateur de ce que nous réserve l’avenir. La langue anglaise sur le web semble vibrer au diapason du monde alors que, par exemple, le français cultive les particularismes, enfin, encore. Parce que c’est bien évident que les cinq positions québécoises relatées plus haut ne représentent pas grand-chose pour nos cousins de l’Hexagone et des autres pays francophones.

Est-ce que c’est une bonne nouvelle ou est-ce que c’est une mauvaise nouvelle? Pour ma part, dans l’optique de la diversité culturelle, ce n’est pas une très bonne nouvelle, enfin, surtout pour ce qui est des pays de langue anglaise. S’il se développe une culture anglo-saxonne monolithique de plus en plus en phase avec les États-Unis, son poids deviendra de plus en plus lourd dans le contexte d’une mondialisation s’appuyant sur le caractère utilitaire de cette langue. Et on peut se demander si c’est profitable pour tout le monde, culturellement.

Quoi qu’il en soit, quand le monde entier connaîtra la langue anglaise, il faudra espérer que les gens garderont jalousement leurs langues maternelles. Parce qu’à partir de ce moment-là, il faudra craindre l’unilinguisme anglophone, car tout sera en place pour qu’il gonfle et gonfle, jusqu’à uniformiser culturellement pour de bon l’humanité. En espérant aussi que la proximité physique entre les gens continuera d’influer sur la culture. Mais dans un monde où la communication se rit exponentiellement des frontières, vouloir en deviner davantage relève de la science-fiction.

(Image : bartvandamme)

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Journal de Montréal : l’équilibre des forces

Le conflit qui se passe au Journal de Montréal n’a pas fini de susciter des débats, c’est bien certain. Alors, concernant le débat en lien avec le code du travail qui interdit « le recours aux travailleurs de remplacement par un employeur lors d’un conflit de travail », le blogueur Vincent Geloso soulève un point qui mérite réflexion. C’est la question de l’équilibre entre les forces syndicales et patronales dans un conflit.

Selon lui, « la question de l’équilibre est mal posée » :

Premièrement, il ne faut pas oublier que le code du travail contient des dispositions qui permettent à des travailleurs en conflit de travailler ailleurs (ce qui se passe avec Rue Frontenac). Uniquement sur ce point, on peut constater que la partie patronale entame la négociation avec un désavantage important. Ce désavantage est encore plus important si on considère que les « salaires » versés à même les fonds de grève sont déductibles d’impôts (ce qui peut leur assurer un revenu assez stable advenant un conflit).

Donc, selon cette logique, il faudrait que la peur du travailleur de ne plus pouvoir subvenir à ses besoins primaires, de perdre sa maison, etc. soit égale à la peur du patron de voir fermer son entreprise, dans le pire des cas. On compare carrément une personne morale à une personne vivante sans faire de distinction éthique quant à la gravité des conséquences d’un conflit pour l’un et pour l’autre.

À mon sens, il se trouve que le risque d’un conflit de travail pour le travailleur est double. Si la compagnie ferme, il n’y a qu’une conséquence pour elle alors que pour le travailleur c’est une perte de revenu pendant le conflit (avec tout ce qui peut venir avec) et une perte d’emploi au final. Et puis, à la base, une personne morale a les reins plus solides qu’une personne vivante (entre autres parce qu’elle n’en a pas réellement, contrairement à un être vivant…). Alors, dans ce sens, qu’un travailleur puisse subvenir à ses besoins pendant un conflit ne me semble pas un avantage, mais bien ce qui participe de l’équilibre, justement.

Certains pourraient rétorquer qu’un conflit de travail cause aussi des dommages à une entreprise pendant que ça se passe et non seulement à la fin, dans le cas d’une hypothétique fermeture, mais je le répète, une personne morale n’est pas un être vivant. On ne peut pas se soucier éthiquement d’autre chose que des répercussions qu’aurait sa « mort » sur ses employés et ses dirigeants. Alors, s’il est clair que les pires répercussions se trouvent du côté des employés (en ajoutant à cela leur nombre) et non des dirigeants, quantitativement, je ne vois pas comment on peut prendre tant la défense des personnes morales, qui ne sont finalement que des bouts de papier en regard de la vie humaine.

Vous comprendrez que j’ai un regard humaniste sur cette question. Oui je crois les entreprises importantes pour l’humanité, mais pas au prix de laisser taire a priori les revendications des travailleurs ou de les placer dans une position d’infériorité.

Mais pour revenir au Journal de Montréal, où est la peur de voir fermer l’entreprise si le produit se fait et qu’il y a des profits à la clé? Quel que soit le fin fond des revendications des deux côtés (là n’est pas la question), Pierre-Karl Péladeau n’a qu’à être patient dans ces conditions pour arriver à ses fins. Ce qui n’est vraiment pas le cas des syndiqués : le temps et l’argent jouent contre eux.

Équilibre, vraiment?

(Image : modification d’une photo de foobear)

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Mot de bienvenue de la nouvelle équipe de CentPapiers

Image Flickr par Paul Worthington

Bonjour à vous tous, lecteurs, auteurs et commentateurs de CentPapiers!

Comme vous avez pu le constater, le 27 décembre dernier, Pierre JC Allard passait le flambeau à la prochaine génération de gestion de CentPapiers. Monsieur Allard aura accompli des étapes cruciales dans la survie du seul véritable journal citoyen du Québec, en lui permettant de grandir de nouveau et de lui permettre de se développer dans le but de lui donner son plein potentiel.

Ce potentiel est énorme puisqu’il n’a de limite que ce que l’Internet permet, avec l’imagination et la participation de tous. Je dois donc, au nom de toute l’équipe de relève, remercier du fond du coeur les efforts et sacrifices personnels que Pierre JC Allard a fait depuis presque un an.

Nous avons maintenant une base solide sur laquelle nous pourrons, grâce à lui et tous les participants de ce site, bâtir pour vous offrir le meilleur espace d’échange et de partage des idées, d’informations et d’analyses. Nous nous engageons, dans la limite de nos moyens, à vous donner tous les outils nécessaires pour que vous puissiez prendre la parole et être entendus.

À court terme, la nouvelle équipe travaillera à faire augmenter le nombre de rédacteurs de qualité sur le site, pour finalement avoir un journal diversifié pour à peu près tous les goûts. Déjà, plusieurs nouveaux auteurs se sont ajouté à la grande équipe que nous sommes tous et beaucoup d’autres se préparent à entrer en scène, ce qui est excessivement réjouissant. De plus, pour assurer une gestion efficace de cette plateforme qui est en pleine croissance, l’équipe de CentPapiers s’agrandit peu à peu et pourrait compter quelques nouveaux collaborateurs d’ici aux prochaines semaines, au lieu d’une seule personne comme ce fût le cas pendant quelques années.

J’aimerais, par la même occasion, inviter tous les gens intéressés par l’écriture à participer à cette belle aventure; que vos passions et domaines de connaissances soient la politique, l’économie, le sport, les activités à faire et ne pas manquer, les évènements de l’actualité, psychologie, philosophie ou autres.

À moyen terme, nous entendons nous donner les moyens d’offrir une expérience multimédia unique, regroupant non seulement les meilleurs textes du Web francophone, mais aussi une section audio/visuelle. Cela sera à surveiller dans les prochains mois.

Finalement, à long terme, le but est de permettre à CentPapiers d’atteindre son plein potentiel qui est d’être un nexus, un lieu d’échange et de partage autant de l’information que des idées sous toutes leurs formes , d’analyses, de débats de société et dans la mesure du possible, d’expansion de la conscience. Il se peut que l’Internet soit le dernier bastion de la liberté d’expression et nous nous devons d’exercer ce droit fondamental pour le préserver pour les générations futures.

Cette liberté d’expression comporte des responsabilités sur lesquelles nous insisterons, dans le but de lui donner sa pleine ampleur et portée. Nous croyons qu’un site tel que CentPapiers doit fournir un environnement sain et respectueux de tous pour éviter de tomber dans les mêmes pièges qu’a rencontrés le journalisme citoyen dans son enfance de l’Internet. Personne ne grandit, n’évolue ou ne gagne quoi que ce soit en recevant des attaques personnelles et des insultes.

Le contrat commun qu’on se donne ici, c’est de se conduire honorablement et avec courtoisie. De cette façon, nos efforts seront décuplés et porteront fruit. Si chacun s’occupe individuellement de suivre cette simple ligne de conduite, il sera extrêmement facile pour nous de distinguer les gens de mauvaise foi qui ne cherchent qu’à être déplaisants et diviseurs sans rien apporter aux gens autour d’eux. Notre travail sera de protéger tous les lecteurs, auteurs et commentateurs pour que tous sachent que CentPapiers est un lieu où il fait bon vivre. Ce travail sera accompli inlassablement et avec intégrité.

Le résultat visé est d’atteindre une plus grande cohésion sociale et une diffusion sans barrière de l’information, des connaissances et de la sagesse. Il est permis de croire que nous pouvons effectivement apporter notre grain de sel dans l’évolution de nos sociétés et de l’humanité. À chaque jour, nous participons au déroulement de l’histoire. Plus nous serons organisés et unis, plus nous réaliserons que c’est ensemble que nous sommes forts et maitres de notre destin.

C’est dans cet esprit que nous poursuivrons notre chemin tous ensemble et que nous serons en mesure de porter fièrement le flambeau qu’a passé Pierre JC Allard, pour un jour le passer à notre tour à la prochaine génération.

Sur ce, nous retournons humblement les projecteurs et le micro à tous les acteurs de CentPapiers et nous vous souhaitons la meilleure expérience qui soit sur ce journal citoyen fait sur mesure pour vous et par vous!

Au nom de toute l’équipe de CentPapiers,

Mes sincères et cordiales salutations à tous!

François Marginean

Éditeur

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Un Joyeux Noël et de l’espoir pour l’humanité

Par François Marginean

Après cette longue année mouvementée, voici arrivé la fin de 2010 avec cette période des réjouissances qu’apporte Noël et le Jour de l’An. Nous avons couvert une multitude des sujets les plus chauds, incluant la « pandémie » de grippe A/H1N1, la catastrophe de BP dans le golfe du Mexique, les dessous de la crise économique mondiale, la fraude du réchauffement climatique, l’attaque barbare en eaux internationales par Israël de la flottille d’aide humanitaire destinée aux Palestiniens, la chute des médias traditionnels, la montée de la tyrannie, du terrorisme et de ses véritables origines, du fonctionnement du système, de la fluoration et de beaucoup d’autres. Vous pouvez d’ailleurs retrouver la compilation complète de tous ces articles sur Les Nouvelles Internationales.

Bien que cela puisse être parfois déprimant, nous devons nous rendre compte d’une chose qui est très positive: l’information circule et la conscience des individus et de l’humanité ne cesse de croître. Si nous voyons des mensonges, de la corruption, de la collusion et des fraudes partout, c’est que nous en avons pris conscience plus que jamais auparavant. Cette ère du pouvoir brut se termine et une nouvelle prend définitivement sa place. Il s’agit de l’ère de l’éthique et de la conscience universelle. Nous sommes en route vers une conscience universelle de co-création. Mais avec le pouvoir, vient la responsabilité devant la vie.

Alors, en ce temps des fêtes, au lieu de discuter de sujets difficiles et peut-être un peu déprimants, je préférerais jeter un regard à ce qui est positif. Malgré tout, je conserve une confiance inébranlable en l’esprit humain et l’humanité. La science est en train de prouver que la pensée est littéralement créatrice, qu’elle influence l’organisation de la matière et même des particules. Plus ça va, plus on réalise que la pensée est créatrice et que l’intention joue un rôle primordial dans les processus de la création, d’où notre prise de conscience graduelle que nous sommes des êtres co-créateurs. Est-ce la signification profonde de l’homme créé à l’image de Dieu?

En conséquence, il apparait donc que rien n’est plus important que ce que nous pensons. Dans cette perspective, on commence à comprendre pourquoi il y a tellement d’argent dépensé pour influencer et contrôler ce que l’on pense. Il y a clairement des avantages à maintenir une population dans la peur et l’insécurité. Il y a des raisons évidentes de mal informer les gens, de les arroser de désinformation, de propagande et de mensonges. De les abrutir via le système d’éducation. De les faire sentir impuissants et incapables de se gérer soi-même. Mais à force de manquer de vision pour nous-même en tant qu’humanité et pour notre futur, nous risquons de mettre en marche les mécanismes de notre propre disparition. Plusieurs peuples et civilisations sont venus et disparus. Nous ne serions certainement pas les premiers ni les derniers.

Certains peuples n’ont pas su s’imaginer de futur et donc, ils n’en ont jamais eu. Il faudrait songer à éviter ce piège.

La plus ancienne loi de l’univers est celle-ci: «Ce à quoi vous portez attention, est ce dont vous prenez conscience».

Ce dont nous sommes devenus plus conscients en 2010, c’est l’état de pourriture du système et aussi que nous sommes menés par des gens qui sont majoritairement inconscients et insensibles, sans empathie pour la vie en général. N’est-ce pas là la définition même de la psychopathie? Si cela a pu être possible, c’est parce que nous avons laissé les choses aller, nous avons remis notre pouvoir entre de mauvaises mains, s’en remettant à des autorités extérieures au lieu de l’autorité intérieure. Nous sommes responsables de l’état du monde. Même si nous n’avons pas directement causé tous les maux auxquels nous faisons face en tant qu’humanité, population mondiale, nous en sommes responsables en notre ignorance, notre indifférence et acceptation de l’inacceptable. Mais cela change, imperceptiblement en premier lieu, mais attention au jour où cela devient apparent dans la dimension physique, car ce jour-là, tout devient possible.

L’univers et la vie ont un agenda, un sens et donc un but. Ils tendent tous deux vers plus de conscience et tout est instrument pour y parvenir. Si c’est en passant par l’expérience de fraudes monumentales, de manipulations et de sacrilèges contre la vie, ainsi soit-il. La vie est implacable. Nous avons le libre-arbitre, nous sommes libres de ne pas suivre le sens de la vie garant de la joie de vivre et de la satisfaction profonde et durable de la vie, mais nous ne sommes pas libres d’en subir les conséquences. Je vous le rappelle, des civilisations entières se sont détruites elles-mêmes, à plusieurs reprises, dans cette longue aventure de l’humanité. La vie et l’univers sont patients. S’il faut recommencer à partir de zéro, ainsi soit-il. Ceux qui ont le plus à perdre, c’est nous. Nous avons reçu le cadeau inestimable – la vie – et notre responsabilité est d’en faire le meilleur usage. Lourde responsabilité, d’où la crise d’adolescence que l’humanité traverse présentement. Nous sommes en train d’évoluer et de devenir une espèce adulte, plus mature et consciente. Voilà la vue d’ensemble qui nous manque parfois, noyés que nous sommes dans la vie quotidienne et ses aléas.

Malgré tout, ces regrettables évènements nous poussent à évoluer et faire grandir notre conscience. Et cette conscience grandit avec l’amour. Tout a un sens.

Nous sommes en train de redéfinir notre réalité et de nous redéfinir nous-mêmes en tant qu’espèce. Nos motifs, nos valeurs et ce que nous voulons être. C’est probablement ce qui se passe avec Noël aussi. Plusieurs, dont moi le premier, se plaignent de la commercialisation de Noël. Les grands magasins commencent à vendre les items de Noël au mois d’août et on voudrait nous faire croire que tout a rapport avec la valeur des cadeaux que nous distribuons. Noël est dénaturé et vidé de son sens. Bien sûr, pour la religion chrétienne, c’est la naissance du Christ et tout ce que cela signifie. Mais pour le non-pratiquant que je suis, cela signifie davantage une question de valeurs qui nous animent. C’est la famille, les amis, l’amour et la joie. C’est le partage, tendre la main et penser à l’autre. Noël, c’est donner et célébrer en famille et entre amis, être heureux, tous ensemble. Au lieu de se plaindre de la commercialisation de Noël, il nous suffit d’en faire ce que nous voulons. Ce n’est certainement pas à propos de celui qui a le plus gros cadeau, mais plutôt de profiter de ce moment pour réfléchir et méditer sur le sens de la vie en général et sur le sens de sa propre vie, incluant nos valeurs, ce que nous voulons être et ce dont nous voulons vraiment faire l’expérience, de manifester cette intention et d’être intègre.

Car si l’humanité a un espoir, c’est au coeur de chacun d’entre nous qu’il se trouve. Le Christ, c’est un symbole qui signifie «la bonne nouvelle». De nombreux prophètes ont incarné cette bonne nouvelle qui signifie qu’il est humainement possible et réalisable d’atteindre ce niveau d’achèvement et d’harmonie intérieure. C’est l’incarnation d’un niveau de conscience élevée qui nous a été démontré. Là réside toute l’importance du message et du symbole. Voilà la tâche essentielle de chaque être humain face à la vie: s’harmoniser intérieurement et s’orienter dans le sens de la vie. L’ennemi commun que nous avons tous, c’est la vanité, ou vanitas – ce qui est vide de sens. Il nous faut délaisser l’amour du pouvoir pour retrouver le pouvoir de l’amour. Il faut chercher constamment la victoire sur la vanité, mais éviter qu’elle ne se transforme en vanité de la victoire.

Un moyen de demeurer humble devant la vie est de prendre conscience du côté sacré de la vie, ce qui n’a rien d’une religion, mais tout d’un sentiment de religiosité face à tout ce qui EST. De prendre régulièrement le temps de contempler ce côté sacré de la vie, d’être plein de gratitude face à tout l’univers et de montrer notre appréciation pour toute la création. Nous en faisons partie, nous ne sommes pas à l’extérieur de la création, de la vie, de l’univers et même de Dieu, pour les croyants. Il n’y a pas que des lois dans le monde physique, le monde extérieur, gérant le fonctionnement de la matière. Il existe aussi des lois immuables déterminant le fonctionnement du monde intérieur. Les découvrir, c’est aussi révéler le sens de la vie et les conditions de satisfaction de notre être. Ces lois n’ont rien à voir avec les dogmes religieux, le moralisme ou l’amoralisme. Ce sont des lois biogénétiquement fondées. Voilà, en fin de compte, pourquoi l’autorité extérieure est toujours appelée à être un échec. Seule l’autorité intérieure détient la vérité et toutes les réponses. Nous savons tous faire la différence entre ce qui est bien et ce qui est mal… à part peut-être les psychopathes inhumains jonchant cette planète. À nous d’en prendre conscience et d’agir conséquemment.

Pour terminer, j’aimerais vous partager une pensée qui sera mon cadeau de Noël pour, chers lecteurs. Il s’agit d’un passage du livre du Docteur Marianne Sedar, à la découverte de soi-même, basé sur la pensée et l’oeuvre de Paul Diel, que j’estime énormément pour sa lucidité à propos du fonctionnement du monde intérieur, ayant débouché sur l’élaboration de La psychologie de la motivation.

Pour ma part, je vous souhaite donc un vrai Joyeux Noël!

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Comprendre d’une part ce que la vie exige de chacun de nous et, d’une autre part, comment et pourquoi – pour quels motifs – nous nous détournons de cette exigence est le seul moyen de retrouver un critère de valeur sensé et de nous affranchir de tous préjugés, les croyances ou les superstitions qui nous conditionnent depuis l’enfance.

Nul ne peut changer les circonstances de sa vie passée, l’éducation qu’il a reçu,le milieu dans lequel il a grandi, les influences qu’il a subies, les frustrations de toutes sortes dont il a souffert. Mais chacun peut prendre conscience de la manière dont il réagit face à ces circonstances, de son attitude en face des accidents de la vie, et finalement des motifs qui le pousse à réagir toujours de la même manière. Pourquoi l’un se sent-il toujours coupable et inférieur? Pourquoi un autre n’admet-il jamais qu’il ait tort? Pourquoi un autre se prend-il sans cesse en pitié chaque fois qu’il lui arrive quelque chose de déplaisant? Pourquoi a-t-on peur de vivre? Pourquoi tant de personnes sont-elles angoissées, déprimées, inquiètes? Pourquoi souffre-t-on d’insécurité et de solitude?

Il y a le monde et la vie avec ses drames et ses conflits, et il y a notre manière propre de réagir face à eux. Cesser de réagir selon l’ornière creusée par nos motifs inconscients, par tous les faux jugements de valeur que nous avons emmagasinés, et agir selon des motifs plus justes et un critère plus satisfaisant est la seule démarche qui puisse faire de chacun un être responsable, libre et heureux de vivre.

Cela, c’est vivre pleinement. C’est devenir entièrement soi-même. C’est accepter de se voir tel que l’on est et c’est accepter les autres tels qu’ils sont. C’est donc devenir capable d’aimer authentiquement.

Comment y parvenir? En écartant les masques dont on est tenté de s’affubler, les comédies que l’on est tenté de se jouer, les mensonges que l’on est tenté de se raconter dans l’espoir vain de se prouver que l’on est bien tel que l’on «devrait» être. Pour devenir soi-même, il faut donc se connaître et se connaître c’est, avant tout, être capable de dépister toutes ces tentations qui menacent notre être authentique.

Être soi-même c’est finalement admettre que l’on est tour à tous bon et mauvais, juste et injuste, tendre et cruel, jaloux, possessif ou envieux et désintéressé et généreux, au lieu de se réduire à l’un ou l’autre de ces aspects de soi. C’est intégrer tous les sentiments, les émotions, les désirs qui font partie de nous-mêmes afin que de leur confrontation résulte une attitude plus sensée et plus satisfaisante.

Il ne s’agit pas de se changer par un effort de volonté, mais de s’accepter. Car s’accepter avec sa force et ses faiblesses, c’est changer. Se donner pour but de changer est au contraire refuser d’assumer ce que l’on est. C’est projeter dans un avenir plus ou moins lointain son espoir de mieux vivre. C’est se préparer sans cesse à vivre alors que la vie est ici et maintenant.

Se découvrir soi-même à chaque instant, sans se condamner ni se justifier, et à travers soi, découvrir l’humanité entière est l’expérience qui donne à la vie son prix et sa richesse. Cette expérience est à la portée de tous ceux qui cherchent à s’orienter dans un monde incertain et secoué, à trouver la voie de l’épanouissement.

*     *     *

Depuis des années nous assistons, impuissants, à une détérioration croissante de la qualité de la vie – de notre vie. L’incommunicabilité entre les êtres, l’indifférence générale, le «chacun pour soi» qui en témoignent, sont devenus mots courants de notre langage, lieux communs ou presque exprimant un état de fait, une réalité avec laquelle chacun s’habitue à vivre et dont il ne se sent pas personnellement responsable. L’absence de motivation dont souffre une partie de la jeunesse n’est qu’une autre manière d’exprimer ses réticences, ses hésitations, son manque d’enthousiasme à l’égard de cette réalité qu’il lui est demandé d’assumer comme si elle était l’unique réalité de la vie: une vie sans amour et sans joie, une vie réduite à sa seule dimension matérielle, économique, une vie horizontale, linéaire et quantitative.

Dans cet océan d’indifférence quotidienne, seules surnagent les passions politiques et religieuses. Mais elles dressent l’homme contre l’homme par la conviction sur laquelle elles se fondent de détenir la vérité, à l’exclusion de tout autre. Reste la science. La science porteuse de tout l’espoir du XXe siècle. Mais une science dont il faut bien dire qu’elle est en train d’accélérer notre chute en réduisant l’être humain à l’état de matière, en niant l’esprit humain sous prétexte qu’il n’est pas constatable.

Crise de civilisation, décadence de la société, perte de nos valeurs morales, quels que soient les termes employés, ne recouvriraient-ils pas tous une même question angoissée: notre passion de vivre, notre passion pour la vie, serait-elle éteinte? Le courage, l’espoir et la foi en la vie nous auraient-ils abandonné? Nos âmes seraient-elles mortes, étouffées par nos préoccupations matérielles, nos tracas quotidiens, par les menaces de toutes sortes – chômage ou guerre – qui pèsent sur le monde et qui ne le spiritualisme des religions, ni le matérialisme scientifique ne nous apprennent à affronter calmement, véridiquement.

Entre la religion qui exalte l’esprit au détriment de la matière et le matérialisme scientifique qui exalte la matière au détriment de l’esprit, n’y a t-il pas place pour autre chose, d’autres certitudes, d,autres valeurs à partir desquelles nous pourrions réinventer notre vie? Entre le moralisme de la religion et l’amoralisme de la science entre lesquels le monde vacille alternativement, n’y aurait-il pas place pour une autre morale, une morale authentique sur laquelle nous pourrions fonder notre vie et l’épanouir? Qui ne serait pas fondée ni sur une idéologie spiritualiste, ni sur une idéologie matérialiste, qui ne serait pas croyance mais certitude, qui donnerait à notre existence une orientation et un sens, qui pourrait enfin nous servir de critère de valeur et donc de guide pour penser mieux, pour aimer mieux. Un guide pour mieux vivre, qui nous conduirait vers la satisfaction profonde de nous-mêmes et de la vie.

Un tel critère existe et au milieu de la désorientation angoissée et angoissante qui est la nôtre, il est possible à chacun de nous, individuellement, de le découvrir au fond de lui-même et de ranimer ainsi son espoir en la vie et sa joie de vivre. Paul Diel disait toujours: «Je ne vous offre pas une croyance mais une expérience».

Cette foi en la justice de la vie n’est autre que la certitude sentie et réfléchie que la vie a un sens et des lois, que s’y opposer conduit inéluctablement à la souffrance psychique, affective et même corporelle, et que s’y conformer nous conduit vers la liberté, la joie de vivre et l’amour.

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John Turmel est l’invité de l’Autre Monde – Alternative à l’usure bancaire destructrice

Par François Marginean                                                          Image Flickr by jah~

Une émission spéciale dans laquelle cet homme de 59 ans nous explique comment le système bancaire, la création de la monnaie et l’inflation fonctionnent. Une bonne partie de l’interview est consacrée à la solution à ce système qui est volontairement fait sur mesure pour appauvrir les gens. Une superbe solution qui est déjà appliquée à certains endroits dans le monde et qui fonctionne à merveille. Il y a plus que de l’espoir, il y a vous et des solutions prêtes à nous propulser dans une nouvelle ère pour l’humanité où la pauvreté n’existera réellement plus !

Ne manquez pas cela !!

Télécharger l’émission intégrale du 21 octobre 2010 pour une écoute audio au format mp3 ici:

L’Autre Monde 21 octobre 2010

90 min / Radio de l’UQAM, CHOQ FM

Soyez de la partie les jeudis dès 11h sur les ondes de CHOQ FM, la radio officielle de l’UQÀM, l’alternative à Montréal et dans le monde!

Pour en savoir plus sur John Turmel et son alternative à l’usure bancaire destructrice :

http://johnturmel.com/

La suite c’est ici: http://www.youtube.com/user/Stef2892#g/c/64A53E2302722604

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Une économie mondiale planifiée

L’humanité à un moment décisif – 3e partie

« La race humaine est en train de devenir trop pour elle-même et trop pour le monde. » – William Saroyan, citation provenant du livre Mankind at the Turning Point (1974)

Le Club de Rome est un groupe de réflexion de premier plan composé d’environ 100 membres, dont des scientifiques, des philosophes, des conseillers politiques et de nombreux autres personnages qui se cachent dans l’ombre du pouvoir. Cette série d’articles décrit les principales conclusions du livre publié en 1974: Mankind at the Turning Point: The Second Report to The Club of Rome [1]. La première partie décrit leur désir pour le développement d’un système mondial totalitaire présenté sous l’euphémisme d’une société «organique». La deuxième partie décrit la nécessité de créer un nouveau système de valeurs pour assurer l’acceptation du gouvernement mondial à venir. Ce nouveau système de valeurs sera basé sur «une conscience du monde».

Mankind at the Turning Point a utilisé un modèle informatique absurde basé sur des facteurs exponentiels du système mondial dans une tentative de cacher leurs conclusions prédéterminées derrière le voile de la science. L’un des principaux scénarios élaborés par le modèle fut une analyse des prix du pétrole. Ce fut un choix évident en raison de l’importance du pétrole pour l’économie mondiale et de la crise du pétrole du Moyen-Orient qui a débuté l’année précédente (1973). La conclusion de cette analyse est qu’un prix optimal existe pour le pétrole. Un prix trop élevé favoriserait le développement d’alternatives et entraînerait des pertes à long terme pour les pays exportateurs. Un prix trop bas encouragerait l’utilisation abusive et l’épuisement des ressources qui se traduirait par des pertes à long terme du pays importateurs qui n’auraient pas suffisamment de temps pour développer des alternatives. Par conséquent, il existerait un prix «optimal» du pétrole et la seule façon de l’obtenir serait par la coopération. Naturellement, un prix optimal pourrait exister pour tous les produits et la seule façon d’obtenir ces prix passerait par une économie mondiale planifiée. Après tout, une économie planifiée fonctionnait si bien dans l’Union soviétique, pourquoi ne pas l’étendre au reste du monde?

Tiré de Mankind at the Turning Point:

«La conclusion ne s’applique pas uniquement au pétrole, mais à l’ensemble des ressources limitées – la nourriture, les engrais, le cuivre et ainsi de suite. La gamme de prix «la plus bénéfique» et le taux d’augmentation appropriée diffèrent pour chaque produit, mais un niveau optimal existe pour tous et doit être déterminé, puis à l’échelle globale, maintenu par tous les participants du système mondial – si nous voulons éviter les crises économiques récurrentes dues à des contraintes de ressources. » [Souligné par l’auteur] – 100

«En effet, rien de moins qu’une intégration complète de toutes les couches, à partir des valeurs individuelles en passant par l’écologie et les ressources minérales – et ce, à l’échelle mondiale – suffira pour apporter une solution aux crises alimentaires mondiales … » [Souligné par l’auteur] – 87

La redistribution de l’Industrie

Insatisfait de la maîtrise des prix des ressources, le rapport souligne également la nécessité d’une redistribution planifiée de l’industrie à travers le monde, en particulier en Asie du Sud.

«Le cinquième scénario – le seul moyen pour éviter une catastrophe sans précédent en Asie du Sud – requiert l’émergence d’un nouvel ordre économique mondial. La diversification industrielle devra être mondiale et soigneusement planifiée avec une attention particulière à la spécificité régionale. L’utilisation la plus efficace du travail et du capital, ainsi que la disponibilité des ressources, devront être évaluées sur une base globale et à long terme. Un tel système ne peut pas être laissée à la merci des intérêts nationaux étroits, mais doit s’appuyer sur des arrangements économiques mondiaux de longue portée… Mais la pression exercée sur la capacité de production alimentaire mondiale serait moindre si les habitudes alimentaires dans la partie riche du monde changeaient, en gaspillant moins.  » [Souligné par l’auteur] – 127

Système mondial d’allocation des ressources

Une économie planifiée entraînerait un gouvernement central puissant avec le pouvoir d’affecter des ressources à des régions qu’il décrèterait les plus méritants.

«Le moment est venu d’élaborer un plan directeur pour une croissance organique durable et le développement mondial fondé sur la répartition globale de l’ensemble des ressources limitées et d’un nouveau système économique mondial. Dans dix ou vingt ans d’ici, il sera probablement trop tard…»[Souligné par l’auteur] – 69

«La solution de ces crises ne peut être développée que dans un contexte mondial, avec une reconnaissance complète et explicite du système mondial émergeant et sur une base à long terme. Cela nécessiterait, entre autres changements, un nouvel ordre économique mondial et un système d’allocation des ressources mondiales.» [Souligné par l’auteur] – 143

Les horreurs de ce système proposé devrait être évidentes pour quiconque, mais pour ceux qui ne peuvent imaginer, voici une citation de L’impact des sciences sur la société (The Impact of Science on Society [2]) écrit par Bertrand Russell, qui était également un partisan d’un gouvernement mondial. La citation ci-dessous met en évidence l’un des avantages – selon Russell – d’un tel système d’allocation mondial.

«Pour faire face à ce problème [croissance de la population et diminution de l’approvisionnement alimentaire], il sera nécessaire de trouver des moyens de prévenir une augmentation de la population mondiale. Si cela doit être fait autrement que par des guerres, la peste et les famines, cela demandera une autorité internationale puissante. Cette autorité devrait distribuer la nourriture mondiale aux diverses nations en proportion de leur population au moment de la mise en place de l’autorité en question. Si par la suite une nation augmente sa population, elle ne devrait pas recevoir plus de nourriture. Le motif de ne pas augmenter la population serait donc très convaincant. La méthode préférée d’empêcher une augmentation devrait être laissée à la discrétion de chaque État.» – 124

[1] Citation de Mihajlo Mesarovic et Eduard Pestel, Mankind at the Turning Point: The Second Report to The Club of Rome (1974). ISBN 0-525-03945-7

[2] Citation de Bertrand Russell, The Impact of Science on Society (1952). ISBN 0-415-10906-X

* Texte basé sur le matériel original de Brent Jessop : « Mankind at the Turning Point, Part 3 – A Planned World Economy »

Traduction par François Marginean

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Classé dans Actualité, économie, François Marginean

Créer une conscience mondiale unique

L’humanité à un moment décisif – 2e partie

«Les crises modernes sont, en fait, un produit de l’homme, et diffèrent beaucoup de celles du passé en ce sens qu’elles peuvent être réglées. » [Souligné dans l’original] – Mankind at the Turning Point, 1974 (p15)

L’humanité à un moment décisif: Le deuxième rapport du Club de Rome (1974) [1] (Titre original: Mankind at the Turning Point: The Second Report to The Club of Rome)  fait état de leur désir de créer un système mondial organique unifié (ou interdépendant) . Ce système est par définition totalitaire, comme cela a été discuté dans la première partie de cette série. Maintenant que nous savons où nous nous dirigeons, la prochaine question est quelle forme la transition prendra t-elle?

Le Club de Rome est un groupe de réflexion de premier plan composé d’environ 100 membres, dont des scientifiques, des philosophes, des conseillers politiques et de nombreux autres personnages qui se cachent dans l’ombre du pouvoir.

Machines du destin et la fin de l’humanité

Le point central du document Mankind at the Turning Point est un modèle informatique qui est supposé reproduire les principales caractéristiques de la problématique mondiale. Selon le Club de Rome, la problématique mondiale est l’ensemble de l’emboîtement des problèmes mondiaux, tels que, la surpopulation, la pénurie alimentaire, l’épuisement des ressources non renouvelables, la dégradation de l’environnement, etc. Sans surprise, leur modèle égoïste, fondé sur des données exponentielles, prédit l’effondrement complet de la société et peut-être de la biosphère. Naturellement, le fait de mettre en œuvre le Club de Rome de la solution d’un gouvernement mondial totalitaire se traduira par la fin possible de l’humanité.

Tiré de Mankind at the Turning Point:

«C’est pourquoi nous nous sommes concentrés sur les efforts, dans ce rapport, sur un certain nombre de questions vitales dans le monde entier dont nous considérons la maîtrise comme étant essentielle pour la survie de l’homme et pour une éventuelle transition vers le développement durable, matériel et spirituel de l’humanité. » [Souligné par l’auteur] – 70

La transition – Création d’une nouvelle humanité

La transition vers ce gouvernement mondial totalitaire sera effectué en changeant les systèmes de valeurs de toute la planète, créant ainsi une conscience mondiale unique.

« Aujourd’hui, il semble que les valeurs fondamentales, qui sont enracinées dans les sociétés humaines de toutes les idéologies et les convictions religieuses, sont ultimement responsables de beaucoup de nos problèmes. Mais si nous voulons éviter les crises futures, alors comment ces valeurs doivent-elles être réajustés? « [Souligné par l’auteur] – 11

« Une analyse des problèmes et des crises comme indiquée dans les chapitres subséquents montrent (1) qu’une restructuration «horizontale» du système mondial est nécessaire, c’est-à-dire un changement dans les relations entre les nations et les régions et (2) autant que cela la concerne, dans la structure « verticale  » du système monde, des changements drastiques dans la strate des normes – donc, dans le système de valeurs et des buts de l’homme – sont nécessaires afin de résoudre les crises de l’énergie, de la nourriture et autres crises, à savoir, les changements sociaux et les changements des attitudes individuelles qui sont nécessaires pour que la transition à la croissance organique prenne place. » [Souligné par l’auteur] – 54

«Les changements dans les attitudes individuelles et sociales que nous recommandons requiert un nouveau type d’éducation … » – 148

«Le développement d’un cadre international pratique dans lequel la coopération indispensable pour l’émergence d’une nouvelle humanité sur une trajectoire de croissance organique deviendra une nécessité plutôt que d’être laissé à la bonne volonté et de préférence …» [Souligné par l’auteur] – 145

«La transition entre la présente croissance mondiale indifférencié et déséquilibrée et la croissance organique conduira à la création d’une nouvelle humanité [Souligné par l’auteur]. Une telle transition représente une aube, et non pas un châtiment, un début et non la fin. Est-ce que l’humanité aura la sagesse et la volonté pour faire évoluer une stratégie efficace pour réaliser cette transition? Compte tenu des précédents historiques, on peut légitimement avoir de sérieux doutes – à moins que la transition évolue de par nécessité. Et c’est là que les crises actuelles et futures de l’énergie, la nourriture, des matériaux et le reste, peuvent devenir des détecteurs d’erreurs, des catalyseurs du changement et comme tel, des bénédictions déguisées. Les solutions de ces crises détermineront sur laquelle, parmi les deux voies, l’humanité a choisi de voyager.  » [souligné dans l’original] – 9

La transition – une conscience mondiale unique

« En ce qui concerne les valeurs individuelles et les attitudes, les leçons suivantes semblent être particulièrement importantes pour la nouvelle éthique mondiale qui est implicite dans les exigences précédentes:

1) Une conscience mondiale doit être mis au point par laquelle chaque individu comprend son rôle en tant que membre de la communauté mondiale… Il doit devenir partie intégrante de la conscience de chaque individu que «l’unité de base de la coopération humaine et donc, de sa survie, est de migrer du niveau national à l’échelle globale. « 

2) Une nouvelle éthique dans l’utilisation des ressources matérielles doivent être développés qui se traduira par un style de vie compatible avec l’âge approchant de la rareté … On doit être fiers d’épargne et de conserver plutôt que de dépenser et jeter.

3) Une attitude basée sur l’harmonie plutôt que la conquête envers la nature doit être développée. Ce n’est qu’ainsi que l’homme peut mettre en pratique ce qui est déjà admis en théorie – que l’homme est partie intégrante de la nature.

4) Si l’espèce humaine veut survivre, l’homme doit développer un sentiment d’identification avec les générations futures et être prêt à échanger des bénéfices aux générations futures avec des bénéfices pour lui-même. Si chaque génération vise à maximiser les retombées positives pour elle-même, l’Homo Sapiens est condamné d’avance. « [Souligné par l’auteur] – 147

« Afin de parvenir à un équilibre entre les régions en développement mondial, une vision régionale plus cohérente doit être développé dans différentes parties du monde afin que les « solutions préférables» arrivent de par nécessité plutôt que de bonne volonté… nous parlons d’un sentiment régional d’un destin commun qui trouvera son expression à travers des objectifs et concepts sociétaux et économiques appropriés… Une telle perspective régionale permettra de créer une « masse critique » nécessaire à la mise en œuvre pratique des façons nouvelles et novatrices de fonctionnement dans les domaines culturel, économique et agricole, surtout au niveau rural. « [Souligné par l’auteur] – 154

La transition – Réchauffement de la planète et l’humanité nouvelle

Cette méthode de prédiction du destin basée sur de complexes modèles informatiques supposément générés de manière « experte », mais pourtant invérifiables, a ensuite été menée en plein essor par les propagandistes du réchauffement climatique. Tous deux avaient exactement la même intention, faire peur aux gens en leur faisant croire que le monde était sur le point de s’effondrer et que la seule solution est un gouvernement mondial. En réalité, le mythe du réchauffement climatique est une extension du club des activités de Rome.

Tiré de Mankind at the Turning Point:

«Les gouvernements et les organisations internationales sont actuellement trop préoccupés par des alliances militaires et la politique des blocs. Mais ce problème devient d’une importance secondaire … Par conséquent, sauf le suicide, l’humanité sera confrontée à l’épreuve la plus impressionnante de son histoire: la nécessité d’un changement dans la relation homme-nature et l’émergence d’une nouvelle perception de l’humanité comme un système vivant global. « [Souligné par l’auteur] – 146

«Précisément parce que les symptômes de ces crises mondiales pourraient devenir pleinement visibles que vers la fin du siècle, le temps est venu d’agir; lorsque les symptômes apparaitront clairement, le remède ne sera plus possible, comme cela a été démontré à maintes reprises dans le présent rapport. Dans l’avenir, l’histoire ne sera pas axée sur les personnalités et les classes sociales, comme cela a été caractéristique de l’histoire dans le passé, mais sur l’utilisation des ressources et la survie de l’espèce humaine. Le temps d’avoir un effet sur histoire est maintenant.  » [Souligné par l’auteur] – 146

On ne peut assez souligner l’importance de la citation ci-dessus. La crainte qui a été utilisée pour unifier nos sociétés nationales est passée de la personnalité des types comme Hitler/Saddam Hussein et les communistes/luttes de classes capitalistes à l’unité globale basée sur l’épuisement des ressources et la survie de l’espèce humaine.

En outre, en 1991, dans un livre intitulé La Première Révolution Globale: Un rapport par le Conseil du Club de Rome (The First Global Revolution: A Report by the Council of The Club of Rome) [2] et co-écrit par l’un des fondateurs du Club de Rome, Alexander King, ils ont admis choisir le réchauffement climatique et d’autres menaces dans le but d’unifier l’humanité sous un gouvernement mondial.

« Dans la recherche d’un nouvel ennemi pour nous unir [toute l’humanité], nous en sommes arrivés à l’idée que la pollution, la menace du réchauffement climatique, des pénuries d’eau, la famine et ainsi de suite, ferait l’affaire. Dans leur totalité et dans leurs interactions, ces phénomènes constituent une menace commune qui, constituant l’ennemi, nous fait tomber dans le piège contre lequel nous avons déjà mis en garde, à savoir confondre les symptômes avec les causes. Tous ces dangers sont causés par l’intervention humaine et ce n’est que par des changements d’attitude et de comportement qu’ils peuvent être surmontés. Le véritable ennemi est alors l’humanité elle-même. » [Souligné par l’auteur]

[1] Citations de Mihajlo Mesarovic et Eduard Pestel, Mankind at the Turning Point: The Second Report to The Club of Rome (1974). ISBN 0-525-03945-7

[2] Citations d’Alexander King et Bertrand Schneider, The First Global Revolution: A Report by the Council of The Club of Rome (1991). ISBN 0-671-71107-5

* Texte basé sur le matériel original de Brent Jessop : « Mankind at the Turning Point, Part 2 – Creating A One World Consciousness »

Traduction par François Marginean

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L’humanité à un moment décisif – L’interdépendance est totalitaire

L’interdépendance est totalitaire

“Le monde a un cancer et le cancer est l’homme” – A. Gregg tel que cité dans Mankind at the Turning Point (1974)

En 1974, le livre Mankind at the Turning Point: The Second Report to The Club of Rome [1] (L’humanité à un moment décisif: Le deuxième rapport du Club de Rome) a été publié. Ce rapport indique la nécessité de créer une société «organique» ou véritablement interdépendante comme étant la seule façon de sauver le monde de la problématique mondiale presque sans issue.

Selon le Club de Rome, la problématique mondiale est l’ensemble des problèmes mondiaux interconnectés, tels que, la surpopulation, la pénurie alimentaire, l’épuisement des ressources non renouvelables, dégradation de l’environnement, etc. Avec l’utilisation exponentielle de modèles informatiques absurdes, le déroulement complet de la société et peut-être de la biosphère a été prédit. Sans surprise, la seule solution capable d’éviter la catastrophe mondiale est le développement d’une société organique. Comme il sera démontré, une société mondiale organique est seulement un euphémisme pour un gouvernement mondial totalitaire.

Le Club de Rome est un groupe de réflexion composé d’environ 100 membres, dont des scientifiques, des philosophes, des conseillers politiques et de nombreux autres personnages qui se cachent dans l’ombre du pouvoir.

La croissance organique

Tiré de Mankind at the Turning Point:

«Dans la nature, la croissance organique procède selon un plan directeur», «un plan». Selon ce plan directeur, la diversification les cellules est déterminée par les exigences des divers organes, la taille et la forme des organes et, par conséquent, leurs processus de croissance sont déterminés par leur fonction, qui dépend à son tour sur les besoins de l’organisme entier.

Un tel plan «maître» est manquant dans le processus de croissance et de développement du système mondial.» – 7

«Le concept de la croissance «organique» de l’humanité, comme nous l’avons proposé dans ce rapport, se veut une contribution à la réalisation de cet objectif. Si l’humanité s’engageait sur la voie de la croissance organique, le monde émergerait comme un système de pièces interdépendantes et harmonieuses, apportant chacun sa propre contribution unique, que ce soit en économie, les ressources ou la culture.

… Une telle approche doit partir et préserver la diversité régionale du monde. Des voies de développement, spécifiques à une région donnée plutôt que basées sur des intérêts nationaux étroits, doivent être conçues pour aboutir à un équilibre durable entre les régions interdépendantes du monde et l’harmonie mondiale – qui sera pour la croissance de l’humanité comme une entité «organique» à partir de son état présent qui est à peine embryonnaire.»

«Apparemment, le système mondial émergeant exige une vue «holistique» à avoir en considérant le développement du monde futur: tout semble dépendre de tout le reste.» – 21

L’interdépendance est la fin de l’indépendance

Bien que rarement soulevé et souvent dénié, le concept de l’interdépendance des nations implique la fin de l’indépendance nationale ou de la souveraineté.

«Et la coopération, enfin, exige que le peuple de toutes les nations envisage un aveu qui risque d’être difficile. Par définition, la coopération a une connotation d’interdépendance. L’interdépendance croissante entre les nations et les régions doivent alors se traduire par une diminution de l’indépendance. Les nations ne peuvent pas être interdépendantes sans que chacune d’entre elles renonce à une partie, ou du moins à reconnaître des limites à sa propre indépendance.» – 111
«… La déclaration reconnue, même involontairement, à l’aube d’une ère de limites à l’indépendance – même pour le plus fort et plus grand pays du monde.» – 114

L’interdépendance est totalitaire


Bertrand Russell, un fervent partisan d’un gouvernement mondial et élitiste d’une couture à l’autre, écrivit dans son livre de 1952 « L’impact des sciences sur la société » [2] que le résultat inévitable d’une société fondée sur une philosophie organique ne peut résulter que dans le totalitarisme.

Citation de L’impact des sciences sur la société:

«L’effet le plus évident et incontournable de la technique scientifique est qu’elle rend la société plus organique, dans le sens de plus en plus d’interdépendance de ses diverses parties …» – 42

«Le totalitarisme a une théorie et une pratique. En pratique, cela signifie qu’un certain groupe, après avoir saisi l’appareil de pouvoir par un moyen ou un autre, en particulier le domaine des armements et de la police, procéde à exploiter leur position avantageuse à l’extrême, gère tout dans le but de leur donnre le maximum de contrôle sur les autres. Mais en tant que théorie, il est quelque chose de différent: c’est la doctrine selon laquelle l’État ou  la nation ou la communauté est capable d’une chose différente que celle d’un individu et qui n’est pas constitué de tout ce que les personnes pensent ou ressentent. Cette doctrine a été particulièrement défendue par Hegel, qui glorifie l’Etat, et pense que la communauté doit être aussi organique que possible. Dans une communauté organique, pensait-il, l’excellence devrait résider dans l’ensemble. Un individu est un organisme, et nous ne pensons pas que ses parties distinctes ont des objets distincts: s’il a une douleur au gros orteil, il est celui qui souffre, non pas spécialement le gros orteil. Ainsi, dans une société organique, le bien et le mal appartiennent à l’ensemble plutôt qu’aux parties. Il s’agit de la forme théorique du totalitarisme.

… Concrètement, quand on prétend que l’État possède un bien différent de celle des citoyens, la véritable signification est que le bien du gouvernement ou de la classe dirigeante est plus important que celui des autres personnes. Une telle vision ne peut avoir de fondement, sauf dans le pouvoir arbitraire.

Plus important que ces spéculations métaphysiques est la question de savoir si une dictature scientifique, comme nous venons de considérer, peut être stable, ou est plus susceptible d’être stable qu’une démocratie …

… Je ne crois pas que la dictature est une forme durable de société scientifique – à moins que (mais cette réserve est importante), elle peut devenir mondiale.» [Caractère gras de l’auteur] – 64

Une société organique à l’échelle de la planète entière est exactement ce que le Club de Rome propose.

Vendre le totalitarisme

Il est intéressant de noter les mots plaisants et apaisants utilisés pour vendre le concept de totalitarisme: «biologique», «holistique», «différencié», «harmonieux», «interdépendant», «équilibré» et «durable». Le même «développement durable» est à la mode ces jours-ci. Le développement durable a été codifié dans le droit international au cours de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (connue sous le nom Sommet de la Terre) en 1992. Le Secrétaire général et principal organisateur de la conférence était Maurice Strong. Selon son propre livre, Où, sur Terre allons-nous? [3], il est un membre « du Comité exécutif du Club de Rome ».

Création d’un homme nouveau et interdépendance matérielle totale

Comment pouvez-vous faire la transition vers une société organique? La partie 2 de cette série examinera les désirs du Club de Rome pour changer le système de valeurs de l’homme moderne.

« Une analyse des problèmes et des crises comme indiqué dans les chapitres suivants montre que la restructuration(1)« horizontale » du système mondial est nécessaire, c’est à dire un changement dans les relations entre les nations et les régions, et (2) autant que la structure « verticale » du système du monde est concerné, des changements drastiques dans la strate des normes – qui sont le système de valeurs et les buts de l’homme – sont nécessaires afin de résoudre l’énergie, la nourriture et d’autres crises, à savoir, les changements sociaux et les changements des attitudes individuelles sont nécessaires pour que la transition à la croissance organique soit possible. »  – 54

La dernière partie de cette série traitera de la nécessité d’un contrôle total de toutes les ressources par une autorité mondiale.

« Le moment est venu d’élaborer un plan directeur pour la croissance organique durable et le développement du monde fondé sur la répartition globale de l’ensemble des ressources limitées et d’un nouveau système économique mondial. Dans dix ou vingt ans, il sera probablement trop tard …  » [Caractère gras de l’auteur] – 69

[1] Citations de Mihajlo Mesarovic et Eduard Pestel, Mankind at the Turning Point: The Second Report to The Club of Rome (1974). ISBN 0-525-03945-7

[2] Citations de Bertrand Russell, The Impact of Science on Society (1952). ISBN 0-415-10906-X

[3] Citations de Maurice Strong, Where on Earth Are We Going? (2000). ISBN 0-676-97364-7

* Texte basé sur le matériel original de Brent Jessop : «  Interdependence is Totalitarian »

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Annexe: Informations supplémentaires

Club de Rome

Le Club de Rome est un groupe de réflexion réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires nationaux et internationaux, ainsi que des industriels de 53 pays, préoccupés des problèmes complexes auxquels doivent faire face toutes les sociétés, tant industrialisées qu’en développement.

Pilotée à sa création par Aurelio Peccei, un Italien membre du conseil d’administration de Fiat, et Alexander King, un scientifique et fonctionnaire écossais, ancien directeur scientifique de l’Organisation de coopération et de développement économiques, il doit son nom au lieu de sa première réunion à Rome, à l’Accademia dei Lincei le 8 avril 1968.

Les notions de développement durable et d’empreinte écologique font du Club de Rome un précurseur. Si, au XXIe siècle, la majorité s’accorde à prendre en compte les problématiques environnementales, d’autres n’acceptent pas ces analyses qui impliquent beaucoup de remises en question. Ils s’en prennent parfois au Club de Rome, à l’origine de ce qu’ils pensent être du catastrophisme.

Son comité exécutif est constitué de treize membres.

Le Club de Rome se fit connaitre mondialement en 1972 par son premier rapport, The Limits to Growth, traduit en français par l’interrogation Halte à la croissance ?. Son interpellation intervint à l’apogée de la période dite des Trente Glorieuses, une période de croissance sans précédent dans les pays qui se qualifiaient eux-mêmes de développés et qui laissait penser que cette croissance était sans limite imaginable. Le concept de croissance zéro fut à l’origine de la naissance de l’écologie politique.

En 1993, Aurelio Peccei et Ervin Laszlo ont l’idée de créer le Club de Budapest. Le Club de Rome étant constitué de personnalités de très haut niveau des domaines scientifiques, politiques et des affaires, le but était d’instituer un club annexe pour équilibrer la pensée rationnelle dans ce domaine avec l’aspect intuitif qu’apporte la créativité dans les arts, dans la littérature, et dans la spiritualité, en impliquant quelques uns des esprits les plus connus et les plus créatifs de notre temps.[1

Le rapport The limits to growthHalte à la croissance ?

Article détaillé : Halte à la croissance ?.

Ce rapport, commandé en 1970 et publié en 1972 par le Club de Rome, fut aussi appelé Rapport Meadows.

Dans ce rapport, quatre ans après la contestation de la société de consommation de 1968 dans les pays d’économie libérale, pour la première fois, les vertus de la croissance sont remises en cause par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology au nom d’une prise de conscience d’une pénurie prévisible des sources énergétiques et des conséquences du développement industriel sur l’environnement.

Les conclusions du rapport annoncent un futur inquiétant pour l’humanité. Beaucoup lui ont reproché à l’époque une certaine exagération dans ses prévisions : le rapport ne prévoit aucun épuisement de ressources ou d’événement catastrophique avant 2010 au moins, même dans le scénario le plus défavorable (et ce ne sont alors que les prémices de l’effondrement).

Il fut suivi en 1974 d’un deuxième rapport au Club de Rome : « Stratégie pour demain »[2], dont l’approche fut diversifiée et localisée selon dix grandes régions du monde ayant chacune une situation et des problématiques de développement différentes.

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Totalitarisme inversé


François Marginean

Chris Hedges, journaliste lauréat du prix Pulitzer pour le New York Times et auteur de plusieurs livres, a écrit un article percutant publié en anglais le 8 février 2010. Ce billet en est largement inspiré et en quelque sorte un compte rendu en français. L’article original de 12 pages est disponible sous le titre « Chris Hedges: Zero Point of Systemic Collapse ».

Cet article est d’une importance capitale pour temps à venir. Il résume bien aussi mon analyse personnelle du déroulement des évènements passés, présents et surtout, futurs. Il mérite toute notre attention et puisqu’il est si bien écrit, ceci constituera principalement une traduction libre de l’auteur qui doit recevoir tous les mérites.

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Nous sommes à la veille d’un des moments les plus dangereux pour l’humanité.

Aleksandr Herzen parlait, il y a un siècle de cela, à un groupe d’anarchistes sur la façon de renverser le tsar et rappelait à ses auditeurs que leur travail n’était pas de sauver un système à l’agonie, mais plutôt de le remplacer: « Nous pensons que nous sommes les médecins. Nous sommes la maladie ». Toute résistance doit reconnaître que le corps politique mondial et le capitalisme global sont morts. Nous devons cesser de gaspiller notre énergie à essayer de le réformer ou de s’adresser à lui. Cela ne signifie pas la fin de la résistance, mais cela veut dire des formes très différentes de résistance. Cela signifie tourner nos énergies vers la construction de collectivités durables pour affronter la crise à venir, puisque nous serons incapables de survivre et de résister sans un effort de coopération.

Ces communautés, si elles se retirent dans un mode de survie pure, sans se lier aux cercles concentriques de l’ensemble de la communauté, l’État et de la planète, deviendront tout aussi moralement et spirituellement en ruine que les forces corporatives déployées contre nous. Toutes les infrastructures que nous construisons, comme les monastères du Moyen-Âge, devraient chercher à maintenir vivante la tradition intellectuelle et artistique qui rendent une société civile, l’humanisme et le bien commun possible. L’accès à des parcelles de terres agricoles sera primordial. Nous aurons à saisir, comme les moines médiévaux l’ont fait, que nous ne pouvons pas modifier la culture plus large autour de nous, au moins dans le court terme, mais nous pouvons être en mesure de conserver les codes moraux et la culture pour les générations au-delà de la nôtre. La résistance sera réduite à de petits, mais souvent imperceptibles, actes de défiance.

Nous nous tenons à la frontière d’une des plus sombres périodes de l’histoire de l’humanité où les lumières de la civilisation vacillent, chancèlent et nous risquons de descendre pendant des décennies, sinon des siècles, dans la barbarie. Les élites ont réussi à nous convaincre que nous n’avons plus la capacité de comprendre les vérités révélées qui nous sont présentées, ou de se battre contre le chaos causé par les catastrophes économiques et environnementales. Tant que la masse des populations désorientée et effrayée, nourris d’images qui leur permettent d’halluciner perpétuellement, existe dans cet état de barbarie, il lui sera possible de frapper périodiquement avec une fureur aveugle contre la répression accrue de l’État, la pauvreté généralisée et les pénuries alimentaires, mais elle n’aura pas la capacité et la confiance en soi face au défi pour confronter de proche ou de loin les structures de contrôle. Le fantasme de larges révoltes populaires et des mouvements de masse brisant l’hégémonie de l’État corporatif n’est que cela – un fantasme.

Chris Hedges écrit que son analyse se rapproche de l’analyse de nombreux anarchistes. Mais il note une différence cruciale: les anarchistes ne comprennent pas la nature de la violence. Ils saisissent l’étendue de la pourriture qui règne dans nos institutions culturelles et politiques, ils savent qu’ils doivent couper les tentacules de la consommation, mais ils croient naïvement que cela peut être combattu avec des formes de résistance physique et des actes de violence. Il y a des débats au sein du mouvement anarchiste – tels que ceux sur la destruction des biens – mais une fois que vous commencez à utiliser des explosifs plastiques, des innocents sont tués. Et quand la violence anarchique commence à perturber les mécanismes de la gouvernance, l’élite au pouvoir va se servir de ces actes, même mineurs, comme une excuse pour employer une force disproportionnée et impitoyable contre les agitateurs réels ou présumés, ce qui ne fera qu’alimenter la colère des déshérités.

Hedges ne se défini pas comme étant pacifiste. « Je sais qu’il y a des moments, et concède même que celui-ci pourrait éventuellement être l’un d’eux, où les êtres humains sont contraints de répondre à la répression montante avec la violence. J’étais à Sarajevo pendant la guerre en Bosnie. Nous savions précisément ce que les forces serbes feraient de nous s’ils arrivaient à percer les défenses et le système de tranchées autour de la ville assiégée. Nous avons eu des exemples de la vallée de la Drina ou la ville de Vukovar, où environ un tiers des habitants musulmans avaient été tués et le reste stationnés dans des camps de réfugiés ou de relocalisation. Il y a des moments où le seul choix possible est de prendre une arme pour défendre sa famille, le quartier et la ville. Mais ceux qui se sont révélés être les plus aptes à défendre Sarajevo provenaient invariablement de la classe criminelle. Lorsqu’ils n’étaient pas occupés à tirer sur les soldats serbes, ils pillaient les appartements des Serbes à Sarajevo et, souvent, les exécutaient, en plus de terroriser leurs concitoyens musulmans. Lorsque vous ingérez le poison de la violence, même pour une juste cause, elle vous corrompt, déforme et pervertit. La violence est une drogue, elle est même le plus puissant narcotique connue de l’humanité. Les plus accros à la violence sont ceux qui ont accès aux armes et qui possèdent un penchant pour la force. Et ces tueurs remontent à la surface de n’importe quel mouvement armé en les contaminant avec l’enivrant et intoxiquant pouvoir qui vient avec la capacité de détruire. J’ai vu cela guerre après guerre. Quand vous vous engagez dans cette voie, vous finissez par opposer vos monstres contre leurs monstres. Et ceux qui sont sensibles, humains et doux, ceux qui ont une propension à nourrir et protéger la vie, sont marginalisés et souvent tués. La vision romantique de la guerre et la violence est plus fréquente chez les anarchistes et la gauche radicale que dans la culture dominante. Ceux qui s’opposeront avec l’aide de la force à l’État corporatif ne le vaincront pas, pas plus qu’ils arriveront à maintenir les valeurs culturelles qui doivent être soutenues si nous voulons avoir un avenir valant la peine d’être vécu. De mes nombreuses années en tant que correspondant de guerre au El Salvador, Guatemala, à Gaza et en Bosnie, j’ai vu que les mouvements de résistance armée sont toujours des mutations de la violence qui les a engendré. Je ne suis pas assez naïf pour penser que j’aurais pu éviter ces mouvements armés si j’avais été un paysan sans terre au Salvador ou au Guatemala, un Palestinien à Gaza, ou un musulman à Sarajevo, mais cette réaction violente à la répression est et sera toujours tragique. Il doit être évitée, mais pas au détriment de notre propre survie ».

La démocratie, un système idéalement conçu pour défier le statu quo, a été endommagé et dompté pour servir servilement le statu quo. Nous avons subi, comme John Ralston Saul l’a écrit, un coup d’État au ralenti. Et le coup est terminé. Ils ont gagné. Nous avons perdu. La pitoyable incapacité des militants à pousser les États corporatifs industrialisés vers une réforme environnementale sérieuse, à contrecarrer l’aventurisme impérial, ou de construire une politique plus humaine envers les masses du monde, découle d’une pauvre capacité à reconnaître les nouvelles réalités du pouvoir. Le paradigme du pouvoir a changé de façon irrévocable et conséquemment, le paradigme de la résistance doit impérativement se modifier lui aussi.

Il y avait beaucoup de choses dites l’année dernière à propos de la manière dont Barack Obama serait un président « transformationnel » – mais la véritable transformation, s’avère-t-il, exige beaucoup plus que d’élire un leader télégénique. Pour renverser la vapeur dans ce pays, cela va prendre des années de guerre de siège contre les intérêts profondément établis, défendant un système politique profondément disfonctionnel. – Paul Krugman, «Richard Nixon portés disparus », le New York Times, 30 août 2009

Trop de mouvements de résistance continuent à croire en la façade de la politique électorale, les parlements, les constitutions, les chartes des droits, le lobbying et l’apparition d’une économie rationnelle. Les leviers du pouvoir sont devenus tellement contaminés que les besoins et la voix des citoyens sont devenus hors propos. L’élection de Barack Obama était un autre triomphe de la propagande sur la substance, une manipulation habile et une trahison du public par les médias de masse. Nous avons confondu le style et l’ethnicité – une tactique de publicité lancée par United Colors of Benetton et Calvin Klein – pour une politique progressiste et un véritable changement. L’objectif, comme avec toutes les marques de commerce, a été de confondre les consommateurs passifs et faire passer une marque de commerce pour une expérience. Obama, désormais une célébrité mondiale, est une marque de commerce. Il n’avait presque pas d’expérience, mis à part deux ans au Sénat, n’avait aucune base morale et a été vendu comme toutes choses aux populations. La campagne d’Obama a été nommée « marketer » de l’année du Advertising Age pour 2008 et l’a emporté sur les finalistes Apple et Zappos.com. Faites confiances aux professionnels. La marque de commerce « Obama » est le rêve d’un agent de marketing. Le président Obama fait une chose et la marque Obama vous porte à croire une autre. C’est l’essence même de la publicité fructueuse. Vous achetez ou faites ce que les annonceurs veulent pour ce qu’ils peuvent vous faire ressentir.

Nous vivons dans une culture caractérisée par ce que Benjamin DeMott appelle la « junk politics ». Nommons-la « politique déchet ». Elle n’exige pas la justice ou la réparation des droits. Elle incarne toujours des causes plutôt que de les clarifier. Elle évite les véritables débats pour des scandales fabriqués, des potins et des spectacles. Elle trompette l’éternel optimisme, louange sans cesse notre force morale et le caractère, et communique dans un langage « on-ressent-votre-douleur ». Le résultat de la politique déchet est que rien ne change, « ce qui signifie aucune interruption des processus et pratiques qui renforcent les systèmes interconnectés existant favorisant les avantages socio-économiques pour un groupe particulier ».

La croyance culturelle selon laquelle nous pouvons faire se produire des choses que par la pensée, en visualisant, en les souhaitant, en puisant dans notre force intérieure ou par la compréhension que nous sommes vraiment exceptionnels, est de la pensée magique. Nous pouvons toujours faire plus d’argent, atteindre de nouveaux quotas, consommer plus de produits et faire progresser notre carrière si nous avons assez de foi. Cette pensée magique qu’on nous prêche à travers tout le spectre politique, par Oprah, des célébrités du sport, Hollywood, les gourous de l’auto-assistance et les Chrétiens démagogues, est largement responsable de l’effondrement de l’économie et l’environnement, car toute Cassandra qui a vu venir les choses a été rejetée comme étant du « négatif ». Cette croyance qui permet aux hommes et aux femmes de se comporter et agir comme des petits enfants, jette le discrédit sur des préoccupations légitimes et inquiétantes. Elle exacerbe le désespoir et la passivité. Elle favorise un état d’auto-illusion. Le but, la structure et les objectifs de l’État corporatif ne sont jamais sérieusement remis en question. Questionner et s’engager dans un exercice de critique du collectif corporatif, revient à se faire taxer de vouloir faire obstruction et d’être négatif. Cela a perverti la façon dont nous percevons notre nation, le monde naturel et soi-même. Le nouveau paradigme de la puissance, couplé à son idéologie bizarre de progrès indéfini et le bonheur impossible, a transformé des nations entières, y compris les États-Unis, en monstres.

Nous pouvons marcher à Copenhague. Nous pouvons rejoindre la journée mondiale de manifestations climatiques. Nous pouvons composter et accrocher la lessive à sécher. Nous pouvons écrire des lettres à nos élus et voter pour Barack Obama, mais l’élite au pouvoir est imperméable à la charade de la participation démocratique. Le pouvoir est entre les mains des trolls moraux et intellectuels qui participent impitoyablement à la création d’un système néo-féodal et le meurtre de l’écosystème qui soutient l’espèce humaine. Et faire appel à leur bonne nature ou chercher à influencer les leviers internes de pouvoir ne fonctionnera plus.

Nous ne pourrons pas, en particulier aux États-Unis, éviter notre « Götterdämmerung ». Obama, tout comme le premier ministre du Canada, Stephen Harper ainsi que les autres chefs des pays industrialisés, se sont révélés être de tout aussi bons outils de l’État corporatif que l’a été George W. Bush. Notre système démocratique a été transformé en ce que le philosophe politique Sheldon Wolin avait nommé « le totalitarisme inversé». Le totalitarisme inversé, à la différence de totalitarisme classique, ne tourne pas autour d’un démagogue ou d’un chef charismatique. Il trouve son expression dans l’anonymat de l’État corporatif. Il prétend chérir la démocratie, le patriotisme, une presse libre, les systèmes parlementaires et les constitutions, alors qu’il manipule et corrompt les leviers internes pour renverser et contrecarrer les institutions démocratiques. Les candidats politiques sont élus au vote populaire par les citoyens, mais sont régis par des armées de lobbyistes à Washington, Ottawa ou dans les autres capitales du monde. Les médias corporatifs contrôlent à près tout ce que nous lisons, regardons ou écoutons et ils imposent une uniformité insipide de l’opinion. La culture de masse, détenue et diffusée par les sociétés privées, nous divertit avec des questionnaires, des spectacles et des potins sur les célébrités. Dans les régimes totalitaires classiques, tels que le nazisme ou le communisme soviétique, l’économie était subordonnée à la politique. « Sous le totalitarisme inversé, l’inverse est vrai », écrit Wolin. « L’économie domine la vie politique – et avec la domination vient les différentes formes de cruauté ».

Le totalitarisme inversé exerce un pouvoir total sans recourir à la plus grossière des formes de contrôle tels que les goulags, les camps de concentration ou la terrorisation des masses. Il exploite la science et la technologie pour atteindre ses sombres buts. Il impose l’uniformité idéologique en utilisant des systèmes de communication de masse pour inculquer la consommation débauchée comme une pulsion intérieure et il nous fait prendre nos illusions sur nous-mêmes pour la réalité. Il ne réprime pas les dissidents avec force, tant que ces dissidents restent inefficaces. Et en même temps qu’il détourne notre attention, il démantèle la base manufacturière, dévaste les communautés, déclenche des vagues de misère humaine et envoie les emplois vers des pays où les tyrans savent garder les travailleurs en ligne. Il fait tout cela tout en brandissant le drapeau et chantant des slogans patriotiques. « Les États-Unis sont devenus la vitrine de la manière dont la démocratie peut être gérée sans avoir l’air d’être opprimée », écrit Wolin.

George Orwell a souligné que le totalitarisme n’est pas tant l’âge de la foi qu’un âge de la schizophrénie: « une société devient totalitaire lorsque sa structure artificielle devient flagrante ». « Cela survient lorsque la classe dirigeante a perdu sa fonction, mais réussit à s’accrocher au pouvoir par la force ou par la fraude ». Nos élites ont utilisé la fraude. La force est tout ce qu’il leur reste.

Notre élite médiocre et finie tente désespérément de sauver un système qui ne peut être sauvé. Plus important encore, ils essaient de se sauver eux-mêmes. Toutes les tentatives de travailler à l’intérieur de ce système pourri et cette classe de détenteurs du pouvoir se révéleront inutiles. La résistance doit répondre à la nouvelle et dure réalité d’un ordre capitaliste global qui s’accroche au pouvoir par des formes de répression brutale et flagrante toujours grandissantes. Une fois le crédit sèche pour le citoyen moyen, une fois que le chômage massif aura crée une classe marginale permanente et furieuse, que les produits fabriqués bon marchés qui sont devenus les opiacés de base de notre culture disparaîtront, nous allons probablement évoluer vers un système qui ressemble davantage au totalitarisme classique. Des formes plus violentes et grossières de répression devront être employées au fur et à mesure que les mécanismes de contrôle plus souples favorisés par le totalitarisme inversé cesseront de fonctionner.

Si nous construisons des structures auto-suffisantes, celles qui occasionneront le moins de mal possible à l’environnement, nous pourrons surmonter l’effondrement qui s’en vient. Cette tâche sera accomplie grâce à l’existence de petites enclaves physiques qui ont accès à une agriculture durable et qui seront donc capables de se dissocier autant que possible de la culture commerciale. Ces communautés devront construire des murs contre la propagande et la peur électroniques qui seront pompées sur les ondes. Le Canada sera probablement un lieu plus accueillant pour ce faire que les États-Unis, compte tenu du fort courant de la violence qui y règne. Mais dans tous les pays, ceux qui survivront auront besoin de terres dans des zones isolées à bonne distance des zones urbaines qui seront le théâtre de déserts alimentaires dans leurs centres-villes, ainsi que de la violence sauvage qu’entraînent des biens devenant tout d’un coup un coût prohibitif et la répression étatique qui devient plus en plus dure.

Le recours de plus en plus manifeste à la force par les élites pour maintenir le contrôle ne doit pas mettre fin aux actes de résistance. Les actes de résistance sont des actes moraux. Ils prennent vie parce que les gens de conscience comprennent l’impératif moral de remettre en question les systèmes d’abus et le despotisme. Ils devraient être menés non pas parce qu’ils sont efficaces, mais parce qu’elles sont justes. Ceux qui commencent ces actes sont toujours peu nombreux et rejetés par ceux qui cachent leur lâcheté derrière leur cynisme. Mais la résistance, bien que marginale, continue à affirmer la vie dans un monde inondé par la mort. C’est l’acte suprême de la foi, la plus haute forme de spiritualité et qui lui seul rend l’espoir possible. Ceux qui ont commis des actes de résistance ont très souvent sacrifiés leur sécurité et leur confort, ont souvent passé du temps en prison et dans certains cas, ont été tués. Ils ont compris que pour vivre dans le plein sens du mot, exister en tant qu’êtres humains libres et indépendants, même dans la nuit la plus sombre de la répression d’État, cela signifie défier l’injustice.

Nous devons continuer à résister, mais il faut maintenant le faire avec la réalisation inconfortable que des changements significatifs ne vont probablement pas se produire de notre vivant. Cela rend la résistance plus difficile. Cela déplace la résistance du domaine du tangible et de l’immédiat vers l’abstrait et l’indéterminé. Mais renoncer à ces actes de résistance constitue la mort spirituelle et intellectuelle. Cela revient à se rendre à l’idéologie déshumanisante du capitalisme totalitaire. Les actes de résistance maintiennent en vie un autre récit, maintiennent notre intégrité et donne de la volonté aux autres, eux que nous ne pourrons jamais rencontrer, de se lever et porter la flamme que nous leur passons. Aucun acte de résistance est futile, que ce soit de refuser de payer des impôts, de lutter pour une taxe Tobin, travailler à changer le paradigme économique néoclassique, révoquer une charte d’entreprise, tenir des votes globaux sur Internet ou utiliser Twitter pour catalyser une réaction en chaîne de refus contre l’ordre néolibéral. Mais nous devons résister et trouver la foi que la résistance en vaut la chandelle, car nous ne pourrons pas immédiatement modifier la configuration du terrible pouvoir en place. Et dans cette longue, longue guerre, une communauté qui nous soutient émotionnellement et matériellement sera la clé d’une vie de défiance.

Le philosophe Théodore Adorno a écrit que la préoccupation exclusive avec les égocentrismes personnels et l’indifférence à la souffrance des autres au-delà du groupe auquel on s’identifie est ce qui a finalement rendu le totalitarisme et les génocides possibles. L’incapacité de s’identifier aux autres est sans conteste la plus importante composante psychologique qui fait que des atrocités peuvent se produire autour de gens plus ou moins civilisés et innocents.  »

L’indifférence au sort d’autrui et l’élévation suprême de soi est ce que l’État-entreprise cherche à nous inculquer. Il utilise la peur, ainsi que l’hédonisme, pour contrecarrer la compassion humaine. Nous devons continuer à combattre les mécanismes de la culture dominante, même si ce n’est que dans le but de préserver notre humanité commune à travers de petits, voire de minuscules actes. Nous devons résister à la tentation de se replier sur soi-même et d’ignorer la cruauté se trouvant de l’autre côté de notre porte. L’espoir demeure dans ces actes de défiance souvent imperceptibles. Cette défiance, cette capacité de dire non, c’est exactement ce que les psychopathes contrôleurs de nos systèmes de pouvoir cherchent à éradiquer. Tant que nous serons prêts à défier ces forces, nous aurons une chance; si ce n’est pas pour nous-mêmes, du moins, ce sera pour ceux qui suivent. Tant que nous défierons ces forces nous demeurerons en vie.

Et pour l’instant, c’est la seule victoire possible.

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Classé dans Actualité, François Marginean