Selon le Conseil National du Bien-être Social, dans son rapport déposé cette semaine, nous pourrions sauver des millions en éradiquant la source de la pauvreté. Naturellement, il va sans dire que pour le Conseil, ça passe par une plus grande redistribution de la richesse. Le Conseil veut que nous considérions ça comme un « investissement » et que cet investissement nous économisera de l’argent à la longue.
Malheureusement, ça ne fonctionnera pas. La raison la plus évidente est que la pauvreté est une condition relative et que tant et aussi longtemps qu’il existera des disparités de revenus dans la société, il y aura des gens qui seront relativement riches et d’autres que seront relativement pauvres. Il est donc illusoire de penser que nous puissions éradiquer la pauvreté, à moins de vouloir suivre le modèle économique de la Corée du Nord et encore, nous ne serions pas égaux dans la richesse, mais égaux dans la misère.
Une autre raison est que pour une majeure partie des gens, la pauvreté est une phase transitoire. La plupart des « pauvres » ne le restent pas toute leur vie. Ils finissent par s’enrichir, puisque la grande majorité des gens faisant partie du quintile le plus pauvre de la population dont des jeunes, des étudiants et des nouveaux immigrants qui se joignent au marché du travail en quête de leur premier emploi et que lorsqu’ils en ont trouvé un et acquièrent de l’expérience, leurs revenus augmentent. Ils n’ont donc pas réellement besoin d’aide.
Finalement, contrairement à ce qu’on voudrait faire croire, nos programmes sociaux sont loin « d’éradiquer » la pauvreté. Au contraire, ils engendrent de la pauvreté et la cultivent. Voici quelques raisons:
- Les taxes récoltées pour financer nos programmes sociaux découragent le travail et la création de richesse. À quoi bon travailler plus si la moitié du surplus qu’on fait nous est retiré en taxes de toutes sortes. Puisque nous travaillons moins que nous ne le ferions autrement, nous produisons moins de biens et services et la société entière est appauvrie.
- Les transferts de richesse découragent les bénéficiaires à se trouver du travail ou se perfectionner pour améliorer leur sort. Si vous diminuez le coût de ne pas travailler, vous réduisez l’incitatif au travail et aussi à la quête de perfectionnement qui est la clef de la mobilité sociale.
- Les bénéficiaires des transferts deviennent également plus dépendants de l’aide gouvernementale et moins aptes à s’aider eux-mêmes.
- Les bénéficiaires de l’aide, quand celle-ci persiste trop longtemps, donnent le mauvais exemple aux autres membres de leur famille, en particulier leurs enfants, qui voient qu’il est possible de subsister sans travailler, créant une culture de dépendance.
- Puisque les paiements sont inégaux pour divers groupes de bénéficiaires, il se crée du ressentiment et une compétition malsaine entre ces groupes. Ainsi, les jeunes reçoivent beaucoup moins que les plus vieux, par exemple.
- S’il existe des tensions entre divers groupes de bénéficiaires des largesses de l’État, il en existe de même entre les différents groupes de contribuables. Ainsi, les contribuables plus jeunes seront révoltés d’apprendre que tout ce qu’ils paient au régime des rentes va presque directement dans les poches des plus vieux et qu’ils auront à payer beaucoup plus leur vie durant pour avoir droit aux mêmes prestations que leurs parents ou leurs grand-parents, qui sont pourtant plus riches qu’eux.
- Le résultat des deux derniers points est une fracture de plus prononcée des liens communautaires pour être replacée par un affrontement de groupes d’intérêts.
- Anciennement, il existait de nombreux groupes communautaires dont le but était d’aider les moins fortunés à réacquérir leur indépendance. Maintenant que le gouvernement s’en charge, ces groupes ont graduellement disparu pour être remplacés par une enveloppe et un chèque, mais aucune aide morale.
- Il en est de même pour les organisme de charité privés qui reçoivent de moins en moins de dons, plus le gouvernement s’ingère.
- Plus les gens abandonnent les organismes de charité et de bienfaisance communautaires et se fient au gouvernement et plus ils deviennent aptes à accepter des ingérences futures, augmentant d’autant plus la dépendance.
- Le haut niveau et la complexité de la taxation engendrent des coûts astronomiques juste pour se conformer aux lois de l’impôt, par exemple. Les gens doivent engager des comptables et des fiscalistes pour s’y retrouver. Toutes ces ressources ne sont pas utilisées à produire des biens et services qui ont une valeur pour les consommateurs et par conséquent, la société en est encore appauvrie.
- Autant les contribuables doivent mobiliser des ressources pour s’éviter de payer trop de taxes et se conformer aux lois trop complexes, autant les bénéficiaires doivent également mobiliser des ressources, organiser des groupes de pression, etc. afin de maintenir ou augmenter ce qu’ils reçoivent. Ces ressources ne sont pas engagées à la production et par conséquent, cette richesse est également perdue par la société.
Je pourrais certainement continuer à vous réciter d’autres coûts sociaux d’une distribution de la richesse excessive, mais je préfère vous épargner une longue litanie. Suffise de dire que ces coûts excèdent largement leurs bénéfices. Au final, les seuls qui y gagnent au change sont les politiciens et bureaucrates.
N.B. Ceci était mon dernier texte sur les 7 du Québec. En effet, de nouveaux projets m’interpellent et nécessitent que j’y consacre plus de temps et qui me laisse moins de temps pour autres choses. Je suis maintenant le propriétaire de mon propre journal en ligne, Contrepoids, (Eh oui! Je me suis tanné d’attendre après PKP 😀 ) qui saura, je l’espère, se tailler une place dans le marché de l’information sur le Web. Ne vous réjouissez pas trop vite cependant puisque je serai remplacé par un autre libertarien tout aussi radical que moi…